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 21-220-A-40

Uvéites antérieures
Anterior uveitis
J. Gueudry

Les uvéites antérieures sont les plus fréquentes des uvéites et sont de causes multiples. Après avoir pu examiner
le segment postérieur et éliminer une fausse uvéite, l’étape clé du diagnostic étiologique est sa caractérisation
clinique, notamment son caractère uni- ou bilatéral, granulomateux ou non. Les examens complémentaires
Mots-clés : aident alors à confirmer les diagnostics évoqués sur le tableau clinique et l’interrogatoire orienté. La priorité
Uvéites antérieures est d’éliminer une infection, bien que moins fréquente, avant de débuter le plus souvent une corticothérapie
Iridocyclites adaptée en fonction de la gravité du tableau clinique. Enfin, les biothérapies ont grandement modifié la prise
Uvéites herpétiques en charge et la prévention de certaines uvéites, notamment les uvéites sévères associées au HLA-B27 (human
HLA-B27 leucocyte antigen-B27), mais ont surtout révolutionné la prise en charge des uvéites pédiatriques associées
Arthrite juvénile idiopathique aux arthrites juvéniles idiopathiques.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Anterior uveitis is the most common uveitis and has various causes. After examination of the posterior segment
and elimination of a false uveitis, the key step in the aetiological diagnosis is its clinical characterisation, in
Keywords: particular its unilateral or bilateral character, whether granulomatous or not. The additional examinations
Anterior uveitis then help to confirm the diagnoses evoked on the clinical picture and directed interrogation. The priority is to
Iridocyclitis eliminate an infection, although the latter is less frequent, before starting most commonly a corticotherapy
Herpetic uveitis adapted to the severity of the clinical picture. Finally, biotherapies have greatly altered the care and prevention
HLA-B27 of certain uveitides, in particular severe uveitides associated with HLA-B27 (human leucocyte antigen-B27),
Juvenile idiopathic arthritis but have revolutionised the care of paediatric uveitides associated with juvenile idiopathic arthritis.
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Plan  Définition de l’uvéite antérieure


■ Introduction 1 La classification actuelle des uvéites est une classification ana-
■ Définition de l’uvéite antérieure 1 tomique, comme énoncé par l’IUSG (International Uveitis Study

Group), puis confirmé par le groupe de travail du Standardization
Épidémiologie des uvéites antérieures 1
of Uveitis Nomenclature (SUN) [1, 2] . Cette classification repose sur
■ Diagnostic étiologique 2 la notion de site « primaire » ou « initial » de l’inflammation. Elle
Caractérisation clinique de l’uvéite antérieure 2 repose donc sur le lieu où prédomine l’inflammation. Elle dis-
Interrogatoire 6 tingue les uvéites antérieures associées à une atteinte de l’iris et
Examens complémentaires 6 du corps ciliaire des uvéites intermédiaires associées à une atteinte
■ Entités spécifiques 7 de la choriorétine périphérique, des uvéites postérieures associées
Uvéites antérieures associées au HLA-B27 7 à une atteinte de la choroïde et de la rétine, et des panuvéites.
Uvéites antérieures associées aux virus de la famille Herpès 7 Les complications associées ne font pas changer un type d’uvéite
Syndrome de Posner-Schlossman 7 pour un autre. Par exemple, une uvéite antérieure associée au
Cyclite hétérochromique de Fuchs (CHF) 8 human leucocyte antigen-B27 (HLA-B27) compliquée d’un œdème
Uvéites antérieures associées à la sarcoïdose 8 maculaire reste classée comme uvéite antérieure ; tout comme
Uvéites antérieures associées à la maladie de Behçet 8 l’existence de vascularites périphériques ou d’un œdème macu-
Uvéites antérieures associées à la sclérose en plaques 8 laire ne modifie pas la classification d’une uvéite intermédiaire.
TINU syndrome 8 Le SUN permet également de distinguer les uvéites en fonction
Uvéites et médicaments 9 de leur mode de révélation, brutal ou insidieux, ainsi que de leur
Uvéites antérieures de l’enfant 9 évolutivité ; aiguë, en cas de poussée à début brutal et limitée dans
Diagnostic différentiel : fausses uvéites 9 le temps ; récurrente, en cas de poussées multiples séparées dans le
■ Stratégie thérapeutique 9 temps par des espaces libres supérieurs ou égaux à trois mois sans
traitement ; chronique, en cas de poussée persistante avec la sur-
■ Complications 11 venue de rechute dans un délai inférieur à trois mois après l’arrêt
■ Conclusion 11 du traitement. De même, l’activité d’une uvéite peut être classée
en fonction de l’importance de la réaction de chambre antérieure,
Tyndall cellulaire et Tyndall protéique (ou flare).

 Introduction  Épidémiologie des uvéites


antérieures
Les uvéites sont des maladies relativement rares et de causes
variées. Elles sont potentiellement cécitantes, représentant 10 % Dans les pays développés, l’incidence de l’uvéite, tout site
des cécités légales dans les pays industrialisés. L’uvéite peut anatomique confondu, a été évaluée, sur 731 898 personnes, à
correspondre à la partie émergée d’un iceberg et révéler une mala- 52 pour 100 000 habitants-année et sa prévalence à 115 pour
die générale. La recherche d’une cause à toute uvéite est donc 100 000 habitants [3] . En 2016, sur plus de quatre millions
indispensable. Les uvéites antérieures sont les plus fréquentes. d’Américains, la prévalence de l’uvéite a été confirmée être de
Certains automatismes cliniques lors de l’examen initial associés 133 pour 100 000 habitants et de 121 pour 100 000 habitants,
à des examens complémentaires simples permettent d’orienter uniquement pour les causes non infectieuses. Parmi elles, 80 %
les explorations supplémentaires et le traitement dans la bonne étaient représentées par des uvéites antérieures [4] . La proportion
direction, en évitant certains pièges. des uvéites antérieures est d’autant plus marquée dans les pays

EMC - Ophtalmologie 1
Volume 14 > n◦ 4 > décembre 2017
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0343(17)77722-2
21-220-A-40  Uvéites antérieures

Tableau 1.
Principaux diagnostics à évoquer en fonction du tableau clinique d’uvéite antérieure (d’après [7] ).
Signes cliniques ophtalmologiques Orientation diagnostique
Latéralité Unilatérale : HSV/VZV ; CMV ; PSS
Bilatérale : sarcoïdose ; TB ; Behçet, etc.
À bascule : HLA-B27
Précipités rétrocornéens granulomateux Centraux/paracentraux : HSV/VZV ; CMV ; PSS
Diffus : CHF ; HSV/VZV
Inférieurs : sarcoïdose, TB, SEP, etc.
Atteinte cornéenne HSV/VZV ; syphilis ; Lyme ; TB ; syndrome de Cogan ; lèpre
Hypertonie oculaire HSV/VZV ; CMV ; PSS ; CHF ; syphilis ; sarcoïdose ; tuberculose ; lèpre
Corticothérapie
Uvéite associée au cristallin ; UGH
Transillumination irienne Sectorielle : HSV/VZV
Diffuse : CHF ; moxifloxacine
Hétérochromie irienne CHF
Synéchies iridocristalliniennes Élimine CHF (sauf en période postopératoire)
Hypopion HLA-B27 ; spondylarthrites ; sarcoïdose ; TB ; Behçet
HSV/VZV ; syphilis ; leptospirose
Masquerade syndromes
Hyphéma HSV/VZV
UGH
Signe d’Amsler au cours de la CHF
Sclérite associée Polychondrite chronique atrophiante ; granulomatose avec polyangéite (maladie de Wegener) ; MICI ;
HLA-B27
HSV/VZV ; syphilis ; sarcoïdose ; TB
« Œil blanc » AJI ; CHF
Masquerade syndromes

HSV : virus herpès simplex ; VZV : virus varicelle-zona ; CMV : cytomégalovirus ; PSS : syndrome de Posner-Schlossman ; TB : tuberculose ; HLA : human leukocyte antigen ;
SEP : sclérose en plaques ; CHF : cyclite hétérochromique de Fuchs ; MICI : maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ; AJI : arthrite juvénile idiopathique ; UGH :
uveitis glaucoma hyphema syndrome.

occidentaux du fait de la fréquence du HLA-B27 chez ces popu- Un cercle périkératique peut être présent. L’examen à la lampe à
lations. La prévalence de l’uvéite antérieure serait probablement fente identifie et évalue l’effet Tyndall cellulaire et/ou protéique,
sous-estimée, autour de 50 à 60 % dans les centres tertiaires du et recherche la présence ou non de précipités rétrocornéens et
fait d’un biais de recrutement [5] . Les entités cliniques les plus fré- nodules iriens. Ils définissent le caractère granulomateux d’une
quemment retrouvées dans les séries des pays occidentaux sont uvéite. L’aspect et la disposition des précipités rétrocornéens sont
l’uvéite associée au HLA-B27, la cyclite hétérochromique de Fuchs d’une grande aide pour l’orientation diagnostique (Fig. 1).
et l’uvéite herpétique [6] . Les précipités granulomateux peuvent être :
• fins et spiculés, répartis sur l’ensemble de la face postérieure de
la cornée (type cyclite hétérochromique de Fuchs) ;
• de taille moyenne plus ou moins centraux, type herpès, souvent
 Diagnostic étiologique gris ou bruns, avec une disposition en « peau de léopard » ;
• de grande taille à disposition triangulaire (comme dans la sar-
Caractérisation clinique de l’uvéite antérieure coïdose ou la tuberculose), parfois dit en « graisse de mouton ».
Les nodules iriens sont dits soit de Koeppe, situés au bord pupil-
La clé de voûte du diagnostic étiologique d’une uvéite est laire, ou de Busacca, situés dans le stroma irien (Fig. 2). Ils doivent
l’examen clinique. La caractérisation d’une uvéite permet de être recherchés avant la dilatation.
l’intégrer dans un cadre nosologique orientant d’emblée vers cer- À l’inverse, des précipités rétrocornéens fins en poussière et
taines étiologies (Tableau 1). La caractérisation anatomique d’une de la fibrine en chambre antérieure sont évocateurs d’une uvéite
uvéite, son mode d’évolutivité et son caractère uni- ou bilaté- non granulomateuse. Cette fibrine peut s’organiser en chambre
ral sont ainsi nécessaires à une orientation diagnostique, puis antérieure sous la forme d’une membrane et partiellement ou
thérapeutique pertinente. Enfin, il est nécessaire de définir le complètement occlure l’aire pupillaire. L’hypopion est un amas
caractère granulomateux de l’atteinte, ce qui permet de restreindre de cellules inflammatoires qui sédimente en inférieur du fait de la
le nombre des étiologies possibles, même si ce n’est pas toujours gravité (Fig. 3). Il est plutôt le reflet de la sévérité d’une uvéite plu-
aisé. Toute uvéite peut commencer sur le mode non granuloma- tôt qu’un élément du diagnostic étiologique. Classiquement, il est
teux. Ainsi, il a été décrit que plus de la moitié des patients pour décrit dans l’uvéite associée au HLA-B27, à la maladie de Behçet, à
lesquels le diagnostic de sarcoïdose avait été finalement prouvé la prise de rifabutine, ou en cas d’uvéite infectieuse comme l’uvéite
histologiquement présentaient initialement une uvéite non gra- herpétique [9] . Cependant, toute uvéite sévère peut débuter par un
nulomateuse [8] . hypopion.
Les signes fonctionnels habituels amenant à faire consulter Certaines uvéites sont typiquement bilatérales comme la sar-
sont la douleur, la rougeur, la photophobie et la baisse d’acuité coïdose. Le caractère unilatéral doit faire évoquer une infection.
visuelle. Cependant, certains patients peuvent rester asymptoma- Enfin, le caractère à bascule est assez caractéristique de l’uvéite
tiques, par exemple en cas de cyclite hétérochromique de Fuchs associée au HLA-B27.
ou d’uvéite associée à l’arthrite juvénile idiopathique (AJI). Il faut Une augmentation de la pression intraoculaire au cours de
également garder à l’esprit que le contraste entre l’aspect d’une l’évolution d’une uvéite peut résulter de multiples causes comme
inflammation intraoculaire et un « œil blanc » est évocateur des une réponse à la corticothérapie, l’engorgement du trabéculum,
masquerade syndromes, notamment des pseudo-uvéites néopla- des synéchies extensives iridocristalliniennes responsables d’un
siques, car il ne s’agit pas d’éléments inflammatoires visibles mais iris tomate ou la progression de synéchies antérieures. Cepen-
bien d’un infiltrat cellulaire. dant, la modification du tonus oculaire est possible au moment

2 EMC - Ophtalmologie
Uvéites antérieures  21-220-A-40

A B

C D

E F

G H
Figure 1. Aspect des précipités rétrocornéens granulomateux. Précipités en « graisse de mouton » (A) ; disposition en triangle à base inférieure au cours d’une
sarcoïdose (B) ; aspect blanchâtre stellaire avec une distribution diffuse et régulière jusqu’au sommet de la cornée, évocateur d’une cyclite hétérochromique
de Fuchs (C, D) ; précipités très peu nombreux, centraux et clairs au cours d’un syndrome de Posner-Schlossman (E, F) ; précipités centraux ou paracentraux,
d’aspect pavimenteux et gris d’uvéites herpétiques (G, H).

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A B

C D
Figure 2. Uvéites antérieures granulomateuses et nodules iriens. Aspect de nodules iriens multiples au niveau du bord pupillaire (nodules de Koeppe) et du
stroma irien (nodules de Busacca) (A) ; nodule de Koeppe isolé au cours d’une uvéite antérieure associée à une sclérose en plaques (B) ; nodule irien angulaire
au cours d’une sarcoïdose et son aspect en gonioscopie (C, D).

A B
Figure 3. Uvéites non granulomateuses associées au HLA-B27. Noter la fibrine présente sur la cristalloïde antérieure et le dépôt cellulaire en « poussière »
en inférieur (A) ; noter la fibrine au niveau de la cristalloïde antérieure, la synéchie postérieure persistante, l’hypopion et l’absence de précipités rétrocornéens
(B).

même de la poussée et oriente le diagnostic étiologique. Une lose dans les formes bilatérales. Les uvéites associées au cristallin
hypotonie est possible lors des poussées d’uvéite antérieure par sont souvent également hypertensives.
sidération du corps ciliaire avec un retour à la normale avec la La kérato-uvéite évoque en priorité une atteinte virale her-
résolution de l’inflammation. Elle est fréquemment observée au pétique ou zostérienne, possible en l’absence d’atteinte cutanée
cours des uvéites associées au HLA-B27. Néanmoins, une inflam- concomitante. L’hypoesthésie ou l’anesthésie cornéenne en est
mation chronique peut provoquer une hypotonie non résolutive aussi évocatrice. Par ailleurs, l’examen de la cornée peut mettre en
permanente sans récupération de la fonction sécrétoire du corps évidence une kératite en bandelette qui témoigne d’une inflam-
ciliaire. À l’inverse, une hypertonie intraoculaire oriente vers les mation chronique du segment antérieur.
uvéites infectieuses comme les uvéites virales, le syndrome de L’examen de l’iris avant dilatation sert aussi parfois d’aide au
Posner-Schlossman (PSS) et la cyclite hétérochromique de Fuchs diagnostic étiologique. L’atrophie irienne sectorielle visible en
pour les uvéites unilatérales, mais aussi la sarcoïdose ou la tubercu- transillumination est très évocatrice d’une uvéite herpétique ou

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Uvéites antérieures  21-220-A-40

A B

C D
Figure 4. Atrophie sectorielle de l’iris au cours des uvéites antérieures herpétiques. Transillumination sectorielle (A, B) ; atteinte plus diffuse (C) ; atrophie
sectorielle de l’iris responsable d’une corectopie, noter les précipités rétrocornéens pigmentés anciens (D).

A B
Figure 5. Hétérochromie au cours d’une cyclite de Fuchs. Noter que l’œil avec l’iris le plus clair est l’œil atteint et la cataracte sous-capsulaire (A, B).

zostérienne (Fig. 4). L’hétérochromie est aussi très évocatrice de la cristalloïde antérieure, témoins de synéchies rompues et des
cyclite de Fuchs (Fig. 5) du fait de l’atrophie du stroma irien, synéchies antérieures.
tout comme la perte de son relief et la disparition des cryptes. L’accès au fond d’œil des deux yeux est absolument nécessaire.
Après dilatation, l’existence de synéchies iridocristalliniennes Il permet de savoir si l’atteinte est uniquement antérieure et si
oriente également le diagnostic étiologique (Fig. 6). Ainsi, leur pré- elle est réellement uni- ou bilatérale. Quand le fond d’œil est
sence élimine la cyclite hétérochromique de Fuchs, en dehors de inaccessible lors de la première consultation, le renouvellement
suites opératoires. L’uvéite herpétique est relativement peu syné- de l’examen après 24–48 heures de traitement permet d’identifier
chiante [10] . À l’inverse, les synéchies postérieures sont fréquentes une éventuelle atteinte postérieure.
en cas d’uvéites associées au HLA-B27, à l’AJI, à la sarcoïdose ou à Au terme de l’examen clinique, certains principes peuvent
la tuberculose. cependant s’appliquer. Ainsi, les uvéites associées au HLA-B27
Les témoins de poussées anciennes peuvent être examinés à la et à la maladie de Behçet ne sont jamais granulomateuses. Les
lampe à fente. Des précipités rétrocornéens pigmentés ou trans- synéchies postérieures sont toujours absentes dans la cyclite hété-
lucides sont parfois visibles, tout comme des reliquats iriens sur rochromique de Fuchs. Une uvéite unilatérale doit faire évoquer

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A B C
Figure 6. Synéchies iridocristalliniennes au cours d’uvéites antérieures (A, B) ; dépôts de pigment sur la cristalloïde antérieure, secondaire à la levée de
synéchies postérieures extensives (C).

Tableau 2.
Principaux diagnostics à évoquer en fonction de la symptomatologie systémique associée en cas d’uvéite antérieure (d’après [7] ).
Signes cliniques systémiques Orientation diagnostique
Arthrite Behçet ; polychondrite chronique atrophiante ; GPA ; MICI
HLA-B27 ; AJI ; SPA
Lyme ; Whipple ; leptospirose
Aphtose buccale Behçet ; MICI ; arthrite réactionnelle
Manifestations cutanées Behçet ; sarcoïdose ; polychondrite chronique atrophiante ; GPA ; périartérite noueuse ; MICI ; LED ;
Takayashu ; Maladie de Kawasaki
Arthrite réactionnelle ; SPA
Syphilis ; Lyme ; Whipple ; leptospirose, lèpre
VKH (forme chronique)
Aphtose génitale Behçet ; syphilis
Manifestations neurologiques Behçet ; SEP ; sarcoïdose
Syphilis ; Lyme ; Whipple ; leptospirose ; lèpre
Périartérite noueuse ; GPA ; LED
Surdité Syndrome de Cogan ; sarcoïdose ; SPA
VKH (forme chronique)
Manifestations pulmonaires Sarcoïdose ; TB
GPA ; Churg-Strauss
Manifestations gastroentérologues Hépatite auto-immune
Behçet ; MICI ; arthrite réactionnelle
Whipple
Manifestations rénales TINU syndrome ; sarcoïdose
Behçet ; périartérite noueuse ; GPA ; LED ; Churg-Strauss
TB ; lepstospirose ; post-streptococcique

GPA : granulomatose avec polyangéite ; TB : tuberculose ; SEP : sclérose en plaques ; CHF : cyclite hétérochromique de Fuchs ; MICI : maladies inflammatoires chroniques de
l’intestin ; HLA : human leukocyte antigen ; AJI : arthrites juvéniles idiopathiques ; SPA : syndrome périodique associé à la cryopyrine ; VKH : maladie de Vogt-Koyanagi-Harada ;
TINU : tubulointerstitial nephritis and uveitis syndrome ; LED : lupus érythémateux disséminé.

avant toute chose un processus infectieux, surtout quand elle est Tableau 3.
granulomateuse et corticodépendante ou corticorésistante à de Interrogatoire « minimal » devant une uvéite antérieure (d’après [12] ).
hauts niveaux. Herpès buccal ?
Ainsi, le diagnostic positif de l’uvéite antérieure est clinique. Aphtose buccale ?
Bien qu’il ne soit pas indispensable pour le diagnostic positif, la Contage tuberculeux ?
mesure du Tyndall protéique par photométrie avec laser flare meter Origine géographique du patient ?
permet une évaluation quantitative de l’inflammation présente en Piqûre de tiques ?
chambre antérieure entre et pendant les poussées [11] . Animaux à la maison ?
Voyages ?
Contexte général associé ?
Interrogatoire
L’interrogatoire est donc dirigé en fonction des hypothèses diag-
nostiques issues de l’examen clinique. En plus de la recherche herpétique typique, parfois confirmée par analyse par PCR (poly-
d’une symptomatologie clinique systémique associée (Tableau 2), merase chain reaction) de l’humeur aqueuse après une ponction de
certaines questions systématiques sont utiles et évitent des erreurs. chambre antérieure (PCA). Cependant, dans la plupart des cas,
Par exemple, questionner le patient sur une aphtose buccale les hypothèses diagnostiques nécessitent une confirmation. Un
est nécessaire du fait de la morbidité ophtalmologique liée à la bilan étiologique minimal est proposé lors de l’évaluation initiale
maladie de Behçet et cela n’est pas obligatoirement rapporté spon- d’une uvéite (Tableau 4) et est complété en fonction des hypo-
tanément par le patient (Tableau 3) [12] . thèses diagnostiques. La sérologie syphilis est systématique étant
donné le polymorphisme de l’uvéite associée. La recherche de fac-
Examens complémentaires teurs antinucléaires chez l’enfant est utile pour documenter une
éventuelle arthrite juvénile idiopathique. Le dosage du facteur
Au terme de cet examen clinique, le diagnostic étiologique rhumatoïde n’est pas nécessaire systématiquement chez l’adulte.
peut être purement ophtalmologique et ne pas justifier habituel- En effet, la polyarthrite rhumatoïde provoque bien plus fréquem-
lement d’explorations complémentaires comme pour une uvéite ment des sclérites. Un bilan étendu systématique garde un intérêt

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Tableau 4. antérieures [16] . Dans cette étude, les patients ont été éva-
Bilan « minimal » devant une uvéite antérieure. lués systématiquement par un rhumatologue. La moitié des
Numération formule sanguine patients présentait une spondylarthrite axiale et 17,5 % une
Vitesse de sédimentation, CRP spondylarthrite périphérique, avec une fréquence qui augmente
Sérologie syphilis (TPHA, VDRL) significativement chez les patients B27+, respectivement 69,8 %
Dosage de l’enzyme de conversion et 27,3 %. Les patients connus avec une spondylarthrite avaient
Facteurs antinucléaires et ANCA été exclus. L’uvéite antérieure est ainsi une porte d’entrée fré-
Intradermoréaction à la tuberculine +/− test de production quente des patients pour le diagnostic de spondylarthrite alors
d’interféron ␥ que des douleurs rhumatologiques sont plus facilement négligées
Imagerie thoracique (radiographie pulmonaire ou scanner thoracique) par le patient. L’uvéite survient de manière décalée par rapport
Typage HLA-B27 si non granulomateuse aux manifestations rhumatologiques. Monnet et al. ont rapporté
un écart de huit ans en moyenne. La récidive est fréquente, répu-
CRP : protéine C réactive ; TPHA : treponema pallidum hemagglutinations assay ;
VDRL : veneral disease research laboratory ; ANCA : anticorps antineutrophile
tée à bascule, mais il semble que le premier œil atteint soit plus
cytoplasmique. souvent touché et que les récidives s’espacent au fur et à mesure
de l’évolution de la maladie [17] .
La présentation clinique habituelle de l’uvéite associée au HLA-
pour les uvéites chroniques sévères. Enfin, de nombreux virus sont B27 est une uvéite unilatérale aiguë, de début brutal, survenant le
capables d’induire de manière concomitante ou décalée par rap- plus souvent chez un sujet jeune entre 20 et 40 ans, non gra-
port à l’infection initiale une uvéite antérieure comme le virus nulomateuse. Il est parfois difficile de différencier cette uvéite
zika, le chinkungunya ou même le virus de la grippe [10] . d’une endophtalmie endogène, quand le fond d’œil n’est pas
Les tests de détection de production d’interféron ␥ aident au accessible. Les synéchies iridocristalliniennes sont fréquentes. Il
diagnostic de tuberculose. Il existe principalement deux tests, le est fréquent de retrouver quelques cellules dans le vitré antérieur,
® ®
QuantiFERON-TB gold et le T-Spot TB . Ces tests reproduisent plus rarement une véritable hyalite diffuse. Les complications les
in vitro et de façon standardisée la première étape de la réac- plus fréquentes sont les synéchies postérieures, la cataracte, le
tion immunologique d’hypersensibilité retardée à Mycobacterium glaucome et le développement d’une uvéite chronique. L’œdème
tuberculosis. Ils se pratiquent à partir d’un prélèvement sanguin. maculaire est une complication chez 10 à 30 % des patients [18] .
Au cours de ces tests, les lymphocytes T sanguins sont stimulés Une étude récente a montré que le glaucome secondaire était la
in vitro par l’antigène tuberculeux et la production d’interféron ␥ cause la plus fréquente de baisse de l’acuité visuelle irréversible
est mesurée le lendemain. La particularité de ces tests est d’utiliser dans ce type d’uvéite [19] . Chaque épisode dure entre quatre à six
non plus la tuberculine mais des antigènes non partagés par le vac- semaines, avec une rémission complète entre chaque poussée.
cin contre la tuberculose (BCG [bacille de Calmette et Guérin]) ou
la plupart des mycobactéries atypiques. Un test positif traduit la
présence, dans le sang du sujet, de cellules T effectrices mémoires Uvéites antérieures associées aux virus
spécifiques de M. tuberculosis. Ce test ne permet pas de faire la diffé-
rence entre une infection tuberculeuse latente et une tuberculose
de la famille Herpès
maladie active ou guérie. Ces tests ne sont pas recommandés en Les virus du groupe herpès sont des virus à acide désoxyribo-
France pour le diagnostic de la tuberculose maladie en dehors des nucléique (ADN), enveloppés, qui ont la propriété de persister
formes extrapulmonaires de diagnostic difficile, cas de figure des en l’état de latence dans l’organisme après la primo-infection.
uvéites présumées tuberculeuses. Dans la littérature, deux études Les réactivations et les primo-infections peuvent être accom-
en zones de faible endémie ont montré une importance du seuil pagnées de symptômes. L’uvéite à HSV (virus herpès simplex)
®
de positivité du test QuantiFERON-TB gold même si cela n’est est classiquement unilatérale, récidivante, de type granuloma-
pas indiqué par le laboratoire qui le commercialise. Ainsi, un test teux ou non granulomateux et le plus souvent hypertensive. Un
supérieur à 1,5 UI/ml [13] ou 2 UI/ml [14] augmenterait le taux de hyphéma discret est parfois présent. Cette uvéite est relative-
succès du traitement antituberculeux en cas d’uvéite associée à ment peu synéchiante. L’examen de l’iris est très évocateur en
une tuberculose présumée, le plus souvent extrapulmonaire. cas d’atrophie sectorielle associée. Les manifestations du segment
La PCA est souvent utile, notamment pour le diagnostic des antérieur associées aux virus HSV et VZV (virus varicelle-zona) ont
atteintes virales présumées, pour pouvoir effectuer l’analyse de été précédemment traitées. Sont traitées ici des uvéites antérieures
l’humeur aqueuse. Elle est réalisée, sous anesthésie locale, par suspectées d’être associées aux CMV (cytomégalovirus).
tétracaïne, après mise en place d’un blépharostat au bloc opéra- Les uvéites antérieures à CMV surviennent chez l’immuno-
toire le plus souvent, par aspiration à l’aiguille 30 Gauge montée compétent à l’inverse des rétinites à CMV, apanage de
sur une seringue à tuberculine de 1 ml, fermée ensuite par un l’immunodéprimé profond. Le diagnostic ne peut être porté
bouchon. qu’après analyse par PCR de l’humeur aqueuse après PCA. Le rôle
du CMV dans le syndrome de Posner-Schlossman a été évoqué
pour la première fois en 1987 par l’identification de synthèse
 Entités spécifiques locale d’anticorps anti-CMV dans l’humeur aqueuse par Bloch-
Michel et al. [20] . En 2002, cette hypothèse a été confirmée par PCR
Uvéites antérieures associées au HLA-B27 chez deux patients [21] . Depuis, d’autres équipes ont pu également
retrouver par PCR la présence du CMV dans des uvéites antérieures
L’uvéite associée au HLA-B27 est fréquente. Elle est asso- chez l’immunocompétent sans étiologies retrouvées [22–24] .
ciée à une spondylarthrite (spondylarthrite ankylosante, rhu- L’uvéite antérieure à CMV se manifeste par une uvéite proche
matismes associés aux maladies inflammatoires chroniques des uvéites antérieures à HSV et VZV : avec des précipités bruns,
intestinales, rhumatisme psoriasique, arthrites réactionnelles, inférieurs, une hypertonie marquée et une atrophie irienne mar-
spondylarthrites indifférenciées), mais peut être isolée sans symp- quée, associée ou non à une endothélite, mais réfractaire au
tomatologie rhumatismale. La fréquence de l’uvéite est variable traitement habituel médical [25] ; ou par le tableau clinique du syn-
en fonction de la durée d’évolution et du type de spondylar- drome de Posner-Schlossman. À noter également que le génome
thrite, pouvant aller jusqu’à 30 % des patients touchés par ce type du CMV a été isolé dans des uvéites identifiées comme une cyclite
de rhumatisme [15] . L’incidence ou la prévalence de l’uvéite est hétérochromique de Fuchs [26] .
plus importante en cas de spondylarthrite ankylosante (20–30 %)
qu’en cas de rhumatismes associés aux maladies inflammatoires
chroniques intestinales (2–9 %) ou de rhumatisme psoriasique Syndrome de Posner-Schlossman
(7–16 %).
Au cours des uvéites antérieures récurrentes, environ la moi- Il s’agit d’une uvéite unilatérale, qui touche habituellement
tié sont associées au HLA-B27 et jusqu’à 60 % dans une étude les hommes âgés entre 20 et 50 ans. Les patients consultent
regroupant 798 patients avec au moins deux épisodes d’uvéites habituellement pour un flou visuel en rapport avec un œdème

EMC - Ophtalmologie 7
21-220-A-40  Uvéites antérieures

de cornée souvent à type de buée épithéliale liée à une élévation opéré de cataracte, malgré une inflammation chronique. Les
très importante de la tension intraoculaire, entre 40 et 60 mmHg. nodules iriens sont relativement fréquents chez plus de 30 % des
La réaction de chambre antérieure est minime et des précipités cas [32] .
granulomateux en petit nombre, gris centraux, sont visualisables. L’utilisation des anti-inflammatoires au long cours n’est pas
Les différentes poussées peuvent entraîner une atteinte sévère utile et parfois délétère dans la CHF. La prise en charge repose sur
glaucomateuse, même si ce syndrome a été longtemps considéré le dépistage et le traitement d’une cataracte et d’une hypertonie
comme bénin et rapidement résolutif [27] . Devant un PSS, il appa- ou d’un glaucome. Le glaucome secondaire peut être rapidement
raît donc utile désormais de rechercher le génome du virus CMV réfractaire au traitement médical. L’atteinte glaucomateuse est
dans l’humeur aqueuse. Les études regroupant le plus de patients présente chez 15 à 59 % des cas [33] . Le pronostic est habituelle-
semblent indiquer que le CMV est retrouvé dans environ la moi- ment bon, avec une acuité visuelle de 5/10 ou plus après chirurgie
tié des cas de PSS [26, 28] . L’évaluation par champ visuel semble de la cataracte [34, 35] . En période postopératoire, des synéchies pos-
utile pour évaluer la fonction du nerf optique qui peut s’altérer au térieures peuvent se former ainsi que des dépôts sur l’implant.
fur et à mesure des différentes poussées. À noter qu’il semble que Ainsi, l’utilisation de corticoïdes avec une fréquence importante
les PSS CMV-positifs soient d’évolution plus défavorable que ceux apparaît utile pendant cette période pour la prévention de ces
CMV-négatifs. Ainsi, il a été récemment montré que la perte endo- complications.
théliale était plus sévère et que le recours à la chirurgie filtrante Alors que la CHF était pensée idiopathique, il existe désor-
était plus fréquent [28] . Dans les PSS CMV-positifs, un traitement mais des éléments pour l’associer à la rubéole. La présence d’une
spécifique local et général peut être débuté. Les antiherpétiques infection oculaire par la rubéole a été identifiée par mesure du
classiques type aciclovir ou valaciclovir sont inefficaces. Ainsi, il coefficient de Goldmann-Witmer dans plusieurs études [36–38] ;
®
faut utiliser le ganciclovir (Cymévan ) par voie intraveineuse mais d’autant plus que son incidence semble plus faible depuis la
®
plus fréquemment sa prodrogue le valganciclovir (Rovalcyte ) dis- diffusion de la vaccination contre la rubéole par rapport à une
ponible par voie orale. Il n’existe pas de protocole thérapeutique population plus âgée ou étrangère [39] . Bien que son diagnostic soit
établi pour la prise en charge de ces uvéites. L’utilisation du gan- clinique, un bilan à la recherche d’autres étiologies ainsi qu’une
ciclovir 2 % en collyre semble efficace en traitement d’induction PCA pour analyse moléculaire de l’humeur aqueuse peuvent être
et d’entretien afin de limiter les récidives [28] . Le traitement envisagés. Une forme particulière est la CHF associée à la toxo-
local a l’avantage d’éviter la toxicité, notamment hématologique, plasmose oculaire, une cicatrice ou un foyer actif devant être
du ganciclovir et du valganciclovir. En France, le ganciclovir systématiquement recherchés [40] .
en gel à 0,15 % est disponible ; il pourrait avoir également
une certaine efficacité en association avec une corticothérapie
locale [29] . Dans les formes CMV-négatives, le traitement repose Uvéites antérieures associées à la sarcoïdose
sur une courte corticothérapie locale et sur des hypotonisants
L’uvéite associée à la sarcoïdose est habituellement bilatérale.
locaux. Cependant, le caractère récurrent doit faire renouveler la
L’uvéite antérieure est la présentation le plus fréquente, dans 41
recherche d’une cause virale qui peut être identifiée après plusieurs
à 75 % des cas. Elle est alors chronique et granulomateuse ou
tentatives.
non [41] . Le diagnostic de la sarcoïdose est histologique mais ce
diagnostic de certitude est difficile à obtenir. En 2009, des cri-
tères de diagnostic de sarcoïdose oculaire ont été publiés pour
Cyclite hétérochromique de Fuchs (CHF) définir sur des critères cliniques, biologiques et radiologiques le
diagnostic de sarcoïdose oculaire certain, présumé, probable ou
Il s’agit d’une uvéite antérieure chronique et d’évolution insi-
possible [42] .
dieuse. Elle touche le plus souvent des sujets jeunes et est le
plus souvent unilatérale, bien que 15 % des cas soient tout de
même bilatéraux [30] . Habituellement considérée comme bégnine, Uvéites antérieures associées à la maladie
la prise en charge du glaucome secondaire peut être en réalité
très complexe et elle ne doit pas conduire à un usage inadapté de Behçet
de corticoïdes pourvoyeurs eux aussi de complications. Habituel-
L’uvéite fait partie des critères diagnostiques de la maladie de
lement, la CHF ne présente pas les symptômes habituels d’une
Behçet. L’uvéite antérieure est rarement isolée, mais l’atteinte
uvéite antérieure avec une absence de rougeur et de douleur.
du segment postérieur peut être absente au stade initial. Le
L’inflammation du segment antérieur se caractérise par un Tyn-
tableau clinique est le plus souvent bruyant, évoluant par pous-
dall modéré et des précipités rétrocornéens fins, blancs étoilés,
sée. L’atteinte est de type non granulomateux, accompagnée d’un
disposés de manière assez caractéristique sur toute la hauteur de
hypopion assez fréquemment. Cette atteinte antérieure condi-
l’endothélium cornéen. L’autre type d’uvéite pouvant donner des
tionne rarement le pronostic.
précipités rétrocornéens diffus est l’uvéite herpétique ou zosté-
rienne. Une hyalite à gros grains, responsable de corps flottants,
amenant le patient à consulter, est très fréquente. Cependant, Uvéites antérieures associées à la sclérose
la subtilité des différents signes cliniques peut faire que le diag-
nostic de CHF soit retardé et fait au moment de l’apparition en plaques
d’une cataracte visuellement invalidante. L’hétérochromie est
La prévalence de l’uvéite chez les patients atteint de sclérose
mise en évidence à l’examen à la lumière du jour des deux iris
en plaques est d’environ 1 % et la prévalence de la sclérose en
avant dilatation. Il s’agit d’une atrophie progressive diffuse du
plaques en cas d’uvéites est également d’environ 1 % en se basant
stroma irien. C’est en général l’œil le plus clair qui est touché
sur les plus larges études. Bien que l’uvéite intermédiaire soit la
par l’inflammation, en dehors des yeux bleus très clairs pour
plus fréquente, la survenue d’une uvéite antérieure est possible,
lesquels la visualisation de l’épithélium pigmentaire de la face
entre 14,3 et 28,6 % [43] . Le caractère granulomateux semble être
postérieure de l’iris peut faire apparaître l’iris plus sombre qu’il
le plus fréquent [44] .
ne l’est en réalité. En cas d’atteinte bilatérale, l’hétérochromie
est difficilement identifiable. Il est alors possible de s’aider de
certains signes cliniques d’atrophie irienne comme des zones de TINU syndrome
transillumination irienne diffuse et discrète ou un aspect plus
lisse du stroma irien avec des reliefs moins marqués. Les vais- Le tubulointerstitial nephritis and uveitis (TINU) syndrome
seaux iriens deviennent mieux visibles. La fragilité des parois est une entité clinique rare associant une néphropathie
vasculaires peut probablement provoquer classiquement la sur- tubulo-interstitielle idiopathique aiguë, une uvéite antérieure
venue d’un hyphéma lors d’une ponction de chambre ou signe non granulomateuse bilatérale et un syndrome inflammatoire
d’Amsler [31] . De manière importante et relativement discrimina- biologique, avec une prédominance pédiatrique. L’atteinte oph-
tive, les synéchies iridocristalliniennes et le cercle périkératique talmologique peut précéder ou succéder l’atteinte rénale, ou en
sont absents ainsi que l’œdème maculaire chez le patient non être concomitante.

8 EMC - Ophtalmologie
Uvéites antérieures  21-220-A-40

A B
Figure 7. Uvéite associée à une arthrite juvénile idiopathique. Noter les synéchies iridocristalliniennes extensives, la cataracte et la kératite en bandelette
(A). Patiente de 13 ans qui a dû bénéficier d’une chirurgie de la cataracte et d’une trabéculectomie du fait des complications liées à son uvéite (B).

Uvéites et médicaments et égarer ainsi le diagnostic étiologique vers une uvéite qui n’en
n’est pas une. Ainsi, devant une uvéite antérieure qui résiste au
Les immunothérapies utilisées dans la prise en charge des traitement usuel, il faut réévaluer son diagnostic en ce sens avant
mélanomes cutanés métastatiques sont responsables d’effets d’effecteur une escalade thérapeutique [52] .
secondaires inflammatoires intraoculaires. Les uvéites antérieures L’infiltration primaire du segment antérieur (extension vers
ont été rapportées avec les inhibiteurs de BRAF, notamment le le segment antérieur d’un rétinoblastome ou d’un lymphome
vémurafenib [45] , et avec l’ipilimumab qui a pour but de stimu- vitréorétinien) ou secondaire (métastases d’une leucémie, d’un
ler la réponse immunitaire T existante [46] . Le fait de savoir si les lymphome systémique, tumeur solide) peut donner l’apparence
anti-TNF␣ (anti-tumor necrosis factor α) peuvent être responsables d’une uvéite antérieure. Ainsi, la leucémie aiguë lymphoblastique
de la survenue de novo d’uvéites reste débattu. Lim et al. rap- est la première cause d’hypopion chez l’enfant [53] .
portent, tout de même, 26 cas d’uvéites possiblement associées à Le syndrome d’ischémie oculaire chronique d’origine athé-
la prise d’anti-TNF␣ pour lesquelles aucune maladie existante pré- romateuse ou artéritique est secondaire à une hypoperfusion
disposant à la survenue d’uvéites n’était connue [47] . Cependant, chronique du globe oculaire par atteinte du système artériel caro-
des effets secondaires paradoxaux pourvoyeurs d’uvéites sont pos- tidien. Il peut présenter un tableau similaire à l’uvéite antérieure
sibles comme l’apparition d’une sarcoïdose. par rupture de la barrière hématoaqueuse qui peut induire un effet
Plus classiquement, les biphosphonates (traitement et pré- Tyndall et plus rarement des précipités rétrocornéens. Il existe
vention de l’ostéoporose, traitement des métastases osseuses) cependant fréquemment une rubéose irienne avec pas ou peu
et la rifabutine (traitement des mycobactéries atypiques) d’augmentation de la tension oculaire du fait de l’ischémie du
peuvent engendrer des uvéites antérieures compliquées ou non corps ciliaire. Les signes du segment antérieur peuvent être isolés,
d’hypopion. Le traitement de l’uvéite antérieure repose sur une cependant l’atteinte du segment postérieur est la plus fréquente
corticothérapie locale. L’arrêt du traitement inducteur est à mettre et apporte le plus souvent le diagnostic devant des artères tor-
en balance avec les bénéfices escomptés. La brimonidine peut tueuses, des nodules cotonneux et des hémorragies rondes en
également provoquer un tableau trompeur d’uvéite antérieure moyenne périphérie. La réalisation d’un échodoppler des troncs
granulomateuse paradoxalement associée à une hypertonie ocu- supra-aortiques est nécessaire et l’angiographie à la fluorescéine
laire, après au moins 12 mois d’instillation. Cette uvéite peut aide au diagnostic [54] .
être associée à une conjonctivite allergique qui semble précéder Le glaucome pigmentaire est pris fréquemment à tort pour une
l’uvéite [48] . La moxifloxacine est également incriminée dans la uvéite antérieure réfractaire. Le diagnostic est clinique en souli-
survenue de pseudo-uvéites associant une dispersion pigmentaire gnant le caractère pigmenté du Tyndall, la présence d’un faisceau
et une atrophie irienne diffuse [49] . de Krukenberg (dépôts pigmentés verticaux rétrocornéens) ainsi
que l’engorgement de l’angle iridocornéen par du pigment en
gonioscopie.
Uvéites antérieures de l’enfant Les syndromes irido-cornéo-endothéliaux ou ICE syndromes
n’ont pas d’étiologie reconnue (Fig. 8). Ils peuvent, par
Les uvéites de l’enfant représenteraient 5 à 10 % de l’ensemble l’hypertonie induite, l’atrophie irienne et l’unilatéralité, faire
des inflammations intraoculaires. Les uvéites pédiatriques sont évoquer une uvéite d’origine herpétique. Cependant, il n’y pas
majoritairement bilatérales et non infectieuses [50] . L’ensemble des d’inflammation de chambre antérieure et pas de précipités.
étiologies des uvéites antérieures de l’adulte peut toucher l’enfant, L’analyse en microscopie spéculaire avec l’aspect inversé de la
mais l’uvéite associée à l’AJI est la plus fréquente et est spécifique mosaïque endothéliale confirme le diagnostic.
d’un début dans l’enfance. Les sous-groupes d’AJI se compliquant Le glaucome néovasculaire et le corps étranger intraoculaire
d’uvéites sont essentiellement les formes à début oligoarticulaire, passé inaperçu sont aussi des causes de fausses uvéites.
avec des facteurs antinucléaires positifs. La fréquence de l’uvéite
associée à l’AJI est estimée entre 4 à 38 % [51] . Cette uvéite a alors
la particularité d’être asymptomatique avec un œil blanc et être
non douloureuse jusqu’à la survenue des complications. Typique-  Stratégie thérapeutique
ment, il s’agit d’une uvéite antérieure chronique, granulomateuse
ou non, et bilatérale (Fig. 7). Dans environ 5 % des cas, l’uvéite Le traitement des uvéites antérieures a pour but premier de trai-
précède l’apparition de l’arthrite. ter l’épisode aigu inflammatoire, puis il est adapté en fonction du
passage éventuel à la chronicité ou à la nécessité de la prévention
des rechutes.
Diagnostic différentiel : fausses uvéites En cas d’uvéite antérieure non infectieuse, et après avoir éliminé
une pseudo-uvéite, notamment chez l’enfant, la pierre angu-
Certaines pathologies non inflammatoires peuvent mimer un laire du traitement repose sur la corticothérapie en collyre. Seule
grand nombre d’éléments sémiologiques d’une uvéite antérieure l’inflammation associée à la CHF n’est pas traitée. La fréquence

EMC - Ophtalmologie 9
21-220-A-40  Uvéites antérieures

A B C
Figure 8. Diagnostic différentiel des uvéites antérieures. Aspect de syndrome irido-cornéo-endothélial pouvant faire évoquer à tort une uvéite d’origine
herpétique (A) ; l’aspect inversé de la mosaïque endothéliale confirme le diagnostic en microscopie spéculaire (B) par rapport à celui de l’œil sain (C).

Figure 9. Arbre décisionnel. Prise en charge thérapeutique


Uvéite antérieure de l’uvéite antérieure non infectieuse (d’après [55] ).

Unilatérale Bilatérale

Éliminer une infection

Traitement local Traitement par voie générale Traitement local


- topique - si signes extraoculaires - topique
- périoculaire - si résistance à la corticothérapie - périoculaire
locale
- si effets secondaires non
tolérables avec le traitement
local

d’instillation doit être au début soutenue et adaptée en fonction l’inverse du traitement des uvéites intermédiaires ou postérieures
de l’étiologie suspectée et de l’intensité clinique. Initialement, réfractaires, pour lesquelles il existe désormais une AMM euro-
l’instillation horaire de collyre à la dexaméthasone est prescrite péenne [59] . Leur utilisation dans le cadre des uvéites se fait en
pendant la journée, une pommade antibiocorticoïde peut être France en collaboration avec les médecins internistes, les rhuma-
associée au coucher à la phase aiguë, tout comme des collyres tologues adultes ou pédiatres.
mydriatiques à visée antalgique et pour lever les synéchies posté- Chez l’enfant, les uvéites, bien que moins fréquentes que chez
rieures. Au bout de 48 heures, la fréquence d’instillation est réduite l’adulte, sont responsables d’une morbidité importante, avec des
progressivement sur plusieurs semaines. En cas d’inflammation complications potentiellement cécitantes au long cours, consti-
sévère ou de cas réfractaires, les injections sous-conjonctivales de tuant un véritable défi thérapeutique. Concernant la prise en
dexaméthasone sont utiles, habituellement sur trois jours, voire charge des uvéites associées à l’AJI, la corticothérapie systémique
cinq jours consécutifs. Le recours à une corticothérapie par voie est limitée au minimum du fait de ses effets secondaires, notam-
générale est exceptionnel. En cas d’atteinte systémique associée ment sur la croissance. Elle peut être nécessaire sur de courtes
à l’uvéite antérieure nécessitant un traitement par voie générale, périodes en cas de non-contrôle de l’uvéite par le traitement local
celui-ci permet le plus souvent sa résolution. Une stratégie thé- en attendant l’effet d’autres molécules. Concernant la corticothé-
rapeutique devant une uvéite antérieure non infectieuse uni- ou rapie par voie locale, on estime qu’un seuil de corticodépendance
bilatérale est proposée (Fig. 9) [55] . En cas d’hypertonie sont évi- supérieur à trois gouttes par jour de dexaméthasone en collyre est
tés si possible les collyres contenant des prostaglandines, même préjudiciable. Au-delà de cette dose, le risque de survenue d’une
si leur influence péjorative n’a pas été démontrée [56] . En cas de cataracte pendant une surveillance moyenne de quatre ans est
complications du segment postérieur, notamment l’œdème macu- nettement augmenté [60] . Ainsi, il est préférable de commencer un
laire, des injections péri- ou intraoculaires de corticoïdes retard traitement immunosuppresseur par voie générale sans nécessai-
peuvent être utilisées [57] . Les patients qui présentent une uvéite rement l’associer à une corticothérapie systémique. En première
antérieure chronique sans nécessité d’une corticothérapie par voie intention, le méthotrexate est utilisé. Son efficacité dans le traite-
générale bénéficient le plus souvent d’une corticothérapie au long ment de l’uvéite de l’AJI est reconnue. Environ 75 % des patients
cours en collyre à dose réduite. Les effets secondaires de la cortico- peuvent s’attendre à une amélioration de leur inflammation
thérapie locale au long cours sont bien sûr à garder à l’esprit. Les intraoculaire sous méthotrexate [61] . Les anti-TNF␣, infliximab
® ®
avancées thérapeutiques fondées sur plusieurs agents biologiques, (Remicade ) et adalimumab (Humira ) ont révolutionné la prise
notamment les anti-TNF␣, permettent de mieux contrôler l’uvéite en charge de ces uvéites sévères pédiatriques [62, 63] . Cependant,
®
au long cours. Des recommandations publiées en 2014 préco- l’étanercept (Enbrel ) est efficace dans le contrôle de l’arthrite sans
nisent l’utilisation de l’infliximab ou de l’adalimumab comme pour autant avoir, semble-t-il, une efficacité sur l’uvéite [64] .
épargne de cortisone en cas d’uvéites chroniques réfractaires asso- En cas d’uvéites infectieuses, un traitement par voie géné-
ciées aux spondylarthrites ou au HLA-B27 [58] . Cependant, les rale adapté en fonction de l’étiologie identifiée est associé à
anti-TNF␣ n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) la corticothérapie locale. Une prise en charge pluridisciplinaire
dans la prise en charge ou la prévention des uvéites antérieures, à est nécessaire en cas d’uvéites bactériennes, d’autant plus qu’il

10 EMC - Ophtalmologie
Uvéites antérieures  21-220-A-40

Tableau 5.
Traitement anti-infectieux à associer en cas d’uvéites antérieures virales ou
bactériennes diagnostiquées.
Uvéites virales
Uvéite HSV/VZV Valaciclovir 3 g/j, puis décroissance progressive
pour traitement d’entretien
Uvéite CMV Valganciclovir 900 mg 2 fois/j pendant 21 j, puis
900 mg 1 fois/j en traitement d’entretien
Essai possible du ganciclovir gel ophtalmique en
traitement local
Uvéites bactériennes
Tuberculose Tri- ou quadrithérapie (2 mois) :
- isoniazide 5 mg/kg/j
- rifampicine 10 mg/kg/j
- pyrazinamide 30 mg/kg/j
- ± éthambutol 15 mg/kg/j
Puis bithérapie (4 mois) :
- isoniazide 5 mg/kg/j Figure 10. Poussée inflammatoire à la suite d’une chirurgie de la cata-
- rifampicine 10 mg/kg/j racte dans un contexte de rhumatisme psoriasique. Noter les synéchies
Syphilis Pénicilline G intraveineuse pendant 14 à 21 j extensives sur l’implant responsable d’un « iris bombé » et le dépôt fibri-
Maladie de Lyme Ceftriaxone intraveineuse 2 g/j pendant 21 j
neux sur l’implant.

HSV : virus herpès simplex ; VZV : virus varicelle-zona ; CMV : cytomégalovirus.


les résultats postopératoires soient satisfaisants avec implanta-
tion en chambre postérieure concomitante. Aucune différence
n’existe pas de protocole thérapeutique défini, notamment en cas n’a été récemment retrouvée en termes de complication entre les
d’uvéite tuberculeuse qui reste le plus souvent un diagnostic pré- enfants aphakes ou pseudophakes en cas de contrôle maximal
somptif. Une prise en charge thérapeutique est proposée dans le de l’inflammation durant les trois mois préopératoires. Il exis-
Tableau 5 [65–68] . tait significativement une meilleure acuité visuelle dans le groupe
L’intérêt des anti-TNF␣, notamment l’infliximab et pseudophake [72] . Ainsi, les indications de l’implantation se sont
l’adalimumab, dans la prévention des uvéites associées au largement élargies avec l’évolution des matériaux, notamment
HLA-B27 a été démontré [69] . avec les implants acryliques hydrophobes. Le capsulorhexis pos-
térieur et la vitrectomie antérieure sont associés chez les enfants
les plus jeunes.
 Complications
Chaque poussée d’uvéite antérieure ou le passage à la chroni-
 Conclusion
cité font le lit des complications potentiellement cécitantes. Les Les uvéites antérieures sont les plus fréquentes et sont de causes
complications du segment postérieur sont possibles, notamment multiples. L’étape clé du diagnostic étiologique est la caractéri-
la survenue d’un œdème papillaire ou d’un œdème maculaire. sation clinique de l’uvéite antérieure, notamment son caractère
La survenue d’une hypertonie chronique puis d’un glaucome granulomateux ou non. Les progrès de la biologie moléculaire ont
secondaire est une complication majeure au cours de l’uvéite anté- permis d’identifier certains virus à l’origine d’uvéites pensées idio-
rieure. La sclérectomie profonde non perforante semble entraîner pathiques. Les biothérapies, après concertation multidisciplinaire,
moins de réaction inflammatoire en postopératoire, pour un ont grandement modifié la prise en charge et la prévention de
résultat tensionnel similaire mais nécessite plus d’ajustement thé- certaines uvéites, notamment les uvéites sévères associées au HLA-
rapeutique [70] . Le contrôle de l’inflammation intraoculaire en B27 mais surtout ont révolutionné la prise en charge des uvéites
préopératoire est nécessaire, même si parfois l’urgence n’autorise pédiatriques associées aux AJI.
pas toujours un contrôle optimal. En cas de blocage pupillaire,
l’iridectomie chirurgicale ou l’iridotomie au laser périphérique
permettent une levée rapide du blocage.
La cataracte, favorisée par la corticothérapie locale ou géné- “ Points essentiels
rale, complique fréquemment les uvéites antérieures du fait de la
chronicité de l’inflammation et de la présence de synéchies pos- • Examiner le segment postérieur (parfois après 24 à
térieures. Il s’agit le plus souvent d’une cataracte sous-capsulaire 48 h).
postérieure. Sa prise en charge chirurgicale nécessite certaines • Caractériser cliniquement l’uvéite antérieure.
précautions afin d’éviter un rebond inflammatoire extrêmement • Éliminer une fausse uvéite.
délétère pour le pronostic visuel (Fig. 10). Le premier élément
• Pratiquer un bilan minimal
est de s’assurer qu’un bilan étiologique a été réalisé de façon à
évaluer les risques de réactivation inflammatoire en fonction de
l’étiologie prouvée ou suspectée. Ainsi, une cataracte sur une CHF
ne nécessite pas de prophylaxie anti-inflammatoire par voie géné-
rale. La plupart des experts s’accordent sur un délai de trois mois Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur n’a pas transmis de déclaration
d’absence d’activité ou de contrôle de l’activité de l’uvéite avant d’intérêts en relation avec cet article.
d’intervenir. La difficulté opératoire réside le plus souvent dans
la levée de synéchies, avec un risque de rupture du sphincter.
À l’exception des cataractes associées à l’arthrite juvénile idiopa-  Références
thique, pour lesquelles l’implantation dans le même temps reste
discutée, la mise en place d’un implant dans le sac est la règle. [1] Jabs DA, Nussenblatt RB, Rosenbaum JT. Standardization of uveitis
Chez l’enfant, l’inflammation postopératoire peut être intense nomenclature for reporting clinical data. Results of the First Interna-
et le contrôle pré- et postopératoire anti-inflammatoire est tional Workshop. Am J Ophthalmol 2005;140:509–16.
essentiel et doit être renforcé [71] . Pourtant, certains jeunes [2] Bloch-Michel E, Nussenblatt RB. International Uveitis Study Group
enfants nécessitent une intervention rapide pour limiter le risque recommendations for the evaluation of intraocular inflammatory
d’amblyopie. Il semble qu’avec un contrôle de l’inflammation, disease. Am J Ophthalmol 1987;103:234–5.

EMC - Ophtalmologie 11
21-220-A-40  Uvéites antérieures

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J. Gueudry (julie.gueudry@chu-rouen.fr).
Service d’ophtalmologie (Service du Professeur Muraine), Hôpital Charles Nicolle, CHU de Rouen, 1, rue de Germont, 76031 Rouen cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Gueudry J. Uvéites antérieures. EMC - Ophtalmologie 2017;14(4):1-13 [Article 21-220-A-40].

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