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Alain Muzelle
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Alain MUZELLE*
Jacobis Woldemar is a review Friedrich Schlegel wrote in 1796 from the final
version of the novel. With this work, the young writer inaugurates the series of his
« Charakteristiken ». Under the influence of Fichte’s philosophy, he develops a new
form of criticism, a genetic method that explains the poetic works from the point of
view of their progressive construction, on the basis that « one can understand a book
or a mind only through reconstructing its internal dynamics ». After having showed
the weakness of the plot and portrayed Woldemar as a vulgar and selfish immoralist,
he refuses to acknowledge the work any specifically philosophical value, arguing that
he cannot succeed in finding any consistency in the course of the argument. Finally,
the profound unity of the book is to be found, for Schlegel, in the individuality of its
creator, whom he defines as a « mystical sophist ».
Mit Jacobis Woldemar, einer Rezension, die Friedrich Schlegel 1796 über die
endgültige Fassung dieses Romans verfasst, entsteht die erste seiner Charakteri-
stiken. Unter dem Einfluß von Fichtes Philosophie entwickelt Schlegel eine neue
Art von Kritik, eine genetische Methode, welche die poetischen Werke aus ihrem
Werden erklärt, da man erst « ein Werk, einen Geist [versteht], wenn man den Gang
und Gliederbau nachkonstruieren kann. » Nachdem er auf die innere Brüchigkeit
der Romanhandlung hingewiesen und von der Titelgestalt das Porträt eines immo-
ralistischen groben Egoisten entworfen hat, was ihn dazu führt, Jacobis ethische
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* Alain MUZELLE, Professeur des Universités, Université de Lorraine, 111 rue du Mont
Cenis, F-75018 PARIS ; courriel : amuzelle@wanadoo.fr
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1. « Reichardt hat mir eine Recension des Woldemar angetragen, die ich angenom-
men. Willst Du sie aber annehmen, so trete ich gern zurück. » In : Kritische Friedrich-
Schlegel-Ausgabe, 35 Bde., hrsg. von Ernst Behler. Unter Mitarbeit von J.-J. Anstett und
H. Eichner, Paderborn, München, Wien : Schöningh, 1958 sq., Abteilung 3, Bd. XXIII,
p. 325. Abréviation : KA.
2. C’est du moins ce que Jean-Paul rapporte à Jacobi dans une lettre du 27 janvier
1800 : « [Novalis] erzählte mir vor einem Jahr in Leipzig, wie es mit Schlegel […] gegangen
sei. Er habe […] alle Deine Werke auf einmal studiert, verschlungen, gepriesen. » Cité par
Hans Eichner in : KA, t. II, p. XVIII.
3. « Die zwei Fieber. Kaum hat das kalte Fieber der Gallomanie uns verlassen,/Bricht
in der Gräkomanie gar noch ein hitziges aus. » In : Xenien, in : Friedrich Schiller : Gesam-
tausgabe der Werke, hrsg. von Gerhard Fricke und H. G. Göpfert, Nördlingen, Deutscher
Taschenbuch Verlag, 1965, Bd. II, p. 58.
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Schlegel commence son article par des remarques positives qui peuvent
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4. In : Lessings Gedanken und Meinungen (1804), in : KA, t. III, p. 60.
5. Ce que Herder relève non sans ironie dans une lettre à Jacobi du 10 décembre 1798 :
« Man hat mir gesagt, daß [Schlegel] Deine Werke mit dem größten Entzücken gelesen und
sich immer tiefer hineingelesen, bis er Dir aus Dankbarkeit die Rezension herausquoll. » Cité
par Hans Eichner in : KA, t. II, p. XVIII. On pourrait rapprocher ce rapport paradoxal de
Schlegel aux textes de Jacobi de la façon dont il va passer de l’enthousiasme à la critique lors
de sa découverte du Wilhelm Meister de Goethe, une fois l’ouvrage lu et relu en profondeur.
Cela dit, la recension de l’œuvre de Goethe ne sera pas ouvertement négative : on ne traite pas
le roman du Weimarien avec la même audace que le roman du philosophe de Dusseldorf.
6. In : Jacobis Woldemar, in : KA, t. II, p. 57.
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14. « So genießt er Allwinen, die Lais seiner Seele, liebt sie nicht : es ist wirklich
empörend, wie er sich noch freuen darf, daß er sie nur besitze, ohne von ihr besessen zu
werden (T. II. S. 73). » In : KA, t. II, p. 65.
15. Cité par Eichner in : KA, t. II, p. XX. On trouve aussi dans le même commentaire
d’Eichner cet extrait d’une lettre de Jacobi à Matthias Claudius : « Jeder gut gesinnte Mann
[muss] bei der ersten Regung von Liebe den Gedanken an sinnliche Lust verabscheuen. »
KA, t. II, p. XX.
16. « Es ist alles in der Liebe : Freundschaft, schöner Umgang, Sinnlichkeit und auch
Leidenschaft ; und es muss alles darin sein, und eins das andre verstärken und lindern,
beleben und erhöhen. » In : Lucinde, in : KA, t. V, p. 35. Voir Alain Muzelle : L’Arabesque.
La théorie romantique de Friedrich Schlegel à l’époque de l’Athenäum, Paris : PUPS, 2006.
17. Ainsi Julius définit-il lui-même son récit comme un « grand évangile du plaisir et
de l’amour véritables » : « Und so sprach ich denn auch in jener unsterblichen Stunde, da
mir der Genius eingab, das hohe Evangelium der echten Lust und Liebe zu verkündigen,
zu mir selbst […] » In : Lucinde, in : KA, t. V, p. 25.
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Debauchen endigen, mit einem Salto mortale in den Abgrund der gött-
lichen Barmherzigkeit. »31
Ainsi Friedrich Schlegel termine-t-il son article en achevant le roman
de Jacobi par une ultime pointe spirituelle. Sa recension, qui rompait
avec les canons critiques de l’époque, fit grand bruit et en scandalisa plus
d’un. Le jeune écrivain établit sa notoriété par ce premier coup d’éclat,
mais surtout il inaugura un nouveau style d’analyse, destiné à influencer
durablement la critique littéraire. Jacobi quant à lui fut très ébranlé par
cette recension dont la nouveauté radicale le dérouta ;32 vingt ans plus tard,
il ressentait encore le besoin de répondre aux critiques schlegeliennes.
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