N° 21PA00880
Inédit au recueil Lebon
Texte intégral
RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Vu la procédure suivante :
2°) de mettre à la charge de l'Etat la somme de 4 000 euros sur le fondement de l'article
L. 761 -1 du code de justice administrative.
Il soutient que :
- la condition relative à l'urgence n'est pas satisfaite ; la société Entoma a continué à
commercialiser illégalement les produits, et une part de son activité s'exerce hors de
France ; le principe de précaution s'oppose à ce que soient commercialisées des
denrées à base d'insectes susceptibles de présenter un risque sanitaire ;
- il n'existe pas de doute sérieux sur la légalité de la décision ; les denrées
commercialisées par la société Entoma comprennent des parties d'insectes mélangées
à des épices et d'autres ingrédients en sorte qu'elles entrent dans le champ du
règlement (CE) n°258/97 du 27 janvier 1997 ; elles présentent un risque sanitaire et leur
commercialisation aurait pu être suspendue sur le fondement de l'article L. 218-5-4 du
code de la santé publique.
Vu :
- le code de la consommation ;
- le règlement (CE) n° 258/97 du Parlement européen et du Conseil du
27 janvier 1997 ;
- le règlement (UE) n° 2015/2283 du 25 novembre 2015 ;
- le code de justice administrative.
- le rapport de M. B...,
- et les observations de Me A..., représentant la société Entoma, qui souligne que :
- la société, qui a dû se séparer de la moitié de son personnel, est dans une situation
financière critique ; l'urgence est caractérisée ;
- la question de droit a été tranchée par l'arrêt de la Cour de justice de l'Union
Européenne du 1er octobre 2020 et par la décision du Conseil d'Etat du 3 février 2021 ;
la société bénéficie du régime transitoire institué par le règlement de 2015 ; la décision
contestée encourt donc une annulation certaine ;
- le mémoire en défense de l'administration n'apporte aucun élément nouveau ; les
insectes commercialisés par la société proviennent des Pays Bas et sont actuellement
distribués en Belgique et en Allemagne ; Il s'agit bien d'insectes entiers et non de parties
d'insectes, et l'ajout de quelques épices ne modifie pas la nature du produit ; le principe
de précaution posé par l'article L. 110-1 du code de l'environnement n'est pas utilement
invocable en l'espèce ; la consommation des insectes, dont l'origine et connue et qui
sont élevés dans le respect des règles sanitaires, ne présente pas de risque pour la
santé publique.
1. Par un arrêté du 27 janvier 2016, le préfet de police de Paris a suspendu la mise sur
le marché, par la société par actions simplifiée Entoma, de vers de farine, de criquets ou
de grillons préparés pour l'alimentation humaine sous la forme d'insectes entiers et a
ordonné leur retrait de la consommation jusqu'à mise en conformité avec les dispositions
du règlement (CE) n° 258/97 du Parlement européen et du Conseil du 27 janvier 1997
relatif aux nouveaux aliments et aux nouveaux ingrédients alimentaires, notamment par
le dépôt auprès de l'administration d'une demande de mise sur le marché en vue d'une
évaluation initiale démontrant, en particulier, que ces produits ne présentent pas de
danger pour le consommateur. Par un jugement du 9 novembre 2017, le tribunal
administratif de Paris a rejeté la demande de la société Entoma tendant à l'annulation de
cet arrêté. Par un arrêt du 22 mars 2018, la cour administrative d'appel de Paris a rejeté
l'appel formé par la société Entoma contre ce jugement. Par une décision n°420651 du 3
février 2021, le Conseil d'Etat, statuant au contentieux, a annulé l'arrêt de la cour
administrative d'appel de Paris du 22 mars 2018 et lui a renvoyé l'affaire.
2. Aux termes de l'article L. 521-1 du code de justice administrative : " Quand une
décision administrative, même de rejet, fait l'objet d'une requête en annulation ou en
réformation, le juge des référés, saisi d'une demande en ce sens, peut ordonner la
suspension de l'exécution de cette décision, ou de certains de ses effets, lorsque
l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de
l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision ".