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LA GUERRE DU LIBAN 

: ENJEUX NATIONAUX

La libanisation d’un conflit est un terme pour décrire le processus de fragmentation d'un État, résultant de
l'affrontement entre diverses communautés, par allusion aux affrontements qu'a connus le Liban dans les années
1980. En effet, la guerre civile a marqué le pays et les relations internationales, de 1975 à 1990, et s’est caractérisé
par la diversité des conflits internes, des protagonistes et des évolutions d’alliances qui ont eu lieu tout au long des
affrontements. Même si le Liban est un pays récent, la guerre qu’il a connu pendant plus de quinze ans a marqué
profondément sa population, et a toujours un impact sur les relations en son sein, et avec ses voisins. Le pays est né
en 1920, d’abord sous mandat français, il est devenu indépendant en 1943. Il a longtemps été considéré comme un
modèle de démocratie, relativement stable comparé à ses voisins du Proche Orient.
Entre 1958 et 1964, Fouad Chehab est au pouvoir, et impose une politique avec un état interventionniste. Ainsi, le
Liban connait une prospérité économique importante, ainsi qu’une accélération de la modernisation du pays. Cette
stabilité ne dure pas. Les relations deviennent de plus en plus difficiles entre les différentes confessions qui
cohabitent sur le territoire. En effet, depuis 1926, et l’article 95 de la Constitution, le pays est officiellement
confessionnel dans sa politique intérieure. Des divisions émergent rapidement entre les Chrétiens Maronites, qui
ont tendance à se tourner vers l’Occident, et les Musulmans, qui ont une attirance plus forte pour la République
Arabe Unie.
De plus, des éléments extérieurs enveniment peu à peu la situation, notamment la question palestinienne. La
présence étrangère est difficile à supporter, et pose de réelles questions au sujet de la souveraineté du pays. Cela
creuse les tensions qui existaient déjà entre le mouvement national progressiste, composé principalement des
musulmans, des Druzes et de certains chrétiens, avec le Front Libanais, incarné par la phalange dirigée par la
famille Gemayel. La guerre civile éclate le 13 avril 1795, suite à une dissension entre la branche phalangiste et le
mouvement palestinien.

Le conflit peut être caractérisé par une définition de James Fearon « c’est un affrontement violent à l’intérieur d’un
État, entre groupes organisés, pour l’obtention du pouvoir que ce soit au centre ou dans une région  ». Des acteurs
extérieurs interviennent, dans un état faible, où les problèmes politiques, sociaux et économiques se multiplient.
Les changements constants d’alliance, les évolutions stratégiques sur le territoire, caractérisent un phénomène
guerrier difficile à définir. Plusieurs conflits se superposent, et il est impossible de réduire cette guerre à une simple
opposition religieuse entre chrétiens et musulmans, ou politique, entre conservateurs et progressiste.

Ainsi nous allons nous demander : Comment la guerre civile libanaise incarne-t-elle les oppositions
idéologiques qui régissent les rapports entre factions et communautés, entre 1975 et 1990 ?

Nous verrons dans un premier temps que c’est une guerre qui repose sur des fragmentations nombreuses de
la société libanaise. Ensuite nous verrons le tournant que prend le conflit à la fin de la première guerre, celle
de deux ans, avec les évolutions des alliances. Dans un dernier temps nous analyserons la situation post 1985,
et la résolution du conflit.

I. Une guerre qui débute sur la fragmentation à plusieurs niveaux de la société libanaise
A. Une nation fondée sur la diversité des communautés religieuses et ethniques

Le Liban est un pays récent, fondé sur de nombreuses communautés. On en compte une quinzaine,
principalement chrétiennes et musulmanes, réparties sur le territoire. Les plus importantes sont les Maronites, les
chrétiens orientaux qui ont développé au cours du temps un fort caractère identitaire et communautaire, les
Sunnites, les Chiites, et les Druzes.
Ces communautés sont maintenues par un pacte, qui permet un certain équilibre. La répartition même des pouvoirs
politiques se fait en fonction de ces groupes. Ainsi, l’état libanais repose sur une particularité qui est de se définir
davantage par une appartenance à une communauté, que par l’appartenance à une nation commune. Les fractures
sur le territoire sont nombreuses, et chaque zone géographique obéit à une régime politique différent.
- Par exemple : la zone centrale du pays est principalement chrétienne, les forces militaires sont
paraétatiques et assez proche de l’état (jusqu’en 1987), puisque le pouvoir central est majoritairement
maronite.
L’accélération du conflit est donc davantage due à des rivalités pour le contrôle d’un groupe ou d’un territoire, qu’à
des tensions quant aux spécificités religieuses. Pour les penseurs constructivistes, l’identité, l’appartenance à un
groupe est une notion que l’individu lui-même mobilise, et non l’inverse. Les groupes, les clans et les
communautés peuvent se menacer de manière violence, en se détruisant peu à peu. On assiste à un processus de
désintégration de la société, qui étaient avant gérés de manière unitaire. Les alliances ont tendance à se faire autour
d’affinités entre clans, ou communautés. Elles évoluent sans cesse, et montre que la situation politique est très
instable au début de la guerre. L’unité nationale est compromise, ce qui n’est pas facilité par la question de la
présence palestinienne sur le territoire.

B. La question palestinienne, un motif de séparation entre progressistes et conservateurs

L’exode palestinienne est importante depuis 1948. Elle est indissociable de la question de la guerre civile
libanaise. En effet, le sud du Liban devient avec le temps une véritable base arrière, anti-israélienne. Certains
chercheurs parlent même d’un état dans l’état, qui exacerbe les tensions dans un pays ou les communautés sont très
puissantes.
Les Accords du Caire, de 1969, concrétisent la présence de la Palestine au Liban Sud, l’OLP s’implante à partir de
1970. La place importante que prennent les Palestiniens, principalement les Fédayins, dans l’espace politique et
géographique envenime la situation, notamment avec les miliciens phalangistes, dirigés par Pierre Gemayel.
Ainsi, le 13 avril 1975 marque le début de la guerre civile, après l’assassinat d’un proche du leader maronite. Les
phalangistes tuent 27 individus, principalement Palestiniens. Le conflit est alors dominé par l’opposition entre la
phalange dite chrétienne, qui défend un Liban libre, autonome et plutôt conservateur, aux défenseurs de l’arabisme
et des Palestiniens. Ce mouvement est incarné par Kamal Joumblatt.
A partir d’avril 1975, la ville de Beyrouth devient le témoin de cette opposition, encore essentiellement duelle.
Selon Ninon Grangé, on entre à ce moment dans une véritable logique de guerre civile. Tandis que les phalangistes
souhaitent garder le pouvoir, le mouvement progressiste de Joumblatt souhaite l’obtenir. Cela est accompagné d’un
déchirement de la société, sur plusieurs niveaux. L’état n’est plus garant de son rôle de protecteur de la société
civile. Les divisions politiques et idéologiques se creusent, et les partis politiques utilisent la question palestinienne
pour justifier et défendre leur cause. On entre dans une guerre civile, mais aussi idéologique, ou les phalangistes et
les progressistes utilisent le problème palestinien pour user de violence et défendre leur vision unique de la nation.
Face à cette situation chaotique, la Syrie en profite pour intervenir directement sur le territoire.

C. L’intervention syrienne

Si les Syriens, voisins les plus proches des Libanais, avaient tendance à se situer au début du conflit du côté
des progressistes socialistes, c’est à la demande des Chrétiens qu’ils interviennent à partir de 1976. La Syrie
devient alors un acteur majeur du conflit et ses intérêts à intervenir au Liban sont nombreux.
Tout d’abord, cela permettrait de contrôler la possible alliance entre le Liban et Israël. Ensuite, le pays pourrait
mieux maîtriser les Palestiniens. Enfin, il pourrait toucher d’un peu plus près son objectif de créer une «  grande
Syrie », et limiter les ambitions expansionnistes d’Israël.
Les Syriens entre donc sur le territoire, avec l’accord du président Soleiman Frangié, mais c’est rapidement Elias
Serkis qui prend la succession du pouvoir. À ce moment, les relations se détériorent entre les deux pays.

C’est le parti de Bachir Gemayel, fils de Pierre Gemayel, qui fait appel aux Syriens, il est donc nécessaire pour ce
mouvement qui prône l’indépendance et l’autonomie du Liban de justifier cette demande d’intervention. Pour eux,
la présence syrienne est le facteur nécessaire à la préservation de l’intégrité libanaise, mais aussi à la restauration de
la paix et l’unité. En réalité, les positions de la phalange chrétienne étaient très compromises par les forces
Palestiniennes et progressistes. Ainsi, c’est une logique sécuritaire, à l’échelle nationale et communautaire, qui est
mise en place par le groupe maronite. Il est important de défendre ses positions, même si la sécurité au niveau du
pays est compromise. Cependant, cette logique rend la résolution du conflit difficile, car l’État est incapable de
s’imposer face à des groupes politiques et militaires de plus en plus puissants.
La Syrie quant à elle, s’impose de plus en plus, jusqu’à ce qu’on puisse parler d’une « arabisation du conflit ».
Certains chercheurs comme Ninon Grangé vont jusqu’à parler d’une « guerre impérialiste syrienne », où le
président souhaiterait satelliser le Liban.

DONC en novembre 1976, les Casques Verts Syriens entrent dans Beyrouth et libèrent la ville des combats.
L’armée libanaise, qui était déjà assez peu présente, est éclatée en factions rivales, et les territoires sont plus que
jamais contrôlés par des milices et des clans. En mars 1977, l’assassinat de Kamal Joumblatt, chef du parti
socialiste progressiste relance le conflit, et entraîne les premières interventions israéliennes au Liban (mais Marie
en aura parlé)

II. L’invasion par Israël et les rapports entre état, milices et civils.
A. Israël et l’opération « Paix en Galilée »
L’année 1982 est une année considérée comme charnière dans la guerre civile libanaise. En effet, elle
marque le début de l’opération « Paix en Galilée. Les Israéliens assiègent Beyrouth, et le pays tout entier devient le
théâtre d’affrontement entre Palestiniens, Israéliens, et communautés libanaises. De plus, la situation politique est
extrêmement tendue, puisque le Président Béchir Gemayel se fait assassiner juste après son élection à la présidence
du pays. C’est son frère Amine qui lui succède. Il souhaite mettre en place une politique un peu plus modérée, mais
a pour toujours pour objectif la souveraineté et l’autonomie totale du Liban. Pour cela, il refuse par exemple de
signer le traité de paix avec Israël, ce qui n’améliore pas la situation très complexe que connait le pays. Il n’arrive
pas non plus à maîtriser les forces alliées israéliennes, et donc la sécurité du pays.
A partir de l’année 1982, de nombreuses tensions émergent partout sur le territoire libanais, notamment envers la
présence étrangère. Les attentats se multiplient, la pression entre Chrétiens et Druzes se manifeste avec la «  guerre
des montagnes », qui provoquent de nombreux déplacements de populations, de blessés et de morts. Il y a
également les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila dont nous reparleront, ainsi que l’augmentation
des attaques Chiites, dirigées par le général Amal, un pro- syrien, qui se bat principalement contre Hezbollah (le
parti de dieu).
La situation semble sans issue, dans un territoire ou la présence de l’état est inexistante. Les conflits se superposent
avec Israël, et les Chiites d’Amal s’emparent de Beyrouth en 1984. Le président Amine Gemayel est victime d’une
tentative de putsch.
Finalement, le retrait des troupes israélienne expliquée par l’exposé de Marie, et la constitution d’un gouvernement
d’union nationale dirigé par Rachid Karamé semblent apaiser les tensions.

B. Les milices, une substitution au rôle de l’État ?

Tous les évènements décrits précédemment sont indissociables des mouvements militaires. Les milices
jouent un rôle prépondérant dans cette guerre, et on compte près de 100 ans groupes armés. Ce phénomène peut
s’expliquer par le fait que la guerre civile libanaise se traduit par une forte déprofessionnalisation de l’armée, avec
un transfert du militaire au civil. Le monopole de la force qui était détenu par l’état s’efface, au profit d’armées
beaucoup plus informelles et irrégulières. Ces milices possèdent leur propre état, leur propre monopole sur la
violence, et un besoin très fort de reconnaissance et d’affirmation.
Ainsi on voit se développer de véritables groupes paraétatiques, comme la phalange chrétienne créée par Pierre
Gemayel. Elle est liée/appelée Kataëb, et s’oppose, aux progressistes socialistes et aux Syriens. C’est un
mouvement autonome, armé, qui devient une véritable alternative de l’État.
Un autre groupe représentatif de ce phénomène et celui présent dans le sud du Liban. Après les interventions
israéliennes en 1977-1978, on confie le sud du Liban à Saad Haddad. Il proclame en 1979, l’indépendance de la
région, et crée une milice chrétienne totalement indépendante : l’armée du Liban Sud. Elle soutient Israël dans ses
affrontements avec les Palestiniens et Hezbollah, en échange de fonds, d’armes, …
On ne peut pas parler d’un conflit qui opposerait deux groupes, deux religions, ou encore deux camps. C’est
réellement une opposition des rapports de forces entre les différentes milices, en fonction des évènements qui se
produisent, des alliances qui sont créées. Par exemple, la communauté chiite qui était relativement unie au début de
la guerre, contre la phalange chrétienne, se sépare clairement avec la création d’Hezbollah.
Ces milices englobent des pans entiers de populations, rendant banal l’usage d’arme, mais aussi causant de
nombreuses victimes auprès des civils.

C. L’impact sur la population civile

Les civils sont des acteurs de premier plan en temps de guerre civile. On a vu que les milices recrutaient de
plus en plus d’hommes, ils ont entre 15 et 25 ans, et sont formés à la guerre de manière totalement indépendante de
l’état (pas de service militaire). Les armes légères sont de plus en plus accessibles et nombreuses, banalisant la
violence. L’État n’a plus sa fonction protectrice. La société civile se défend elle-même.
Les civils sont les principales victimes dans la guerre, les attaques et les bombardements sont nombreux,
notamment à Beyrouth ou Saïda. Les attaques de bidonvilles, et de camps, souvent à l’encontre des Palestiniens
sont fréquentes, d’une cruauté parfois immense. Par exemple, les assauts des bidonvilles de Damours, et de la
quarantaine, restent aujourd’hui considérés comme des actes d’extrême violence. La population civile est prise au
piège par les phalangistes et le parti national libéral, les morts se comptent par milliers, et le bidonville de la
quarantaine est complètement rasé, laissant des centaines de familles sans abri. Les camps de Sabra et Chatila sont
également des exemples d’atrocité guerrière, et les massacres ont longtemps été laissé sous silence.
Ces exactions, en plus de provoquer la mort de milliers de civils, entrainent un très grand flux de population. Des
centaines de milliers d’habitants se retrouvent sans habitat, et doivent se déplacer, ce qui entraîne une OL
III. Un conflit à l’issue impossible ?
A. Radicalisation des mouvements et tensions politiques

Avec le départ d’Israël en 1985, l’OLP réinvesti les lieux dans les camps du Sud-Liban, la guerre continue.
L’année 1985 est marquée par la « guerre des camps ». Elle dure jusqu’à 1988, et se caractérise par un conflit entre
les Chiites d’Amal et les Palestiniens. Le centre du conflit semble se déplacer, et adopte un caractère davantage
religieux. De plus, la situation politique au niveau national se détériore, avec de nombreuses critiques et
insurrections contre Amine Gemayel. On lui reproche son rapprochement avec la Syrie. Ces révoltes sont
majoritairement menée par Samir Geagea, qui est rapidement évincé par le pro syrien, Elie Hobeika.
Face à la situation très tendue, une tentative d’accord est réalisée, entre Hobeika, le PSP et Amal. Cela échoue car
les Maronites, et donc le parti du président Gemayel n’ont pas été consulté. Encore une fois, la paix est très difficile
à obtenir dans un état ou le pouvoir central est faible et quasi absent. Les communautés,  les groupes politiques
souhaitent tous protéger leurs intérêts, et n’ont donc pas de réelles raisons à trouver une entente, qui dans tous les
cas devrait les faire renoncer à certains de leurs avantages.
En parallèle des conflits politiques, les combats entre Chiites et Hezbollah s’intensifient. Ce dernier est apparu au
Liban en 1982, en grande partie grâce à l’invasion israélienne. Elle a favorisé la radicalisation et la militarisation
des militantismes religieux Fortement inspiré de la révolution iranienne, il devient rapidement l’opposant principal
à Israël dans le sud Liban. Il est aussi à l’origine de nombreux attentats contre la présence occidentale. Ces tensions
entre Chiites, Druzes, Hezbollah, poussent la Syrie à intervenir à partir de 1987.

Ainsi en 1987, le climat est extrêmement tendu. Le PM Rachid Karamé est assassiné, les forces libanaises dirigées
par Gemayel refusent toute proposition de candidat aux présidentielle. Finalement, le Général Aoun est choisi pour
constituer un gouvernement provisoire. Ce dernier est contre la présence syrienne, il lance une guerre de libération
contre environ 30 000 soldats Syriens et met en place un gouvernement militaire. Cependant, le président du
Conseil, Selim Hoss est pro syrien. A la tête du pays se trouve donc deux gouvernements complètement opposés.

B. Une paix en demi-teinte

Dans cette situation politique chaotique, les accords de Taïf sont signés en octobre 1989. Ils ont pour
objectifs de dissoudre les contre-pouvoirs que représentent les milices, renforcer le pouvoir du premier ministre, et
de permettre la formation d’un gouvernement d’union nationale. Malgré cela, l’instabilité politique et militaire
continue tout au long de l’année 1990. Le futur président est tué, les combats continuent entre le les forces du
général Aoun et les forces libanaises chrétiennes pro syriennes. Finalement, grâce à l’intervention d’armées
étrangères, le général est vaincu et s’exile, marquant la fin de la guerre.
Les Accords de Taïf marquent une paix modérée. Si le Liban souhaitait rétablir une souveraineté totale sur son
territoire, il est désormais sous tutelle syrienne. Damas incarne la force stabilisatrice, et le pays doit se reconstruire
sous son aile, en harmonisant ses politiques économiques, extérieures ou encore culturelles avec le territoire. C’est
une guerre qui aura fait près de 150 000 morts en 15 ans, avec des centaines de milliers d’habitants déplacés (on
estime à environ 30% de la population). Les problèmes démographiques, économiques et politiques sont nombreux.
L’État libanais a perdu sa légitimité car il n’a pas défendu ses citoyens, et le contrat qui le liait à sa population
semble être rompu. La société est encore très divisée, et le conflit est aujourd’hui toujours présent dans les
mémoires.

Les accords de Taïf marquent le début de la 2 ème République libanaise. Cette guerre civile aura soulevé des
problématiques différentes, comme par exemple la place de la religion dans le conflit. Si les chercheurs ont
longtemps pensé que cette variable était déterminante dans la guerre civile, on tend aujourd’hui à penser qu’il
s’agissait d’un facteur certes à prendre en compte, mais qu’il ne fallait pas pour autant réduire les oppositions à
cette vision binaire, de chrétiens contre musulmans.
Il est très difficile de ranger la guerre civile libanaise dans une catégorie. On pourrait la définir par ses rapports de
forces, qui ne cessent d’évoluer pendant quinze ans. Les alliances, les hostilités, la neutralité, …. Les questions de
l’opportunité politique, de la sécurité et de la relation au pouvoir sont autant de facteurs nécessaires à prendre en
compte dans la compréhension de ce conflit complexe. La question de l’unité politique a été également longtemps
posée. Peut-on parler d’une guerre civile qui aurait été suicidaire ? En effet, elle empêche pendant plus de 15 ans
l’unité et la pérennité politique. Aujourd’hui encore le pays vit avec les séquelles d’une guerre violente, qui aura
intégré la société libanaise a tous les niveaux. Les affrontements dans le Sud-Liban reprennent rapidement, avec
Hezbollah et Israël en acteurs principaux.
BIBLIOGRAPHIE :

AMIOT Hervé, La guerre du Liban : entre fragmentation interne et interventions extérieures, 2013
AMMOUN Denis, Histoire du Liban contemporain 1943-1990, Fayard, Paris, 2005
CORM Georges, Géopolitique du conflit libanais, La Découverte, Paris, 1986
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139-174
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EL BOUJEMI Marwa, La guerre civile libanaise : conflit civil ou guerre par procuration ? 2016, pp. 147- 158
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