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Volume !

9 : 1  (2012)
Contre-cultures n°1

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Sheila Whiteley
Countercultures: Music, Theory and
Scenes
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Référence électronique
Sheila Whiteley, « Countercultures: Music, Theory and Scenes », Volume ! [En ligne], 9 : 1 | 2012, mis en ligne le 15
octobre 2012, consulté le 14 avril 2016. URL : http://volume.revues.org/3572

Éditeur : Éd. Mélanie Seteun


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Document accessible en ligne sur : http://volume.revues.org/3572


Ce document est le fac-similé de l'édition papier.
L'auteur & les Éd. Mélanie Seteun
5

intro duction

Contre-cultures : musiques, théories


et scènes
par

Sheila Whiteley
Traduit de l’anglais par Gérôme Guibert

Notre premier dossier « contre-cultures


et musiques populaires  » offre
au lecteur l’occasion d’explorer l’histoire de la
idéaliste de référence et une revendication de liberté
et de bohème beat et hip, qui a pu dévier en bac-
chanales de viols et de meurtres. Comme Simon
notion de contre-culture et de comprendre com- Frith l’a pertinemment observé, « le rock ne peut
ment elle a été théorisée dans le champ des études pas simplement être consommé mais doit évoluer,
sur la musique. Il fournit également un éclairage comme n’importe quelle autre forme d’art – ces
sur la manière dont elle a émergé et a pris, inter- tensions et contradictions étant liées à l’expérience
nationalement, place au sein de scènes musicales de l’auditeur et réinterprétées par cette expé-
qui ont posé des défis aux cultures dominantes. rience » (Frith, 1977). D’autres écrits concernant
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En décembre  2012, le second dossier à paraitre les contre-cultures et musiques populaires seront
dans Volume ! «  Utopies et expérimentations  », simultanément publiés en 2013 en anglais sous la
explorera les utopies et les dystopies ainsi que les forme d’un livre par Ashgate, en collaboration avec
anarchies sonores et la question des freaks. Il se Volume !, confirmant le caractère significatif de la
concentrera sur la manière dont la contre-culture notion de contre-culture en tant que moment déci-
des années 1960 a pu embrasser à la fois un cadre sif dans l’histoire continue des musiques populaires.
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Sheila Whiteley

Comme Andy Bennett l’écrit dans son article intro- travail). Le mouvement partageait « une emphase
ductif, « Pour une réévaluation du concept de contre- dans le questionnement et l’expérimentation de la
culture », alors que « la nature profondément diverse liberté, un attachement à l’épanouissement person-
et hétérogène des individus comme des idéologies nel, ainsi qu’une intense introspection individuelle »
sociopolitiques et culturelles » a été énormément (Whiteley, 1992  : 23), que ces éléments soient
explorée en relation aux « subcultures » (p. 24), il pathologiquement envahissants ou qu’ils expri-
y a eu en revanche beaucoup moins de recherches ment une expressivité créative. Comme Theodor
concernant la contre-culture, qui est donc restée un Roszak l’observait à l’époque, « la bohème beat et
concept problématique. Ce qui émerge de la ving- hip est sans doute trop rétive à l’action sociale pour
taine d’articles qui apparaissent dans les trois publi- convenir aux militants de la gauche radicale. Mais
cations « contre-cultures et musiques populaires », les activistes peuvent aisément comprendre ce genre
c’est le manque de précision du terme. La contre- de repli » (1970 : 66).
culture est « quelque chose de suffisamment fluide En passant en revue mes recherches sur le rock et la
pour pouvoir incorporer différents groupements et, contre-culture (Whiteley, 2013), il apparaît que le
par conséquent, se manifester différemment à des chaos et l’incertitude, alliés à l’impact du bruit (sons
moments et dans des lieux particuliers, en fonc- inharmoniques, distorsion, dissonance, et les conno-
tion des circonstances socio-économiques, cultu- tations associées à la discordance), pouvaient être
relles et démographiques locales  » (p.  25). Alors interprétés comme étant à la base d’une action révo-
que le manque d’attention spécifique porté sur la lutionnaire annonçant un état d’anarchie créative 1,
contre-culture des années 1960 justifie en lui-même qui se distingue sans doute des connotations plus
ce travail, il apparait aussi que certaines questions légères de thèmes tels que « All You Need is Love »,
restent encore aujourd’hui en suspens, notamment et le pacifisme implicite des slogans tels que « Faites
en ce qui concerne la diversité démographique et l’amour, pas la guerre 2  ». Si, cependant, Roszak
politique du mouvement, « au sein d’un cadre uni- identifiait à juste titre la bohème beat et hip à un
fiant la variété des contre-cultures » (Roszak, 1970 : effort de mise au point d’un mode de vie et d’une
66). Comme je l’ai écrit dans The Space Between the manière d’être découlant de la critique sociale de la
Notes, il existait à la fin des années 1960 aux États- Nouvelle Gauche (1970 : 66), alors la formation de
Unis une tension sous-jacente constitutive entre communautés contre-culturelles, comme les groupes
l’activisme des étudiants de la nouvelle gauche et la communautaires qui émergèrent par exemple à
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bohème « fuck the system » des hippies et yippies. À Naples (cf. infra), peuvent apparaitre comme un
un niveau plus profond toutefois, ces deux extrêmes développement logique en « fournissant un espace
se rejoignaient dans leur attaque des institutions tra- particulier pour l’affirmation d’une identité person-
ditionnelles à l’origine de la reproduction des rela- nelle » (Whiteley, 2000 : 23). La discordance et le
tions de domination idéologico-culturelles (famille, « bruitisme » extrême et sombre de groupes tels que
éducation, media, mariage et division sexuelle du les Grateful Dead, Captain Beefheart, Jimi Hendrix
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Contre-cultures : musiques, théories et scènes

et les MC5 apparaitraient alors comme la première Présentation des contributions


étape du programme de la contre-culture, en éta-
Nous avons le privilège de proposer un article intro-
blissant un mode de vie alternatif et pertinent 3.
ductif d’Andy Bennett. Ses recherches considérables
Comme l’a observé Jeff Nuttall, deux des objectifs
et ses nombreuses publications sur les subcultures,
de l’Underground 4 furent :
la culture et le patrimoine culturel lui ont permis
– « de déclencher des forces au sein de la culture domi- d’acquérir une réputation de leader académique
nante afin de provoquer la dislocation de la société, de
international dans le champ des théories de la
saper les fondements de la moralité, de la ponctualité, de
la servilité et de la propriété ;
culture. «  Pour une réévaluation du concept de
contre-culture » revisite et réexamine les questions
– « et d’étendre les possibilités d’épanouissement de la anciennes et actuelles liées aux idéologies anti-hégé-
conscience humaine au-delà des frontières déshumani-
santes définies par le cadre politique et l’utilitarisme »
moniques, les pratiques et les croyances, et com-
(Nutall, 1970 : 249), ment le terme apparut à la fin des années 1960 fut
redéployé ensuite en relation à d’autres phénomènes
une philosophie qui faisait alors écho à l’as- culturels et socio-politiques. Comme il l’explique,
similation du rock à une arme politique par les récents développements en théorie sociolo-
l’International Times 5. gique complexifient et problématisent des théories
Mais l’histoire s’épuise-t-elle ainsi, et le concept conçues dans les années 1960, et les technologies
de contre-culture est-il encore porteur de sens ? numériques par exemple donnent un nouvel élan au
Des articles qui suivent, il ressort que « en dépit décryptage de la notion de contre-culture. Ce qui
[des] critiques faites aux concepts de subculture et est intriguant, c’est la manière dont les groupes et
de contre-culture, la théorie sociale et culturelle a les mouvements contemporains utilisent la contre-
continué de les utiliser […] » de telle sorte qu’ils culture comme référence, soulevant la question de
font désormais partie d’une «  mémoire reçue et savoir comment le terme est compris.
négociée  » (Bennett, p.  28). Ce qui émerge des
articles composant ces deux numéros de Volume ! Théoriser les contre-cultures
dédiés aux contre-cultures, est que la notion De plusieurs manières, la première partie de ce dossier
englobe l’utopique mais aussi le dystopique et que, prolonge et développe une bonne partie des problé-
bien que des festivals comme ceux de Monterey et matiques soulevées par Andy Bennett, fournissant un
Woodstock y soient associés, le décès de personna- espace réflexif dans lequel envisager les diverses inter-
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lités aussi iconiques que Brian Jones, Jimi Hendrix, prétations et enjeux du concept. En ouverture, l’article
Jim Morrison ou Janis Joplin, le désordre nihiliste de Ryan Moore, « Break on Through : contre-culture,
d’Altamont ou le spectre de Charlie Manson jettent musique et modernité dans les années 1960 » étudie
un voile sombre sur la question, ce qui nous rap- les médiations entre la musique et la modernité des
pelle que les « problèmes pathologiques sont encore sixties, concentrant son attention sur l’esprit d’inno-
d’actualité ». (Bennett, p. 28). vation et de progrès, la célébration de la « jeunesse »
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Sheila Whiteley

incarnant un symbole d’espoir et de transformation. et des arrangements minimalistes accompagnaient


Partant des scènes fondatrices du free jazz et du folk des histoires de transgression venues des bas-fonds :
du New York du début des années 1960 avec Ornette usage et abus de drogues, déviance sexuelle et per-
Coleman et Bob Dylan, Moore se tourne ensuite vers version, excitations et débordements du palais des
l’ouest pour prendre en considération les différentes délices » (p. 63). L’esthétique trash associée au Velvet
tendances de la musique rock qui ont émergé de San Underground allait influencer des artistes aussi divers
Francisco et Los Angeles, « le berceau de la contre- que le musicien Genesis P. Orridge et la photographe
culture et le point d’aboutissement de la moderni- Cindy Sherman, et même des références beaucoup
sation américaine dans les années 1960 » (p. 39). Le plus mainstream telles que Boy George, Rupaul ou
LSD et l’acid rock sont des « symboles de l’esprit de k. d. lang voire les premières performances de David
modernité et de ses ironies » (p. 40). Bowie, Iggy Pop et Lou Reed où le camp, le tra-
Simon Warner attire aussi l’attention sur l’impor- vestissement, la diversité sexuelle, les ambiguïtés de
tance de New York dans « La Banalité de la dégra- genre et la violence étaient consciemment intégrées
dation : Andy Warhol, le Velvet Underground et à leur stratégie artistique.
l’esthétique trash ». Comme il le soutient, Warhol
Les scènes contre-culturelles – Musique et
fut au cœur de l’une des postures clés de la contre-
territoires
culture de l’époque 6. « En préférant la surface et
le superficiel à la profondeur et la substance et en La musique a joué un rôle majeur dans la contre-
rejetant les motivations traditionnelles – justifi- culture en ouvrant un espace propice à l’articula-
cations morales, conscience sociale ou ethos poli- tion des communautés et en offrant en partage le
tique – l’artiste et ses disciples créèrent un univers sentiment d’une identité collective. Par ailleurs, le
esthétique cohérent qui s’écartait profondément vertigineux mélange des genres a fourni une formi-
autant du mainstream du milieu des années 1960 dable toile de fond socio-politico-culturelle pour des
que de ceux qui le contestaient d’une manière plus pratiques et des innovations musicales qui, reliées à
conventionnelle.  » (p.  54) De surcroit, l’intros- l’idéologie contre-culturelle, offraient un contexte
pection musicale provoquée par la consommation expérimental riche. En son sein, différents groupes
d’amphétamines du groupe en résidence à la Factory, purent se définir par rapport aux dimensions à la
The Velvet Underground, était en profond contraste fois locales et internationales du mouvement qui
avec « l’optimisme radieux qui se répandait depuis fournissaient ainsi un sentiment d’appartenance
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les sables de la Californie du Sud jusqu’aux jams à un lieu de communauté et d’identité collec-
psychédéliques de San Francisco en passant par les tive. Comme Richard Neville l’écrivit à l’époque :
styles acidulés des dandys londoniens (p.  61), ils « De Berlin à Berkeley, de Zurich à Notting Hill,
mélangeaient des éléments savants et populaires, les membres du mouvement partagèrent une pro-
leur étrangeté culturelle et l’art underground de fonde solidarité, ils avaient en commun des aspira-
l’époque. Des rythmes lourds, des drones répétitifs tions, des inspirations, une stratégie, un style, une
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Contre-cultures : musiques, théories et scènes

humeur, et un vocabulaire. Les cheveux longs étaient d’embrasser et de refléter les changements inhérents
leur Déclaration d’Indépendance, la pop music leur à l’agenda contre-culturel. La discussion détaillée
esperanto et ils fumaient l’herbe avec leur calumet opérée par Vacca à propos des groupes napolitains
de la paix. » (1971 : 14). revitalisant les chansons traditionnelles par le tru-
L’identification de ce que Neville appelle « l’interna- chement d’influences aussi diverses que le jazz, le
tionalisme spontané et intense » de la contre-culture rhythm’n’blues (The Showmen), le rock progressif
est exploré dans l’article inaugural de Gionnavi Vacca et psychédélique (Osanna et Il Balletto di Bronzo)
« Musique et contre-culture en Italie : la scène napo- prend également en compte les paroles qui intègrent
litaine 7 ». Il porte son attention sur les années 1960, les deux pôles majeurs des contre-cultures italiennes :
une époque où les premières graines du rock’n’roll l’Inde d’abord, qui pour beaucoup de hippies ita-
et de l’idéologie qui sous-tendaient la contre-culture liens « représentait le mythe d’une civilisation alter-
pénétrèrent la culture italienne. C’était une période native, tributaire d’une sagesse ancestrale désormais
où les stars du rock anglais et américain commen- perdue dans le monde industrialisé » et l’usine, qui
çaient à inclure l’Italie dans leurs tournées mondiales, était « au centre de spéculations théoriques marxistes
et les groupes de rock italiens purent mieux définir de la gauche radicale, née hors du giron du Parti
leur identité politique lorsque le rock progressif sup- Communiste  » (p.  74). La ballade apocryphe de
planta le mouvement beat. Avec l’accélération des Sorrenti « Vorrei incontrati » (1972 : 8) présage ainsi
combats idéologiques dans les années  1970, une la fin des années 1980, « la fragmentation des grandes
nouvelle culture politique radicale se développait. usines et la relocalisation de la production dans des
Nées en dehors du Parti communiste, des critiques pays à main d’œuvre moins coûteuse entraînaient
furent adressées au « système » dans toutes ses arti- une montée du chômage et causaient la transforma-
culations  : famille, éducation, politique, travail, tion de ce qui avait été les quartiers populaires en
loisir. Dans ce contexte très chargé, le revival folk et terrains vagues » (p. 78). La multiplication ultérieure
la chanson politique portaient une nouvelle signi- de ces friches industrielles abandonnées en « Centres
fication en tant que genre populaire, et les canzoni Sociaux Occupés et Autogérés » (p. 78) conduit à
classiche napoletane furent recyclées et restructurées. une nouvelle musique italienne regroupant rap, rag-
Comme l’explique Vacca, la chanson, dans la tra- gamuffin et reggae qui réexaminait la musique folk
dition napolitaine, se développa à la fois « comme et de la chanson napolitaine. Comme le conclut
partie intégrante de l’identité d’une classe moyenne Vacca, il fallut « trois décennies aux musiciens pour
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locale émergente » tout en étant « sans cesse reprise découvrir leur propre voie au sein de la chanson et
et revisitée par les classes populaires » (p. 74). La de la musique populaire moderne et, par la même
force de ces traditions était telle qu’il fallut « la vio- occasion, pour faire leur une tradition glorieuse »
lenter, la discréditer, la dépouiller de ses conven- (p. 82), et aujourd’hui, la chanson napolitaine est
tions afin de la soumettre à des possibilités expres- devenu un genre plébiscité par une nouvelle généra-
sives jusque-là inédites » (p. 72), pour lui permettre tion d’interprètes.
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Sheila Whiteley

Les deux articles suivants explorent la significa- rence fondé sur des conditions socio-économiques
tion du punk comme contre-culture, et l’étude de régionales, au sein d’un contexte historique d’alié-
Aline Macke « Les taqwacores : émergence d’une nation et d’hostilité liées à l’islamophobie.
contre-subculture américano-musulmane ? » pro- La question « qu’est ce qui est contre-culturel ? »
pose une entrée originale dans la culture DiY. Les amène à se demander si les conflits sociaux et les
attentats du 11 septembre 2001 et les interventions luttes peuvent être cartographiés au sein de ces pra-
militaires américaines en Irak et en Afghanistan ont tiques culturelles basées sur des formes particulières
favorisé l’islamophobie, en stigmatisant les commu- de loisir, de consommation, de styles de vie où des
nautés musulmanes minoritaires aux États-Unis et individus sont capables de se joindre en vue de la
au-delà. Ils ont joué un rôle considérable, provo- poursuite de buts spécifiques, de participer à une
quant la résurgence d’opinions politiques d’extrême- cause commune. Comme l’article de Fabien Hein
droite et les changements dans les conceptions des «  Le DiY comme dynamique contre-culturelle ?
droits de l’homme, à la fois en Amérique et inter- L’exemple de la scène punk rock » le suggère, les
nationalement. Comme l’observe Macke, l’émer- définitions sont importantes. Si une contre-culture
gence des Taqwacores, qui combinent l’imagerie est interprétée comme « l’ensemble des mouvements
musulmane avec le punk DiY, a fourni une façon de de marginalisation ou de contestation formés au
revendiquer des idées d’identité et de tolérance reli- moment d’une extension et d’une accélération
gieuse par le biais de paroles de chansons ironiques d’une croissance organisée autour des exigences
et de prises de positions publiques controversées, des grandes organisations » (Touraine, 1998 : 204),
et, de ce fait, en cohérence avec « les trois éléments alors les traits caractéristiques de l’authenticité, mais
fondamentaux du punk : une opposition au statu aussi la démystification du processus de production
quo, un ethos DiY prononcé et un désir de désa- culturelle inhérent à l’éthique DiY du punk rock
liénation (résistance aux multiples formes d’aliéna- et à ses postures proactives constitueraient une
tion dans la société moderne) » (Dunn, 2011 : 27). contre-culture.
La réactivation du potentiel subversif punk via un Convoquant les recherches de Laughey (2006)
contre-discours musulman a fourni une alternative et Willis (1990), Hein interprète le DiY comme
aux musulmans qui rejetaient l’autorité tradition- une forme de travail basée sur l’autoproduction et,
nelle (« Il n’y a pas de Sheikh, il n’y a pas d’Imam, comme tel, un terrain d’entrainement pour l’éman-
il n’y a personne qui a une autorité plus grande que cipation [empowerment]. Ceux qui sont impliqués
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toi (Allah) en Islam », comme l’affirme Kominas, apprenant de nouvelles compétences, organisant
l’un des groupes du mouvement). Il semblerait alors leurs propres structures, réseaux, labels, medias et
qu’en se faisant une place au sein de la constellation tâches, et construisant ainsi une expérience qui
punk globale, la scène taqwacore s’avère capable transforme le réel et l’agent lui-même, ainsi qu’une
d’articuler un discours de tolérance et de dignité économie alternative. Le punk constitue ainsi un
musulmane dans le cadre d’un schéma local de réfé- champ structurant (expériences, valeurs, business,
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Contre-cultures : musiques, théories et scènes

etc.) qui nourrit des projets individuels et collectifs la transformation concrète de la vie quotidienne ;
et ainsi, peut se concevoir comme une pédagogie la réconciliation de la question de l’indépendance
réflexive et émancipatrice et non pas seulement un avec celle de l’engagement civique ; l’existence d’un
moyen d’évacuer la pression ou de persister dans modèle opérationnel. Ses conclusions  : le DiY
l’apathie. Le challenge relevé par Hein par rapport démontre ainsi qu’il est possible de développer
aux écrits d’Adorno et d’Horkheimer (1947) est un business culturel, dont le but est un marché de
étayé par une discussion sur le premier album DiY niche, sans abandonner les valeurs constitutives du
(le Spiral Scratch de The Buzzcocks) qui démontre punk et qui peut ainsi être considéré comme une
la dimension proactive du punk dans son entrepre- contre-culture.
neuriat, selon un phénomène de marchés alterna- Les relations entre subculture et contre-culture sont
tifs culturels développés par les autodidactes que explorées plus avant dans l’article de Gildas Lescop,
Bourdieu qualifie de « contre-culturels » (« le pro- « Skinheads, du reggae au RAC » qui expose com-
duit de l’effort des autodidactes […] pour s’affran- ment une subculture de la classe ouvrière des
chir des lois du marché scolaire […] en produisant années  1960 au départ fascinée par la musique
un autre marché doté de ses propres instances de jamaïquaine fut ensuite, dans les années  1980,
consécration, et capable de contester pratiquement associée au suprémacisme des groupes néonazis.
[…] la prétention de l’institution scolaire à impo- Le mouvement skinhead originel se radicalisait en
ser un marché des biens culturels parfaitement s’émancipant des « mods ». Leur idéologie « trans-
unifié » ; Bourdieu, 1979 : 106). C’est, pour chacun classe », le dandysme et l’intérêt pour la musique
des acteurs, soulever la question de l’authenticité, psychédélique furent considérés par les «  hard
entre autres pour des « icones » comme The Sex mods » contraires à leur propre culture et à leur
Pistols ou The Clash qui ont signé sur des majors, origine sociale. Partageant leur territoire avec les
versus la crédibilité punk des membres de Crass immigrés jamaïcains dans les banlieues ouvrières,
qui ont créé leur propre label, organisé leur propre les skinheads développèrent un style syncrétique,
distribution et vendu leurs disques à la moitié du combinant des éléments symboliques de la fierté du
prix de ceux des majors, partageant leur procédés travailleur britannique avec la violence et la fascina-
avec des communautés alternatives. Alors que la tion pour le mythe du « rude boy » jamaïcain. Ils en
question de la contre-culture versus les « contre- adoptèrent à la fois la musique – reggae, ska, rocks-
marchés  » permet de jauger l’efficience pratique teady – et des éléments de style : les pantalons taille
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des dynamiques contre-culturelles, Hein soutient basse et la tête rasée. Pourtant, le développement
que le modèle de combat pragmatique (non idéolo- du « reggae roots », du mysticisme et du rastafa-
gique) et de court terme (non structurel) de Fugazi risme dans la musique jamaïcaine des années 1970
et de Dischord apporte un critère significatif pour et la ségrégation ultérieure qui en découla conduit
évaluer l’aboutissement concret d’une contre- à un déclin de cette subculture. Alors que le phé-
culture. Son succès dépend de trois dimensions : nomène avait dans un premier exemplifié les hypo-
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Sheila Whiteley

thèses de Dick Hebdige sur la grande influence de violence entre membres antagonistes du mouvement
la culture des immigrants noirs sur les subcultures skinhead augmentèrent, tout comme ceux dirigés
jeunes (1979), le «  retour  » de la culture jamaï- contre les immigrés pakistanais. En conséquence,
caine à une tradition (inventée) combinée avec la de nombreux groupes quittèrent le mouvement oi ! ;
répression policière (en réponse à la violence dans ceux qui restaient liés à son idéologie radicale et à
les stades et dans la rue) scellèrent son extinction. son attitude se dirigèrent plus tard vers le « Rock
Une seconde génération de skinheads naquit à la Against Communism » – une nouvelle sous-scène,
suite de la crise pétrolière de 1973, encore une fois le produit d’une collaboration active entre Ian
suite à la radicalisation d’une subculture existante, Stuart, le leader des Skrewdrivers, et le National
le punk. Les groupes « street punks » critiquèrent Front en réponse aux évènements « Rock Against
l’inauthenticité punk (compromission avec le capi- Racism ». Pourtant, au milieu des années 1980, le
talisme, avec le star system…). Un certain nombre National Front, à la recherche d’une respectabilité
de groupes, comme Cock Sparrer et Sham 69 et et d’une nouvelle image, changea de stratégie, et les
leurs fans de « bald punk » constituèrent la scène skinheads exubérants et indomptables furent lâchés
oi !, qui radicalisa le culte de la violence et de la en 1986. Ceci amena les skinheads RAC à organiser
fierté prolétarienne du street punk, ajoutant à cette leur business en accord avec leur propre conception
configuration un contenu pro-britannique et sou- de l’éthique DiY. Secondement, les médias réduisi-
vent raciste. Comme le démontre de manière très rent la complexité du mouvement skinhead à son
claire Gildas Lescop, cette nouvelle génération équation avec la violence néonazie, ignorant à la fois
de skinheads n’était pas, en fait, une émanation son histoire et ses multiples facettes. Il y eut en effet
du mouvement originel, bien qu’il partageât cer- une lutte symbolique pour l’authenticité au sein du
taines de ses valeurs (la fierté ouvrière, la violence). vaste mouvement skinhead, avec une scène dénon-
Cela ne signifie en aucun cas que les « originaux » çant à la fois les manipulations politiques et média-
étaient « purs » : Lescop pointe l’importance des tiques ainsi que son racisme – des collectifs comme
symboles homophobes et xénophobes et la violence le SkinHeads against Racial Prejudice (SHARP),
physique au sein du premier mouvement… Mais se battant pour réclamer « l’esprit de 69 » (l’année
leurs actes ne bénéficièrent pas de la couverture considérée comme étant l’apogée du mouvement
médiatique que la seconde génération allait atti- originel), avec son ouverture culturelle et son dress
rer. L’identification des skinheads aux extrémistes code. Ce fut un revival contre un détournement.
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néo-nazis fut le résultat d’un double processus. Ainsi la recherche de Lescop révèle l’ambiguïté des
Premièrement, une récupération politique, quand relations entre les phases historiques du mouvement
le jeune National Front vit dans ce mouvement une – les skinheads à tendance de gauche démontrant
opportunité de disséminer efficacement son idéo- aussi, comme il l’écrit, des valeurs « contre-contre-
logie dans les salles de concerts et les stades grâce à culturelles » (valeurs à la fois opposées à l’idéologie
des jeunes hommes virils et bagarreurs. Les actes de dominante et au discours contre-culturel des années
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Contre-cultures : musiques, théories et scènes

1960)  : chauvinisme, homophobie, anti-intel- associé à cette dernière au sein de la société fran-
lectualisme, associés à l’image idéale de l’homme çaise. Notamment comment et en quoi des mor-
des classes laborieuses. Les revendications contre- ceaux tels que « Itsy Bitsy » ou le « Nabout Twist »
culturelles du mouvement s’écroulèrent donc dans (interprété par le chanteur français Claude François)
le contexte d’une opposition formelle à un ennemi nous permettent de réévaluer le rôle des yéyés
fantasmé, ambigu et multiple ; non pas une classe comme expression de conflits sociétaux et cultu-
mais un combat évanescent 8. rels. Comme l’explique Birgy, le yéyé est caractérisé
Je dois admettre que je n’ai jamais considéré « Itsy par des reprises de chansons pop et easy listening
Bitsy Teenie Weenie Yellow Polka Dot Bikini  » en provenance des États-Unis, et est trop souvent
comme un morceau typique de la contre-culture, considéré comme le simple résultat de l’hégémonie
notamment parce que les révoltes des jeunes associés culturelle américaine d’après-guerre. Écrit par Paul
à celle-ci sont, comme l’ont dit Roszak, Bennett et Vance et Lee Pockniss, « Itsy Bitsy » a d’abord été
d’autres théoriciens, un phénomène de la seconde interprété par Brian Hyland, se hissant à la pre-
moitié des années 1960 9. Ainsi, j’ai été fascinée par mière place des charts américains en août  1960,
la discussion de Philippe Birgy sur la musique yéyé et fut repris trois fois en France en  1961par des
et l’importation de la contre-culture américaine artistes classés dans les hit-parades. En identifiant
dans la France des années 1960. Plus encore, je fus le rythme cha-cha du couplet, Birgy identifie la
vraiment surprise à l’idée qu’une pop song toute chanson comme une forme d’exotica (jazz tropical),
mignonne, avec pour thème l’hésitation d’une jeune rapprochant son analyse des écrits d’Edward Saïd
fille prude à révéler son mini maillot, le badinage (1979) et Julia Kristeva (1980), et se concentrant
« one, two, three, four / tell the people what she sur le fantasme de ce que cache le bikini. Le ton
wore  » et «  stick around, we’ll tell you more 10  » plaisantant du refrain suggère, à son tour, le carna-
(récité, dans la version originale, par Trudy Packer), valesque, construisant alors un élément comique qui
fût d’une manière ou d’une autre contre-culturelle. désamorce la revendication de libération sexuelle de
«  Itsy Bisty  » fut, sans équivoque, une chanson la chanson. Les trois reprises, dont celle de Johnny
pop, bien davantage que les genres rock’n’roll plus Hallyday, sont alors comparées avant que la dis-
controversés et subversifs qui allaient bousculer la cussion sur l’exotica revienne pour une analyse du
culture mainstream à la fin des années 1950 et au- « Nabout Twist », marqué par les danses nord-afri-
delà, et bien loin de la contre-culture dans le sens caines. Birgy se tourne alors vers des écrits univer-
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exploré par Bennett, moi-même et al. Pourtant, sitaires, tirés de la revue Communication (1965) –
le titre alléchant de Birgy (« Si cette histoire vous notamment un article d’Edgar Morin – qui font
amuse, on peut la recommencer ») invite à une lec- figure d’analyses à chaud des nouvelles pratiques
ture plus profonde. Son interrogation sur la rela- culturelles des jeunes.C’est à partir de ce matériau
tion entre la jeunesse américaine et le yéyé fournit qu’il pose la question du mainstream et des sub-
une nouvelle clé de lecture du problème culturel cultures. Il conclut que la musique yéyé illustre la
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Sheila Whiteley

complexité des processus d’échanges transculturels, Music in France de Barbara Lebrun. Hazel Marsh se
et la porosité et les irrégularités des frontières posées penche ensuite sur les deux tomes du Popular Music
entre culture de masse, culture hégémonique et and Human Rights dirigé par Ian Peddie. Viennent
contre-culture. Il conclut en posant une question enfin la toute dernière biographie de Bob Dylan
finale : La musique yéyé n’a-t-elle pas, finalement, par Keith Negus, commentée par Richard Elliott,
transmis des revendications contre-culturelles ? le compte-rendu de Patrick Burke de l’ouvrage col-
lectif dirigé par Russell Reising sur les Pink Floyd
et enfin la recension par Peter Mills du tableau cri-
Recensions tique de la fusion entre jazz, rock et funk dans les
années 1970 par Kevin Fellezs. Cette section sera
Nous avons invité plusieurs universitaires à recenser complétée avec le second numéro de Volume ! consa-
un certain nombre de publications récentes dont cré aux contre-cultures.
nous estimions qu’elles apportaient des éléments
fructueux au débat auquel nous souhaitons partici-
per par ces publications. Dans ce premier numéro,
il semblait évident d’inaugurer la section des recen-
Coda
sions par une contribution de Ian Inglis (spécialiste Je voudrais remercier mon co-directeur Jedediah
des années 1960 et des Beatles), sur l’ouvrage consa- Sklower pour son soutien et son enthousiasme tout
cré à Woodstock dirigé par Andy Bennett. Michaël au long de l’élaboration de ce projet « musiques
Rolland analyse ensuite le dernier livre de Claude populaires et contre-cultures ». Ce qui aurait pu être
Chastagner sur la contre-culture aux États-Unis, une tâche laborieuse fut de ce fait une exploration
alors qu’Elsa Grassy s’attèle à son versant français, joyeuse de l’histoire et des différentes manifestations
de la chanson néo-réaliste à Manu Chao, avec Protest des contre-cultures.
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Contre-cultures : musiques, théories et scènes

Notes 4. L’Underground était, en Grande-Bretagne, l’équivalent


de la culture beatnik américaine [ndt].
1. Pour aller plus loin, on peut remonter à l’anarchisme
5. «  Le contexte est propice pour que nous fassions un
romantique des beats, et leur intérêt pour le mysticisme
usage politique de la musique, parce que le rock est
oriental, la poésie, le jazz, les drogues et les écrivains Jack
Kerouac et Allen Ginsberg. dorénavant un média. Bien sûr, c’est d’abord un diver-
tissement, mais comme nous lui avons appliqué de nou-
2. Bien qu’il soit accepté de tous que le combat des classes velles règles de fonctionnement, c’est aussi une arme »
moyennes contre la luxure conduisît de plus en plus à (IT, n° 56, 1969).
une identification explicite de la liberté sexuelle avec la
liberté totale qui, à l’extrême, inclut la pornographie (et 6. Pour une autre analyse de la Factory en termes de socio-
notamment les fameuses publicités appelées « velvet under- logie critique, on peut voir Stéphane Dorin (2012  :
ground » [souterrain de velours] pour les films X et les 63-78).
publicités qui y étaient liées, de même que le « Test de 7. Pour une analyse de la réception et de la réappropria-
Baisabilité des Femmes » de l’ouvrage Play Power (Neville, tion de la contre-culture américaine en France au début
1971 : 14). des années 1970, on peut consulter l’ouvrage de Gérôme
3. Comme l’a observé Jacques Attali, la musique contient Guibert (2006 : 209-223).
un pouvoir prophétique : « elle fait entendre le nouveau 8. Merci à Jedediah Sklower pour la riche discussion à
monde qui, peu à peu, deviendra visible. » (1977 : 23) propos de l’article de Gildas Lescop.
[ndt] L’ouvrage de Jacques Attali est considéré comme étant
très important au sein des Popular Music Studies anglo- 9. Si l’on excepte les éléments de la philosophie beat, tels que
phones. Pour en savoir plus voir  : Branden W. Joseph, discutés plus en amont.
« From Experiential Music : Reflections on Jacques Attali’s 10. « Un, Deux, Trois, Quatre, Dites-leur ce qu’elle portait. »
Noise », Tacet, Experimental Music Review, n° 2, 2013. « Ne bougez pas, on va vous en dire plus. »

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Bibliographie Newcastle, Cambridge Scholars Publishing, p. 1-18.


Attali Jacques (1977), Bruits. Essai sur l’économie poli- Negri Antonio (2005), The Politics of Subversion  :
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in Meriwether N. (ed.), All Graceful Instruments :


The Contexts of the Grateful Dead Phenomenon,

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