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LIVRE BLANC
g em en t e t
Mana u tra vail
io n d
Organisat e
itio ns po u r remettr
Nos amb n s l'e ntreprise
a in d a
de l'hum
P02-15 LIVRE BLANC CFE CGC _Mise en page 1 11/09/14 10:22 Page2
Notre syndicat, véritable partenaire social, rassemble des femmes et des hommes parta-
geant loyalement des valeurs et des principes communs. Libre de pensée, reconnu pour la
pertinence de ses analyses et le pragmatisme de ses propositions, il s’attache à fédérer et
à porter, en permanence, l’action collective, seul moteur de progrès social.
Livre Blanc
Management
et Organisation du travail
Nos ambitions
pour remettre de l'humain
dans l'entreprise
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Préface
La libéralisation des marchés européens de l’énergie, les mécanismes du
marché et les politiques menées par les gouvernements successifs ont
généré de grands bouleversements ces dernières années pour les entre-
prises de la branche des Industries Électriques et Gazières.
De réorganisations en filialisations, nos entreprises ont évolué à marche
© Gilles Dacquin
forcée pour faire face à la concurrence. Malheureusement, et comme le
craignait la CFE-CGC Énergies, cette mutation ne s’est pas faite sans
dommages pour les salariés.
En effet, les salariés, et particulièrement les techniciens, les agents de Christian Taxil
maîtrise, les cadres et les ingénieurs, sont sous la pression de plus en Secrétaire Général
plus forte de la rentabilité financière, ballotés aux grés des réorganisa- CFE-CGC Énergies
tions. Aujourd’hui, ils perdent de plus en plus leurs repères et le sens de
leur travail.
5
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PRÉFACE
Sommaire 5
AVANT-PROPOS 11
7
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8
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Sommaire
CONCLUSION 101
POSTFACE 103
ANNEXES 107
POUR ALLER PLUS LOIN 111
SYNTHÈSE 113
REMERCIEMENTS 123
9
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Avan t - p r o p o s
Depuis plusieurs années, dans les entreprises de la branche des IEG (EDF,
GDF SUEZ, RTE, ERDF, GrDF, GRTgaz, etc.), les modes de management et
les organisations du travail se transforment profondément. Ces évolutions
« Nous
constatons que
les conditions
se traduisent par une perte de repères et une dégradation des conditions de travail
de travail pour bon nombre de managers et de salariés.
se sont
Cette évolution s’inscrit, depuis les années 1980, dans un contexte
dégradées
mondial de transformation progressive et généralisée des différents et que les
types de management vers le modèle anglo-saxon ou libéral. Les entre- salariés ont
perdu leurs
prises des IEG, en particulier les groupes GDF SUEZ et EDF, sont passées
d’une finalité de service à la collectivité à une finalité financière. Dans ce
tournant, nous constatons que les conditions de travail se sont dégradées
et que les salariés ont perdu leurs repères, notamment face aux inces-
repères.
»
santes réorganisations. Ces derniers, de manière différente selon les
individus et les collectifs, expriment de plus en plus un mal-être au travail.
11
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Modes et méthodes
de management et d’organisation
du travail : lean management …
PROCESSUS « Comment je travaille? »
TRAVAIL
NORMALISATION
VIVRE
SENS
ENSEMBLE
12
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Avant-propos
C’est pourquoi nous pensons avant tout qu’il n’y a pas une organisation
du travail, mais des modes d’organisations adaptés aux différents types
d’activités et de métiers. Nous nous méfions particulièrement des
« dernières modes » managériales, issues généralement d’un secteur
d’activité, donc d’un contexte et d’une culture propre. La rationalité et
l’optimum organisationnel peuvent ne pas revêtir les mêmes habits et ne
pas se vivre de la même manière selon l’activité. Monsieur Fayol avait-il
raison avec Monsieur Taylor, le travail de bureau peut-il se gérer selon
les mêmes principes que la production industrielle séquentielle ?
La diversité des métiers de nos entreprises des IEG est à cet égard repré-
sentative de cette problématique. Nous avons fait travailler ensemble
des participants venant d’activités différentes, de la production au
domaine tertiaire, et de divers métiers, de nature intellectuelle ou servicielle.
Cette approche plurielle a été particulièrement enrichissante et a permis
d’éviter l’écueil de réflexions isolées où chacun voit midi à sa porte. Nous
avons ainsi pu repérer les tendances de fond qui uniformisent les
13
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Les réflexions menées avec nos militants ont été nourries par des situations
spécifiques aux IEG : la fusion entre Gaz de France et Suez, la filialisation
de la DSI de GDF SUEZ, le cas de la SNET, filiale d’E.ON, la séparation des
distributeurs d’électricité et de gaz, la constitution des directions des
services partagés d’EDF et de GDF SUEZ, etc. Ces réflexions se sont
inscrites sur différents niveaux, notamment la taille de l’entreprise (SA,
filiale ou PME), son périmètre géographique d’activité (local, national ou
international) et la nature de l’activité (régulée ou concurrentielle). De
nombreux témoignages, de bonnes ou de mauvaises pratiques, exprimés
dans le cadre des réunions du groupe de réflexion interne de la CFE-CGC
Énergies, alimentés et éclairés par l’expertise de Secafi et de nombreux
ouvrages et publications de chercheurs, ont servi notre analyse.
14
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Avant-propos
15
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État d e s l i e u x
La libéralisation
du secteur énergétique,
une perte de repères
des salariés
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« La
concurrence a
ont progressivement réorganisé les entreprises nationales en structures
homogènes et/ou communes en vue d’en faire des acteurs européens.
Le principe de la libéralisation a consisté à désintégrer le modèle anté-
été introduite
en amont et rieur. La concurrence a été introduite en amont sur l’activité production
(marché de gros) et en aval sur l’activité fourniture (marché du détail),
en aval sur
tandis que les activités liées aux réseaux demeurent régulées en étant
les activités exploitées, gérées et développées par des monopoles chargés d’assurer
production et
fourniture.
» un accès libre et non-discriminatoire à tous les producteurs et fournis-
seurs. Il a fallu créer des gestionnaires de réseau indépendants et une
autorité de régulation1.
Nous n’ignorons pas que nous devons nous adapter aux règles du marché
intérieur européen, lequel est constitué d’une pluralité de modèles
économiques et qui est négocié par les différents États membres. Mais
encore faut-il que ces règles ne soient pas dictées par une conception
dogmatique et inadaptée aux caractéristiques du secteur énergétique.
En 2012, nous avions montré, avec notre Livre blanc des Énergies2,
comment cette politique a conduit à un marché de l’électricité et du gaz
déséquilibré et fragilisé, au détriment des consommateurs et de l’industrie
qui paient de plus en plus cher ces ressources nécessaires à la croissance,
sans que cela garantisse une réponse efficace au problème du réchauf-
fement climatique. Aujourd’hui, nous souhaitons montrer l’impact qu’ont
eu ces évolutions sur l’identité de notre industrie, sur les finalités de nos
entreprises et sur nos organisations du travail.
Un changement de finalités
de nos entreprises
1 La CRE, Commission de
régulation de l’énergie.
La révolution subie en quelques années par le secteur des IEG l’a conduit
2 Livre Blanc des Énergies : d’un monde organisé comme un service public, où la finalité première est
Trois ambitions pour
l’avenir des marchés la satisfaction des usagers, à un monde concurrentiel organisé par le
électriques et gaziers, marché, où la finalité est la rentabilité financière. Les caractères et la
CFE-CGC Énergies (2012). cohérence de ces deux types de finalités sont distincts, voire divergents.
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FINALITÉ DE RENTABILITÉ
FINALITÉ DE SERVICE PUBLIC
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20
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Partant des modèles logiques développés dans les années 1970 et 1980, 7
Un input (entrée en
les consultants en lean se sont fait une spécialité de réduire les systèmes anglais) est l’ensemble
des facteurs entrant
complexes en équations primaires, fonctionnant de façon mécaniciste dans une production
autour de slogans simplistes. Ainsi dans le modèle Sipoc9, il y a deux donnée (matières
interactions simplifiées : le fournisseur (supplier) et le client (customer), premières, énergies,
main d’œuvre, etc.).
le travail étant enfermé dans le process. Cette forme séquentielle de
représentation est extrêmement restrictive. En effet, les analystes du 8
Un output (produire,
travail ont déjà mis en évidence l’écart entre le travail prescrit (la tâche, mettre dehors en
anglais) est le résultat
la consigne, le prévu) et le travail réel (l’acte, l’activité, l’ajustement
d’une production par
aux imprévus). Cet écart incompressible révèle toute la complexité du opposition à input.
savoir-faire indispensable à toute activité.
9
Sipoc est l’acronyme
anglais de Supplier
L’extension du concept de lean aux activités de management ou de Input Process Output
conception réduit ce travail à des objectifs immédiats et l’empêche de Customer, qui signifie
produire les effets plus généraux et lointains (outcomes) qui doivent en en français
Fournisseur,
être attendus, ceux-ci dépassant la simple réalisation de produits de sortie Entrée, Processus,
(outputs). Le lean conduit à la mise en équation simpliste d’activités qui Sortie, Client.
LE MODÈLE SIPOC
Le SIPOC (Supplier Input Process Output Customer) est un shéma du processus que l’on souhaite améliorer,
qui reprend l’ensemble du flux depuis les entrées du fournisseur jusqu’à la livraison du client.
D D D D
Supplier Input Process Output Customer
Fournisseur Entrée Processus Sortie Client
21
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Investissement
Retour sur Évaluation Évaluation
Investissement
Stratégies Prospective
Or, les entreprises du secteur de l’énergie sont les acteurs clés de l’effi-
cacité énergétique. Elles jouent un rôle déterminant dans la compétitivité
économique. Outre les exigences de rentabilité de leurs actionnaires,
elles sont soumises aux décisions de politiques publiques et évaluées
par les autorités de régulation. Le modèle que nous proposons articule
les progrès réalisés en interne avec les impacts de nos activités sur le
système économique, la croissance et les modes de consommation.
22
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Évolution de l’innovation
de rupture
Attentes des
consommateurs
Temps
23
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P24-43 CHAP2 LB CFE CGC _Mise en page 1 09/09/14 13:20 Page25
e réflexion
Axes d
Cinq thématiques
à l'épreuve
des réorganisations
25
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« La
tendance
Thème 1 : L’identité bousculée
générale est un Être ou ne pas être dans le coeur de métier stratégique
resserrement Dans les entreprises du secteur de l’énergie, pour des raisons plus stra-
sur le "coeur tégiques qu’économiques, la tendance générale est un resserrement sur
de métier " le « cœur de métier ». Depuis 15 ans, ce resserrement conduit à une
augmentation de la sous-traitance d’activités de moins en moins péri-
et une phériques (travaux, maintenance, études, production/conduite) et à une
augmentation évolution des terminologies qui préfigurent d’éventuelles restructurations.
de la sous-
traitance.
» Ainsi, la création d’un métier « maintenance » peut annoncer une évolution
vers l’externalisation de cette activité auparavant intégrée dans le cœur
de l’activité opérationnelle du réseau de transport ou de distribution.
À l’inverse, en cas de crise affectant le modèle stratégique, le cœur de
métier peut se déplacer – par exemple de la conduite vers la maintenance
(c’est le cas des centrales thermiques concernées par les marchés de
capacités) – et entrainer la réintégration d’opérations auparavant sous-traitées.
Au-delà des enjeux de sécurité, des aspects sociaux, des choix écono-
miques et des options stratégiques, l’externalisation d’activités génère
de profondes transformations des métiers. La plus représentative et
fréquente est le passage du faire au « faire-faire » pour les opérationnels,
du management hiérarchique à un management transversal pour les cadres.
L’attachement au métier
Des conducteurs d’installations qui se perçoivent comme des « seigneurs
de la conduite » ou des conseillers clientèle qui se voient comme les
« nouveaux ouvriers du monde des services » témoignent d’un même
attachement à leur identité professionnelle. Les premiers bénéficient
d’une rémunération, de conditions de travail et de perspectives de
carrière qui expliquent aisément cet attachement. Mais c’est bien moins
vrai pour les seconds. C’est sans doute pour cette raison qu’ils ont besoin
de valoriser leur appétence pour l’activité commerciale :
26
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sont à la fois plus ouverts et plus flous. Les GPEC12 peinent à apporter un
sens aux changements de l’entreprise et répondent de façon incertaine
aux enjeux d’employabilité.
27
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dynamique peine à toucher les salariés. Dans une Business Unit, les
directeurs de site deviennent de simples managers opérationnels et ne
participent plus au comité de direction. Dans ces conditions, difficile pour
eux de partager avec les salariés une dynamique qu’ils ne portent pas.
Dans un autre cas de réorganisation industrielle, plusieurs niveaux
d’évolutions se superposent : entrée dans un nouveau groupe, avec les
aspects normalisants que cela implique ; passage d’une culture de
l’ingénieur à une culture du business ; transformation identitaire du
management dont le métier et les nouvelles attentes sont considérés
comme des évidences ; augmentation de la mixité culturelle et historique
des équipes sur un fond intergénérationnel.
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Or, dans le cas d’un projet d’élargissement des zones de l’astreinte, l’évo-
lution va se traduire par une exposition plus importante des salariés au
risque routier, par l’augmentation significative des sorties d’astreintes et
des temps de trajets pour se rendre sur les interventions. Dans ce cas, le
risque ne fait pas sens et éloigne les salariés de leur métier. Les inter-
venants sont déjà au volant la majeure partie de leur temps de travail,
ce n’est donc pas tant l’exposition au risque qui est insupportable,
qu’une exposition vécue comme « inutile » et en décalage avec le métier.
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Situation Situation
initiale initiale
Situation Situation
projetée projetée
Effectifs
Effectifs
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« Les temps
d'apprentissage
Par ailleurs, les temps d’apprentissage et d’acquisition des compétences
sont souvent sous-estimés et volontairement compressés afin d’afficher
et d'acquisition une réalisation rapide des objectifs. Ces temps d’adaptation sont définis
des compé- en valeur absolue sans tenir compte des aléas et des imprévus possibles
tences sont (humains ou logistiques). Derrière le trompe-l’œil, transparaît alors la
réalité de salariés en souffrance desquels est exigé – selon la formule
souvent sous-
« pendant les travaux, la boutique reste ouverte » – un niveau de perfor-
estimés afin mance toujours plus élevé, alors que le contexte est déséquilibré.
d’afficher
une réalisation L’écart entre les ressources théoriques et réelles amène à accentuer la
rapide des
»
pression sur le management intermédiaire, afin de conclure les change-
objectifs. ments au pas de course, sans dialogue avec les équipes ni considération
sur les impacts à moyen terme. Même quand la rationalité de l’adaptation
n’est pas contestée, le mépris des réalités de terrain peut mettre en péril
le succès d’un projet.
Thème 3 : L’attachement
au bien vivre ensemble
32
P24-43 CHAP2 LB CFE CGC _Mise en page 1 09/09/14 13:20 Page33
Ces différences sont mal vécues de part et d’autre, et peuvent poser des
dilemmes de positionnement syndical ou éthique. Par exemple, faut-il
défendre la ré-internalisation de la charge ou plutôt l’amélioration des
conditions de travail des sous-traitants ?
permettent un découpage encore plus fin des tâches et une répartition environnement.
33
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Système Système
de dispatch de reporting
Manager
SIRH
Source : Secafi
34
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« Les rotations courtes sur les sites font que quand un manager ar-
rive, il veut faire ses essais et ensuite d’autres managers arrivent,
font de même et, de ce fait, on tourne en rond. »
« Ça change trop souvent dans les directions, les gens qui arrivent
sont déjà partis avant d’avoir fini ce qu’ils avaient commencé. »
35
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« Le taux de
sous-traitance
« Là, (le chef ) n’a plus trop de marges de manœuvre, il défendait
plus sa paroisse avant. »
réduit méca-
niquement « Il se blinde pour ne faire que des reproches. »
le nombre de
Les conditions de reconnaissance des managers de proximité
représentants
Il ne suffit pas d’être « attaché » à son entreprise pour en accompagner
du personnel les changements opérationnels. La reconnaissance du métier de manager
chez les don- en tant que métier spécifique progresse dans certaines entreprises ou
neurs d'ordre directions, mais elle reste insuffisante dans la majeure partie de la
et augmente branche des IEG. Comme par exemple : sur ces sites de production
leur périmètre dont les directeurs ont été relégués hors du comité de direction sans
d'intervention.
» concertation, ou encore cette entreprise du réseau de transport qui
rappelle son « attachement » à ses managers de proximité, mais les laisse
gérer seuls les contradictions face aux changements. Le peu de motiva-
tion des salariés à prendre des fonctions managériales révèle également
ce manque de reconnaissance et de soutien, comme l’illustrent ces
différentes remarques :
36
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Culture du chef
(le savoir est en haut)
Mot clé : vision
Souvent pointée comme caractèristique française
Elle repose aussi sur un discours technique.
Source : Secafi
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et la performance était acquis. Alors que faire « comme les autres », n’est-
ce pas déjà être en retard et manquer les potentiels d’innovation ?
38
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Activité 1. Négociation
2. Innovation commerciale & Vente globale
3. Optimisation du portefeuille
Type d’approche 4. Ajustement de la taille
5. Innovation industrielle
6. Ré-ingénierie des procédures
Structurelle 7. Restructuration
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« La rationa-
lisation se
la dimension du contrôle qui est seule présente dans la déclinaison
opérationnelle. Il en est de même dans le cas d’un centre d’informatique
partagée, où l’homogénéisation des processus va limiter la souplesse et
manifeste par
une augmen- la réactivité de l’organisation.
tation de la
La prolifération des normes entraine des conflits d’instructions
prescription La rationalisation est censée permettre une réallocation optimale des
du travail ressources qui, souvent, entérine leur raréfaction. Dans sa mise en
censé réduire œuvre, la rationalisation se manifeste par une augmentation de la pres-
les risques
»
cription du travail censée réduire les risques d’erreurs. Pour cela, de plus
d'erreurs. en plus de cas de figures doivent être prévus, décrits et « processés ». Ils
font alors l’objet d’instructions qui entraînent inévitablement une com-
plexification des processus et une perte de souplesse et de réactivité.
Les salariés et les managers de proximité se retrouvent alors dans la
situation paradoxale de devoir arbitrer des conflits d’instructions alors
que ces dernières sont censées avoir prévu toutes les situations.
En pénurie de moyens, faire des choix devient impératif. Pour faire des
arbitrages tenables et choisir le moindre risque, les salariés en réfèrent
au sens et à la qualité du travail et/ou aux attentes du client. Les critères
de ce choix, qui n’est pas prévu par les processus et qui fait pourtant
partie du travail réel, ne sont pas toujours explicités et partagés.
40
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L’une des revendications de la CFE-CGC Énergies est que les salariés des
19
entreprises du secteur de l’énergie soient au statut des IEG. La question du socle
de garanties sociales
accompagnant les
Indépendamment de la réalité des garanties sociales, des phénomènes métiers de la transition
de peur ou de perte de confiance sont générés par la façon dont les énergétique n’a pas été
abordée dans le cadre
salariés se sentent traités. Il est donc question de communication, de du grand débat sur la
conduite du changement, de sa nature, de son intention et du courage transition énergétique.
41
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Conclusion
Sens, identité, vivre ensemble, normes et garanties sociales, à partir de
ces cinq axes de réflexion, nous avons dégagé trois pistes d’action qui
sont autant d’ambitions pour la CFE-CGC Énergies : mettre les salariés de
nos entreprises au cœur des choix managériaux, promouvoir une véritable
reconnaissance professionnelle et promouvoir le bien vivre au travail.
PERSPECTIVES
GARANTIES
«Quel contrat
de travail SOCIALES
ai-je ?»
AMBITION 2
IRP : avis, codécision, véto Individu au travail
«Comment décide-t-on ?» IDENTITÉ «Qui suis-je et que fais-je ?»
Modes et méthodes
AMBITION 1 de management et d’organisation
du travail : lean management…
PROCESSUS « Comment je travaille? »
TRAVAIL
NORMALISATION
VIVRE
SENS
ENSEMBLE
Salarié au travail
«Pourquoi je fais ?»
AMBITION 3 Entreprise/communauté et travail
«Avec qui je travaille ?»
42
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i o n n º 1
Ambit
« Mieux in for mer et mie
ux écouter le s salar iés. »
45
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même que les managers se heurtent « à tous les étages » à ce que l’on
nomme le « frein au changement ».
Par ailleurs, le processus décisionnel fait intervenir des dimensions
institutionnelles et réglementaires complexes, ainsi que des intérêts et
des perceptions multiples des parties prenantes.
Multidimensionnel
Politiques Conjonctures Marchés financiers
Réglementation Droit des firmes
Etc...
Multiniveaux Multiacteurs
International - Européen - National Autorités Entreprise : Autres :
Sectoriel - Local Publiques Management - DRH - Syndicats Institutions
Représentants des travailleurs Réseaux
Shareholders - Stakeholders institutionnels
Experts
Source : AgirE
Nos ambitions
46
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Nos ambitions
inverses à l’objectif recherché. Nous n’avons donc pas vocation à déjà montré dans
le « Livre Blanc
cautionner toutes les décisions et tous les choix faits par nos entreprises,
des Énergies : Trois
mais nous nous positionnons comme une force de propositions alterna- ambitions pour l’avenir
tives visant à « humaniser » les critères décisionnels tout autant que les des marchés électriques
méthodes de management et de gestion. et gaziers », op. cit.
47
P44-59 CHAP3 LB CFE CGC _Mise en page 1 09/09/14 13:30 Page48
Nos ambitions
Intégrer l’humain, non comme une simple variable d’ajustement, mais comme le cœur
de l’entreprise, dans les critères décisionnels comme dans le management et la gestion.
Accepter que la politique managériale ne soit pas seulement gestionnaire et/ou financière.
Ne pas considérer la productivité comme seule réponse aux enjeux de performance
durable.
Refaire de la qualité du travail un levier de performance.
Favoriser les structures de taille « raisonnable » afin d’éviter les écueils de la massi-
fication et de conserver une dimension humaine aux organisations.
Processus de décision
Choix de
restructuration
n
Gestio e
de cris
d
à chau Consultation CE/CHSCT Ou... dialogue
en anticipation
48
P44-59 CHAP3 LB CFE CGC _Mise en page 1 09/09/14 13:30 Page49
Source : Secafi
Nos ambitions
Manager avec « rigueur », sans gaspillage, tout en respectant l’humain :
- plus de souplesse pour les managers de proximité,
- une subsidiarité au plus près des besoins de l’activité ou du métier,
- davantage d’expressions des salariés sur leur management,
- tests de management alternatifs (slow management par exemple)
sur des unités pilotes.
Valoriser la recherche de l’efficience :
- une culture de la pertinence du travail plutôt que de la quantité,
- moins d’impact du court terme.
49
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Nos ambitions
Nos ambitions
Une réflexion des grandes entreprises sur l’évolution des organisations de telle
sorte qu’elles puissent être capables de porter le changement sans rupture de
sens, mais en cohérence avec le travail des salariés et avec leur implication à
tous les niveaux décisionnels. Toutefois, nous savons que le chemin est encore
long et qu’il nécessitera des changements moins intégrés.
Il est déterminant que les évolutions s’appuient sur une cohérence basée
sur le sens, mais sans nécessairement qu’elle soit synonyme d’adhésion.
De même, il est indispensable que tous les salariés, dans leur diversité,
bénéficient d’un environnement propice à la construction de leur propre
compréhension des évolutions, notamment via des informations étayées.
Certains salariés pourront directement partager le sens que leurs
dirigeants donnent à tel ou tel changement. D’autres salariés, en revanche,
devront trouver suffisamment d’informations fiables et convergentes
pour se construire leur propre représentation du changement.
50
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C’est en particulier le cas des encadrants qui sont sollicités pour accom-
pagner des changements qu’ils n’ont pas souhaités : ils doivent au moins
pouvoir les comprendre.
Afin que le changement ne soit pas une rupture, cela nécessite une
dynamique et une durée suffisante. L’écart de temporalité, entre la
réflexion à la tête de l’organisation et son appropriation par des
managers et des salariés fraichement informés, doit être intégré au
processus de réorganisation.
Donner Organiser
les moyens l'entreprise
Expliquer
le sens
+ à chacun de
construire
son propre
sens
= comme un
système
cohérent avec
le sens
au travail,
travail des salariés. Son intégrité sera vérifiée si les efforts sont tournés
Laurent Karsenty,
vers le respect des engagements, si la communication est franche et Editions Octares
honnête et si l’exemplarité et l’équité vis-à-vis des membres de l’équipe (2014).
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NOS PROPOSITIONS
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Nos ambitions
Potentiel Un temps
à détecter suffisant
et vérifier Compétences Liberté d’être
initiales, Explication manager ou pas :
à développer des attentes parcours métier
et à réinterroger de l’entreprise
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Mais plus qu’un modèle idéal en soi, nous prônons un système vertueux
par la cohérence entre les valeurs de l’entreprise, sa politique et son
système managérial et ses managers. Car la légitimité du manager doit
s’appuyer sur un « appareil » structuré qui permette un management
cohérent et robuste, tout en acceptant les différences de profil.
Nos ambitions
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NOS PROPOSITIONS
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Sur le plan des activités, des fonctions et des métiers, la capacité d’un
manager à faire contribuer son équipe à la prise des décisions favorise
l’anticipation optimale du changement de manière collective et parti-
cipative, en vue d’assurer la réactivité et la performance face aux enjeux.
À l’inverse, les salariés doivent intégrer le fait d’être à la fois initiateurs
et sollicités sur des questions organisationnelles, d’aménagement du
travail ou encore sur la conciliation vie privée/vie professionnelle. Ce
dernier point, s’il n’est pas pris en compte avec les salariés, pourrait
devenir un obstacle majeur dans les projets managériaux à venir. Il est
d’ailleurs repris par l’ANI QVT22, notamment sur la question des TIC ou
du télétravail. 22 Accord national
Sur ces questions, la CFE-CGC Énergie souhaite rester vigilante à une interprofessionnel
régulation des dérives possibles en donnant quelques axes prioritaires : sur la Qualité de vie
- laisser possibles les stratégies individuelles, au travail.
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Nos ambitions
Une contribution performante des équipes à la prise des décisions passe par le
développement de ces trois facteurs :
- la confiance dans les compétences des salariés et leur sens du travail de qualité,
- l’autonomie et la souplesse organisationnelle des salariés, y compris dans le
choix de leur temps de travail (35 heures, temps choisi ou forfait-jour),
- et le respect de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
Les approches managériales doivent favoriser l’appropriation des NTIC et leur
développement coopératif, sans contrôle exacerbé et encourager l’autonomie
des salariés plutôt que leur contrôle (dont la logistique est coûteuse et la renta-
bilité douteuse).
NOS PROPOSITIONS
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Nos ambitions
Faire bénéficier à tous les managers d’un module de découverte du syndica-
lisme et des relations sociales.
Réserver systématiquement un temps de présentation des organisations
syndicales dans les rencontres de jeunes embauchés. Déjà en vigueur dans
quelques rares directions, ce type de présentation permettrait de démystifier
le rôle des syndicats dans l’entreprise.
Former les représentants du personnel et les OS sur les enjeux économiques
et industriels afin de développer leur capacité d’anticipation en matière de
changement et être force de propositions face aux directions.
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Distinction
Reconnaissance
Besoin
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Hiérarchie
Équipe
RECONNAISSANCE
Marges de manoeuvre
Les études de terrain ont montré que les managers de proximité souffrent
d’un manque de considération. Les directions et les managers intermé-
diaires doivent être sensibilisés sur ce point critique. La confiance est
l’élément qui permet à la reconnaissance de circuler entre le manager, sa
hiérarchie et ses collègues. C’est une source de sérénité et de plaisir au
travail.
Hiérarchie, équipes et marges de manœuvre, ces trois dimensions de la
reconnaissance professionnelle sont aujourd’hui soumises à des remises
en cause ; le temps n’est plus où le manager était « roi en son royaume » :
- les marges de manœuvres sont réduites par le pilotage par processus.
Il y a une perte d’autonomie dans l’activité quotidienne,
- du côté de la hiérarchie, la décision ne remonte plus au N+1, mais au
N+2, N+3…
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Personne/Collectif Produit/Résultat
Reconnaissance Processus de travail du travail
existentielle Reconnaissance
des résultats
Reconnaissance Reconnaissance
de la pratique de l’investissement
de travail dans le travail
Source : Brun-Dugas
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Nos ambitions
Nos ambitions
Quelle que soit la forme de la rétribution financière, elle doit être équitable,
établie sur des critères clairs, justes, transparents et cohérents avec les
ambitions de l’entreprise.
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Nous pensons qu’une évaluation qui fait une part trop belle à la seule
appréciation des résultats est dangereuse. D’abord parce que l’individu
agit dans un système et il est rarement le seul responsable des résultats.
Ensuite, parce qu’il s’agit d’une méthode qui donne une vision restreinte
de ce que peuvent apporter les collaborateurs. Enfin, parce que l’entre-
prise repose sur un équilibre : une évaluation des résultats seulement
quantitative conduit forcément à valoriser les mêmes individus d’année
en année, laissant sur le côté les autres collaborateurs. Pour toutes ces
raisons, l’appréciation des efforts réalisés apparaît indispensable. 25 Actes du séminaire
« Management et
gestion des ressources
humaines : Stratégies,
acteurs et pratiques »,
Bernard Prot (2005).
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Nos ambitions
Nos ambitions
26
Congé individuel Certains salariés, de leur propre initiative, s’investissent dans des forma-
de formation. tions qualifiantes ou diplômantes par le biais du CIF26. Mais l’entreprise
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Nos ambitions
Toute formation, qualifiante ou diplômante, sous réserve qu’elle soit en rapport
avec l’activité, mérite d’être reconnue, y compris lorsque le salarié est seul à
l’origine de la demande.
Nos ambitions
La détection des potentiels ne doit pas se limiter aux « hauts potentiels »,
mais doit porter sur tous les potentiels et les développer durant toute leur vie
professionnelle.
Dans ce but, nous préconisons une sensibilisation, voire une formation des ma-
nagers et de la fonction RH à la détection et au développement des potentiels.
71
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« L'insertion
des travailleurs
Repenser les temps de vie : solidarités familiales et handicap
Dans ce domaine, les contraintes pour les femmes sont toujours plus
fortes du fait des maternités et de leur investissement dans la sphère privée.
handicapés est
un facteur Les femmes sont malheureusement plus nombreuses dans les temps
d'ouverture partiels et les congés parentaux. Ces temps méritent donc une attention
particulière afin qu’ils ne soient pas des freins à la reconnaissance et à
à la singularité l’évolution professionnelle. La mobilité géographique ne peut pas consti-
et à la distinction tuer non plus la condition sine qua non d’une évolution professionnelle.
au-delà de la
"différence"
» De même, les travailleurs handicapés et les aidants familiaux sont parfois
contraints d’aménager leur temps de travail pour leurs soins ou ceux de
leurs proches, au détriment souvent de leur évolution professionnelle.
Pourtant, l’insertion des travailleurs handicapés est un facteur d’ouver-
ture à la singularité, d’écoute de la distinction au-delà de la « différence ».
En ce sens, il ne s’agit pas seulement de respecter la « différence » (ce
qui renvoie implicitement à une norme), mais de penser la « singularité »
comme une richesse et un facteur d’innovation28. Il est nécessaire de
prendre le temps de manager cette « singularité » afin qu’elle devienne
un facteur de performance pour l’équipe. Il en va de même pour les rela-
tions entre seniors et juniors, facteur d’enrichissement mutuel. D’une
manière générale, l’entreprise gagnerait à mieux intégrer les potentiels
de chacun en respectant ses contraintes et responsabilités personnelles
et familiales.
Nos ambitions
Établir un état des lieux avant et après les congés liés à la famille et aux handi-
caps afin d’éviter des ruptures dans les carrières.
Sortir des parcours formatés et/ou imposés. Par exemple, certaines entreprises
ont élargi les plages de groupes fonctionnels (GF), d’autres ont dédoublé les fonc-
tions en junior/senior pour permettre d’évoluer professionnellement au sein du
même métier sans bousculer complètement la sphère privée.
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Nos ambitions
La réflexion sur les transmissions transgénérationnelles doit faire partie
des priorités de la gestion des ressources humaines.
L’indispensable accompagnement RH
Ces perspectives exigent que le salarié soit accompagné dans son
parcours professionnel. Or les ressources humaines sont de plus en plus
éloignées des salariés et des managers. Face à des managers démunis,
une fonction émerge dans certaines entreprises du secteur IEG : le
« conseiller mobilité parcours professionnel » (CMPP) ou le « conseiller
carrière » (CC). Quelle que soit son appellation, sa mission est d’accom-
pagner les salariés dans l’élaboration et la mise en œuvre d’un parcours
professionnel. Pour que cette fonction soit efficace, elle nécessite :
- un conseiller dédié à 100 % à cette mission pour des raisons de temps
et de suivi des dossiers ;
- la mise en place d’une GPEC visible dans chaque entreprise afin que
tous les acteurs puissent prendre en main leur évolution professionnelle.
Certaines entités ont mis en place, sous la direction du CMPP, un dialogue
entre managers d’une même entreprise et d’un même bassin d’emplois
pour examiner les emplois disponibles et les profils des salariés ;
- qu’elle soit partagée au sein d’un réseau inter-entreprises de la branche
dans le bassin d’emplois,
- de donner de la visibilité sur les métiers afin de les faire connaître et de
les ouvrir à tous. Les forums métiers qui sont parfois organisés répondent
en partie à ce besoin légitime d’information. Certaines entreprises orga-
nisent aussi l’immersion de leurs salariés dans d’autres entreprises,
durant plusieurs jours, à la découverte d’un métier,
- d’impliquer le manager dans le suivi du projet professionnel.
Sur le terrain, quand la fonction de conseiller existe, ce qui n’est pas toujours
le cas, force est de constater que la situation est très variable d’une
entreprise à l’autre. Dans des périodes de réorganisations successives
et de pression sur les trajectoires d’effectifs, cette fonction se limite par-
fois à des aspects quantitatifs. Or, les enjeux d’employabilité, d’évolution
et d’adéquation entre l’offre et la demande nécessitent une approche
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Nos ambitions
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Nos ambitions
Chaque entreprise doit mener sa propre réflexion sur le système de reconnais-
sance professionnelle qui lui convient le mieux, au travers d’un diagnostic, d’un
plan d’action et d’une boucle de retour.
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Am b i t i o n n º 3 ;
so c ia le , c ’e st ce qui compte
nce te. »
« La per for ma conomique, ce qui se comp
ce é
la per for man
Promouvoir
le bien vivre
au travail
Notre troisième « Ambition » traite de la place des salariés dans l’orga-
nisation du travail et de la réalité du travail. Elle vise à améliorer la
réponse des organisations, et des salariés qui les font vivre, à la conciliation
entre les enjeux de performance et la nécessité du bien vivre ensemble,
en identifiant les moyens et outils adéquats. Les conditions du fonction-
nement efficient de l’organisation relèvent aussi bien de la qualité de vie
au travail que de l’ensemble structuré des processus, des normes, des
indicateurs et des autres outils qui formalisent les conditions du travail.
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« Ce sont les
défaillances de
Le travail est l’objet d’un investissement physique, intellectuel et affectif.
Certes, chacun de nous s’y donne de la peine et y consacre de l’énergie,
mais en retour, nous trouvons à travers lui un épanouissement sociale-
l'organisation et
ment valorisé. Ce sont les défaillances de l’organisation, les changements
les changements
et les ruptures permanents qui transforment le travail en souffrance.
permanents qui Aujourd’hui, il y a une obligation de l’entreprise à veiller au bien-être de
transforment ses salariés. L’entreprise y trouvera aussi son compte, car un salarié
le travail en
»
« heureux » sera sûrement aussi plus performant.
souffrance. Gardons-nous néanmoins des malentendus comme lorsque notre mot
d’ordre syndical « Comment mieux travailler » a été emprunté par la
direction d’un grand groupe pour baptiser son nouveau projet « Mieux
travailler ensemble » alors qu’il ne s’agissait pas du tout du même
contenu. Méfions-nous également des opérations vitrines de bien-être
au travail, comme cet « espace zen » tellement beau que les salariés
n’avaient pas le droit d’y apporter leur café !
Respirer au travail
Les espaces de respiration nécessaires à la vie au travail sont traqués
sans relâche dans la course à la rationalisation. C’est ignorer que le vivant
a aussi besoin de « temps morts » ! La dimension humaine se déploie
entre des cadres formels et des espaces informels. Nous sommes
convaincus que l’une des conditions du bien-être au travail, c’est de
remettre du souffle dans les organisations.
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Nos ambitions
Développer les moments de convivialité.
Réintroduire les relations humaines dans les relations de travail.
Permettre aux unités de s’emparer du dossier « bien-être au travail ».
Faire des DRH des « Chief Happiness Officer » (directeur général du bonheur)
dont l’une des principales missions est de créer les conditions du bonheur des
collaborateurs.
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Nos ambitions
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- définir les processus au plus près du terrain et les faire évoluer suivant les nou-
velles pratiques et nouveaux enjeux,
- interroger régulièrement la pertinence des indicateurs, leur volumétrie et leur
niveau d’agrégation,
- mettre le système d’information en cohérence pour faciliter les analyses et
interdire les doubles ou triples saisies.
Innovation et adaptation :
comprendre le changement
Trop souvent, dans les changements, la rupture est valorisée au détri-
ment des évolutions et de l’amélioration continue. Nous sommes dans
une culture de la rupture et de l’injonction de changement, source de
souffrance et de culpabilisation. À l’inverse, présenter une nouvelle
organisation en laissant croire que « ça ne va rien changer » pour les
salariés n’est pas tenable non plus.
Notre propos n’est pas d’empêcher le changement qui est positif en lui-
même et fait partie de tout organisme vivant, mais encore faut-il expli-
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Nos ambitions
En amont du changement :
- obtenir des dirigeants des priorités et des renoncements,
- réaliser des analyses d’impacts, études préalables, bilans et études de charge.
- réfléchir avant d’agir pour diminuer le nombre de procédures,
Standardisation des comportements et des services, un frein à l’innovation ?
- mettre en place des logiques entrepreneuriales à tous les niveaux, y compris
dans les petites structures,
- favoriser des espaces informels de dialogue et de brainstorming.
Restituer des espaces de liberté :
- retrouver la notion de confiance et de liberté,
- lâcher du lest pour innover suppose d’alléger les procédures.
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L’ENCADREMENT DE PROXIMITÉ,
INDISPENSABLE RÉGULATEUR DES TENSIONS
RÉGULATION
Contraintes définies Contraintes réelles de l’équipe
par l’organisation et de l’activité
(travail prescrit) D Contraintes réelles (effectifs, compé-
D Objectifs tences, situations individuelles)
ÉQUIPE D Particularité locales
D Réglementation/
D Aléas, dysfonctionnement de l’activité,
cadre RH/ procédures des outils
D Outils de gestion, reporting D Attente, contraintes implicites
D Projets divers (hiérarchie, ligne fonctionnelle, RH,
clients internes et externes...)
Source : Secafi
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RÉGULATION ?
Contraintes définies
Contraintes réelles de
par l’organisation ÉQUIPE
l’équipe et de l’activité
(travail prescrit)
Source : Secafi
85
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Managers et syndicalistes
Fort des valeurs qui le caractérisent, notre syndicat pose la question du
renouvellement du syndicalisme, pour « construire un dialogue social de
qualité ». Notre conception du rôle des syndicalistes dans l’organisation
de l’entreprise est différente de celle des autres syndicats : éclairer sur
ce qui ne va pas, ce qui frotte, tout en étant les partenaires du manager.
Nos ambitions
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« Les baro-
mètres sociaux
changer aux politiques managériales, entrainant toujours les mêmes
injonctions paradoxales et les mêmes pratiques de certains hauts res-
ponsables…
permettent
de mesurer
À EDF, comme à GDF Suez, ce sont les DRH qui supervisent les chantiers
des taux de
de transformation. Les discours portent sur l’éthique, sur la qualité de vie
réussite, mais au travail, sur la prévention des risques psychosociaux, mais la préoccu-
il serait plus pation reste avant tout la productivité. Le premier souci est d’imposer les
pertinent exigences financières, notamment à travers la renégociation du temps
d'y ajouter de travail. Les syndicats constatent qu’au moment d’entrer en négocia-
des taux de
»
tions, l’honnêteté et la bonne foi ne sont pas toujours autour de la table.
dégradation.
La RSE peut-elle se mesurer ?
Les indicateurs qui sont utilisés à EDF et à GDF Suez ne correspondent
pas à nos attentes. Les baromètres sociaux permettent de mesurer des
taux de réussite, mais il serait plus pertinent d’y ajouter des mesures des
taux de dégradation. Dans la pratique, il y a une dualité entre les indica-
teurs obligatoires qui relèvent du bilan social et ceux qui s’inscrivent dans
une démarche volontaire que nous appelons « socioscope ».
Les managers doivent remplir des objectifs RSE, comme à EDF où les
résultats d’enquête RSE entrent en ligne de compte pour la prime des
dirigeants. Ces dirigeants se retrouvent pris dans une contradiction car
ils doivent se montrer exemplaires sans en avoir les moyens. Le manage-
ment durable est un management à la fois équitable, viable et vivable.
Aujourd’hui, le manager n’a plus son mot à dire. Il est interrogé sur un
portail « Groupe » pour des enquêtes sociales qui ne concernent pas son
équipe. Pour les cadres concernés par la RSE, soit il s’agit d’une ligne en
plus à remplir, soit c’est un état d’esprit plus global, mais alors qui repose
sur la confiance, pas sur des indicateurs.
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Le manager doit-il être évalué par ses collaborateurs ? Certaines missions dé-
volues désormais au management, mais qui reposent davantage sur les rela-
tions humaines que sur des aspects purement gestionnaires, nécessitent des
évaluations fondées sur des enquêtes sociales de type baromètre social ou
« socioscope ». Mais quel que soit le type d’enquête, nous pensons qu’elles
doivent être non personnalisées afin de préserver le manager du risque d’un
« tribunal populaire ».
Lorsqu’une enquête sociale révèle un mal-être des salariés, ses résultats doi-
vent être analysés de manière prudente, en tenant compte de tous les fac-
teurs impactant le climat social. De la même manière, les nouvelles méthodes
d’évaluation de type « 360 ° » doivent être utilisées dans un cadre bien spé-
cifique de formation et non d’évaluation générale.
Plus généralement, peuvent être cités les cas de l’accord QVT qui ne
fonctionne pas, du groupe multi disciplinaires (GMD) sur les risques
psycho-sociaux, des effets « cosmétiques », du CHSCT qui ne joue pas
son rôle, de certains acteurs qui n’élèvent pas le débat… Les critiques
sont virulentes, à la mesure de la déception, voire du sentiment de
trahison. Le déficit de confiance se creuse. Il serait préférable que les
DRH et les directeurs financiers parlent des vrais problèmes, y compris
en termes de contraintes économiques et de performance. Parler des
véritables problèmes permet au moins de garantir un climat de confiance.
Devrons-nous systématiser notre propre méthode d’indicateurs et de
questionnaires, nos propres critères, au bon niveau d’observation et de
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Nous proposons qu’à la maille locale, les questionnaires soient plus simples
et pas seulement quantitatifs. Le travail est en train de changer. Il devient
nécessaire de libérer la parole des salariés de façon plus efficace, pour
les interroger sur ce qui a changé dans leur travail, sans se contenter du
ressenti et des émotions, comme nous l’enseigne Yves Clot35 lorsqu’il fait
du discours sur la qualité du travail un préambule à celui sur la qualité de vie.
Nos ambitions
Valoriser la recherche d’efficience :
- changer notre culture et valoriser l’efficience des salariés, la pertinence du
travail plutôt que la qualité,
- réduire l’impact du court terme sur l’analyse des résultats,
- imposer une charte dans l’utilisation de la messagerie : identifier la finalité
(information ou action), les destinataires, les responsables de l’action et le délai
attendu afin de responsabiliser l’expéditeur, et permettre au destinataire de
négocier ou d’afficher les commandites parallèles.
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Pers p e c t i v e s
Défendre les
salariés des IEG,
le rôle des syndicats
Depuis la fin des années 1960, comme l’a analysé le sociologue Robert
Castel36, nous sommes passés d’un capitalisme industriel à un capita-
lisme financier international qui impose, au niveau mondial, une concur-
rence exacerbée et agressive. En même temps, en France et dans la
plupart des pays européens, le chômage et la précarité se généralisent.
La catégorie des travailleurs pauvres est réapparue dans les années 1990.
La frontière entre le travail et l’assistance se brouille, puisqu’un travailleur
peut avoir besoin d’aides sociales pour survivre.
Robert Castel a montré que le problème social de notre époque est celui de
la répartition des richesses dans une société qui en produit beaucoup. Cette
répartition s’établit sous les critères de notre régime capitaliste contempo-
36 La montée des
rain et de sa recherche du profit pour le profit à travers la mise en concurrence
incertitudes. Travail,
de tous contre tous. Les droits sociaux et les protections attachées au travail protections, statut de
sont, aux yeux des employeurs, des obstacles à la maximisation de la l'individu, Robert Castel,
compétitivité de leurs entreprises et du libre jeu du marché. Le droit du travail Seuil (2009)
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« Les entre-
prises des IEG
et la protection sociale ne jouent plus leur rôle de digues de régulation
du marché. Le prix de leur abaissement est celui de l’insécurité sociale.
mettent en
oeuvre une Aujourd’hui, ces mutations sociales fortes concernent aussi les IEG qui
voient leur système de régulation sociale, avec les droits et protections
reconfiguration
attachés au travail, menacé de démantèlement. La modération salariale
des relations est clairement voulue par les employeurs qui ne cherchent qu’à améliorer
du travail, leur compétitivité internationale, ce qui menace le système historique de
où il est exigé rémunération de branche des IEG.
plus de
flexibilité des Ce dernier chapitre est celui des perspectives sur le moyen et le long
salariés.
» terme. Quel sera le devenir du contrat de travail et des organisations qui
en découleront dans les IEG ? Quelle sera l’évolution du rôle des IRP et
des OS face aux enjeux sociétaux de la dérégulation sociale, dans un
contexte changeant et mondialisé ?