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Gréffe des légumes

ALIMENTATION: Greffer des légumes plus


résistants et plus nutritifs

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BANGKOK, 20 septembre 2012 (IRIN) - Selon les experts, il est possible de cultiver des légumes
résistants aux maladies et au climat en greffant une partie d’une plante potagère sur une autre.
On peut ainsi produire une plante plus résistante, capable de supporter des maladies transmises
par le sol et des conditions météorologiques difficiles, et pouvant améliorer des régimes pauvres
en nutriments. 

Selon l’International Society of Food, Agriculture and Environment (ISFAE), dont le siège se
trouve à Helsinki, la première mention d’une greffe de légumes remonte aux années 1920, au
Japon. L’ISFAE estime qu’en 2003, plus de la moitié des légumes du Japon étaient cultivés en
utilisant la méthode du greffage. Cette tendance est toujours d’actualité. 

Selon le Centre de recherche et de développement sur les légumes en Asie (Asian Vegetable
Research and Development Centre, AVRDC), les greffes de légumes sont plus communes en Asie
qu’ailleurs dans le monde. En effet, les terres y sont exploitées de manière intensive, les parcelles
agricoles sont petiteset sont situées dans une région sujette aux catastrophes et les taux de
malnutrition « chronique » y sont élevés en raison du manque de nutriments. 

« En appliquant la technique du greffage, les agriculteurs peuvent produire des légumes nutritifs
et de grande valeur [même lorsque les conditions météorologiques sont rudes] », a dit Joko
Mariyono, scientifique à l’AVRDC. 

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), dans de nombreux pays en développement, les


politiques alimentaires portent principalement sur la sous-nutrition (le manque de calories
causant une malnutrition aiguë) et négligent les solutions qui permettraient de combattre la
malnutrition chronique. 

L’organisation estime qu’au moins 170 millions d’enfants dans le monde accusent un retard de
croissance, c’est-à-dire qu’ils sont trop petits pour leur âge, ce qui est un signe de malnutrition
chronique. 

Des cultures et des revenus accrus 

Selon des enquêtes menées récemment par l’AVRDC, des cultivateurs de tomates du Vietnam et
des Philippines ont pu doubler leur production et leurs revenus grâce à la greffe. 

L’AVRDC a aidé les agriculteurs à utiliser des tubes de caoutchouc biseautés pour greffer des
tomates sur des racines d’aubergine, connues pour leur résistance face aux conditions
météorologiques extrêmes et aux nuisibles. Le légume que l’on souhaite améliorer, appelé
greffon, est coupé de sa propre racine et soudé à celle d’une autre plante – une aubergine, dans
Gréffe des légumes

le cas présent – qui est également appelée porte-greffe. 

Voici une méthodologie en cinq étapes, adaptée d’après les indications de l’AVRDC : 

1) Semer l’aubergine environ trois jours avant la tomate. Les tiges de tomate et d’aubergine
doivent avoir le même diamètre (1,6-1,8 mm). 

2) Couper le plant de tomate et celui d’aubergine au-dessus des premières vraies feuilles
(cotylédons) à un angle de 30 degrés, aussi haut sur la tige que possible. Le diamètre des deux
plantes doit être le même là où les tiges ont été sectionnées.

3) Faire glisser un tube de 10 mm de long sur la tige du plant de tomate jusqu’à la moitié et
introduire la tige de l’aubergine dans l’autre moitié, en s’assurant que l’angle de coupe du tube
correspond à celui des tiges. Pousser délicatement la tige de l’aubergine jusqu’à ce qu’elle touche
celle de la tomate. 

4) Placer les plants greffés dans une chambre ombragée et humide (maintenir l’humidité en
plaçant des coupelles d’eau sur le sol pour créer de la condensation) entre 25 et 32 degrés
Celsius. 

5) Quatre à cinq jours plus tard, vider l’eau des coupelles pour réduire l’humidité pendant deux à
trois jours. Puis placer les plants récemment greffés dans une autre pépinière pendant sept à huit
jours. 

Les agriculteurs du Vietnam et des Philippines sont nombreux à avoir adopté la technique du
greffage et des cultivateurs d’Indonésie et de certains pays du Moyen-Orient envisagent
également de le faire. Selon Susanto, un agriculteur de la province indonésienne de Java oriental
qui n’a qu’un seul nom, la greffe a mis fin aux maladies qui décimaient ses tomates. « J’ai
[maintenant] un revenu supplémentaire grâce à la culture de tomates, qui échouait toujours
avant. » 

Selon M. Mariyono, le greffage est fait à la main et peu d’instructions sont nécessaires. « Il n’y a
pas de controverse. Cette technique est compatible avec les normes locales, notamment en Asie.
» 

Pourtant, selon l’AVRDC, cette technique ne convient pas à tout le monde. Les légumes greffés
ont un coût de production plus élevé et ne doivent être cultivés que dans des zones sujettes aux
inondations et aux maladies transmises par la terre. Les installations – une pépinière spéciale –
nécessitent une collaboration entre les agriculteurs et, selon l’American Society for Horticultural
Science, la multiplication des semences de porte-greffes est encore insuffisante pour répondre à
la demande de greffes. 

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