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2021
TD :
En quoi le soutien aux aidants professionnels et familiaux est un axe prioritaire de
la politique gérontologique ?
Les projections font état d’une évolution importante du nombre de personnes âgées
dépendantes dans les prochaines décennies.
Cette perte d’autonomie est difficile à vivre physiquement, psychologiquement mais
aussi à assumer financièrement pour les personnes concernées et leurs familles.
La France mène des efforts publics en faveur des personnes âgées dépendantes de
façon non négligeable. Les dépenses publiques totales liées à la dépendance (en institution
et à domicile) se montaient à près de 24 Md euros en France (soit 1,2% du PIB) en 2010
(Fragonard, 2011), soit environ 2 300 euros par tête.
L’aide sociale à ce sujet est répartie presque à parité entre les établissements
(EPHAD principalement) et l’aide à domicile.
Or, la prise en charge de la dépendance, mais aussi des coûts connexes à (hôtellerie, soin)
un hébergement en EHPAD est couteuse. Et, pour l’heure, plus la dépendance augmente,
plus le recours à l’hébergement en institution s’avère nécessaire.
Les études montrent qu’il manquerait au moins 50.000 places en EHPAD par rapport
à la demande, bien que ce type d’hébergement soit coûteux et n’est pas accessible à tous.
Le coût moyen est de 2200€ mensuels, à mettre en perspective avec la pension de retraite
moyenne des français qui est de 1100€.
Pour faire face à cela, il existe des aides qui permettent de réduire la note mais le
reste à charge reste important pour les familles et ne fait qu’augmenter. En effet, Dans les
Ehpad, les frais de santé sont pris en charge par l’assurance maladie. Par contre, les frais
d’assistance, non couverts par la Sécurité sociale, sont à la charge des personnes âgées et
de leurs descendants, qui sont tenus à un devoir de solidarité.
Il est également à noter que les EHPAD ne sont pas uniformément réparti sur le
territoire français. Certaines régions sont très bien dotées, d’autres pas du tout.
D’après une étude de la DREES en 2014, les prévisions disponibles sur l’évolution à
long terme de l’effort demandé aux financeurs de la dépendance, pour le maintien à domicile
font état d’un accroissement important de la dépense à l’horizon 2060.
Or, côté publique, la politique menée en faveur des personnes âgées dépendantes
est partagée entre l’État, la sécurité sociale et les collectivités locales, en particulier les
départements qui financent la part dépendance via l’APA. Cette même APA dont les
dépenses ne font qu’augmenter alors que les actions mises en oeuvre pour la financer ne
suffisent plus, ce qui fait peser les tensions les plus fortes sur les budgets des départements
alors que leurs recettes diminuent avec la baisse des dotations d’Etat.
Elle révèle enfin la nécessité d’un soutien plus adapté des ménages, dont la part
dans le financement de la dépendance s’accroîtra immanquablement.
Ainsi, malgré l’intervention des pouvoirs publics, l’essentiel de la solidarité exprimée
en faveur des personnes âgées dépendantes relève en grande partie de la sphère familiale.
La progression des besoins, dans un contexte où les financements publics atteignent leurs
limites, accroît la charge pesant sur les personnes âgées et leur entourage.
Aujourd’hui, malgré l’augmentation du taux d’activité professionnelle des femmes, qui
sont les principaux acteurs de cette aide, la génération des 50-65 ans (« génération pivot »)
est fortement mise à contribution par leurs parents dépendants. Il est estimé qu’en volume
horaire l’implication de la famille serait trois fois plus importante que celle des professionnels.
En France, la prise de conscience du rôle primordial des proches aidants n’est
arrivée que tardivement. L’intervention des pouvoirs publics repose sur l’idée que « la
première forme de soutien aux aidants consiste à fournir une aide professionnelle de qualité
à la hauteur des besoins de la personne aidée, et accessible à tous financièrement ».
Pourtant, pour une majorité de Français, la situation financière est tendue et presque
un actif sur deux a connu une baisse de revenu depuis 2014. Aux problèmes connus de
l’emploi, s’ajoute le fait que les familles sont de plus en plus éclatées, ce qui pèse sur les
revenus et dépenses des ménages. Il plus facile de faire face aux dépenses du quotidien
avec deux salaires qu’avec un seul. De ce fait, assumer en plus de ses propres dépenses
celles liées à ses parents est compliquée pour une majorité de français.
Concernant les personnes âgées, alors qu’elles ont connu au accroissement de leur
pouvoir d’achat inédit entre 1975 et 1990 (le taux de pauvreté de cette frange de la
population est passé de 30% à 8% durant cette période), on assiste depuis les années 2000
à une baisse régulière de leur niveau de vie. Cela est particulièrement vraie pour les
femmes, notamment les veuves.
Ce mouvement est aussi dû aux choix fiscaux des différents gouvernements qui ont
un impact direct sur le montant de la retraite des personnes âgées ; gel des revalorisations,
hausse de la CSG...
Pour aider à faire face aux dépenses de santé existe normalement l’APA qui est une
aide universelle. Seulement, son montant est plafonné à 1714 euros par mois pour une
dépendance très lourde. Et dans la majorité des cas, l’APA se situe entre 500 et 1 000
euros, fonction du revenu de la personne aidée. Une aide pour les aidants a bien été mises
en place a été mise en place en 2020 ; l’AJPA (allocation journalière de proche aidant) mais
son montant est dérisoire ; 500€ par an maximum.
Il faut aussi soutenir les aidants professionnels qui sont un maillon indispensable de
la prise en charge des personnes âgées et dont le recours va s’avéré de plus en plus
important. Soutenir les aidants professionnels, donc des personnes qui ont fait le choix de
cette activité, et d’être réénuméré pour l’exercer, permettrait de faire rebasculer une partie de
la charge pesant sur les aidants familiaux sur eux. D’autant plus, qu’il y aura de moins en
moins d’aidants familiaux dans les prochaines années du fait de la courbe démographique.
Les aidants d’aujourd’hui sont les personnes âgées de demain, mais avec moins d’enfants
pour prendre le relais. Et avec un niveau des retraités qui est également amené à baisser.
Mais pour cela il faut des moyens, humains et financiers. Il faut pouvoir augmenter
les effectifs pour que l’augmentation des besoins ne deviennent pas une charge trop lourde
pour ce corps professionnel, créant alors une fuite des vocations qui seraient néfaste à la
prise en charge des personnes âgées. Il faut également revoir à la hausse le volet financier
afin qu’ils aient les moyens d’exercer dignement leur travail et de s’équiper en matériel de
soutien qui rendent les taches moins pénibles et plus efficients (appareils connectés,
exosquelettes…). Cela sera bien sur en premier lieux bénéfique pour ces salariés, mais
aussi pour la société en limitant les arrêts maladie ou les démissions et donc en assurant
une continuité et une qualité de service optimales.