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Droit de la fonction publique – Chapitre III 1/39

Partie II

► CHAPITRE I

L’admission et la carrière dans la fonction publique


Droit de la fonction publique – Chapitre III 2/39

Sommaire
(interactif à l’écran)

DEUXIEME PARTIE : DYNAMIQUE DE LA FONCTION PUBLIQUE ............................................. 3


CHAPITRE I : L’admission et la carrière dans la fonction publique ................................... 4
SECTION I : Le recrutement dans la fonction publique ................................................................... 5
I - Les conditions d'entrée ................................................................................................................ 5
A - Le principe de l'égal accès aux emplois publics................................................................. 5
1 - Les discriminations fondées sur les opinions.................................................................. 5
a - Les discriminations fondées sur les opinions politiques .................................................... 5
a - Les discriminations fondées sur les croyances religieuses................................................. 6
2 - les discriminations fondées sur le sexe ........................................................................... 6
3 - Les discriminations fondées sur l’intérêt du service ...................................................... 9
B - Les conditions générales ....................................................................................................... 9
1 - La nationalité française....................................................................................................... 9
2 - La jouissance des droits civiques ................................................................................... 10
3 - La compatibilité du casier judiciaire avec les futures fonctions ................................ 10
4 - La position régulière au regard du Code du service national ..................................... 10
5 - L'aptitude physique à l’exerce des fonctions ................................................................ 11
II - Les modes de recrutement....................................................................................................... 12
A - La mise en œuvre de l’égale admissibilité aux emplois publics .................................... 12
1 - Le principe du concours ................................................................................................... 12
2 - Les dérogations au principe du concours...................................................................... 15
B - L’encadrement normatif du concours................................................................................. 15
1 - L’ouverture du concours et l’admission des candidatures .......................................... 15
2 - La composition du jury et le déroulement des épreuves............................................. 17
3 - La proclamation des résultats et la nomination des lauréats ..................................... 23
4 - Le contentieux du concours............................................................................................. 25
SECTION II : Le déroulement de la carrière.................................................................................... 28
I - La permanence statutaire et la mobilité interne ..................................................................... 28
A - L’intégration et les perspectives statutaires ...................................................................... 28
1 - Le stage et la titularisation ............................................................................................... 28
2 - La notation et l'avancement............................................................................................. 30
a - La notation........................................................................................................................ 30
b - L'avancement d’échelon................................................................................................... 31
c - L'avancement de grade ou de classe................................................................................. 31
B - Les positions statutaires....................................................................................................... 32
1 - L'activité .............................................................................................................................. 32
2 - Le détachement................................................................................................................. 34
3 - La position hors cadres .................................................................................................... 35
4 - La disponibilité ................................................................................................................... 35
5 - L'accomplissement du service national ......................................................................... 36
6 - Le congé parental.............................................................................................................. 36
II - La sortie de service et la radiation des cadres ...................................................................... 37
A - La fin normale de la carrière................................................................................................ 37
1 - La limite d’âge.................................................................................................................... 37
2 - Les conséquences de l’accession à la limite d’âge ..................................................... 37
B - Les fins anticipées................................................................................................................. 38
1 - L’admission à la retraite avant la limite d’âge ............................................................... 38
2 - La démission ...................................................................................................................... 38
3 - Le licenciement et la révocation...................................................................................... 39
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DEUXIEME PARTIE : DYNAMIQUE DE LA


FONCTION PUBLIQUE

Pour paraphraser une formule célèbre, tout le vécu professionnel du fonctionnaire, de son
recrutement à sa radiation, est gouverné par des contradictions normatives.

Par exemple, contradiction entre

le principe de la carrière et le principe de la mobilité,

le droit de grève et la continuité du service public,

l’universel et le particulier, l’intérêt général et l’intérêt particulier,

le principe d’égalité et le pouvoir discrétionnaire,

le droit disciplinaire et le droit pénal,

le principe d’obéissance hiérarchique et le devoir de désobéissance civique,

les droits du citoyen et les obligations du fonctionnaire…


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CHAPITRE I : L’admission et la carrière dans la


fonction publique

Question initiale :
Qu'est-ce qui distingue le système de la carrière du système de l'emploi ?

Réponse soutenue :
Les deux systèmes ne sont pas gouvernés par la même logique.

Dans le système de la carrière, le fonctionnaire a vocation à rester dans la fonction publique


jusqu’au terme de sa vie active – qui dure, en moyenne, 35 ans. Celle-ci évoluera, généralement en
s’améliorant, sur la base de dispositions statutaires. Au demeurant, la carrière est parfois définie comme
l’ensemble des fonctions ou des emplois occupés par une personne durant sa vie professionnelle.
Quatre grands principes gouvernent le système de la carrière :
1. Le fonctionnaire n’est pas recruté pour occuper un emploi précis, car son activité pro-
fessionnelle est régie par la distinction du grade et de l’emploi. Il est admis dans un
corps dont les membres ont vocation à occuper plusieurs types d’emplois, selon les be-
soins définis par l’employeur public. En somme, l’appartenance du fonctionnaire à un
corps lui confère la « propriété » d’un grade, mais n’impose pas son affectation sur une
fonction précise (Cf. supra Partie I, Chapitre II).
2. Le candidat à la fonction publique n’est pas jugé sur son aptitude à un emploi détermi-
né. Il l’est en considération des différentes possibilités offertes par le corps. D’où
l’importance, parfois exagérée, donnée à l’épreuve de culture générale dans les con-
cours d’accès à la fonction publique.
3. Normalement, le fonctionnaire ne fera pas la navette entre le secteur public et le secteur
privé. En effet, le système de la carrière implique que la personne qui entre dans la fonc-
tion publique y demeure, en principe, jusqu’à la fin de sa vie professionnelle – principe
tout de même battu en brèche par la pratique du pantouflage.
4. La situation du fonctionnaire revêt un caractère statutaire et réglementaire - on dit aussi
« légal et réglementaire » ; l’une et l’autre formule signifient que les droits et obliga-
tions du fonctionnaire sont déterminés par les lois et règlements.

Dans le système de l’emploi, le fonctionnaire – ou plutôt l’agent ? - n’a point vocation à faire car-
rière dans la fonction publique.
Quatre grands principes dominent ce système en l’opposant radicalement au système de la car-
rière :
1. Le fonctionnaire est recruté pour occuper un emploi précis spécifié par son contrat de travail.
Cela ne l’empêche nullement de changer de fonctions, sous la seule réserve d’un nouvel en-
gagement.
2. Le candidat à la fonction publique est jugé sur son aptitude à un emploi déterminé.
3. N’étant pas enfermé dans le carcan d’un corps, l’agent passe aisément du secteur public au
secteur privé, et inversement. On soutient qu’aucune nécessité logique n’impose de gérer dif-
féremment les deux secteurs.
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4. La situation de l’agent revêt, en principe, un caractère contractuel.

La France a opté pour le système pour le système de la carrière. Une option qui s'accommode de
quelques emprunts faits au système de l'emploi… Cf. Introduction générale, II-A-2, le monisme ou le
dualisme français.

Développement 

SECTION I : Le recrutement dans la fonction publique


I - Les conditions d'entrée
A - Le principe de l'égal accès aux emplois publics
Le principe de l’égal accès aux emplois publics est proclamé à l'article 6 de la déclaration
des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 :
« Tous les citoyens […] sont également admissibles à toutes dignités, places et
emplois publics selon leur capacité ; et sans autre distinction que celle de leurs
vertus et de leurs talents. »
Toutefois, un jury n’est pas tenu de motiver l’appréciation qu’il porte sur les capacités, les vertus et
les talents des candidats ; du reste, cette appréciation ne peut être utilement contestée devant le juge :
CE, 28 janvier 2009, M. Jean-Pierre A, n° 314060 : « Considérant que M. A con-
teste la note de 1,5 que le jury lui a attribuée pour l'épreuve de sociologie des organi-
sations ; que toutefois l'appréciation portée par le jury sur la valeur des copies des
candidats n'est pas susceptible d'être discutée devant le juge administratif ;
Considérant qu'il ne résulte d'aucun principe ou disposition, à caractère constitution-
nel, législatif ou réglementaire que les jurys de concours ont à motiver leurs décisions
ou à faire connaître aux candidats les critères dont ils font usage pour noter les
épreuves ; »
Le principe de l'égal accès aux emplois publics interdit certaines discriminations, mais il
s'accommode de quelques dérogations.

1 - Les discriminations fondées sur les opinions


a - Les discriminations fondées sur les opinions politiques
CE, Ass., 28 mai 1954, Barel et autres. Contexte : la guerre froide bat son plein ; aux Etats-
Unis, sévit le maccarthysme, véritable chasse aux « sorcières communistes ». En France se pose la
question de l’admission des communistes à l’ENA. Le secrétaire d’Etat à la Fonction publique croit
pouvoir et devoir répondre par la négative1. Le Conseil d’Etat censure sa décision au nom du prin-
cipe de l’égal accès des citoyens aux emplois publics - position contraire à celle adoptée en 1952
par la Cour constitutionnelle allemande.

1
Raymond Aaron publie un article intitulé « Le communisme n’est pas une opinion ».
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a - Les discriminations fondées sur les croyances religieuses


CE, 25 juillet 1939, Dlle Beis - rejet illégal d'une candidature à un poste d'institutrice. La
candidate avait fait ses études dans un établissement confessionnel ; donc, selon l’administration,
elle ne présentait pas toutes les garanties exigées par la laïcité.
On peut estimer que le juge a établi sa religion, en la matière, par l’arrêt CE 10 mai 1912,
Abbé Bouteyre.

Faits et solution de l’espèce :


Un abbé souhaite s’inscrire sur la liste des candidats au concours de l'agrégation de philoso-
phie de l'enseignement secondaire.
Réponse du ministre de l'Instruction publique : « L'état ecclésiastique auquel il s'était consa-
cré s'oppose à ce qu'il soit admis dans le personnel de l'enseignement public, dont le caractère est la
laïcité. Par suite, il n'y a pas lieu de l'autoriser à prendre part aux épreuves. »
L’abbé forme, contre la décision du ministre, un recours pour excès de pouvoir que le Con-
seil d’Etat rejette. Motif du rejet : dans l'intérêt du service, le ministre n'a fait qu'user à l'égard du
candidat de son droit d'appréciation.
Explication du commissaire du gouvernement Helbronner : « L'Etat a le droit de s'assurer
que le candidat à une fonction ne se trouve pas dans le cas de ne pas la remplir selon l'esprit et le
but en vue desquels la loi l'a instituée. » Un tel pouvoir d'appréciation découle d'un texte exprès -
c'est le cas en l'espèce - ou d'un principe général - la bonne marche du service.
Démarche à suivre par l’autorité compétente : l'autorité administrative ne doit pas se baser
sur les idées présumées, les opinions politiques ou religieuses des candidats. Ce serait une atteinte
inadmissible à la liberté des citoyens. Mais il arrive que les opinions se manifestent avant la candi-
dature par un acte public qui, par sa nature, serait incompatible avec l'exercice des fonctions sollici-
tées1. L'autorité administrative pourra écarter, pour ce motif, le candidat concerné.
Au total, une obligation de réserve pèse non seulement sur les candidats, mais encore
sur l’administration. Les dossiers de candidature ne doivent contenir aucune mention relative aux
opinions des intéressés. La méconnaissance de cette règle peut entraîner l’annulation d’un concours:
CE, 28 septembre 1988, Merlenghi.
Jean Rivero dénonce les abus : « On redouterait fort une administration dont tous les
membres, ayant précédemment rêvé de l’Etat, auraient observé durant toute leur jeunesse, dans
l’expression de leurs opinions, la réserve qui sied au haut fonctionnaire. Il serait à craindre que les
hommes de caractère y fussent rares. »2

2 - les discriminations fondées sur le sexe


Juridiquement, l'égalité des sexes dans l'accès à la fonction publique est aujourd'hui pleine-
ment établie. Elle résulte d'une évolution en trois temps, sachant que les femmes n'ont jamais été
exclues d'une manière générale et absolue de la fonction publique.
1er temps: CE, 3 juillet 1936, Dlle Bobard et autres. Un décret du 15 août 1934 réserve au
personnel masculin l'accès aux emplois de rédacteurs et à ceux d’un grade supérieur du ministère de
la Guerre. Quarante femmes et la demoiselle Bobard attaquent immédiatement ce décret. Le Conseil
d’Etat juge d'abord que « les femmes ont l'aptitude légale aux emplois dépendant des administra-
tions centrales des ministères ». Mais il ajoute : « Il appartient au gouvernement de décider si des
raisons de services nécessitent, dans un ministère, des restrictions à l'admission et à l'avancement
du personnel féminin. ». L’appréciation faite par le gouvernement est insusceptible de discussion
contentieuse.

1
A contrario, comment tenir compte d’une opinion inexprimée ?
2
L’obligation de réserve, AJDA 1977, p.580.
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2e temps: Le préambule de la constitution du 27 octobre 1946 dispose : « La loi garantit à


la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme. » Cette disposition trouve
un écho dans le statut général du 19 octobre 1946 : aucune distinction n'est faite pour son applica-
tion entre les deux sexes, sous réserve des mesures exceptionnelles prévues dans les statuts particu-
liers et commandées par la nature des fonctions.
Le Conseil d’Etat reconnaît alors le principe de l'égalité des sexes devant les emplois pu-
blics: CE, Ass., 6 janvier 1956, Syndicat national autonome du cadre d'administration générale des
colonies. Mais il admet des dérogations à ce principe « dans le cas où la nature des fonctions exer-
cées ou les conditions d'exercice de ces fonctions exigent de telles dérogations ». L’appréciation
faite par le gouvernement est susceptible de discussion contentieuse. Cf., aussi, CE 28 janvier
1972, Fédération générale des syndicats de police.
La formule jurisprudentielle est reprise par la loi du 10 juillet 1975. Son apport : les excep-
tions peuvent jouer dans les deux sens. Il peut légalement exister des corps à recrutement exclusi-
vement masculin ou féminin - discrimination dite égalitaire.
3e temps: Le droit communautaire fixe comme objectif aux Etats membres la mixité de
tous les corps de fonctionnaires - directive du 9 février 1976. Dans un avis du 25 avril 1981, la
Commission estime que la France méconnaît cette directive.
Après la loi du 7 mai 1982, le Statut général – actuellement en vigueur – pose le principe de
la mixité des corps. Il écarte la possibilité de recrutements exclusifs d'hommes ou de femmes. Mais
il admet la possibilité, pour certains corps, d'organiser des recrutements distincts pour les hommes
ou pour les femmes si l'appartenance à l'un ou l'autre sexe constitue une condition déterminante
pour l'exercice des fonctions.
Des concours communs peuvent également comporter quelques épreuves distinctes -
épreuves physiques, essentiellement.
Tel est l’esprit de l’article 6 bis de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obli-
gations des fonctionnaires - disposition issue de la loi n° 2001-397 du 9 mai 2001 relative à l'égali-
té professionnelle entre les femmes et les hommes :

« Art. 6 bis. - Aucune distinction, directe ou indirecte, ne peut être faite entre les
fonctionnaires en raison de leur sexe.
Toutefois, des recrutements distincts pour les femmes ou les hommes peuvent, excep-
tionnellement, être prévus lorsque l’appartenance à l’un ou à l’autre sexe constitue une
condition déterminante de l’exercice des fonctions.
De même, des distinctions peuvent être faites entre les femmes et les hommes en vue
de la désignation, par l’administration, des membres des jurys et des comités de sélec-
tion constitués pour le recrutement et l’avancement des fonctionnaires et de ses repré-
sentants au sein des organismes consultés sur les décisions individuelles relatives à la
carrière des fonctionnaires et sur les questions relatives à l’organisation et au fonc-
tionnement des services, afin de concourir à une représentation équilibrée entre les
femmes et les hommes dans ces organes.»

Sans cesse réduite, la liste des corps à recrutements distincts est fixée par le décret n° 82-886
du 15 octobre 1982, modifié en dernier lieu par le décret n° 2007-1233 du 20 août 2007 : corps des
chargés d'éducation des maisons d'éducation de la Légion d'honneur et corps des services déconcen-
trés de l'administration pénitentiaire (corps d'encadrement et d'application du personnel de surveil-
lance de l'administration pénitentiaire).

Les discriminations fondées sur le sexe alimentent épisodiquement le débat contentieux.


Emblématique à cet égard est l’espèce qui suit et dans laquelle le Conseil d’Etat juge que la limita-
tion du nombre de femmes admises au commissariat de l'armée de terre est contraire au prin-
cipe d'égalité entre les sexes tel qu'il résulte du préambule de la Constitution.
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CE, 11 mai 1998, Mlle Aldige :
« Sans qu'il soit besoin d'examiner l'autre moyen de la requête :
Considérant qu'en application de l'article 2 du décret du 12 mars 1984 portant statut
particulier du corps des commissaires de l'armée de terre limitant l'accès des femmes à ce
corps à 20 p. 100 du recrutement annuel, l'arrêté du 26 avril 1996 a fixé à 2 le nombre de can-
didats du sexe féminin susceptibles d'être nommés élèves de l'armée de terre à l'issue des con-
cours de recrutement ouverts en 1996 ;
Considérant que Mlle Aldige, candidate au concours externe ouvert en 1996 pour le
recrutement d'élèves commissaires de l'armée de terre, a été inscrite par le jury en troisième
rang sur la liste complémentaire ; qu'à la suite de démissions intervenues, quatre candidats de
sexe masculin inscrits aux sixième, septième, neuvième et dixième rangs sur la liste complé-
mentaire ont été nommés élèves commissaires de l'armée de terre par un arrêté du 19 sep-
tembre 1996 dont Mlle Aldige conteste la légalité en tant qu'elle n'y figure pas ;
Considérant qu'en vertu du principe qu'a posé le préambule de la Constitution du 27
octobre 1946, auquel se réfère le préambule de la Constitution du 4 octobre 1958 et selon le-
quel la " loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme ",
les femmes ont vocation à occuper tous les emplois publics dans les mêmes conditions que les
hommes, aucune distinction ne pouvant être introduites entre les personnels de l'un et l'autre
sexe honnis celles qui seraient justifiées par la nature des fonctions ou les conditions d'exer-
cice de celles-ci ;
Considérant que l'article 2 du décret du 12 mars 1984 susvisé dispose que : " En raison
de certaines conditions d'emploi dans le corps des commissaires de l'armée de terre, l'accès des
femmes à ce corps est limité à 20 % du recrutement annuel. " ; qu'il ne résulte toutefois pas
des pièces versées ou dossier qu'une telle dérogation au principe d'égal accès aux emplois
publics soit justifiée par la nature des fonctions de commissaire de l'armée de terre, ni
par les conditions particulières dans lesquelles ces fonctions sont exercées ; que, par suite,
Mlle Aldige est fondée à soutenir que la limitation au recrutement des femmes dans le corps
du commissariat de l'armée de terre à 20 p. 100 du recrutement annuel prévu par le décret du
12 mars 1984 contrevient au principe susrappelé d'égal accès aux emplois publics, et à deman-
der, par voie de conséquence, l'annulation de l'arrêté attaqué pris en application de ce décret,
en tant qu'il ne la nomme pas élève commissaire de l'armée de terre;
Sur les conclusions de Mlle Aldige tendant à ce qu'il soit enjoint au ministre de la Défense de
la nommer élève commissaire de l'armée de terre :
Considérant qu'aux termes du premier alinéa de l'article 6-1 de la loi du 16 juillet
1980:
" Lorsqu'il règle un litige au fond par une décision qui implique nécessairement une mesure
d'exécution dans un sens déterminé, le Conseil d'État, saisi de conclusions en ce sens, prescrit
cette mesure et peut assortir sa décision d'une astreinte à compter d'une date qu'il détermine. ";
Considérant que la présente décision, qui annule l'arrêté du ministre de la Défense en
date du 19 septembre 1996 en tant que Mlle Aldige n'y figure pas, implique nécessairement
que Mlle Aldige, compte tenu de son rang de classement arrêté par le jury, soit inscrite en sep-
tième position sur la liste des élèves commissaires de l'armée de terre nommés à compter du
1er septembre 1996 ; que, dès lors, il doit être fait droit aux conclusions susanalysées de Mlle
Aldige; […]»
Droit de la fonction publique – Chapitre III 9/39

3 - Les discriminations fondées sur l’intérêt du service


La formule de l’arrêt Barel les illustre bien : il appartient à l’autorité administrative
d’apprécier, dans l’intérêt du service, si les candidats présentent les garanties requises pour
l’exercice des fonctions sollicitées.
Ce plein pouvoir d’appréciation ne frappe pas de déchéance des catégories de citoyens, mais
des individus. Par suite, la légalité de son exercice est affaire d’espèce.

Le critère est flou, son maniement délicat. Il s’emploie

soit pour fonder une dérogation à l’interdiction de certaines discriminations. Par


exemple, l’administration peut valablement écarter du concours de secrétaires-adjoints
des Affaires étrangères un candidat dont l’ascendance étrangère se concilie mal avec
l’exercice des fonctions : CE, 29 janvier 1982, Butler;

soit pour fonder une discrimination autonome. Par exemple, est légale la mise à
l’écart d’une candidate au concours des (anciens) inspecteurs de police ; l’intéressée
ayant été la maîtresse d’un délinquant: T.A. de Clermont-Ferrand, 14 novembre 1988,
Filali. En revanche, il y a compatibilité entre l'activité de voyance exercée par le con-
joint d'un brigadier de police et les fonctions de cet agent public (CE, 23 juin 1999, Mi-
nistre de l'Intérieur c. M. Daniel).

B - Les conditions générales

1 - La nationalité française
Condition classique et universelle fondée sur deux préoccupations :
le nécessaire loyalisme des futurs fonctionnaires,
la protection du marché intérieur de l’emploi.

Mais deux événements ont conduit à l’assouplissement de cette condition:

1. L’affaire Einstein. Pour se soustraire à l’intérêt de l’Allemagne nazie, Albert Eins-


tein a cru pouvoir poursuivre ses travaux en France. Il a postulé aux fonctions de pro-
fesseur, mais la condition de nationalité lui a été opposée, ce qui l’a amené à s’installer
aux Etats-Unis.
Voilà pourquoi, après la guerre, une dérogation a été instituée au profit des universi-
taires étrangers. Actuellement, elle concerne aussi les enseignants des écoles d'architec-
ture, les professeurs au Collège de France, les militaires engagés par contrat ;

2. La construction européenne. L’article 48 du traité de Rome (article 39 du traité


instituant la Communauté européenne) dispose :
« 1 - La libre circulation des travailleurs est assurée à l’intérieur de la Communauté
[…]
4 - Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux emplois dans
l’administration publique. »
Dans un premier temps, les Etats membres ont cru devoir et pouvoir exclure leur fonction
publique du champ de la libre circulation des travailleurs. Cette interprétation a été réfutée par la
Cour de justice des Communautés européennes dans sa décision du 17 décembre 1980 Commission
c/ Royaume de Belgique. Selon la Cour, un Etat ne peut réserver à ses nationaux que « les emplois
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qui comportent une participation directe ou indirecte à l'exercice de la puissance publique ou qui ont
pour objet la sauvegarde des intérêts généraux de l’Etat ou des autres collectivités publiques. »
Pour mettre le droit français en harmonie avec cette exégèse, le législateur a adopté la loi du
26 juillet 1991. Le nouvel article 5 bis de la loi du 13 juillet 1983 dispose: « Les ressortissants des
Etats membres de la Communauté économique européenne ont accès aux corps, cadres d'emplois
ou emplois dont les attributions soit sont séparables de l'exercice de la souveraineté, soit ne compor-
tent aucune participation directe ou indirecte à l'exercice de prérogatives de puissance publique de
l'Etat ou des autres collectivités publiques ».
Auparavant, par sa décision du 23 juillet 1991, le Conseil constitutionnel avait déclaré ces
dispositions non contraires à la Constitution. Il avait examiné et rejeté
le moyen tiré de l’article 55. Selon les requérants, la loi déférée aurait méconnu l’article
48 du traité de Rome : le Conseil n’est pas juge de la conformité des lois aux traités ;
le moyen tiré de l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26
août 1789 : l’égalité des citoyens devant les emplois publics n’implique pas l’exclusion
des étrangers.

2 - La jouissance des droits civiques


L’accès à la fonction publique est refusé aux personnes condamnées à une peine entraînant
la perte de ces droits. En outre, le Conseil d’Etat estime que l’on ne peut maintenir dans un emploi
public une personne privée de ses droits civiques : CE, Sect., 17 mars 1967, Sanboeuf.
Dans les deux cas, la Haute assemblée exige la jouissance de l’intégralité des droits ci-
viques: droits électoraux, droit d’être juré, témoin ou expert devant une juridiction. La question se
pose de savoir si le code pénal n’impose pas une exigence moindre.

3 - La compatibilité du casier judiciaire avec les futures fonctions


Cette condition supplante, dans l'actuel statut général, l'ancienne exigence de la bonne mora-
lité. Celle-ci revêtait parfois un caractère nettement subjectif : enquête de moralité menée par les
services de police ou de gendarmerie, commune renommée, etc.
Concrètement, selon la loi du 13 juillet 1983, les mentions portées au bulletin n°2 du casier
judiciaire ne doivent pas être incompatibles avec l’exercice des fonctions. Le seul fait que des con-
damnations soient inscrites au bulletin n°2 du casier judiciaire n’est pas de nature à fonder le rejet
d’une candidature : CE, 3 décembre 1993, Bureau d’aide sociale de la ville de Paris.
L’administration peut mettre fin aux fonctions d’un agent se trouvant dans une situation
d’incompatibilité. Mais elle doit observer la procédure disciplinaire - CE, 12 avril 1992, Ministre de
l’Education nationale.

4 - La position régulière au regard du Code du service national


Le code du service national énonce deux obligations complémentaires :
► Obligation de recensement. Tout Français âgé de seize ans est tenu de se faire recenser
à la mairie de son domicile ou au consulat dont il dépend s’il réside à l’étranger - Articles
L113-1 et L113-2.
Une attestation de recensement lui est délivrée. Avant l'âge de vingt-cinq ans, pour être
autorisée à s'inscrire aux examens et concours soumis au contrôle de l'autorité publique,
la personne assujettie à l'obligation de recensement doit être en règle avec cette obliga-
tion. Elle peut procéder à la régularisation de sa situation en se faisant recenser - Article
L113-4 ;
► L'appel de préparation à la défense. Il a lieu « entre la date du recensement des Fran-
çais et leur dix-huitième anniversaire » - Article L114-2. Les intéressés ont la qualité
Droit de la fonction publique – Chapitre III 11/39
d'appelés du service national. A l'issue de l'appel de préparation à la défense, qui dure une
journée, il est délivré un certificat individuel de participation.
L’appel emporte les mêmes conséquences que le recensement : « Avant l'âge de vingt-
cinq ans, pour être autorisée à s'inscrire aux examens et concours soumis au contrôle de
l'autorité publique, la personne assujettie à l'obligation de participer à l'appel de prépara-
tion à la défense doit, sauf cas de force majeure, être en règle avec cette obligation. »
L’obligation concerne les candidats français nés après le 31 décembre 1978 et les candi-
dates françaises nées après le 31 décembre 1982.
Ne sont pas soumises à l'obligation de participer à l'appel de préparation à la défense les
personnes atteintes d'une maladie invalidante, d'une infirmité ou d'un handicap les ren-
dant définitivement inaptes à y participer - Article L114-7.

5 - L'aptitude physique à l’exerce des fonctions


Les précédents statuts étaient précis et restrictifs : ils interdisaient de recruter les personnes
ayant des affections tuberculeuses, cancéreuses ou nerveuses.
L’actuel statut se borne à prescrire que le candidat remplisse les conditions d’aptitude phy-
sique exigées pour l’exercice de la fonction. Et ces conditions sont déterminées par l’administration
compte tenu de la nature des fonctions.
L'appréciation de l'administration est soumise au contrôle normal du juge. Ce dernier estime,
par exemple, que la cécité n'est pas un obstacle aux fonctions de l'enseignement supérieur. CE, 25
juillet 1952, Loubeyre.
Dans le cas des handicapés, l'aptitude physique fait l'objet d'une appréciation particulière.
C’est un médecin agréé par l’administration qui vérifie que le handicap n’est pas incompatible avec
l’exercice des fonctions postulées.
Tout employeur public occupant au moins 20 agents à temps plein ou leur équivalent est te-
nu d’employer, à temps plein ou à temps partiel, des personnes handicapées dans la proportion de 6
% de l’effectif total des agents rémunérés (article L.323-2 du code du travail).
Le non respect de cette obligation entraîne, depuis le 1er janvier 2006, le versement d’une
contribution annuelle au fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique
(FIPHFP).
En outre, les personnes reconnues travailleurs handicapés peuvent être recrutées en qualité
d’agents contractuels pendant une période d’un an renouvelable une fois. A l’issue de cette période,
les intéressés sont titularisés sous réserve d’avoir été déclarés professionnellement aptes à exercer
les fonctions.
***
Nota : outre ces conditions générales, il existe des conditions propres aux différents recrutements.
Il s’agit de conditions de diplôme ou de niveau d’études et dans certains cas, de conditions d’âge.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 12/39

II - Les modes de recrutement


A - La mise en œuvre de l’égale admissibilité aux emplois publics
Sauf dispositions expresses contraires, l'administration n'est pas tenue de pourvoir à des va-
cances d'emplois.
Mais si elle procède à un recrutement de fonctionnaires, elle doit, en principe, le faire par
voie de concours.
Ce principe souffre tout de même quelques dérogations.

1 - Le principe du concours
Il est affirmé à l'article 16 de la loi du 13 juillet 1983.

► Définition générique : Le concours est un procédé de recrutement caractérisé


par la soumission des candidats à une suite d'épreuves appropriées au vu des-
quelles le jury établira la liste des meilleurs aux fins de leur nomination par
l'autorité administrative compétente, dans la limite du nombre de postes initia-
lement fixé.

En affinant la définition, on relève une différence substantielle entre les fonctions publiques
étatique et hospitalière, d'une part, et la fonction publique territoriale d'autre part.
Dans la fonction publique d'Etat et dans la fonction publique hospitalière, « chaque
concours donne lieu à l'établissement d'une liste classant par ordre de mérite les candidats décla-
rés aptes par le jury. » - article 20 de la loi du 11 janvier 1984 et article 31 de la loi du 9 janvier
1986.
Au sein de la fonction publique territoriale, « chaque concours donne lieu à l'établis-
sement d'une liste d'aptitude classant par ordre alphabétique les candidats déclarés aptes par le
jury » - article 44 de la loi du 26 janvier 1984.
L'autorité de nomination dispose ainsi d’une plus grande latitude. Le principe d’égalité
cède devant le principe de la libre administration des collectivités locales.

Il est possible et parfois opportun d’opérer des distinctions juridiques et pratiques :

1. Les concours sur épreuves et les concours sur titres : la définition générique du con-
cours correspond très précisément à la définition du concours sur épreuves. Dans le cadre d’un con-
cours sur titres, ou sur titres et travaux, les candidats sont sélectionnés au vu d’un dossier qui con-
tient leurs titres, le cas échéant leurs travaux, ou d’autres pièces attestant de leurs compétences.
Cette sélection peut être complétée par des épreuves, notamment par un entretien avec le jury ;

2. Les concours externes et les concours internes. Les premiers sont ouverts aux candi-
dats justifiant de la possession de certains diplômes ou de l'accomplissement de certaines études.
Les seconds sont réservés aux agents ayant accompli une certaine durée de services publics et, le
cas échéant, reçu une certaine formation. En pratique, il y a une grande variété dans les conditions
requises : certains concours internes sont ouverts à l’ensemble des fonctionnaires et agents non titu-
laires, d’autres sont réservés à une catégorie précise de fonctionnaires. En général, l'administration
pratique simultanément les deux types de concours ;

3. Les troisièmes concours : il s’agit de concours ouverts aux candidats qui justifient
d’une expérience professionnelle en dehors de l’administration publique (c’est à dire en tant que
salariés de droit privé ou en tant que travailleurs indépendants). Actuellement, il existe deux « troi-
Droit de la fonction publique – Chapitre III 13/39
sièmes concours », pour l’accès à l’École nationale d’administration (ENA) et pour l’accès aux Ins-
tituts régionaux d’administration (IRA) ;

4. Les concours déconcentrés : ce sont des concours d’accès à la fonction publique d’État,
destinés à pourvoir des postes dans une circonscription géographique précise (région, département,
académies...). En cas de réussite, les candidats sont nommés dans cette circonscription ;

5. Les concours interministériels : ces concours, qui concernent principalement les corps
de catégorie B et C d’administration générale (secrétaires administratifs, adjoints administratifs),
sont organisés en commun par plusieurs ministères. Les candidats subissent une seule série
d’épreuves, et sont affectés, en cas de réussite, en fonction de leurs vœux et de leur rang de classe-
ment.

Certains concours peuvent être à la fois communs et déconcentrés : les candidats ont alors la
possibilité d’être affectés dans plusieurs administrations différentes, localisées dans une même zone
géographique.
Les concours d’accès à l’ENA et aux IRA sont des concours interministériels : en fin de sco-
larité, les élèves ont en effet accès à plusieurs corps de fonctionnaires dans les différents ministères.

L'administration s'évertue
 d'une part - à unifier différents concours : ENA, IRA…
 d'autre part à améliorer le niveau des candidats : IPAG, CPAG…
Ce dernier souci traduit le premier avantage reconnu au concours : la probabilité très forte
que l'administration recrutera les meilleurs.
Le deuxième avantage reconnu au concours : il assurerait l'égalité entre les candidats.

Nota bene : Une décision CE, 25 novembre 2009, M. Kahn, n° 317419 a précisé la distinc-
tion entre un concours et un examen professionnel. En l’espèce, le Conseil d’Etat considère que si
les épreuves subies par les conservateurs des bibliothèques stagiaires à l'issue de leur scolarité à
l'ENSSIB donnent lieu à un classement des stagiaires par ordre de mérite, elles ne présentent pas
de ce seul fait, en l'absence de tout effet de droit attaché à un tel classement, le caractère d'un
concours mais celui d'un examen professionnel. Il en résulte que le requérant n'est recevable à
demander l'annulation de la délibération par laquelle le jury a arrêté la liste d'admission, par ordre
de mérite, des conservateurs stagiaires des bibliothèques, qu'en tant que ce jury l'a exclu de cette
liste.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 14/39

Informations sur les concours

1. Concours de la fonction publique de l’Etat :


 http://concours.fonction-publique.gouv.fr/

À cette adresse, vous pouvez accéder

 d’une part, à une base de données régulièrement mise à jour, et utiliser


le moteur de recherche pour trouver les concours d’accès à la fonction
publique de l’Etat répondant à vos critères et,
 d’autre part, à un calendrier des concours publié au Journal officiel et
qui comporte une prévision des concours de la fonction publique de
l’Etat, de la ville de Paris et des armées.

 http://www.fonction-publique.gouv.fr/article389.html
Le répertoire interministériel des métiers de l'Etat

2. Concours de la fonction publique territoriale :


 http://www.emploi-territorial.fr/
Le portail de l'emploi dans la fonction publique territoriale
 http://www.cnfpt.fr/fr/accueil.php?
Concours, offres et demandes d'emploi relevant du Centre national de la
fonction publique territoriale
 http://www.uncdg.com/fncdg/htm/concours/index.asp
Concours, offres et demandes d'emploi relevant des centres de gestion,
fonction publique territoriale

3. Concours de la fonction publique hospitalière :

 http://www.sante.gouv.fr/emplois/index.htm

4. Recrutement des personnels militaires :

 http://www.defense.gouv.fr/defense/votre_espace/recrutement_et_formation/recrutement

5. Concours de la ville de Paris :

 http://srv.paris.fr/icinet/
Droit de la fonction publique – Chapitre III 15/39

2 - Les dérogations au principe du concours


Il s’agit à la fois de dérogations au concours et d’atténuations de la rigueur du principe
d'égalité. Elles concernent :
les emplois supérieurs à la discrétion du gouvernement. Celui-ci opère bien sûr un choix
discrétionnaire. Ces emplois sont déterminés par décret en Conseil d’Etat : décret n°85-779 du 24
juillet 1985. Leur nombre avoisine 700 : secrétaire général du gouvernement, préfets, directeurs
généraux et directeurs d'administration centrale, chefs titulaires de mission diplomatique ayant rang
d'ambassadeur, … L'énumération textuelle n'est pas limitative. En cas de difficulté, le Conseil
d’Etat se détermine en fonction de la nature de l'emploi ;
la constitution initiale d'un corps ;
l'intégration totale ou partielle des fonctionnaires d'un corps dans un autre corps classé
dans la même catégorie ;
le recrutement des fonctionnaires de catégories C lorsque le statut particulier le prévoit ;
les corps de catégorie A dont le statut particulier prévoit la pratique du tour extérieur -
CE, Ass., 16 décembre 1988, Association générale des administrateurs civils, contrôle restreint ;
le PACTE (Parcours d’accès aux carrières territoriales, hospitalières et de l’Etat) : un
recrutement sans concours qui articule et alterne recrutement, formation et titularisation au bénéfice
o des jeunes gens de seize à vingt-cinq ans révolus qui sont sortis du système éducatif
sans diplôme ou sans qualification professionnelle reconnue
o et ceux dont le niveau de qualification est inférieur à celui attesté par un diplôme de
fin de second cycle long de l'enseignement général, technologique ou professionnel (Or-
donnance n° 2005-901 du 2 août 2005 relative aux conditions d'âge dans la fonction pu-
blique et instituant un nouveau parcours d'accès aux carrières de la fonction publique ter-
ritoriale, de la fonction publique hospitalière et de la fonction publique de l'Etat).

On constate une certaine multiplication des dérogations au principe du concours. Les fonc-
tions publiques territoriale et hospitalière ne sont pas épargnées. Elles connaissent à peu près les
mêmes types de dérogations : secrétaire général de mairie, directeur général ou adjoint des services
des départements ou des régions.

B - L’encadrement normatif du concours

1 - L’ouverture du concours et l’admission des candidatures


Sauf texte contraire, l'administration dispose d'un pouvoir discrétionnaire à l'effet d'ouvrir un
concours. En principe, elle n'est pas liée par des vacances de postes. Elle peut même abroger sa dé-
cision d'ouvrir un concours. La régularité de la décision - d’espèce - d'ouvrir un concours est subor-
donnée au respect de certaines conditions :
la décision, l'avis de concours, doit faire l'objet d'une publicité adéquate ;
l'autorité administrative indique les conditions de recevabilité des candidatures, le
nombre de postes, la date de clôture des inscriptions1, le programme des épreuves.
Le programme des épreuves doit être établi dans le respect des textes de valeur supérieure -
CE, Sect., 3 juillet 1959, Feldzer2 ; CE, 2 février 2005, Institut des ingénieurs de recherche1.

1
Si l’administration, par erreur, indique deux dates différentes, elle ne peut opposer la date de son choix aux candi-
dats - CE, 21 février 1997, Ministre de la santé publique c/ Mlle Miquel ; indications erronées données par minitel.
2
Une virgule peut tout changer…Un texte prévoyait que les candidats à certaines fonctions de l’armée de l’air de-
vaient faire preuve de «connaissances générales techniques et tactiques.» S’il n’y a pas de virgule entre générales et
techniques, cela signifie que les connaissances techniques sont générales. Le ministre a fait comme s’il y avait une
virgule; et les candidats se sont vus imposer également une épreuve de culture générale. Le Conseil a jugé que c’était
Droit de la fonction publique – Chapitre III 16/39
En principe, les conditions et modalités fixées pour le concours sont définitives à la date de
la clôture des inscriptions. L'autorité administrative ne devra plus modifier la réglementation du
concours : programme, nombre de postes… Mais le juge se montre pragmatique. Il ne censure que
les modifications qui ont pour effet de porter atteinte à l’égalité des candidats - CE, 6 mai 1996,
Mme Pilorge, n° 158181 : nombre de postes mis au concours porté de 1860 à 2080 ; modification
n’ayant pas porté atteinte à l’égalité entre les candidats, selon le Conseil d’Etat.

 L'admission des candidats à concourir – l’autorisation de participer à un concours – est


encadrée par deux paramètres :
1. la nécessaire liberté d'appréciation de l'autorité administrative,
2. le principe de l'égal accès des citoyens aux emplois publics.
L'autorité administrative établit la liste des candidats autorisés à concourir. Elle s'assure
qu'ils remplissent
les conditions générales prescrites par le Statut général et les statuts particuliers
ainsi que les conditions particulières fixées par le règlement du concours.
 S’agissant de la limite d’âge, sa suppression, assortie d’exceptions, a été décidée pour l'essen-
tiel des différents concours de la fonction publique afin de favoriser l'embauche des candidats de
plus de 50 ans (Ordonnance n° 2005-901 du 2 août 2005 relative aux conditions d'âge dans la
fonction publique et instituant un nouveau parcours d'accès aux carrières de la fonction publique
territoriale, de la fonction publique hospitalière et de la fonction publique de l'Etat ; cf. aussi loi n°
2005-843 du 26 juillet 2005).
Lorsque l’autorité réglementaire, exceptionnellement habilitée à cet effet, fixe des condi-
tions d’âge, elle doit concilier, sur fond de nécessité et de proportionnalité, deux données parfois
contradictoires : l’égal accès aux emplois publics et l’intérêt du service :
« Considérant que si le principe d’égal accès aux emplois publics posé par l’article 6 de la Dé-
claration des droits de l’homme et du citoyen à laquelle renvoie le Préambule de la Constitu-
tion implique en principe qu’aucune distinction, directe ou indirecte, ne soit faite pour l’accès
à un emploi public en raison de l’âge des candidats, des conditions d’âge peuvent cependant
être fixées notamment lorsque les caractéristiques de l’emploi les rendent nécessaires et à
condition qu’elles ne soient pas manifestement disproportionnées aux buts légitimes en vue
desquels elles sont instituées ; » - CE, 24 janvier 2011, Mme Anne A., n° 308753.
Les « candidats à la candidature » - ceux qui font acte de candidature - qui n'ont pas un droit
à concourir. En revanche, l'admission à concourir crée des droits au profit de l’intéressé. Elle ne
peut être retirée que pour illégalité et tant qu’elle n’est pas devenue définitive – CE, 17 décembre
2008, M. Pratap, n° 290494.
Dans l'intérêt du service, l'autorité administrative peut écarter des personnes qui ne lui pa-
raissent pas présenter les garanties requises pour l'exercice des fonctions. Ce pouvoir d’appréciation
ne doit pas empiéter sur les attributions du jury. Il est, du reste, soumis au contrôle normal du juge :
CE, 18 mars 1983, Mulsant, n° 34782.

illégal : faute de virgule, seules deux épreuves s’imposaient - technique et tactique - et non trois. Voir, aussi, CE, Sect.,
26 avril 1963, Dengremont.
1
Par la note de service contestée, le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie a indiqué,
au moyen de dispositions impératives à caractère général, que "s'agissant de concours de recrutement nationaux, un
fonctionnaire appartenant d'ores et déjà à un corps déterminé ne peut de nouveau présenter sa candidature aux
concours organisés au titre du même corps". Ce faisant, le ministre ne s'est pas borné à rappeler des dispositions
législatives ou réglementaires existantes, mais a édicté une règle nouvelle qui présente un caractère statutaire et
relève par suite d'un décret en Conseil d'Etat.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 17/39

2 - La composition du jury et le déroulement des épreuves


► Il incombe normalement à l'autorité de nomination de choisir les membres du jury. Ce choix
intervient avant le début des épreuves et doit respecter l'égalité entre les candidats :
 CE, 9 novembre 1966, Commune de Clohars-Carnoët : une commune souhaitait re-
cruter un secrétaire de mairie. La conjonction de trois faits va entraîner l’annulation
du concours dont l’organisation n’était, du reste, pas obligatoire à l’époque :
1. Avant le début des épreuves, le maire a publiquement fait montre de mi-
sogynie,
2. Le maire a présidé le jury,
3. Une candidate a obtenu, de loin, les meilleures notes aux épreuves écrites,
qui étaient anonymes. Or elle a reçu une très mauvaise note à l’oral1.
 CE, 23 décembre 1955, Lévy : la composition du jury d’un concours d’internes des
hôpitaux méconnaissait les principes d’impartialité et d’objectivité. Avant le début
des épreuves, un candidat a déduit de cette composition et déposé chez un huissier
la liste des futurs lauréats.
 Toutefois, dans une espèce plus récente, le juge estime que le défaut d’impartialité et son co-
rollaire, la rupture de l’égalité entre les candidats, ne sauraient être déduits de la seule composition
du jury :
 CE, 19 juillet 2010, M. Thiebaut et M. Gehin, n° 326383 : « Considérant, en deuxième
lieu, que la circonstance que plusieurs membres du jury auraient connu certains candidats
aux épreuves du concours par suite de l’affectation, présente ou passée, de ceux-ci dans
des services dont ils étaient responsables et qu’un autre membre aurait été le compagnon
d’une candidate, est sans incidence sur la légalité de l’arrêté du 20 janvier 2009 qui, au titre
de l’organisation de ce concours, se borne à fixer la composition de son jury ; »

► Le jury doit être au complet à toutes les épreuves.

 CE, 9 juillet 1997, M. Thoubert:


« Considérant qu'il ressort des pièces du dossier et n'est d'ailleurs pas contesté que lors de
l'épreuve d'entretien de M. T. avec le jury, celui-ci était incomplet, un de ses membres
ayant quitté la salle au motif qu'il connaissait le candidat ; que dans les circonstances de
l'espèce, ce motif n'était pas de nature à justifier le refus de siéger de ce membre du jury;
que, dès lors, et sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens de sa requête, M. T. est
fondé à soutenir que l'égalité de traitement entre les candidats n'a pas été respectée et à
demander l'annulation de la décision en date du 28 avril 1995 par laquelle le jury du con-
cours externe de professeur territorial d'enseignement artistique (spécialité arts plastiques)
a arrêté la liste des candidats admis et l'a déclaré non admis à ce concours; […] »

 Chaque membre prend part à toutes les épreuves, sans néanmoins devoir corriger toutes les
compositions. En effet, le jury peut pour toute épreuve, se constituer en groupes d'examinateurs.
Il résulte toutefois d’une jurisprudence bien établie que « la division du jury en groupes
d’examinateurs n’est légalement possible, pour toute épreuve, que si elle est nécessaire à
l’organisation du concours compte tenu, notamment du nombre des candidats et des caractères
de l’épreuve en cause, et si, eu égard aux modalités retenues, elle ne compromet pas l’égalité
entre les candidats. » - CE, Sect., 27 mars 1987, Mlle Espieu, n° 47143.

1
Voir aussi CE, 30 janvier 1995, Mme Perrin et autres - annulation d’un concours organisé en vue du recrutement de
deux professeurs à l’université de la Franche-Comté ; le jury comptait parmi ses membres l’ancien mari d’une candi-
date.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 18/39
En cas de division en groupes d’examinateurs, le jury opère la péréquation des notes attri-
buées par chaque groupe d'examinateurs et procède à la délibération finale. Cette procédure permet
d'assurer l'égalité de notation entre les candidats - CE, 27 mai 1998, Tchen. Sa méconnaissance peut
entraîner l’annulation d’un concours :
 CE, 26 janvier 2005, Samantha X., n° 259469 :
« Sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens de la requête :
Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que, par un arrêté du 6 mai 2003, le ministre
chargé de l'agriculture a nommé les membres du jury des trois concours A, B et C d'admis-
sion aux écoles vétérinaires organisés au titre de l'année 2003 ainsi que, pour chacune des
épreuves d'admissibilité et d'admission, les membres du jury chargés d'examiner les candi-
dats; qu'il est constant que, pour chacune des épreuves d'admissibilité, les candidats ont
été examinés par un seul membre du jury et qu'il n'a pas été procédé par une délibération
de l'ensemble du jury à une harmonisation des notes attribuées aux candidats par chaque
examinateur ; qu'ainsi, les modalités de déroulement des épreuves n'ont pas permis de ga-
rantir l'égalité de notation entre les candidats ; que, par suite, Mlle F. est fondée à deman-
der l'annulation de la délibération du 10 juillet 2003 proclamant les résultats du concours A
d'admission aux écoles vétérinaires (session 2003) ; […] »

 En cas de défaillance d'un membre du jury, l'administration doit pourvoir à son remplacement
avant le début des épreuves. Tout remplacement en cours d'épreuves est illégal.
 Une démission collective du jury donne à l'administration le droit d’en désigner un autre et de
faire recommencer le concours.
***

► Le jury est tenu de respecter le règlement et le programme du concours. En principe, il n’a


pas de pouvoir réglementaire :
 CE, 27 septembre 2000, M. Gaignard, 180666 : réduction à 25 minutes d'une
épreuve qui devait durer 45 minutes (Concours de recrutement d'inspecteurs du
permis de conduire) ;
 CE, 30 avril 1997, Ministre de la Santé publique et de l’assurance maladie c/ M. Li-
voreil; annulation du concours sur titres des psychologues de la fonction publique
hospitalière - région Aquitaine -, le jury ayant cru pouvoir se fonder sur les motiva-
tions des candidats ;
 CE, 18 mars 1983, Debeaurain, n° 28931 ; annulation d’un concours d'accès à l’ENA :
« Considérant […] que le programme de droit public des deuxième concours interne et ex-
terne, à la différence de celui des premiers concours interne et externe, ne comportait pas
l'étude du droit de l'urbanisme ; qu'ainsi, la question intitulée "Les documents d'urba-
nisme" a été choisie par le jury en dehors des limites du programme ; que M. X... est, par
suite, fondé à soutenir que les délibérations du jury fixant la liste des candidats admissibles
et celle des candidats admis, ensemble l'arrêté en date du 7 octobre 1980 du Premier mi-
nistre et l'arrêté en date du 7 janvier 1981 du Secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre,
sont entachés d'illégalité en tant qu'ils sont relatifs au deuxième concours interne session
1980 , et à en demander, dans cette mesure, l'annulation ; »
***
Droit de la fonction publique – Chapitre III 19/39
► En principe, le président d'un jury de concours est dépositaire du pouvoir de police gé-
nérale du concours.
 A ce titre, seuls le président du jury ou son représentant sont compétents pour remédier à un
incident survenu lors du déroulement des épreuves.
 CE, 9 juin 1999, M. Reynard, n° 188591 :
« Considérant qu'à l'appui de ses conclusions tendant à l'annulation du concours de type III,
organisé en 1994 pour le recrutement de praticiens hospitaliers dans la discipline de " psy-
chiatrie polyvalente " et du rejet de son recours gracieux, le 2 mars 1995, par le ministre
des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville, M. Reynard soutient sans être démenti que,
lors de la première épreuve écrite au cours de laquelle les candidats ont été amenés à
composer sur un sujet incomplet en raison d'une erreur matérielle, ni le président, ni aucun
membre du jury n'était présent : que si l'article 20 de l'arrêté du 6 mars 1989 prévoit que le
directeur des hôpitaux nomme un responsable administratif du concours, lequel a, en la
circonstance, pris l'initiative de faire recommencer la première épreuve, et s'il ressort des
observations du ministre qu'une permanence téléphonique avait été organisée avec les
membres que le jury avait désignés à cet effet, laquelle n'a d'ailleurs pas permis de joindre
ceux-ci avant la fin de l'épreuve, seul le président du jury ou son représentant, dépositaire
du pouvoir de police générale, était habilité à remédier aux effets de l'incident et à prendre
les mesures qu'imposait le caractère incomplet du sujet distribué ; qu'ainsi le concours de
type III pour la discipline de psychiatrie polyvalente de 1994 est intervenu selon une procé-
dure irrégulière qui a été de nature à fausser son déroulement ; que, dès lors, et sans qu'il
soit besoin d'ordonner la mesure d'expertise sollicitée, M. Reynard est fondé à soutenir que
c'est à tort que le ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville a rejeté, le 2 mars
1995, son recours gracieux dirigé contre les résultats du concours. […] »

***
► Le jury se conforme à la règle essentielle de tout concours : « Les mérites des différents can-
didats doivent être uniquement appréciés d'après la valeur des épreuves subies par eux. » ;
cette valeur révélée est donc le seul critère à prendre en considération par le jury :
 CE, 20 octobre 1999, M. Bailleul, n° 181732 :
« Considérant qu'il n'est pas établi par les pièces du dossier que le jury s'est prononcé sur la
base d'autres éléments que la valeur des candidats ; […] »

 Qui plus est, dans le seul respect du programme, le jury choisit librement les sujets des
épreuves.
 CE, 28 janvier 2009, M. Jean-Pierre A, n° 314060 :
« Considérant que M. A conteste le sujet de l'épreuve d'économie au motif qu'il est révéla-
teur d'une école de pensée politique et que la rédaction du libellé était imprécise ; qu'il
n'appartient pas au juge administratif de contrôler le choix d'un sujet d'épreuve et des do-
cuments le composant sauf s'ils sont entachés d'erreurs matérielles ou s'ils ne respectent
pas le programme des épreuves ; »
 Le jury note les épreuves sans avoir à communiquer ses motifs. Au demeurant, son apprécia-
tion est insusceptible de discussion contentieuse.
 CE, 28 janvier 2009, M. Jean-Pierre A, n° 314060 :
« Considérant que M. A conteste la note de 1,5 que le jury lui a attribué pour l'épreuve de
sociologie des organisations ; que toutefois l'appréciation portée par le jury sur la valeur
des copies des candidats n'est pas susceptible d'être discutée devant le juge administra-
tif ; »
Droit de la fonction publique – Chapitre III 20/39
► Le respect de l'égalité des candidats s'impose également au jury.
 Ainsi un jury de concours ne peut-il légalement faire passer à un candidat une épreuve dans
des conditions différentes de celles régissant ledit concours :
 CE, 16 juin 1999, M. Derri :
« Sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens de la requête ;
Considérant qu'en vertu du paragraphe 2 de l'article 3 de l'arrêté du 28 août 1986 fixant le
programme et les modalités d'organisation du concours pour le recrutement des gardiens
de la paix de la Police nationale : « Les épreuves d'admission comportent : un entretien
avec le jury (durée : vingt minutes ; coefficient 4) [.. .]» ; que M. Derri soutient, sans être
contredit par le ministre, que l'entretien avec le jury auquel il a participé après avoir été dé-
claré admissible aux épreuves d'admission du concours, et au terme duquel lui a été attri-
buée la note éliminatoire de 4, a duré quarante-cinq minutes ; qu'ainsi, cet entretien s'est
déroulé dans des conditions irrégulières qui, dans les circonstances de l'affaire et compte
tenu de l'importance du dépassement de la durée prescrite, ont méconnu le principe d'éga-
lité entre les candidats ; que, dès lors, M. Derri est fondé à demander l'annulation de la dé-
libération du 31 mai 1995 du jury du concours pour le recrutement des gardiens de la paix
de la Police nationale. […]»

 CE, 10 avril 2009, M. El Haddioui, n° 311888 :


Le jury qui pose à un candidat des questions portant sur ses origines et sur ses pra-
tiques confessionnelles pose des questions qui sont étrangères aux critères permet-
tant au jury d'apprécier l'aptitude d'un candidat à un concours, même d'officier de
police. Etant constitutives de l'une des distinctions directes ou indirectes prohibées
par l'article 6 de la loi du 13 juillet 1983, elles révèlent une méconnaissance du prin-
cipe d'égal accès aux emplois publics.

 TA Toulouse, 19 décembre 1997, M. Abdoulaye FAYE c/ Université des sciences so-


ciales, I.EJ. de Toulouse :
« Considérant que M. FAYE, ajourné à la session de novembre 1996 de l’examen d’entrée
au Centre régional de formation professionnelle d’avocats organisé par le président de
l’Université des sciences sociales de Toulouse, demande au tribunal d’annuler d’une part
l’attestation en date du 18 décembre 1996 constatant son ajournement par suite d’une
moyenne inférieure à celle prévue à l’article 11 précité, ensemble la décision implicite de
rejet, par le président du jury, de son recours gracieux du 14 février 1997, d’autre part, la
décision en date du 17 mars 1997 par laquelle le président de l’université susmentionnée a
rejeté sa réclamation tendant à l’annulation de la décision d’ajournement prise à son en-
contre par le jury d’examen le 5 décembre 1996;
Considérant qu’il résulte des pièces versées au dossier que M. FAYE a été convoqué le 5 dé-
cembre 1996 à 10 heures 30 pour subir l’épreuve d’admission relative à l’exposé-discussion
dit “Grand Oral”; qu’il est suffisamment établi par les attestations versées au dossier que
cette épreuve devant le jury a pris fin aux environs de 12 heures 40; que cette heure n’est
pas sérieusement contestée par le président de l’Université de Toulouse I qui se borne à af-
firmer, par référence à l’attestation de la présidente du jury indiquant que “le candidat a
commencé son exposé de grand oral à 11 heures 45 précises”, que l’épreuve litigieuse
“s’est vraisemblablement terminée aux alentours de 12 heures 15”; qu’il résulte de ces
faits que le requérant a soutenu devant les membres du jury une épreuve d’exposé-
discussion pendant cinquante-cinq minutes, soit une durée notablement supérieure à celle
de trente minutes impartie aux candidats en vertu du règlement de l’examen d’accès au
Centre régional de formation professionnelle d’avocats ; que, dès lors, M. FAYE est fondé à
soutenir que son ajournement à cet examen d’accès est intervenu en méconnaissance des
Droit de la fonction publique – Chapitre III 21/39
dispositions précitées de l’article 8 de l’arrêté du 7 janvier 1993 ainsi d’ailleurs que du prin-
cipe d’égalité entre les candidats à l’épreuve litigieuse; […] »

 En ce qui concerne les épreuves écrites, l'anonymat des copies est considéré comme une ga-
rantie de cette égalité. Si un candidat lève cet anonymat, il doit être exclu du concours. A défaut, le
concours se trouve vicié : CE, 20 février 1985, Fontaine, n° 436571.
Rompent l'égalité entre les candidats :
 une erreur matérielle dans l'énoncé d'un sujet lorsque certains candidats ont choisi de
traiter ledit sujet : CE, 20 mars 1987, Ministre d'Etat, ministre de l'Economie, des
Finances et de la Privatisation c/ Fouché, n° 79562 ;
 l'interrogation d'un candidat sur un sujet hors programme, sans que lui ait été laissé le
temps de préparation nécessaire : CE, 13 mai 1988, Région Midi-Pyrénées,
n° 67453 ;
 la remise d'une photocopie illisible à certains candidats : CE, 14 octobre 1992, Mlle
Lannic, n° 110126 ;
 l'absence de sujet lors de l'ouverture de l'enveloppe dans un des centres de concours :
ordonnance du juge des référés du Conseil d'État du 19 juin 2001, Mme Barège,
n° 234360 ;
 une erreur lors de la distribution des sujets : CE, 7 avril 1993, M. Tastet, n° 135613 ;
 ou encore une discrimination en ce qui concerne les moyens mis à disposition des
candidats : CE, 4 février 1983, Liffran, n° 31877 - autorisation donnée à certains
candidats d'utiliser un ouvrage interdit par le jury.
Il est de jurisprudence constante que de telles ruptures d'égalité entachent d'irrégularité le dé-
roulement des opérations du concours et entraînent leur annulation (CE, 15 décembre 1965, Sieur
Wallon, Rec. p. 689) hormis le cas où les organisateurs de l'épreuve prennent, en temps utile, des
mesures permettant de rétablir l'égalité entre les candidats (CE, 7 avril 1993, M. Tastet précité).

 S’agissant des épreuves orales, l’égalité est garantie par la publicité des interrogations et le
tirage au sort des sujets.
***
► Deux autres règles visent à garantir l’égalité :
1. le jury doit se garder de tout contact personnel avec les candidats - CE, 21
janvier 1966, Baumel;
2. aucune personne étrangère au jury ne doit participer ni même assister aux
délibérations - CE, 5 octobre 1990, Zuber.
***
► L’égalité implique l’impartialité – une impartialité appréciée avec pragmatisme :
 CE, 20 octobre 1999, M. Bailleul :
« [Considérant] que ni la circonstance que la mise en œuvre de ces dispositions ait eu pour
conséquence, dans le cadre d'un concours interne, que le président du jury ait été dans le
passé le supérieur au sein de l'établissement de candidats déclarés définitivement admis,
ni celle qu'il fût, en qualité de directeur général adjoint du Centre national de documenta-
tion pédagogique, le supérieur d'autres membres du jury désignés au titre des dispositions
précitées, ne sont de nature à priver le requérant des garanties d'impartialité auxquelles

1
Un candidat avait signé sa copie. Au lieu de l’exclure, les surveillants, dont l’un des membres du jury, ont décidé
d'occulter, à l’aide d’un crayon feutre, les indications nominatives et d’apposer des marques comparables sur les
autres copies.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 22/39
tout candidat est en droit de prétendre et qu'elles n'ont pu, par voie de conséquence, vicier
les opérations dudit concours ; […] »
***
► Malgré tout, le principe d’égalité s’accommode des aménagements particuliers dont bénéfi-
cient certains candidats et destinés justement à rétablir l’égalité1.
***
► A noter toutefois que « le principe d'égalité n'implique pas que des candidats à un même
concours se trouvant dans des situations différentes soient soumis à des épreuves différentes »
- CE, 22 novembre 1999, Rolland.
***
► De même, la circonstance qu'un candidat soit victime, du fait d'un autre candidat, d'un
accident pendant le déroulement des épreuves d'un concours, le rendant inapte à les pour-
suivre n'entraîne pas de rupture d'égalité entre les candidats :
 CE, 16 mai 2001, M. De Nale :
« Considérant qu'il est constant que M. De Nale a été blessé par un autre candidat au cours
de l'une des " prestations physiques " figurant parmi les épreuves d'admission au concours
externe du certificat d'aptitude au professorat d'éducation physique et sportive (CAPEPS),
session 1999 ; qu'il n'a pu par suite de cette blessure mener cette prestation à son terme ni
se présenter à la " prestation physique " suivante ;
Considérant qu'en l'absence dans le règlement du concours de dispositions permettant au
jury d'appliquer des règles particulières pour les candidats qui seraient victimes pendant le
déroulement des épreuves d'un accident les rendant inaptes à les poursuivre, la circons-
tance que M. De Nale ait été blessé lors d'une épreuve de " prestation physique " ne sau-
rait être regardée comme ayant entraîné une rupture de l'égalité entre les candidats de
nature à fausser les résultats du concours ; qu'il n'appartient pas au juge de l'excès de pou-
voir de contrôler l'appréciation portée par le jury sur la valeur des prestations des candidats
; qu'il suit de là que M. De Nale n'est pas fondé à demander l'annulation de la délibération
du jury du concours externe au certificat d'aptitude au professorat d'éducation physique et
sportive (CAPEPS), session 1999, en date du 2 juillet 1999 ne l'ayant pas déclaré admis, ni,
par voie de conséquence, l'annulation de la décision du président du jury en date du 9 sep-
tembre 1999 rejetant son recours gracieux;[…] »

1
L’article 11 du décret du 19 juin 1979 prévoit, notamment, une assistance aux concours de la fonction publique pour
les candidats handicapés. Un jury commet donc une erreur de droit en attribuant à un candidat handicapé une note
éliminatoire au motif que cette personne n’a pas réalisé elle-même les travaux prévus par le règlement du concours -
CE, 21 janvier 1991, Mlle Stickel.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 23/39

3 - La proclamation des résultats et la nomination des lauréats


► Le jury délibère souverainement. Il a la maîtrise du nombre d'admis.

 Il a le droit
de ne retenir aucun candidat - CE, 21 novembre 1947, Poissenot ;
de retenir un nombre de lauréats inférieur au nombre de postes mis au concours -
CE, 23 juin 1950, Chauliat.

 Lorsque certains candidats sont empêchés de concourir en raison de troubles ayant fait
obstacle au déroulement normal des épreuves, les résultats du concours ne peuvent pas être réguliè-
rement proclamés.
CE, 28 juin 1999, Mme Thuillier-Gomes :
« Sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens de la requête ;
Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que les épreuves d'admissibilité du
concours réservé à certains personnels enseignants non titulaires donnant accès au
corps des professeurs certifiés exerçant dans les disciplines d'enseignement général,
section langues vivantes étrangères (espagnol), ouvert au titre de 1997, prévues le 29
mai 1997, n'ont pu se dérouler, par suite de troubles qui ont affecté le centre
d'épreuves sis au Parc floral de Vincennes: que de nouvelles épreuves ont été organi-
sées le 6 juin 1997, pour les seuls candidats qui n'avaient pu composer, et que ceux
qui ont été ainsi convoqués ou centre de Villepinte n'ont pas davantage pu composer
et ont été ensuite refusés sans que l'ensemble du concours ait été annulé pour autant ;
Considérant qu'il ressort ainsi des pièces du dossier que les résultats du concours en
cause ont été proclamés alors que certains candidats ont été empêchés de concourir
et que le principe de l'égalité entre les candidats a, par suite, été méconnu ;
Considérant que Mme Thuillier-Gomes est, par suite, fondée à demander l'annulation
des épreuves et des résultats dudit concours. […] »

 La délibération du jury encourt l'annulation si elle ne comporte pas la mention du pré-


nom du président du jury – CE, 28 mai 2010, M. Moguelet, n° 328686.
 Le jury épuise sa compétence par la désignation des lauréats, sauf à revenir sur une déli-
bération illégale.

► Dans les fonctions publiques étatique et hospitalière, chaque concours donne lieu à
l'établissement d'une liste classant par ordre de mérite les candidats déclarés aptes par le jury. Ce
dernier établit, dans le même ordre, une liste complémentaire.
Celle-ci permettra éventuellement
de remplacer les candidats retenus sur la liste principale qui ne peuvent pas être
nommés,
de pourvoir aux vacances d'emplois survenant dans l'intervalle de deux concours.
La liste complémentaire cesse automatiquement d'être valide
soit à la date du début des épreuves du concours suivant,
soit, au plus tard, deux ans après son établissement.

 Leur admission ne confère pas aux lauréats un droit à être nommés. L'autorité de
nomination est distincte du jury. Elle dispose d’une compétence à la fois liée et discrétionnaire.
En effet, sauf texte contraire, l'autorité administrative n'est pas tenue de nommer les lau-
réats.
Elle peut décider
de ne procéder à aucune nomination,
de prononcer moins de nominations qu’il n’y a de lauréats.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 24/39
Mais les nominations doivent être prononcées dans l'ordre d'inscription sur la liste princi-
pale, puis, le cas échéant, dans l'ordre d'inscription sur la liste complémentaire1.
L'autorité administrative a le droit de ne pas nommer
un lauréat dont le comportement révèle qu'il ne présente pas les garanties requises
pour l'exercice des fonctions,
un lauréat qui ne remplissait pas les conditions requises pour concourir - CE, Sect.,
27 avril 1988 Marabuto, n° 24039 ; CE, 29 mai 2000, M. Sangua, n° 184782,
un lauréat qui a décliné une première nomination.

 Certains textes imposent la signature d’un engagement de servir dans l’administration


pendant une certaine durée2.
Par exemple, le décret du 27 septembre 1982 relatif à l’ENA dispose: « Les élèves sont af-
fectés dans l’ordre de leur classement […] à condition d’avoir signé l’engagement de servir pen-
dant dix ans au moins à compter de la date de leur nomination dans un des corps recrutés par la
voie de l’ENA. »
La nature de cet engagement a posé problème. Le Conseil d’Etat y a d’abord vu un quasi-
contrat - CE, 28 février 1930, Bertier. Actuellement, il lui dénie toute nature contractuelle - CE, 6
février 1963, Bardou; l’application de l’engagement est écartée si celui-ci n’est pas fondé sur un
texte statutaire. On considère que c’est un accord donné à un acte administratif unilatéral.

► Dans la fonction publique territoriale, chaque concours donne lieu à l'établissement d'une
liste d'aptitude nationale classant par ordre alphabétique les candidats déclarés aptes par le jury.

 L'inscription sur une liste d'aptitude ne vaut pas recrutement ; elle est valable un an et peut
être renouvelée deux fois à la demande de l’intéressé. A l’issue de ces trois ans, le lauréat qui n’a
pas été recruté perd le bénéfice de son concours et est radié de la liste d'aptitude.

1
Si le jury n’a pas arrêté de liste complémentaire, la circonstance que le président de la communauté urbaine ait écrit
au candidat classé cinquième qu’il était « inscrit sur une liste d’attente pour faire éventuellement appel à ses services
si des possibilités de recrutement se présentent dans l’année suivant la date du concours », n’est pas de nature à
conférer à ce candidat un droit à nomination en cas de vacance de poste inopinée - CE, 21 juin 1991, M. Boisson.
2
On peut se demander si le pantouflage ne correspond pas à une tolérance officielle. A preuve, le coût de la pantoufle
est loin de correspondre au coût de la formation : en 1989, il s’élevait à 205 000 ou 350 000 FF pour un élève de l’ENA,
contre un coût de formation de 800 000 FF. Un arrêt a tout de même été considéré comme un coup d’arrêt au pan-
touflage : CE, 6 décembre 1996, Société Lambda, à propos de la nomination de M. Jean-Pascal Beaufret comme sous-
gouverneur du Crédit foncier de France, entreprise qu’il contrôlait en sa qualité de fonctionnaire du Trésor. Pour
l’anecdote, la société Lambda est l’un des actionnaires du Crédit foncier ; et, indique le commissaire du gouvernement
Denis Piveteau, sous cette société « transparaît son gérant, M. Géniteau, qui a déjà donné bien des preuves de son
acharnement contentieux. »
Droit de la fonction publique – Chapitre III 25/39

4 - Le contentieux du concours
Le concours est une « opération complexe ». Autrement dit, c’est une procédure qui se clôt
par une décision en vue de laquelle plusieurs actes ont été successivement édictés. Certains de ces
actes ont un caractère réglementaire, d'autres sont des décisions d’espèce ou des décisions indivi-
duelles.
► Mais, dans tous les cas, l'exception d'illégalité est recevable. A l'appui d'un recours pour
excès de pouvoir formé contre la décision finale - la nomination -, on peut exciper de l'illégalité de
l'un quelconque des actes qui l'ont précédée.
► La juridiction administrative a compétence à l'égard de ce contentieux. Le Conseil d’Etat
connaît en premier (et, bien sûr, dernier) ressort des recours dirigés contre les concours organisés au
plan national. Quels sont les requérants ?
les personnes qui ont pris part aux épreuves sont recevables à en solliciter l'annulation
en se fondant sur l'irrégularité de l'une quelconque des différentes phases.
les personnes qui n'ont pas participé au concours. Deux hypothèses doivent être distin-
guées :
1. Elles n’ont pas fait acte de candidature alors qu’elles remplissaient les conditions
pour se présenter au concours. Elles ne peuvent appuyer leur recours que sur l’irrégularité
de l’ouverture du concours, par exemple sur le défaut de publicité;
2. Elles ont fait acte de candidature, mais elles n’ont pas été admises à concourir. Elles
sont recevables uniquement à attaquer la décision établissant la liste des candidats.

Le recours de certains individus n'est pas recevable :


ceux qui ne pouvaient pas être candidats
ceux qui n'ont aucun intérêt à faire censurer le concours.
La recevabilité du recours est enfermée dans le délai de deux mois à compter de la publica-
tion des nominations.
Quel que soit le cas de figure, on ne saurait valablement demander au juge l'annulation d'une
note attribuée par le jury - CE, 24 novembre 1999, M. Adde.

► Malgré le caractère complexe de l’opération, le juge a admis la thèse de la divisibilité :


CE, 29 mars 1993, M. Auguste Fontaine.
Le commissaire du gouvernement Schwartz l’expose ainsi: « Un concours comporte générale-
ment plusieurs étapes : ouverture du concours et inscription des candidats, première série d’épreuves ou
phase d’admissibilité, seconde série d’épreuves ou phase d’admission. Ces étapes sont divisibles. Ainsi, dans
le cas d’une annulation qui ne porterait que sur une phase, l’administration pourrait reprendre les opérations
du concours là où elles ont été censurées par le juge. » Elle n’a pas toujours l’obligation d’organiser un
nouveau concours.
 L'irrégularité décelée dans une phase du concours n'entraîne pas ipso facto son annu-
lation. Le juge apprécie l'incidence de cette irrégularité sur les résultats. Par ailleurs, il se
refuse à contrôler l’appréciation portée par le jury sur les mérites des candidats.
 Une précision concernant le contentieux de l’accès aux salles d’accès d’examen ou
de concours : CE, 23 février 2004, M. Tahar Ben Y et Mlle Maryline X :
« Considérant que les requêtes de M. Y et Mlle X tendent à l'annulation des décisions leur refu-
sant l'accès à la salle d'examen dans laquelle ils devaient composer dans le cadre de l'épreuve
d'étude de dossier du concours externe de conseiller principal d'éducation, le 7 mars 2003 ; que ces
décisions, qui ne sont pas détachables de la délibération par laquelle le jury du concours en a établi
les résultats, laquelle n'est pas attaquée par les requérants, ne sont, par suite, pas susceptibles d'être
déférées directement au juge de l'excès de pouvoir ; qu'il s'en suit que les requêtes de M. Y et Mlle
X sont irrecevables et doivent être rejetées ; »
Droit de la fonction publique – Chapitre III 26/39
► Par ailleurs, dans l'ancien état de la jurisprudence, l’annulation d’un concours rendait
automatiquement caduques les nominations et les affectations prononcées à la suite dudit concours -
CE, 21 novembre 1962, Pelbois.
Par suite, l’autorité administrative avait compétence liée pour retirer l’ensemble de ces actes
individuels subséquents - CAA de Paris, 6 février 1997, Département du Val-de-Marne. A moins
que le législateur n’ait décidé de les valider - CE, 9 octobre 1991, Département du Lot-et-Garonne;
à propos du concours d’attachés du cadre départemental dont les épreuves se sont déroulées à Agen
les 25 et 26 novembre 1987 ainsi que le 2 février 1988.
► Dans son état actuel, la jurisprudence est en sens inverse : l’annulation d’un concours ne
rend plus automatiquement caduques les nominations et les affectations prononcées à la suite dudit
concours.
► Le fonctionnaire par la faute duquel un concours a été annulé peut se voir infliger une
sanction disciplinaire.
► La fraude, qui est constitutive d'un délit, peut révéler une absence de garantie pour
l’exercice des fonctions.
► L'annulation d'un concours n'oblige pas l'administration à le recommencer.

► A signaler que le juge des référés peut être saisi à tous les stades du concours au titre aussi
bien d’un référé-suspension que d’un référé-liberté.

Présentation :
 Le référé-suspension est une procédure substituée au sursis à exécution par la loi
n° 2000-597 du 30 juin 2000 relative au référé devant les juridictions administratives (article
L. 521-1 du code de justice administrative).
Le référé-suspension permet d'obtenir d'un juge, en principe statuant seul en la forme
écrite ou orale des référés, la suspension provisoire de l'exécution d'une décision administra-
tive, même de rejet, faisant l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, à la double
condition
1. que l'urgence le justifie
2. et qu'il soit fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute
sérieux quant à la légalité de ladite décision.
Relativement à la première condition, le Conseil d’Etat précise :
« […] la condition d'urgence à laquelle est subordonné le prononcé d'une mesure de
suspension doit être regardée comme remplie lorsque la décision administrative con-
testée préjudicie de manière suffisamment grave et immédiate à un intérêt public, à la
situation du requérant ou aux intérêts qu'il entend défendre […] » - CE, Sect., 19 jan-
vier 2001, Confédération nationale des radios libres.
En fait, l’urgence s’apprécie « concrètement » et « objectivement » compte tenu des
« justifications fournies par le requérant » et de « l'ensemble des circonstances de chaque es-
pèce » - CE, Sect., 19 janvier 2001, Préfet des Alpes-Maritimes et Société Sud-Est As-
sainissement.

► S’agissant du référé-liberté, l’article L. 521-2 du code de justice administrative dis-


pose :
« Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut or-
donner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une
personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d'un ser-
vice public aurait porté, dans l'exercice d'un de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifeste-
ment illégale. Le juge des référés se prononce dans un délai de quarante-huit heures. »
Droit de la fonction publique – Chapitre III 27/39
Entre le référé-suspension et le référé-liberté, il existe un certain nombre de dif-
férences dont deux méritent d’être mentionnées ici :
1. comme nous l’avons vu, la recevabilité du référé-suspension est subordonnée à
l’introduction préalable d’un recours pour excès de pouvoir ; la recevabilité du référé-
liberté ne dépend pas d’une telle condition ;
2. les voies de recours ne sont pas forcément les mêmes :
 l’ordonnance rendue par le tribunal administratif dans le cadre d’un référé-
suspension ne peut faire l’objet que d’un pourvoi en cassation ;
 l’ordonnance rendue par le tribunal administratif dans le cadre d’un référé-liberté
est normalement susceptible d'appel devant le président de la Section du conten-
tieux du Conseil d’Etat qui doit se prononcer sous 48 heures. Cependant, lorsque la
demande a fait l'objet d'un rejet sans débat contradictoire ni audience publique, en
application de l'article L. 522-3 du code de justice administrative, la voie de l'appel
n'est pas ouverte et le requérant peut seulement se pourvoir en cassation.

Illustrations :
1. CE, 26 avril 2001, Syndicat lutte pénitentiaire de l'union régionale Antilles Guyane,
ordonnance n° 232869 : un arrêté fixant aux 24 et 27 avril 2001, les dates limites pour, respec-
tivement, retirer puis déposer les dossiers de candidature au concours professionnel pour l'ac-
cès au grade de premier surveillant des services déconcentrés de l'administration pénitentiaire
n'a été pris par le ministre de la Justice que le 17 avril 2001 et publié au Journal officiel que le
samedi 21 avril 2001. Le juge des référés du Conseil d'État a jugé que, compte tenu des délais
en cause et de l'objet de la décision litigieuse, la condition d'urgence était remplie et que le
moyen tiré de l'insuffisance du délai dont auraient disposé les candidats pour effectuer
les démarches d'inscription était propre à créer un doute sérieux sur la régularité des
opérations du concours ainsi organisé. Toutefois, il y avait non-lieu à statuer sur la demande
de suspension, le ministre de la Justice ayant, postérieurement à l'introduction du référé, repor-
té les dates litigieuses.
2. CE, 23 août 2001, Syndicat national des ingénieurs et des cadres de l'Aviation civile,
ordonnance n° 236386 : un arrêté interministériel fixe le nombre et la répartition des places of-
fertes au titre de l'année 2001 pour le recrutement d'ingénieurs de l'Aviation civile. Le juge des
référés du Conseil d'Etat, pour constater que la condition d'urgence était remplie, a tenu le rai-
sonnement suivant. Il a d'abord relevé qu'à la date à laquelle débuteront les cours de l'Ecole
nationale de l'Aviation civile - octobre 2001 -, le Conseil d'Etat n'aura pas été en mesure de se
prononcer sur la requête en annulation dirigée contre cet arrêté. Il en a ensuite déduit que l'ap-
plication de l'arrêté litigieux risquait de causer aux élèves retenus un grave préjudice en les
privant de la possibilité de faire, en temps utile, pour le cas où l'arrêté serait annulé, un autre
choix de scolarité et de carrière.
3. CE, 11 juillet 2001, Mme Barège, ordonnance n° 235603 (précitée) : un candidat au
CAPES d'éducation musicale et de chant choral n'avait pu concourir faute pour l'Administra-
tion d'avoir été à même de distribuer les sujets. Il a été jugé que le moyen tiré de ce que les
conditions de déroulement des épreuves d'admissibilité auraient porté atteinte au principe
d'égalité entre les candidats était propre à créer un doute sérieux quant à la régularité du con-
cours dans son ensemble. Le juge des référés a ensuite constaté que la condition d'urgence
était remplie eu égard tant aux conditions de préparation des candidats à un concours qui im-
pliquent la maîtrise de connaissances appropriées et actualisées qu'à la circonstance que les
candidats déclarés admis sont sur le point d'être, soit nommés dans un emploi public soit en-
gagés dans un cycle de formation particulier.
4. CE, 4 mai 2001, Association pour l'égalité républicaine à l'École polytechnique, ordonnance
n° 232120 : ne justifie pas de l'urgence de la suspension de l'arrêté du ministre de la Défense modifiant
l'arrêté du 18 mars 1999 relatif aux différentes filières du concours d'admission à l'École polytechnique
qu'elle demande, l'association requérante qui se borne à soutenir que cet arrêté mettrait en cause le prin-
Droit de la fonction publique – Chapitre III 28/39
cipe d'égal accès aux établissements d'enseignement supérieur et aux emplois publics et que la sécurité
juridique commande de prévenir les effets d'une éventuelle annulation contentieuse des épreuves d'ad-
mission en cours afférentes à cette filière.

SECTION II : Le déroulement de la carrière


I - La permanence statutaire et la mobilité interne
A - L’intégration et les perspectives statutaires

1 - Le stage et la titularisation
Sauf dispositions contraires, la nomination n'emporte pas ipso facto titularisation. La nomi-
nation se traduit par l'attribution d'un emploi, la titularisation par la collation d'un grade.

La titularisation intervient en principe


► soit à l’issue de la période de formation dans une école du service public (ENA, IRA,
ENM, ENSP, etc.)
► soit au terme d'une période d'apprentissage et de probation : le stage.
 Est fonctionnaire stagiaire la personne qui, nommée dans un emploi permanent, ac-
complit les fonctions afférentes audit emploi et a vocation à être titularisée dans le
grade correspondant à cet emploi.
 La nomination en qualité de fonctionnaire stagiaire d'une femme qui, ayant satisfait à
l'une des procédures de recrutement, se trouve en état de grossesse est reportée, sur la
demande de l'intéressée, sans que ce report puisse excéder un an - Décret n° 94-874
du 7 octobre 1994 (fonction publique de l’Etat) et décret n° 97-487 du 12 mai 1997
(fonction publique hospitalière).
A l'issue du stage, qui dure généralement une année, l'autorité administrative porte une ap-
préciation sur l’aptitude professionnelle du fonctionnaire stagiaire. Une appréciation défavorable
fait obstacle à la titularisation et impose un nouveau stage, le licenciement du stagiaire - avec allo-
cation pour chômage - ou le retour de l’agent dans son corps d’origine (concours interne).

Le fonctionnaire stagiaire est dans une situation relativement précaire :

1. Le juge administratif soumet à un contrôle restreint l'appréciation portée par l'adminis-


tration sur l'aptitude professionnelle du stagiaire - CE, Sect., 16 mars 1979, Ministre du Travail c/
Sieur Stephan, n° 11552. A l'inverse, le licenciement d'un fonctionnaire titulaire pour insuffisance
professionnelle relève du contrôle normal ;
2. Le refus de titularisation en fin de stage pour cause d'inaptitude professionnelle n'a pas à
être motivé - CE, 19 février 2009, Mme Marie-Ange A. : « [Considérant] que la décision de ne pas titu-
lariser un stagiaire en fin de stage n'entre dans aucune des catégories de mesures qui doivent être moti-
vées en application de la loi du 11 juillet 1979 relative à la motivation des actes administratifs et à l'amélio-
ration des relations avec le public […] » ;
3. La régularité de ce refus n'est pas subordonnée à la communication préalable et sponta-
née du dossier - CE, 19 février 2009, Mme Marie-Ange A., décision précitée : « [Considérant] que la
mesure prise à l'encontre de Mme A n'a pas présenté le caractère d'une sanction disciplinaire et n'avait
donc pas à être précédée de la communication de son dossier à l'intéressée […] » ;
Droit de la fonction publique – Chapitre III 29/39

4. Seule la nomination à un emploi permanent peut conduire à la titularisation.


L’annulation de la nomination oblige l’administration à mettre fins aux fonctions de l’agent. Cette
obligation subsiste même si l’agent a été titularisé et même si sa titularisation n’a pas été attaquée
par un tiers dans le délai du recours contentieux - CE, 3 novembre 1995, Mme Velluet ;
5. Le stagiaire a vocation et non droit à être titularisé ;
6. Sauf disposition contraire, la titularisation n'est pas automatique. Elle ne se déduit ni de
l'expiration du délai de stage, ni de sa prorogation - CE, 2 mars 1973, Azria ; arrêt M. Rouilly préci-
té. Elle ne peut résulter, en principe, que d'une décision expresse - il n’y a pas de titularisation
implicite. L'expiration du stage entraîne sa prorogation, le retour de l'agent dans son corps d'origine
ou le licenciement du stagiaire. Autrement dit, et ce depuis la décision de Section précitée du 16
mars 1979, Ministre du Travail c/Sieur Stephan, la juridiction administrative considère qu'en fin de
stage et en l'absence de mesure expresse de titularisation, un agent conserve la qualité de stagiaire à
laquelle il peut être mis fin à tout moment pour des motifs tirés de l’inaptitude professionnelle de
l’intéressé (CE, 29 juillet 1983, ministre de la Justice c/ Mlle Lorraine).

Toutefois, précarité ne rime pas avec arbitraire :

1. Le stagiaire a droit à un stage régulier, sinon le refus de le titulariser ne pourrait être lé-
gal – CE, 13 janvier 2010, Commune de Lattes c/ M. Djemal A. n° 314923 ;
2. Le refus de titularisation pour motif disciplinaire de même que le licenciement en cours
de stage - quelles qu’en soient les raisons - doivent être motivés. L'administration doit également
communiquer au stagiaire son dossier. Ces contraintes s’expliquent : le stagiaire acquiert un droit
du fait de sa nomination, celui de rester dans le service jusqu'au terme de son stage. Et, en vertu de
la loi du 11 juillet 1979, les mesures abrogeant des décisions créatrices de droit doivent être moti-
vées. Qui plus est, la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000, relative aux droits des citoyens dans leurs
relations avec les administrations, les inclut dans le champ de la procédure contradictoire.
3. Le fonctionnaire stagiaire ne peut être licencié pour insuffisance professionnelle que
lorsqu'il est en stage depuis un temps au moins égal à la moitié de la durée normale du stage. La
décision de licenciement est prise après avis de la commission administrative paritaire ;
4. L’annulation pour un motif de fond d’un refus de titularisation peut impliquer nécessai-
rement la titularisation de l’agent – CE, 12 juin 1999, Robert : « Considérant que par un jugement en
date du 13 février 1991, le tribunal administratif de Saint-Denis de la Réunion a annulé, en raison d'une
erreur manifeste dans l'appréciation de l'aptitude de l'intéressé à être titularisé, la décision par laquelle le
maire de la commune de La Plaine-des-Palmistes a refusé de titulariser M. R. à l'issue d'une seconde pé-
riode de stage ; qu'en exécution de ce jugement, devenu définitif, il appartenait au maire, d'une part, de
réintégrer M. R. dans ses fonctions à la date du 28 juin 1990, à laquelle il avait été irrégulièrement licencié
et, d'autre part, compte tenu du motif sur lequel s'était fondé le tribunal administratif et en l'absence de
toute circonstance invoquée par la commune, qui aurait pu y faire obstacle, de procéder à sa titularisa-
tion […] » ;
5. La décision de titularisation fait naître des droits au profit de l’ex stagiaire. Inversement,
le refus de titularisation crée également des droits au bénéfice des fonctionnaires du corps concerné.
Dans les deux cas, le retrait ne peut être décidé que pour illégalité et aussi longtemps que l'acte n'est
pas devenu définitif.

Voir
 pour la fonction publique de l’Etat, le décret n° 94-874 du 7 octobre 1994 fixant les dispo-
sitions communes applicables aux stagiaires de l'Etat et de ses établissements publics,
Droit de la fonction publique – Chapitre III 30/39
 s’agissant de la fonction publique territoriale, le décret n° 92-1194 du 4 novembre 1992
fixant les dispositions communes applicables aux fonctionnaires stagiaires de la fonction pu-
blique territoriale,
 en ce qui concerne la fonction publique hospitalière, le décret n° 97-487 du 12 mai 1997
fixant les dispositions communes applicables aux agents stagiaires de la fonction publique
hospitalière.

2 - La notation et l'avancement
a - La notation
Le chef de service établit, pour chaque fonctionnaire, une fiche annuelle de notation com-
portant trois éléments :
1. Une note chiffrée. Elle est fixée selon une cotation variable. Elle est définitive sous ré-
serve d’une péréquation opérée au sein d’un même grade ou d’un même corps ;
2. Une appréciation d’ordre général exprimant la valeur professionnelle du fonctionnaire
et son aptitude à des tâches correspondant au grade supérieur. Il est recommandé de tenir compte
des connaissances professionnelles du fonctionnaire, de son efficacité, de son sens de l’organisation
et de ses qualités d’exécutant;
3. Des indications sommaires fournies éventuellement par l’intéressé lui-même et se rap-
portant aux fonctions ou affectations qui lui paraîtraient les plus conformes à ses aptitudes - Fonc-
tion publique de l’Etat, décret du 14 février 1989.
La note et l’appréciation portent sur l’ensemble des services accomplis par le fonctionnaire
pendant l’année au titre de laquelle la notation est effectuée - CE, 22 avril 1992, Département de
l’Hérault.
En principe, seule la note chiffrée est portée à la connaissance de l’intéressé. Toutefois, à la
requête de ce dernier, la commission administrative paritaire doit demander au chef de service la
communication au fonctionnaire de l’appréciation d’ordre général.
De même, à la requête de l’intéressé, la commission administrative paritaire peut proposer
au chef de service la révision de la notation.
Le fonctionnaire conserve la faculté de former un recours administratif - gracieux ou hiérar-
chique - ou de saisir la juridiction administrative.
Cette dernière possibilité a été reconnue par l'arrêt CE, 23 novembre 1962, Camara - con-
trôle restreint. Auparavant, le Conseil d’Etat avait successivement considéré la décision de notation
comme une mesure d'ordre intérieur - donc insusceptible de recours contentieux,
comme une mesure préparatoire : elle était insusceptible de recours contentieux direct.
On pouvait se prévaloir de son illégalité à l'appui d'un recours formé contre la décision
qu'elle préparait.
► La note chiffrée et l'appréciation générale forment un tout indivisible. Par suite, est irre-
cevable une demande d'annulation dirigée uniquement contre l'un de ces deux éléments: C.A.A. de
Nantes, 5 octobre 2000, M. Yvon Royer.
Le juge censure toute violation substantielle des normes statutaires : CE, 19 novembre 1993,
Ministre de l'Éducation nationale et de la Culture c/Mlle Oheramy et Madame Leroux. Les ensei-
gnants du second degré - agrégés et certifiés - reçoivent deux notes. L'une dite pédagogique - sur 60
- est attribuée par l'inspecteur de la discipline, l'autre dite administrative - sur 40 -, par le recteur sur
proposition du chef d'établissement. Ces notes évaluent la première les qualités pédagogiques, la
seconde le comportement de l'enseignant. Deux enseignantes du lycée Grandmont de Tours refusent
de recevoir en février 1985 l'inspecteur pédagogique régional de leur discipline venu évaluer leur
travail. Le ministre de l'Education nationale décide alors de fixer à zéro leur note pédagogique. Se-
lon le Conseil d’Etat, cette décision est constitutive d’une erreur de droit.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 31/39
Faute d'avoir été attaquée dans le délai contentieux, la décision de notation devient défini-
tive. Et son illégalité éventuelle ne peut plus être invoquée ultérieurement.

b - L'avancement d’échelon
Rappel : L’avancement d'échelon a lieu de façon continue d’un échelon à l’échelon immé-
diatement supérieur. Il est fonction à la fois de l'ancienneté et de la valeur professionnelle du fonc-
tionnaire exprimée par la notation. Il se traduit par une augmentation de traitement.
Dans les fonctions publiques territoriale et hospitalière, on distingue :
1. L’avancement d'échelon à l’ancienneté maximale. Elle est accordée de plein droit.
2. L’avancement d'échelon à l’ancienneté minimale ou réduite. Elle bénéficie au fonction-
naire dont la valeur professionnelle le justifie. Le juge n’exerce qu’un contrôle restreint sur la déci-
sion d’accorder ou de refuser cet avancement : CE, 11 mars 1992, Ville d’Angers c/ Mme Rouillard.
En l’espèce, le maire a entaché sa décision d’une erreur manifeste d’appréciation, son refus étant
contredit par la note attribuée à l’intéressée.
Dans la fonction publique de l’Etat, il est attribué aux fonctionnaires, dans chaque corps, des
réductions ou des majorations par rapport à l’ancienneté exigée pour un avancement d’échelon. Les
décisions se fondent sur les notes chiffrées.

c - L'avancement de grade ou de classe


Rappel : L’avancement de grade a lieu de façon continue d’un grade au grade immédiate-
ment supérieur. Il peut être dérogé à cette règle dans les cas où cet avancement est subordonné à
une sélection professionnelle.
L’avancement de grade a lieu
1. soit par sélection opérée exclusivement par voie de concours professionnel,
2. soit par voie d’inscription à un tableau annuel d’avancement. Ce tableau est établi après
avis de la commission administrative paritaire selon l’une ou l’autre des modalités suivantes
au choix, c’est-à-dire selon la valeur professionnelle des agents,
après sélection par voie d’examen professionnel.
Le tableau d’avancement doit être arrêté le 15 décembre au plus tard pour prendre effet le 1er
janvier suivant. Le non-respect de cette règle constitue une faute, sans entacher d’illégalité le ta-
bleau. Un retard préjudiciable engage la responsabilité de l’administration ; mais le caractère ré-
troactif des avancements prononcés compense le préjudice subi - CAA de Lyon, 12 mars 1991,
Salle.
Le tableau d’avancement cesse d’être valable à l’expiration de l’année pour laquelle il a été
dressé. Il est susceptible de recours contentieux - CE, 25 octobre 1996, Mme Alba et autres ; dis-
crimination en faveur des anciens élèves de l’ENA lors de l’établissement du tableau d’avancement
des conseillers de chambres régionales des comptes.
Les promotions doivent avoir lieu dans l’ordre du tableau ou de la liste de classement.
Le fonctionnaire est tenu d’accepter l’emploi qui lui est assigné dans son nouveau grade. Un
refus injustifié peut entraîner sa radiation du tableau d’avancement ou, à défaut, de la liste de clas-
sement - CE, 19 juin 1996, M. B. et autres.
S’agissant de l’avancement de classe, bien souvent, il se produit dans les mêmes conditions
que l’avancement de grade.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 32/39

B - Les positions statutaires

Il s'agit des différentes situations juridiques - statutaires - dans lesquelles peut être placé le
fonctionnaire au cours de sa carrière. Tout fonctionnaire se trouve nécessairement dans l’une de ces
six positions.

1 - L'activité
► C’est « la position du fonctionnaire qui, titulaire d'un grade, exerce effectivement les
fonctions de l'un des emplois correspondant à ce grade ». Il s’agit de la position normale du fonc-
tionnaire.
Elle peut faire l'objet de deux aménagements : la mise à disposition et le service à temps
partiel.
► La mise à disposition est la situation du fonctionnaire qui
demeure juridiquement dans son corps d'origine,
est réputé occuper son emploi,
continue à percevoir la rémunération correspondante,
mais qui effectue son service dans une autre administration que la sienne.
Elle a lieu uniquement - conditions cumulatives -
en cas de nécessité de service,
avec l’accord du fonctionnaire,
au profit de l’employeur originel, d’un organisme privé d’intérêt général ou d’une
organisation internationale.
Même s'il continue de dépendre de son administration d'origine et de percevoir son traitement,
un fonctionnaire mis à disposition d'une personne morale de droit privé pour exercer des fonctions
dans un rapport de subordination est lié à celle-ci par un contrat de travail de droit privé – TC, 15
mars 2010, M. Bonato c/ APEILOR, n° 3692.
Le fonctionnaire peut être autorisé à travailler à temps partiel sous réserve des nécessités du
service. La durée de l’autorisation n’excède pas trois ans. Les quotités possibles sont 50%, 60%,
70%, 80%, 90% - ainsi que 75% dans la seule fonction publique hospitalière.
L’autorisation de travailler à mi-temps est accordée de plein droit aux fonctionnaires à
l’occasion
de chaque naissance jusqu’au troisième anniversaire de l’enfant,
de chaque adoption jusqu’à l’expiration d’un délai de trois ans à compter de l’arrivée
au foyer de l’enfant adopté.
Les fonctionnaires peuvent également bénéficier d’un mi-temps thérapeutique, à la suite
d’un congé de longue maladie ou de maladie de longue durée.
Le fonctionnaire est réputé demeurer en activité pendant les périodes de congés statutaires
ou d'autorisations d'absence.

► Le fonctionnaire a droit aux congés suivants (1-11) :

1. Le congé annuel de repos. Pour un an de service accompli du 1/01 au 31/12, le con-


gé est égal à cinq fois la durée des obligations hebdomadaires de service. Les fonctionnaires titu-
laires en poste dans un DOM ou en métropole, si leur résidence habituelle est située respectivement
en métropole ou dans un DOM, sont soumis à un régime dérogatoire. Après une durée minimale de
service ininterrompu de 36 mois, ils ont droit à une bonification de congé - 65 jours1, délais de route
compris.

1
Il est tenu compte du lieu de résidence habituel, c’est-à-dire le centre des intérêts moraux et matériels de l’intéressé.
Ne satisfait pas, par exemple, à cette condition l’agent qui a passé la plus grande partie de sa vie en métropole où il
Droit de la fonction publique – Chapitre III 33/39
2. Le congé de maternité. Sa durée est variable :
 1er ou 2e enfant :
 Congé prénatal : 6 semaines avant la date présumée de l’accouchement,
 Congé postnatal : 10 semaines après la date de l’accouchement.

Possibilité report du congé prénatal sur le congé postnatal, mais le congé prénatal doit
être d’au moins 2 semaines avant la date présumée de l’accouchement.

 3e enfant ou plus : Si la femme ou le ménage assume déjà la charge d’au moins 2 enfants
ou si l’intéressée a déjà mis au monde 2 enfants nés viables.

 congé prénatal : 8 semaines ou 10,


 congé postnatal : 18 semaines ou 16.

 Naissances multiples :
 Grossesse gémellaire. Le congé légal de maternité commence 12 semaines avant la date
présumée de l’accouchement et se termine 22 semaines après la date de l’accouchement,
soit 34 semaines. La période prénatale peut être augmentée de 4 semaines au maximum.
La période postnatale est alors réduite d’autant.
 Grossesse de triplés ou plus. Le congé de maternité débute 24 semaines avant la date
présumée de l’accouchement et se termine 22 semaines après la date de l’accouchement
soit 46 semaines. Compte-tenu de la durée du congé prénatal, il n’est pas prévu de repor-
ter une partie du congé postnatal sur le congé prénatal.

Durant le congé de maternité, la femme perçoit le plein traitement même si elle travaillait à
temps partiel - CE, 12 février 1997, Mme Touchard.

3. Le congé de paternité. Le congé est accordé, sur demande du père, pour une durée de
onze jours consécutifs et non fractionnables ou pour une durée de dix-huit jours en cas de nais-
sances multiples.
Les onze ou les dix-huit jours se décomptent dimanches et jours non travaillés compris.
Le congé doit être pris dans les quatre mois suivant la naissance de l’enfant, sauf en cas de
report pour hospitalisation du nouveau-né – Cf. aussi congé de présence parentale.

4. Le congé d’adoption. Les deux (le cas échéant) conjoints y ont droit. Le conjoint qui re-
nonce peut bénéficier de 3 jours de congé consécutifs ou non, à prendre dans les 15 jours suivant la date de
l’arrivée au foyer de l’enfant adopté.
La durée du congé d’adoption débute à compter de la date d’arrivée de l’enfant au foyer est variable.
* 1er ou 2e enfant à charge : 10 semaines
* 3ème enfant à charge ou plus : 18 semaines
* Adoptions multiples : quel que soit le nombre d’enfants à charge du ménage ou de l’intéressé, la
durée du congé est allongée de 22 semaines;
6. Le congé de maladie. Sa durée ne peut excéder un an1. Le fonctionnaire conserve
l’intégralité de son traitement pendant 3 mois. Puis le traitement est réduit de moitié pendant les
neuf mois suivants - sauf maladie contractée à l’occasion du service1;

réside depuis l’âge de douze ans - CE, 23 septembre 1996, Mlle Ramon. Les études supérieures effectuées en métro-
pole ne sont pas un obstacle - CE, 23 septembre 1996, M. Sainsilly.
A cet égard, la Guadeloupe et la Martinique sont considérées comme formant « un même département d’outre-
mer ». En conséquence, les fonctionnaires en service en Guadeloupe et ayant leur résidence habituelle en Martinique
(ou l’inverse) ne peuvent prétendre au congé bonifié à destination de leur résidence habituelle. Ils peuvent bénéficier
du régime de congé bonifié à destination de la métropole, dans ce cas, prise en charge à 50% après 60 mois de service
ininterrompu, ou à 100% après 120 mois.
1
La circonstance que l’agent serait absent de son domicile pendant son congé de maladie n’autorise pas
l’administration à remettre en cause le bien-fondé de celui-ci - CE, 11 décembre 1991, Ministre des Postes et Télé-
communications c/ Roth.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 34/39
7. Le congé de longue maladie. Il a une durée maximale de trois ans. Le fonctionnaire
conserve l’intégralité de son traitement pendant un an. Puis le traitement est réduit de moitié pen-
dant les deux années qui suivent - sauf maladie contractée à l’occasion du service;
8. Le congé de maladie de longue durée. Il est accordé à la suite de certaines affections
- tuberculose, maladie mentale, cancer, poliomyélite, Sida. Il dure cinq ans, avec traitement réduit
pendant deux ans - sauf maladie contractée à l’occasion du service;
9. Le congé de formation professionnelle;
10. Le congé pour formation syndicale - 12 jours;
11. Le congé spécial - six jours - accordé aux fonctionnaires âgés de moins de vingt-
cinq pour leur permettre de participer aux activités des organisations de jeunesse2.

 À signaler que les enseignants-chercheurs peuvent bénéficier d’un congé pour re-
cherches ou conversions thématiques d’une durée de six mois ou un an sous réserve d’avoir exercé
en position d’activité pendant les six années précédentes3 - congé sabbatique, décret du 6 juin 1984,
article 19.

2 - Le détachement
► C'est « la position du fonctionnaire placé hors de son corps d'origine mais continuant à
bénéficier, dans ce corps, de ses droits à l'avancement et à la retraite. »
Il est prononcé sur la demande4 du fonctionnaire ou d'office. Dans ce dernier cas, la com-
mission administrative paritaire doit être consultée.
Le détachement est de courte durée - six mois non renouvelables - ou de longue durée - cinq
ans renouvelables. Il est révocable avant terme.
Il peut avoir lieu auprès
d'une administration ou d’un établissement public de l’Etat,
d’une collectivité territoriale,
d’une entreprise ou d'un organisme privé d’intérêt général ou de caractère associatif,
d’une organisation internationale.
Il peut également permettre à l’intéressé
de dispenser un enseignement à l’étranger
ou d’exercer les fonctions de membre du gouvernement, une fonction publique élec-
tive ou un mandat syndical.

La loi n° 99944 du 15 novembre 1999 relative au pacte civil de solidarité (PACS) a inscrit au
nombre des bénéficiaires d'un droit de priorité pour bénéficier d'un détachement, lorsque les possibilités de
mutation sont insuffisantes, les fonctionnaires séparés pour des raisons professionnelles du partenaire avec
lequel ils sont liés par un pacte civil de solidarité.
Dans l'ordre des prioritaires, ces fonctionnaires viennent après les fonctionnaires séparés de leur con-
joint pour des raisons professionnelles et avant les fonctionnaires ayant la qualité de travailleur handicapé.

1
Un fonctionnaire ne peut cesser son travail pour effectuer une cure thermale en dehors des congés annuels sauf si
cette cure est médicalement nécessaire pour l’exercice des fonctions - CE, 31 mai 1996, M. C.
2
Un fonctionnaire peut bénéficier d’une autorisation d’absence pour participer à une fête religieuse non officielle - CE
12 février 1997, Mlle Henry.
3
Selon le Conseil d’Etat, ces dispositions ne font pas obstacle à ce qu’un même enseignant bénéficie de plusieurs
congés sabbatiques au cours de sa carrière - CE, 25 septembre 1996, M. Torasso. Il est vrai que le ministre accorde
ledit congé au vu des projets présentés par les candidats sur proposition des sections du Conseil supérieur des univer-
sités ou des conseils scientifiques des établissements.
4
La décision par laquelle l’autorité compétente rejette cette demande n’a pas à être motivée - CE, 15 mars 1993,
Vaillant.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 35/39
Le fonctionnaire détaché est soumis aux règles régissant la fonction qu’il exerce par l’effet
de son détachement. En fait sa situation est passablement complexe :
1. En cas de détachement de longue durée, il est noté par le chef du service de détache-
ment. Mais, en matière disciplinaire, il relève des règles de son corps d’origine ;
2. Il continue d’avancer dans son corps d’origine. Dans le service de détachement, il a
droit aux avancements d’échelon. Cette solution s’explique aisément : le fonctionnaire détaché est
régi, en ce qui concerne sa rémunération, par les dispositions applicables au corps d’accueil - CE,
21 juin 1996, Ministre de l’Education nationale c M. B ; un avancement d’échelon dans le corps
d’origine est sans influence sur sa situation dans le corps d’accueil. L’avancement de grade peut lui
être refusé par le statut particulier du corps de détachement - CE, Sect., 28 février 1997, Ministre de
la Défense c/ Mme Cruette.

 En principe, lorsque le détachement prend fin à la date initialement prévue, l'adminis-


tration d'origine de l'agent a l'obligation de procéder à sa réintégration.
 Lorsque la fin du détachement intervient de façon anticipée, il convient de distinguer
deux cas de figure selon que cette situation résulte de la volonté du fonctionnaire ou de celle de
l'administration dans laquelle l'agent était détaché.
1. Lorsque le détachement intervient de façon anticipée en raison d'une décision
de l'administration, l'agent est remis à son administration d'origine. Si celle-ci dispose d'emplois
vacants, elle réintègre son fonctionnaire. Si elle ne dispose pas d'emploi vacant, l'agent continue à
être rémunéré par l'organisme au sein duquel il avait été détaché, au plus tard jusqu'à la date à la-
quelle le détachement devait normalement prendre fin. A cette date, l'agent doit alors être réintégré
dans son administration d'origine, éventuellement en surnombre.
2. La règle est différente lorsque le détachement prend fin de façon anticipée en
raison d'une demande du fonctionnaire. L'agent est alors réintégré dans son administration d'origine
si celle-ci dispose d'emplois vacants. Si ce n'est pas le cas, le fonctionnaire est placé en disponibilité
et ne touche plus aucun traitement jusqu'à l'expiration de la période normale du détachement.

3 - La position hors cadres


► C'est la position dans laquelle peut être placé, sur sa demande, un fonctionnaire remplis-
sant les conditions pour être détaché dans un emploi ne conduisant pas à pension du régime général
de retraite. Dans cette position, le fonctionnaire cesse de bénéficier de ses droits à l'avancement et à
la retraite.
Pour bénéficier de la position hors cadres, le fonctionnaire doit
ou bien avoir accompli au moins quinze années de services effectifs civils ou mili-
taires,
ou bien avoir été détaché pendant cinq années dans une organisation internationale.
Le fonctionnaire est obligatoirement réintégré dans son corps d'origine à l'expiration de la
période de mise hors cadres.

4 - La disponibilité
► C'est « la position du fonctionnaire qui, placé hors de son administration d'origine, cesse
de bénéficier de ses droits à l'avancement et à la retraite ».
La disponibilité est prononcée selon l’une des deux modalités suivantes :
1. soit d’office lorsque le fonctionnaire ne peut reprendre son service à l'issue de l'un
des congés de maladie.
2. soit à la demande du fonctionnaire
Droit de la fonction publique – Chapitre III 36/39

 pour études ou recherches présentant un caractère d'intérêt général - durée de 3 ans


renouvelable une fois,
 pour exercer une activité d’intérêt public dans une entreprise publique ou privée.
L’intéressé doit avoir accompli au moins 10 ans de service et n’avoir pas contrôlé ladite entreprise
pendant les 5 années qui précèdent la demande - durée de 3 ans renouvelable une fois.
 pour créer ou reprendre une entreprise à condition d’avoir accompli au moins 3 ans
de service - durée 2 ans maximum.
 pour donner des soins au conjoint, à un enfant ou à un ascendant, pour élever un
enfant de moins de 8 ans, pour suivre son conjoint - durée de 3 ans renouvelable deux fois, dans le
premier cas, tant que les conditions sont réunies dans les deux autres cas.
 pour convenances personnelles - durée de 3 ans renouvelable, maximum 6 ans dans
une carrière.

Si, après la période de mise en disponibilité, le fonctionnaire refuse successivement trois


postes qui lui sont proposés, il peut être licencié - après avis de la commission administrative pari-
taire.

5 - L'accomplissement du service national


► C'est la position du fonctionnaire qui accomplit son service national actif.
Il perd le droit à son traitement d’activité.

A l'expiration de la période d'accomplissement du service national, le fonctionnaire est réin-


tégré de plein droit, au besoin en surnombre.

6 - Le congé parental
► C'est la position du fonctionnaire placé hors de son administration ou service d'origine
pour élever son enfant.
Il est accordé à la mère ou au père à l’occasion d’une naissance ou de l’adoption d’un enfant
de moins de trois ans. Il dure au maximum trois ans.
Dans cette position, le fonctionnaire n’acquiert pas de droit à la retraite. Il conserve ses
droits à l’avancement d’échelon réduits de moitié.
A l'expiration de son congé, le fonctionnaire réintégré de plein droit, au besoin en sur-
nombre, dans son corps d’origine.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 37/39

II - La sortie de service et la radiation des cadres


A - La fin normale de la carrière

1 - La limite d’âge
La mise à la retraite pour accession à la limite d'âge est le mode normal de cessation des
fonctions.
Techniquement, la limite d'âge se présente comme le seuil au-delà duquel le fonctionnaire
est censé devenir inapte au service. Juridiquement, sa détermination ressortit à la compétence du
législateur - il s'agit en effet d'une garantie fondamentale. Elle varie selon la nature des fonctions.
Actuellement, sauf dérogation expresse, elle est fixée
à 65 ans pour les fonctionnaires dits sédentaires - de catégorie A,
à 60 ans pour les fonctionnaires dits actifs - essentiellement de catégorie B.
Toutefois, des reports sont prévus, par exemple,
pour les fonctionnaires qui ont à leur charge des enfants de moins de 21 ans - report
d’une année par enfant dans la limite de trois,
pour les professeurs d’université, les membres du Conseil d’Etat ou de la Cour des
Comptes - 68 ans.

2 - Les conséquences de l’accession à la limite d’âge


La survenance de la limite d'âge doit entraîner la perte de la qualité de fonctionnaire.
L’agent devra quitter sans délai son service. Il n’a plus qualité pour exercer une fonction publique,
même si aucune décision expresse n’a été prise. Au demeurant, toute décision contraire serait con-
sidérée comme une décision nulle et non avenue - comme une décision juridiquement inexistante.
Exemple : CE, 8 novembre 2000, M. Muzi c.Département de la Corse du Sud
« Considérant que la survenance de la limite d’âge des agents publics, telle qu’elle est déterminée
par les dispositions législatives et réglementaires en vigueur, entraîne de plein droit la rupture du lien de
ces agents avec le service ; que les décisions administratives individuelles prises en méconnaissance de la
situation née de la rupture de ce lien sont entachées d’un vice tel qu’elles doivent être regardées comme
nulles et non avenues ; que, dès lors, en jugeant que le préfet de la Corse du Sud était recevable à déférer au
tribunal administratif de Bastia, sans condition de délai, la délibération de la commission permanente du
conseil général de la Corse du Sud autorisant le renouvellement du contrat de recrutement de M. Muzi au-
delà de l’âge de soixante-cinq ans et l’avenant au contrat signé à cet effet, la cour administrative d’appel n’a
pas entaché son arrêt d’erreur de droit […]».

L'agent perd en principe son droit au traitement même s'il continue à remplir ses anciennes
fonctions. Cependant, il a droit à une indemnité, si l'administration l’a maintenu en service.

En fait, l'administration a compétence liée pour radier l’agent des cadres.


Droit de la fonction publique – Chapitre III 38/39

B - Les fins anticipées

1 - L’admission à la retraite avant la limite d’âge


Elle est également dénommée retraite anticipée.
Elle résulte d'une décision expresse prise
1. soit sur le fondement de motifs disciplinaires : mise à la retraite d’office, révocation
2. soit sur le fondement de motifs non disciplinaires. Il s’agit, par exemple, de la mise à la
retraite pour invalidité. Elle est prononcée à l’initiative de l’administration ou du fonctionnaire.

2 - La démission
► C'est la décision par laquelle le fonctionnaire signifie à l'administration sa volonté de quit-
ter définitivement la fonction publique.

La démission doit résulter d'une demande écrite manifestant la volonté expresse du fonc-
tionnaire.
Le juge tient pour irrégulières :
une démission verbale (elle est sans effet),
une promesse de démission,
une démission conditionnelle,
une démission entachée d'un vice du consentement.

 La démission ne produit d'effet que si elle est acceptée par l'autorité compétente,
c'est-à-dire par l'autorité investie du pouvoir de nomination - différence avec l'abandon de poste.
L'acceptation d'une démission non présentée équivaut à une révocation.
Le refus ou l'acceptation relève d'une compétence discrétionnaire - CE, 19 mars 1997, M.
Desmoineaux, n° 134197 : « Aucune disposition de loi ou de règlement ne limite le pouvoir du mi-
nistre d’apprécier, selon l’intérêt du service, si la démission offerte par un fonctionnaire doit être
ou ne pas être acceptée […] »
Tant que la démission n’a pas été acceptée, le fonctionnaire reste soumis à ses obligations
statutaires. Mais paradoxalement, s’il méconnaît cette règle, il encourt le licenciement pour abandon
de poste - Cf. arrêt Desmoineaux précité.
Le fonctionnaire peut saisir la commission administrative paritaire du refus d’accéder à sa
démission.
L'acceptation de la démission la rend irrévocable. La lettre par laquelle l’agent entend retirer
sa démission doit parvenir à l’autorité de nomination avant que celle-ci ne se prononce - CE, 28 juin
1996, M. C.
La démission prend effet à la date fixée par cette autorité. Si l'exclusion du fonctionnaire
n'intervient pas dans un délai raisonnable, la démission devient caduque.
Des règles originales encadrent les démissions au sein de l’Armée. En effet, l’article 80-1 de
la loi n° 72-662 du 13 juillet 1972 portant statut général des militaires dispose :
« Les statuts particuliers peuvent prévoir que la démission de l'officier de carrière qui, parvenu au
terme de l'engagement exigé lors de l'entrée dans les écoles militaires, n'a pas acquis de droit à pension de
retraite à jouissance différée, sera acceptée dans la limite d'un contingent annuel fixé par corps. Dans ce
cas, les demandes de démission sont satisfaites dans l'ordre croissant des âges. »

Au-delà du contingent annuel, il appartient au ministre d’apprécier, en fonction de l’intérêt


du service, s’il y a lieu d’agréer les demandes de démissions - CE, 29 janvier 1993, M. Boo, pour la
méconnaissance de ces règles dans l’armée de l’Air.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 39/39
► Les fonctionnaires titulaires et agents non titulaires en contrat à durée indéterminée de la fonction
publique d'Etat qui démissionnent peuvent bénéficier d'une indemnité volontaire de départ dans les cas sui-
vants :
restructuration de services : les services, corps, grades et emplois concernés sont fixés par arrê-
tés ministériels,
création ou de reprise d'entreprise : les intéressés doivent alors fournir, dans les 6 mois suivant
leur démission, le K bis attestant de l'existence de l'entreprise puis, à l'issue du premier exercice,
les pièces justificatives permettant de vérifier la réalité de l'activité de l'entreprise,
pour mener à bien un projet personnel – Voir décret n° 2008-368 du 17 avril 2008 instituant une
indemnité de départ volontaire.
► Dans certains cas, une démission peut être considérée comme une perte involontaire d’emploi, ce
qui, s’agissant d’un agent non-titulaire, entraîne la perception d’une allocation d’assurance chômage :
« Considérant toutefois que, s’agissant de la démission d’un agent public, il appartient à l’autorité
administrative compétente d’apprécier, sous le contrôle du juge de l’excès de pouvoir, si les motifs de cette
démission permettent d’assimiler celle-ci à une perte involontaire d’emploi » - CE, 1er octobre 2001, Com-
mune de Bouc-Bel-Air, n° 215499.

3 - Le licenciement et la révocation
Les motifs sur lesquels ils se fondent permettent de les distinguer.
 Le licenciement a un fondement non disciplinaire ; il peut intervenir
a. pour insuffisance professionnelle. Le juge exerce un contrôle normal sur la décision ad-
ministrative. Il s’assure, par exemple, qu’elle ne constitue pas une sanction disciplinaire déguisée.
Exemple : CE, 16 octobre 1992, Chambre d’agriculture des Ardennes, n° 111381. A été ju-
gé illégal un licenciement pour insuffisance professionnelle motivé, en fait, par
o le défaut de diligence dans l’accomplissement du service,
o l’opposition aux ordres de service,
o le dénigrement de la direction.
Selon le Conseil d’Etat, ces faits constituent, en réalité des fautes disciplinaires.
Si le fonctionnaire est titulaire, le licenciement pour insuffisance professionnelle ne peut in-
tervenir qu'après avis :
 du conseil de discipline, dans les fonctions publiques d'Etat et territoriale,
 de la CAP, dans la fonction publique hospitalière.
b. pour abandon de poste. Aucun avis de la commission administrative paritaire (CAP) ou
du conseil de discipline n'est nécessaire.
c. après trois refus successifs d'offre d'emploi, à l'issue d'une disponibilité,
d. dans la fonction publique territoriale,
 à l'issue d'un détachement sur un emploi fonctionnel,
 après trois refus d'offre d'emploi, lors d'une prise en charge par le centre national de
la fonction publique territoriale (CNFPT) ou par un centre de gestion,
e. dans la fonction publique hospitalière, après trois refus d'offre d'emploi, lors d'une prise
en charge à la suite d'une suppression d'emploi.

 La révocation constitue, quant à elle, une sanction disciplinaire. Elle ne peut donc
être prononcée que pour faute disciplinaire et dans le respect de la procédure prévue en matière dis-
ciplinaire
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