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Jorge Cacho
2009/4 n° 35 | pages 10 à 14
ISSN 1260-5999
ISBN 9782749213088
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-journal-francais-de-psychiatrie-2009-4-page-10.htm
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Le syndrome de Cotard
Le syndrome de Cotard
Jorge Cacho*
Mon exposé sera centré sur ce qui se nom- Nous sommes déjà en face C’est justement à partir de ce
mait dans la clinique allemande la douleur morale, d’un phénomène clinique dont l’inté- deuxième phénomène qui, évidem-
question qui mérite notre attention et qui nous per- rêt consiste, pour ce qui concerne ment, n’était pas sans intérêt chez
mettra éventuellement de déplacer la problématique l’histoire du syndrome et l’histoire de quelqu’un qui, d’emblée, se présente
du Cotard. Une autre question sera celle posée par la classification dans la psychiatrie, en comme n’ayant pas de regard, mais
un cas que nous avions eu l’occasion et la chance ce qu’il commence par la négation. il avait vu la mort. Il l’avait vue à
d’écouter à Sainte-Anne à l’époque, sur le délire Par la négation de quoi ? La négation partir de quoi ? Il distinguait parfai-
d’immortalité. Je ne développerai pas nécessaire- d’un objet. Nous le savons par Lacan. tement ce double registre du voir et
ment le délire d’immortalité mais celui qui le précè- Chez ce patient, c’est la négation d’un du regard, sur lequel Lacan a telle-
de, qui est préliminaire, la mort du sujet. objet très particulier qui est le regard, ment insisté, et il m’amène directe-
Récemment, j’ai reçu un patient cotardien dont nous savons la fonction qu’il ment à un phénomène qui est rare
qui présentait un symptôme très particulier à l’inté- joue dans l’économie libidinale ordi- « Vous ne dans le Cotard, tel que celui-ci
rieur de sa cotardisation. C’est un patient dont la naire, normale, mais spécialement l’avait établi : c’est parce qu’il avait
première parole en me rencontrant était qu’il n’avait
pas de regard. Ce que je n’ai jamais rencontré dans
dans la paranoïa. Ce patient m’a
amené lui-même à faire une liaison pouvez pas vu la mort qu’il avait pu la dépasser
en disant qu’il était déjà mort, mais
toutes les observations qui fondent la conception pour moi inattendue, puisque, à un chez lui, avec une connotation direc-
cotardienne ni chez aucun des cliniciens qui s’y sont
intéressés. Intérêt de rencontrer quelqu’un qui com-
certain moment, il m’a dit, sans aucun
rapport apparent avec ce qui précé-
me comprendre tement paranoïaque, persécutive,
puisqu’il serait mort d’avoir vu la
mence l’entretien avec cet embarras dans lequel il dait : « Vous ne pouvez pas me com- mort que quelqu’un avait commis
met son interlocuteur puisqu’il dit d’emblée : « Je prendre. » Cette incompréhension parce que vous sur lui. C’était un meurtre.
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Il a répété le fait de « l’incompréhension parce que Ce délire des négations, ainsi des positions si différentes, tenait
vous n’avez pas vu la mort » et il a ajouté : « parce que Cotard l’a établi, a cette évolution cette position de la passion de l’en-
que je suis le créateur d’une religion qui n’est pas curieuse qui commence par la néga- tretien, c’est-à-dire d’apprendre ce
celle que vous connaissez ». tion qu’il appelle hypocondriaque et qui était inouï jusqu’alors. Cotard
Bref, ce n’était plus possible. Il y a eu des qui concerne ce trajet de l’oralité à repère un phénomène qu’il nomme
phénomènes très curieux liés chez lui, je ne sais l’analité, parcours de l’objet – en don- de la manière dont son maître l’avait
comment, dans les associations, puisque à un cer- nant des phénomènes très dangereux nommé : la perte de la vision menta-
tain moment, il est revenu sur la question de ne pas pour le patient lui-même – puisque le. Il va en faire un tableau et c’est
avoir de regard, mais en me disant qu’entre lui et effectivement, il n’y avait pas d’anus, cela qui est très intéressant chez ces
moi, il y avait quelqu’un d’autre. J’ai essayé de le etc. Il y avait un négativisme des cliniciens. Ils reprennent les ensei-
questionner là-dessus et cela avait sûrement à voir fonctions excrémentielles qui mettait gnements de leurs maîtres et ils en
avec un dédoublement, soit d’un côté, soit de en danger la vie du patient. De même font autre chose, ils approfondissent
l’autre. Dédoublement dont il n’a pas expliqué com- s’ils refusaient de manger ; c’étaient les questions. De la perte de la vision
ment je me dédoublais, mais il m’a expliqué com- des patients présentant des risques mentale, il donne un témoignage cli-
ment ça se passait chez lui, c’est-à-dire que, à majeurs dans la clinique de l’époque nique qui est le suivant : ce sont des
l’intérieur de sa cage thoracique, il y avait un per- qui ne disposait pas des moyens Cette perte, patients qui se plaignent de ce que
sonnage qui sortait et qui était un criminel. Les techniques de la clinique actuelle les objets les plus familiers, la ville
modalités constitutives du délire chez ce patient ne
correspondent pas à ce que Cotard avait connu à
pour éventuellement parvenir à les
résoudre.
cette anesthésie où ils vivaient, la maison où ils sont
nés, le visage de leurs parents,
l’époque, car ce délire des négations était un délire Il y a donc cette première l’amour de leurs enfants, etc., tout
propre à la mélancolie ; pour lui, les cotardiens
étaient des mélancoliques. Peut-être cela serait-il à
modalité du délire des négations qui
concerne le corps, disons-le comme
affective cela commence à se dissoudre. Ils
n’ont plus la possibilité de se souve-
débattre. Il est évident qu’à l’époque de Cotard, cela. Nous pouvons faire une nir des images attachées à ces liens.
dans la clinique française, la paranoïa n’existait pas. remarque encore : la négation porte est la source Cela commence ainsi. C’est pour-
Cela a été un tableau plus tardif qui est apparu sous sur des organes, organes que nous quoi on l’appelle la perte de la vision
la forme des délires systématiques de Magnan. On
considérait même les formes persécutives, puisque
devons entendre comment ? Devons-
nous l’entendre du point de vue des d’une douleur mentale. Ils ne disposent plus du
souvenir des images liées à des liens
la tonalité était triste, comme formes mélanco- organes matériels sur lesquels juste- familiers, des liens originaires.
liques ; le délire de persécution de Lassègue était
lui-même considéré comme un délire de la mélan-
ment porte cette négation, comme
j’essaierai de le proposer ? Sur le fait
dont le patient Ce manque de sentiment,
cette anesthésie affective comme on
colie car, quoi qu’il en soit, la tonalité affective était que le cotardien est quelqu’un chez l’appellera par la suite, notamment
la tristesse. Ce syndrome, tel que Cotard l’a établi,
se définissait par la forme de l’énoncé qui était
qui, comme dans toute forme de psy-
chose, la problématique du sujet et de
ne trouve Séglas, est la source – voilà le point
qui me semble crucial de ce syndro-
négatif : « Je n’ai pas de... », avec cette spécificité sa disparition s’avère de manière me et sur lequel j’essaierai de faire
qui marquait selon lui l’évolution délirante du éclatante ? ni la cause quelques réflexions – de ce désin-
patient mélancolique parce que la négation concer- Ces organes, de quelle façon vestissement de tout ce qui a été
nait d’abord des objets corporels ; c’est pourquoi il
l’appelait la négation hypocondriaque.
devons-nous les entendre ? Cette
négation témoigne-t-elle déjà de ce ni la constitutif d’un sujet, de ses liens
fondamentaux ; cette perte, cette
Il est intéressant – il ne le soulignait pas, qui s’annoncera d’une manière crue et anesthésie affective est la source
mais c’est après coup que nous pouvons rétablir cer-
tains aspects de la question – qu’à lire les observa-
dramatique dans ce qu’on appellera la
mort du sujet, à entendre comme
justification. d’une douleur dont le patient ne
trouve ni la cause ni la justification.
tions, non seulement de Cotard, mais des cliniciens Lacan nous le dit ? J’y reviendrai, Cette douleur est nommée par Grie-
de l’époque qui se sont beaucoup intéressés à ce
syndrome une fois qu’en a été établi le cadre cli-
mais je voudrais pour l’instant séparer
tout de suite dans notre écoute ce syn-
Cette douleur singer : douleur morale. Elle fait le
socle, le foyer, le terrain essentiel du
nique, les négations hypocondriaques, c’est-à-dire drome du fait qu’il s’exprime, selon syndrome tel que Cotard l’a établi
concernant le corps – mais ce corps cotardien, quel Cotard, dans un premier moment, est nommée dans la mélancolie anxieuse en
est son statut ? –, concernaient de toute façon les d’une manière hypocondriaque, c’est- phase chronique ; ç’en est l’élément
objets et d’abord le tractus digestif, qui va de la
bouche à l’anus.
à-dire sur le corps. Comment fonc-
tionne cette négation dans le délire ?
par fondamental. J’y reviendrai parce
qu’il me semble qu’on peut, à partir
En général, ce sont des patients qui disent : Nous pouvons dire qu’elle commence de cet élément fondamental, ouvrir
« Je n’ai pas de bouche, je n’ai pas d’anus, je n’ai pas
d’estomac. » Mais je n’ai jamais rencontré : « Je n’ai
à fonctionner sur ce qu’on appelle
organes. Organes de quoi ? Nous pou-
Griesinger : des pistes de travail.
Encore un autre élément de
pas de regard. » C’est comme ça que j’avais intitulé vons essayer d’aller un peu plus loin cette perte de la vision mentale relè-
une intervention que j’avais faite à l’époque ailleurs : et supposer que ce sont les organes de douleur ve d’un exemple que j’avais eu l’oc-
« Je n’ai pas d’oui(e) », laissant entendre que le déli- la langue. Que sont ces organes lin- casion de découvrir en examinant les
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patiente, il n’en tenait pas compte ; avons affaire à des formes d’organi-
c’est un phénomène qui me semble sation sociale où le sujet est prati-
plein d’enseignement pour nous. Ce quement déjà mort. Et en plus, il
n’est pas cela qui était un obstacle n’en est pas mécontent, il demande
pour lui et ce n’était pas non plus de la que sa vie soit organisée comme s’il
violence. C’était une autre dimension. était déjà mort. Comme s’il n’y avait
La patiente, à un certain moment, a pas à rendre témoignage du fait qu’il
fait signe de sa gêne et il lui a dit : « Si était un sujet et qu’il soutenait son
vous ne voulez pas me parler – parce existence à partir de cette position
qu’il ne savait plus comment y parve- effectivement difficile qui est celle
nir –, écrivez. » Et effectivement, elle du sujet de l’inconscient, qu’il désire
a écrit : « Si je ne vous parle pas, c’est ce qu’il ne veut pas, qu’il dit des
parce que j’ai perdu le sens des choses complètement incohérentes
mots. » et que ce n’est pas ce qu’il aurait
Cela me semble un enseigne- souhaité. Quel est le type d’organisa-
ment. Un tel aveu si étrange et si tion de la vie, quel est le type de rela-
déroutant : elle avait perdu la signifi- tion au semblable qui prédomine
cation des mots, et qui me semble être dans notre culture ? Cotard peut
une affirmation tellement illustratrice nous inviter à réfléchir sur un point
de la psychose ; à nous de nous et à l’articuler autrement que comme
demander pourquoi elle l’avait perdue on le fait dans les journaux. Nous
et ce que nous pouvons dire, non plus pouvons essayer de déplacer la
de la perte de la vision mentale, mais manière dont les questions sont
de la signification des mots, puisque posées à partir des enseignements
nous pensons que nous connaissons la que ce tableau nous révèle.
signification des mots, mais pouvons- Nous pouvons dire sans
nous soutenir cette affirmation, et au exagérer que nous assistons dans ce
nom de quoi ? Nous avons le senti-
ment que nous connaissons la signifi-
« Si je syndrome à une progression enva-
hissante, nécessaire, de la force de
cation des mots mais, en vérité, la destruction, de l’annihilation, de
connaissons-nous ? ne vous l’annulation, qui commence par :
Je continue un peu sur un troi- « je n’ai pas de bouche, je n’ai pas
sième moment, selon Cotard – il éta-
blissait ainsi des moments successifs,
parle pas, d’estomac, je n’ai pas de cœur », et
qui envahit l’existence du sujet qui,
ordonnés, d’évolution –, un troisième dès ce moment, disparaît de la circu-
moment de l’évolution délirante, où la
négation ne porte plus sur les objets
c’est parce que lation tout entière puisque ce délire
des négations ne s’arrête pas ; c’est
organiques ni sur les représentations imparable et donc, à un certain
mentales des objets chers, ni non plus j’ai perdu moment, rien n’existe pour le sujet,
sur la signification des mots comme la ni le monde extérieur ni les autres.
malade de Séglas, mais sur le sujet
lui-même : c’est-à-dire que dans le sens C’est un processus qui suit sa
logique irréfutable.
l’évolution délirante, le patient affir- Je voudrais essayer d’évoquer
me qu’il est mort. Dans cette question
de la négation de la vie, de la vie du
des mots. » deux questions : d’abord, celle de la
douleur morale, que j’ai rappelée en
sujet, vous voyez que cette négation parlant de la perte de la vision men-
porte sur ce qui serait un sujet et en tale. Elle témoigne d’une sorte de
même temps il continue à vous parler. contradiction puisque, d’un côté, j’ai
C’est un mort vivant. isolé les éléments fondamentaux à
Cette expérience d’avoir affai- cette perte de la vision mentale – les
re à des morts vivants n’est pas seule- cliniciens soulignent qu’il y a une
ment cotardienne. Nous avons désaffectivité, l’anesthésie affective
souvent l’impression d’avoir affaire à comme ils l’appelaient –, mais, de
des morts vivants dans d’autres l’autre côté et en même temps, la
formes de clinique, et non seulement douleur morale. C’est la traduction
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psychotique, avec toutes les conséquences que le Lacan dit que cette mort du La question de la mort du sujet
repérage, que Lacan nous invite à considérer, a pour sujet est le vrai ressort qui permet le chez le psychotique, est-ce que nous
la conduite de la cure, pour des gens qui viennent renversement d’une position à une pouvons dire que si nous tirons
nous voir qui ne sont pas encore délirants – et peut- autre. Comment se produit cette mort quelques enseignements de la maniè-
être ne le seront-ils jamais – mais qui sont déjà dans du sujet chez Schreber ? Lacan écrit : re dont elle se présente chez le cotar-
la psychose. Cela a un intérêt majeur du point de « C’est du moins l’événement que les dien, c’est que cette mort du sujet
vue de la théorie de la psychose, mais aussi pour la voix, toujours renseignées aux bonnes apparaît sous la forme de la
manière de mener les cures. C’est un travail, comme sources et toujours égales à elles- négation ? En quoi le cotardien
dit Lacan : « préliminaire à tout traitement possible mêmes dans leur service d’informa- mélancolique est-il diffèrent du para-
de la psychose ». Que pouvons-nous faire avec
quelqu’un qui est à un tel carrefour ? C’est la ques-
tion – je me demande si ce service
d’information des voix qui s’inspirent
On a dit oui noïaque, où la mort du sujet est aussi
annoncée ? J’ai essayé d’indiquer
tion de la mort du sujet. Nous savons que Lacan a toujours des bonnes sources et qui certaines modifications parce que
employé ce terme dans la « Question
préliminaire 2 », dans un moment tout à fait singu-
sont toujours égales à elles-mêmes,
ces voix qui répètent toujours la
à la vie, après c’est une lecture d’une écriture, ce
n’est pas du tout le cas du cotardien
lier, quand il examine l’expérience dans laquelle même chose, nous ne les trouvons pas mélancolique, mais ce qui me semble
Schreber apprend dans un journal qu’il était déjà dans l’organisation sociale –, lui firent on dira une question que nous pouvons nous
mort. Vous savez combien Schreber s’était opposé connaître, après coup, avec sa date et poser concernant cette expérience de
dans un rejet définitif à l’idée « qu’il serait beau
d’être une femme en train de subir l’accouple-
le nom du journal dans lequel il était
passé à la rubrique nécrologique. »
non, non, non la mort du sujet comme phénomène
élémentaire de la psychose, c’est que
C’est très intéressant la manière dont de toute façon chez lui ça se manifes-
Lacan articule ce phénomène, puisque
c’est un phénomène d’écriture, que le
mais enfin te par la négation, mais quel type de
négation ? Puisque ce que nous
sujet va lire et il va lire non pas qu’il savons de la négation, à partir de l’en-
est mort, mais qu’il est passé sous une on a dit oui, seignement freudien, c’est que la
autre rubrique qui est nécrologique. négation est justement la marque de
C’est-à-dire que nous sommes entre
deux rubriques. On pourrait aussi on a été la suspension du refoulement. Le
refoulement ne disparaît pas, comme
l’entendre comme cela. Je me suis nous le dit Freud, mais il y a une sus-
dit : est-ce que Lacan, dans cette écri-
ture qui est la sienne, si précise et si
d’accord pour pension, c’est-à-dire la possibilité de
reconnaître qu’il y a du refoulé, sans
suggestive, ne nous apprend pas que pour autant pouvoir dire : « c’est ça »,
le sujet, c’est une écriture, seulement
c’est une écriture de quelle rubrique ?
que cela existe c’est-à-dire il n’y a aucune autre
possibilité de reconnaissance des
Je viens à un point que je ne formations de l’inconscient que par
voudrais pas ne pas évoquer. Lacan ne alors que, dans la négation. Le sujet, le moi ne peut
parle qu’une seule fois de la mort du pas dire oui au je ; le moi ne peut
sujet, dans ce texte de la « Question
préliminaire » au moment où il écrit le la psychose, dire que non au je. Il y aurait égale-
ment cette manière d’articuler la
sujet S sans barre ; mais dès le chose entre cette dialectique opposi-
moment où il va écrire le sujet barré $,
il ne parlera plus de la mort du sujet.
c’est parce tionnelle entre le moi et ce que nous
appelons dans la doctrine freudien-
Pourquoi ? Est-ce parce qu’il est déjà ne et lacanienne surtout, parce que
mort du fait de la barre ? L’expression
« mort du sujet », comme telle, d’un
qu’il n’y a pas c’est Lacan qui a établi cette diffé-
rence fondamentale entre moi et je,
point de vue de la théorie lacanienne le moi ne peut dire que non à l’in-
disparaît de la circulation, mais cette eu cette conscient. C’est aussi une manière,
écriture du sujet va subir une transfor- et je ne pense pas exagérer là-dessus
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