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Institut Régional de Formation aux Métiers de la Rééducation et Réadaptation

Pays de la Loire

54, rue de la Baugerie - 44230 SAINT-SÉBASTIEN SUR LOIRE

L'ÉVALUATION DES DYSKINÉSIES SCAPULAIRES DANS LE


BILAN D'UN SYNDROME CONFLICTUEL DE L'ÉPAULE:
RÉFLEXION À PARTIR D'ENTRETIENS RÉALISÉS AUPRÈS DE
MASSEURS-KINÉSITHERAPEUTES LIBÉRAUX

Alix MÉTRO
Travail Écrit de Fin d'Études
En vue de l'obtention du Diplôme d'État de Masseur-Kinésithérapeute
Année 2014-2015

REGION DES PAYS DE LA LOIRE


Remerciements
Je tiens à remercier mon directeur de travaux écrits, J.G., pour ses conseils et son suivi dans
la réalisation de ce travail.
Je tiens également à remercier les neuf masseurs-kinésithérapeutes qui m'ont accordé de
leur temps pour la réalisation des entretiens, ainsi que ceux ayant répondu à mon
questionnaire.
Je remercie la CEVAK et le CDOMK de Loire-Atlantique pour avoir permis la diffusion de mon
questionnaire.
Enfin je remercie toutes les personnes qui m'ont soutenu au cours de mes études et durant
la réalisation de ce travail.
Résumé
INTRODUCTION: L'évaluation des dyskinésies scapulaires dans le cadre du bilan d'un
syndrome conflictuel de l'épaule fait l'objet d'un accord professionnel selon la HAS (1) mais il
n'existe pas de recommandations précises à ce sujet. Ce travail s'intéresse à la manière dont
sont évaluées les dyskinésies scapulaires par des masseurs-kinésithérapeutes libéraux.
MATERIEL ET METHODE: Un questionnaire a été soumis à 598 masseurs-kinésithérapeutes
exerçant dans le département de la Loire-Atlantique. Neuf entretiens ont été réalisés et
analysés grâce au logiciel Sonal®.RESULTATS-DISCUSSION: Les masseurs-kinésithérapeutes
libéraux interrogés réalisent surtout une évaluation visuelle subjective des dyskinésies
scapulaires. CONCLUSION: Les résultats de cette enquête ont montré une insuffisance de la
part des masseurs-kinésithérapeutes quant à la connaissance et à la construction d'un
diagnostic fiable et reproductible concernant l'évaluation des dyskinésies scapulaires. Une
meilleure compréhension des mécanismes liant dyskinésie scapulaire et syndrome
conflictuel de l'épaule permettrait sans doute d'établir des recommandations plus précises.

Mots clés
 Dyskinésie scapulaire
 Evaluation
 Syndrome conflictuel de l'épaule
Summary
INTRODUCTION: The evaluation of scapular dyskinesis in patients with shoulder
impingement syndrom is the subject of a professional agreement according to the HAS (1)
but there exist no precise recommendations on the subject. This work interests the way
liberal physiotherapists evaluate scapular dyskinesis. MATERIAL AND METHODE: A
questionnaire has been submitted to 598 physiotherapists who practise physiotherapy in the
department of Loire-Atlantique. Nine interviews have been realised and analysed with the
Sonal® software. RESULTS-DISCUSSION: The interviewed physiotherapists mostly perform a
visual subjective evaluation of scapular dyskinesis. CONCLUSION: The results of this study
have shown a failure in the knowledge and realisation of a reliable and reproductible
diagnosis concerning the evaluation of scapular dyskinesis. A better understanding of the
mecanisms that link scapular dyskinesis and shoulder impingement syndrom would probably
enable us to establish more precise recommendations.

Key words
 Scapular dyskinesis
 Evaluation
 Shoulder impingement syndrom
Sommaire
1. Introduction ...................................................................................................................................1
2. Cadre théorique .............................................................................................................................2
2.1. Définitions ..............................................................................................................................2
2.1.1. Syndrome conflictuel de l'épaule ...................................................................................2
2.1.2. Dyskinésie scapulaire ......................................................................................................2
2.2. Rappels sur la biomécanique du complexe de l'épaule ..........................................................2
2.2.1. Les articulations du complexe de l'épaule ......................................................................2
2.2.2. Axes de mobilité de l'articulation scapulo-thoracique ....................................................3
2.2.3. Cinématique de la scapula lors de l'élévation du bras ....................................................4
2.3. Evaluation des dyskinésies scapulaires: les tests relevés dans la littérature ..........................5
2.3.1. Rappels sur les niveaux de preuve ..................................................................................5
2.3.2. Les tests statiques...........................................................................................................6
2.3.3. Les tests dynamiques ......................................................................................................8
2.3.4. Les tests de repositionnement .......................................................................................9
3. Matériel et méthode ....................................................................................................................11
3.1. Population ............................................................................................................................11
3.1.1. Population ciblée ..........................................................................................................11
3.1.2. Questionnaire de pré-enquête .....................................................................................11
3.1.3. Sélection des sujets d'étude .........................................................................................11
3.2. Méthodologie d'enquête ......................................................................................................11
3.2.1. Réalisation des entretiens ............................................................................................11
3.2.2. Analyse des résultats ....................................................................................................12
4. Résultats .......................................................................................................................................12
4.1. Réponses au questionnaire de pré-enquête .........................................................................12
4.2. Profil des MK répondants .....................................................................................................14
4.3. Données issues des entretiens .............................................................................................15
4.4. Analyse des données issues des entretiens ..........................................................................25
4.4.1. Similitudes dans la pratique..........................................................................................25
4.4.2. Divergences entre la pratique et les recommandations ...............................................27
5. Discussion.....................................................................................................................................28
5.1. Critique de la méthodologie d'enquête ................................................................................28
5.2. Axe de réflexion: lien entre dyskinésie scapulaire et syndrome conflictuel .........................28
6. Conclusion ....................................................................................................................................30
Références bibliographiques et autres sources................................................................................
Annexes 1 à 4....................................................................................................................................
1. Introduction
Les pathologies d’épaule, et en particulier les syndromes conflictuels sont courants, et le
masseur-kinésithérapeute joue un rôle important dans leur prise en charge. Selon une étude
réalisée par le CNAMTS1 en 2001, la rééducation de l'épaule représentait 9% de l'activité des
MK2 libéraux, soit environ 20 millions d'actes par an (3). Pour que le traitement mis en place
soit efficace, il doit se baser sur un bilan adapté et pertinent.
Or, ces dernières années, de nombreuses parutions soulignent un lien, encore mal compris,
entre syndrome conflictuel et dyskinésie scapulaire, et de nombreux tests visant à évaluer
ces dyskinésies ont vu le jour. Une conférence de consensus internationale (2) aux Etats-Unis
souligne l'intérêt de cette évaluation.
En 2001, les recommandations de bonne pratique de la HAS3 dans le cadre de la prise en
charge d’une épaule douloureuse non opérée soulignent «[qu'] il est utile d'étudier les
mouvements de la scapula lors des mouvements actifs de l'épaule. Si les mouvements sont
limités, il convient d'en tenir compte pour la conduite thérapeutique (accord
professionnel).» (1)
En France, les recommandations à ce sujet sont donc généralistes et ne sont représentées
que par un accord professionnel. Le praticien est libre de choisir sa méthode d’évaluation.
Il doit alors, pour assurer la pertinence de son bilan, choisir parmi les nombreux tests décrits
dans la littérature ceux qui seront les plus fiables et les plus adaptés.
Lors d'un stage réalisé en cabinet libéral, j'ai pu constater que les consultations pour des
douleurs d'épaule, souvent attribuées à un conflit sous-acromial, constituent une part
importante de l'activité du masseur-kinésithérapeute.
Le "rythme scapulo-huméral", souvent abordé dans la rééducation des pathologies gléno-
humérales, est pourtant souvent évalué de façon peu rigoureuse en se basant uniquement
sur une observation comparative et subjective. Une recherche bibliographique sur ce sujet
m'a permis de constater que de nombreux tests existent. Ceux-ci sont peu validés et qu'il
n'existe pas de recommandations précises sur ce sujet.
Suite à la réalisation d'une synthèse de la littérature, et devant le peu de recommandations

1
Caisse Nationale de l'Assurance Maladie des Travailleurs Salariés
2
Masseur-kinésithérapeute
3
Haute Autorité de Santé

1
disponibles, j'ai décidé de réaliser une enquête auprès de masseur-kinésithérapeutes
libéraux pour comprendre pourquoi et comment ils évaluent la présence potentielle d'une
dyskinésie scapulaire chez des patients consultant pour un syndrome conflictuel de l'épaule.
Ces réflexions m'ont amenée à formuler la problématique suivante, élément directeur de
mon travail écrit:
Quelles méthodes d'évaluation des dyskinésies scapulaires sont employées par des
masseur-kinésithérapeutes libéraux chez des patients consultant pour un syndrome
conflictuel de l'épaule et comment justifient-ils le choix de ces tests?

2. Cadre théorique

2.1. Définitions

2.1.1. Syndrome conflictuel de l'épaule


Le syndrome conflictuel de l’épaule ou conflit sous acromial a été décrit pour la première
fois par Neer en 1972 (4). Il s’agit d’un conflit mécanique entre les éléments sous acromiaux
(tendons de la coiffe des rotateurs et bourse sous-acromiale) et la partie antéro-inférieure
de l’acromion. Ce conflit se manifeste particulièrement lorsque l'articulation gléno-humérale
est en rotation interne.
Trois types de conflits sous acromiaux sont décrits :
- Le conflit antéro-interne
- Le conflit antéro-supérieur
- Le conflit postéro-supérieur

2.1.2. Dyskinésie scapulaire


La dyskinésie scapulaire est une altération de la position ou du mouvement physiologique de
la scapula lors d’un mouvement couplé des articulations scapulo-humérale et scapulo-
thoracique. Elle résulte de l’inhibition ou de la désorganisation motrice des muscles
stabilisateurs de la scapula. (5)

2.2. Rappel sur la biomécanique du complexe de l'épaule

2.2.1. Les articulations du complexe de l'épaule


Trois « vraies » articulations
 L’articulation sterno-claviculaire entre le manubrium sternal et l’extrémité médiale
de la clavicule, articulation en selle à deux degrés de liberté.

2
 L’articulation acromio-claviculaire entre l’extrémité latérale de la clavicule et
l’acromion, articulation plane à un cinq degrés de liberté.
 L’articulation gléno-humérale entre la tête de l’humérus et la glène de la scapula,
articulation sphéroïde à trois degrés de liberté.
Deux plans de glissement
 La bourse sous deltoïdienne située entre la voûte acromiale et les tendons des
muscles de la coiffe des rotateurs. Elle facilite le passage de la tête humérale dans la
voûte sous acromiale lors de l’élévation du bras.
 L’articulation scapulo-serrato-thoracique, formée de deux plans de glissement : le
grill costal et la face interne de la scapula, séparés par un muscle, le serratus anterior.
C’est une articulation syssarcose, très mobile du fait qu’elle ne soit stabilisée que par
des éléments musculaires.

2.2.2. Axes de mobilité de l'articulation scapulo-thoracique

(fig. 1): Les axes de mobilité de la scapula (6)

On peut définir 5 mouvements de la scapula par rapport au thorax (7):


 Anterior/posterior tilt (Bascule antérieure/postérieure): rotation autour d’un
axe suivant l’épine de la scapula
 Internal (« winging »)/external rotation (Rotation médiale/latérale ou
sagittalisation/frontalisation): Rotation autour d’un axe perpendiculaire à
l’épine de la scapula, dans le plan de la scapula.
 Upward/downward rotation (Sonnette externe/interne): rotation autour d’un
axe perpendiculaire au plan de la scapula

3
 Superior/inferior shift (translation supérieure/inférieure ou
élévation/abaissement) : translation selon un axe vertical dans le plan de la
scapula
 Medial/lateral shift (translation médiale/latérale) : translation selon un axe
horizontal dans le plan de la scapula
Les mouvements de translation de la scapula sont la conséquence des mouvements de la
clavicule lors de l'élévation du bras. (8)

2.2.3. Cinématique de la scapula lors de l'élévation du bras


(tableau I-): Physiologie de l'abduction selon A. Kapandji (9)
Articulation concernée et Muscles moteurs Limitation du mouvement
mouvement
De 0° à 60° Gléno-humérale Deltoïdeus Butée du trochiter contre le bord
(abduction et rotation supra-spinatus supérieur de la glène
externe)
De 60° à Scapulo-thoracique Trapezius Résistance des muscles adducteurs
120° (sonnette latérale) Serratus anterior dorsalis major et pectoralis major
Sterno-costo-claviculaire
(rotation postérieure)
Acromio-claviculaire
(rotation postérieure)
De 120° à Rachis Muscles spinaux
180° (inclinaison
controlatérale et/ou
hyperlordose lombaire)

(tableau II-): Physiologie de la flexion selon A. Kapandji (9)


Articulation concernée et Muscles moteurs Limitation du mouvement
mouvement
De 0° à 50- Gléno-humérale (flexion) Faisceau antérieur Tension du ligament coraco-
60° du deltoïdeus huméral
Coraco-brachialis Résistance des muscles terres
Faisceau supérieur minor, terres major et
du pectoralis major infraspinatus
De 60° à Scapulo-thoracique Trapezius Résistance du muscle latissimus
120° (sonnette latérale) Serratus anterior dorsi et du faisceau inférieur du
Sterno-costo-claviculaire pectoralis major
(rotation postérieure)
Acromio-claviculaire
(rotation postérieure)
De 120° à Rachis Muscles spinaux
180° (inclinaison controlatérale
et/ou hyperlordose
lombaire)

4
En réalité, ces trois temps ne sont pas distincts et leur proportion est variable selon les
individus.
Lors de l’élévation du bras, chez des sujets exempts de pathologies d’épaule on observe
respectivement au niveau de la scapula une sonnette externe, une bascule postérieure et
une rotation interne ou externe, variable selon les individus, qui augmentent conjointement
à l’augmentation de l’angle d’élévation du bras (7) (8) (10) (11) (12).
Dans une étude (7) portant sur 35 sujets sains, lors de l’élévation latérale du bras, l’auteur
observe une sonnette externe pour 100% des sujets, une bascule postérieure pour 100% des
sujets et une rotation latérale pour 84% des sujets. L’électromyographie des muscles de la
ceinture scapulaire a montré que l’activité des muscles levator scapulae, trapezius superior
et inferior, et serratus anterior augmentait à mesure que l’angle d’élévation du bras
augmentait.

2.3. Evaluation des dyskinésies scapulaires: les tests relevés dans la littérature
Seuls les tests cités dans la conférence de consensus sur la scapula (2) sont décrits ci-
dessous. D'autres tests sont décrits dans la littérature (cf. annexe 1).

2.3.1. Rappels sur les niveaux de preuve (13)


Fiabilité d’un test clinique
La fiabilité d’un test clinique, c’est-à-dire le degré de confiance avec lequel ce test mesure un
paramètre peut être interprété grâce à deux indicateurs : le coefficient de kappa ou le
coefficient de corrélation intraclasse (CCI).
On peut distinguer deux CCI différents :
 La fiabilité intra-examinateur représente la probabilité qu’un même examinateur
obtienne des résultats identiques s’il réalise plusieurs fois de suite le même test.
 La fiabilité inter-examinateur représente la probabilité que deux ou plusieurs
examinateurs différents obtiennent des résultats identiques en utilisant le même test
sur un même patient
Le coefficient de kappa représente la mesure de la proportion d’accord ou de rejet des
résultats une fois le facteur hasard enlevé.

5
(tableau III-): Interprétation de la fiabilité d'un test clinique
CCI ou k Interprétation
0,81–1,0 Fiabilité forte
0,61-0,80 Fiabilité modérée
0,41-0,60 Fiabilité passable
0,11-0,40 Fiabilité faible
0,0-0,10 Fiabilité nulle
Le niveau de fiabilité acceptable doit être envisagé en fonction de la marge d’erreur
autorisée, donc en fonction du facteur mesuré.

Sensibilité et spécificité d’un test clinique


La sensibilité d’un test représente sa capacité à détecter les patients porteurs de la
pathologie dans un groupe de patients porteurs et non porteurs. Donc un résultat négatif
obtenu grâce à un test possédant une bonne sensibilité est un bon moyen d’exclure la
pathologie. Une sensibilité élevée écarte les faux négatifs.

La spécificité d’un test représente sa capacité à ne pas détecter les patients non porteurs de
la pathologie. Donc un résultat positif avec un test ayant une spécificité élevée est un bon
moyen d’inclure la pathologie. Une spécificité élevée écarte les faux positifs.

En pratique il est donc préférable d'utiliser conjointement des tests avec une bonne
sensibilité et des tests avec une bonne spécificité pour rendre le diagnostic fiable.

2.3.2. Les tests statiques


Distance table-acromion
Ce test propose de mesurer la distance entre le bord postérieur de l’acromion et la table
d’examen à l’aide d’une équerre en plastique. Son objectif est d’évaluer la longueur du
muscle petit pectoral. Il a été montré dans une étude de Borstad et al. (14) portant sur 50
sujets sains que les sujets avec un pectoralis minor court présentaient globalement moins de
bascule postérieure et plus de rotation interne de la scapula lors de l’élévation du bras que
les sujets avec un pectoralis minor long. Il est à noter que ces mêmes observations ont été
faites chez des sujets présentant un conflit sous-acromial par rapport à des sujets sains. (15)

6
Le test est considéré comme positif si la distance mesurée est supérieure à 2,6 cm et signe
une perte de longueur du muscle petit pectoral.

(Tableau IV-): Fiabilité et intérêt clinique de la mesure de la distance table-acromion


Fiabilité intra-examinateur Fiabilité inter- Sensibilité Spécificité
examinateur
CCI = 0,90 à 0,93 (Pour une mesure unique) (16) CCI = 0,88 à 0,91 (17) 100% (13) 0% (13)
CCI = 0,92 à 0,97 (Pour une moyenne de 3
mesures) (16)

(fig. 2), (fig. 3) : Mesure de la distance table-acromion

Lateral Scapular Slide Test (LSST)


Ce test décrit par Kibler (18) propose de mesurer la distance entre l’angle inférieur de la
scapula et le processus épineux vertébral correspondant. La mesure se fait consécutivement
dans trois positions : bras le long du corps, avec une abduction de 45° associée à une
rotation médiale (ce qui correspond à une position mains sur les hanches, pouces regardant
vers l’arrière), et avec une abduction frontale de 90° associée à une rotation médiale
complète de l’humérus. La mesure doit se faire bilatéralement et le test est considéré
comme positif si la distance mesurée est plus importante de 1,5 cm ou plus par rapport au
côté controlatéral.

(tableau V-): Fiabilité et intérêt clinique du Lateral Scapular Slide Test


Fiabilité intra- Fiabilité inter- Sensibilité Spécificité
examinateur examinateur
CCI = 0,84 à 0,88 (18) CCI = 0,77 à 0,85 (18) 28% à 50% (19) 52% à 58% (19)
CCI = 0,52 à 0,80 (19) CCI = 0,43 à 0,79 (19) (En fonction des trois (En fonction des trois
(En fonction des trois CCI = 0,70 à 0,86 (17) positions d'évaluation) positions d'évaluation)
positions d'évaluation) (En fonction des trois
positions d'évaluation)

7
(fig. 4), (fig. 5), (fig. 6): Réalisation du Lateral Scapular Slide Test (dans les 3 positions successives)

2.3.3. Les tests dynamiques


Scapular Dyskinesis Test (SDT)
Ce test proposé par McClure (20) (21) est basé sur une appréciation visuelle de la position de
la scapula lors de l’élévation du bras. Il est demandé au patient de répéter cinq élévations
des deux bras dans le plan de la scapula, puis cinq abductions dans le plan frontal avec un
poids de 1 à 2 kg. Le thérapeute recherche particulièrement une dysrythmie, c’est-à-dire un
mouvement non harmonieux ou non synchrone avec le côté considéré sain et/ou un
mouvement de « winging » de la scapula, c’est-à-dire un décollement du bord médial ou de
l’angle inférieur de la scapula par rapport au thorax.

Le mouvement observé est classé selon 3 types :


- Type I : Normal
- Type II : Dyskinésie subtile (anomalie non évidente, inconstamment présente)
- Type III : Dyskinésie évidente (anomalie clairement apparente, présente dans au
moins 3 des 5 essais)

Ce test a pour but de déterminer la présence ou l'absence de dyskinésie ainsi que son
importance mais ne permet pas d’évaluer le type d’anomalie présente.
La fiabilité inter-examinateur de ce test est passable pour une observation directe (k=0,57)
et pour une observation par vidéo (k=0,54) (20).

8
(fig. 7): réalisation du Scapular Dyskinesis Test

Yes/No Test
Ce test proposé par Uhl (22) permet de déterminer uniquement la présence ou l’absence de
dyskinésie chez un sujet. Les modalités de réalisation du test et les anomalies observées
sont les mêmes que pour le SDT, mais la classification se fait en 2 types :
- Type « Yes » : présence de dyskinésie
- Type « No » : absence de dyskinésie

(tableau VI-): Fiabilité et intérêt clinique du Yes/No Test


Fiabilité intra- Fiabilité inter- Sensibilité Spécificité
examinateur examinateur
Non évaluée CCI = 0,79 (22) 74% à 76% (Respectivement 31% à 38% (Respectivement
pour l'abduction dans le plan pour l'abduction dans le plan
de la scapula et la flexion) (22) de la scapula et la flexion) (22)

(fig. 8): Réalisation du Yes/No Test

2.3.4. Les tests de repositionnement


Ces tests visent à établir une corrélation entre la dyskinésie scapulaire et les symptômes
retrouvés.

9
Scapular Assistance Test modifié (SATm)
Ce test a été décrit par Rabin et al. (23) est une adaptation du SAT (18) (25) de Kibler (cf.
annexe 1). Le thérapeute repositionne la scapula en bascule postérieure et en sonnette
externe lors de l'élévation active du bras dans le plan de la scapula. Le test est positif si le
patient constate une diminution de sa douleur par rapport au même mouvement effectué
sans assistance.

(tableau VII-): Fiabilité du Scapular Assistance Test modifié


Fiabilité intra-examinateur Fiabilité inter-examinateur
Non évaluée CCI = 0,77 (Abduction dans le plan de la scapula) (23)
CCI = 91% (Flexion) (23)

(fig. 9): Réalisation du Scapular Assistance Test modifié

Scapula Reposition Test (SRT)


Ce test proposé par Tate et al. (26) est une version modifiée du Scapular Retraction Test
(SRtT) de Kibler (cf. annexe 1). Le thérapeute repositionne la scapula en la frontalisant
comme dans le SRtT, mais aussi en sonnette externe et en bascule postérieure lors de
l’élévation active dans le plan de la scapula. Le test est positif si le patient constate une
diminution de ses symptômes, c’est-à-dire une diminution de la douleur et/ou une
augmentation de la force.

10
(tableau VIII-): Fiabilité du Scapaular Reposition Test
Fiabilité intra-examinateur Fiabilité inter-examinateur
CCI = 0,96 (26) Non évaluée

(fig. 10): Réalisation du Scapular Reposition Test

3. Matériel et méthode

3.1. Population

3.1.1. Population ciblée


Les patients présentant un syndrome conflictuel de l'épaule étant le plus généralement
adressés à des masseurs-kinésithérapeutes libéraux, cette population de MK a été ciblée
dans cette étude. Dans un souci de proximité géographique pour la réalisation des
entretiens, seuls les MK libéraux exerçant en région Loire-Atlantique ont été sollicités . Les
sujets ont été contactés via un organisme de formation continue, ce qui représente un
échantillon de 598 personnes faisant partie du répertoire de cet organisme.

3.1.2. Questionnaire de pré-enquête


Le questionnaire de pré-enquête (cf annexe 2) a été adressé par courriel aux 598 masseurs-
kinésithérapeutes sollicités. Les MK contactés ont été invités à répondre à ce questionnaire
via Google Drive®.

3.1.3. Sélection des sujets d'étude


Étant donné le faible taux de réponses au questionnaire, la sélection des sujets d'étude a été
faite uniquement en fonction d'une réponse favorable pour un entretien.

3.2. Méthodologie d'enquête

3.2.1. Réalisation des entretiens


La réalisation des entretiens s'est déroulée sur une période du 25/02/2015 au 18/03/2015.
11
Ces entretiens ont été réalisés selon un mode semi-directif. Dans ce mode d'entretien, la
personne interrogée argumente librement à partir d'une question de départ, et l'enquêteur
le relance sur certains points qu'il juge important d'approfondir. Ce mode d'entretien
permet une meilleure compréhension des arguments du sujet interrogé.
Un guide d'entretien (cf annexe 3) a été réalisé pour permettre d'identifier les thèmes à
aborder lors de l'entretien et les potentielles questions de relance sur ces thèmes.

3.2.2. Analyse des résultats


L'analyse des résultats au questionnaire de pré-enquête a été réalisée grâce à un fichier
Microsoft Excel®. Une analyse statistique des données a été réalisée concernant le taux de
réponse au questionnaire, l'expérience et l'expertise des répondants (cf fig. 14 et fig. 15).
Une analyse qualitative des données a été réalisée concernant les tests d'évaluation des
dyskinésies scapulaires pratiqués (cf fig. 12 et fig. 13).
Les entretiens ont été enregistrés grâce au logiciel Sonal® qui permet de cloisonner des
séquences audios afin d'en faire ressortir des thèmes d'analyse. Les fichiers audios ont été
en partie retranscris, puis réécoutés afin d'en retenir les données se rapportant aux thèmes
identifiés (cf annexe 4).
L'analyse des données issues des entretiens a ensuite été réalisée par l'identification des
thèmes pré établis dans le guide d'entretien et par comparaison entre les différents
entretiens.
8 entretiens ont été enregistrés, 1 MK a refusé l'enregistrement de l'entretien, les données
ont donc été retranscrites à la main.

4. Résultats

4.1. Réponses au questionnaire de pré-enquête


Sur 598 MK contactés, 30 réponses ont été obtenues dont une réponse en double, donc un
total de 29 MK répondant. Le taux de réponse au questionnaire a donc été de 4,8%.
Parmi les 29 MK répondant, 8 incluent toujours l'évaluation de la dyskinésie scapulaire dans
le bilan d'un patient consultant pour un syndrome conflictuel de l'épaule, 12 l'incluent si
celle-ci est évidente et 7 ne l'incluent jamais.

12
Oui, toujours
7 8 Oui, si celle-ci est évidente

12 Non, jamais

L'évaluation de la dyskinésie scapulaire fait-elle partie de votre bilan pour ce


type de patients?

(fig. 11): Analyse des réponses à la question 3 du questionnaire de pré-enquête

A la question 4 du questionnaire ("Quels tests (statiques et dynamiques) utilisez-vous pour


mettre en évidence une dyskinésie scapulaire?"), 17 MK ont répondu et 12 n'ont pas
répondu. Une analyse qualitative des réponses recueillies a permis de faire ressortir certains
tests pratiqués.
Ainsi les termes "observation", "évaluation visuelle", "analyse visuelle", "visuel" ont été cités
par 8 MK dont 2 décrivent une observation de la statique et 7 une observation de la
dynamique de la scapula.
Les termes "mobilisation passive", "mobilisation manuelle" ont été cités par 3 MK.
Le terme "palpation" a été cité par 6 MK.
Les termes "tensions musculaires", "zones de tensions", "palpation des éléments
musculaires" ont été cités par 3 MK, faisant référence à une notion d'évaluation de l'état de
tension des muscles périscapulaires.
Les termes "ligamentaires", "fascias", "plans de glissement", "fibrose", "élasticité des tissus"
ont été cités par 4 MK, faisant référence à une évaluation des structures passives
(articulaires et conjonctives) du complexe de l'épaule.

9
8
7
6
5
4
3
2
1
0

13
(fig. 12): Analyse des réponses à la question 4 du questionnaire de pré-enquête

Enfin, parmi les tests spécifiques à l'évaluation de la dyskinésie scapulaire, la palpation des
repères osseux de la scapula, la distance table-acromion, le Scapular Asistance Test (SAT), le
Scapular Reposition Test (SRT) et le Scapular Retraction Test (SRtT) ont été cités par 1 MK
chacun, le Scapular Dyskinesis Test (SDT) a été cité par 5 MK et le "Yes/No" test a été cité par
2 MK.
6
5
4
3
2
1
0
Distance Palpation SDT Yes/No test SAT SRT SRtT Autres
table des repères
acromion osseux de
la scapula

(fig. 13): Analyse des réponses à la question 4 du questionnaire de pré-enquête (tests spécifiques)

Les réponses à la question 5 ("Réalisez-vous ces tests?") n'ont pas pu être exploitées en
raison d'une erreur dans la réalisation du questionnaire: la réponse à cette question,
initialement proposée en choix multiple ne s'affichait qu'en choix simple.
12 MK ont répondu favorablement pour un entretien dans le questionnaire de pré-enquête,
puis seulement 9 après entretien téléphonique.

4.2. Profil des MK répondants


Une analyse des réponses aux questions 1, 2 et 3 du questionnaire de pré-enquête (cf fig. 11,
fig. 14 et fig. 15) a permis d'établir un profil des MK sollicités pour un entretien.

De 1 à 5 ans
4
15 De 5 à 10 ans
10
Plus de 10 ans

Depuis combien d'années exercez-vous en tant que masseur-


kinésithérapeute?

(fig. 14): Analyse des réponses à la question 1 du questionnaire de pré-enquête

14
1 Aucun
7 De 1 à 2
9
De 3 à 5
12 Plus de 5

Pouvez vous estimer le nombre de patient présentant un


syndrome conflictuel de l'épaule pris en charge par mois?

(fig. 15): Analyse des réponses à la question 2 du questionnaire de pré-enquête

Pour respecter l'anonymat de ces derniers, la dénomination MK, suivie d'un chiffre
déterminé en fonction de l'ordre de réalisation des entretiens a été choisie pour les
identifier.

(tableau IX-): Identification et profil des MK sollicités pour un entretien


Identification Pratique professionnelle Patients/mois Evaluation des dyskinésies?
MK1 Plus de 10 ans De 1 à 2 Oui, si celle-ci est évidente
MK2 De 5 à 10 ans De 3 à 5 Oui, si celle-ci est évidente
MK3 De 5 à 10 ans De 3 à 5 Oui, si celle-ci est évidente
MK4 Plus de 10 ans De 1 à 2 Oui, si celle-ci est évidente
MK5 Plus de 10 ans Plus de 5 Oui, toujours
MK6 Plus de 10 ans De 3 à 5 Oui, toujours
MK7 De 1 à 5 ans Plus de 5 Oui, si celle-ci est évidente
MK8 Plus de 10 ans Plus de 5 Oui, si celle-ci est évidente
MK9 De 5 à 10 ans De 3 à 5 Oui, si celle-ci est évidente

L'expérience et l'expertise des MK dans le domaine intéressant ce travail dépend des trois
facteurs présentés dans le tableau ci-dessus et permet de supposer une plus grande
pertinence des pratiques relatées lors des entretiens.

4.3. Données issues des entretiens


Les données issues des entretiens ont été regroupées en 4 thèmes principaux:
- Tests réalisés
- Choix des tests réalisés
- Intérêts pour la prise en charge du patient
- Liens entre dyskinésie scapulaire et conflit sous-acromial

15
Test réalisés
MK1 réalise des tests globaux, dans différents mouvements, par rapport aux mouvements
de la vie courante (flexion, abduction dans le plan de la scapula et adduction).
Le mouvement de l'omoplate étant très différent d'une personne à une autre, il n'y a pas de
mouvement spécialement pathologique. MK1 prêtera plutôt attention au fait que
l'amplitude d'élévation du bras soit limité ou non.

MK2 commence son évaluation par des tests dynamiques. Il demande successivement une
élévation des bras dans le plan frontal, sagittal, puis dans le plan anatomique. Il observe à
partir de quel degré la scapula initie son mouvement:
- Entre 0° et 30° d'élévation: il existe une dyskinésie en lien avec un déficit dans la
gléno-humérale
- Entre 30° et 45° d'élévation: il existe une dyskinésie modérée
- Au delà de 45° d'élévation: le mouvement est normal
Il poursuit son évaluation par un bilan morphostatique, à la recherche:
- D'une cyphose thoracique
- D'une antéversion de l'épaule qui signerait une rétraction du petit pectoral. Pour cela
le patient est installé en décubitus dorsal et une appréciation visuelle de la distance
table-acromion est réalisée.

MK3 réalise une observation de la dynamique de la scapula lors d'une élévation bilatérale
des deux membres supérieurs, en flexion et en abduction. Le test est réalisé en position
debout ou assise. La consigne donnée au patient est de lever les bras devant soi ou sur les
côtés. Le mouvement est réalisé en bilatéral pour limiter les compensations au niveau du
thorax. Il recherche une asymétrie au niveau des deux scapulae, et notamment au niveau de
la bascule, des limitations d'amplitude ou des phénomènes de compensation.
Il réalise ensuite une palpation des muscles de la coiffe des rotateurs, de l'élévateur de la
scapula et de la région cervico-thoracique à la recherche de contractures et de points
douloureux.

MK4 réalise tout d'abord un bilan morphostatique. Sur un sujet debout, relâché, il observe:

16
- Vue de dos, la position de la scapula: une scapula haute peut signer une hypertonie
au niveau du trapèze supérieur et de l'élévateur de la scapula, une saillie de l'angle
inférieur peut signer un déficit du trapèze inférieur et du grand dentelé.
- Vue de dessus, l'enroulement sagittal de la ceinture scapulaire: un décollement de la
pointe de l'omoplate associé à une bascule antérieure peut signer une rétraction du
petit pectoral.
- La position de la colonne cervicale et dorsale, à la recherche d'une hyperlordose
cervicale, d'une hypercyphose ou d'une rectitude dorsale qui perturberaient la
mobilité de l'épaule.
Il installe ensuite son patient en décubitus dorsal pour évaluer l'incidence de la pesanteur
sur sa statique. Il observe particulièrement l'attitude du rachis cervical et l'enroulement de la
ceinture scapulaire par une appréciation visuelle de la distance table-acromion.
Il poursuit par un bilan morphodynamique. Il demande au patient debout de réaliser une
flexion antérieure lente du tronc en commençant par baisser la tête, à la recherche une
gibbosité dorsale haute.
Il termine par un bilan dynamique, le patient debout réalise une élévation unilatérale, puis
bilatérale des membres supérieurs, coudes tendus. MK4 recherche le degré d'élévation à
partir duquel la scapula initie son mouvement (selon lui, anormal en dessous de 70°-80°)
ainsi que la qualité de ce mouvement, notamment une ascension exagérée de la scapula.
Il réalise le "4 types" Test de Kibler de manière informelle en classifiant la dyskinésie selon
son type.

MK5 réalise tout d'abord un bilan morphostatique en position debout. Il observe de dos la
position de la scapula (haute/basse, en sonnette externe/interne) et les interactions
musculaires au niveau du bassin. Il réalise une comparaison entre les deux côtés mais
souligne le fait qu'il peut parfois y avoir un défaut morphostatique bilatéral. Il adjoint une
palpation des éléments potentiellement responsables de l'attitude observée.
Il observe ensuite de profil l'attitude en bascule antérieure ou postérieure de la scapula,
puis, de dessus, une antéprojection de la scapula.
Il réalise ensuite un test sur un mode dynamique. Il demande au patient de réaliser une
flexion et une abduction. La consigne donnée est "levez les bras" pour une flexion et

17
"écartez les bras" pour une abduction. Il recherche une asymétrie avec le côté opposé, ou un
mouvement anormal qui peut être:
- Une sonnette médiale.
- Une sonnette latérale précoce qui indiquerait une insuffisance de la coiffe générée
après un conflit.
- Une scapula fixe.
- Une départ tardif de la scapula.
- Une bascule antérieure qui indiquerait une surprogrammation du petit pectoral.
- Une scapula qui part en "aile d'ange" indiquerait un déficit de force au niveau des
fixateurs de la scapula et du serratus.
Il réalise ensuite une palpation et des tests d'hypoextensibilités musculaires en décubitus
dorsal, principalement sur les muscles trapèzes supérieur et inférieur, élévateur de la
scapula, petit pectoral, subclavier et sur les fixateurs de la scapula.
Les tests sont la plupart du temps réalisés dans l'ordre décrit, mais si un élément flagrant est
repéré, MK5 le cible plus précisément avec des tests adaptés.

MK6 réalise d'abord un bilan morphostatique en position debout à la recherche d'une


scapula ascensionnée, en bascule antérieure ou d'un décollement de l'angle inférieur. Il
cherche à tester la réduction de ces attitudes par une mobilisation passive.
Il poursuit par une palpation des éléments musculaires et ligamentaires en lien avec la
scapula. Cette palpation est réalisée en décubitus dorsal car cette position favorise la
détente musculaire, notamment au niveau du rachis cervical.
Il réalise ensuite des tests dynamiques en demandant une élévation dans le plan de la
scapula, en rotation externe de la gléno-humérale, puis en rotation interne. Il observe le
mouvement de la scapula en se plaçant dos au patient, à la recherche :
- D'une sidération de la scapula qui indiquerait une contracture du grand dentelé.
- D'un défaut de plaquage de la scapula sur le grill thoracique qui signerait une
faiblesse du grand dentelé .
- D'une bascule antérieure avec une scapula qui se décolle en "aileron de requin".
Ce test ne doit pas entrainer de douleurs dans les premiers degrés d'élévation. Il demande
ensuite des mouvements spécifiques de la scapula: élévation, abaissement et rétropulsion
pour tester les possibilités de repositionnement actif.

18
Il demande au patient de répéter ces mouvements 5 fois de suite et recherche une baisse
d'activité ou au contraire une surutilisation de l'une des deux épaules.
Il recherche ensuite en décubitus dorsal, une bascule antérieure exagérée de la scapula, avec
un acromion plus haut. Ce test peut être assimilé à la distance table-acromion, de manière
informelle. S'il trouve une épaule antépulsée, il demande un repositionnement actif du
moignon de l'épaule en rétropulsion pour tester l'extensibilité des muscles pectoraux.
Il teste également le contrôle des fixateurs de la scapula en demandant au patient debout,
mains dans les poches ou dans le dos, de venir resserrer ses deux omoplates. Il recherche
également lors de ce test une douleur antérieure qui serait due à une mise en tension des
pectoraux ou une limitation d'amplitude en rotation interne de la gléno-humérale qui serait
en faveur de l'existence d'un conflit.
Il réalise également des tests d'hypoextensibilité musculaire sur les muscles scapulaires.
Il reconnait que ses tests sont très qualitatifs et très peu quantitatifs.

MK7, après avoir testé l'articulation gléno-humérale, réalise un test dynamique. Le patient
est assis, il réalise une abduction dans le plan de la scapula. MK7 positionne deux doigts sur
l'épine de la scapula et le pouce sur l'angle inférieur. Une observation comparative entre les
deux côtés permet d'objectiver:
- Un départ précoce de la scapula qui indiquerait un déficit dans la gléno-humérale et
au niveau de la coiffe des rotateurs
- Un décollement du bord médial de la scapula en "aile d'ange" qui orienterait vers un
déficit du grand dentelé ou du subscapulaire
- Une bascule antérieure de la scapula qui orienterait vers une rétraction du petit
pectoral

MK8 commence son évaluation par un bilan morphostatique en position debout. Il est
demandé à la personne de ne pas se tenir au garde à vous, mais de façon naturelle.
L'observation se fait dans les trois plans de l'espace, "de la tête aux pieds".
Au niveau de l'épaule, MK8 observe particulièrement:
- Un enroulement de l'épaule
- Une épaule avancée ou reculée, à mettre en lien avec des chaînes de tensions
musculaires

19
- Une élévation du moignon de l'épaule
- Un décollement de la scapula
Ensuite, si des anomalies morphostatiques sont retrouvées, MK8 réalise des tests
dynamiques. Il demande une élévation lente dans le plan de la scapula car c'est le
mouvement physiologique et fonctionnel, et recherche un départ précoce ou tardif de l'une
des deux scapulae.
Si des anomalies sont observées, MK8 réalise un test de repositionnement de la scapula. Il
plaque l'angle inférieur de la scapula contre le grill costal et demande de nouveau une
élévation dans le plan de la scapula. Il note si le rythme scapulo-huméral redevient
physiologique grâce à cette correction et si le patient constate une diminution de sa douleur.
Selon lui, ce test évalue l'influence d'une tension du petit pectoral sur les symptômes du
patient.
Il réalise ensuite des tests d'élévation contre résistance manuelle. Il demande au patient une
élévation dans le plan de la scapula et place une résistance à environ 70° d'élévation (secteur
articulaire peu conflictuel selon lui). Une première élévation est demandée contre résistance
modérée, puis une seconde contre une résistance plus forte, à moduler en fonction du
patient et de ses activités.
S'il observe un décollement de l'angle inférieur de la scapula, il répète ce test contre
résistance avec la correction manuelle décrite dans le test de repositionnement. Les critères
de positivité sont les mêmes: réduction de la douleur, augmentation de la force et
rétablissement d'un rythme scapulo-huméral physiologique.
Les tests sont la plupart du temps réalisés dans l'ordre décrit ci-dessus, il note l'importance
d'avoir une routine dans son évaluation. Cependant si un élément flagrant est observé, il
sera amené à investiguer plus précisément ce déficit.

MK9 réalise d'abord un bilan morphostatique. Il observe de dos le placement de la scapula


et notamment un décollement du bord médial qui indiquerait un déficit du serratus
antérieur et des rhomboïdes.
Il poursuit par un bilan morphodynamique en demandant au patient de réaliser une flexion
puis une abduction. La consigne donnée est "levez les bras". Il observe le mouvement de la
scapula en prêtant attention au degré d'élévation à partir duquel la scapula initie son

20
mouvement de sonnette externe. C'est une évaluation subjective et comparative avec le
côté controlatéral qui n'est pas quantifiée par une mesure.
Il demande ensuite une élévation du bras en ajoutant une correction manuelle visant à
plaquer la scapula sur le grill thoracique dans les premiers degrés d'élévation, dans le but
d'évaluer la force des muscles scapulaires.
Les test dynamiques ne sont pas systématiquement réalisés à la première séance, si le
patient est douloureux lors de l'élévation du bras, la prise en charge antalgique précédera la
réalisation de ces tests.

Choix des tests réalisés


Pour MK2, les raisons ayant motivées le choix des tests pratiqués sont avant tout leur
connaissance.

MK4 a choisi ses tests pour leur pertinence quant à son orientation thérapeutique. Il travaille
surtout sur la posture et la réharmonisation de la musculature statique.

MK5 décrit la rapidité de réalisation des tests comme étant le critère principal de son choix,
du fait du peu de temps allouable aux bilans dans la pratique libérale. Ses tests lui
permettent à la fois d'objectiver une dyskinésie et de commencer à la traiter. Il pense de
plus que les tests spécifiques aux dyskinésies scapulaires décrits dans la littérature n'ont pas
d'intérêt pour la prise en charge du patient. Il précise que les tests ne seront fiables que si
l'opérateur en a une certaine expérience.

MK6 a choisi ses tests car ils permettent d'avoir à a fois une vision diagnostique et
thérapeutique. Il évoque le manque de temps à accorder aux bilans dans la pratique libérale.

Pour MK7, les tests choisis ont avant tout une répercussion sur la prise en charge du patient,
ils vont permettre de cibler un déficit plutôt au niveau articulaire ou musculaire et donner
une priorité au traitement.

Pour MK8, les tests ont été choisis pour leur simplicité, leur reproductibilité, leur fiabilité et
leur rapidité. Il note l'importance de consignes simples pour être comprises par le patient et

21
avoir ainsi un test aisément reproductible. Les tests de repositionnement ont été choisis car
selon lui le petit pectoral est un muscle clé dans les pathologies d'épaule par son action
parasite sur l'élévation physiologique du bras dans le plan de la scapula.

Intérêts pour la prise en charge du patient


MK2 ne ressent pas le besoin de quantifier les dyskinésies observées car leur importance ne
sera pas, selon lui, un facteur d'aggravation ou de modification de la prise en charge du
patient.

MK3 précise que les tests qu'il réalise vont conditionner sa prise en charge. Ils vont
déterminer une prise en charge plutôt axée sur le versant articulaire ou musculaire, bien que
les deux interagissent. Sa prise en charge sera basée sur de l'essai-erreur.

MK5 traite systématiquement la dyskinésie et le conflit articulaire car il est difficile de savoir
quelle est la cause primaire de la dysfonction de l'épaule. Il souligne que selon les
recommandations de la HAS (1), ne pas évaluer les dysfonctions de la scapula dans le cadre
des pathologies d'épaule est une faute professionnelle.

Pour MK6, il faut redonner de la liberté de mouvement à la scapula en libérant les tensions
musculaires et réintégrer un schéma moteur physiologique. Il précise que la scapula a une
motricité automatique et que bien souvent les patients n'ont pas conscience de son
positionnement. Il y a donc tout un travail de prise de conscience de ces mobilités à
effectuer. Un mouvement physiologique de la scapula est nécessaire pour conserver
l'intégrité des structures tendineuses et musculaires de l'épaule.

Pour MK7, le but du bilan va être d'orienter plutôt vers un déficit articulaire ou musculaire.
Les liens cause/conséquence étant difficile à déterminer, la prise en charge sera donc basée
sur une méthode d'essai/erreur. Selon l'importance des déficits observés respectivement au
niveau du rythme scapulo-huméral ou de l'articulation gléno-humérale, il sera choisi de
traiter en priorité l'un ou l'autre. Puis une réévaluation des déficits permettra de savoir si
l'orientation thérapeutique choisie était pertinente.

22
Pour MK8, un test de repositionnement de l'omoplate positif indique qu'il faudra réduire les
tensions sur le muscle petit pectoral et renforcer les muscles antagonistes.

Lien entre dyskinésie et conflit sous-acromial


Pour MK1, il est impossible de déterminer les liens de cause/conséquence entre dyskinésie
scapulaire et conflit sous-acromial. Il pense que cela n'aura pas d'importance pour la prise en
charge du patient puisqu'il faudra traiter ces deux éléments.

Pour MK2, la dyskinésie serait plutôt une conséquence d'une douleur d'épaule. Il s'agirait
d'une attitude de soulagement. Les douleurs naissent à partir du moment où la gléno-
humérale est engagée dans un mouvement. La sonnette externe de la scapula peut soulager
ce secteur douloureux, permettant au patient d'utiliser son épaule dans un secteur
fonctionnel.

Pour MK3, la dyskinésie serait plutôt un mécanisme de compensation d'un déficit au niveau
de la gléno-humérale.

Pour MK4, plusieurs mécanismes sont liés. Le conflit peut être généré par une bascule
antérieure de la scapula, elle-même causée par une attitude en cyphose dorsale, mais aussi
par une sursollicitation de la gléno-humérale, notamment par des mouvements des bras
coudes écartés.

MK5 souligne le fait qu'il existe systématiquement une dyskinésie scapulaire associée à une
pathologie d'épaule. Il cite pour cela la conférence de consensus sur la scapula de 2013 (2).
La dyskinésie peut être la cause d'un conflit car celle-ci perturbe l'orientation de la scapula et
donc de la glène. Ceci entraine une dysfonction de la gléno-humérale et donc de la coiffe des
rotateurs, ce qui génère un décentrage articulaire qui peut mener à un conflit sous-acromial.
Cependant il souligne qu'il n'a aucune preuve scientifique de ce qu'il avance et que ce n'est
qu'une conviction personnelle.

Pour MK6, la dyskinésie scapulaire serait la conséquence d'une attitude antalgique en


élévation, bascule antérieure et sagittalisation de la scapula prise suite à des douleurs

23
provoquées par une souffrance tendineuse. Cette position antalgique se fixerait ensuite ce
qui entrainerait une sidération des fixateurs de la scapula et donc perturberait le
mouvement physiologique de la scapula.
Il précise tout de même qu'une dyskinésie peut aussi être à l'origine d'un conflit. Il ne peut
pas déterminer les liens de cause/conséquence mais précise qu'il retrouve
systématiquement une dyskinésie scapulaire associée à un syndrome conflictuel de l'épaule.

Pour MK7 les liens de cause/conséquence sont très difficiles à déterminer mais les deux
mécanismes sont envisageables. Un déficit de la gléno-humérale peut être compensé par
une dyskinésie de type départ précoce de la scapula en sonnette externe. Cependant des
tensions musculaires peuvent aussi entrainer une dyskinésie qui générera à son tour un
conflit d'épaule.

Pour MK8, plusieurs mécanismes sont envisageables. La dyskinésie scapulaire peut être la
conséquence d'un déséquilibre musculaire entre des muscles antérieurs trop puissants et
des muscles postérieurs trop faibles, ce qui va altérer la stabilité de la scapula. Ce
déséquilibre va amener la gléno-humérale en rotation interne et générer un conflit antéro-
interne. Cette rotation interne exagérée va être compensée par une sonnette externe de la
scapula qui va contribuer à l'irritation des structures antérieures et étirer les structures
postérieures. Ce mouvement va peu à peu devenir le schéma moteur préférentiel et
contribuer à l'évolution du conflit sous-acromial.
Mais le conflit pourrait également être généré par une sursollicitation de l'articulation gléno-
humérale en rotation interne (par exemple dans les sports de type natation ou les postures
de travail en enroulement d'épaules) et compensé par une dyskinésie. La dyskinésie peut
être la conséquence d'un trouble morphostatique (posture en enroulement des épaules,
cyphose, lordose).

Pour MK9, il y a un lien évident entre dyskinésie scapulaire et conflit sous-acromial mais il ne
peut déterminer les liens de causes à effets. Une dyskinésie scapulaire, notamment due à un
déficit des stabilisateurs de l'omoplate, pourrait entrainer un conflit et donc un "frottement"
tendineux au niveau de la coiffe des rotateurs.

24
4.4. Analyse des données issues des entretiens

4.4.1. Similitudes dans la pratique


Concernant les test réalisés, certaines similitudes sont retrouvées auprès de la plupart des
MK interrogés:
 Le bilan morphostatique (MK2, MK4, MK5, MK6, MK8) qui est réalisé soit en position
debout soit position assise permet d'objectiver:
- Un défaut de la statique de la scapula, notamment une bascule antérieure
associée à un décollement du bord inférieur de la scapula en lien avec une
rétraction du petit pectoral (MK2, MK4, MK6, MK8), un décollement du bord
médial à mettre en lien avec un déficit du dentelé antérieur (MK2, MK4, MK9)
ou une ascension de la scapula à mettre en lien avec une tension sur le
trapèze supérieur et l'élévateur de la scapula ou une attitude antalgique
(MK4, MK5, MK6, MK8).
- Un défaut postural au niveau du rachis et de la ceinture scapulaire, en
particulier une antépulsion de la tête, une cyphose thoracique ou un
enroulement des épaules (MK2, MK4, MK8).

Cet examen morphostatique peut être complété en décubitus dorsal, notamment par une
appréciation subjective de la distance table-acromion (MK4, MK6).

 Une observation visuelle des mouvements de la scapula lors de l'élévation du bras,


qui peut être réalisée dans le plan sagittal (flexion), frontal (abduction) ou dans le
plan de la scapula. Les anomalies suivantes peuvent être observées:
- Un départ précoce de la scapula en sonnette externe, à mettre en lien avec un
déficit de la coiffe des rotateurs (MK2, MK4, MK5, MK7, MK8, MK9).
- Un décollement du bord médial de la scapula en lien avec un déficit du serratus
antérieur (MK5, MK6, MK7).
- Une bascule antérieure et un décollement du bord inférieur de la scapula en lien
avec une rétraction ou une surprogrammation du petit pectoral (MK3, MK5, MK6,
MK8).
- Une ascension de la scapula à mettre en lien avec une hyperactivité du trapèze
supérieur et de l'élévateur de la scapula (MK4).

25
Ces tests sont parfois répétés avec une résistance manuelle (MK8).

Enfin, une palpation des éléments musculaires potentiellement responsables des troubles
morphostatiques et dynamiques est réalisée par la plupart des MK (MK3, MK5, MK6).

Concernant le choix de ces tests, les motivations exprimées par les MK interrogés sont leur
connaissance (MK2), leur facilité de réalisation (MK8), leur rapidité d'exécution (MK5, MK8),
et surtout leur intérêt clinique (MK4, MK5, MK6, MK7, MK8).

Les liens entre dyskinésie scapulaire et conflit sous-acromial sont difficiles à déterminer pour
tout les MK interrogés. La dyskinésie pourrait être une compensation d'un déficit articulaire
de la gléno-humérale (MK3, MK7). Elle pourrait aussi être le résultat d'une attitude
antalgique prise par le patient (MK2, MK6).
Cependant, une dyskinésie pourrait aussi être la cause primaire du syndrome conflictuel de
l'épaule. Celle-ci perturberait l'orientation de la scapula dans l'espace amenant une
dysfonction au niveau de l'articulation gléno-humérale et participant donc à la génèse d'un
conflit (MK4, MK5, MK6, MK7, MK8, MK9).

En conclusion, les MK interrogés optent pour une évaluation visuelle subjective des
dyskinésies scapulaires dans des mouvements d'élévation du bras. Le bilan morphostatique
semble également apparaitre comme un élément clé dans le diagnostic des troubles de la
statique scapulaire. Une attention particulière doit être portée à une attitude en bascule
antérieure et en élévation de la scapula et à l'observation d'un décollement du bord médial
de la scapula.
La palpation des structures musculaires permet d'affiner les liens entre les troubles statiques
et dynamiques retrouvés et les tensions ou rétractions musculaires qui en seraient
responsables.
Les tests sont choisis avant tout pour leur pertinence quant à la rééducation qui en
découlera. Plusieurs MK ont fait part du peu d'intérêt clinique de tests plus spécifiques. Les
MK font aussi part de l'importance que ces tests soient rapides, simples et facilement
reproductibles.

26
Les liens de cause à effet entre dyskinésie scapulaire et syndrome conflictuel de l'épaule sont
difficiles à établir. Une dyskinésie pourrait être à l'origine d'un conflit et inversement. Les
mécanismes menant de l'un à l'autre sont complexes et variables d'une personne à l'autre.

4.4.2. Divergences entre la pratique et les recommandations


Une conférence de consensus sur les implications cliniques de la dyskinésie scapulaire dans
les pathologies d'épaule (2) recommande de baser son évaluation sur 3 éléments:
 Une observation visuelle pour déterminer la présence ou l'absence de dyskinésie
scapulaire.
 Les effets d'une correction manuelle de la dyskinésie sur les symptômes du patient.
 L'évaluation des structures anatomiques potentiellement responsables de la
dyskinésie observée.
Bien que le nombre de MK interrogés ne soit pas suffisant pour que les résultats soient
représentatifs de la population générale, nous pouvons noter que dans la pratique, peu des
tests décrits dans la littérature sont réalisés. Les raisons exprimées par les MK interrogés
sont principalement une méconnaissance de ces tests, un manque de temps pour la
réalisation des bilans et surtout une faible utilité clinique de ces tests spécifiques. Ainsi, les
MK favorisent des tests simples et rapides, en essayant de corréler autant que possible le
bilan au traitement envisagé. Les tests sont souvent choisis en fonction de l'orientation
thérapeutique prise par le MK.
L'observation visuelle attestant la présence ou l'absence d'une dyskinésie scapulaire et
l'évaluation des structures anatomiques potentiellement responsables de la dyskinésie
observée sont réalisées par la plupart des MK interrogés. En revanche les effets de la
correction manuelle de la dyskinésie sur les symptômes du patient est rarement évaluée. De
plus, les tests pratiqués par les MK sont très subjectifs, peu fiables et peu reproductibles, du
fait de leur aspect empirique.
Finalement, les MK interrogés réalisent des tests qui leur sont propres et l'examen clinique
est mené de façon intuitive, pourtant un diagnostic fiable et reproductible est essentiel à
une prise en charge adaptée.

27
5. Discussion

5.1. Critique de la méthodologie d'enquête


La méthodologie d'entretien semi-directif choisie pour la réalisation de ce travail écrit
permet aux personnes interrogées de justifier plus aisément leur pratique. Elle permet donc
une meilleure compréhension du discours tenu par l'enquêteur. Cependant, elle laisse aussi
la place à un discours non pertinent par rapport au sujet traité.
Bien que les personnes interrogées aient sans doute fait preuve d'honnêteté dans leurs
réponses, la réalisation d'entretiens ne rend pas compte de la pratique réelle des MK
interrogés: ceci n'aurait été possible que par une observation directe.
Le fait que les MK interrogés aient eu accès dans le questionnaire de pré-enquête à un
descriptif des tests cités dans le cadre théorique de ce travail (cf. 2.3.1. et annexe 1) a pu
influencer leur discours au cours des entretiens.
Le choix des personnes interrogées n'a été fait que sur un critère de disponibilité, il aurait pu
être intéressant de déterminer d'autres critères de choix .
Des divergences existent concernant les tests réalisés entre les réponses obtenues au
questionnaire de pré-enquête et les données obtenues lors des entretiens. Cela est peut-
être dû à un manque de clarté de la question posée ou à une incompréhension de la part des
répondants.
Ce travail a été enrichissant d'un point de vue professionnel, puisqu'il m'a permis de
confronter mon point de vue avec celui d'autres praticiens et de m'inscrire dans une
démarche de partage de connaissance.

5.2. Axe de réflexion: lien entre dyskinésie scapulaire et syndrome conflictuel

Corrélation entre syndrome conflictuel de l'épaule et dyskinésie scapulaire


Il semble qu'il y ait une corrélation forte entre la présence d'un conflit sous-acromial et celle
d'une dyskinésie scapulaire. En effet des études ont montré que chez 68% à 100% des
patients présentant un conflit sous-acromial, une dyskinésie scapulaire y était associée (27).
Des modifications de la cinématique de la scapula ont été observées en corrélation avec la
présence d'un syndrome conflictuel de l'épaule (8), cependant ces observations sont
variables d'une étude à l'autre, laissant supposer qu'il n'existe pas un mais des mécanismes
pouvant lier ces deux éléments (11) (15).

28
Les liens de causalité entre dyskinésie scapulaire et conflit sous-acromial sont mal connus.
Deux mécanismes sont envisageables: soit la réduction de l'espace sous-acromial menant au
conflit est la conséquence de la dyskinésie, soit cette dyskinésie est une compensation des
douleurs provoquées lors de l'élévation du bras et du déficit d'amplitude dans l'articulation
gléno-humérale dus à la présence d'un conflit.
Une étude (28) a néanmoins montré que la réduction de l'espace sous-acromial lors de
l'abduction du bras était plus importante chez les sujets présentant une dyskinésie que chez
ceux n'en présentant pas.
Les impacts de la position de la scapula lors de l'élévation du bras sur la réduction de
l'espace sous-acromial ont été peu étudiés. Il serait logique de penser qu'une diminution de
la sonnette externe et de la bascule postérieure de la scapula lors des mouvements
d'élévation du bras puisse réduire l'espace sous-acromial et ainsi contribuer à la genèse ou à
l'évolution d'un conflit sous-acromial (8).
Cependant, une étude sur cadavre (29) a montré qu'une augmentation de la sonnette
externe réduisait l'espace sous-acromial. Les mouvements de bascule postérieure et de
rotation externe de la scapula n'augmentaient pas significativement l'espace sous-acromial.
Ce manque de corrélation entre les résultats souligne l'origine probablement plurifactorielle
de l'apparition d'un conflit sous-acromial ou d'une dyskinésie scapulaire. Chaque sujet ne
développe pas les mêmes compensations, d'où l'importance de faire un bilan précis des
déficits afin de cibler son traitement.

Causes probables de la présence d'une dyskinésie scapulaire


Parmi les causes avancées de la présence d'une dyskinésie scapulaire sont retrouvées: la
douleur, une faiblesse des tissus mous en lien avec la scapula, un déséquilibre musculaire,
une fatigue musculaire et une posture rachidienne perturbée (8).
La présence de déséquilibres musculaires chez des patients présentant des pathologies
d'épaule a été objectivée par plusieurs études. Il a notamment été montré au travers de
plusieurs études que chez des sujets présentant un syndrome conflictuel de l'épaule, une
baisse de l'activité du muscle dentelé antérieur était observée conjointement à une
augmentation de l'activité du trapèze supérieur (15) (30). Une baisse de l'activité du dentelé
antérieur et une augmentation de l'activité du trapèze supérieur conduisent à une
diminution des mouvements de sonnette externe et de bascule postérieure de la scapula
(31).
29
Des études ont cherché à évaluer l'effet de la fatigue musculaire sur la cinématique de la
scapula. Une fatigue des muscles périscapulaires entrainerait une augmentation de la
sonnette externe et de la rotation externe de la scapula (32), alors que la fatigue des muscles
de la coiffe des rotateurs diminuerait la bascule postérieure (33) (34).
Ces résultats montrent que la fatigue musculaire est compensée par une modification de la
cinématique scapulaire. Cependant, ici encore, les anomalies observées sont variables, ne
permettant pas de conclure à un mécanisme unique de compensation.

Finalement, la perturbation de la cinématique de la scapula est probablement


plurifactorielle, faisant intervenir à la fois des facteurs passifs et dynamiques. Si la présence
d'une dyskinésie est fortement corrélée à la présence d'un syndrome conflictuel de l'épaule,
il apparait donc important de prendre en compte tout ces facteurs lors de notre bilan.

6. Conclusion
La prise en compte des dyskinésies scapulaires dans le bilan d'un syndrome conflictuel de
l'épaule semble être incontournable. Cependant, à ce jour, aucune méthode d'évaluation de
ces dyskinésies ne fait consensus et les thérapeutes doivent choisir parmi de nombreux tests
ceux qui leur semblent les plus pertinents.
De nombreux facteurs entrent en compte dans le choix des tests pratiqués, parmi lesquels la
facilité de réalisation et la reproductibilité de ces tests, ainsi que leur utilité clinique (c'est à
dire leur intérêt pour le choix des techniques rééducatives mises en œuvre).
Les thérapeutes interrogés réalisent des tests personnels, non validés et dont
l'interprétation est assez subjective. Pourtant, se baser sur un bilan pertinent et des tests
fiables est essentiel car les orientations thérapeutiques prises par le praticien en découlent.
Il semblerait donc intéressant que les masseurs-kinésithérapeutes libéraux reçoivent
davantage d'informations à ce sujet.
Une meilleure compréhension des mécanismes pouvant mener à une dyskinésie scapulaire
et à un conflit sous-acromial ainsi que des liens qu'il existe entre ces deux éléments
permettrait sûrement de pouvoir établir des recommandations plus précises.

30
Références bibliographiques et autres sources
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des rotateurs et masso-kinésithérapie. Recommandations et références professionnelles. Paris:
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Annexe 1: Autres tests décrits dans la littérature

Palpation des repères osseux de la scapula


Greenfield et al. (35) proposent de mesurer la bascule antérieure et la rotation médiale de la scapula par la
palpation de repères osseux de la scapula et du rachis.
 A : racine de l’épine de la scapula
 B : Processus épineux thoracique faisant face au point A
 C : Processus épineux thoracique faisant face au point D
 D: angle inférieur de la scapula
 E : pointe de l’acromion

On définit les longueurs des segments [BAE], [AE], [CD] et [BC]


Bascule antérieure = [BAE]/[AE]
Rotation médiale = [CD]/[BC]
La palpation des repères osseux est ensuite validée par des mesures radiographiques.

(tableau X-): Fiabilité de la palpation des repères osseux de la scapula


Fiabilité intra-examinateur Fiabilité inter-examinateur
CCI = 0,97 (Mesure de la bascule antérieure) CCI = 0,96 (Mesure de la bascule antérieure)
CCI = 0,97 (Mesure de la rotation médiale) CCI = 0,97 (Mesure de la rotation médiale )
Lewis et al. (36) ont évalué la validité de la palpation de six points de la scapula et du rachis dans une étude sur
cadavre :
 Point A : le processus épineux thoracique correspondant au point B (T2 ou T3)
 Point B : la racine de l’épine de la scapula
 Point C : l’angle de l’acromion
 Point D : Le processus épineux thoracique correspondant au point E (T7 ou T8)
 Point E : l’angle inférieur de la scapula
 Point F : Le processus épineux de T12

Les auteurs concluent que la palpation de ces points est une méthode acceptable pour mesurer la position de
la scapula dans l’espace.

Mesure de la sonnette externe de la scapula


La mesure se fait à l’aide de deux inclinomètres, l’un placé sur l’humérus, juste au dessus de l’épicondyle
latéral, l’autre placé le long de l’épine de la scapula. La mesure peut se faire à différents degrés d’abduction de
l'articulation scapulo-humérale. Il n’est pas précisé de normes pour cette mesure, cependant une mesure
comparative au côté sain peut donner une utilité clinique à ce test.

(tableau XI): Fiabilité de la mesure de la sonnette externe de la scapula


Fiabilité intra-examinateur Fiabilité inter-examinateur
CCI = 0,81 à 0,94 (Selon l'angle d'élévation du bras) (37) Non évaluée
"4 types" Test
Ce test proposé par Kibler (38) vise à classifier en 4 types la dyskinésie observée chez un patient réalisant une
abduction dans le plan frontal et une abduction dans le plan de la scapula:
- Type I : Décollement de l’angle inférieur associé à un excès de tilt antérieur
- Type II : Décollement du bord médial associé à un excès de rotation interne
- Type III : Elévation du bord supérieur associé à un excès de translation supérieure
- Type IV : Mouvement normal, pas d’asymétrie entre les deux côtés
L’observation se fait au repos, puis lors de l’élévation du bras.

(tableau XII-): Fiabilité et intérêt clinique du "4 types" Test


Fiabilité intra-examinateur Fiabilité inter-examinateur Sensibilité Spécificité
Non évaluée CCI = 0,61 (22) 10% à 54% (22) 62% à 94% (22)

Scapular Retraction Test (SRtT)


Dans ce test a été décrit par Kibler (39), le thérapeute frontalise la scapula par un appui sur son bord médial
lors d’une abduction active dans le plan de la scapula. Le test est positif si le patient constate une diminution de
ses symptômes, c’est-à-dire une diminution de sa douleur et une augmentation de sa force.
Ce test permettrait de suppléer le rôle des muscles trapèzes et rhomboïdes. Un test positif indiquerait donc
qu’une faiblesse de ces muscles puisse être en partie la cause de la dyskinésie retrouvée. (25)
La fiabilité de ce test n’a pas été évaluée.

Scapular Assistance Test (SAT)


Ce test décrit par Kibler (24) (25) propose d’évaluer la corrélation entre un mouvement anormal de la scapula
et les symptômes observés. Le thérapeute repositionne la scapula en sonnette externe lors de l’élévation active
du bras dans le plan de la scapula. Ce test permet de suppléer le rôle du trapèze inférieur lors de l’élévation du
bras. Un test positif indique donc qu’une faiblesse de ce muscle peut être en partie la cause de la dyskinésie
(25). Le test est positif si le patient constate une diminution de ses symptômes (douleur) par rapport au même
mouvement effectué sans assistance.
La fiabilité et l’intérêt clinique de ce test n’ont pas été évalués.

Kinetic Medial Rotation Test (KMRT)


Ce test développé par Morrissey (40) permet d’évaluer le degré de contrôle moteur de la scapula. Le patient
est en décubitus dorsal, la gléno-humérale est amenée passivement à 90° d’abduction dans le plan de la
scapula, le coude est fléchi à 90° et le poignet est détendu. Il est demandé au patient d’effectuer une rotation
médiale active de la gléno-humérale d’une amplitude de 60°.
Struyf et al. (41) ont adapté l’interprétation des résultats à une utilisation clinique: le test est considéré comme
positif si la scapula réalise une bascule antérieure, une sonnette interne ou une translation supérieure, ou si le
patient a des difficultés à réaliser le test.
La fiabilité de ce test n’a pas été évaluée. (42)
Annexe 2: Questionnaire de pré-enquête

Evaluation des dyskinésies scapulaires dans le bilan d'une épaule douloureuse non opérée
Bonjour, dans le cadre de mon travail écrit de fin d'étude je m'intéresse à la place de l'évaluation des dyskinésies
scapulaires* dans le bilan d'une épaule douloureuse non opérée (syndrome conflictuel**).
Ce questionnaire est destiné aux masseurs-kinésithérapeutes libéraux exerçant dans le département de la Loire-Atlantique.
Il a pour but de cerner votre position sur le sujet afin d'éventuellement m'entretenir avec vous sur ce thème.
Les données de ce questionnaire ne seront exploitées que dans le cadre de mon travail écrit de fin d'études et y figureront
de manière anonyme.
En vous remerciant de votre participation.
Alix Métro, étudiante en 3ème année de masso-kinésithérapie à l'IFM3R.
* La dyskinésie scapulaire est une altération de la position ou du mouvement physiologique de la scapula lors d'un
mouvement couplé des articulations scapulo-humérale et scapulo-thoracique. Elle résulte de l'inhibition ou de la
désorganisation motrice des muscles stabilisateurs de la scapula.
** Le syndrome conflictuel de l'épaule est un conflit mécanique entre les éléments sous-acromiaux (tendons de la coiffe
des rotateurs et bourse sous-acromiale) et la partie antéro-inférieure de l'acromion. Ce conflit se manifeste par une douleur
particulièrement présente lors des mouvements d'élévation du bras.

Questionnaire
Le temps de réponse est estimé à 10min.
Les modalités de réponse sont indiquées pour chaque question.

1. Depuis combien de temps exercez-vous en temps que masseur-kinésithérapeute?


Ne cocher qu'une seule réponse
□ De 1 à 5 ans □ De 5 à 10 ans □ Plus de 10 ans

2. Pouvez vous estimer le nombre de patients présentant un syndrome conflictuel de l'épaule pris en charge par mois?
Ne cocher qu'une seule réponse
□ Aucun □ De 1 à 2 □ De 3 à 5 □ Plus de 5

3. L'évaluation de la dyskinésie scapulaire fait-elle toujours partie de votre bilan pour ce type de patients?
□ Oui, toujours □ Oui, si celle-ci est évidente □Non, jamais

4. Quels tests (statiques et dynamiques) utilisez-vous pour mettre en évidence une dyskinésie scapulaire?
Indiquer les tests réalisés dans l'encadré ci-dessous

5. Réalisez-vous ces tests? (Un descriptif des tests accompagne cette question)
Cocher tous les tests pratiqués. Les tests cités sont décrits dans le paragraphe ci-dessous (voir 2.3. et Annexe 1)
□ Palpation des repères osseux de la scapula
□ Distance table-acromion
□ Lateral Scapular Slide Test
□ Mesure de la sonette externe de la scapula
□ "4 types" Test
□ Scapular Dyskinesis Test
□ "Yes/No" Test
□ Scapular Assistance Test (SAT) et SAT modifié
□ Scapular Retraction Test
□ Scapular Reposition Test
□ Kinetic Medial Rotation Test

Disponibilité pour un entretien


Accepteriez-vous de me rencontrer lors d'un entretien pour argumenter sur ce sujet?
□ Oui □ Non

Contact et disponibilité
Veuillez indiquer vos disponibilités pour la réalisation d'un entretien (jour, horaire de disponibilité, numéro de téléphone,
adresse e-mail).
Annexe 3: Guide d'entretien semi-directif
Bonjour, dans le cadre de mon travail écrit de fin d'étude je m'intéresse à la place de l'évaluation des dyskinésies scapulaires
dans le cadre de la prise en charge d'un syndrome conflictuel de l'épaule. Cet entretien a pour but de comprendre les
modalités selon lesquelles sont évaluées les dyskinésies scapulaires ainsi que d'argumenter sur le choix et l'intérêt des tests
pratiqués.
Pour faciliter le traitement des données issues de cet entretien, celui-ci sera enregistré. Ces données figureront dans mon
travail écrit de manière totalement anonyme.
Cet entretien sera réalisé selon un mode semi-directif, vous serez donc libre d'argumenter sur votre pratique et je vous
relancerai sur certains points qu'il me paraitra important d'approfondir.

Question principale
Pourquoi évaluer la présence ou l'absence d'une dyskinésie scapulaire dans le cadre d'un syndrome conflictuel de l'épaule et
comment réalisez-vous cette évaluation? Pour répondre à cette question, décrivez moi de manière précise les modalités des
tests que vous réalisez, ce qui a motivé le choix de ces tests et précisez les liens que vous faites entre les résultats de ces tests
et la présence d'un conflit sous-acromial chez vos patients.

Thèmes à aborder lors de l'entretien et questions potentielles pour approfondir ces thèmes

 Tests réalisés
- Quels tests sont réalisés? (tests décrits dans la littérature, autres tests)
- Qu'est ce qui a motivé le choix de ces tests? (niveau de preuve, utilité clinique, facilité de réalisation)
- Adaptez-vous le choix des test réalisés au patient, aux autres éléments du bilan?
- Les test sont-ils réalisés dans un ordre précis?
- Utilisation d'un test unique ou association de plusieurs tests?
- Recommandez vous/ déconseillez-vous certains tests? Pourquoi?

 Modalités de réalisation des tests


- Positionnement du patient, du thérapeute
- Consigne, guidance verbale et manuelle, nombre de répétitions, correction
- Adjuvants techniques (instruments de mesure, d'observation, poids...)
- Adaptation du test en fonction du patient? (douleurs, incapacité à réaliser certains mouvements)
- Critères observés (quelles anomalies sont recherchées? comparaison avec l'épaule controlatérale)
- Critères de positivité ou de négativité du test

 Intérêt des tests réalisés dans la prise en charge du patient


- Utilité des tests dans la pratique clinique?
- Objectifs de prise en charge découlant de ces test? (rééducation spécifique de la dyskinésie observée)

 Quel lien entre dyskinésie scapulaire et conflit d'épaule?


- La dyskinésie est-elle la cause ou la conséquence du conflit?
- A quelle fréquence mettez vous en évidence une dyskinésie scapulaire associée au conflit sous-acromial?
- Quels types de dyskinésies retrouvez-vous le plus souvent en association avec un conflit sous-acromial?
- Par quels mécanismes les dyskinésies scapulaires peuvent-elles conduire à la réduction de l'espace sous-acromial et donc
au conflit? Par quels mécanismes la présence d'un conflit sous-acromial peut-il conduire à une dysfonction de l'articulation
scapulo-thoracique?

Y-a-t-il des points que nous n'avons pas abordé et dont il vous semble important de parler pour compléter cet entretien?
...Je vous remercie de votre participation et reste à votre disposition pour toute question consécutive à cet entretien.
Annexe 4: Vue de l'analyse des entretiens grâce au logiciel Sonal®

(fig. 16): Vue des entretiens thématisés sur le logiciel Sonal®

(fig.17): Vue d'un entretien thématisé et retranscrit sur le logiciel Sonal®

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