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Partie II
► CHAPITRE I
Sommaire
(interactif à l’écran)
Pour paraphraser une formule célèbre, tout le vécu professionnel du fonctionnaire, de son
recrutement à sa radiation, est gouverné par des contradictions normatives.
Question initiale :
Qu'est-ce qui distingue le système de la carrière du système de l'emploi ?
Réponse soutenue :
Les deux systèmes ne sont pas gouvernés par la même logique.
Dans le système de l’emploi, le fonctionnaire – ou plutôt l’agent ? - n’a point vocation à faire car-
rière dans la fonction publique.
Quatre grands principes dominent ce système en l’opposant radicalement au système de la car-
rière :
1. Le fonctionnaire est recruté pour occuper un emploi précis spécifié par son contrat de travail.
Cela ne l’empêche nullement de changer de fonctions, sous la seule réserve d’un nouvel en-
gagement.
2. Le candidat à la fonction publique est jugé sur son aptitude à un emploi déterminé.
3. N’étant pas enfermé dans le carcan d’un corps, l’agent passe aisément du secteur public au
secteur privé, et inversement. On soutient qu’aucune nécessité logique n’impose de gérer dif-
féremment les deux secteurs.
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La France a opté pour le système pour le système de la carrière. Une option qui s'accommode de
quelques emprunts faits au système de l'emploi… Cf. Introduction générale, II-A-2, le monisme ou le
dualisme français.
Développement
1
Raymond Aaron publie un article intitulé « Le communisme n’est pas une opinion ».
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1
A contrario, comment tenir compte d’une opinion inexprimée ?
2
L’obligation de réserve, AJDA 1977, p.580.
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« Art. 6 bis. - Aucune distinction, directe ou indirecte, ne peut être faite entre les
fonctionnaires en raison de leur sexe.
Toutefois, des recrutements distincts pour les femmes ou les hommes peuvent, excep-
tionnellement, être prévus lorsque l’appartenance à l’un ou à l’autre sexe constitue une
condition déterminante de l’exercice des fonctions.
De même, des distinctions peuvent être faites entre les femmes et les hommes en vue
de la désignation, par l’administration, des membres des jurys et des comités de sélec-
tion constitués pour le recrutement et l’avancement des fonctionnaires et de ses repré-
sentants au sein des organismes consultés sur les décisions individuelles relatives à la
carrière des fonctionnaires et sur les questions relatives à l’organisation et au fonc-
tionnement des services, afin de concourir à une représentation équilibrée entre les
femmes et les hommes dans ces organes.»
Sans cesse réduite, la liste des corps à recrutements distincts est fixée par le décret n° 82-886
du 15 octobre 1982, modifié en dernier lieu par le décret n° 2007-1233 du 20 août 2007 : corps des
chargés d'éducation des maisons d'éducation de la Légion d'honneur et corps des services déconcen-
trés de l'administration pénitentiaire (corps d'encadrement et d'application du personnel de surveil-
lance de l'administration pénitentiaire).
soit pour fonder une discrimination autonome. Par exemple, est légale la mise à
l’écart d’une candidate au concours des (anciens) inspecteurs de police ; l’intéressée
ayant été la maîtresse d’un délinquant: T.A. de Clermont-Ferrand, 14 novembre 1988,
Filali. En revanche, il y a compatibilité entre l'activité de voyance exercée par le con-
joint d'un brigadier de police et les fonctions de cet agent public (CE, 23 juin 1999, Mi-
nistre de l'Intérieur c. M. Daniel).
1 - La nationalité française
Condition classique et universelle fondée sur deux préoccupations :
le nécessaire loyalisme des futurs fonctionnaires,
la protection du marché intérieur de l’emploi.
1 - Le principe du concours
Il est affirmé à l'article 16 de la loi du 13 juillet 1983.
En affinant la définition, on relève une différence substantielle entre les fonctions publiques
étatique et hospitalière, d'une part, et la fonction publique territoriale d'autre part.
Dans la fonction publique d'Etat et dans la fonction publique hospitalière, « chaque
concours donne lieu à l'établissement d'une liste classant par ordre de mérite les candidats décla-
rés aptes par le jury. » - article 20 de la loi du 11 janvier 1984 et article 31 de la loi du 9 janvier
1986.
Au sein de la fonction publique territoriale, « chaque concours donne lieu à l'établis-
sement d'une liste d'aptitude classant par ordre alphabétique les candidats déclarés aptes par le
jury » - article 44 de la loi du 26 janvier 1984.
L'autorité de nomination dispose ainsi d’une plus grande latitude. Le principe d’égalité
cède devant le principe de la libre administration des collectivités locales.
1. Les concours sur épreuves et les concours sur titres : la définition générique du con-
cours correspond très précisément à la définition du concours sur épreuves. Dans le cadre d’un con-
cours sur titres, ou sur titres et travaux, les candidats sont sélectionnés au vu d’un dossier qui con-
tient leurs titres, le cas échéant leurs travaux, ou d’autres pièces attestant de leurs compétences.
Cette sélection peut être complétée par des épreuves, notamment par un entretien avec le jury ;
2. Les concours externes et les concours internes. Les premiers sont ouverts aux candi-
dats justifiant de la possession de certains diplômes ou de l'accomplissement de certaines études.
Les seconds sont réservés aux agents ayant accompli une certaine durée de services publics et, le
cas échéant, reçu une certaine formation. En pratique, il y a une grande variété dans les conditions
requises : certains concours internes sont ouverts à l’ensemble des fonctionnaires et agents non titu-
laires, d’autres sont réservés à une catégorie précise de fonctionnaires. En général, l'administration
pratique simultanément les deux types de concours ;
3. Les troisièmes concours : il s’agit de concours ouverts aux candidats qui justifient
d’une expérience professionnelle en dehors de l’administration publique (c’est à dire en tant que
salariés de droit privé ou en tant que travailleurs indépendants). Actuellement, il existe deux « troi-
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sièmes concours », pour l’accès à l’École nationale d’administration (ENA) et pour l’accès aux Ins-
tituts régionaux d’administration (IRA) ;
4. Les concours déconcentrés : ce sont des concours d’accès à la fonction publique d’État,
destinés à pourvoir des postes dans une circonscription géographique précise (région, département,
académies...). En cas de réussite, les candidats sont nommés dans cette circonscription ;
5. Les concours interministériels : ces concours, qui concernent principalement les corps
de catégorie B et C d’administration générale (secrétaires administratifs, adjoints administratifs),
sont organisés en commun par plusieurs ministères. Les candidats subissent une seule série
d’épreuves, et sont affectés, en cas de réussite, en fonction de leurs vœux et de leur rang de classe-
ment.
Certains concours peuvent être à la fois communs et déconcentrés : les candidats ont alors la
possibilité d’être affectés dans plusieurs administrations différentes, localisées dans une même zone
géographique.
Les concours d’accès à l’ENA et aux IRA sont des concours interministériels : en fin de sco-
larité, les élèves ont en effet accès à plusieurs corps de fonctionnaires dans les différents ministères.
L'administration s'évertue
d'une part - à unifier différents concours : ENA, IRA…
d'autre part à améliorer le niveau des candidats : IPAG, CPAG…
Ce dernier souci traduit le premier avantage reconnu au concours : la probabilité très forte
que l'administration recrutera les meilleurs.
Le deuxième avantage reconnu au concours : il assurerait l'égalité entre les candidats.
Nota bene : Une décision CE, 25 novembre 2009, M. Kahn, n° 317419 a précisé la distinc-
tion entre un concours et un examen professionnel. En l’espèce, le Conseil d’Etat considère que si
les épreuves subies par les conservateurs des bibliothèques stagiaires à l'issue de leur scolarité à
l'ENSSIB donnent lieu à un classement des stagiaires par ordre de mérite, elles ne présentent pas
de ce seul fait, en l'absence de tout effet de droit attaché à un tel classement, le caractère d'un
concours mais celui d'un examen professionnel. Il en résulte que le requérant n'est recevable à
demander l'annulation de la délibération par laquelle le jury a arrêté la liste d'admission, par ordre
de mérite, des conservateurs stagiaires des bibliothèques, qu'en tant que ce jury l'a exclu de cette
liste.
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http://www.fonction-publique.gouv.fr/article389.html
Le répertoire interministériel des métiers de l'Etat
http://www.sante.gouv.fr/emplois/index.htm
http://www.defense.gouv.fr/defense/votre_espace/recrutement_et_formation/recrutement
http://srv.paris.fr/icinet/
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On constate une certaine multiplication des dérogations au principe du concours. Les fonc-
tions publiques territoriale et hospitalière ne sont pas épargnées. Elles connaissent à peu près les
mêmes types de dérogations : secrétaire général de mairie, directeur général ou adjoint des services
des départements ou des régions.
1
Si l’administration, par erreur, indique deux dates différentes, elle ne peut opposer la date de son choix aux candi-
dats - CE, 21 février 1997, Ministre de la santé publique c/ Mlle Miquel ; indications erronées données par minitel.
2
Une virgule peut tout changer…Un texte prévoyait que les candidats à certaines fonctions de l’armée de l’air de-
vaient faire preuve de «connaissances générales techniques et tactiques.» S’il n’y a pas de virgule entre générales et
techniques, cela signifie que les connaissances techniques sont générales. Le ministre a fait comme s’il y avait une
virgule; et les candidats se sont vus imposer également une épreuve de culture générale. Le Conseil a jugé que c’était
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En principe, les conditions et modalités fixées pour le concours sont définitives à la date de
la clôture des inscriptions. L'autorité administrative ne devra plus modifier la réglementation du
concours : programme, nombre de postes… Mais le juge se montre pragmatique. Il ne censure que
les modifications qui ont pour effet de porter atteinte à l’égalité des candidats - CE, 6 mai 1996,
Mme Pilorge, n° 158181 : nombre de postes mis au concours porté de 1860 à 2080 ; modification
n’ayant pas porté atteinte à l’égalité entre les candidats, selon le Conseil d’Etat.
illégal : faute de virgule, seules deux épreuves s’imposaient - technique et tactique - et non trois. Voir, aussi, CE, Sect.,
26 avril 1963, Dengremont.
1
Par la note de service contestée, le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie a indiqué,
au moyen de dispositions impératives à caractère général, que "s'agissant de concours de recrutement nationaux, un
fonctionnaire appartenant d'ores et déjà à un corps déterminé ne peut de nouveau présenter sa candidature aux
concours organisés au titre du même corps". Ce faisant, le ministre ne s'est pas borné à rappeler des dispositions
législatives ou réglementaires existantes, mais a édicté une règle nouvelle qui présente un caractère statutaire et
relève par suite d'un décret en Conseil d'Etat.
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Chaque membre prend part à toutes les épreuves, sans néanmoins devoir corriger toutes les
compositions. En effet, le jury peut pour toute épreuve, se constituer en groupes d'examinateurs.
Il résulte toutefois d’une jurisprudence bien établie que « la division du jury en groupes
d’examinateurs n’est légalement possible, pour toute épreuve, que si elle est nécessaire à
l’organisation du concours compte tenu, notamment du nombre des candidats et des caractères
de l’épreuve en cause, et si, eu égard aux modalités retenues, elle ne compromet pas l’égalité
entre les candidats. » - CE, Sect., 27 mars 1987, Mlle Espieu, n° 47143.
1
Voir aussi CE, 30 janvier 1995, Mme Perrin et autres - annulation d’un concours organisé en vue du recrutement de
deux professeurs à l’université de la Franche-Comté ; le jury comptait parmi ses membres l’ancien mari d’une candi-
date.
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En cas de division en groupes d’examinateurs, le jury opère la péréquation des notes attri-
buées par chaque groupe d'examinateurs et procède à la délibération finale. Cette procédure permet
d'assurer l'égalité de notation entre les candidats - CE, 27 mai 1998, Tchen. Sa méconnaissance peut
entraîner l’annulation d’un concours :
CE, 26 janvier 2005, Samantha X., n° 259469 :
« Sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens de la requête :
Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que, par un arrêté du 6 mai 2003, le ministre
chargé de l'agriculture a nommé les membres du jury des trois concours A, B et C d'admis-
sion aux écoles vétérinaires organisés au titre de l'année 2003 ainsi que, pour chacune des
épreuves d'admissibilité et d'admission, les membres du jury chargés d'examiner les candi-
dats; qu'il est constant que, pour chacune des épreuves d'admissibilité, les candidats ont
été examinés par un seul membre du jury et qu'il n'a pas été procédé par une délibération
de l'ensemble du jury à une harmonisation des notes attribuées aux candidats par chaque
examinateur ; qu'ainsi, les modalités de déroulement des épreuves n'ont pas permis de ga-
rantir l'égalité de notation entre les candidats ; que, par suite, Mlle F. est fondée à deman-
der l'annulation de la délibération du 10 juillet 2003 proclamant les résultats du concours A
d'admission aux écoles vétérinaires (session 2003) ; […] »
En cas de défaillance d'un membre du jury, l'administration doit pourvoir à son remplacement
avant le début des épreuves. Tout remplacement en cours d'épreuves est illégal.
Une démission collective du jury donne à l'administration le droit d’en désigner un autre et de
faire recommencer le concours.
***
***
► Le jury se conforme à la règle essentielle de tout concours : « Les mérites des différents can-
didats doivent être uniquement appréciés d'après la valeur des épreuves subies par eux. » ;
cette valeur révélée est donc le seul critère à prendre en considération par le jury :
CE, 20 octobre 1999, M. Bailleul, n° 181732 :
« Considérant qu'il n'est pas établi par les pièces du dossier que le jury s'est prononcé sur la
base d'autres éléments que la valeur des candidats ; […] »
Qui plus est, dans le seul respect du programme, le jury choisit librement les sujets des
épreuves.
CE, 28 janvier 2009, M. Jean-Pierre A, n° 314060 :
« Considérant que M. A conteste le sujet de l'épreuve d'économie au motif qu'il est révéla-
teur d'une école de pensée politique et que la rédaction du libellé était imprécise ; qu'il
n'appartient pas au juge administratif de contrôler le choix d'un sujet d'épreuve et des do-
cuments le composant sauf s'ils sont entachés d'erreurs matérielles ou s'ils ne respectent
pas le programme des épreuves ; »
Le jury note les épreuves sans avoir à communiquer ses motifs. Au demeurant, son apprécia-
tion est insusceptible de discussion contentieuse.
CE, 28 janvier 2009, M. Jean-Pierre A, n° 314060 :
« Considérant que M. A conteste la note de 1,5 que le jury lui a attribué pour l'épreuve de
sociologie des organisations ; que toutefois l'appréciation portée par le jury sur la valeur
des copies des candidats n'est pas susceptible d'être discutée devant le juge administra-
tif ; »
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► Le respect de l'égalité des candidats s'impose également au jury.
Ainsi un jury de concours ne peut-il légalement faire passer à un candidat une épreuve dans
des conditions différentes de celles régissant ledit concours :
CE, 16 juin 1999, M. Derri :
« Sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens de la requête ;
Considérant qu'en vertu du paragraphe 2 de l'article 3 de l'arrêté du 28 août 1986 fixant le
programme et les modalités d'organisation du concours pour le recrutement des gardiens
de la paix de la Police nationale : « Les épreuves d'admission comportent : un entretien
avec le jury (durée : vingt minutes ; coefficient 4) [.. .]» ; que M. Derri soutient, sans être
contredit par le ministre, que l'entretien avec le jury auquel il a participé après avoir été dé-
claré admissible aux épreuves d'admission du concours, et au terme duquel lui a été attri-
buée la note éliminatoire de 4, a duré quarante-cinq minutes ; qu'ainsi, cet entretien s'est
déroulé dans des conditions irrégulières qui, dans les circonstances de l'affaire et compte
tenu de l'importance du dépassement de la durée prescrite, ont méconnu le principe d'éga-
lité entre les candidats ; que, dès lors, M. Derri est fondé à demander l'annulation de la dé-
libération du 31 mai 1995 du jury du concours pour le recrutement des gardiens de la paix
de la Police nationale. […]»
En ce qui concerne les épreuves écrites, l'anonymat des copies est considéré comme une ga-
rantie de cette égalité. Si un candidat lève cet anonymat, il doit être exclu du concours. A défaut, le
concours se trouve vicié : CE, 20 février 1985, Fontaine, n° 436571.
Rompent l'égalité entre les candidats :
une erreur matérielle dans l'énoncé d'un sujet lorsque certains candidats ont choisi de
traiter ledit sujet : CE, 20 mars 1987, Ministre d'Etat, ministre de l'Economie, des
Finances et de la Privatisation c/ Fouché, n° 79562 ;
l'interrogation d'un candidat sur un sujet hors programme, sans que lui ait été laissé le
temps de préparation nécessaire : CE, 13 mai 1988, Région Midi-Pyrénées,
n° 67453 ;
la remise d'une photocopie illisible à certains candidats : CE, 14 octobre 1992, Mlle
Lannic, n° 110126 ;
l'absence de sujet lors de l'ouverture de l'enveloppe dans un des centres de concours :
ordonnance du juge des référés du Conseil d'État du 19 juin 2001, Mme Barège,
n° 234360 ;
une erreur lors de la distribution des sujets : CE, 7 avril 1993, M. Tastet, n° 135613 ;
ou encore une discrimination en ce qui concerne les moyens mis à disposition des
candidats : CE, 4 février 1983, Liffran, n° 31877 - autorisation donnée à certains
candidats d'utiliser un ouvrage interdit par le jury.
Il est de jurisprudence constante que de telles ruptures d'égalité entachent d'irrégularité le dé-
roulement des opérations du concours et entraînent leur annulation (CE, 15 décembre 1965, Sieur
Wallon, Rec. p. 689) hormis le cas où les organisateurs de l'épreuve prennent, en temps utile, des
mesures permettant de rétablir l'égalité entre les candidats (CE, 7 avril 1993, M. Tastet précité).
S’agissant des épreuves orales, l’égalité est garantie par la publicité des interrogations et le
tirage au sort des sujets.
***
► Deux autres règles visent à garantir l’égalité :
1. le jury doit se garder de tout contact personnel avec les candidats - CE, 21
janvier 1966, Baumel;
2. aucune personne étrangère au jury ne doit participer ni même assister aux
délibérations - CE, 5 octobre 1990, Zuber.
***
► L’égalité implique l’impartialité – une impartialité appréciée avec pragmatisme :
CE, 20 octobre 1999, M. Bailleul :
« [Considérant] que ni la circonstance que la mise en œuvre de ces dispositions ait eu pour
conséquence, dans le cadre d'un concours interne, que le président du jury ait été dans le
passé le supérieur au sein de l'établissement de candidats déclarés définitivement admis,
ni celle qu'il fût, en qualité de directeur général adjoint du Centre national de documenta-
tion pédagogique, le supérieur d'autres membres du jury désignés au titre des dispositions
précitées, ne sont de nature à priver le requérant des garanties d'impartialité auxquelles
1
Un candidat avait signé sa copie. Au lieu de l’exclure, les surveillants, dont l’un des membres du jury, ont décidé
d'occulter, à l’aide d’un crayon feutre, les indications nominatives et d’apposer des marques comparables sur les
autres copies.
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tout candidat est en droit de prétendre et qu'elles n'ont pu, par voie de conséquence, vicier
les opérations dudit concours ; […] »
***
► Malgré tout, le principe d’égalité s’accommode des aménagements particuliers dont bénéfi-
cient certains candidats et destinés justement à rétablir l’égalité1.
***
► A noter toutefois que « le principe d'égalité n'implique pas que des candidats à un même
concours se trouvant dans des situations différentes soient soumis à des épreuves différentes »
- CE, 22 novembre 1999, Rolland.
***
► De même, la circonstance qu'un candidat soit victime, du fait d'un autre candidat, d'un
accident pendant le déroulement des épreuves d'un concours, le rendant inapte à les pour-
suivre n'entraîne pas de rupture d'égalité entre les candidats :
CE, 16 mai 2001, M. De Nale :
« Considérant qu'il est constant que M. De Nale a été blessé par un autre candidat au cours
de l'une des " prestations physiques " figurant parmi les épreuves d'admission au concours
externe du certificat d'aptitude au professorat d'éducation physique et sportive (CAPEPS),
session 1999 ; qu'il n'a pu par suite de cette blessure mener cette prestation à son terme ni
se présenter à la " prestation physique " suivante ;
Considérant qu'en l'absence dans le règlement du concours de dispositions permettant au
jury d'appliquer des règles particulières pour les candidats qui seraient victimes pendant le
déroulement des épreuves d'un accident les rendant inaptes à les poursuivre, la circons-
tance que M. De Nale ait été blessé lors d'une épreuve de " prestation physique " ne sau-
rait être regardée comme ayant entraîné une rupture de l'égalité entre les candidats de
nature à fausser les résultats du concours ; qu'il n'appartient pas au juge de l'excès de pou-
voir de contrôler l'appréciation portée par le jury sur la valeur des prestations des candidats
; qu'il suit de là que M. De Nale n'est pas fondé à demander l'annulation de la délibération
du jury du concours externe au certificat d'aptitude au professorat d'éducation physique et
sportive (CAPEPS), session 1999, en date du 2 juillet 1999 ne l'ayant pas déclaré admis, ni,
par voie de conséquence, l'annulation de la décision du président du jury en date du 9 sep-
tembre 1999 rejetant son recours gracieux;[…] »
1
L’article 11 du décret du 19 juin 1979 prévoit, notamment, une assistance aux concours de la fonction publique pour
les candidats handicapés. Un jury commet donc une erreur de droit en attribuant à un candidat handicapé une note
éliminatoire au motif que cette personne n’a pas réalisé elle-même les travaux prévus par le règlement du concours -
CE, 21 janvier 1991, Mlle Stickel.
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Il a le droit
de ne retenir aucun candidat - CE, 21 novembre 1947, Poissenot ;
de retenir un nombre de lauréats inférieur au nombre de postes mis au concours -
CE, 23 juin 1950, Chauliat.
Lorsque certains candidats sont empêchés de concourir en raison de troubles ayant fait
obstacle au déroulement normal des épreuves, les résultats du concours ne peuvent pas être réguliè-
rement proclamés.
CE, 28 juin 1999, Mme Thuillier-Gomes :
« Sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens de la requête ;
Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que les épreuves d'admissibilité du
concours réservé à certains personnels enseignants non titulaires donnant accès au
corps des professeurs certifiés exerçant dans les disciplines d'enseignement général,
section langues vivantes étrangères (espagnol), ouvert au titre de 1997, prévues le 29
mai 1997, n'ont pu se dérouler, par suite de troubles qui ont affecté le centre
d'épreuves sis au Parc floral de Vincennes: que de nouvelles épreuves ont été organi-
sées le 6 juin 1997, pour les seuls candidats qui n'avaient pu composer, et que ceux
qui ont été ainsi convoqués ou centre de Villepinte n'ont pas davantage pu composer
et ont été ensuite refusés sans que l'ensemble du concours ait été annulé pour autant ;
Considérant qu'il ressort ainsi des pièces du dossier que les résultats du concours en
cause ont été proclamés alors que certains candidats ont été empêchés de concourir
et que le principe de l'égalité entre les candidats a, par suite, été méconnu ;
Considérant que Mme Thuillier-Gomes est, par suite, fondée à demander l'annulation
des épreuves et des résultats dudit concours. […] »
► Dans les fonctions publiques étatique et hospitalière, chaque concours donne lieu à
l'établissement d'une liste classant par ordre de mérite les candidats déclarés aptes par le jury. Ce
dernier établit, dans le même ordre, une liste complémentaire.
Celle-ci permettra éventuellement
de remplacer les candidats retenus sur la liste principale qui ne peuvent pas être
nommés,
de pourvoir aux vacances d'emplois survenant dans l'intervalle de deux concours.
La liste complémentaire cesse automatiquement d'être valide
soit à la date du début des épreuves du concours suivant,
soit, au plus tard, deux ans après son établissement.
Leur admission ne confère pas aux lauréats un droit à être nommés. L'autorité de
nomination est distincte du jury. Elle dispose d’une compétence à la fois liée et discrétionnaire.
En effet, sauf texte contraire, l'autorité administrative n'est pas tenue de nommer les lau-
réats.
Elle peut décider
de ne procéder à aucune nomination,
de prononcer moins de nominations qu’il n’y a de lauréats.
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Mais les nominations doivent être prononcées dans l'ordre d'inscription sur la liste princi-
pale, puis, le cas échéant, dans l'ordre d'inscription sur la liste complémentaire1.
L'autorité administrative a le droit de ne pas nommer
un lauréat dont le comportement révèle qu'il ne présente pas les garanties requises
pour l'exercice des fonctions,
un lauréat qui ne remplissait pas les conditions requises pour concourir - CE, Sect.,
27 avril 1988 Marabuto, n° 24039 ; CE, 29 mai 2000, M. Sangua, n° 184782,
un lauréat qui a décliné une première nomination.
► Dans la fonction publique territoriale, chaque concours donne lieu à l'établissement d'une
liste d'aptitude nationale classant par ordre alphabétique les candidats déclarés aptes par le jury.
L'inscription sur une liste d'aptitude ne vaut pas recrutement ; elle est valable un an et peut
être renouvelée deux fois à la demande de l’intéressé. A l’issue de ces trois ans, le lauréat qui n’a
pas été recruté perd le bénéfice de son concours et est radié de la liste d'aptitude.
1
Si le jury n’a pas arrêté de liste complémentaire, la circonstance que le président de la communauté urbaine ait écrit
au candidat classé cinquième qu’il était « inscrit sur une liste d’attente pour faire éventuellement appel à ses services
si des possibilités de recrutement se présentent dans l’année suivant la date du concours », n’est pas de nature à
conférer à ce candidat un droit à nomination en cas de vacance de poste inopinée - CE, 21 juin 1991, M. Boisson.
2
On peut se demander si le pantouflage ne correspond pas à une tolérance officielle. A preuve, le coût de la pantoufle
est loin de correspondre au coût de la formation : en 1989, il s’élevait à 205 000 ou 350 000 FF pour un élève de l’ENA,
contre un coût de formation de 800 000 FF. Un arrêt a tout de même été considéré comme un coup d’arrêt au pan-
touflage : CE, 6 décembre 1996, Société Lambda, à propos de la nomination de M. Jean-Pascal Beaufret comme sous-
gouverneur du Crédit foncier de France, entreprise qu’il contrôlait en sa qualité de fonctionnaire du Trésor. Pour
l’anecdote, la société Lambda est l’un des actionnaires du Crédit foncier ; et, indique le commissaire du gouvernement
Denis Piveteau, sous cette société « transparaît son gérant, M. Géniteau, qui a déjà donné bien des preuves de son
acharnement contentieux. »
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4 - Le contentieux du concours
Le concours est une « opération complexe ». Autrement dit, c’est une procédure qui se clôt
par une décision en vue de laquelle plusieurs actes ont été successivement édictés. Certains de ces
actes ont un caractère réglementaire, d'autres sont des décisions d’espèce ou des décisions indivi-
duelles.
► Mais, dans tous les cas, l'exception d'illégalité est recevable. A l'appui d'un recours pour
excès de pouvoir formé contre la décision finale - la nomination -, on peut exciper de l'illégalité de
l'un quelconque des actes qui l'ont précédée.
► La juridiction administrative a compétence à l'égard de ce contentieux. Le Conseil d’Etat
connaît en premier (et, bien sûr, dernier) ressort des recours dirigés contre les concours organisés au
plan national. Quels sont les requérants ?
les personnes qui ont pris part aux épreuves sont recevables à en solliciter l'annulation
en se fondant sur l'irrégularité de l'une quelconque des différentes phases.
les personnes qui n'ont pas participé au concours. Deux hypothèses doivent être distin-
guées :
1. Elles n’ont pas fait acte de candidature alors qu’elles remplissaient les conditions
pour se présenter au concours. Elles ne peuvent appuyer leur recours que sur l’irrégularité
de l’ouverture du concours, par exemple sur le défaut de publicité;
2. Elles ont fait acte de candidature, mais elles n’ont pas été admises à concourir. Elles
sont recevables uniquement à attaquer la décision établissant la liste des candidats.
► A signaler que le juge des référés peut être saisi à tous les stades du concours au titre aussi
bien d’un référé-suspension que d’un référé-liberté.
Présentation :
Le référé-suspension est une procédure substituée au sursis à exécution par la loi
n° 2000-597 du 30 juin 2000 relative au référé devant les juridictions administratives (article
L. 521-1 du code de justice administrative).
Le référé-suspension permet d'obtenir d'un juge, en principe statuant seul en la forme
écrite ou orale des référés, la suspension provisoire de l'exécution d'une décision administra-
tive, même de rejet, faisant l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, à la double
condition
1. que l'urgence le justifie
2. et qu'il soit fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute
sérieux quant à la légalité de ladite décision.
Relativement à la première condition, le Conseil d’Etat précise :
« […] la condition d'urgence à laquelle est subordonné le prononcé d'une mesure de
suspension doit être regardée comme remplie lorsque la décision administrative con-
testée préjudicie de manière suffisamment grave et immédiate à un intérêt public, à la
situation du requérant ou aux intérêts qu'il entend défendre […] » - CE, Sect., 19 jan-
vier 2001, Confédération nationale des radios libres.
En fait, l’urgence s’apprécie « concrètement » et « objectivement » compte tenu des
« justifications fournies par le requérant » et de « l'ensemble des circonstances de chaque es-
pèce » - CE, Sect., 19 janvier 2001, Préfet des Alpes-Maritimes et Société Sud-Est As-
sainissement.
Illustrations :
1. CE, 26 avril 2001, Syndicat lutte pénitentiaire de l'union régionale Antilles Guyane,
ordonnance n° 232869 : un arrêté fixant aux 24 et 27 avril 2001, les dates limites pour, respec-
tivement, retirer puis déposer les dossiers de candidature au concours professionnel pour l'ac-
cès au grade de premier surveillant des services déconcentrés de l'administration pénitentiaire
n'a été pris par le ministre de la Justice que le 17 avril 2001 et publié au Journal officiel que le
samedi 21 avril 2001. Le juge des référés du Conseil d'État a jugé que, compte tenu des délais
en cause et de l'objet de la décision litigieuse, la condition d'urgence était remplie et que le
moyen tiré de l'insuffisance du délai dont auraient disposé les candidats pour effectuer
les démarches d'inscription était propre à créer un doute sérieux sur la régularité des
opérations du concours ainsi organisé. Toutefois, il y avait non-lieu à statuer sur la demande
de suspension, le ministre de la Justice ayant, postérieurement à l'introduction du référé, repor-
té les dates litigieuses.
2. CE, 23 août 2001, Syndicat national des ingénieurs et des cadres de l'Aviation civile,
ordonnance n° 236386 : un arrêté interministériel fixe le nombre et la répartition des places of-
fertes au titre de l'année 2001 pour le recrutement d'ingénieurs de l'Aviation civile. Le juge des
référés du Conseil d'Etat, pour constater que la condition d'urgence était remplie, a tenu le rai-
sonnement suivant. Il a d'abord relevé qu'à la date à laquelle débuteront les cours de l'Ecole
nationale de l'Aviation civile - octobre 2001 -, le Conseil d'Etat n'aura pas été en mesure de se
prononcer sur la requête en annulation dirigée contre cet arrêté. Il en a ensuite déduit que l'ap-
plication de l'arrêté litigieux risquait de causer aux élèves retenus un grave préjudice en les
privant de la possibilité de faire, en temps utile, pour le cas où l'arrêté serait annulé, un autre
choix de scolarité et de carrière.
3. CE, 11 juillet 2001, Mme Barège, ordonnance n° 235603 (précitée) : un candidat au
CAPES d'éducation musicale et de chant choral n'avait pu concourir faute pour l'Administra-
tion d'avoir été à même de distribuer les sujets. Il a été jugé que le moyen tiré de ce que les
conditions de déroulement des épreuves d'admissibilité auraient porté atteinte au principe
d'égalité entre les candidats était propre à créer un doute sérieux quant à la régularité du con-
cours dans son ensemble. Le juge des référés a ensuite constaté que la condition d'urgence
était remplie eu égard tant aux conditions de préparation des candidats à un concours qui im-
pliquent la maîtrise de connaissances appropriées et actualisées qu'à la circonstance que les
candidats déclarés admis sont sur le point d'être, soit nommés dans un emploi public soit en-
gagés dans un cycle de formation particulier.
4. CE, 4 mai 2001, Association pour l'égalité républicaine à l'École polytechnique, ordonnance
n° 232120 : ne justifie pas de l'urgence de la suspension de l'arrêté du ministre de la Défense modifiant
l'arrêté du 18 mars 1999 relatif aux différentes filières du concours d'admission à l'École polytechnique
qu'elle demande, l'association requérante qui se borne à soutenir que cet arrêté mettrait en cause le prin-
Droit de la fonction publique – Chapitre III 28/39
cipe d'égal accès aux établissements d'enseignement supérieur et aux emplois publics et que la sécurité
juridique commande de prévenir les effets d'une éventuelle annulation contentieuse des épreuves d'ad-
mission en cours afférentes à cette filière.
1 - Le stage et la titularisation
Sauf dispositions contraires, la nomination n'emporte pas ipso facto titularisation. La nomi-
nation se traduit par l'attribution d'un emploi, la titularisation par la collation d'un grade.
1. Le stagiaire a droit à un stage régulier, sinon le refus de le titulariser ne pourrait être lé-
gal – CE, 13 janvier 2010, Commune de Lattes c/ M. Djemal A. n° 314923 ;
2. Le refus de titularisation pour motif disciplinaire de même que le licenciement en cours
de stage - quelles qu’en soient les raisons - doivent être motivés. L'administration doit également
communiquer au stagiaire son dossier. Ces contraintes s’expliquent : le stagiaire acquiert un droit
du fait de sa nomination, celui de rester dans le service jusqu'au terme de son stage. Et, en vertu de
la loi du 11 juillet 1979, les mesures abrogeant des décisions créatrices de droit doivent être moti-
vées. Qui plus est, la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000, relative aux droits des citoyens dans leurs
relations avec les administrations, les inclut dans le champ de la procédure contradictoire.
3. Le fonctionnaire stagiaire ne peut être licencié pour insuffisance professionnelle que
lorsqu'il est en stage depuis un temps au moins égal à la moitié de la durée normale du stage. La
décision de licenciement est prise après avis de la commission administrative paritaire ;
4. L’annulation pour un motif de fond d’un refus de titularisation peut impliquer nécessai-
rement la titularisation de l’agent – CE, 12 juin 1999, Robert : « Considérant que par un jugement en
date du 13 février 1991, le tribunal administratif de Saint-Denis de la Réunion a annulé, en raison d'une
erreur manifeste dans l'appréciation de l'aptitude de l'intéressé à être titularisé, la décision par laquelle le
maire de la commune de La Plaine-des-Palmistes a refusé de titulariser M. R. à l'issue d'une seconde pé-
riode de stage ; qu'en exécution de ce jugement, devenu définitif, il appartenait au maire, d'une part, de
réintégrer M. R. dans ses fonctions à la date du 28 juin 1990, à laquelle il avait été irrégulièrement licencié
et, d'autre part, compte tenu du motif sur lequel s'était fondé le tribunal administratif et en l'absence de
toute circonstance invoquée par la commune, qui aurait pu y faire obstacle, de procéder à sa titularisa-
tion […] » ;
5. La décision de titularisation fait naître des droits au profit de l’ex stagiaire. Inversement,
le refus de titularisation crée également des droits au bénéfice des fonctionnaires du corps concerné.
Dans les deux cas, le retrait ne peut être décidé que pour illégalité et aussi longtemps que l'acte n'est
pas devenu définitif.
Voir
pour la fonction publique de l’Etat, le décret n° 94-874 du 7 octobre 1994 fixant les dispo-
sitions communes applicables aux stagiaires de l'Etat et de ses établissements publics,
Droit de la fonction publique – Chapitre III 30/39
s’agissant de la fonction publique territoriale, le décret n° 92-1194 du 4 novembre 1992
fixant les dispositions communes applicables aux fonctionnaires stagiaires de la fonction pu-
blique territoriale,
en ce qui concerne la fonction publique hospitalière, le décret n° 97-487 du 12 mai 1997
fixant les dispositions communes applicables aux agents stagiaires de la fonction publique
hospitalière.
2 - La notation et l'avancement
a - La notation
Le chef de service établit, pour chaque fonctionnaire, une fiche annuelle de notation com-
portant trois éléments :
1. Une note chiffrée. Elle est fixée selon une cotation variable. Elle est définitive sous ré-
serve d’une péréquation opérée au sein d’un même grade ou d’un même corps ;
2. Une appréciation d’ordre général exprimant la valeur professionnelle du fonctionnaire
et son aptitude à des tâches correspondant au grade supérieur. Il est recommandé de tenir compte
des connaissances professionnelles du fonctionnaire, de son efficacité, de son sens de l’organisation
et de ses qualités d’exécutant;
3. Des indications sommaires fournies éventuellement par l’intéressé lui-même et se rap-
portant aux fonctions ou affectations qui lui paraîtraient les plus conformes à ses aptitudes - Fonc-
tion publique de l’Etat, décret du 14 février 1989.
La note et l’appréciation portent sur l’ensemble des services accomplis par le fonctionnaire
pendant l’année au titre de laquelle la notation est effectuée - CE, 22 avril 1992, Département de
l’Hérault.
En principe, seule la note chiffrée est portée à la connaissance de l’intéressé. Toutefois, à la
requête de ce dernier, la commission administrative paritaire doit demander au chef de service la
communication au fonctionnaire de l’appréciation d’ordre général.
De même, à la requête de l’intéressé, la commission administrative paritaire peut proposer
au chef de service la révision de la notation.
Le fonctionnaire conserve la faculté de former un recours administratif - gracieux ou hiérar-
chique - ou de saisir la juridiction administrative.
Cette dernière possibilité a été reconnue par l'arrêt CE, 23 novembre 1962, Camara - con-
trôle restreint. Auparavant, le Conseil d’Etat avait successivement considéré la décision de notation
comme une mesure d'ordre intérieur - donc insusceptible de recours contentieux,
comme une mesure préparatoire : elle était insusceptible de recours contentieux direct.
On pouvait se prévaloir de son illégalité à l'appui d'un recours formé contre la décision
qu'elle préparait.
► La note chiffrée et l'appréciation générale forment un tout indivisible. Par suite, est irre-
cevable une demande d'annulation dirigée uniquement contre l'un de ces deux éléments: C.A.A. de
Nantes, 5 octobre 2000, M. Yvon Royer.
Le juge censure toute violation substantielle des normes statutaires : CE, 19 novembre 1993,
Ministre de l'Éducation nationale et de la Culture c/Mlle Oheramy et Madame Leroux. Les ensei-
gnants du second degré - agrégés et certifiés - reçoivent deux notes. L'une dite pédagogique - sur 60
- est attribuée par l'inspecteur de la discipline, l'autre dite administrative - sur 40 -, par le recteur sur
proposition du chef d'établissement. Ces notes évaluent la première les qualités pédagogiques, la
seconde le comportement de l'enseignant. Deux enseignantes du lycée Grandmont de Tours refusent
de recevoir en février 1985 l'inspecteur pédagogique régional de leur discipline venu évaluer leur
travail. Le ministre de l'Education nationale décide alors de fixer à zéro leur note pédagogique. Se-
lon le Conseil d’Etat, cette décision est constitutive d’une erreur de droit.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 31/39
Faute d'avoir été attaquée dans le délai contentieux, la décision de notation devient défini-
tive. Et son illégalité éventuelle ne peut plus être invoquée ultérieurement.
b - L'avancement d’échelon
Rappel : L’avancement d'échelon a lieu de façon continue d’un échelon à l’échelon immé-
diatement supérieur. Il est fonction à la fois de l'ancienneté et de la valeur professionnelle du fonc-
tionnaire exprimée par la notation. Il se traduit par une augmentation de traitement.
Dans les fonctions publiques territoriale et hospitalière, on distingue :
1. L’avancement d'échelon à l’ancienneté maximale. Elle est accordée de plein droit.
2. L’avancement d'échelon à l’ancienneté minimale ou réduite. Elle bénéficie au fonction-
naire dont la valeur professionnelle le justifie. Le juge n’exerce qu’un contrôle restreint sur la déci-
sion d’accorder ou de refuser cet avancement : CE, 11 mars 1992, Ville d’Angers c/ Mme Rouillard.
En l’espèce, le maire a entaché sa décision d’une erreur manifeste d’appréciation, son refus étant
contredit par la note attribuée à l’intéressée.
Dans la fonction publique de l’Etat, il est attribué aux fonctionnaires, dans chaque corps, des
réductions ou des majorations par rapport à l’ancienneté exigée pour un avancement d’échelon. Les
décisions se fondent sur les notes chiffrées.
Il s'agit des différentes situations juridiques - statutaires - dans lesquelles peut être placé le
fonctionnaire au cours de sa carrière. Tout fonctionnaire se trouve nécessairement dans l’une de ces
six positions.
1 - L'activité
► C’est « la position du fonctionnaire qui, titulaire d'un grade, exerce effectivement les
fonctions de l'un des emplois correspondant à ce grade ». Il s’agit de la position normale du fonc-
tionnaire.
Elle peut faire l'objet de deux aménagements : la mise à disposition et le service à temps
partiel.
► La mise à disposition est la situation du fonctionnaire qui
demeure juridiquement dans son corps d'origine,
est réputé occuper son emploi,
continue à percevoir la rémunération correspondante,
mais qui effectue son service dans une autre administration que la sienne.
Elle a lieu uniquement - conditions cumulatives -
en cas de nécessité de service,
avec l’accord du fonctionnaire,
au profit de l’employeur originel, d’un organisme privé d’intérêt général ou d’une
organisation internationale.
Même s'il continue de dépendre de son administration d'origine et de percevoir son traitement,
un fonctionnaire mis à disposition d'une personne morale de droit privé pour exercer des fonctions
dans un rapport de subordination est lié à celle-ci par un contrat de travail de droit privé – TC, 15
mars 2010, M. Bonato c/ APEILOR, n° 3692.
Le fonctionnaire peut être autorisé à travailler à temps partiel sous réserve des nécessités du
service. La durée de l’autorisation n’excède pas trois ans. Les quotités possibles sont 50%, 60%,
70%, 80%, 90% - ainsi que 75% dans la seule fonction publique hospitalière.
L’autorisation de travailler à mi-temps est accordée de plein droit aux fonctionnaires à
l’occasion
de chaque naissance jusqu’au troisième anniversaire de l’enfant,
de chaque adoption jusqu’à l’expiration d’un délai de trois ans à compter de l’arrivée
au foyer de l’enfant adopté.
Les fonctionnaires peuvent également bénéficier d’un mi-temps thérapeutique, à la suite
d’un congé de longue maladie ou de maladie de longue durée.
Le fonctionnaire est réputé demeurer en activité pendant les périodes de congés statutaires
ou d'autorisations d'absence.
1
Il est tenu compte du lieu de résidence habituel, c’est-à-dire le centre des intérêts moraux et matériels de l’intéressé.
Ne satisfait pas, par exemple, à cette condition l’agent qui a passé la plus grande partie de sa vie en métropole où il
Droit de la fonction publique – Chapitre III 33/39
2. Le congé de maternité. Sa durée est variable :
1er ou 2e enfant :
Congé prénatal : 6 semaines avant la date présumée de l’accouchement,
Congé postnatal : 10 semaines après la date de l’accouchement.
Possibilité report du congé prénatal sur le congé postnatal, mais le congé prénatal doit
être d’au moins 2 semaines avant la date présumée de l’accouchement.
3e enfant ou plus : Si la femme ou le ménage assume déjà la charge d’au moins 2 enfants
ou si l’intéressée a déjà mis au monde 2 enfants nés viables.
Naissances multiples :
Grossesse gémellaire. Le congé légal de maternité commence 12 semaines avant la date
présumée de l’accouchement et se termine 22 semaines après la date de l’accouchement,
soit 34 semaines. La période prénatale peut être augmentée de 4 semaines au maximum.
La période postnatale est alors réduite d’autant.
Grossesse de triplés ou plus. Le congé de maternité débute 24 semaines avant la date
présumée de l’accouchement et se termine 22 semaines après la date de l’accouchement
soit 46 semaines. Compte-tenu de la durée du congé prénatal, il n’est pas prévu de repor-
ter une partie du congé postnatal sur le congé prénatal.
Durant le congé de maternité, la femme perçoit le plein traitement même si elle travaillait à
temps partiel - CE, 12 février 1997, Mme Touchard.
3. Le congé de paternité. Le congé est accordé, sur demande du père, pour une durée de
onze jours consécutifs et non fractionnables ou pour une durée de dix-huit jours en cas de nais-
sances multiples.
Les onze ou les dix-huit jours se décomptent dimanches et jours non travaillés compris.
Le congé doit être pris dans les quatre mois suivant la naissance de l’enfant, sauf en cas de
report pour hospitalisation du nouveau-né – Cf. aussi congé de présence parentale.
4. Le congé d’adoption. Les deux (le cas échéant) conjoints y ont droit. Le conjoint qui re-
nonce peut bénéficier de 3 jours de congé consécutifs ou non, à prendre dans les 15 jours suivant la date de
l’arrivée au foyer de l’enfant adopté.
La durée du congé d’adoption débute à compter de la date d’arrivée de l’enfant au foyer est variable.
* 1er ou 2e enfant à charge : 10 semaines
* 3ème enfant à charge ou plus : 18 semaines
* Adoptions multiples : quel que soit le nombre d’enfants à charge du ménage ou de l’intéressé, la
durée du congé est allongée de 22 semaines;
6. Le congé de maladie. Sa durée ne peut excéder un an1. Le fonctionnaire conserve
l’intégralité de son traitement pendant 3 mois. Puis le traitement est réduit de moitié pendant les
neuf mois suivants - sauf maladie contractée à l’occasion du service1;
réside depuis l’âge de douze ans - CE, 23 septembre 1996, Mlle Ramon. Les études supérieures effectuées en métro-
pole ne sont pas un obstacle - CE, 23 septembre 1996, M. Sainsilly.
A cet égard, la Guadeloupe et la Martinique sont considérées comme formant « un même département d’outre-
mer ». En conséquence, les fonctionnaires en service en Guadeloupe et ayant leur résidence habituelle en Martinique
(ou l’inverse) ne peuvent prétendre au congé bonifié à destination de leur résidence habituelle. Ils peuvent bénéficier
du régime de congé bonifié à destination de la métropole, dans ce cas, prise en charge à 50% après 60 mois de service
ininterrompu, ou à 100% après 120 mois.
1
La circonstance que l’agent serait absent de son domicile pendant son congé de maladie n’autorise pas
l’administration à remettre en cause le bien-fondé de celui-ci - CE, 11 décembre 1991, Ministre des Postes et Télé-
communications c/ Roth.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 34/39
7. Le congé de longue maladie. Il a une durée maximale de trois ans. Le fonctionnaire
conserve l’intégralité de son traitement pendant un an. Puis le traitement est réduit de moitié pen-
dant les deux années qui suivent - sauf maladie contractée à l’occasion du service;
8. Le congé de maladie de longue durée. Il est accordé à la suite de certaines affections
- tuberculose, maladie mentale, cancer, poliomyélite, Sida. Il dure cinq ans, avec traitement réduit
pendant deux ans - sauf maladie contractée à l’occasion du service;
9. Le congé de formation professionnelle;
10. Le congé pour formation syndicale - 12 jours;
11. Le congé spécial - six jours - accordé aux fonctionnaires âgés de moins de vingt-
cinq pour leur permettre de participer aux activités des organisations de jeunesse2.
À signaler que les enseignants-chercheurs peuvent bénéficier d’un congé pour re-
cherches ou conversions thématiques d’une durée de six mois ou un an sous réserve d’avoir exercé
en position d’activité pendant les six années précédentes3 - congé sabbatique, décret du 6 juin 1984,
article 19.
2 - Le détachement
► C'est « la position du fonctionnaire placé hors de son corps d'origine mais continuant à
bénéficier, dans ce corps, de ses droits à l'avancement et à la retraite. »
Il est prononcé sur la demande4 du fonctionnaire ou d'office. Dans ce dernier cas, la com-
mission administrative paritaire doit être consultée.
Le détachement est de courte durée - six mois non renouvelables - ou de longue durée - cinq
ans renouvelables. Il est révocable avant terme.
Il peut avoir lieu auprès
d'une administration ou d’un établissement public de l’Etat,
d’une collectivité territoriale,
d’une entreprise ou d'un organisme privé d’intérêt général ou de caractère associatif,
d’une organisation internationale.
Il peut également permettre à l’intéressé
de dispenser un enseignement à l’étranger
ou d’exercer les fonctions de membre du gouvernement, une fonction publique élec-
tive ou un mandat syndical.
La loi n° 99944 du 15 novembre 1999 relative au pacte civil de solidarité (PACS) a inscrit au
nombre des bénéficiaires d'un droit de priorité pour bénéficier d'un détachement, lorsque les possibilités de
mutation sont insuffisantes, les fonctionnaires séparés pour des raisons professionnelles du partenaire avec
lequel ils sont liés par un pacte civil de solidarité.
Dans l'ordre des prioritaires, ces fonctionnaires viennent après les fonctionnaires séparés de leur con-
joint pour des raisons professionnelles et avant les fonctionnaires ayant la qualité de travailleur handicapé.
1
Un fonctionnaire ne peut cesser son travail pour effectuer une cure thermale en dehors des congés annuels sauf si
cette cure est médicalement nécessaire pour l’exercice des fonctions - CE, 31 mai 1996, M. C.
2
Un fonctionnaire peut bénéficier d’une autorisation d’absence pour participer à une fête religieuse non officielle - CE
12 février 1997, Mlle Henry.
3
Selon le Conseil d’Etat, ces dispositions ne font pas obstacle à ce qu’un même enseignant bénéficie de plusieurs
congés sabbatiques au cours de sa carrière - CE, 25 septembre 1996, M. Torasso. Il est vrai que le ministre accorde
ledit congé au vu des projets présentés par les candidats sur proposition des sections du Conseil supérieur des univer-
sités ou des conseils scientifiques des établissements.
4
La décision par laquelle l’autorité compétente rejette cette demande n’a pas à être motivée - CE, 15 mars 1993,
Vaillant.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 35/39
Le fonctionnaire détaché est soumis aux règles régissant la fonction qu’il exerce par l’effet
de son détachement. En fait sa situation est passablement complexe :
1. En cas de détachement de longue durée, il est noté par le chef du service de détache-
ment. Mais, en matière disciplinaire, il relève des règles de son corps d’origine ;
2. Il continue d’avancer dans son corps d’origine. Dans le service de détachement, il a
droit aux avancements d’échelon. Cette solution s’explique aisément : le fonctionnaire détaché est
régi, en ce qui concerne sa rémunération, par les dispositions applicables au corps d’accueil - CE,
21 juin 1996, Ministre de l’Education nationale c M. B ; un avancement d’échelon dans le corps
d’origine est sans influence sur sa situation dans le corps d’accueil. L’avancement de grade peut lui
être refusé par le statut particulier du corps de détachement - CE, Sect., 28 février 1997, Ministre de
la Défense c/ Mme Cruette.
4 - La disponibilité
► C'est « la position du fonctionnaire qui, placé hors de son administration d'origine, cesse
de bénéficier de ses droits à l'avancement et à la retraite ».
La disponibilité est prononcée selon l’une des deux modalités suivantes :
1. soit d’office lorsque le fonctionnaire ne peut reprendre son service à l'issue de l'un
des congés de maladie.
2. soit à la demande du fonctionnaire
Droit de la fonction publique – Chapitre III 36/39
6 - Le congé parental
► C'est la position du fonctionnaire placé hors de son administration ou service d'origine
pour élever son enfant.
Il est accordé à la mère ou au père à l’occasion d’une naissance ou de l’adoption d’un enfant
de moins de trois ans. Il dure au maximum trois ans.
Dans cette position, le fonctionnaire n’acquiert pas de droit à la retraite. Il conserve ses
droits à l’avancement d’échelon réduits de moitié.
A l'expiration de son congé, le fonctionnaire réintégré de plein droit, au besoin en sur-
nombre, dans son corps d’origine.
Droit de la fonction publique – Chapitre III 37/39
1 - La limite d’âge
La mise à la retraite pour accession à la limite d'âge est le mode normal de cessation des
fonctions.
Techniquement, la limite d'âge se présente comme le seuil au-delà duquel le fonctionnaire
est censé devenir inapte au service. Juridiquement, sa détermination ressortit à la compétence du
législateur - il s'agit en effet d'une garantie fondamentale. Elle varie selon la nature des fonctions.
Actuellement, sauf dérogation expresse, elle est fixée
à 65 ans pour les fonctionnaires dits sédentaires - de catégorie A,
à 60 ans pour les fonctionnaires dits actifs - essentiellement de catégorie B.
Toutefois, des reports sont prévus, par exemple,
pour les fonctionnaires qui ont à leur charge des enfants de moins de 21 ans - report
d’une année par enfant dans la limite de trois,
pour les professeurs d’université, les membres du Conseil d’Etat ou de la Cour des
Comptes - 68 ans.
L'agent perd en principe son droit au traitement même s'il continue à remplir ses anciennes
fonctions. Cependant, il a droit à une indemnité, si l'administration l’a maintenu en service.
2 - La démission
► C'est la décision par laquelle le fonctionnaire signifie à l'administration sa volonté de quit-
ter définitivement la fonction publique.
La démission doit résulter d'une demande écrite manifestant la volonté expresse du fonc-
tionnaire.
Le juge tient pour irrégulières :
une démission verbale (elle est sans effet),
une promesse de démission,
une démission conditionnelle,
une démission entachée d'un vice du consentement.
La démission ne produit d'effet que si elle est acceptée par l'autorité compétente,
c'est-à-dire par l'autorité investie du pouvoir de nomination - différence avec l'abandon de poste.
L'acceptation d'une démission non présentée équivaut à une révocation.
Le refus ou l'acceptation relève d'une compétence discrétionnaire - CE, 19 mars 1997, M.
Desmoineaux, n° 134197 : « Aucune disposition de loi ou de règlement ne limite le pouvoir du mi-
nistre d’apprécier, selon l’intérêt du service, si la démission offerte par un fonctionnaire doit être
ou ne pas être acceptée […] »
Tant que la démission n’a pas été acceptée, le fonctionnaire reste soumis à ses obligations
statutaires. Mais paradoxalement, s’il méconnaît cette règle, il encourt le licenciement pour abandon
de poste - Cf. arrêt Desmoineaux précité.
Le fonctionnaire peut saisir la commission administrative paritaire du refus d’accéder à sa
démission.
L'acceptation de la démission la rend irrévocable. La lettre par laquelle l’agent entend retirer
sa démission doit parvenir à l’autorité de nomination avant que celle-ci ne se prononce - CE, 28 juin
1996, M. C.
La démission prend effet à la date fixée par cette autorité. Si l'exclusion du fonctionnaire
n'intervient pas dans un délai raisonnable, la démission devient caduque.
Des règles originales encadrent les démissions au sein de l’Armée. En effet, l’article 80-1 de
la loi n° 72-662 du 13 juillet 1972 portant statut général des militaires dispose :
« Les statuts particuliers peuvent prévoir que la démission de l'officier de carrière qui, parvenu au
terme de l'engagement exigé lors de l'entrée dans les écoles militaires, n'a pas acquis de droit à pension de
retraite à jouissance différée, sera acceptée dans la limite d'un contingent annuel fixé par corps. Dans ce
cas, les demandes de démission sont satisfaites dans l'ordre croissant des âges. »
3 - Le licenciement et la révocation
Les motifs sur lesquels ils se fondent permettent de les distinguer.
Le licenciement a un fondement non disciplinaire ; il peut intervenir
a. pour insuffisance professionnelle. Le juge exerce un contrôle normal sur la décision ad-
ministrative. Il s’assure, par exemple, qu’elle ne constitue pas une sanction disciplinaire déguisée.
Exemple : CE, 16 octobre 1992, Chambre d’agriculture des Ardennes, n° 111381. A été ju-
gé illégal un licenciement pour insuffisance professionnelle motivé, en fait, par
o le défaut de diligence dans l’accomplissement du service,
o l’opposition aux ordres de service,
o le dénigrement de la direction.
Selon le Conseil d’Etat, ces faits constituent, en réalité des fautes disciplinaires.
Si le fonctionnaire est titulaire, le licenciement pour insuffisance professionnelle ne peut in-
tervenir qu'après avis :
du conseil de discipline, dans les fonctions publiques d'Etat et territoriale,
de la CAP, dans la fonction publique hospitalière.
b. pour abandon de poste. Aucun avis de la commission administrative paritaire (CAP) ou
du conseil de discipline n'est nécessaire.
c. après trois refus successifs d'offre d'emploi, à l'issue d'une disponibilité,
d. dans la fonction publique territoriale,
à l'issue d'un détachement sur un emploi fonctionnel,
après trois refus d'offre d'emploi, lors d'une prise en charge par le centre national de
la fonction publique territoriale (CNFPT) ou par un centre de gestion,
e. dans la fonction publique hospitalière, après trois refus d'offre d'emploi, lors d'une prise
en charge à la suite d'une suppression d'emploi.
La révocation constitue, quant à elle, une sanction disciplinaire. Elle ne peut donc
être prononcée que pour faute disciplinaire et dans le respect de la procédure prévue en matière dis-
ciplinaire
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