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Chapitre 1 :

La Télédétection Spatiale : Définitions, Historique & Applications

1. 1. Définitions
La télédétection (ou Remote Sensing (RS) en anglais) est le processus de mesure ou d'acquisition d'informations
sur un objet ou un phénomène par l'intermédiaire d'un instrument de mesure n'ayant pas de contact direct avec
l'objet étudié.
La télédétection est donc : (1) l'art d'acquérir à distance des informations, en général des images, et (2) l'art de
traiter ces informations pour répondre à des problèmes.
Elle peut s’effectuer par l'utilisation à distance d'un avion, d’un ballon, d'un satellite, d'un bateau ou encore de
n'importe quel type d’outil permettant l'acquisition d'informations sur l'environnement.

Les instruments de mesure sont alors des instruments tels que les appareils photographiques, lasers, radars, sonars,
sismographes ou gravimètres (fig. 1).

Fig. 1. Principe de base de la télédétection.

Nous pouvons distinguer deux types de capteurs : « actifs » et « passifs », (fig. 4).
- Capteurs passifs (fig. 2) permettent l’enregistrement du rayonnement naturel, fourni par la lumière ou la
chaleur du soleil, qu’il soit émis, réfléchi ou réfracté (ex : photographies aériennes du paysage éclairé par
la lumière du soleil ainsi que certaines images satellitaires comme (SPOT, LANDSAT, IKONOS, …)).

Fig. 2. Capteur passif.

- Capteurs actifs (fig.3) permettent l’enregistrement du rayonnement que réfléchit l’objet ou le paysage
illuminé par l’opérateur (ex : images radar, lidar, …etc.).

Fig. 3. Capteur actif.

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Fig. 4. Les capteurs actifs et passifs selon le spectre des longueurs d’ondes.

1. 2. Historique de la télédétection spatiale


L'histoire des techniques de la télédétection peut se répartir en six grandes périodes2 :
- 1856, date à laquelle pour la première fois, un appareil photographique a été installé de façon fixe à bord
d'un ballon.
- A la première guerre mondiale, se déroule l'époque des pionniers, pendant laquelle sont explorées les
possibilités de la photographie aérienne verticale pour la cartographie et les lois fondamentales de la
stéréoscopie et de la photogrammétrie sont découvertes à la fin du XIXe siècle.
- De la première guerre mondiale à la fin des années 50, la photographie aérienne devient un outil
opérationnel pour la cartographie, la recherche pétrolière, la surveillance de la végétation, …. On assiste à
un progrès continu de l'aviation, des appareils photographiques et des émulsions (couleur, infrarouge noir et blanc,
infrarouge fausse couleur). Les méthodes de la photo-interprétation sont précisées et codifiées.
- la période qui commence en 1957 et s'achève en 1972 marque les débuts de l’exploration de l’espace et
prépare l'avènement de la télédétection actuelle. Le lancement des premiers satellites, puis des navettes
spatiales habités à bord desquels sont embarqués des caméras, révèle l'intérêt de la télédétection depuis l'espace.
Parallèlement, les radiomètres-imageurs sont mis au point et perfectionnés, de même que les premiers radars
embarqués à bord d'avions. La première application opérationnelle de la télédétection spatiale apparaît
dans les années 60 avec les satellites météorologiques de la série ESSA.
- Le lancement en 1972 du satellite ERTS (rebaptisé ensuite Landsat 1), premier satellite de télédétection des
ressources terrestres ouvre l’époque de la télédétection moderne. Le développement constant des capteurs et des
méthodes de traitement des données numériques ouvre de plus en plus le champ d’applications de la télédétection.
Depuis les années 70, on assiste à un développement continu de la télédétection, marqué notamment par
l’augmentation de la résolution spatiale des capteurs et la diversification des capteurs qui utilisent des
domaines de plus en plus variés et spécialisés du spectre électromagnétique.
- Dans les années 90, on assiste ainsi à la multiplication des satellites équipés de capteurs actifs, radars en
particulier. Dans le domaine du rayonnement visible et infrarouge, les capteurs à très haute résolution spectrale
sont de plus en plus d’utilisation courante dans leur version aéroportée et font leur apparition à bord des
satellites.
1. 3. Principes
La télédétection utilise la mesure des rayonnements électromagnétiques émis ou réfléchis des objets étudiés dans
un certain domaine de longueurs d’ondes ou de fréquences du spectre électromagnétique (visible, infrarouge,
micro-ondes). En réalité, ceci est possible grâce à la nature des objets étudiés (plantes, maisons, surfaces d'eau,

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…), puisqu’ils émettent ou réfléchissent des rayonnements à différentes longueurs d'ondes et intensités selon leur
état.
Il est possible de schématiser le processus de la télédétection (fig. 5) en sept étapes :
1. Source d'énergie ou d'illumination : à l'origine de tout processus de télédétection se trouve nécessairement une
source d'énergie pour illuminer la cible. Le plus souvent, voire dans presque la totalité des cas, cette source
d’énergie est le soleil. Mais le satellite lui-même peut être source d’énergie : c’est le cas pour le domaine de la
télédétection radar ou lidar.
2. Interaction rayonnement et atmosphère : durant son parcours « aller » entre la source d'énergie et la cible, le
rayonnement interagit avec l'atmosphère. Une seconde interaction se produit lors du trajet « retour » entre la cible
et le capteur.
3. Interaction avec la cible : une fois parvenue à la cible, l'énergie interagit avec la surface de celle-ci. La nature
de cette interaction dépend des caractéristiques du rayonnement et des propriétés de la surface.
4. Enregistrement de l'énergie par le capteur : une fois l'énergie est diffusée ou émise par la cible, elle doit être
captée à distance par un capteur qui n'est pas en contact avec la cible mais embarqué à bord d'un satellite ou d'un
avion par exemple, pour être enfin enregistrée sous un format numérique.
5. Transmission, réception et traitement : cette information enregistrée par le capteur est transmise, souvent par
des moyens électroniques, à une station de réception généralement située au sol où l'information est transformée
en images (numériques ou photographiques).
6. Interprétation et analyse : une interprétation visuelle et/ou numérique de l'image traitée est ensuite nécessaire
pour extraire l'information que l'on désire obtenir sur la cible.
7. Application : la dernière étape du processus consiste à utiliser l'information extraite de l'image pour mieux
comprendre la cible et pour nous en faire découvrir de nouveaux aspects ou pour aider à résoudre un problème
particulier.

Fig. 5. Les étapes du processus de télédétection.

1. 4. Les domaines d’application de la télédétection spatiale


Les domaines d’applications de la télédétection spatiale englobent les trois zones caractéristiques de l’écosystème
terrestre, à savoir la terre, les océans et l’atmosphère. La télédétection spatiale est l’association de trois facteurs :
les capteurs, les porteurs ou vecteurs et les applications qui l'ont sollicitée comme montré sur le tableau I. 1 ci-
dessous :

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Tableau I. 1. Capteurs, vecteurs et domaines d’applications de la télédétection spatiale.
Vecteurs Capteurs Domaines d’applications
Télédétection de l’atmosphère (Météorologie, climatologie)
- Basse et moyenne résolution (on privilégie la
- Etude de la nébulosité
- Satellites géostationnaires répétitivité et la couverture spatiale).
- Mesure des températures
(Météosat). - Capteurs passifs : visible, infrarouge et microondes.
- Vapeur d’eau et précipitations
- Satellites à défilement (NOAA). Sondeurs atmosphériques.
- Eléments du bilan radiatif
- Capteurs actifs : radars pluviométriques, lidars.
Océanographie et étude littorales
- Analyse de la couleur de l’océan
- Avions, satellites - Toutes résolutions selon les espaces considérés (de (production biologique, turbidité).
météorologiques ou de l’océanographie côtière à l’océanographie globale). - Mesure des températures de
télédétection terrestre. - Capteurs passifs : visible, infrarouge, microondes. surface de la mer.
- Satellites spécialisés (Nimbus, - Capteurs actifs : Radars imageurs, radar-altimètre, - Vagues et vents, altitude de la
Seasat, ERS-1). diffusiomètre. surface (dynamique de l’océan).
Glaces de mer.
Applications terrestres
- Cartographie régulière et
thématique.
- Surtout haute et très haute résolution spatiale : - Géologie, prospection minière,
- Avions, satellites à défilement Photographie aérienne. géomorphologie.
en orbite polaire (Landsat, - Capteurs passifs : radiomètres à balayage (domaine - Hydrologie, neige, risques
SPOT). optique). naturels.
- Capteurs actifs : radars imageurs. - Agriculture, sylviculture.
- Urbanisme, aménagement, génie
civil. …etc.

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