XV Les harmoniques
XV.1. NOTION DE CHARGES
L'énergie électrique est distribuée sous forme de trois tensions sinusoïdales constituant le réseau triphasé
équilibré. Selon leurs caractéristiques d'entrée, certaines charges peuvent perturber cette distribution.
∫ (y( t ) )dt =
T ∞
∑ (Yn)2
1 2
Yeff =
T n=1
0
Exemple : soit un signal périodique dont la décomposition harmonique donne :
• I1 = 104 A
• I3 = 30 A
• I5 = 10 A
Ieff = I 12 + I 32 + I 52 = 109
I 32 + I52 30 2 + 10 2
• pour le CIGRE : THD = = = 0.3 = 30%
I1 104
I 32 + I52 30 2 + 10 2
• ou selon la définition de la CEI : THD = = = 0.29 = 29%
I eff 109
XV.2.5. Spectre de fréquence
Le spectre de fréquence est la représentation de l'amplitude des harmoniques en fonction de leur rang.
Exemple : décomposition spectrale du signal périodique vu précédemment.
La puissance apparente S est égale au produit de la valeur efficace de la tension par la valeur efficace du
courant : S = U eff I eff
Si la tension et le courant sont déformés, il faudra effectuer la somme quadratique des valeurs efficaces de
chaque rang.
• Valeur efficace de la tension
∫ (U ( t ) ) dt =
T ∞
∑ (Un)2
1 2
Ueff =
T n=1
0
que l'on peut exprimer en fonction du fondamental et des différents taux d'harmoniques en tension
harmoniques :Les différentes solutions de réduction des harmoniques 242
Un
THDU n =
U1
Ueff = I 1 + 1 + THDU 2
Ce qui fait apparaître un taux de distorsion en tension THDU dans le coefficient.
• Valeur efficace du courant
∫ (I ( t ) ) dt =
T ∞
∑ (In)2
1 2
Ieff =
T n =1
0
Selon la même démonstration, on voit apparaître un taux de distorsion en courant Di dans le coefficient.
• ϕ1) concerne la
Le facteur de déphasage (cosϕ
grandeur fondamentale.
Cos (ϕ1) =
P
S
• Le facteur de puissance Fp est le rapport
entre la puissance active P et la puissance
apparente S.
P
Fp =
S
En conséquence, ces chutes de tension dues aux courants harmoniques déforment la tension sinusoïdale de la
source provoquant une perturbation des autres récepteurs alimentés par cette source.
∞ ∞
U = ∑Un = U 1 + U 2 + .......Un In = ∑ In = I1 + I 2............In
n =1 n =1
∞
U =E− ∑ Zn In = E − Z 1 I 2 − Z 2 I 2 + .......Zn In
n =1
Plus l'impédance de source Z est faible, plus la tension Un est faible. Toutes ces tensions présentent à chaque
rang d'harmoniques entraînent un taux de distorsion en tension de :
Cette tension de court circuit Ucc est constituée de deux termes : Uccr et Uccx. Comme le montre le triangle
de Kapp avecdes valeurs ramenées au secondaire
On constate que d'un point de vue harmonique, seule l'impédance de l'inductance dépend de la fréquence. C'est
donc l'inductance qui va déterminer le comportement du transformateur aux harmoniques.
• Onduleur MLI : la fréquence de découpage du mutateur est élevée, ce qui permet de diminuer
l'importance du filtre
Pour un onduleur classique, l'impédance de sortie sera :
1. ωpour les basses fréquences
essentiellement égale à Lω
2. ωpour les hautes fréquences
peu différente de 1/Cω
3. égale à pour la fréquence de résonance F0
Si le taux d'harmoniques en courant dépend de la charge, on constate que le taux d'harmoniques en tension
dépend de l'impédance de source.
Les oscillogrammes suivants représentent la tension U et le courant I en amont du pont redresseur en fonction
de l'inductance de la source L.
La décomposition en série de Fourier nous montre que les composantes harmoniques caractéristiques de ces
redresseurs ont comme rang : n = k p+1
avec : k = 1, 2, 3, 4, ... p = nombre de bras du redresseur (2,3…)
Ce type de charge génère des courants harmoniques de rangs impairs sur une large bande. Le redresseur
triphasé diffère du redresseur monophasé uniquement par l'absence d'harmoniques de rang 3 et multiples de 3.
La présence d'inductances de filtrage côté alternatif permet d'atténuer la raideur des fronts de montée de
courant et par conséquent de réduire l'amplitude des harmoniques de rang élevé.
Le spectre harmonique de ce type de redressement dépend de la valeur des inductances.
Ce type de redresseur est relativement répandu dans de nombreux appareils industriels et domestiques car il est
très économique, mais très pollueur pour le réseau d'énergie.
! HARMONIQUES DE RANG 3K
Les ordres des phases sont :
• fondamental : L1, L2, L3
• harmoniques de rang 3k (3, 6, 9, 12, 15, ...) : pas d'ordre, les harmoniques sont en phase.
Ces harmoniques forment des systèmes purement homopolaires (pas de couple).
harmoniques :Les différentes solutions de réduction des harmoniques 249
Les normes CEI 871 (domaine HT-A), CEI 831 et NF C 54-104 (domaine BT) préconisent l'utilisation de
condensateurs admettant soit :
• 1,1 fois la tension nominale :
! 12 heures par jour en HT
harmoniques :Les différentes solutions de réduction des harmoniques 251
U0 = R I0
Les courants à la fréquence de résonance dans les inductances et dans la batterie de condensateurs sont :
harmoniques :Les différentes solutions de réduction des harmoniques 252
U0 RI 0
IL = = U 0 Cω 0 = RI 0 Cω 0 , IC = I L = = RI 0 Cω 0
L ω0 L ω0
RI 0
Si l'on pose : K = = RI 0 Cω 0
L ω0 0
On constate que les inductances et la batterie de condensateurs sont parcourues par un courant du rang
résonnant qui est multiplié par le coefficient k. Chaque fois que ce coefficient sera supérieur à 1 (ce qui est
fréquent), la présence des condensateurs amplifient les courants harmoniques injectés par les pollueurs de
l'installation.
Ce risque sera augmenté si le réseau est peu chargé en récepteurs actifs. Dans ces conditions la résistance
équivalente R augmente entraînant une augmentation du coefficient k. Les courants harmoniques du rang de
résonance sont alors intenses dans le réseau, et présentent un risque certain pour les condensateurs.
D'une manière générale, en connaissant la puissance de court circuit Scc aux bornes d'une batterie de
Scc
condensateurs de puissance Q, le rang de résonance n0 sera : n0 =
Q
π 2d 2 F 2 2
PFoucault = Beff (d : largeur de la lame, ρ : résistivité du matériau).
6ρ
L'ensemble de ces pertes va entraîner un déclassement des transformateurs et des machines ayant à supporter
des harmoniques. Le facteur de déclassement est :
−0.5
∞
K déclassement = 1 + 0.1∑ h 2 n1, 6 avec h (taux individuel d'harmonique), n (rang).
n=2
XV.8.2. NORMALISATION
Pour assurer la coexistence entre équipements et entre consommateurs, des normes et règlements ont été
élaborés entre :
1. les abonnés qui génèrent la distorsion en courant
2. la distribution (ONE) qui développe et transmet la distorsion en tension.
Ces normes concernent à la fois les niveaux de compatibilité et les niveaux d'émission.
• Niveaux de compatibilité en cours au MAROC
A ma connaissance je ne connais pas de norme marocaine je me refere à celle de la France .
Pour caractériser l’effet de distorsion des harmoniques on se base habituellement sur les tensions harmoniques
superposées à la tension sinusoïdale du réseau La détermination de ces perturbations paraît fort simple, mais,
en fait, elle ne l’est pas autant, car toutes les charges non linéaires ne sont pas des sources de tension
harmonique mais bien des sources de courant harmonique qui produiront des tensions selon les
caractéristiques du réseau auquel elles sont raccordées. La problématique réside dans l’évaluation exacte de
l’impédance harmonique du réseau, or celle-ci est souvent une inconnue variable dans le temps.
De nombreux groupes travaillent sur les niveaux de compatibilité, mais le problème n’est pas simple pour
définir une et une seule norme internationale sur ce que doit être un réseau. Pour cela, dans la littérature on
trouve plusieurs normes et recommandations qui changent presque tous les ans. Dernièrement un groupe
harmoniques :Les différentes solutions de réduction des harmoniques 254
d’action constitué de membres de six organisations internationales (CEI, IEEE, CIGRE, CIGRD, UIE,
UNIPEDE) propose les normes résumées dans le tableau ci-dessous.
Puisque en générale on suit les recommandation européennes, d’une part L’ONE doit s'engage sur ces normes
Les niveaux de compatibilité préconisés par les normes ci dessus sont :
Rang harmonique Taux individuel d'harmonique (%)
Réseau public Installations industrielles
BT HT Matériel Matériel Matériel
classe 1 classe 2 Classe 3
2 2 1,5 2 2 3
3 5 2 3 5 6
4 1 1 1 1 1,5
5 6 2 3 6 8
6 0,5 0,5 0,5 0,5 1
7 5 2 3 5 7
8 0,5 0,2 0,5 0,5 1
9 1,5 1 1,5 1,5 2,5
10 0,5 0,2 0,5 0,5 1
11 3,5 1,5 3 3,5 5
12 0,2 0,2 0,2 0,2 1
13 3 1,5 3 3 4,5
Taux de distorsion global 8 3 5 8 10
THD(%)
Il est néanmoins impossible d’éliminer toute trace d’harmonique sur le réseau; le coût d’une telle opération
serait prohibitif. Par contre il est plus économique d’essayer de limiter les tensions harmoniques aux valeurs
fixées par les normes.
Afin de pouvoir respecter ces critères, les deux méthodes les plus utilisées sont:
• Limitation des courants harmoniques injectés par les différentes sources perturbatrices.
• Filtrage des harmoniques.
1. Limitation des courants harmoniques.
Il y a deux façons de limiter les amplitudes des courants harmoniques à savoir:
• Mise en place de nouveaux convertisseurs non polluants, (voir fin de chapitre).
• L’augmentation de la fréquence des courants harmoniques [I-11]. Cette augmentation permet de
supprimer les harmoniques les plus gênants qui sont généralement les harmoniques 5 et 7. Par
exemple, l’utilisation de deux ponts de Graëtz alimentés séparément par deux transformateurs ayant
des couplages différents (par exemple zig-zag étoile-étoile et étoile-triangle), cette technique permet
d’éliminer les composantes 250Hz et 350Hz. La première composante injectée dans le réseau aura
une fréquence égale à 550Hz et une amplitude plus faible.
2. Filtrage des harmoniques.
Le filtrage des harmoniques est réalisé en disposant en parallèle avec l’impédance du réseau un circuit de très
faible impédance devant l’impédance du réseau à la fréquence auquel il doit être conçu. La figure 1-1 illustre
ce principe, de cette façon, les courants harmoniques provenant de la source perturbatrice i sont déviés dans le
filtre et ils ne se propagent pas dans le réseau.
Pour réaliser ces filtres, trois solutions sont envisageables, utiliser la méthode de filtrage passif, ou du filtrage
actif, ou une combinaison des deux techniques [I-15].
i1
i
Source de
courant Filtre Réseau
harmonique
ip1 =
n2
(is1 − is3)
n1
ip13k =
n2
(is13k − is33k ) = 0
n1
harmoniques :Les différentes solutions de réduction des harmoniques 259
Une distribution en étoile permet donc de découpler, par les impédances de lignes ou si cela est insuffisant par
des impédances additionnelles, les récepteurs pollueurs et les récepteurs sensibles
harmoniques :Les différentes solutions de réduction des harmoniques 260
Quand on est en présence d'un pollueur de forte puissance, il est souhaitable de l'alimenter séparément par un
autre transformateur HT/BT.
Attention : cette finalité diffère totalement de celle de l'inductance antiharmonique qui n'est pas en accord sur
un des rangs d'harmoniques et dont le rôle est de protéger une batterie de condensateurs contre les surcharges
harmoniques. Toutefois les shunts résonants participent à la compensation de l'énergie réactive d'une
installation.
En principe, on trouvera autant de shunts résonants que d'harmoniques à éliminer. Pratiquement la lourdeur de
cette solution et le risque de voir apparaître des résonances avec les autres inductances du réseau sur d'autres
fréquences conduisent à limiter à deux ces types de filtres.
Le filtre amorti sera étudié pour que Fr coïncide avec la première raie caractéristique du spectre à filtrer (cette
raie étant généralement la plus importante). L'impédance d'un réseau, vue du jeu de barres, comportant un filtre
amorti d'ordre deux est la suivante.
Il existe d'autres filtres amortis dérivés du filtre d'ordre deux : filtre amorti d'ordre 3, filtre double amorti, filtre
amorti type C.
En pratique on préfère la mise en parallèle d’un certain filtre réalisant la compensation des courants
harmoniques à basse fréquence (rangs 5, 7), on utilise en plus un filtre passe-haut. L’accord de ce filtre est
généralement situé vers la fréquence élevée (à partir du rang 11 ). Il filtrera non seulement le courant
harmonique de fréquence pour laquelle il a été conçu, mais également d’autres harmoniques de rangs
supérieurs (13,17,19 etc.). Un exemple type du filtrage passif est montré à la figure ci-desssous.
• La mise en oeuvre de ces filtres est délicate, car chaque filtre doit être conçu en fonction de
l’impédance du réseau auquel il est raccordé. Par conséquent, cette impédance doit être parfaitement
connue. Pour être efficace, un filtre doit avoir une impédance très inférieure à celle du réseau, mais le
problème réside dans la détermination de l’impédance du réseau, car cette dernière dépend de la
puissance de court-circuit du réseau, de la longueur des lignes, de la présence des batteries de
condensateurs (enclenchées ou déclenchées au cours de la journée).
• D’autre part, la mise en parallèle du filtre résonnant avec l’impédance du réseau peut provoquer
l’apparition d’une anti-résonance à une fréquence légèrement inférieure à la fréquence d’accord du
filtre
• Une autre cause du dysfonctionnement du montage, voire même de destruction est le dimensionnement
des éléments du filtre passif L-C. En effet ces composants sont calculés pour supporter un courant et
une tension bien déterminés qui sont fixés par l’importance du système étudié de l’harmonique qu’on
veut éliminer. L’amplitude de ce dernier peut cependant gagner en importance non négligeable par des
phénomènes pas toujours prévisibles théoriquement (résonances, variation ou fluctuation de la charge,
creux de tension, ...). Dans ce cas, le courant traversant les composants du filtre peut dépasser de façon
considérable le courant maximum du dimensionnement, ce qui peut provoquer des pertes et des
échauffements importants et mener à la destruction des éléments de filtrage. En plus du problème de
filtrage d’harmonique, le dimensionnement des composants du filtre passif est souvent traité de
manière conjointe avec la compensation d’énergie réactive, En effet, la taille du filtre est déterminée à
partir de la puissance réactive à 50Hz fournie par les condensateurs du filtre.
Une partie de ces problèmes peut être résolue par l’élaboration des filtres actifs, qui permet en même temps la
compensation de la puissance réactive et le filtrage des harmoniques.
! Le courant en ligne qui est égal au courant absorbé par le récepteur plus le courant généré par le filtre
sera sinusoïdal :
harmoniques :Les différentes solutions de réduction des harmoniques 263
Les convertisseurs propres utilisent la technique MLI (Modulation de Largeur d'Impulsion) également appelée
PWM (Power Width Modulation).
harmoniques :Les différentes solutions de réduction des harmoniques 266
Actuellement, la fréquence de découpage d'un tel convertisseur est de 20 kHz. Les harmoniques du courant
absorbé sont très atténués de par la forme de l'onde de courant proche d'une sinusoïde . Seuls subsistent les
harmoniques liés à la fréquence de hachage, donc de fréquences très élevées (> 20 kHz), donc d'amplitudes
faibles et de traitement facile et peu onéreux.
Aujourd'hui les convertisseurs triphasés propres sont rares sur le marché, car le surcoût est important.
L'évolution de la normalisation peut imposer ce type de convertisseur.
harmoniques :Les différentes solutions de réduction des harmoniques 267