Carcosa

La malédiction d’Hastur

Mauro Castanho (Order #28897841)

Mauro Castanho (Order #28897841)
 jemrys j. rueff

La malédiction d’Hastur

Mauro Castanho (Order #28897841)

 Composition de la couverture de Jemrys. J. Rueff
d’après les œuvres suivantes :

Le voyageur contemplant une mer de nuages - Caspar David Friedrich

L’île des morts (3e version) - Arnold Böcklin
Clair de lune, Château de Chepstow - John Martin

3, rue de Plaisance
92340 Bourg-La-Reine

www.sycko.fr

ISBN : 979-10-94206-XX-X
979-10-94206-XX-X (PDF)

© SYCKO 2020

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 SOMMAIRE
Présentation de la mythologie 7
Carcosa dans Crimes 9
Faction11
Galerie de personnages 12
Conseils pour appliquer les règles 13
Utilisation des genres 14

Mauro Castanho (Order #28897841)

Mauro Castanho (Order #28897841)
 CARCOSA
LA MALÉDICTION D’HASTUR
« Carcosa, c’est un autre nom pour l’enfer. »
Nic Pizzolatto

PRÉSENTATION DE LA MYTHOLOGIE

Carcosa
Célèbre cité antique, versée dans la philosophie et les arts magiques, Carcosa
était un haut-lieu de l’alchimie.
Si l’on a perdu sa localisation exacte aujourd’hui, on sait que cette ville
d’orient se tenait près d’un lac, le lac de Hali, et que son architecture était
subtile et majestueuse, faisant passer les merveilles de Babylone pour de l’ar-
tisanat grossier et indélicat.
Puis un grand mal frappa et emporta tout, et la fameuse cité tomba en ruines,
abandonnée et maudite. Morte.
Mais il existe diverses sortes de morts, et l’esprit de Carcosa ne devait pas
disparaitre. Grâce à son roi. Le Roi en jaune.

Le Roi en jaune
Surnommé ainsi en raison de la couleur des atours royaux, le roi en jaune
se devait de maitriser quelque art ou science et prenait une part active à la
recherche de nouveaux savoirs, permettant à Carcosa de rayonner face aux
antiques civilisations d’alors.
Chaque roi désignait son successeur, aidé par un conseil de sages, lors d’une
grande célébration durant laquelle les prétendants au trône devaient démon-

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 trer l’étendue de leur savoir et leur capacité à faire perdurer la splendeur de
Carcosa.
Le dernier des rois connus, Hastur, était un ancien berger et l’élève du maître
alchimiste Hali, qui portait le nom du lac sur la rive duquel il était né. Si l’étude
des différents états de l’existence n’avait rien d’inhabituel à Carcosa, Hastur
avait fait de la thanatologie sa spécialité, et son talent n’avait d’égal que son
obsession de la survivance.
Cette idée, que l’on puisse surmonter la mort et avec elle l’oubli, fut détermi-
nante pour son accession au trône. En effet, si l’on pouvait concevoir qu’elle
s’appliqua à quelque corps mortel, philosophiquement, la portée de ces re-
cherches s’étendait sans mal à la gloire de la cité. Et c’était bien là toute l’am-
bition d’Hastur.

La solution de Hali
Après des années de règne durant lesquelles la cité connu son apogée, vint
le déclin.
La magie et la décadence ne font pas bon ménage, surtout lorsque l’on vé-
nère la mort. Et la mort étant une maîtresse jalouse, à trop la fréquenter, celle-
ci finit par s’imposer. On dit que les morts marchaient parmi les vivants, et que
les vivants dormaient comme les morts.
Hastur réalisa que, se pensant maître, il était en fait devenu l’esclave de ses
obsessions, et qu’elles avaient dorénavant échappé à tout contrôle. Il décida
alors d’accomplir ce pour quoi il avait été choisi et de sauvegarder la cité avant
qu’il ne soit trop tard. Avec l’aide de son mentor il retravailla l’étrange solution
qui lui avait valu sa couronne et qui avait la faculté de figer la vie. Il organisa
une célébration de plusieurs jours à la gloire de Carcosa, dont le paroxysme
serait un grand bal masqué dans le palais.
Il diffusa son étrange subastance via les canaux de la ville, alimentés par le
lac, et bientôt tous les habitants de Carcosa eurent consommé le triste élixir.
Hastur fit son entrée au bal, le visage marqué par la folie et contempla l’ultime
silence de ses sujets, figés dans leurs derniers instants.
Hastur erra encore longtemps dans les rues remplies de monde et pourtant
désormais muettes comme la mort. Terrifié et satisfait, hagard et en guenilles,
il sut qu’il était temps pour lui de se reposer. Il se rendit sur les rives du lac de
Hali, puis pénétra dans ce qui serait sa dernière demeure.
Alors qu’il s’enfonçait dans l’abysse, les yeux fixés sur les étoiles noires, il réa-
lisa toute l’horreur et la beauté de ce qu’il venait d’accomplir. Mais ce sublime
outrage à l’existence ne devait pas être le dernier, car il lui faudrait encore
choisir son héritier...

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 CARCOSA DANS CRIMES

Le Dernier des Rois

L’histoire de Carcosa pourrait s’arrêter là. D’ailleurs, aux yeux des historiens
c’est le cas. Après tout, une cité antique décadente finissant ravagée par la
maladie et l’ambition d’un roi fou constituerait presque la recette idéale au
cycle des civilisations.
Hastur fut le dernier des rois de Carcosa, le principal acteur de son apogée,
mais aussi celui de sa chute. Certains considèrent ainsi que son rôle et son
objectif ont été remplis, qu’il a donné à la cité la place qu’elle méritait dans
l’histoire et que son souvenir est impérissable. En un sens ils ont raison.
Cependant d’autres soutiennent que l’histoire de Carcosa n’est pas terminée,
que bien plus que son souvenir, la cité tout entière subsiste d’une manière
que l’on n’a pas encore réussi à comprendre, et qu’un héritier à venir saura
recouvrer les savoirs alchimiques perdus et interdits qui redonneront alors à
Carcosa sa grandeur d’antan.
À une époque où les sciences expérimentales le disputent à l’occultisme dans
les salons, il n’en faut pas plus pour que cette croyance aux allures de pro-
phétie ne réunisse quelques adeptes et curieux au sein d’un cénacle appelé
le Culte d’Hastur. Cette société plus ou moins discrète qui rassemble tant des
illuminés que des intriguants compte également nombre d’artistes en mal
d’inspiration, et si tous ne partagent pas les mêmes interprétations, tous s’ac-
cordent en ce qui concerne leur symbole de ralliement : le Signe Jaune.

Le Signe Jaune
Semblable à une spirale peinte en jaune, ce symbole si simple en apparence
et pourtant si lourd en interprétations se retrouve tout autant sur des toiles
d’artistes que laissé sur des scènes de crimes. Certains groupes anarchistes le
peignent sur les murs de la capitale tandis qu’il circule dans la haute société à
l’intérieur des chevalières des puissants.
Signe de reconnaissance, avertissement, menace, signal d’action, rituel, sa
signification dépend du contexte dans lequel il est utilisé ou trouvé. Mais pour
le culte d’Hastur, c’est en décodant les implications symboliques, philoso-
phiques et alchimiques que l’on peut avoir un aperçu de sa puissance et du
secret qu’il cache.

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 Le mystère des Hyades
Ainsi nommé d’après la constellation sur laquelle Hastur aurait posé son der-
nier regard, il s’agit de la compréhension du secret de la véritable nature de
Carcosa.
Lors des événements du bal masqué, Hastur a figé Carcosa dans le temps, la
faisant glisser entre deux réalités, et projetant ainsi son reflet dans les étoiles.
Cependant, tout en protégeant sa cité des affres du temps, il l’en a fait prison-
nière. Tout comme lui-même.
Tel un mirage qui s’estompe lorsqu’on cherche à s’en rapprocher, il vit les
tours de Carcosa tomber en ruines derrière la lune, désormais sans autre choix
que d’être le spectateur impuissant de la déliquescence d’une civilisation tout
entière.
Lassé de sa non-mort et rendu fou par son admirable échec, il a passé des
siècles à tenter de trouver un moyen de repeupler Carcosa et à chercher son
héritier. Car il est la clé qui permet de garder Carcosa « vivante ». S’il échouait
dans cette quête, elle serait irrémédiablement projetée dans les limbes de la
réalité, fragmentée dans les rêves du temps, et arpentée uniquement par les
reflets de la folie.
C’est arrivé. Il a échoué. C’est ce qui explique la déchéance qui frappe le
monde et l’homme. Mais c’est aussi ce qui permet d’explorer à nouveau les
rues de Carcosa. Les reflets de réalité qui s’insèrent parfois dans les rêves ou le
monde matériel sont renforcés tel un égrégore, et qui sait s’ils ne sont pas les
outils qui permettraient de mettre fin à l’agonie de notre monde.
Tel est le mystère des Hyades, enroulé sur lui-même, magnifique et terrible
à la fois.

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 FACTION

Le culte d’Hastur
Niveaux d’initiation
Niveau 1 : Artistes, échanges à propos du Roi en jaune (la pièce), cherchent à
reproduire ou à percer ses mystères. Antiquaires, bibliophiles, historiens etc.
cherchent à en savoir plus sur Carcosa et son histoire. Le niveau le plus agnos-
tique, fonctionne comme un club ésotérique.
Niveau 2 : croyance selon laquelle Hastur va revenir et donner à ses adeptes
le secret de la vie éternelle et les accueillir en Carcosa. Glissement païen des
croyances chrétiennes, Hastur est une figure christique. Déification du Roi en
jaune. On rentre ici dans le domaine de la secte, se veut plus dogmatique et
ritualisé. On adore le Signe jaune.
Niveau 3 : le discours devient plus apocalyptique, il faut provoquer le re-
tour d’Hastur et invoquer la nouvelle Carcosa. Notions alchimiques et occultes
d’une part, et projets d’attentats d’autre part. Dimension politique et reli-
gieuse où l’on tente de nettoyer la ville de ses impuretés.
Niveau 4 : connaissance du grand rituel visant à reproduire le signe jaune
pour invoquer Carcosa. Le gourou se fait appeler le Restaurateur, serait un
descendant ou une réincarnation de Hali. Il prépare le couronnement du Der-
nier des rois, héritier d’Hastur. Connait le mystère des Hyades (Carcosa est
figée dans le temps, entre deux dimensions, nécessite un nouveau Roi jaune
pour perdurer).

Spécialités occultes
Les Talismans, le Voyage Astral, la Gnose, l’Alchimie

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 GALERIE DE PERSONNAGES
[SECTION À COMPLÉTER]

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 CONSEILS POUR APPLIQUER LES RÈGLES

Déchéances
Alter ego  : le personnage est l’héritier d’Hastur et son double n’est autre
que le Roi en jaune lui-même qui va œuvrer à mettre en place la passation
et le couronnement. Ce peut-être une bonne manière de jouer avec le Culte
d’Hastur, ses adeptes se comportant d’une manière qui paraîtra étrange ou
déplacée au personnage. Les portes de divers cercles s’ouvriront beaucoup
plus facilement à lui, alors même que tout autour de lui semblera s’effondrer.
Amnésie : le personnage a accès aux souvenirs du Roi en jaune, il est sujet
à des rêves et des visions qui lui montrent la grandeur de Carcosa mais aussi
l’horreur de sa chute. Dans un premier temps les visions ressembleront plus à
un éblouissement fugace durant lequel lieux et personnes prennent une teinte
orientaliste se substituant à la réalité, mais en embrassant les contours. Puis
les visions gagnent en intensité et en durée et les autres sens du personnage
sont mis à contribution.
Peu à peu, les visions deviennent plus cauchemardesques, l’empreinte de la
mort devient omniprésente. À ce stade, ce ne sont plus de simples aperçus
mais de véritables épisodes hallucinatoires qui durent plusieurs minutes.
Finalement, ce sont les dernières heures d’Hastur que le personnage revivra :
le bal masqué et l’horreur des invités qui constatent la déchéance de leur roi,
les étoiles noires dans le ciel tandis que l’asphyxie lui étreint les poumons
remplis de l’eau du lac de Hali.
Fatum : le personnage est l’héritier d’Hastur, ses rêves sont envahis par des
visions de Carcosa dans toute sa gloire, mais également par des scènes bien
plus inquiétantes de rituels, de dévotion dont il semble être le centre.
Hanté : cette déchéance peut tout constituer le début de l’intrigue sur le Roi
en jaune qui commence à hanter le personnage. Cela conduira ce dernier à
mettre le groupe sur la trace du Culte d’Hastur et de son héritier.
Pendule suspendu : le personnage est capable de se retrouver dans Carcosa
lorsque le temps est suspendu. Il a accès à différents stades de sa gloire ou de
son déclin selon le contexte de la scène qu’il vit.
Souvenir des temps passés : lorsque le personnage fait appel à son pouvoir,
ce sont des scènes de Carcosa, plus ou moins similaires à celle qu’il cherche à
percevoir, qui s’offrent à lui. Si au départ cela se passe « normalement », peu
à peu les souvenirs se teintent de jaune, s’orientalisent et Carcosa prend peu
à peu le pas sur le reste.

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 UTILISATION DES GENRES

Derrière le masque
Le genre occulte est tout indiqué si l’on veut explorer les possibilités offertes
par le culte d’Hastur. De sa découverte à l’initiation, qu’il s’agisse d’acquérir
des savoirs interdits ou de partir en quête de l’héritier, embrasser sa cause
pourra prendre diverses formes. S’agit-il d’infiltrer les différentes strates de la
société en vue de provoquer un réveil collectif et apocalyptique ? Faut-il tra-
quer un héritier désigné qui chercherait à échapper à son destin ? L’ambition
et la déchéance pourraient-elles permettre d’être désigné ?
Une autre approche serait de s’opposer au culte, et de chercher à déjouer
ses plans, en tentant d’empêcher des attentats ou de sauver des victimes de
rituels étranges. La paranoïa grandirait au fur et à mesure que l’on verrait ap-
paraître – ou que l’on croirait voir – partout le Signe jaune.

Naître roi ou fou

La nature particulière de Carcosa en fait un passage direct vers une autre
dimension, l’occasion d’arpenter les rues de la cité ou de les voir se mêler à la
réalité dans un délire expressionniste. Ou bien ne sont-ce que des rêves, des
souvenirs d’autres, poussant peu à peu à l’insomnie et la folie.
Le bestiaire du genre onirique est particulièrement indiqué pour faire inter-
venir le Roi en jaune, via les figures du Tourmenteur ou du Double. Être son
héritier ne constitue-t-il pas plus une malédiction qu’autre chose ?

Frankenstein avait raison !

Si l’architecture de Carcosa peut servir sans mal de décor, c’est la quête d’im-
mortalité qui vient ancrer le Roi en jaune et disciples directement dans le fan-
tastique gothique. La solution de Hali et les expérimentations pour en percer
le secret constituent une source abondante pour toute créature ayant affaire
avec la mort, ou la non-mort.
Les thématiques particulières du genre gothique permettent de jouer égale-
ment sur la place des protagonistes, mais aussi la mise en abîme sur la place
temporelle de Carcosa : quand on regarde au fond de l’abîme, on dévoile le
mystère des Hyades.

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 Le Grand Bal
Si vous décidez de faire de Carcosa le cadre complet d’une campagne, la
solution est de mêler les 3 genres ci-dessus. Voici une manière d’envisager
les choses :
Onirique et gothique avec l’utilisation des décors et des symboles. Les pre-
mières visions de Carcosa pouvant intervenir dans le rêve, pour finir par se
mêler à la réalité et passer dans le gothique en jouant sur la démesure et
les habitants de la cité. Ces premières visions peuvent également constituer
un point d’entrée rêvé, littéralement, vers le culte d’Hastur et sa dimension
occulte.
Occulte et gothique en multipliant les intervenants du culte d’Hastur et
leur quête d’immortalité. Alchimistes, savants fous et autres artistes maudits
peuvent s’approcher de différentes manières de la solution de Hali et donner
naissance à autant de créatures impies.
Occulte et onirique en développant les figures de l’héritier et du Roi en jaune,
ce dernier s’immisçant de plus en plus dans le quotidien et la psychée des
protagonistes à mesure qu’ils se rapprochent de la découverte de l’héritier.

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