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15/03/2021 La finance et le développement économique

International Development
Policy | Revue
internationale de politique
de développement
3 | 2012
Aid, Emerging Economies and Global Policies
Revue | Evolution des politiques de développement

La finance et le développement
économique
U P
https://doi.org/10.4000/poldev.966

This article is a translation of:


Finance and Economic Development [en]

Abstract
Cet article traite de la littérature sur la finance et le développement économique. Il propose tout
d’abord une description des rôles de la finance, ainsi qu’une définition de l’efficacité financière. Il
poursuit avec une discussion autour de la question suivante : les pays peuvent-ils présenter des
secteurs financiers « trop importants » pour la taille de leur économie nationale ? L’article décrit
ensuite plusieurs indicateurs du développement financier, puis examine la littérature traitant de la
relation entre développement financier et croissance économique. Cet examen de la littérature
aborde en détail des indicateurs récents prouvant que la contribution marginale du développement
financier à la croissance duThis
PIB devient négative
site uses lorsqueand
cookies le crédit au secteur
collects privé atteint
personal data.110 % du
PIB. L’article propose pour terminer des conclusions politiques à l’intention des pays en
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développement. 25, 2018).
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Index terms
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https://journals.openedition.org/poldev/966 1/22
15/03/2021 La finance et le développement économique
Mots-clés thématiques : banque, coopération internationale, crédit au secteur privé, crise
financière, croissance, globalisation financière, gouvernance, pays émergents

Full text
Je voudrais remercier Mackie Bahrami, Gilles Carbonnier et le comité de
rédaction de la Revue internationale de politique de développement pour
leurs suggestions et commentaires précieux. Cet essai s’appuie sur les travaux
menés avec Jean-Louis Arcand et Enrico Berkes (Arcand et al., 2011) et sur un
article complémentaire non publié préparé pour le chapitre 3 du Rapport sur
le commerce et le développement, 2009 (UNCTAD, 2009). Il peut donc y
avoir des chevauchements entre les sections 2.2, 3.2 et 4 de cet article, Arcand
et al. (2011) et UNCTAD (2009). Les opinions exprimées dans cet article me
sont propres. Elles ne reflètent pas et ne doivent pas être considérées comme
les opinions des Nations unies. Les réserves habituelles s’appliquent.

« Si un tel homme [un banquier] est très occupé, c’est un signe que tout n’est pas pour le
mieux. C’est signe alors qu’il s’occupe de détails que des employés traiteraient mieux que
lui […], ou qu’il se lance dans la spéculation. »

Bagehot (1874, 150)

« La leçon que je tire de cette expérience n’est pas que la réglementation et le contrôle
financiers sont inefficaces pour contrôler les risques émergents, mais que leur exécution
doit être meilleure et plus intelligente. »

Bernanke (2010)

1. Introduction
1 Dans une tribune libre parue le 26 juillet 2011, Alan Greenspan a critiqué les réformes
en matière de réglementation visant à accroître les marges de capital dans le secteur
financier. L’ancien président de la Réserve fédérale américaine y soutenait que ces
politiques provoqueraient une accumulation de « ressources dormantes qui pourraient
être utilisées pour produire des biens et services », mais qui sont au lieu de cela consacrées
à la « lutte contre des crises qui ne surviennent que tous les cinquante ou cent ans »,
entraînant par là même un « excès de marges aux dépens de nos niveaux de vie »
(Greenspan, 2011).
2 Cette tribune d’Allan Greenspan a déclenché un débat autour des marges de capital :
doivent-elles être considérées comme des ressources dormantes ou peuvent-elles rendre le
système plus sûr sans avoir d’impact négatif sur la disponibilité de crédit (p. ex. Krugman,
2011 ; Cowen, 2011) ? A ma connaissance, le débat n’a en revanche pas abordé une autre
hypothèse implicite suggérée par la théorie d’Allan Greenspan, à savoir que des secteurs
financiers plus importants sont toujours bons pour la croissance économique et que les
politiques qui entraînent une réduction du total des prêts peuvent avoir un impact négatif
sur les niveaux de vie. Cet article critique a pour objectif de vérifier cette hypothèse. Par
contre, il ne traitera pasThis
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la globalisation data. et à la
financière
libéralisation
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comptes de capital.
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existeour
en effet une vaste
Privacy littérature
Policy empirique
(updated sur 25, 2018).
on June
le sujet et un semi-consensus sur le fait que la libéralisation des comptes de capital n’a pas
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d’effet statistiquement important sur la croissance économique1.
3 Le message principal de cet article est que, même si le développement financier est
généralement bénéfique à la croissance économique, Close il existe un seuil à partir duquel la
finance commence à avoir un rendement négatif, en raison, peut-être, de l’accroissement

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de la volatilité macroéconomique qu’elle induit. Comme la plupart des pays en


développement se situent au-dessous de ce seuil, ils pourraient tirer parti d’une
intensification financière. Toutefois, ces pays se doivent de rester prudents lorsqu’ils
mettent en œuvre des réformes visant à libéraliser leurs systèmes financiers. En effet, des
changements rapides peuvent altérer les motivations des banquiers et des organes de
réglementation et par là même entraîner des crises financières. Le gradualisme devrait
l’emporter sur les réformes radicales.
4 Cet article est construit de la manière suivante : la deuxième partie résume les rôles de
la finance, définit l’efficacité financière et aborde les raisons qui peuvent pousser les
systèmes financiers à devenir « trop importants ». La troisième partie traite de plusieurs
indicateurs du développement financier et passe en revue la littérature sur la relation
entre développement financier et croissance économique. La quatrième partie en tire les
implications pour les pays en développement et la cinquième partie, enfin, présente des
conclusions politiques.

2. Pourquoi la finance est-elle importante


?
5 Le système financier est le système nerveux central des économies de marché modernes.
Sans système bancaire ni système de paiement fonctionnel, il serait impossible de gérer
l’ensemble complexe des relations économiques nécessaires à une économie décentralisée
caractérisée par un niveau élevé de division et de spécialisation du travail.

2.1. Les rôles de la finance


6 La finance peut promouvoir le développement économique de quatre manières
différentes (Levine, 2005) : 1º en mettant en commun l’épargne par le biais de la
diversification et de la gestion des risques ; 2º en facilitant l’échange de biens et de
services grâce à la réduction des coûts de transaction ; 3º en améliorant la répartition du
capital grâce à la production d’informations ex ante sur les opportunités d’investissement ;
et 4º en augmentant la propension des investisseurs à financer de nouveaux projets par le
biais de contrôles ex post et d’une gouvernance d’entreprise.
7 Il s’agit, au regard du premier point, de se concentrer sur la « mobilisation » plutôt que
sur la « création» de l’épargne. Bien que la littérature néoclassique sur la croissance
économique se focalise sur la primauté de l’épargne, Bagehot (1874) a souligné que la
principale contrainte liée à la capacité d’un pays à financer des projets importants n’était
pas le taux d’épargne en lui-même, mais la capacité du système financier à mettre en
commun et à attribuer les ressources. Les projets d’investissement rentables présentent
souvent deux caractéristiques : ils requièrent une grande quantité de capital et ils tendent
à être risqués. Peu d’investisseurs isolés possèdent le capital nécessaire pour financer ces
projets. En outre, même ceux qui possèdent ce capital peuvent être réticents à l’idée
d’investir une part considérable de leur richesse dans un unique projet risqué. En
l’absence d’un mécanisme permettant de diversifier les risques dans différents projets, les
investisseurs individuels préfèrent ainsi consacrer leur argent à des projets à faible risque
et à faible rendement. This Une site
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d’investissement data. sur la
un effet négatif
croissance
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et l’innovation. Pour être efficace, un système financier doit un 25, 2018).
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mécanisme permettant aux gros et aux petits investisseurs de répartir les risques (sous la
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forme d’emprunts ou de capitaux propres) sur plusieurs projets. L’échec d’un projet ne
pouvant entraîner l’échec des autres, la diversification permet de réduire le risque total
supporté par chaque investisseur et incite à investir dans des projets à rendement élevé.
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8 Le deuxième point se rapporte au fait que la spécialisation et la division du travail, qui


sont au cœur des économies de marché modernes, seraient impossibles sans un système
de paiement efficace.
9 Le troisième point fait référence au fait que le crédit est une activité nécessitant
beaucoup d’informations. La collecte d’informations sur la viabilité d’un projet donné ou
la solvabilité d’un emprunteur donné implique des coûts fixes importants, et les
intermédiaires financiers qui regroupent de nombreux petits investisseurs se répartissent
autour de ces coûts fixes. Ce mécanisme, associé à la diversification des risques, a fait dire
à Joseph Schumpeter :

Il [le banquier] a pour ainsi dire remplacé et interdit le capitaliste privé, il est devenu
lui-même le capitaliste. Il a une position intermédiaire entre ceux qui veulent
exécuter de nouvelles combinaisons et les possesseurs de moyens de production. Il
est dans sa substance même un phénomène de l’évolution […] Il est l’éphore de
l’économie d’échange. (Schumpeter, 1935, 74)

10 S’il est coûteux de rassembler des informations, il est par contre facile de les reproduire.
C’est pourquoi même les grands agents économiques ne seront guère incités à recueillir
des informations s’ils estiment que leur action est susceptible de révéler ces informations
et ce faisant de produire des externalités positives. Les marchés boursiers liquides peuvent
fournir l’incitation adéquate à rassembler des informations, car les participants aux
marchés seront capables de mener des transactions sans entraîner des mouvements de
prix importants et ainsi sans révéler leurs informations2.
11 Le quatrième point concerne la capacité et les motivations des individus qui fournissent
le capital àsurveiller les chefs d’entreprise. Un système fournissant aux chefs d’entreprise
les motivations adéquates est plus susceptible d’optimiser la valeur à long terme de
l’entreprise et, par conséquent, de mobiliser le capital en vue d’un investissement
productif générateur de croissance. Cependant, les asymétries en termes d’information et
le manque d’expertise limitent la capacité des actionnaires à contrôler les chefs
d’entreprise. De plus, comme les actionnaires n’intègrent pas tous les avantages liés au
contrôle des chefs d’entreprise, la surveillance se révèle parfois lacunaire.
12 Ces points n’ont pas tous la même pertinence pour tous les types de pays. Les deux
premiers points sont ainsi relativement plus importants pour les pays en développement
dont les systèmes financiers fondés sur les banques n’en sont qu’à leurs débuts. Dans ces
pays, les sociétés sont en général des entreprises familiales et les projets d’investissement
peuvent bénéficier d’un financement direct de la part du secteur public. A vrai dire, dans
les pays très pauvres, l’un des rôles principaux du système financier consiste à fournir aux
pauvres un endroit sûr où déposer leurs économies. Pour ce qui est des troisième et
quatrième points, ils tendent à être plus importants dans les économies avancées
disposant de systèmes financiers fondés sur le marché et dans lesquelles les sociétés
appartiennent à des groupes importants de petits actionnaires.

2.2. Qu’est-ce qu’un système financier efficace ?


13 Jusqu’à maintenant, j’ai abordé les avantages d’un « système financier efficace » sans
fournir de définition de l’efficacité. Tobin (1984) fournit quatre définitions : 1º l’efficacité
de l’arbitrage des informations (information arbitrage efficiency) ; 2º l’efficacité de
l’évaluation fondamentale (fundamental valuation efficiency) ; 3º l’efficacité en matière
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d’assurance complète (full insurance efficiency) et 4º l’efficacité fonctionnelle (functional
For further
efficiency). Une information,
cinquième forme please read
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de l’efficacité Policytransactionnelle.
est l’efficacité (updated on June 25, 2018).
14 L’efficacité By continuing
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toutes les informations publiques disponibles. Elle suggère, par conséquent, que seules les
informations privilégiées permettraient d’obtenir un rendement surpassant constamment
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le marché. En termes techniques, cela signifie que, dans n’importe quel marché efficace

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sur le plan de l’information, le meilleur modèle d’évaluation des actifs est une marche
aléatoire (selon un modèle d’évaluation à marche aléatoire, le prix actuel d’un actif donné
est le meilleur indicateur du prix futur de cet actif).
15 L’efficience de l’évaluation fondamentalefait référence à une situation dans laquelle le
prix d’un actif financier est complètement déterminé par la valeur présente des paiements
futurs auxquels donne lieu cet actif. Cette définition de l’efficience exclut les bulles et
suppose que les prix des actifs sont toujours guidés par des éléments fondamentaux. Elle
implique également que le prix des actifs est toujours « le bon » et qu’il est impossible
qu’apparaissent des périodes de folie financière ou de panique financière. Au cours des
périodes de folie financière, les prix des stocks (ou des maisons ou de tout autre type
d’actifs) deviennent « trop élevés » en raison d’un optimisme excessif, alors que pendant
les périodes de panique financière les prix des actifs deviennent « trop bas » en raison
d’un pessimisme excessif ou d’un manque de liquidités.
16 L’efficacité en matière d’assurance complète fait référence à la présence de contrats
contingents. Selon cette définition, un marché est efficace si les agents peuvent acheter et
vendre des assurances couvrant tous les états possibles de la nature (souvent désignées
sous le terme de contrats Arrow-Debreu).
17 L’efficacité fonctionnelle est liée à la valeur ajoutée sociale de l’industrie financière. Les
marchés financiers ne fournissant pas de services relevant directement de la fonction
d’utilité, la rentabilité sociale de l’intermédiation financière se réduit à deux points : la
stabilisation de la consommation et la croissance économique. Selon Bodie, Merton et
Cleeton, la fonction ultime d’un système financier est de « satisfaire les préférences de
consommation des individus, y compris tous les produits de première nécessité tels que la
nourriture, les vêtements et le logement » (Bodie et al., 2009, 2, notre trad.).
18 L’efficacité transactionnelle se rapporte à la capacité du marché à traiter un grand
nombre de transactions à un faible coût. Cette définition suggère que les marchés liquides
ou les marchés caractérisés par un écart faible entre l’offre et la demande sont plus
efficaces que les marchés non liquides ou les marchés caractérisés par un écart élevé entre
l’offre et la demande.

2.3. Le côté obscur du développement financier


19 La réglementation financière devrait optimiser l’efficacité fonctionnelle. Tobin (1984),
dans un article évaluant l’efficacité fonctionnelle du marché financier américain, s’est
inquiété des effets pervers d’un secteur financier important, qui pourrait « ravir » les
talentsdes secteurs productifs de l’économie et ce faisant entraîner une perte d’efficacité
sur le plan social3. Concédant qu’un marché financier important pouvait certes engendrer
des avantages en termes d’augmentation de la liquidité, il a souligné que ces avantages
étaient toutefois annulés par la création d’instruments financiers inutiles, voire dangereux.
C’est pourquoi il a plaidé pour une réglementation plus stricte et l’introduction de taxes
sur les transactions dans le dessein de limiter les incitations à utiliser des instruments
financiers à des fins purement spéculatives.
20 La crise récente est venue corroborer l’idée selon laquelle certains pays présentent des
systèmes financiers « trop importants » pour la taille de leur économie nationale. Deux
ans avant l’effondrement du marché américain des prêts hypothécaires à risque, Rajan
(2005) a suggéré que les marchés financiers pouvaient devenir victimes de leur propre
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succès. Ceux-ci susciteraient uses plus
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de demandes personal
qu’ils data. fiables
apparaîtraient
longtemps. Or, information,
For further si les marchés please
ne parvenaient
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amélioration, ces 25, 2018).
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demandes finiraient par dépasser leur capacité de prestation et par révéler les
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vulnérabilités accumulées pendant les périodes de croissance rapide. Parvenu à la
conclusion que des systèmes financiers importants et compliqués augmentaient la
probabilité d’une « débâcle catastrophique », RajanClosea suscité la controverse, mais son
discours semble aujourd’hui presque prophétique.

https://journals.openedition.org/poldev/966 5/22
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21 Un secteur financier important pourrait également s’emparer des mécanismes
politiques et inciter à adopter des politiques pouvant profiter au secteur, mais pas à la
société dans son ensemble. Cette capture de la politique est due en partie aux
contributions électorales, mais aussi à la capacité du secteur à promouvoir l’opinion très
répandue selon laquelle ce qui est bon pour la finance est aussi bon pour le pays. Dans un
article influent sur le pouvoir de pression de l’industrie financière américaine, Johnson a
soutenu l’argument suivant :

Le secteur bancaire et boursier est devenu l’un des principaux contributeurs des
campagnes politiques, mais, au sommet de son influence, il n’a pas eu besoin
d’acheter des faveurs comme ont pu avoir à le faire, par exemple, les compagnies de
tabac ou les entreprises du secteur de l’armement. En revanche, il a bénéficié du fait
que les décideurs à Washington étaient déjà d’avis que les grandes institutions
financières et les marchés des capitaux libres étaient essentiels pour la position de
l’Amérique dans le monde. (Johnson, 2009, notre trad).

22 Selon Johnson, cette influence politique et intellectuelle est à la base d’un ensemble de
politiques de déréglementation qui ont 1º encouragé la libéralisation des comptes de
capital, 2º exclu les réglementations qui séparaient les activités des banques d’affaires et
d’investissement, 3º interdit la réglementation de certains instruments dérivés, tels que
les couvertures de défaillance (credit default swaps), 4º autorisé les banques à accroître
leur effet de levier et 5º permis aux banques d’évaluer leur propre niveau de risque.
23 Selon une étude récente d’Igan et al. (à paraître), les institutions financières qui
exerçaient le plus de pression contre le renforcement des lois et des réglementations sur le
prêt et la titrisation hypothécaires étaient aussi impliquées dans des pratiques de prêt plus
risquées. Igan et al. en déduisent que le lobbying a joué un rôle-clé favorisant la
détérioration de la qualité du crédit au cours des années précédant la crise et avancent
qu’en 2009 l’industrie financière a intensifié ses activités de lobbying dans le but de
limiter la réglementation des contrats dérivés. Dans le même sens, Mian et al. (2010) ont
découvert que les politiques ayant bénéficié de contributions électorales de la part des
industries de la finance, de l’assurance et de l’immobilier soutenaient davantage la loi
d’urgence sur la stabilisation de l’économie (Emergency Economic Stabilization Act) de
2008.

3. Que disent les données ?


24 Les éléments vus ci-dessus laissent apparaître l’existence possible d’un seuil à partir
duquel une expansion supplémentaire du secteur financier n’est plus bénéfique à la société
dans son ensemble. Cependant, il est plus difficile d’évaluer l’efficacité fonctionnelle que
les autres formes d’efficacité.
25 D’aucuns affirmeront peut-être que les trois renflouements du système financier
américain qui ont eu lieu au cours des trois dernières décennies (la première fois après la
crise de la dette latino-américaine, la deuxième fois avec l’effondrement de l’épargne et du
prêt et la troisième fois pendant la crise actuelle) suffisent à démontrer que les secteurs
financiers peuvent devenir trop importants. D’autres suggéreront que les crises sont le
prix à payer pour bénéficier d’un système financier qui promeut la prise de risques et
entraîne une croissance élevée ; c’est l’avis de Rancière et al. (2008), dans un article
empirique couvrant la période 1960-2000 et n’incluant donc pas la crise récente.
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L’examen décisif, cependant, est celui qui porte sur la relation entre développement
For further
financier information,
et croissance please
économique 4. read our Privacy Policy (updated on June 25, 2018).
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3.1. L’évaluation du développement


Close financier

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26 L’examen de la relation entre développement financier et croissance économique
requiert une évaluation précise du développement financier. Idéalement, il faudrait
disposer d’un ensemble d’indicateurs couvrant les points décrits dans la section 2.1. Or, les
indicateurs portant sur la capacité d’un système financier à attribuer les crédits, à extraire
et utiliser des informations et à exercer une gouvernance sont difficiles à définir, et encore
plus à quantifier (Beck et al., 2008). Certes, la structure du secteur financier a
vraisemblablement son importance, et un système financier doté de banques
commerciales qui bénéficient d’une large couverture géographique et sont capables de
fournir des crédits à de petites et moyennes entreprises peut avoir un impact plus
important sur la croissance économique qu’un système concentré dans les centres urbains.
Cependant, nous ne disposons tout simplement pas de suffisamment de données croisées
par pays pour vérifier cette hypothèse5.
27 C’est la raison pour laquelle la plupart des recherches empiriques cherchant à saisir la
relation entre finance et croissance se concentrent sur la taille du secteur financier. Bien
que celle-ci ait fait l’objet d’évaluations variées menées par différents auteurs, il est
aujourd’hui admis que le meilleur indicateur est le crédit au secteur privé en proportion du
produit intérieur brut (PIB)6. Si ce type d’évaluation est utilisé, c’est parce que les
systèmes financiers qui recueillent les dépôts puis orientent les crédits vers les entreprises
gouvernementales ou d’Etat peuvent certes fournir un système de paiement ainsi que
divers services en termes de mobilisation de l’épargne, mais sont moins susceptibles
d’exercer les autres rôles de la finance (attribution de crédit, gestion des risques, contrôle
des entreprises) abordés dans la section 2.1.
28 Les crédits accordés par les banques au secteur privé ont rapidement augmenté au cours
des cinquante dernières années, dans les pays en développement comme dans les pays
développés. En 1960, leur moyenne (simple) s’élevait à 33 % du PIB dans les économies
avancées et à 14 % du PIB dans les économies de marché émergentes et en développement
(graphique 1) ; en 2009, elle s’élevait respectivement à 150 % et 45 % du PIB (les centres
offshore se situant à peu près au milieu de ces moyennes)7.

Graphique 1 – Crédit bancaire au secteur privé, 1960-2009 (en pourcentage du PIB)

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Source : élaboré par l’auteur à partir de données de Beck et al. (2010).
29 Close uniquement une partie du crédit
Le crédit prolongé par les banques de dépôt couvre
total fourni au secteur privé. Une évaluation plus large du développement financier

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(créances sur le secteur privé par les institutions de dépôt et par d’autres intermédiaires
financiers) montre un modèle similaire (graphique 2).

Graphique 2 – Crédit total au secteur privé, 1960-2009 (en pourcentage du PIB)

Source : élaboré par l’auteur à partir de données de Beck et al. (2010).


30 Bien que, pour ces deux indicateurs (crédit bancaire et crédit total), il n’existe pas de
différences importantes entre les moyennes croisées par pays, l’évaluation plus large se
révèle pour certains pays bien plus importante que celle ciblant les institutions de dépôt.
Dans le cas des Etats-Unis, par exemple, le crédit accordé par les banques au secteur privé
varie de 40 % à 60 % du PIB, alors que le crédit total au secteur privé dépasse largement
200 % du PIB (graphique 3).

Graphique 3 – Crédit au secteur privé aux Etats-Unis, 1960-2009 (en pourcentage du PIB)

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Source : élaboré par l’auteur à partir de données de Beck et al. (2010).

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31 La littérature empirique qui a pour objectif d’évaluer les avantages relatifs des systèmes
financiers fondés sur les banques et des systèmes financiers fondés sur le marché n’est pas
parvenue à prouver qu’un système surpasse l’autre en termes de croissance du PIB
(Levine, 2005). Cependant, on peut raisonnablement imaginer que les systèmes financiers
fondés sur le marché et caractérisés par un nombre élevé de transactions effectuées dans
des conditions de concurrence normales ne conviennent pas aux pays pauvres dotés de
systèmes financiers débutants (voir la quatrième partie ci-dessous).
32 Dans les pays en développement, il existe des différences régionales importantes
s’agissant de la taille du secteur financier (graphique 4).

Graphique 4 – Crédit au secteur privé par région dans les pays en développement, 1981,
1990, 2000 et 2009 (en pourcentage du PIB)

Source : élaboré par l’auteur à partir de données de Beck et al. (2010).


33 Les pays d’Afrique subsaharienne et d’Asie du Sud tendent à présenter de petits secteurs
financiers ; en 2009, le crédit moyen accordé au secteur privé était inférieur à 40 % du
PIB. Les pays d’Asie de l’Est et du Pacifique, d’Amérique latine et des Caraïbes et les
régions d’Europe de l’Est et d’Asie centrale ont en 2009 des secteurs financiers tournant
autour de 50 % du PIB. La région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord présente pour la
même année un indice moyen de développement financier proche de 60 % du PIB.
34 La plupart des travaux empiriques sur la relation entre développement financier et
développement économique portent spécifiquement sur le crédit. Certains travaux,
toutefois, se concentrent sur la taille et la liquidité des marchés de capitaux propres
(Levine et Zervos, 1998). Au cours des vingt dernières années, la capitalisation boursière a
rapidement augmenté dans les économies avancées comme dans les pays en
développement ou émergents (graphique 5).

Graphique 5 – Capitalisation du marché boursier, 1991-2009 (en pourcentage du PIB)

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Source : élaboré par l’auteur à partir de données de Beck et al. (2010).


35 Dans le premier groupe de pays, elle est passée de 40 % du PIB en 1991 à 150 % du PIB
en 2009, et, dans le second groupe, de 22 % à 80 % du PIB.
36 Néanmoins, les recherches théoriques ne suggèrent pas de lien direct entre, d’une part,
la taille du marché boursier et, d’autre part, la croissance et l’attribution des ressources
(Beck et Levine, 2004). En revanche, il existe des modèles théoriques qui prédisent que la
présence d’un marché boursier liquide offre une option de sortie pour les investisseurs et,
par conséquent, favorise la croissance en réduisant les risques d’investissement à long
terme (Bencivenga et al., 1995 ; Holmstrom et Tirole, 1993). Il apparaît que, au cours des
vingt dernières années, les marchés boursiers dans les économies avancées (et les centres
offshore) sont devenus bien plus liquides. Cependant, il n’y a eu en moyenne aucune
amélioration des liquidités dans les pays en développement et émergents.

3.2. Développement financier et croissance


économique
37 Même si Bagehot (1874) et Schumpeter (1935) ont beaucoup écrit sur l’importance de la
finance pour le développement économique, c’est Goldsmith (1969) qui a été le premier à
prouver l’existence d’une corrélation positive entre la taille du secteur financier et la
croissance économique à long terme. « Corrélation » est ici le terme-clé. Dans ses travaux
pionniers, Goldsmith a réuni des données sur les actifs des intermédiaires financiers
concernant 35 pays pour la période 1860-1963 et a démontré par des graphiques qu’il
existait une corrélation positive entre la valeur de ces actifs (établie en proportion du PIB)
et la croissance économique.
38 Goldsmith n’ignorait pas que son analyse ne convenait pas pour évaluer si le
développement financier avait un effet causal sur la croissance économique. Par
conséquent, il s’est gardé de tirer une telle conclusion des résultats de son étude et ses
travaux n’ont pas réussiThisà changer l’idéecookies
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andrépandue
collectsselon laquelle
personal un système
data.
financier bien développé n’est que l’une des nombreuses conséquences du processus
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global de développement économique. Comme l’a résumé Robinson (1952) : « Lorsque
By continuing
l’entreprise mène, to»browse
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(notre trad.)
39 Cette conception a commencé à changer au début des années 1990, lorsque King et
Levine (1993) ont démontré pour la première foisCloseque la taille du secteur financier était un
indicateur de la croissance économique. Les deux auteurs ont collecté des données

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concernant 77 pays pour la période 1960-1989 et ont montré que la taille du secteur
financier en 1960 laissait présager la croissance économique, l’investissement et la
croissance de la productivité au cours des trente années qui ont suivi, même en tenant
compte du revenu initial, de la scolarisation, de la consommation publique et de
l’ouverture commerciale. Dans un article consécutif, Levine et Zervos (1998) se sont
concentrés sur les marchés de capitaux propres et, conformément aux modèles théoriques
abordés ci-dessus, ont montré que la liquidité du marché boursier (mais pas la taille du
marché boursier, la liquidité étant définie comme le chiffre d’affaires divisé par la
capitalisation) prédisait la croissance du PIB.
40 Bien que King et Levine (1993) puis Levine et Zervos (1998) aient prouvé que le
développement financier prédisait la croissance, leurs résultats ne pouvaient servir à
affirmer que le développement financier causait la croissance. Des preuves allant dans ce
sens se trouvent plutôt dans les travaux successifs de Levine, Loayza et Beck (Levine et al.,
2000 ; Beck et al., 2000). Dans le premier article, ces auteurs ont examiné un échantillon
de 71 pays pour la période 1961-1995 et ont utilisé l’origine légale (La Porta et al., 1998)
comme instrument de développement financier. Ils ont alors constaté un effet important
du composant exogène du développement financier sur la croissance à long terme et ont
conclu que leurs résultats étaient conformes à l’idée selon laquelle le développement
financier a un effet causal sur la croissance économique8.
41 Dans leur second article (Beck et al., 2000), les mêmes auteurs ont utilisé des données
de panel ainsi que différents estimateurs de la méthode des moments généralisée afin
d’examiner, pour 77 pays, les facteurs déterminants de sept périodes de croissance d’une
durée de cinq ans réparties entre 1960 et 19959. Leurs résultats, qui corroborent les
constatations transversales de Levine et al. (2000), ont apporté des preuves
supplémentaires de l’existence d’un lien de causalité allant du développement financier au
développement économique.
42 Dans un article influent, Rajan et Zingales (1998) ont abordé la question de la causalité
en examinant la performance de différents secteurs industriels par pays. Ils ont commencé
par l’observation que les industries qui, pour des raisons techniques, ont besoin de
davantage de ressources financières externes (aux entreprises) devraient être relativement
plus performantes dans les pays disposant de secteurs financiers plus développés. Ils ont
ensuite élaboré un indice qui évalue le besoin des industries en ressources externes et ont
montré que l’interaction entre cet indice et le développement financier est positivement
corrélée avec la croissance de la valeur ajoutée provenant de l’industrie et ce, même en
tenant compte de l’ensemble des facteurs spécifiques à chaque pays ou à chaque industrie
susceptibles d’influer sur le taux de croissance d’un pays ou d’une industrie spécifique. En
cherchant à déterminer si le développement financier assouplit les contraintes financières,
l’approche de Rajan et Zingales évalue un mécanisme spécifique qui permet à la finance de
produire un effet sur la croissance. Cette approche exclut également une causalité inverse :
rien ne permet en effet d’affirmer que l’écart entre le taux de croissance moyen du secteur
manufacturier et le taux de croissance d’une industrie donnée affecte le développement
financier du pays dans son ensemble.
43 Loayza et Rancière (2006) ont reconnu qu’il existait une contradiction entre, d’une part,
la littérature empirique sur la croissance traitant des effets des ressources financières sur
le développement économique et, d’autre part, la littérature soutenant que la croissance
du crédit est l’un des meilleurs indicateurs des crises bancaires et de change (p. ex.
Kaminsky et Reinhart, 1999). Ils ont tenté de rapprocher ces deux courants à l’aide d’un
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les effets à court et à
long
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terme du développement financier. Leurs résultats apportent la preuve que, June 25, 2018).
une relation positive à long terme entre le développement financier et la croissance
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économique, cette relation coexiste avec une relation négative à court terme entre les deux
mêmes variables et que cette relation négative à court terme est principalement motivée
par les crises financières. Close

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44 Bien que la majorité de la littérature fasse état d’une relation positive entre le
développement financier et la croissance à long terme, certains articles remettent en cause
ce semi-consensus. Demetriades et Hussein (1996) ont étudié un échantillon de 16 pays à
l’aide des techniques de séries chronologiques et n’ont trouvé aucune preuve d’une
relation de causalité entre la finance et la croissance. Cependant, dans environ la moitié
des pays étudiés, ils ont constaté une causalité bidirectionnelle. De manière similaire,
Arestis et al. (2001) ont examiné, au travers d’une approche par séries chronologiques, la
relation entre le développement du marché des capitaux propres et la croissance
économique et sont arrivés à la conclusion que les résultats des études portant sur divers
pays exagèrent peut-être la contribution des marchés boursiers à la croissance
économique. Se fondant sur l’exemple des Etats-Unis et de l’Allemagne, Arestis et
Demetriades (1997) ont souligné la manière dont les facteurs institutionnels peuvent
affecter la relation entre la finance et la croissance et ont mis en garde contre la nature
universelle des exercices transversaux. L’importance des institutions a également été
relevée par Demetriades et Law (2006), qui ont examiné 72 pays pour la période 1978-
2000 et ont constaté que le développement financier ne produisait pas d’effet sur la
croissance dans les pays dotés d’institutions défaillantes. De même, Rousseau et Wachtel
(2002) ont démontré que la finance n’avait aucun effet sur la croissance dans les pays
connaissant une inflation à deux chiffres (dont le seuil exact s’élevait à 13 %).
45 Rousseau et Wachtel (2011) ont observé que l’hypothèse d’un effet positif de la finance
sur la croissance se révélait peu solide face aux données les plus récentes. En prenant en
compte des données purement transversales et des estimations de panel, ils se sont
notamment aperçus que le crédit au secteur privé n’avait aucun effet statistiquement
significatif sur la croissance du PIB pour la période 1965-2004. De Gregorio et Guidotti
(1995), quant à eux, ont notéque, même si dans certains pays à revenu élevé le
développement financier était positivement corrélé avec la croissance de la production
pendant la période 1960-1985, ce résultat n’était plus probant si l’on omettait les données
des années 1960. Pour expliquer leurs observations, les auteurs ont suggéré que les pays à
revenu élevé avaient atteint le point à partir duquel le développement financier ne
contribuait plus à accroître l’efficacité de l’investissement. Considérant ensuite un panel
de 12 pays d’Amérique latine, De Gregorio et Guidotti ont constaté une corrélation
négative entre le développement financier et la croissance. A leurs yeux, cette corrélation
était la conséquence de l’expansion rapide du secteur financier survenue en l’absence d’un
cadre réglementaire adéquat (voir aussi Díaz-Alejandro, 1985).
46 Etonnamment, seul un nombre limité de travaux envisagent une relation non monotone
entre le développement financier et le développement économique. A l’aide des données
concernant plusieurs pays de King et Levine (1993) ainsi que d’un modèle de régression
avec seuils, Deidda et Fattouh (2002) ont observé que le développement financier n’avait
pas d’impact statistiquement significatif sur la croissance de la production dans les pays
disposant de petits secteurs financiers. Rioja et Valev (2004) ont pour leur part considéré
un panel de 72 pays et constaté que la relation entre finance et croissance était
particulièrement forte pour les pays présentant un niveau intermédiaire de
développement financier.
47 Dans des travaux récents menés avec Jean-Louis Arcand et Enrico Berkes (Arcand et al.,
2011), nous avons utilisé différents types de données (au niveau du pays et de l’industrie)
et d’estimateurs (méthode des moindres carrés ordinaires, méthode des moments
généralisée en panel, méthode semi-paramétrique, doubles différences) afin de vérifier la
non-monotonie de la This siteentre
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le développement personal
financier et ladata.
croissance
économique
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et avons trouvé des preuves solides en faveur de cette non-monotonie. June 25, 2018).
tous nos jeux de données et estimateurs suggèrent que l’effet marginal du développement
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financier sur la croissance du PIB devient négatif lorsque le crédit au secteur privé atteint
110 % du PIB10. Bien que nous ne nous soyons pas intéressés aux différentes manières
dont un secteur financier important peut réduire Close la croissance du PIB, nous avons
constaté qu’il existait des preuves que la volatilité de la production avait un effet négatif

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sur la croissance (Ramey et Ramey, 1995) et que des secteurs financiers importants
augmentaient la volatilité macroéconomique (Easterly et al., 2000). Il paraît donc
plausible que des secteurs financiers importants diminuent la croissance en augmentant la
volatilité macroéconomique.
48 Le tableau 1 montre un ensemble de statistiques sommaires sur le crédit au secteur
privé pour la période 1960-2009. Jusqu’au début des années 1990, moins de 5 % des pays
présentaient un indice de développement financier supérieur au seuil de 110 % du PIB.

Tableau 1 – Crédit au secteur privé, 1960-2009 (en pourcentage du PIB)

Source : élaboré par l’auteur à partir de données de Beck et al. (2010).


Note : le tableau inclut tous les pays (avancés et en développement) pour lesquels il existe des données sur la
taille du secteur financier.

49 Cependant, le nombre de pays disposant de secteurs financiers importants a rapidement


augmenté au cours des deux dernières décennies. En 2006, 17 pays présentaient des
secteurs financiers dépassant le seuil de 110 % du PIB (graphique 7) et 6 autres pays
affichaient un crédit au secteur privé supérieur à 100 % du PIB. D’après les estimations
d’Arcand et al. (2011), il s’agit du seuil à partir duquel la relation positive entre le
développement financier et la croissance n’est plus statistiquement significative11.

Graphique 6 – Crédit au secteur privé dans les pays où ce crédit est supérieur à 90 % du PIB,
2006(en pourcentage du PIB)

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15/03/2021 La finance et le développement économique

Source : élaboré par l’auteur à partir de données de Beck et al. (2010).


50 Il se peut donc que les observations de Rousseau et Wachtel (2011) faisant état d’une
relation évanescente entre le développement financier et la croissance soient dues au
nombre élevé de pays ayant atteint le point à partir duquel le développement financier
commence à avoir un effet négatif sur la croissance. Cette explication corroborerait l’idée
selon laquelle rien n’a changé dans la relation fondamentale entre le développement
financier et la croissance économique, mais que les modèles ne permettant pas d’avoir une
relation non monotone entre le développement financier et la croissance économique sont
« mal spécifiés ». Les anciens travaux empiriques qui utilisaient des données allant
jusqu’aux années 1990 ne pouvaient pas détecter cette « mauvaise spécification ».
L’échantillon incluait en effet peu de pays (voire aucun) présentant un niveau de
développement financier supérieur au point à partir duquel la finance commence à avoir
un effet marginal négatif.
51 Ces résultats ont des implications importantes pour la réglementation financière. Même
si la tribune libre d’Alan Greenspan mentionnée en introduction suppose implicitement
qu’une réglementation plus stricte aura un effet négatif sur l’intermédiation financière et
affaiblira la croissance future du PIB, les résultats d’Arcand et al. (2011) suggèrent qu’il
existe de nombreux pays pour lesquels des normes de crédit plus strictes pourraient
réellement favoriser la croissance12.

4. Leçons pour les pays en


développement
52 La majorité des pays en développement se situent bien en dessous du point à partir
duquel le développement financier commence à exercer un effet négatif sur la croissance
de la production (graphiques 1 à 3). Par conséquent, ces pays ont raison de vouloir
construire des systèmesThis site uses
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d’un cadre (updatedadéquat,
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même les secteurs financiers relativement petits peuvent mener à des crises dévastatrices
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et avoir un effet négatif sur la croissance de la production (Díaz-Alejandro, 1985 ; De
Gregorio et Guidotti, 1995).
53 Rajan (2005) aborde avec lucidité la question Closedes coûts et des avantages du
développement financier. Concédant que les systèmes financiers nationaux non
https://journals.openedition.org/poldev/966 14/22
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compétitifs sont un fardeau pour le développement économique, il souligne que ces


systèmes limitent cependant l’incitation à la prise de risques excessive et, ce faisant,
augmentent la stabilité systémique.
54 Dans sa réflexion, Rajan (2005) envisage le cas d’un pays caractérisé par un système
financier non compétitif dans lequel les banques payent un faible intérêt sur les dépôts et
facturent des taux d’intérêt élevés sur les prêts. Ce pays peut également présenter une
industrie de courtage non compétitive dans laquelle les banques d’affaires facturent des
tarifs élevés pour réserver des opérations pour leurs clients. En conséquence, le crédit sera
limité, tout comme le développement des marchés obligataires et boursiers du pays. Dans
un tel environnement, les ressources financières ne seront pas dirigées vers des projets à
rendement élevé et il est peu probable que le secteur financier contribue à la croissance
économique. En revanche, un système non compétitif est relativement simple à contrôler.
Etant donné qu’il est inutile de proposer des compensations basées sur la performance, les
directeurs de banque n’ont aucune raison de prendre part à des activités à haut risque/à
rendement élevé et agissent par conséquent de manière prudente, ce qui facilite la vie des
contrôleurs.
55 Rajan (2005) envisage ensuite l’issue possible d’un processus de réforme visant à
accroître la compétitivité du système financier. Affirmant que, dans des environnements
plus compétitifs, la compensation des directeurs de banque dépend de leur capacité à
générer des profits (mais qu’elle ne peut être négative), Rajan soutient que les directeurs
de banque sont avantagés lorsqu’ils prennent des risques. Cette situation peut accroître la
fragilité financière car les banquiers habitués à suivre la « règle de gestion des risques du
3-6-3 » (emprunter à 3 %, prêter à 6 % et jouer au golf à 3 h de l’après-midi) sont mal
équipés pour évaluer les risques et peuvent finir par prendre des risques qu’eux-mêmes
(pas plus que les autorités de contrôle) ne comprennent pas vraiment.
56 Rajan (2005) souligne également que le développement financier va souvent de pair
avec un processus de désintermédiation dans le cadre duquel les transactions effectuées
dans des conditions de concurrence normales remplacent les activités bancaires
traditionnelles. Comme la déréglementation, l’innovation technique et le développement
de marchés plus étoffés causent un accroissement continuel des types de risques
« standardisables », les banques traditionnelles sont à la recherche de nouvelles formes de
risques non standards. Ce processus de désintermédiation a pour conséquence
d’augmenter le risque total et de renforcer le lien entre les différentes parties du marché
financier, contribuant ainsi à l’importance systémique des institutions financières non
bancaires. Les organes de réglementation ne peuvent dès lors plus évaluer la création de
crédit et la stabilité du système financier par la seule observation des banques et doivent
être capables de surveiller une large gamme d’intermédiaires financiers (Brunnermeier et
al., 2009).

5. Conclusions politiques
57 La finance peut faire des merveilles pour le développement économique, mais, comme
tout outil puissant, elle peut également causer des dommages importants. Les pays en
développement ne doivent certes pas hésiter à mener des réformes politiques visant à
étendre la taille et l’efficacité de leurs secteurs financiers, mais les décideurs ne doivent
pas perdre de vue qu’un tel processus de réforme doit être associé à un dispositif
réglementaire puissant etThis site Cela
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disposant d’un marché financier débutant.
58 Il existe au moins trois problèmes liés aux hypothèses à la base de la déréglementation
financière moderne (Brunnermeier et al., 2009). Close Le premier concerne l’idée selon laquelle
les seules institutions exposées à des risques systémiques sont les banques de dépôt. Le
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fait de se concentrer étroitement sur les banques de dépôt a en effet entraîné un arbitrage
réglementaire considérable et la création d’un système bancaire de l’ombre peu
réglementé. Le deuxième problème est lié à l’hypothèse que la réglementation
microprudentielle (c’est-à-dire la réglementation qui garantit le bon fonctionnement de
chaque institution) suffit à empêcher les crises systémiques. Aujourd’hui, il apparaît
évident que la réglementation financière doit être macroprudentielle. Or, la mise en œuvre
de la réglementation macroprudentielle fait face à plusieurs obstacles techniques et
politiques. Le troisième problème porte sur le fait que les organes de réglementation
adoptent souvent des modèles de risques similaires à ceux utilisés par l’industrie
financière. Or, la réglementation est nécessaire car les marchés ne fonctionnent pas
toujours bien. Il est difficile de remédier aux défaillances du marché en utilisant les
mêmes instruments d’évaluation que ceux utilisés par les acteurs du marché (Persaud,
2008).
59 Les pays intéressés par une extension de leur système financier doivent négocier des
compromis compliqués entre vitesse et stabilité. C’est pourquoi il n’existe pas de politique
de réforme financière universelle. Les pays capables d’amortir les chocs et disposant d’une
bonne capacité réglementaire et institutionnelle peuvent se montrer prêts à entreprendre
un processus agressif de libéralisation financière. D’autres, à qui il manque même la
capacité de réglementer et contrôler les banques traditionnelles, peuvent décider de
dépendre de banques d’Etat. Des études récentes ont d’ailleurs montré que les banques
d’Etat pouvaient jouer un rôle utile, en particulier pendant les crises ou dans les pays à
faible revenu (Levy Yeyati et al., 2007 ; Micco et Panizza, 2007 ; Detragiache et al., 2005).
Plus spécifiquement, il est prouvé que l’apport de crédit par les banques d’Etat est moins
procyclique que l’apport de crédit par les banques privées. Les banques privées peuvent
frustrer la politique monétaire expansionniste. En effet, elles sont peu enclines à prêter
pendant les périodes de ralentissement économique et de faibles taux d’intérêt car elles ne
considèrent pas le fait que, en augmentant les prêts, elles sortiraient l’économie de la
récession. Pendant la crise actuelle (et passée), les banques d’Etat ont joué un rôle
essentiel dans l’acheminement des fonds vers l’économie réelle et dans la mise en œuvre
de politiques contracycliques.
60 L’assurance dépôts et la réglementation ne fonctionnant pas bien dans les pays en
développement pauvres gangrenés par des niveaux élevés de corruption et une mauvaise
qualité des institutions, la propriété directe de l’Etat pourrait accroître la confiance du
public dans le système bancaire et entraîner des marchés financiers plus étoffés (ce qui
était l’opinion initiale de Gerschenkron [1962] ; voir Andrianova et al. [2008] pour un
modèle formel et des tests empiriques). En outre, la participation directe de l’Etat serait
justifiée pour compenser les imperfections du marché qui conduisent au sous-financement
d’investissements socialement avantageux (mais financièrement peu attractifs) dans
l’infrastructure et les biens publics. Ou bien, l’intervention de l’Etat peut se justifier par
des théories de « grande poussée », telles que celle initialement formulée par Rosenstein-
Rodan (évidemment, les banques d’Etat ne sont pas la panacée car elles sont aussi
soumises à de sérieuses défaillances politiques [Levy Yeyati et al., 2007]).
61 Ces arguments semblent contredire l’opinion de la Banque mondiale (World Bank,
2001) selon laquelle « la propriété d’Etat tend à freiner le développement du secteur
financier et à contribuer à une croissance plus lente » (la Banque mondiale étant elle-
même détenue par des Etats, elle fait montre par ces propos d’une certaine ironie). Après
tout, la crise récente a montré que, en fin de compte, toutes les banques étaient publiques.
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15/03/2021 La finance et le développement économique
1 L’étude la plus complète est celle de Kose et al. (2006). Rodrik et Subramanian (2009) critiquent
Kose et al. et émettent une opinion encore plus sceptique en affirmant que la globalisation financière
n’offre aucun avantage indéniable. En revanche, selon Henry (2007), la libéralisation des comptes
de capital stimule la croissance. On trouve d’autres preuves fondées sur les données de l’industrie
dans Eichengreen et al. (2011).
2 En découle le paradoxe de Grossman et Stiglitz (1980) selon lequel, en présence d’un marché
efficace, toutes les informations pertinentes sont reflétées dans le prix actuel et qu’aucun agent
unique n’est incité à obtenir les informations sur lesquelles se fondent les prix.
3 Il existe deux distorsions pouvant créer un fossé entre les rendements privés et sociaux : les
sauvetages des banques et la structure de rémunération des directeurs de banque (Rajan, 2010 ;
Crotty, 2009). La seconde distorsion peut également entraîner une réduction de la valeur pour les
actionnaires.
4 Une évaluation complète des effets sociaux de la finance devrait également comprendre une
analyse de la relation entre le développement financier, d’une part, et la répartition du revenu et la
stabilisation de la consommation au niveau de l’individu, d’autre part.
5 Il existe cependant des preuves que cela est le cas pour l’Inde (Burgess et Pande, 2005).
6 D’autres mesures sont celle des passifs liquides du système financier (M2 ou M3) par rapport au
PIB et celle du crédit bancaire en tant que part du crédit bancaire plus les actifs nationaux des
banques centrales (Levine, 2005).
7 Les économies avancées sont les pays qui étaient membres de l’OCDE dans les années 1980
(Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis, Finlande,
France, Grèce, Islande, Irlande, Italie, Japon, Luxembourg, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas,
Portugal, Royaume-Uni, Suède et Suisse). Les centres offshore sont Andorre, les îles Anglo-
Normandes, les Antilles néerlandaises, Aruba, les Bahamas, la Barbade, les Bermudes, les îles
Caïmanes, Hong-Kong, le Liechtenstein, Macao, l’île de Man, Monaco et Singapour. Tous les autres
pays appartiennent à la catégorie des marchés émergents et des pays en développement.
8 Aghion et al. (2005) contestent ce résultat et affirment que le développement financier accélère la
vitesse de convergence mais n’a aucun effet sur la croissance stable.
9 Cette méthodologie permet de contrôler les effets fixes dans le temps et spécifiques aux pays et,
dans certaines conditions, d’établir la causalité en utilisant les valeurs décalées des variables
explicatives en tant qu’instruments. Pour plus de détails, voir Arellano et Bond (1991), Arellano et
Bover (1995), et Blundell et Bond (1998).
10 Ces résultats diffèrent de ceux de Rioja et Valev (2004) car ils établissent leur seuil pour la
« région élevée » à un niveau de développement financier bien inférieur à celui du niveau auquel
Arcand et al. (2011) constatent que la finance a un impact négatif sur la croissance.
11 La liste des pays ayant les secteurs financiers les plus importants inclut pratiquement tous les
pays qui ont été le plus affectés par la crise actuelle. L’exception est la Grèce, qui a un secteur
financier relativement petit mais de graves problèmes de finances publiques.
12 Une critique éventuelle des résultats d’Arcand et al. (2011) est que le marché concerné peut ne pas
être le marché national. Londres et New York offrent des services financiers au monde entier et
Singapour, Hong-Kong et Johannesburg sont des centres financiers régionaux. Cela pourrait
entraîner des effets externes positifs (ou négatifs) au niveau international qui ne pourraient être
capturés par de simples régressions.

List of illustrations

Title Graphique 1 – Crédit bancaire au secteur privé, 1960-2009 (en pourcentage


du PIB)
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Graphique 2 – Crédit
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Graphique 3 – Crédit au secteurClose
privé aux Etats-Unis, 1960-2009 (en
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Title Graphique 4 – Crédit au secteur privé par région dans les pays en
développement, 1981, 1990, 2000 et 2009 (en pourcentage du PIB)
Credits Source : élaboré par l’auteur à partir de données de Beck et al. (2010).
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Graphique 5 – Capitalisation du marché boursier, 1991-2009 (en
Title
pourcentage du PIB)
Credits Source : élaboré par l’auteur à partir de données de Beck et al. (2010).
URL http://journals.openedition.org/poldev/docannexe/image/966/img-5.png
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Title Tableau 1 – Crédit au secteur privé, 1960-2009 (en pourcentage du PIB)
Credits Source : élaboré par l’auteur à partir de données de Beck et al. (2010).
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Graphique 6 – Crédit au secteur privé dans les pays où ce crédit est
Title
supérieur à 90 % du PIB, 2006(en pourcentage du PIB)
Credits Source : élaboré par l’auteur à partir de données de Beck et al. (2010).
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Electronic reference
Ugo Panizza, “La finance et le développement économique”, International Development Policy |
Revue internationale de politique de développement [Online], 3 | 2012, Online since 03 April 2012,
connection on 15 March 2021. URL: http://journals.openedition.org/poldev/966; DOI:
https://doi.org/10.4000/poldev.966

About the author


Ugo Panizza
Chef de l’Unité de la dette et de l’analyse du financement au sein de la Division de la mondialisation
et des stratégies de développement de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le
développement (CNUCED). Il est également professeur invité en économétrie et en macroéconomie
du développement à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève.
Avant de rejoindre la CNUCED, Ugo Panizza a été économiste à la Banque interaméricaine de
développement (1998-2006). Il a également travaillé pour la Banque mondiale et enseigné à
l’Université de Turin et à l’Université américaine de Beyrouth. Ses intérêts en matière de recherche
comprennent la finance internationale, la dette souveraine, la banque, l’économie politique et les
marchés du travail du secteur public.

By this author
Investment Gaps in Latin America and the Caribbean [Full text]
Déficits de inversión en América Latina y el Caribe [Full text | translation | es]
Published in International Development Policy | Revue internationale de politique de développement,
11.1 | 2019 This site uses cookies and collects personal data.
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