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PROF. Dr. I.

GHEORGOV

La Question
Mace'faonienne

Extrait
de La
REVUE BULGARE
(Juin 1928)

Union Bulgare ,,Otetz PaIssi"


Sofia
PROF. rR. 1. GHEORGOV

Toujours la question mace-


donienne
La question macédonienne, qui commence de nouveau a
agiter l'opinion publique non seulement en Europe, mais
aussi en Pmérique, est Ia consequence fatale du traité de
Berlin. La Russie avait,' en 1878, après une guerre victori-
euse, réussi a mettre une fin naturelte a I'épineuse question
d'Orient en créant, dans le traité de San Stéfano, une Bul-
garie qui englobait presque tout le territoire de la Presqu'IIe
'Balkanique habité par les Bulgares.
Maiheureusernent, les Grandes Puissances, réunies au
Congrès de Berlin et guidees par des motifs mat fondés et
non par les intérêts des populations chrétiennes qui avaient
•dci supporter pendant des sicIes un joug affreux, détruisi
rent d'un cur léger I'ceuvre de San Stéfano et découpèrent
Ia Bulgarie ethnographique de ce traité en trois tronçons dont
Pun était de nouveau rejeté sous Ia domination que les mêmes
Puissances, a peine 18 mois aupalavant, avaientflétrieâ Ia con-
férence de Con'stantinople. La malheureuse Macédoine fut
vouée a ce sort inhumain. Mais jrornme on sentait la grnde
injustice commise envers ce pays, injustice qui ne pouvait ne
pas choquer !'opinion publique et qu'on voulait faire illusion
au public on prévoyait dans Particle 23 du traité de Berlin
une sore d'autonomie pour Ia Macédoine.
II West pas douteux que les Puissances signataires du
traité ne croyalent pas etles-mêmes a l'efficacité de cette
stipulation, puisque, au congres même, le prince de Bismarck
avait dit que ,,l'Europe doit garantir d'une manière efficace un
meilleur sort a la population de I'Orient" et Lord Salisbury
s'était exprimé dans des termes encore plus précis en décla-
ri
rant: ,,Si les Puissances ne parviEnnenf pas a faire instaurer
une administration durable et efficace dans ces contrées,
elles auront elles-mêmes la responsabilité du renouvellement
inevitable des souffrances qui ont éveillé une si générale com-
passion en Europe et qui ont été la cause d'événements si
importants." Enfin le prince Gortchakov avait sOrement expr
me le mieux cetjue les auteurs eux-mêmes du traité de Ber-
lin pensalent de telles stipulations prévues dans !'article 23-
du traité en remarquant ,,que ces stipulations Wont jamais.
été remplies et qu'el!es Wont jamais écarté les abus et les me-
faits reels".
Cette oeuvre de Berlin montra bientôt toute sa fragilite.
Peu de temps après que les coryphées de Ia diplomatie euro-
péenne eurent institué le nouvel ordre dans les Balkans, leur
edifice artificiel commença a montrer de dangereuses fissures.
II. n'y a pas eu de traité international qui ait créé un état plus
miserable et plus instable que cet acte de démembrement de
la Bulgarie. Et I'ceuvre s'est bien vengée de ses auteurs; car
depuis elle ne leur a pas donn de repos. Sans cesse ils
ont eu le regard fixé sur ce coin dangereux oü l'on avait créé'
par le démembrement des pays bulgares, une situation com-
portant toutes les surprises. Et nous voyons, en effet, a peine
sept ans après le congrès, éclater un beau jour la revolution
de Philippople, qui aurait pu rouvrir la question d'Orient et
qui a conduit a la guerre fratricide entre Serbes et Bulgares.
Et si ce démembrement de la Bulgarie n'est pas La cause de
La guerre mondiale qui a eu encore d'autres causes, en tout cas
on ne peut pas méconnautre que cette guerre affreuse est
liée fatalement a l'avorton né du congrès de Berlin. Car l'en-
chevêttement des événements qui ont conduit a La guerre mon-
diale est né de la situation intenable a La longue, créée par
le traité de Berlin en Macédoine. C'est ce qui a été reconnu
par des personnalités compétentes en cette matière. Citons
seulement trois autorités dont on ne niera pas la compé-
tence. Mr. le prof. ?ulard a dit, dans un article publié Le 9
aoüt 1924 dans le ,,Quotdien", que c'est toujours dans les Bal-
kans qu'ont flambé les grands incendies. Mr. le prof. Hcetzsch
de Berlin aécrit en 1918 que la Macédoine était ,,le foyer d'oü
pouvalent jaillir a tout moment les étincelles qui en effet ont
allumé la guerre mondiale". Enfin Mr. Beneg reconnut dans
tine série d'artkles publiées en 1925 et 1926 dans la revue
tchque ,,3lovansk Pfehled" que la question macédonienné,
en entralnant avec elle I'affaiblissement de ['Empire Ottoman,
a été le fait qui a déclanché, par un enchvêtrement fatal
des événements, la guerre mondiale.
F peine la Macédoine, qui un moment avait entrevu la
liberté surgir devant elle comme une fata morgana, á-t-elle
été de nouveau rejetée sous le régime abominable qu'elle avait
du subir pendant des sècIes, que sa population a commence
a s'agiter et a s'organiser pour allégr sa situation. Elie vu-
lait forcer les Grandes Puissances, qui avaient formellement
prs l'engagement de veiller a ce que les anciens abus et me-
faits du régime turc ne se renouvellassent pas, a insister au
près de la Sublime Porte pour qu'elle introduisIt le régime pré•
vu dans le traité de Berlin. Les Puissances ne parvenant pis
a améliorer la mauvaise situation en Macédoine, la situation,
y empirant chaque jour, conduisit a I'alliance entre les pays
balkaniqus et a la guerre qui en resulta et qui fut victorleuse
pour les allies, amenant enfin la Iibératon du pays.
Malheureusement, les pays balkaniques, ne pouvant pas
tomber d'accord sur le sort de la Macédoine que les Serbes
et les Grecs réclmaient Presque toute entière malgré des
textes clairs dans les traités entre les allies, s'entre-déchirêrent
dans un guerre fratricide dant la Bulgark sortit vaincue. La
suite en fut que, par le traité de Bucarest, la Macédoine, pour
la délivrance de laquelle la Bulgarie avait fait la gurre contre
la Turquie, fut dans sa plus grande partie prtagée entre la
.Serbie et la Grèce.
La Bulgarie, qui avait tout risque pour la MacédDine,
habitée principalement par ses connationaux, ne pouvait pas
facilement oublier ce résultat funeste. Et c'est justement cette
solution malencontreuse de la question macédonienne qui. après
le déclanchement de la guerre entre l'Entente et les Puissances
Centrales, amena la Bulgade dans le camp de ces dernières
avec l'aide desquelles elle espérait délivrer la Macédoine du
nouveau joug qui s'annonçait pire que selui sous lequel die
avait gemi tant de sicles. Car les nouveaux maltres avaient
commence par persécuter tout ce qui y était bulgare pendant
plus d'une dizaine de siècles, voulant vite dénatonaIiser la
population bulgare et la serbiser ou la gréciser.
1.1

Mais, par maheur, l'issue de la guerre mondiale confirma


le sort de la Macédoine, enlevant a la Bulgarie encore de
nouveaux lambeaux du territoire macédonien.
La Macédoine a été le berceau de la civilisation bulgare
déjà les premiers temps du moyen age. C'est là aussi qu'a
con-irnencé°la nouvelle renaissance du pupIe bulgare au XVIII-e
siècle. Le moine Paissi qui, du mont Athos, a le premier
éievé Ia voix en 1762 pour reveller la netion bulgare de son
sommeil séculaire, était Bulgare macédonien du Razlog. C'est
A Skopié que les Bulgares se sont les premiers soulevés contre
le joug spirituel des Phanariotes grecs et ont demandé un
clergé national bulgare. Pt la même époque, - c'était dans-
les premieres decades du XIX-e siècle, - un Bulgare n-lace-
donien de Kitchévo faisait imprimer a Budapest ies premiers
Iivres en langue bulgare moderne. Le père de I'enseignement.
scolaire bulgare, Neophyte Rilski, est originaire de la Macé-
doine, ofi a été ouverte aussi la premiere imprimerie buliare..
Rappelons encore que la premiere collection ds chansons bul-
gares, toutes de la Macédoine, a été faite et publiée par les.
frères Miladinov de Strouga en Macédoine. Ce livre a été
imprimé par les soins du-célèbre archevêque croate Strossmayer.
La population bulgare en Macédoine, qui de tout temps
s'est distinguée par son sentiment national vif et tenace, a
aussi pris une part très active dans Ia lutte pour la creation
de léxarchat bulgare.
!iprès le congrès de Berlin, la Serbie, a I'instigation de
I'Flutriche-F-Iongrie qui voulait détourner I'attention du peuple
serbe de la Bosnie, commença a tourner ses regards vers Ia.
Macédoine qui jusqu'alors avait été toujours reconnue par les
Serbes 1) comme pays bulgare. Mais malgré le cncours des
autorités turques qui voulaient ainsi affaiblir Ia forte position
1) Voici seulement quelques citations prises au hasard: ,,Nous
arr!vâmes a Veles, I o c a I i t é b u I g a r e." (C'est l'écrivain serbe-
R a t c h a n I n e qui a voyage en 1704 pour Jerusalem qui pane.
Voir Glasnik de 1871, N2 31.)
Le patriarche serbe B r k I t c h du XVIII-e siècle informe le
gouvernement russe que dans toute la M a c e d o i n e les Turcs
savent eux aussi I langue bulgare, puisque dans ce pays II y
a plus de Bulgares que des Turcs. II trouve des B u I g a r e s a
S e r r e s, comme a 0 c h r I d a et a S k o p i é. (V. S i s, Makedonien.
Zurich 1913. P. 101.)
7

nationale de la population bulgare en Macédoine et malgré

Le plus grand ethnog raphe se rbe Vouk Ka radjitch


publiait en 1815 et 1822 des chansons populaires de la Macédoine
qu'il intitulait C h a n so n s b u I g a r e 5". - Dans son brouillon du
17/29 aoUt 1836 II fixe comme ,limites extremes de la Serbie du
sud: la plaine de Kossovo, la Métochie avec Prizrend, Ipek etc.".
- En 1859, ii écrit de Vienne au consul de Russie a Philippople
Nalden Ghérov, de naissance bulgare, une lettre dans laquelle il
énumère comme v i II e s b u I g a r e s Koumanovo, Skopie, Chtipe,
Vélès, Prilèpe, Radoviche, Stroumitza, t o u t e s e n M a c é d o i n e.
,,La mort du sultan Mahmoud et les propheties qui circulaient
dans le pays en 1840 ont provoqué un grand mouvement en Bulgarie,
Roumélie et Mac édoine o h a b i t e n t les Bulgares."
(Nouvelles nationales serbes, 1844.)
,,En Turquie, les B u I g a r e s occupent, d'après le témoignage
de Cyprien Robert, une grande partie de ces possessions européennes;
1 évalue leur nombre a 4 millions 1/2. lIs s'étendent en Thrace, en
Roumélie et en Macédoine." (Srbski Novini du 8 janvier
1846, N9 2.)
Le S e r b e de Bosnie S t é f a n V r k o v i t c h qui, en 1859,
avait été envoyé par le gouvernement serbe en Macédoine pour y
faire des etudes ethnographiques publia en 1860 un recueil de
,,Chansons populaires des • Bulgares macédoniens".
Le recueil a été imprimé a Belgrade a l'imprimerie d'Etat et dédié a
la princesse régnante de Serbie. En 1868, Verkovitch publia encore
un ouvrage, intitulé ,,Description de I a v i e d e s B u I g a r e s m a c é-.
d o n I e n s".
,,En Bulgarie, Thrace et M a c e d o I n e, provinces peuplées
généralement de B u I g a r e s, la population évite toute collision avec
les autroités et se tourne de toute son énergie contre les Phana-
notes. (L'état de l'Eglise bulgare" dans les Nouvelles
serbes, 1860.)
,,J'apprends de B it o II a que les B u I g a r e s de cette ville
auraient l'intention de fonder une salle de lecture." (S r b sk I
Dnevnik, 1660.)
,,!i 0 c h r i d a, antique siege du patniarcat b I g a r e, les
B u I g a r e s seraient pris de délire a la nouvelle de la démarche
tentée par les Bulgares de Constantinople." (Le méme journal, 1860, N!59.)
,,ll est inutile de discuter sur Ia grande importance que com-
porterait pour notre avenir national, notre politique et notre églse,
ainsi que pour l'avenir de tous les Slaves du sud, une union avec
le peupJe bulgare, comptant plus de cinq millions, qui s'étend entre
le Danube, lelittoral égéen, Ja Mer Noire et d e I a B a s s e M r a v a
au D r i n Nor". (Vidov-Dan, 1862, K2 38.)
,,Le chiffre nous est fourni mieux que toute autre chose par
les plus récentes recherches officielles qui confirment qu'en Bulgarie,
de grandes sommes qu'ils dépensaient pour leur propagande,

Thrace et Macédoine vvent5.875.033 BuIg ar es." (,,Les Slaves


de I urquie" dans La Jeune Serbie, 1870, N2 6.)
,,Les localités de la Bulgarie s'étendent depuis le Danube Jusqu'a
Ia Mer Egée et par endroit depuis la Mer Noire jusqu'en Filbanie. En
general, comre limites du peuple b u I g a r e a I'ouest on peut
considérer la rivière Timok qui sépare la Bulgarie de la principauté
de Serbie, puis Ia Morava Bulgare, le Mont Char, le Haut-Vardar et
le lac d'Ochrida." (La même revue.)
,,En vertu du traité de San Stéfano, la Bulgarie obtenaft son
unite dans un Etat comprenant les territoires situés entre le Danube,
Ia Mer Noire jusqu'aSalonique et Ochrida avec une population
de 4.030.000 d'âmes. (La lutte pour la Ii be ration. His-
toire de I'insurrection de la Bosnie et de l'Herzegovine en corré-
lation avec les insurrections serbo-valaco-bulgares et la guerre russo-
turque 1875-1876 -1877 -1878. Belgrade 1882. L'auteur de ce Iivre
estle Serbe Pelagu itch.)
Enfin, dans un projet de fédération yougoslave que le mi
nistre serbe Garachanine élabora le 5 avril 1867 avec des
représantants bulgares, II êtait dit dans I'article 2: Le royaume
yougoslave sera compse de Ia Serbie et de la Bulgarie; dans
Ia Bulgarie seront comprises la Thrace et la Ma-
cedoine."—Pirotchanatz, mnistre serbe, est du même
avis dans son ouvrage ,,Le prince Michel et la cooperation interbal-
kanque", publie en 1895. Parlant de cet accord entre la Serbie et
les représentants bulgares, II dit: ,,Sur la nécessite d'une pareille en-
tente, nous sommes parfaitemeiit d'accord et nous conformant aux
conditions de famille, nous proposons d'adopter les points suivants:
1) ['union fraternelle entre Serbes et Bulgares doit se realiser sous
le ,,royaume yougoslave"; 2) le royaume yougoslave comprendra Ia
Serbie et la B u I g a r 1 e (Bulgarie proprement dite, Thrace et M a-
c e do i n e).
S t o y a n Novakovitch, un des plus grands savants serbes
modernes, rejette en 1873, comme membre d'une commission de la
,,Societe savante des Serbes", dans un rapport, les pretentions d'un
chauvin serbe Miloevitch, qui avait présenté a ja Societe un recueil
de chansons populaires serbes dans tequel II avait ajouté aussi des
chansons bulgares de la Macédoine.
Mentionnons enfin deux cartes ethnographiques
5 e r b e s qui indiquent le territore habité par les Serbes Justement
avec les frontières que nous leur avons assignees. C'est d'abord une
carte qui porte I'inscription en serbe ,,Territoires habités par les
Serbes", qui se trouve a la fin de l'ouvrage de Davidovitch ,,Histoire
du peuple serbe éditée par D. Davidovitch et traduite en français
par Filfred Vigneron. Belgrade 1848". Cette carte qui montre seule-
ment les terres serbes Iasse en dehors les villes de N i c h e, V r a n i a,
Prizrend, S o p i 6 etc. -- La seconde carte est du professeur serbe
les Serbes Wont pas eu, naturellement, de succès reels dans
leurs agissements))
II West pas possible d'exposer ici longuement les ar-
guments démontrant le caractère bulgare de la population slave
du pays. Qu'iI me soit permis d'indiquer seulement quelques-
uns de ces arguments pour éclaircir tent soit peu cette ques-
tion de Ia ,Qationalité de cette population, qui a été embrouil-
lee par les- Serbes et leur satellites intéressés, afin de justi-
fier leurs visées politiques.
La population slave de la Macédoine appaltenait, d'apr
les constattions de tous les savants slaves compétents, a ce
troncon des Slovénes qul, dens les premiers siècles du moyen
age, s'était établi dans la Bulgarie danubienne et en Thrce
et av&t pénétré jusqu'en Thessalie et même dans le Peloponnse
Par contre, les Serbo-Crotes avaient occupé la partie nord
ouest de la Presqu'iIe Balkanique et ne sotit pas all6s pIu5
loin que le Char-Dagh dans le nord-ouest de la Macédoine el
jusqu'á la Mcrva BuIg&e a l'est. 2) Etc'est parce que les Slovne5
Dejardin et porte l'inscription en serbe: ,La Serbie et les terrtoire
oü on pane serbe. Belgrade 1853". Elle englobe Niche et Przrenc.
dans les tenres serbes, mais laisse en dehons V r a n I a, L e s k o-
vetz, Skople etc.

1) ,,L'ceuvre serbe en M a c é d o i n e est done u


m o u v e m e n t artificiel qul ne m é r i t e a u c u n e atten-
tion. Elle n'existe qu'autant qu'elle est s o u t e n u e
p a r l'a r g e n t (pays its way) et que les Turcs l'encouragent comme
contre-poids contre le mouvement menaçant bugane. Le fait que les
Tunes s'en moquent est une preuve qu'eIle West pas dangereuse
-et qu'elie est • condamnée a 1mpuissance. Comme les choses sont
aujound'hui, les consuls serbes en Macédoine néussinont autant a
gagner les Macédoniens pour la Serbie que les missionnaires amé-
ricains réussinont a les convertir au protestantsme." (H. H. B r a-
ii s f o r d, Macedonia, its races and their future. London 1906. P. 103.)
2),,... a l'est ceux- ci (les Serbes) étaient sépa-
rés pnobablement par 1?lban et la Morava. Les peu-
pIes slaves qul, comme nous le savons, des ce temps
-IA habtaient la Bulgarie dlaujourd'hui et o n t
eté appel é s plus tard ,,Bulganes" . . Le veritable
element pur-serbe ne s'etend pas, aujound'hui
encore, jusqu'à la frontière orentale de la Serbie,
et I veritable frontiène e t h n o g naphique e n t r e Ser-
bes et Bulgares est formée a peu près par la Mora-
ii

allés jusqu'en Macédoine et malgré cela les Slovènes de Ia


Macédoine avaient accepté leur nom national. C'est ainsi que
ces Slovènes mcédoniens sont nommés pendant tout le moyen
age et jusquedans les temps modernes par tous les chroniqueurs 1)

) C'est ainsi que, quand le tzar Samuel qui, apres Ia chute


de l'empire bulgare du tzar Pierre, fonde un Etat en Macédoine,
avec Ia capitale a Prepa et a Ochrida, cet Etat est appelé par
i et par les Byzantins u n e m p I r e b u I g a r e, les habitants et
I'armée sont toujours nommés B u I g a r e s et l'empereur byzanUn
Basile 11 qui, après de Iongnes et sanglantes luttes, met fn a cet
empire est surnommé le ,,t u e u r d e s B u I g a r e s" (Voulgaroktone).
—Le chroniqueu arabe V a h i a d'Fl n t I o c h I e, qui est presque contem-
porain de Samuel, pane toujours de lui comme d'un L z a r b u I-
g a r e; II appelie aussi ses soldats et les habitants de son pays
Bulgares. — Nous trouvons Ia même chose chez I'historien
arménien Stepanos Pssohigue, de Ia meme époque, chez
11h storien tzit chez le pote grec Jean le Géo-
m è t r e, egalement contemporans, et chez tous 1 e s é c r i v a i n s
g r e c s de cette epoque. - Theophylacte, archeveque grec a 0 c h-
rid a veis Ia fin du XI-e siècle, alors que Ia Macédoine était entière-
ment sous Ia domination byzantine, dft que ses éparches mace-
doniennes étaient habitées par ,,I e p e u pie des S I o v è n e s,
appelés aussi Bulg are s". Lui-mëmes'intitule ,Arc hevëque
d e B u I g a r i e". - L'empereur F1ndronc II Paleologue affubie
I'archevêque d'O c h r i d a du titre ,,p a s t e u r d e s B u I g a r e s".
- Le metnopolite de M on a s t I r s'intftulait ,,Exarque de toute Ia
haute Bulgarie" ou bien ,,E x a r q u e d e t o u t e I a Ma c6-
d o i n e bulgare; celui de Kastonia ,,Exarquede
t o u t e 1 a B u I g a r I e". Clement d'O c h r i d a est célébre par
les anchevêques grecs comme ,,I u m I n a I r e d e I a B u I g a r I e".
flndronic III parle dans une de ses chartes des agglomerations b u I-
g a r e s en Thessalie centrale. - Le N o r v e g I e n H a r a 1 d,
qui, en 1040, avec son armée, a Ia solde byzantine, aida les Byzantins
a ètouffer Ia revolution des Bulganes en Mac e d o i n e, a ete
nommé par les Norvegiens ,,B o I g a r a b r e n n i r" (destructeur,
incendlaire des B u I g a r e 5). Ces revolutionnaires avaient pro-
dame a Skopie leun chef Pierre Delian ,,tzar des Bulga-
r e s. Le chroniqueur grec appelle alors ,,S k o p I e ,,a n c i e n n e
mètropole bulgare".
Flpres Ia mort du tzar serbe Douchan, ceux de ses suc-
cesseurs qui sont a Ia tête de parties de Ia M a c è d o I n e que
les Serbes avaient entre-temps conquises, comme VaIkachne ou
Voukachine et son fiIs Marco, rois de Prilepe, tous d'origine serbe,
s'appellent quand même r o i s de B u I g a r i e, puisqu'iIs gouvernent
un p a y s b u I g a r e. C'est ainsi qu'ils sont appeles aussi par les
etrangers. (Ma Lazaro Despoto di Servia et M a r c o R è d I B u I-
12

d'autrefois et par les voyageurs, qui sont venus en Macédoine


ou dans sa proximité. Nous ne nommerons que quelques-
uns seulement de ces voyageurs nombreux; ainsi les Francais
Bertandon de la Broquiere') (1433), Jeaques de Lavardin2 ) (157),
anonyme (D. C.) ) (1624), les fUlemands Hans Dernschwam 4)
(1553), PidamVenner) (1616), Christian von Wallsdorff) (1660),
les Italiens Lorenzo Bernardo 7) (1591), Petrus archiepiscopus

g a r i a." - Da questo Signor Theodoro nacque II Signor F%ndrea


Mosachi secondo, lo quale fü Sevastro Crator, ii quale combatti col
Re Vucasino ch'era RediBulgaria." 1-fistoria della
casa Musachia, 1510.) -Le chroniqueur byzantin Phrantzès affirme que
la M a c é d o i n e o c c i d e n t a I e, gouvernee au XIV-e siècle
par' le roi Marco, 6tait b u I g a r e.
1) ,,Morava qui vient de Bossene et est une grosse rivyere
qui depart I a V u I g a r I e et la Rascie ou la Servie que est
une mesme chose." (Voyag-e d'Outremer.)
2) ,,L a h a u t e D i b r e est montueuse, aspre et bossue, fer-
tile neanmoins, et approchant de la Macedoine, si de voisinage,
comme de ressemblance de mceurs. Les B u I g a r i e n s ou Triballes
l'habitent, nation fiere et adroite a la guerre . . . " (H I s t o I r e d e
George Cast riot e.)
3) ,,N i c e est encores du gouvernement de Bude, mais passe
la riuiere, Pon ontre dans celuy de Grece: nous apprismes de ceux du
lieu, que lariuieredeNicesepare laSeruiedela
Bulgarie." (Voyage de Levant fait par le Commande-
ment du roy en I'annee 1621. Par le S-r D. C. Paris 1624.)
4) ,,Diese Iandschaft alle bis gen N I s s a 1st Servia - alda
fecht sich B u I g a r i a an bis gen Trinapol . . ." (Ce paysage entier
jusqu'à Niche est la Serbie - de là commence la BuJgarie
jusqu'à F%ndrinople.) (Or i en tall s he Re is e, 1553-1555.)
"(N i s c h) 1st anno 1333 vom Sultan Murat dem I. mit stür-
mender Hand erobert worden, unnd jetzo von B u I g a r n unnd Tür-
cken bewohnt". (E i n g a n t z new R e y s e b u c h von Prag aus
bis gen Constantinopel.)
6) ( Nisch) wjrd heut zu Tag von B u I g a r n und
Türken bewohnt." (Neue Reisebeschreibung durch Ungarn,
Thracien und F%egypten.)
7) ,,S t r o u g a, dit-on, est une petite ville, plutot un village,
et est la premiere place e n B u I g a r I e . . Les Bu I g a r e s partent
en une lanque slave, mais its sont de religion grecque . . . Mo n a-
stir; c'est une ville bulgare."(Relazione del viaggio
fatto da Lorenzo Bernardo.)
13

Sophiensis1 ) ( 1555), Gaspari (1671), BenetLi 3 ) ( 1688), le Serbe


Michel Konstantinovitch) (1490), le Dalmatien PetantchiLch b)
(1500). I'F\nglais John Burbury GenL") (1671), les Turcs Hadchi
KaIf 7 ) ( 1650), Evliya Tchélébis) (1650), ainsi que Hodcha Séa

ma la città di N i s s a si trova da quefla parte del


flume defla Morava, et è i n Bulgaria." (Petri a r c h i e p1 s•
c o p i So p h I e n s I s de episcopato Prizrenensi dissertatio historica.)
et hogi di tutti quell che Si tr'ovano dentro neUa città
(Ochrida),sono Buigari..."(1ichrida c i v i t a s Bulga.
r i a e a P e t r o archiepiscopo Sophiensi describitur.)
2) ,,C o n f i n a I a S e r v i a verso I'Orente sul Hume Morava
appresso la cittádiNise, e si divide daHa Bulga-
r i a." (S t e p h a n i 0 a s p a r I, visitatoris Serbiae, relato de statu
dicesium Scopiensis et Prizrenensis.)
8) ,,Questo flume (Morava),. . . d i u i d e n do I a S e r u i a
dali a Bu I g aria, sotto Colombara,... si mescola col Danubio."
(Osservazoni fatte dal ft Dottor Ii n t o n i o B e n e t t I n& Viaggio
a Constantinopoli. In Venezia 1688. I-ère partie, p. 164.)
4) ,,IiIors tzar Bayasite a ramassé une armêe contre Marco,
prince b u I g a r e . . Ici Bayasite a• vaincu le prince b u I-
g are avec son a r m e e b ul g a r e et serbe et Ila tuê. (Et ce
prince b u I g a r e était d'origine serbe I) - e t z a r (serbe)
Ouroche donna a u x d e u x f r è r e s V o u c a c h i n e
et Ougleche le pays bulgare" (a savoir la Mace-
d o I n e).
5) ,, . . on va par le village de Branitchévo a N i c h e, qui a
ete (comme on volt des ruines) une vile magnifique, et est mainte-
nant devenu un village, dans [equel habitent des Turcs et des
B u I g a r e s."
') ,,Iiprès vient Misan-Basha-P&anka (e n t r e N i c h e e t P i-
r o t e), oCi Ilauteur Se rappeHe que I'ambassade a ete saluée par des
F e m in e s b u I g a r e s qui átaient venues leur presenter du sel et
du beurre et leur souhaiter un heureux voyage et bonne •réussite."
(Pt relation of a journey . . . from London to Vienna, and
thence to Constantinople .)
7) Ce céebre voyageur et géographe turc, qui a voyage aussi
en Macedoine, dit toujours des habitants des casas de Kastoria, Bi-
Iichta, Nasselitsa, de Btoia, Ochrda etc. ,,L e s h a b it a n t s 5 o n t
des Bugares." (Rumeli und Bosna. Wien 1812. Pages
97, 93, 140.)
8) Ecrivain turc qui a voyage dans ces contrées. ,,De là nous
allâmes vers Pest et passâmes le village Nagoritchino (au nord-ouest
de Skopie) qui est un village b u I g a r e." (S j y a c h t - n a in e, V,
564). - ,,Nous arrivâmes dans le village lsvor (entre Velès et Pri
Ièpe) qui a cent maisons et est un village b u I g a r e." (V, 571.)
14

deddine') (1650) et Ramazan Zad61 ). bus ces voyageurs et


&rivins désignent la frontière entre la population bulgare et
serbe autour Nicie et le Char-Dagh. Faut-il encore citer les
nombrewc v)yageurs fcancais, anglais, allemands et russes de
la premiere moitié du XIX -e slEcle et jusque dans nos jours,
qui tous parIet de population bulgare en Mac é-
do I n e, ainsi que les meilleurs linguistes et ethnographes
slaves qul appartiennent a toutes Its nations slaves sans
ecepter les Croatts et les Slovènes? Tels p. e., comme
voyageurs, les Francais Pouqueville2), Beaujour'), Cousinéry.),

1) Ces chroniqueurs turcs appellent la region de Kratovo, Kou-


manovo, Kriva Palanka, Chtipe, Radoviche etc. d i a r b o I g a r"
(pay S b u I g a r e). De même its parlent de Constantin, prince de la
Macédoine septentrionale, comme du souverain de ,,t e r r e b u I g a r e'.

II ne faut pas perdre de vue que les Turcs avaient conquis le


pays de princes serbes et qu'ils ne connaissaient hstoriquement que
la domination serbe du pays. Cependant, leurs écrivains appellent les
habitants des Bu I g a r es.

2) ,,Qu'on ajoute a ces horreurs sublimes le désagrement des


ites, I'état Presque sauvage des B u I g a r e s (dans le nord-est de
la Macédoine)." (Voyage en Morée, a Constantinople, en
R I b a n i e Dendant les années 1798, 179, 1h.O et 18)1. Paris
1805. III-e volume. P. 249.) - ,,Le mont Prsrendi (le Char-Dagh)
semble la limite naturelle de I a B u I g a r I e, de la Servie et de
l'Illyrie.' (Ibid. P. 241.) ,,Nous nous arrétâmes a Piacos, ou Diapa-
ri, village situé a peu de distance du lac de Castoria... J'entrais dans
la region des Bulgares . . ." (Voyage dans I Grèce.
Paris 182). III-e volume. P. 364.)

) ,,Quelqnes-uns des villages que l'on rencontre sur la route


d'Istip.a Keuperli et de Keuperli a (Jscup, sont habités par des chré-
tiens Bulgares." (Voyage militaire dans I'Empire
0 t h o m a n. Paris 1829. P. 207.)

4) ,,En Ma c é d o n e . . . les Grecs, anciens Pelasges, et les


B u I g a r e s . . . forment la majeure partie de cette population he-
terogene." (V o y a g e d a n s I a M a c é d o i n e. Paris 1831. l•er
volume. P. 15.) - ,,...Ieui diocese (des ar.hevëques de V o d è n e)
se compose de plus de cent villages, dont les habitants ne parlent
que cette langue (le b u I g a r e), et en mme temps le turc. Les
femmes b u I g a r e s ne parlent que leur langue maternelle." (P. 77.)
15

Viquesnel '), Fkmi Bouê 2), M. Blanqul 8), Cyprien Robert 4),
Ubicini 5), G. Lejean 6), les géographes A. Synvet 7), et J. Du-
1) ,,La population b u I g a r e ou boulgare . . occupe sur la rive
droite du fleuve (a savoir du Danube) le territoire de la Bulgarie
proprement dite, les deux versants de la chaIne du Balkan, la plus
grande parti.e de la plaine de la Thrace, et penetre jusque dans les
montnes du Rhodope, dans la Haute FUbanie, dans I a M ac ê-
dome et meme en Gréce." (Voyage dans la Turquie d'Eu-
r o p e. Tome I-er. Paris 1868. P. 3)7.) Le voyage a été fait en 1837/38.
2) ,, . . . tandis qu'ils (I e s B u I g a r e s) forment le noyau
principal de la population de la M a c é d o I n e." (La T u r q u I e
WE u r o p e. Paris 1840. ll-e volume. P. 5-6.) - Fussi dans Ia
,,Carte ethn ogra ph ique de I' Empire Ottom an" (Gotha
1847) il indique toute la population slave de la M a c é d o I n e comme
b u I g a r e.
8) ,,C'est dans la vallée de P I r o t a N I s s a ... oci des B u I-
g a r e s, armés de batons, êtaient parvenus a s'emparer d'une pièce de
canons." (V o y a g e e n B u I g a r i e pendant l'année 1841. Paris 1843.
P. 166.)
4) ,,Cette race (I e s B u 1 g a r e s) forme le principal noyau de
la population en Ma c ê d o i n e .. . Le nombre des Bulgares qui
habitent Salonik est tel, qu'on ne peut s'empecher de regarder cette
grande yule comme possêdee en commun par les Grecs et les Slaves...
Si ['on se tourne vers I'FUlbanie, on y trouve encore des districts
entiers oCi Ia seule laigue vulgaire est le b u I g a r e." (L e s
Slaves de T u r q u i e. Paris 1852. lI-e volume. P. 230-231.)
—,,La B u 1 g a r I e compte quatre métropoles ou archevêches, Ternovo,
Sofia, Silistrie et Varna, et seize êvêchés dont les principaux sont
Philibê,Kostendil, Ku pre li et Sk opia. Ceuxd'Ochrida etde
Vidin ont étê abolis par la Porte." (P. 286.) Il s'agit de docèses
bulgares encore sous Ia domination du patriarcat grec.)
5) ,,Coupês en deux par les Balkans, les B u 1 g a r e s
s'êtendent a l'ouest j u s q u'à l'F I b a n I e , . ." (Ft. Ci b i c I n i e t P.
deCourteille,Etat pr6sentdeI'Empire Ottoman.
Paris 1876. P. 34.)
°)Dans son ouvrage,,Ethnographie delaTurquie
WE u r o p e" (Gotha 1861), il dit:,, . . . en deux vogages exécutés
en 1857 et 1853 nous avons parcouru les parties les plus intéressantes de
la Turquie Europeenne au point de vue de Ia distribution des races,
et nous avons rapporté le résultat de nos observations personnelles,
complêtêes par une foule de renseignements recueillis près de person-
nes dignes de con fiance . . ." (P. 3.) - Et plus loin; .,Fujourd'hui
cette race (b u 1 g a r e) est a peu prés circonscrite par le Danube,
le Timok et une ligne passant par les villes de Nisch, Prizrend,
Ochrida, Kastoria, Niaousta, Salonique. . ." (P. 29.) - Dans Ia carte
ethnographique Jointe a I'ouvrage, toute I a p o p u 1 a t i o n s 1 a v e
de la M a c é d o i n e est indiquêe comme b u 1 g are.
7) ,,Cette race (I e s B u 1 g a r e s) est aujourd'hui circonscrite
16

Pont 1), le savant beige E. de Laveieye ), les fnglas Urquharts),


les demoiselles Mackenzie et Irby 4), Henry Fanshawe Tc-

par le Danube, le Timok et une ligne passant par les villes de Nich,
Prisrend, Ochrida, Kastoria, Salonique, ?ndrinople . . . Burgas, Slivno,
Rasgrad."(Traite de Géographie generate de I'Empire
ott o m a ii. Constantinople 1872. P. 61.)
it indique I e s B u I g a r e s comme habitant en masse corn-
pacte le nord et le centre de I M a c ê d o i n e (la Haute Macédoine:
Tétovo, Skopié, Koumanovo, puis le vilayet de Monastir; mais aussi
dans le Vilayet de Salonique its sont les plus nombreux). Les Serbes
habitent d'après lui le Kossovo PoI6 et la Mêtochie (ainsi qu'au delá).
(Geograpiiie - de I'Empire Ottoman. Paris 1907. P. 48-52.)
2) ,,L Isjere ouest de la Macédoine, jusqu'au delâ de la Drin
et de Prisrend, est occupee par les Fllbanais. Flu delâ, vers Vest et
A partir d'Ochrida, commencent les Bulgares, mais d'abord entremélés
d'iirnautes et de Valaques-Tzintzares, jusque vers la iigne du chemin
de fer Saloniaue—Mitrovitza . . . Tout le centre et Vest de la province
sont habtes par les Bulgares qui s'avancent Jusque près de Salo-
nique et de Seres." (L a Peiiinsule des Balkans. Bruxelles 1886.
Tome 11. P. 204.) - . . . la grande majorité des habitants de I a M a c é-
d o i n e sont B u I g a r e s." (Ibid. P. 204 - 203.) - Ii pane toujours de
BulgaresenMacedoine,jamaisdeSerbes(p.208,211,216), ainsi
des habitants de Kratovo (p. 212), du village de Zlétovo près de Kra-
tovo (p. 213), du village de Negilovo (p. 213), qui sont non loin de
la frontiere serbe, etc. - . . . depuis la constitution d'une Bulga-
ne independante, l'idée nationale (en Macédoine) s'est réveiliee avec
une force incompressible. us (les B u I g a r e 5) avaient conserve ob-
scurément, dans les campagnes, leurs mceurs, leur I a n g u e, leurs
chansons." (Ibid. P. 213-214.)
) ,,Ceux (des B u I g a r e s) qui ont censervé leur fol habitent
les plaines de la M a c e d o i n e, de I'Epire, de la Bulgarie et de
la Thrace, dans les environs de Mona s t I r, S a I o n I q u e
Nyssa(Niche) ... " (La Turquie,ses ressources etc.
Traduit de l'aiiglas par X. Raimond. Paris 1836. P. 77-78.)
4 ) Travels in the Slavonti provinces of Tur-
k e y - i n - E u r o p e. London 1867.—Les auteurs ne parlent que de B u 1-
g a r e s e n M a c e d o n e. Quelques citations seulement: ,,Velessa is a
thoroughly Bulgarian town." (P. 110.) - ,,Les gendarmes nous
disaient que ces montagnes - au nord de S k o p I e - sont habitées
en partie par des Fllbanais, en partie par des B u I g a r e 5." (P. 138.)
- II est intéresant de signaler que ce Iivre a ete t r a d u it e n
s e r be en 1868 par le diplomate serbe Tchèdomile Miyatovitch, qui
a reimprime, sans aucune reserve ou remarque, la carte ethnogra-
phique de l'original, ou toute I a population m a c é d o n I e n n e
slave est indiquèe comme bulgare. La traduction
serbe est prêcedee d'une preface de Mr. Miyatovitch contenant de
17

zer'), A. J. Evans2), les ft1emands A. Grisebach9, G. v. Hahn),


grands èloges des auteurs et du livre. ,, . .. it y a peu d'ouvrages
étrangers sur les Slaves en Turquie qui soient écrits avec autant de
soin, avec une télle sérieuse étude de leur passé, de leur present
et de leur caractére national." - ,,. . . . pas un Slave du sud ne
fnira ce livre, sans être rempli de la douce conviction que dans les
premiers rangs parmi les meilleurs et les plus chers amis des Slaves
du sud dans la Grande Bretagne' se • trouvent Aes demoiselles Mac-
kenzie et Irby." - Cet ouvrage a éte imprime a Belgrade avec l'aide
matérielle du plince regnant Michel de Serbie.
) Tozer a fait plusieurs voyages en Macédoine dans les années
1853, 1861, 1866, et it a publie ses etudes sur le pays dans un livre intitulé
Researches in the highlands of Turkey. London 1769'.
Voici une citation de ce livre: ,,The B u I g a r 1 a n s, who form the
largest element in the Christian population from Salonica to the con-
fines of Jilbania." (I-er volume. P. 176.) — Et encore une: The
Christians (in 0 c h r I d a) are Bulgarians.,, (P. 186.)
2) Ce grand ami des peuples balkaniques qui connalt admirable-
ment leurs pays et y a beaucoup voyage, a entrepris en ete 1889 un
voyage special aussi en Macédoine et a fixé ces impressions dans un
article intitulé ,,Macedonia how it is", dont nous donnerons seule-
ment deux citations:
,,Dans tout e la Mac edo i n e en long et en large - j'emploie
ce mot comme une expression convenable qui comprend la contrée
des frontieres de L'Epire et de I'Ptlbanie jusqu'a celles de la Rou-
mélie Orientate et de la principaute de Bulgarie - l'élément b I.
g a r e est largement preponderant. Déjà a M o n a s t i r (Bitolia) la
population urbaine est en grande majorite b u I g a r e et la I a n g u e
bulgare est la langue du marché. Prilèpe, Skopié, Chtipe,
Kratovo, Palanka, Stroumitza, Melnik, Moglena et
d'autres villes dans l'interieur sont purement b u I g a r e s. Je ne fais
aucune avance par ouT-dire, mais par experience personnelle dans
le pays, si je dis qu'il se peut qu'un voyageur traverse toute la
Macédoine du Pinde aux frontières bulgares sans rencontrer un seul
Grec" (mais seulement des Bulgares dont Evans pane toujours
quand it mentionne la population slave).
) ,,F1 I'ouest de Salonique on n'entend plus la langue grecque
et des B u I g a r e s habitent de là jusqu'aux montagnes de frontlére
albanaises." (Rei se durch Rume lien und nach Brussa im
Jahre 1839. Gottingen 1841. II-e volume. P. 65.) - (La contree) d ' U s k u b,
Catchanic, Cal candelen, Critchovo, Dibre, Custen-
dil, Melnik, Ostromdcha, Radoviche, Ichtip, Cara.
tovo, Coumanovo, Egri Palanka, Cotchana... contient
dans la grande partie des plaines fertiles, non bien Iabourees, mais
bien peuplées, habitées par des B u I g a r e S." (P. 233.) — ,,T é t o v o,
qui est habite par des B u I g a r e s." (P. 243.)
4) Rel se von Belgrad nach Salonik (im Jahre 1858).

2
18

H. Barth '), H. Gelzer 2), cómme linguistes et ethnographes


Wien l86l;et Rei se durch die Gebiete des Drin und War-
d a r, unternommen im Jahre 1863. Wien 1867. - Lui aussi indique trés
Justement la frontiére de langue entre Serbes et Bulgares le long de
a Morava Bulgare jusqu'a Prizrend et le long du Char-Dagh. ,,La
yule (de K $u in a n o v o) a 650 maisons, dorit 300 Musulmans et 350
B u I g a r e s chrétiens...' Dans le district de K o u in a no v o ii mdi-
que sur 134 villages 90 comme ,,b u I g a r e s-chretiens." Naturellement
tous les habitants au sud de K o u m a n o v o sont toujours indiqu(,s
comme Bulgares.
1) On m'a fermement assure que la population b u I g a r e

de Prilépe compte 11.000 bêtes." (Reise durc h das Innere


der Euro paischen Turkei im Herbst 1862. Berlin 1b64. P.137.)
) H. Gelzer avait fait, au commencement de ce siècle, une
tournée en Macédoine, en partant de Salonique et allant a Bitolia,
Ochrida et plus loin. En 1904, II a publie ces impressions dans un
livreintitulè ,,Vom Heiligen Berge und aus Makedonien".
II y pane t o uj ours de Bulgares quand ii est question des
habitants. II intitule aussi la partie qui traite de la Macédoine ,,1 m
bulg an i s hen M a k e d o nien" (p. 137-181). II parle de querelles
nationales entre Grecs et B u I g a i e s a Ochnida (p. 139) et écrit a
la page 143: ,,i'imbrosios (l'evêque grec) avait éte avant a Ci s k u b
(Skopia), oü contre les trés-puissants B u I g a r e s les peu nombreux
Serbes (ce sont des Serbes qui sly sont installes venant de la Serbie
et de Vieille-Serbie) et les Roumains hellénisés sont tenus de s'aider
mutuellement." - La yule (de B ito! i a) est appelée chez les Turcs
Monastir (couvent), chez les B u I g a r e s B it o Ii a (petite eglise)."—
,Ses 786 maisons (de la bourgade de R e s s e n entre Bitolia et Ochri-
da) sont habités par des B u I g a r e s, FUbanais et Roumains. "(P. 147.)
—,,Quand les B u I g a r e s, en 1863, squs le metropolite Mélétios, se
revoltérent les premiers contre le régime grec . . ." (P. 171.) -
II y a des villages nombreux mixtes, habités par des B u I g a r e s,
Roumains, FUbanais et Turcs. (P. 178). Etc. etc.
II est intéressant de voir que les Serbes (Bulgares et Yougo-
slaves. Fissociation yougos!ave pour la Societété des nations. Bel-
grade 1928. P. 26) citent Gelzer comme preuve de la these serbe en
se basant sur ce passage attribuê a Gelzer: ,,La population elle.même
n'est pas a même de répondre a cette question" (si certaines contrées
de la Macédoine sont serbes on bulgares). Cette citation est indiquee
comme écrite en 1910. Ces mots sont écrits, a vrai dire, en 1900 dans
l'ouvrage de Gelzer ,,Geistliches und Weltliches aus
dem turkisch-griechischen Orient", quandGelzern'avait
pas encore voyage en Macédoine. II a visité Constantinople et il y a
entendu parler de la situation en Macédonie. Dans l'epulogue du Iivre,
parlant de la mêlée nationale en Futriche-I-1ongrie et dans les Balkans
et des querelles des nationalités, ii écrit textueflement: ,,Es wirkt
unwiderstehlich komisch, wenn man sieht, wie die slavischen Qelehrteu
slaves, ainsi que comme bons connaisseurs de la Macédoine
les savants russes Victor Griciorovitch 1) F. Hilferdincr1)

sich aufs hitzigste herumstreiten, ob gewisse Kantone Ostmakedoniens


serbisch oder bulgarisch seien. Die Bevalkerung set bst weiss es nicht."
ii •est manifeste que l'auteur a voulu se permettre un bonmot sans
exprimer une opinion srieuse sur la question, car dans le texte
méme du livre it dit a la page 126: En Ce pui colicerne les condi-
tions de la nationalité de la population (autour d'U s k u b), les Bulga-
res et les 0 r e c s sont unanimes que Ia majorlte écrasante -. appar-
tient aux B U I g a r e s . . . Les Grecs comptent dans le sandJak de
S c o p i é 137184 B u I g a r e s, 9831 Sérbes (qui se trouvent au nord, dans
la vraie Vieille-Serbie), 5036 Grecs." - Piprès quit a visité la Macé-
doine, II pane lui-même, comme nous I'avons vu, dans son second
ouvrage sur Ia Macedoine,toujours seulement de - Bulgares,
et ii dit a la page 162 de cet ouvrage sur la controverse entre
Serbes et Bulgares: ,,Hier vermogen nur Sprachkenner zu entscheiden
Immerhin scheinen die Bulgaren mehr in ihrem Rechte zu sein als
der feindselige Bruderstamm" (c'est-â-dire les Serbes). Et •tous leg
linguistes (Sprachkenner) competents, en premier lieu les. linguistes
slaves, sont unanimes sur ce point. - Pour ce qui regarde Ia
Conscience nationale des Bulgares macédoniehs,nous
citerons seulement deux connaisseurs éminents de Id situation en Macédoi-
ne. Mr. L e o n L a m o u c h e, un des plus autoris(!s en ceci, puisqu'il con
nait trés bien les langues du pays et y a passé six ans comme officier
francais dans la gendarmerie macédonienne, ecrivait en 1913: ,,La
conscience nationale se manifeste avec une telle
force depuis plus de cinquante ans que cela seut
suffirait a prouver le caractére bulgare du pays. Si
on pouvait panler de ,,conscience nationale" dans une partie des
ariciens ternitoires de la Turquie d'Europe, ce serait inconte stable ment
ii." - Et le linguiste tchèque connu L. N i e d e r I e écrivalt au
mois de juin 1913 dans le journal tchéque Národnf Listy" de Pra-
gue: ,, . . . Ce ne sont pas des differences linguistiques insigniflantes
ou quelque coutume ethnographique qui font I a M a c e d o I n e b ul-
gare, mais la viellie tradition et la conscience flati-
o n a I e du pays . . Je préfére entendre dire sincérement que c'eSt
là raison d'Etat qui fait réclamer la Macédoiue centrale pour la
Serbie. Si la raison d'Etat exige la conquête de cette province,
malgré qu'elle se sente bulgare, alors c'est la raison
d'Etat qui decide, et on ne doi t pas apporter des argu-
ments do u t e u x pour établir que la Macédoine n'est pas bulgare."
1) ,,Voyage dans la Turquie d'Europe" (en russe).
L'auteur qui a fait ce voyage en 1844 et 1845 et a surtout visité la
Macédoine d'un bout a l'autre, appelle touJours Ia population slave
dans toute I Macédoine bulgare.
') II indique expressément la fröntiére de langue entre Serbes
et Bulgares le long du Char-Dagh et désiine t 6 u t e 1 a Ma c é-
20
Rotchoubinski '),. Th. Florinski 2), P. Lavrov 8), Sobolevski &),
do i n e comme b u I g are. Ii se base en ceci sur des etudes qu'iI
a faites surplace. (Voyage en i-lerzègovine, en Bosnie et
en V i e ill e-S e r b I e. En russe. II a fait ses voyages entre 1856 et 1860.)
dieser Uebergangstypus (que la population slave en
Macédoine soit quelque chose d'intermédiaire entre Serbes et Bul-
gares) eriaubt%ns durchaus nicht eine Tauschung und die Behauptung,
dass er zur serbischen Sprache gehare: davon musste abgesehen von
den oben erlauterten Umständen d as V o r ha n d e n se I n der sla-
vischen Ethnographie abhalten, die in Macedonien,
v o m 0 c h r I d a s e e b i s S a I o n I k I, in dem Macedonien, dessen
ethnographische Zusammensetzung etwa noch ganz ungenugend auf-
geklart ist, wenn man dem Futor der slavischen Karte Glauben scheri-
ken soil, immer nur den slavischen Stamm der Bulga-
re n kannte, und niemals Serben... So kannte si auch bis
in die neueste Zeit Jedermann, der ein objectives Recht auf sein
Urtheit hat, selbst reine Serben nicht ausgeschlossen . . . Von den
Reisenden unserer Zeit erinnern wir an Hilferding, den Franzosen Do-
zon, der einen Band Volkslieder herausgab, KatschanovskiJ, der lange an
Ort und Stelle arbeitete und uns gleichfalls ewe umfangreiche Samm-
lung von Volksliedern übersetzte, alles das waren F%usländer, keine
Bulgaren, und d o c h v e r e inigt s i c h bel allen mit dem
Namen Macedonien die Vorstel lung von einem slavi-
schen Ldnd mit bulgarischer Bevillkerung.- (1% r c h i v f U r s I a v I S c h e
P h ii o I 0 g I e. XIII. Band. Berlin 1893. P. 616-622.)
2) ,, . .. la superficie de la langue serbo-croate ... s'étend le
long de la rive orientale du lac de Skutari, tourne dans sa partie
nord a l'est et au sud-est, et longeant la rivière de la Zeta, passe
par les villes de Goussigne, Diakovo et atteind Prizrerid, puis tournant
vers le nord-est et le nord, suit les montagnes qui s'étendent
a gauche de la Morava Bulgare et se dirige vers Niche, passe par
Nichevtzi vers le Timok et, longeant cette rivière, atteind le Danube
au nord du Vidin.' (Lecoris sur la linguistique slave. i-er volume.
Kieff 1895. En russe. P. 217.) - ,,On est oblige de reconnaltre que
dans le traité de San Stefano de 1878 les f ron t I è r e s e t h n o-
g r a p h I q u e s d e I a B u I g a r i e ont éte en general bien fixées."
(P. 58.)
8) ,,Le professeur de I'université de St. Petersbourg P. FL L a v-
roy considère, dans ses recherches fondamentales sur la langue
bulgare exposées dans l'ouvrage F p e r ç u S u r 1 e s S on s e t
lesfornies dans I langue bulgare", qui a paru en
1893 a Moscou les dialectes macédoniens comme une partie intè-
grante de la langue b .0 I g a r e; ainsi se comportait avant Iui feu
le professeur de i'université de Lwow FL K a Ii n a envers les dialectes
macédoniens dans son ouvrage ,S t u d y j a n ad h i st o r j a J e zy k a
b u I g a r s k I e g o. Cracovie 1891." (Prof. N. S. De r s c h a w i n
über Makedonien. Leipzig 1918. P. 96.)
4) Ce qui est plus important, c'est le fait que I e S S I a v e S
macédoniens sont dans leur for inférieur des But-
21

N. S. Derjavine 1), I'éminent académkien russe N. P. Kondakov 2),

g a r e s et qu'ils se sentent et se déclarent tels." (Dans ,,L e s N ou-


v e I les slaves" du mois de mai 1913.)
) ,,Le prof. Cvijitch a pose l'assertion trés osée que les Slaves
macédoniens ne sont ni Serbes ni Bulgares." (Prof. N. S. D e r s c h a w i n
uber Makedonien. P. 17.) - Ce serait natureliement une grande
faute de voir dans tous ces ,,exercises" sur la question macédonienne
quoi que ce soitde ,scientifique'." (P. 19.)—,,Dans la science moderne se
maintient opiniâtrement i'opinior' que les S I a v e s m a c é d o n I e n s
sont B u I g a r e s et que leur langue est un dialecte bulgare.
La science doit cette conviction a des observations et recherches
directes d'une foule nombreuse de voyageurs et de savants, qui ont
visité la Péninsule Balkanique a diverses epoques et qui ont étudié
et la lanque et les murs de la population slave de la Macédoine."
(P. 52.) - L'histoire de la renaissance culturelle et nationale de
la Buigarie contient une quantite de faits qui témoignent trés claire-
ment que, quand les habitants de la Macédoine ont manifestC par-
fois leurs sentiments nationaux, c'étaient toujours des sentiments
b u I g a r e s et jm a i s se r be s." (P. 59-60.)—,,L'assertion (des pro-
fesseurs serbes Cvijitch et Mitch) que les Serbes macédoniens ne
se sont appeles Bulgares que de peur des persecutions turques peut
(Are declaree comme trés artificielle et irivraisemblable. PLu contraire,
nous sommes forces de protester contre cette profanation de i'âme
du peuple qui attribue a la population macédonienne des faits qui
Wont jamais existé dans I'historie de l'humanitè." (P. 64.) - ,,J'ai
relu personneltement encore une fois trés soigneusement les textes
macédoniens de Novakovitch (professeur et academicien serbe décédé),
dans l'intérêt de la solidité de cc travail, et j'y ai trouvé un système
omp1et de la langue bulgare avec toutes les proprietes caractéri-
stiques de cette langue." (P. 84.) Etc. etc.
2) Dans son ouvrage classique ,,La Macédoine (Voyage arché-
ologique. St. Petersbourg 1909. En russe)" ce savant russe de-
cede ii y a deux ans qui a étudié, dans un voyage fait en Macé-
doine en 1900 avec d'autres savants russes, j'ethnographie et les
monuments archeologiques du pays, declare avoir trouvé que la popu-
lation slave du pays forme un peuple indivisible et complétement
uniforme et que si quelques éléments étrangers se sont infiltres en
lul, c'est seulement près de Skopie. Le district de S k o p i é est une
region purement bulgare ,,avec quelques villages serbes qui se
sont egarés en Iui" (p. 173). Faisant allusion au Iivre de Gopchevitch
,,La Vieille-Serbie et la Macédoine, 189011, et citant I'assertion de cet
auteur, assez mal considére, assertion, selon laquelle ii y aurait a
Skopie 11000 Serbes dont 3500 musulmans, parmi lesquels beaucoup
seraient bulgarises et entrainés par la propagande bulgare, Kondakov
remarque: Cette citation donne la meilleure occasion de juger
dignementl'aveugle politique serbe, qui, ennianttouterealite,
22

V. N. Chtchepkine1), le prof. P. N. Milioukov2), A. M. S&


Iichtchev3), A. A. Bachmakov), les Tchques P. J. afa-
rêve d'une manière insensée là ou II serait temps
de se placer sur un terrain solide." (P. 171.)

1) ,,Ft l'epoque ou (a philologie slave, enrichie par une expe-


rience seculaire? après un long chemin, de nouveau s'approche de
Vostokov et volt dans le parler vieux-slave des ts apOtres. slaves
un dialecte v I e u x-b u I g a r e du sud de (a M a c e d o i n e, l'étude de
la langue bulgare reçoit une nouvelle importance." (Le psautier de
Bologne. St. Petersburg 1936. P. 1.) -,,La langue vieux-slave (mace.
donienne) est un dialecte du vieux-bulgare qui déjà dans l'antiquité
montrait une multiplicité de dialectes ètonnante." (P. IV.)

2) Le politiciun russe bien connu Paul M II I o u k o v, qui a


fait trois voyages en Macédoine et qui corinait les langues du pays,
disait dans un discours tenu au mois de Juin 1913 a la Douma russe:
,,1-'habitant de la Macédoine se considére en p I e in e conscience
c o m m e B u I g a re. Pour conserver sa nationalité, ii endure toutes
les souffrances et privations, II a supporté les violences inoules du
régime turc pendant des dizaines d'années... S'il faut introduire un régime
de terreur pour dériationaliser la population macedo-
nienne, en I f a i s a n t s e r b e on grecque, cela prouve que'
la conscience foncière de cette population West ni
s e r b e, n i g t e C q u e . . . Et nous savons que, malgré la pressiori
de Ia Turquie, malgré l'appui que (a Turquie a donné aux Serbes et
aux Grecs et a leur propagande natioriale artificielle, l'immense
majorite de la population macédonienne est restée exarchiste et
bulgare. C'est un fait que méme les plus grands
chauvins serbes ne peuvent pas denigrer."

) II declare, en Se fondant sur ses etudes approfondies des dialectes


macédoniens, tous c e s dialectes comme b u I g a r e s au sens
strictem ant ethnograhiue du mot. ,,La M a c é d o I n e est le berceau de
la renaissance b u I g a i- e. C'est de là que sont sortis les premiers
artisans de la resurrection du peupte b u I g a r e. C'est là qu'orit été
écrits pour instruire le peuple les premiers livres en langue
vuigaire b u I g a r e. C'est là aussi qu'ont eté imprimes, a I'imprimerie
b u I g a r e de Salonique, quelques.uns de ses livres." (Esquisses sur la
dialectologie macédonienne. 1-er volume. Kazan 1918. P. 283. En russe.)
4) Publiciste russa bien connu qui partout en Macédoine a vu ,,des

Bulgares, sans aucun doute de tels vrais Bulgares comme dans la prin-
cipauté de Bulgarie elle-mêma." (La Bulgarie et la Macédoine. St. Péters
bourg 1903. En russe. P. 217.) - Et si toutes les espérances des Sar.
be se fondent sur la possibilité d'une preuve qua ces hommes sont des
Serbes, alors je pense qu'il ne reste autre chose qu'a avoir de (a piti
pour ce pays qul Se console avec des espérances fantastiques . .
(Ibid. P. 218.)
23

rik '. L. Niederle 2), Vaclav Vondrák 8), Ronstantin Jireek 4),

3) Le célébre ethnographe tcheque indique dans sa carte ethno.


graphique Siovansk Zemvid" (1842) toute la M a c é d o i n e comme
b u I g a r e.
on regarde la langue,toute I Macédoine appartienta
la Bulgarie, et non a Ia Serbie." (,,La question macédonienne" dans la
,,Revue Tchèque", Prague 1911.) - ,,Dans les temps passes, la notion
de nationailté s'identifiait simplement avec celie de la religion, mais
quand aux XVII1-e et XIX-e siècIes (jusqu'a I'an 1870) les voyageurs
intei- rogeaient les habitants sur leur nationalité, on recevait toujours
la rèponse: N o u s so m m e s B u I g a r e s." Ceci n'était conteste,
en ce temps-la, ni des Grecs ni des Serbes qui ne pensaient alors ni A
la Macédoine, ni A Saionique."'— Dans son ouvrage ..Le monde slave
d'a present", St. Petersbourg 1939, ii fixe la frontiêre sud-est et est
du territoire de Ia langue serbe comme suit: Char-Dagh, Tcherna
Gora, Vrania, Pirote, Saitchar (p. 113). - ,,Le nom de ,,Bulgare"
(Bugarin) est un nom ancien et historique, qui ne provient pas seu-
lement de la propagande ecciésiastique bulgare des dernières decades.
La denomination ,.srbin" (serbe) ne pourrait pas prendre racine id,
bien que ces contrées aient appartenu une fois A i'Etat serbe."
(P. 152.)—,,C'est pourquoi j'ai regardé les Slaves mac'doniens comme
B u I g a r e s et j'ai reconnu que seulement en Vieille-Serbie ii y a un
nombre considerable de families serbes qui se disent Serbes." (P. 153.)
- ,,D'aprês la I an g u e, nous devons unir la Ma c edo i n e A la
B u 1 g a F i e et non a la Serbie. C'est aujourd'hui le résultat auquel
sont arrives les s I a v i s t e s em i n e n t s politiquement désintéressés,
comme Jagitch, Obiak, Jireek, Lavrov, Kalina, Flo-
r i n s k i, et cela doit étre Ia directive pour i'observateur qui reste
objectivement éloigné et qui ne possede pas Iui-même le degré de
connaissances iinguistiques iui permettant de se former une propre
opinion indépendante sur la question." (Ma k e d o n s k A o t A z k a.
Prague 1909. P. 29.) - f%u point de vue linguistique I a q u e s t i o n
m a c é d on i e n n e est résolue au profit des Bulgares." (ibid. P. 30.)
3) ,,Les limites de Ia I a n g u e b u I g a r e sont formèes . . . au
sud - de la Mer Egée jusqu'a I'embouchure de Ia Bistrica A l'ouest
de Salonique. D'ici Ia frontière s'étend dans une ligne presque hori-
zontale vers I'PJbanie et de là vers le nord et le nord-ouest le long
de la frontière albanaise, du Char-Dagh et de la frontiére orienlale
de la Serbie jusqu'au Danube." (V e r le i c h e n d e Slav! s c h e
G r a m m a t i k. i-er volume, II-e edition. Gottingen 1924. P. 5).
4) Ce distingue historien tchèque dit dans son ,,Histoire des
Buigares": ,,Les territoires des B u I g a r e s comprennent ies anciens
provinces Mésie, Thrace et Ma c é do i n e. .. La Iigne de frontière du
territoire oü Pon pane I e b u I g a r e coincide au nond avec la par-
tie basse du Danube de ses embouchures jusqu'A Vidin; puis elle va
vers le Timok A la frontlére serbe qu'elIe surpasse rarement et re-
24

Vladimir SIs 1), les Polonais Baudouin de Courtenay


Antoine Kalina ), FL Bruckner, le Slovène V. Oblak '),
tourne vers Ic sud seulement prés de Prokoupie sur la Toplitza. Pas-
sant a cOté des hauteurs le tong de la rive gauche de la vallèe de
la Morava, el contourne la yule de Vrania, atteint la Tcherna Go-
ra, s'étend vers le Char-Dagh, englobe la Haute Débre et finit a la
cote orientate du lac d'Ochrida près du village de Lina. Le pays au
sud des lacs d'Ochrida et de Prespa, Ia vallée de Rortcha et ceile de
la rivière de Dévol ont une population mixte (Fiibanais, B u I g a r e s
et Valaques). Plus loin la frontière va du Devol par le lac de Kas-
toria, les villes de Klissoura-Valaque, Ngouche, Salonique, Serrés..."
(Geschichte der Bulgaren. Prag 1876. P. 718.) - Par ailteurs, dans
un article sur les Peupies Balkaniques et leurs aspirations cultu-
relies et politiques" publié en 1909 dans le Journal de Vienne ,,Ura-
nia", it fait mention du diaiecte o u e S t - b u I g a r e (bulgare-occiden-
tal) qui est pane e n t r e Sofia et' 0 c h r I d a" (p. 195).
1) Dans son excellent ouvrage La Macédoine" (Makedonie. Praha
(1914), cet écrivain et savant tchéque, qui connait a fond le pays,
qu'il a parcouru en tous sens et dont it salt toutes les langues qui y
sont parlées, ne connait en Macédoine d'autres Slaves autochtones
que des B u I g a r e s. Et dans la carte ethnographique qu'il a Jointe
A I'ouvrage, l'auteur indique naturellemenit la population slave de
toute la Macédoine comme b u I g a r e.
2) D3ns sa petite brochure ,,Ubersicht der slavischen Sprachan-
welt, Leipzig 1834", ce philologue slave, en Indiquant le ternitoire des
Serbo-Croates, dit qu'ils habitent le pays a u n o r d O u e s t d e s B u 1
g a r e s, ce qui ne pourrait pas (!tre dit, si la Macédoine n'était pas
bulgare. (P. 6.) Ceci est confIrm6 par un aure passage, oCx l'auteur
affirme que dans la langue bulgare' on trouve les formes ,,analytiques"
qui sont aussi les formes dans tous les dialectes macédoniens, tandis
qu'on ne les observe dans aucune autre langue stave. Eni in cc philo-
logne distingué dit a la page 8 que Ic ,,vieux-slave", qui est appelé a
present Presque tooujours le ,,vieux-bulgare", rappelle le plus le bulgare
de toutes les tangues slaves vivantes. Et l'ovrigine de ce vieux-bulgare est
en Macédoine, au nord-est de Salonique.
3) ,,StudiJa n a d h i s t o r y j a j e z y k a bulgarskiego."
Cracovie 1891; Voir ce que dit plus haut sur l'opinion de Kalina le prof.
russe Derjavine. (P. 20.)
4) Iiuteur du livre classique sur la question. de I'appartenance un-
guistique des dialectes macédoniens Makedonische Studien: die sla-
vischen Dialecte des südlichen und ñordwestlichen Makedonien" (Sit.
zungsbenichte der Wiener Ptkademie der Wissenschaften, 1896). II
trouve les dialectes macédoniens comme appartenant indu-
bitablement a la langue bulgare. ,Fi commencer par Grigoro-
vitch Jusqu'a Kalina et Lavrov, les dialectes macédoniens ont été comp-
tés - sauf quelques exceptions isolées - comme appartenant a la
souche de la langue bulgare, et selon notre connaissance actuelle de
25

le Croate V. Jagitch '), les Francais Auguste Dozon 2),


cette question, ii West guere de savant sérieux qui nierait cette affinité."
(Jirchiv für slavische Philologie. Bd. XVI. P.313.)
1) Jagitch, l'éminent savant slave, a toujours compté les S I a v e s
ma céd on i e n s comme B u g a r e s. Pinsi dans l'article ,,Die Slavischen
Sprachen" dans ,,Kultur der Gegenwart", ii traite les d i a I e c t e s m a c é-
don le n s dans le groupe ,,L an g u e b u I g a re" (p. 19-21), tandis
qu'à la langue serbe II assigne comme territoire la Serbie jusqu'a la
Vieille-Serbie, la Bosnie, l'Herzegovine, Ia Dalmatie et le Montenégro,
les parties sud-est de la Croatie, toute la Slavonie et des parties de
la Hongrie méridionale (p. 25). - Et void quelques passages carac-
téristiques de letires privées adressées au prof. Milétitch et publiées
dans la ,,Revue Macédoniennè' (année ll-e, fascicule 3, p. 1-64):
,,Je crois que, en indiquant cela, j'ai déjà suffisamment montré La
position des parlers macédoniens, en les plaçant sous le chapitre
,langue bulgare'." 1904. (P. 22.) - ,,Je les divise (I e s d i a I e c t e s
b u I g a r e s) en trois groupes: des dialectes est-bulgares des
dialectes ouest-bulgares et des dial e c t e s macedon i en s. 1903.
(P. 23) - Et parlant des theories fan tastiques du prof. C v i j i t c h
auquel ii a écrit a ce propos une 'Iettré en réponse a l'envoi de son
ouvrage sur cette question: ,,Je me tiens a la regle suivante:
dire toute le vérité (kai bobu bob a popu pop). Je lul ai dit
que tout ceci West pas digne de la position scientifique de Cvi-
jitch, qu'en negligeant la principale chose, la langue, i I se
cramponne a des choses qui ne sont pas impor-
t a n t e 5, comme P. e. que les ,,Slaves macédoniens" n'au-
raient pas de conscience nationale, qu'ils peuvent étre facilement
gagnes pour l'idée panserbe. . . Pour moi, c'est une triste preuve
que même un grand savant comme Cvijitch ne peut pas être objectif ou
- comme disait feu Mommsen, voraussetzungslos." 19C6. (P. 27.)—.Dans
une lettre de 1909 ii parle des so! - d! s a n t Slaves" m a c e-
d o n i e n s de CviJitch (p. 31). - Et sur les élucubrations du prof.
serbe Mitch sur cette même question il écrit: .,Je n'approuve pas
la conduite de Belitch qui vi o I e I a s c I en c e en parlant ce
trois dialectes: serbe, macédonien et bulgare, desquels, oar mélange,
se seralent formes un dialette serbo-macédonien et bulgaro-mace-
donien. Ce sont des tri vialités (trice) philologiques."
(P. 35.)
2) ,,Cette langue (bulgare) est aujourd'hui dominante non seule-
ment dans la Bulgarie, mais dans la plus grande partie de la Thrace
et de la Ma c e d o i n e, et elle a dü assez Iongtemps regner en
Ftlbanie et en Epire..." (Chansons populaires bulgares
inédites. Paris 1875. P. XII.) - ,,EIIe (la langue bulgare)
se divise en un grand nombre de dialectes, qu'on peut raniener en
trois types: les orientaux ou de la Bulgarie et de la Thrace, les
occidentaux ou de La Macédoine méridionale et ceux de
la Macédoine du fiord." (Ibid. P. XII.)
26

Louis Léger, Leon Lamouche '). Findré Mazon 2), Victor


Bérard, les Ptllemands L Masing ), A. Leskien 4), G. Wei-

1) ,,Tous les voyageurs et écrivains occidentaux, depuis Pouque-


yule, !imi Boué, Grisebach, Lejean, Hahn, Dozon, etc., ont classé
les Slaves de Macédoine comme Bulgares. Les cartes
ethnographiqiTes assez nombreuses, publi&es au XIX-e siècle, donnent la
même indication." (La question M aced oine. Revue Macedo-
nienne. !'tnnée III-e, fasc. 4. P. 65.) -- ll est intéressant de remarquer
que les principaux adversaires des Bulgares en Macédoine, I es
G re c et les Turcs, - j'en pane en connaissance de cause -
n'ont Jamais contesté leur caractère national."
(P. 64.) - ,,Je suis oblige de limiter beaucbup mon argumen-
tation, car sur cet unique sujet, je pourrais écrire tout un volume.
Je crois seulement pouvoir remarquer que je parle de cette question
d'aprés ma propre experience, ayant ete pendant six ans en contact
direct, nori seulement avec les populations, mais aussi avec les
autorités turques et les officiers de toutes les nationalités de la
gendarmerie. En outre, je connaissais, des cette époque, les divers
langages panes en Macédoine." (P. 64.) - Voir aussi plus haut a
la page 19.
2) Les parlers bulgares de I Macédoine sud-
0cc i d e n t a le ne sont. connus jusqu'a ce jour que par quelques
textes populaires de-ci de-IA, sans unite de preparation ni de me-
thode, par des personnes diverses." (C o n t e s slaves de la Ma Ce-
d o i n e s u d - o c c i d e n t a I e. Paris 1922. P. 1.) - ,,Les parlers des
regions de L e r i n et de K o s t o u r forment, avec certains parlers
de Ia region de K o r it s a, l'extrême pointe, vers le sud-ouest, du
bulgare occidental." (P. 4.)
3) ,,Depuis I'apparition de I'esquisse de Goptchevitch sur son
voyage scientifique dans la Turquie d'Europe, on doit adopter la
dernière opinion (a savoir que les parlers macédoniens font partie de
I a I a n g u e b u I g a r e) comme celle du monde scientifique." (Zur
sprach lichen Beurteilung der macedonischen Dialekte. St. Petersburg
1890. P. 6.) - ,,Selon la remarque faite plus haut, que, d'après
l'état de la science d'a present, II faut joindre les dialectes mace-
doniens au domaine de la langue b u I g a r e. . ." (P. 10.)
4) Ce slaviste connu qui, comme on sait, a nommé le vieux-
slave de l'eglise ,,vieux-bulgare', indique déjà dans ses Ieçons sur
,,L'Ethnographie et la plus ancienne histoire des peuples slaves" de
I'année 1877 expressement la frontiëre de la race b u I g a r e: le Danube
jusqu'a I'embouchure du Timok, puis le Timok, Niche, le point nord
du lac d'Ochrida, le lac d'Ochrida, le lac de Prespa, le lac de Kas-
tonia, l'embouchure du Vardar etc. (P. 24.) Les Serbes sont indiques
seulement en Vieille-Serbie, c'est-à-dire dans le Sandjak, oCi ii
compte 303,000 Serbes.
2?

sand ), l'Inglais ft Brails1ord 2), le Suédois Alfred Jensen


N'est ii pas étonnant que les Serbes s'en rapórtent, pour
leur these, a l'autorité de savants comme Jagitch. Kotchou-
binski. Masing, Baudouin de Courtenay, Lavrov, Leskien, Oblak.
Chtchepkine, qui, comme nous venons de le montrer par les
citations abondantes, ont une opinion parfaitement décidée et
contraire a ce que les Serbes prétendent.')
Quant a l'assertion que les Srbes avancent pour aff&-
blir la position bulgare en revenant souvent sur l'affirmation
que le mot ,,bulgare" en Macédoine ne signifie pas de natio•
nalité bulgare", mais tout simplement ,,vulgaire" (vulgaris), rustre,
ou qua les Staves macédoniens ont pris ce nom national par crainte
des Turcs et afin ,,d'éviter le nom de serbe, mal vu et proscrit par
les Turcs a la suite de persistantes rebellions" 5), nous croirions

1) ,, . . . tout philologue qui West pas prévenu reconnaitra


que le caractére de la langue (macédonienne - Jusqu'au Char-Dagh)
est quand méme bulgare, et en effet, les gens qui, dans cette ques-
tion, ont droit de parler, les slavistes, sont d'accord en ceci .. ." (L e s
aspirations nationales des peuples balkanlques.
Leipzig 1898. P. 18.) - ,,Toute la propagande serbe est une escro-
querie effrontée (frecher Schwindel), qui a son fond dans :l'envie en-
vers la Bulgarie, a laquelle on ne desire pas que revienne ce pays...
Cette escroquerie est effrontée puisque les Serbes
se fient au fait que le grand public n'est pas verse
dans les conditions du pays malgré qu'ils sachent
que les voyageurs et les linguistes décl are nt e
plein accord la Macédoine comme pays bulgare."
(P. 20.) - De véritables Serbes, sauf des immigrés, IF n'y en a
point dans toute la Macédoine au sud de la frontiére serbe et du
Char-Dagh." (P. 22.) - ,,La masse principale de la population en Ma-
cédoine est formée ar les B u I g a r e s, qui commencent aux anci-
ennes frontières de la Bulgarie et s'étendent dans une masse unique
et indivisible jusqu'à Prespa et au lac d'Ochrida, au nord jusqu'au
Char-Dagh, atteignant au sud la mer a l'embouchure du Vardar."
(Ethnographic von Macedonien. Leipzig 1924. P. 29.)
2) Voir plus haut a la p. 9, remarque'). Dans sa carte ethnographique
jointe a l'ouvrage cite, ii indique aussi toute la population slave de
la Macédoine, jusque loin au nord de Skopie, comme b u I g a r e.
8) K or s o c h I-I a If m a n e. Stockholm 1931. - L'auteur, qul,
a fait un voyage en Macédoine et sait des langues slaves, perle tou-
jours de B u I g a r e s dans toute la Macédoine.
4) Bulgares et Yougoslaves. f%ssociation yougoslave pour la
Soclété des nations. Belgrade 1928. P. 10, 11, 12.
5) Ibid. P. 23.
ME
nous abaisser si nous relevions de tels enfantillages; On paut jUger
de la solidité de la these serbe, s'il faut se cramponner a de
tels arguments pour la défendre. II suffira de répéter ce qu'a
dit de cette affirmation le professeur russe Derjavine: ,, . . . nous
sommes forces de protester contre cette profanation de l'áme
du peuple qui attribue a la population macédonienne -des
faits qui n'ont jamais existé dans l'histoire de l'humanite." Voir
plus haut a la p. 21.
Du reste, ii West- pas tellement nécessaire de pénétrer sj
loin dans le passé ou de s'enfoncer dans Ia science slave pour
démontrer le caractère bulgare des Slaves macedoniens; ii
suffit de relever le fait que le meilleur ami et alliéde la You-
goslavie, le ministre de Tchecoslovaquie Bene, qui est trés
bien renseigné dans cette question par les écrits des sevants
tcheques les plus éminents, dans ses articles, mentionnés plus
haut, sur la question slave, n'a Pu s'abstenir de dire indirecte
ment a ses amis serbes que la question macédonienne West
pas du tout résolue définitivement par les traités de Paris et
de donner a ses arnis serbas le conseil de s'entendre avec le
peuple bulgare au sujet de cette question. Connaissant fort
bien les conditions ethnographiques de la Macédoine, Mr. Bene
voit bien que Ia question macédonienne peut étre résolue ou
par l'assimilation. c'est-à-dire par la.- serbisation des Bulgares
macédoniens, ou bien par I'octrci dune autonomie. ) Quicon-
que cnnaIt Ia mentalité des Serbes qui ne veulent pas même
consentir a appliquer aux Bulgares macédoniens les stipula-
tions du traité qua la Yougoslavie a conclu avec les allies en
1919 et par Ieiuel its sont tenus d'accorder les droits natio
naux aux minorités dans leur pays, saura apprécier la démarche
du ministre tchèque qui donne aux Serbes le conseil de ne
pas perdre de vue, pour la solution th la question macedo-
nienne, même I'octroi d'une autonomie. Car ii
sait trés bien que cetta question n2 pourra pas être résolue

1) ,,La solution d e f i n it i v e, a I'avnir, du problème macédonien,


lest l'assimilation ou l'a u to no m I s a t I o n de la Macédoine, vu
que p0 lIt i q U e m e n t on 1 eut sup?oser que la lutte pour la Macé-
doine a eté résolue p u r I on g temp s ou pour toujours en faveur
de la Serbie par Ia derniére guerre." (Slovanstvi a Slované za valky
a po válce. Slovansk Peh led 1924, N2 3-4, p. 186.)
par I'autre alternative, a savoir fa serbisation des Bulgares
macédoniens, la conscience nationale des Bulgares macédoniens
étant si forte et si développée qu'ils ne toléreront pas la ser-
bisation forcée. Je crois que les amis des Serbes qui les sou-
tiennent opiniâtrement dans leur affirmation fantaisiste que
la population slave de la Macédoine est serbe ou de nationa-
lité indé:ise devraient se laisser persuader par Mr. Bene.
D'ailleurs, les Serbés eux-mêmes commencent a corn-
prendre qu'ils. ont hérité d'une situation bien difficile en Ma-
cédoine et que les choses n'y sont pas telles qu'ils--,- les ima-
ginent. Voilà déjà dix ens qu'ils ont la plus grande partie du
pays sous leur pouvoir et its Wont pas encore réussi a gagner
la population a leur Etat et a la réconcilier avec leur régime.
Ptu contraire, its se sont heurtés a une résistance si acharnée
et si opiniâtre a toute leur potitique de serbisation qu'ils usent de
toutes sortes de moyens, qu'on n'a jamais vus dans un pays tent
soit peu civilisé, pour briser cette résistance. Ft plus les mo-
yens de dénationalisation des Bulgares sont violents et inhu-
mains, plus its fortifient la fermeté sans pareille de la popu-
lation qui se defend contre ces méthodes inoules. L'insinua-
tion que cette résistance des Bulgares, qui usent mêrne de
moyens révolutionnaires rappelant les procédés des lrlandals
d'autrefois, est attisée du dehors, est destinée aux étrangers mel
instruits de la situation du pays. II est apparu presque toujours
dans les derniers événements que cheque fois que Pon a use
de violence contre I'oppression inouIe du gouvernement serbe
et deses organes, c'était le fait de Bulgares macédoniens on-
ginaires du pays, qui souvent n'avaient pas même été en But-
garie. Et dans les procès nombreux qui, dens les derniers
temps, ont été entamés dens toutes les parties de la Macé-
doine contre des groupes entiers de gens et qui ont été sou-
levés et conduits de maniére a rappeler les temps les plus
obscurs .du rnoyen age avec leurs cruautés et tortures, nous
voyons apparaitre devnt les tribunaux des personnes qui ont
passé par les écoles serbes, ont eu souvent des bourses serbes
et méme un emploi d'Etat en Serbie c u bien ont occupé quelque
pose éievé dens l'administration communale. Cela montre
assez clairement que la population du pays West pas du tout
indifférente en matière de conscience nationale et cela indique
encore moms qu'eIIe soit pénétrée d'un sentiment national
30

serbe N'avons-rious pas vu le nouveau grand-joupan (préfet)


de Skopié, le colonel - a present général - Naoumovitch,
aussitôt apres avoir pris possessicn de son poste, declarer tout
bonnement devant une assemblée de notabilités de la yule,
qu'il avait appelées dans sa prefecture: C'est vous qui êtes
responsables de0t..ut ce qui ce passe id. Vous donnez votre
aide aux malfaiteurs. Mais vous devez savoir que je ne pardon
neral pas cela a qui que ce soit et que je prendrai la tête
pour un cell et toute la machoire pour une dent. Cette menace
de renforcer I'ancienne regle biblique du talion ceil pour cell,
dent pour dent", énoncée a Skopie, yule que les Serbes regar•
dent surtout comme nationalement indifférente, sinon comme
serbe, ne montre guère que la Macédoine soit serbe! Du reste,
parmi ceux contre lesquels ont été entamés des procés innom-
brables de haute trahison a été aussi un des plus influents
adjoints au maire de Skopié. De mme a Chtipe l'ancien maire
de la yule a été impliqué dans un de ces procès.
Ccmme on le volt par tous ces troubles qui sont deve-
nus une maladie chronique et incurable par ces méthodes con•
nues seulement dans le moyen age le plus reculé, divulguées
devant les tribunaux et flétries dans la Skoupchtina, la ques-
tion macédonienne, a laquelle on a donné a Paris une solu-
tion inique et inhumaine, n'a pas disparu de l'horizon politique.
II est clair pour qui ne veut pas être aveugle que cette ques-
tion a été traitée a Paris en 1919 d'une manière aussi malha-
bile et insensée qu'elIe l'avait été 50 ans auparavant a Berlin.
Et si l'on continue a l'avenir a lui appliquer, - alors qu'elIe
est de beaucoup la plus importante des questions blkaniques,-
une politique d'autruche, cmme apr6s le trailé de Berlin, ii
pourrait bien en sortir quelque chose de pareil a ce qui en
sortit voici 15 ans. En ce temps-16 personne non plus n'avait
pensé que d'une questicn en apparence futile comme parais-
salt l'être cette question macédonienne sortiraient des événe
ments si funestes pour toute l'Europe. Je crois que les diri•
gents des destinées du monde ne devraient pas tarder a prendre
en mains la solution de cette question brulante, ce qui mon-
trerait aussi qu'une ère nouvelle a commence et qu'on West
plus dispose 6 laisser les affaires dangereüses aller leur libre cours.
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Heureusement, I'opinion publique commence deja dans di-


vers pays a élever sa voix en faveur des Bulgares macédoni-
ens opprimés. Et. nous espérons que ces voix parviendront en-
fin a forcer les cercles officiels a prendre position dans cette
question. Ftinsi, au commencement du mois de mars. la Ligue
françai'e des droits de l'homme s'est proncncée énergiquement
en séance publique pour les droits des Macédoniens opprimés.
De même a New-York, le directeur de l'Union américaine pour
les droits de l'homme, Roger N. Baldwin, qui avait entrepris,
en mission spéciale, une tournée dans les pays européens, a
fait, le 27 février de cette année, devant un public choisi, un
rapport sur ses impressions et observations pendant ce voyage.
Et il a trouvé que ce qu'il a vu en Macédoine était le pire de
tout, ,,La Macédoine, a-t-il dit entre autres, est habitée par des
Bulgares qui sont soumis aux plus afireuses souffrances et aux pires
tourments. Les gouvernements serbe et grec ne reculent devant
rien pour opprimer le vif sentiment de liberté des Macédoniens
et pour les détourner de leur nationalité. Comme les droits des
minorités prévus dans les traités de paix ne sont pas intro-
duits en Macédoine, la population de ce pays a entrepris une
lutte révolutionnaire désespérée avec la devise ja liberté ou
Ia mort", fermement résolue a faire tout pour mener cette lutte
jusqu'á ce qu'elle ait atteint son but. Avant mon voyage en
Macédoine, je ne savais pas grand'chose sur ce pays ni sur
les Juttes qui y étaient menées, mais ayant appris sur la place
les circonstances et les conditions, il est devenu clair pour
moi que les Macédoniens sont des patriotes sincéres qui ne se
contentent pas de parler des droits civils et de la liberté, mais
qui luttent avec fermeté et qui meurent pour eux." Et ce noble
flméricain ne s'est pas borne a parler et a défendre publique-
rnent cette juste cause ainsi qu'â flétrir les oppresseurs du
malheureux pays. II a cru de son devoir d'appuyer, dans une
Iettre adressée au secrétaire général de la Société des nations
un appel des émigrés macédoniens en Bulgarie et d'exprimer
l'opinion de I'organisation qu'iJ représente: seule une action
directe de l'aréopage mondial qu'est cette institution qui, par
les traités internationaux, est tenue de s'immiscer dans de
telles situations intolérables, bien plus inhumaines que La traite
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des blanches ou le trafic d'opium, pourrait porter reméde a ce


mal chronique.
Espérons que ces nobles voix qul ce multiplierit de jour
en jour flniront enfin par provoquer une démarchede la part de
la Société des nations pour mettre fin a une situation qui, comme
l'a dit I'honorable Mr. Vandervelde, ,,est u n s c a n d a I e q u I
engage la responsabilité de I 'Europe entlére".

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