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SA MÉTHODE DE PROJECTION
Yram est l’auteur des livres Le médecin de l’âme (Adyar, Paris, 1926) et L’évolution
dans les mondes supérieurs (Rééd. GVP Editions, Paris, 2000). Cependant, c’est exclusivement
dans le premier tome de sa trilogie (Aimez-vous les uns les autres) qu’il expose sa méthode de
projection et les différentes techniques qu’il utilise. Il ne s’agit ici que d’un bref résumé car il
est très riche en détails sur le contenu de ses nombreuses expériences, hétéroclites. En aucun
cas, ce résumé ne dispensera de la lecture de son livre captivant et éclairé. Il s'agit donc ici
d'un schéma général esquissé, et non d’un résumé rigoureux.
Il effectuait ses voyages vers 4/5 h du matin « après avoir bien dormi », ce qui offre
l'avantage de ne pas s'endormir pendant les exercices...
Il fait état de 5 phases bien distinctes, et nécessaires, chacune, dans leur apport respectif
et successif, du moins pour un apprentissage. Lors de la première phase, le corps
physique doit être comme « anesthésié », c'est-à-dire abandonné à lui-même, tel un
corps étranger, ceci afin d’être réceptif à des sensations d’une autre nature, d’un autre
plan, plus subtil (même si par la suite, le corps physique peut être éveillé, et même en
mouvement, pendant une projection). Ceci permet l’instauration d’une mémoire du
processus qui ensuite ne nécessite plus toutes ces phases successives : « Il n’est point
nécessaire d’acquérir une maîtrise absolue de tous ces exercices. L’habitude du
dédoublement les simplifie en partie et l’on parvient même à s’en dispenser ». Le corps
astral peut en effet se dédoubler pendant que le corps physique marche : « Ainsi, il m’est
arrivé d’être debout, dédoublé dans ma chambre, dans l’instant même où je fermais les
paupières et sans aucune sensation particulière. Une telle rapidité est extraordinaire ». Yram
décrit de nombreuses expériences de ce genre (qui sont tout de même délicates car elles
apportent un déséquilibre dans le corps physique, du fait que les sensations sont
faussées. Il a failli ainsi se faire renverser en descendant d’un tramway car il ne sentait
plus le sol ferme sous ses pieds).
2. La respiration rythmée
La respiration rythmée (respiration/rétention/expiration) doit être profonde (du genre 6/9/6,
pas en dessous car c’est un seuil minimum) et approfondie (jusqu’à l’obtention d’un État
Modifié de Conscience). Alors les sensations provoquées sont « l’élasticité des membres du
corps astral ». On dirait que soudain les doigts sont longs et en caoutchouc, on peut les
bouger, ils se tordent dans des sens incongrus, improbables, et il en va de même pour les
bras, la posture du corps, etc.
Si cette phase est bien menée, le corps astral est déjà ressenti. Cette respiration doit être
ventrale (et non pas exclusivement pulmonaire) sans quoi les temps de rétention seront trop
minimes. Puis progressivement on peut transformer le 6/9/6 en 6/9/6/9, c’est-à-dire en
ajoutant une phase de rétention longue après l’expiration. Puis, on peut revenir à un souffle
qui devient naturellement court. « Ce qui caractérise l’ensemble des phénomènes de cette
catégorie, est la préparation au travail qui va s’effectuer par la mise en activité d’une faculté
sensitive ».
Ces sensations de vibrations viennent assez aisément si l’on cherche à les aspirer dans son
corps énergétique. Ce n’est donc pas une attente passive, mais un processus déclenché dans
l’attente active, bien que décrispée, toujours dans le lâcher-prise mental. Donc on aspire par
derrière soi et devant soi, l’espace environnant, à la recherche de ces vibrations si
spécifiques à la projection consciente. Alors, on les sent monter en puissance
progressivement comme si on les « tirait à soi ». Notre état de conscience étant déjà modifié,
on ressent que ces ondes sont tirées dans le volume gigantesque de nos ressentis, le « corps
astral » devenant souple, étendu, vaste. Autrement dit, la séparation corps
énergétique/environnement n’est plus distincte dans cet État Modifié de Conscience - d’où
la nécessité de la respiration rythmique au préalable pour « assouplir » les sensations du
corps astral (pour le débutant du moins).
Hormis « le tourbillon », pour varier un peu, et parce qu’il faut aussi laisser faire les choses
qui surgissent devant soi, sans que l’on s’y attende nécessairement, Yram utilise également
des ouvertures dans l’espace (ce que pratiquait Oliver Fox avec une porte visualisée au
niveau du front) : « Cela peut être l’image d’une fenêtre, d’une porte, vous donnant l’idée de
passage dans un autre domaine. C’est aussi une lueur, une figure géométrique, un espace clair
au milieu des nuages, provoquant le même désir ».
En pratiquant cette méthode à de multiples reprises, il est possible de voir une mince croix
blanche apparaître dans son écran mental (ou un signe +, exactement comme des
phosphènes bien que cette croix était immobile), et en se concentrant au centre de cette
croix, on peut ressentir immédiatement les ondes motrices, les vibrations démarrer leur
processus - ceci pour illustrer la figure géométrique dont il parle.
5. Le vide mental
Le vide mental est une technique connue des dédoublements (il est notamment mentionné
dans la vaste encyclopédie de Waldo Viera), probablement parce qu’il constitue « la volonté
passive » qu’expose en détail Sylvan Muldoon (dans son livre La projection du corps astral).
Le subconscient gérant le processus du dédoublement, le vide mental passe le relais du
conscient au subconscient. Il n’est pas nécessaire d’établir un vide mental parfait, mais
approximatif. En revanche, il est essentiel de faire durer ce vide mental approximatif. Le
faire pendant les phases de rétention du souffle aide considérablement à l’établir. Il suffit
ensuite « d’accrocher », de maintenir ce vide, pendant les autres cycles respiratoires. Avec
un peu d’entraînement, en se laissant aller, le vide mental parvient à décupler les effets des
phases précédentes.
6. L'état d'esprit au quotidien à observer
Yram n’a pas de culture philosophique particulière, mais ce qu’il décrit ressemble beaucoup
aux Fondements de la Métaphysiques des Mœurs de Kant. À savoir que, selon Kant, la
véritable métaphysique est morale : non pas la loi subjective d’une culture circonstanciée
dans l’espace et le temps, mais des maximes de sagesse qui, mises en pratique, sont
souhaitables pour tous, communément. Ce serait un peu la maxime : « Agis comme tu
aimerais que les autres agissent envers toi-même, envers la nature, le monde, etc. », et selon
les termes kantiens : « en d'autres termes, je dois toujours me conduire de telle sorte que je
puisse aussi vouloir que ma maxime devienne une loi universelle ». Selon Yram, la véritable
métaphysique est morale en ce même sens spécifique : non pas la morale humaine (la loi du
Talion, les lois d’une cité, etc.), mais la morale des nobles pensées, des nobles sentiments,
des nobles aspirations collectives, et cela en accord avec la logique « physique » des plans,
c’est-à-dire en accord avec les lois qui gouvernent ces densités des plans/fréquences. « Les
obstacles du monde invisible proviennent donc de l’infériorité relative de nos aspirations ».
« Comme l’être humain ne peut changer de dimension sans s’être dépouillé au préalable des
attractions plus inférieures, il s’ensuit que chacun reçoit exactement la puissance due à son
évolution ». « Le principe moral est là, sans aucun doute, il fait corps avec la conscience, avec
l’état oscillant de l’Éther dans lequel on exerce ses pouvoirs. N’avoir que des idées positives, des
désirs positifs, ne s’entourer que d’affections positives, telle est la morale de l’Évolution. Se
rendre positif vis-à-vis de nous-même, être positif par rapport aux gens qui nous entourent, par
rapport à la Nature, à la substance dans laquelle nous vivons, résument le moyen le plus rapide
de vivre dans les dimensions supérieures de l’Éther ».
Yram semble (en 1926) ne pas connaître non plus la pensée bouddhiste. C’est assez troublant
de constater qu’il découvre exactement les mêmes lois sur le non-attachement (en raison des
souffrances que l'attachement produit, selon la sagesse bouddhiste)... Par ailleurs, il décrit
les mêmes brumes à la frontière des plans que William Buhlman (par exemple dans son
premier livre, le plus étoffé, Voyage au-delà du corps, 1998, 2018) et, tout comme lui, il fait le
même constat au sujet des guides présents lors des voyages, etc. Les ouvrages d'Yram
dégagent une authenticité vécue certaine. On est très loin du récit romancé, beaucoup plus
proche d’une tentative d’élucidation de ce phénomène fascinant du dédoublement.
À l’adresse des impatients : « Le phénomène ne s’accomplit pas toujours immédiatement. L’on
reste parfois une heure ou deux dans un état d’énervement spécial. Les conditions d’équilibre du
corps physique, l’organisation des facultés psychologiques, les variations atmosphériques,
chaleur, humidité, sécheresse, sont autant de facteurs à considérer. Toutes les vibrations, de
quelque nature qu’elles soient, son, lumière, électricité, radiations des corps, exercent leur
influence sur la production du phénomène. Il faut donc s’attendre aux sensations les plus
contradictoires, jusqu’au jour où nous aurons déterminé les vibrations favorables à la
manifestation du phénomène ».
Ce qui montre clairement que la clé du succès est dans la persévérance et un certain état
d'esprit à travailler au quotidien. Yram critique d'ailleurs ceux qui pratiquent ces voyages
sans aucune conscience morale car le résultat est une limitation dans l'étendue de la
découverte des plans existants. S'il cherche à associer un éveil spirituel à la pratique du
dédoublement, c'est qu'il est dans l'intérêt de chacun d'évoluer et de découvrir le potentiel
infini de son esprit créateur.