Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
et grossesse
Chez le même éditeur
Du même auteur
Conduites pratiques en médecine fœtale, coordonné par A. Benachi, 2010, 336 pages.
Autres ouvrages
Chirurgie des cancers gynécologiques, « Techniques chirurgicales », D. Querleu, E. Leblanc,P. Morice,
2e édition, 2014.
Chirurgie plastique du sein, Oncologie, reconstruction et esthétique, « Techniques chirurgicales »,
J.-P. Chavoin, 2012, 228 pages.
Chirurgie du cancer du sein, Traitement conservateur, oncoplastie et reconstruction, « Techniques
chirurgicales », A. Fitoussi, 2010, 304 pages.
Guide pratique de l’échographie obstétricale et gynécologique, coordonné par G. Grangé (compléments
vidéos), 2012, 342 pages.
Obstétrique pour le praticien, coordonné par Jacques Lansac, Guillaume Magnin, Loïc Sentilhès,
6e édition, 2013, 584 pages.
Gynécologie pour le praticien, coordonné par Jacques Lansac, Pierre Lecomte, Henri Marret, 8e édition,
2013, 632 pages.
Hystéroscopie et fertiloscopie, coordonné par Hervé Fernandez, Olivier Garbin, Amélie Gervaise, 2013,
264 pages.
Sous l’égide du Collège national des
gynécologues et obstétriciens français
Conseillers éditoriaux
Philippe Descamps, François Goffinet, Brigitte Raccah-Tebeka
Pathologies maternelles
et grossesse
Coordonné par
Alexandra Benachi
Dominique Luton
Laurent Mandelbrot
Olivier Picone
Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays.
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées
dans le présent ouvrage, faite sans l'autorisation de l'éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont
autorisées, d'une part, les reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une
utilisation collective et, d'autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d'information de
l'œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
V
Pathologies maternelles et grossesse
VI
Liste des collaborateurs
VII
Pathologies maternelles et grossesse
Élodie Clouqueur, Pôle Femme Mère Nouveau- bourg, Université Lille 2, PRES Lille Nord de
né, Clinique d’obstétrique, Hôpital Jeannne de France
Flandre, CHRU, 59037 Lille Marc Dommergues, Service de gynécologie obs-
Sarah Cohen, Unité des cardiopathies congéni- tétrique, Hôpital universitaire Pitié Salpêtrière
tales, Département de cardiologie HEGP et Ser- Charles Foix, 75013 Paris ; Université Pierre et
vice de cardiologie pédiatrique, Centre de réfé- Marie Curie Paris 6
rence M3C, Hôpital Necker, 75015 Paris Marie Dreyfus, Service d’hématologie biologique,
Jacqueline Conard, Service d’hématologie biolo- Hôpital Bicêtre, GHU Paris Sud (CRPP, CRMW) ;
gique, Hôpital Cochin, 75679 Paris Cedex 14 Faculté de médecine Paris Sud
Cloé Comarmond, Service de médecine interne, Caroline Dubertret, Service de psychiatrie, Hôpi-
CHU Pitié-Salpêtrière ; Centre national de réfé- tal Louis Mourier AP-HP, 92700 Colombes ; Uni-
rence des maladies auto-immunes et systémiques versité Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité
rares ; Département hospitalo-universitaire I2B, Lê Thi Huong Du-Boutin, Centre de référence
Inflammation, Immunopathologie, Biothérapie, lupus et syndrome des antiphospholipides, Ser-
UPMC, Paris 6 vice de médecine interne, CHU Pitié-Salpêtrière,
Sophie Conquy, Service d’urologie, Hôpital 75651 Paris Cedex 13
Cochin, 75014 Paris Guillaume Ducarme, Service de gynécologie obs-
tétrique, Centre hospitalier départemental Ven-
Henri Copin, Médecine et biologie de la repro-
dée, 85000 La Roche-sur-Yon
duction, cytogénétique, Centre de gynécologie
obstétrique, CHU d’Amiens, Université Picardie Anne-Sophie Ducloy-Bouthors, Service d’anesthésie-
Jules Verne, 80054 Amiens réanimation, Pôle Mère Enfant, CHRU, Lille
Anne-Gaël Cordier, Université Paris-Sud, Ser- Hubert Ducou Le Pointe, Service de radiologie,
vice de gynécologie-obstétrique et médecine de Hôpital Trousseau, 75012 Paris
la reproduction, Hôpital Antoine Béclère, 92140 Lise Duranteau, Centre de Référence des mala-
Clamart dies rares du développement sexuel ; Pôle FAME,
Sophie Cordiez, Pôle Femme Mère Nouveau- Hôpitaux Universitaires Paris Sud (Bicêtre)
né, Clinique d’obstétrique, Hôpital Jeannne de & Université Paris XI
Flandre, CHRU, 59037 Lille Fadi Fakhouri, Service de gynécologie obsté-
trique, CHU, 44000 Nantes
Nathalie Costedoat-Chalumeau, Centre de
référence maladies auto-immunes et systé- Hervé Fernandez, AP-HP, CHU Bicêtre, Service
miques rares, Service de médecine interne, Pôle de gynécologie-obstétrique, 94275 Le Kremlin-
médecine, Hôpital Cochin, AP-HP, 75679 Paris Bicêtre ; CESP-Inserm U1018, Reproduction et
Cedex 14 développement de l’enfant, 94276 Le Kremlin-
Bicêtre Cedex ; Université Paris-Sud, 94276 Le
Emile Daraï, Service de gynécologie obstétrique
Kremlin-Bicêtre Cedex
et médecine de la reproduction, Hôpital Tenon,
75020 Paris Hélène Ferrand, Service des maladies infectieuses,
Hôpital Bichat Claude Bernard, 75018 Paris
Amélie Delabaere, CHU Clermont-Ferrand,
Pôle de gynécologie-obstétrique reproduction Julia Filippova, Service d’anesthésie, CHU
humaine, CHU Estaing, 63003 Clermont-Ferrand Louis Mourier, AP-HP, Université Paris 7, 92701
Cedex 1 ; Clermont Université, Université d’Au- Colombes Cedex
vergne, R2D2-EA7281, Faculté de Médecine, Renato Fior, Service médecine interne et immu-
63000 Clermont-Ferrand nologie clinique, Hôpital Antoine Béclère, AP-HP,
Philippe Deruelle, Pôle Femme, mère, nouveau- Université Paris-Sud, 92140 Clamart
né, Maternité Jeanne de Flandre, CHRU de Lille ; Michael Frank, Centre de référence des maladies
UPRES EA 4489, Environnement périnatal et vasculaires rares, Hôpital Européen Georges-
croissance, Faculté de médecine Henri Warem- Pompidou, 75016 Paris
VIII
Liste des collaborateurs
Diane Friedman, Service de réanimation médicale, Véronique Houfflin-Debarge, Pôle Femme Mère
Hôpital Raymond-Poincaré, AP-HP, 92380 Garches Nouveau-né, Clinique d’obstétrique, Hôpital
Frédéric Galacteros, Centre de référence syndromes Jeannne de Flandre, CHRU, 59037 Lille
drépanocytaires majeurs, Unité des Maladies géné- Lucile Houyel, Centre chirurgical Marie-
tiques du Globule Rouge, Hôpital Henri-Mondor, Lannelongue, 92350 Le Plessis-Robinson
AP-HP, 94000 Créteil Justine Hugon-Rodin, Unité de gynécologie
Denis Gallot, CHU Clermont-Ferrand, Pôle de endocrinienne, Hôpital Port-Royal, 75014 Paris
gynécologie-obstétrique reproduction humaine, Marc Humbert, Université Paris-Sud, Service de
CHU Estaing, 63003 Clermont-Ferrand Cedex 1 ; pneumologie, Centre de référence de l’hyperten-
Clermont Université, Université d’Auvergne, R2D2- sion pulmonaire sévère, Hôpital Bicêtre, 94270 Le
EA7281, Faculté de Médecine, 63000 Clermont- Kremlin-Bicêtre
Ferrand
Laurence Iserin, Unité des cardiopathies congé-
Gilles Garcia, Service d’explorations fonction- nitales, Département de cardiologie HEGP et Ser-
nelles respiratoires, Clinique de l’asthme sévère ; vice de cardiologie pédiatrique, Centre de réfé-
Université Paris-Sud, Faculté de Médecine, 94270 rence M3C, Necker, 75015 Paris
Le Kremlin-Bicêtre
Bernard Iung, Département de cardiologie, hôpi-
Jean-Yves Gauvrit, Service de neuroradiologie tal Bichat, Paris ; 3. Université Paris Diderot
interventionnelle, Pôle d’imagerie, CHU Pont-
Chaillou, 35000 Rennes Xavier Jaïs, Université Paris-Sud, Service de pneu-
mologie, Centre de Référence de l’Hypertension
Anne Gervais, Service de gynécologie-
Pulmonaire Sévère, Hôpital Bicêtre, 94270 Le
obstétrique, CHU Louis Mourier, AP-HP, Uni-
Kremlin-Bicêtre
versité Paris-Diderot, 92700 Colombes
Bérangère Joly, Service d’Hématologie biolo-
Robert Girot, Service d’hématologie – gynécologie
gique, Hôpital Louis Mourier, AP-HP, Université
obstétrique, Hôpital Tenon, 75020 Paris
Paris 7, Colombes
Bertrand Godeau, Centre de référence des cyto-
Guillaume Jondeau, Centre de référence Marfan,
pénies auto-immunes de l’adulte, Service de
Service de cardiologie, Groupe hospitalier Bichat
médecine interne, CHU Henri Mondor, APHP,
Claude-Bernard, AP-HP, 75018 Paris
UPEC, 94010 Créteil
Gilles Grangé, Maternité Port-Royal, 75014 Paris ; Jean-Emmanuel Kahn, Service de médecine
AP-HP, CNGOF, SFT interne, Hôpital Foch, 92151 Suresnes
Dominique Grenet, Service de pneumologie, Gilles Kayem, Service de gynécologie-obstétrique,
Hôpital Foch, 92151 Suresnes Hôpital Louis Mourier, AP-HP, Université Paris 7,
Colombes
Lionel Groussin, Service d’endocrinologie et mala-
dies métaboliques, Hôpital Cochin, 75014 Paris Hawa Keita, Service d’Anesthésie Réanimation,
Hôpital Louis Mourier, AP-HP, Université Paris
Gaëlle Guettrot-Imbert, Université René-Descartes, 7, Colombes
Centre de référence des maladies auto-immunes et
systémiques rares, Service de médecine interne, Pôle Valentin Keller, Service de gynécologie obsté-
médecine, Hôpital Cochin, AP-HP, 75014 Paris trique, Hôpital Foch, 92151 Suresnes
Anoosha Habibi, Centre de référence syndromes Magalie Ladouceur, Unité des cardiopathies congé-
drépanocytaires majeurs, Unité des Maladies nitales, Département de cardiologie HEGP et Ser-
génétiques du Globule Rouge, Hôpital Henri vice de cardiologie pédiatrique, Centre de référence
Mondor, AP-HP, 94000 Créteil M3C, Hôpital Necker, 75015 Paris
Smail Hadj-Rabia, Service de dermatologie, Hôpi- Hélène Legardeur, Service de gynécologie-
tal Necker, 75015 Paris ; Université Paris-Descartes obstétrique, CHU Louis Mourier , AP-HP, Uni-
versité Paris-Diderot, 92700 Colombes
Olivier Hermine, Service d'hématologie, Hôpi-
tal Necker-Enfants malades, Université Paris Véronique Le Guern, Université de Clermont-
Descartes, 75015 Paris Ferrand, 63003 Clermont-Ferrand, Service de
IX
Pathologies maternelles et grossesse
médecine intrene, CHU Hôpital Montpied, 63003 tal Antoine Béclère, AP-HP, Université Paris-Sud,
Clermont-Ferrand 92140 Clamart
Claude Lejeune, Hôpital mère enfant de l'est pari- Jacky Nizard, Service de gynécologie obstétrique,
sien, 75011 Paris GH Pitié-Salpêtrière, UPMC, Paris 6
Claire Le Jeunne, Service de médecine interne, Roseline d’Oiron, CRTH, Hôpital Bicêtre, GHU
Hôpital Cochin, 75014, Paris Paris Sud (CRMH)
Camille Le Ray, Maternité Port-Royal, Univer- Violaine Ozenne, Service d’hépato-gastro-
sité Paris Descartes, DHU Risques et Grossesse, entérologie, Hôpital Lariboisière, AP-HP, Paris et
Groupe hospitalier Cochin Broca Hôtel-Dieu, Université Paris 7
AP-HP, 75014 Paris Gabriel Perlemuter, Service d’hépato- gastro
Dominique Luton, Service de gynécologie obsté- entérologie, Hôpital Antoine Béclère, AP-HP, 92140
trique, Hôpital Beaujon, AP-HP, Université Paris Clamart, France ; Université Paris-Sud, Faculté de
VII, 92110 Clichy Médecine Paris-Sud, 94270 Le Kremlin-Bicêtre
Lynda Manamani-Bererhi, Service de transplan- Brigitte Perrouin-Verbe, Service de médecine
tation rénale, Hôpital Necker, 75015 Paris physique et de réadaptation, CHU Nantes, Uni-
Laurent Mandelbrot, Service de gynécologie- versité de Nantes
obstétrique, CHU Louis Mourier, APHP, Univer- Franck Perrotin, Service d’obstétrique et méde-
sité Paris-Diderot, 92700 Colombes cine fœtale, CHU Bretonneau, 37044 Tours Cedex
Isabelle Marie, Département de médecine interne, Edith Peynaud-Debayle, Service d’hématologie
CHU de Rouen, 76031 Rouen Cedex biologique, Hôpital Louis Mourier, AP-HP, Uni-
Sophie Matheron, Service des maladies infec- versité Paris 7, Colombes
tieuses et tropicales, Hôpital Bichat-Claude Ber- Henri-Jean Philippe, CPCA, Groupe hospitalier
nard, Université Paris 7, Sorbonne Paris Cité Paris Centre, 75014 Paris
Amandine Maulard, Service de gynécologie obs- Clément Picard, Service de pneumologie, Hôpital
tétrique et médecine de la reproduction, Hôpital Foch, 92151 Suresnes
Tenon, 75020 Paris Olivier Picone, Service de gynécologie obsté-
Nadia Merbai, Service d’anesthésie, CHU Louis trique du Pr Ayoubi, Hôpital Foch, 92150 Suresnes
Mourier, AP-HP, Université Paris 7, 92701 Colombes Marie Pigeyre, UMR U 859, Faculté de médecine
Cedex Henri Warembourg, Université Lille 2, PRES Lille
Emmanuel Messas, Médecine vasculaire, Centre Nord de France ; Pôle médico-chirurgical, Hôpi-
de référence des maladies vasculaires rares, Hôpi- tal Huriez, CHRU de Lille
tal Européen Georges-Pompidou, 75015 Paris Pierre-François Plouin, Université Paris Des-
Sandra De Miranda Service de pneumologie, cartes, Sorbonne Paris Cité, AP-HP, Hôpital
Hôpital Foch, 92151 Suresnes Européen Georges-Pompidou, unité d’hyperten-
Stéphanie Morgant, Service d’hépato-sion artérielle, 75908 Paris Cedex 15
gastroentérologie, Hôpital Antoine Béclère, Geneviève Plu-Bureau, Unité de gynécologie
AP-HP, 92140 Clamart endocrinienne, Hôpital Port-Royal, 75014 Paris
Simon Msika, Service de chirurgie digestive, Laura Polivka, Service de dermatologie, Hôpital
CHU Louis Mourier, AP-HP, Université Paris Necker, 75015 Paris ; Université Paris-Descartes
Diderot (Paris 7), PRES Sorbonne Cité, 92700 Patrice Poulain, Service d’obstétrique, Pôle obs-
Colombes tétrique gynécologie, biologie de la reproduction,
Sophie Nebout, Service d’anesthésie, CHU Louis Hôpital Sud, CHU, 35000 Rennes
Mourier, AP-HP, Université Paris 7, 92701 Colombes Marie de Pradier, Hôpital Louis Mourier AP-HP,
Cedex 92700 Colombes
Sophie Nedellec, Service de gynécologie- Brigitte Raccah-Tebeka, Service de gynécologie
obstétrique et médecine de la reproduction, Hôpi- obstétrique, Hôpital Robert-Debré, 75019 Paris
X
Liste des collaborateurs
XI
Liste des abréviations
XIII
Pathologies maternelles et grossesse
XIV
Physiologie-généralités Chapitre 1
1
Pathologies maternelles et grossesse
2
Chapitre 1. Physiologie-généralités
3
Pathologies maternelles et grossesse
4
Chapitre 1. Physiologie-généralités
Modifications hématologiques
Modifications de la coagulation
Hémoglobine ↓ La grossesse normale s'accompagne d'un état
Hématocrite ↓ d'hypercoagulabilité avec une augmentation du
Ferritine ↓ fibrinogène et des facteurs VII, VIII et X, une
Globules blancs ↑ diminution de l'activité fibrinolytique de l'ATIII
Polynucléaires neutrophiles ↑
et de la protéine S.
5
Pathologies maternelles et grossesse
6
Chapitre 1. Physiologie-généralités
d'autres sucres (lactose, fructose, xylose) est Il existe une alcalose respiratoire due à
également augmentée pendant la grossesse et l'hyperventilation avec une PaCO2 autour de
une lactosurie est présente chez 50 % des femmes 31 mmHg (normes à 37–40 mmHg). Malgré
enceintes à terme. Il existe une protéinurie l'hyperventilation, le pH reste à peu près stable
physiologique, pouvant aller jusqu'à 300 mg/ du fait d'une excrétion urinaire accrue de bicar-
24 heures. bonates, compensant l'alcalose gazeuse. Il y a
Augmentation de la clairance de l'acide urique : donc un déficit basique de 3 à 4 mEq/L à cause
les valeurs de l'uricémie diminuent de 25 % en d'une diminution du taux plasmatique de bicar-
moyenne, notamment en début de grossesse et bonates.
tendent à retourner à leur valeur basale au 3e tri- Une autre conséquence de l'hyperventilation
mestre. Cela est probablement lié aux modifica- est l'augmentation de la PaO2 qui est supérieure à
tions du DFG. 100 mmHg pendant toute la grossesse.
Diminution de la concentration plasmatique de Il y a peu de changement des électrolytes à part
la créatinine et de l'urée : liée à l'augmentation du les bicarbonates. La natrémie diminue légèrement.
DFG. Ainsi, des valeurs considérées comme nor- La calcémie totale est un peu abaissée en rapport
males dans la population générale peuvent refléter avec la diminution de l'albuminémie alors que la
une pathologie rénale chez une femme enceinte, à calcémie ionisée est inchangée.
partir d'une créatininémie > à 70 micromol/L ou Il existe une hypoprotidémie et une hypoal-
une urémie > 4 micromol/L. buminémie en fin de grossesse (respectivement
Modifications des volumes liquidiens : l'aug- 60 g/L et 30 g/L) liée à l'hyperhydratation extra-
mentation de l'eau totale est de l'ordre de 7,5 kg. cellulaire.
La majeure partie de cette eau est intracellulaire, Les taux de α1, α2 et β-globulines sont augmen-
mais il existe une expansion associée des volumes tés, le taux de γ-globulines est inchangé.
extracellulaires. Le volume plasmatique augmente Le dosage de l'α-fœtoprotéine est évidemment
de 50 % pendant la grossesse soit en moyenne de augmenté à cause de la production fœtale et n'a
1,2 litre et l'eau interstitielle de 1,7 litre. Cette donc aucun intérêt pour les diagnostics de cancé-
hypervolémie est perçue comme normale par les rologie chez une femme enceinte.
récepteurs volémiques d'où l'inutilité des diuré- La vitesse de sédimentation augmente à partir
tiques ou de la restriction sodée. de 6 SA. Ainsi, sa mesure ne doit pas être réalisée
L'osmolarité plasmatique diminue d'à peu près pendant la grossesse ni le post-partum. La CRP
10 mOsm/kg H2O du fait de la baisse de l'urée n'est pas modifiée par la grossesse.
sanguine, une baisse modérée de la natrémie et
une diminution du seuil osmotique de la soif.
Modifications immunologiques
Modifications biochimiques
• IgG ↓
• Gaz du sang • IgM et IgA stables
– PaO2↑ PaCO2↓ (pression alvéolaire) • Complément C3-C4 et CH50 ↑
– P CO2 artérielle ↓
– pH à peu près stable
• Électrolytes : HCO3- ↓ Le taux d'IgG qui est normal en début de gros-
• Protides totaux ↓ sesse, baisse aux 2e et 3e trimestres, tandis que les
• Albumine ↓ taux d'IgM et IgA ne subissent que peu de varia-
• α1, α2, β-globulines ↑ tions. La diminution des IgG pourrait s'expliquer
• γ-globulines inchangées par l'hémodilution mais aussi par leur passage à
• α-fœtoprotéine ↑ travers le placenta, ce qui n'est pas le cas des IgM,
• Vitesse de sédimentation ↑ ni des IgA. Les fractions C3-C4 et CH50 augmen-
• CRP inchangée
tent en fin de grossesse.
7
Pathologies maternelles et grossesse
8
Chapitre 1. Physiologie-généralités
(Suite)
9
Pathologies maternelles et grossesse
Tableau 1.3. Suite.
10
Chapitre 1. Physiologie-généralités
La TSH s'abaisse au 1er trimestre du fait de son est atteint au 3etrimestre de grossesse (en moyenne
homologie structurale avec l'hCG qui développe 2,85 g/L) et le retour aux concentrations prégravi-
un effet thyréostimulant. En pratique, une dimi- diques s'effectue, en général, six semaines après la
nution de la TSH s'observe en début de grossesse délivrance. Ces modifications sont directement
chez 10 à 20 % des femmes enceintes euthyroï- en rapport avec une augmentation de la synthèse
diennes. Il ne faut alors pas méconnaître une hépatique des lipoprotéines de très basse densité,
hyperthyroïdie qui se traduirait par l'augmenta- transporteurs des triglycérides endogènes. Une
tion de la fraction libre de la T4 et de la T3. forte corrélation a été établie entre triglycérides
Les besoins en iode augmentent pendant la plasmatiques et œstrogènes.
grossesse pour faire face aux productions d'hor- Cholestérol : les concentrations plasmatiques
mones thyroïdiennes maternelles et fœtales. L'io- de cholestérol subissent des variations moindres :
durie reflète l'apport quotidien en iode. L'apport elles sont en augmentation de 50 à 60 % par rap-
en iode doit dépasser 175 à 200 μg par jour pour port à la période prégravidique dues à l'augmen-
assurer une fonction thyroïdienne maternelle et tation des lipoprotéines de très basse et de basse
fœtale satisfaisante. densité, sous l'effet stimulant des œstrogènes.
L'hormone placentaire lactogène, synthétisée
par le placenta, est responsable d'un accroisse-
ment de la lipolyse tissulaire caractéristique de
Métabolisme des hydrates la deuxième moitié de la grossesse, augmentant
de carbone et lipides ainsi le taux d'acide gras libres.
11
Pathologies maternelles et grossesse
Points clés
Une bonne connaissance et une prise en
Modifications physiologiques
compte des adaptations physiologiques, anato- et anatomiques de la grossesse
miques et pharmacologiques liées à la grossesse- et implications anesthésiques [2]
sont indispensables à la sécurité maternelle.
La femme enceinte doit être considérée
Modifications de l'appareil
comme une patiente avec « estomac plein »
dès 16 semaines d'aménorrhée. circulatoire
Les besoins anesthésiques sont significa- Sous l'influence de l'imprégnation œstrogénique,
tivement diminués chez la femme enceinte le débit cardiaque augmente de 40 % environ en
quelle que soit la voie d'administration. lien avec l'augmentation de l'inotropisme, du
Pour la femme enceinte, le risque associé volume d'éjection systolique de l'ordre de 10 à
à l'anesthésie générale est supérieur à celui
15 mL et de la fréquence cardiaque de 10 à 15 bat-
associé à l'anesthésie locorégionale.
tements par minute [3]. Sur le plan anatomique,
il existe une augmentation adaptée du ventricule
gauche [3].
La sécurité maternelle passe par une bonne Le volume plasmatique augmente de 1 250 mL
connaissance et une prise en compte des adap- en moyenne et n'est pas corrélé à l'augmentation
tations physiologiques, anatomiques et phar- de la masse érythrocytaire qui varie de 240 à
macologiques liées à la grossesse [1]. Celle du 400 mL. Il en résulte une hémodilution rela-
fœtus passe par une prise en compte des risques tive responsable de l'anémie physiologique de la
tératogènes, prédominant au 1er trimestre de la grossesse. De même, le taux de protides baisse de
grossesse, mais également du risque d'hypoxie 10 g/L en moyenne, en majeure partie aux dépens
fœtale, de fausses couches ou d'accouchements de l'albuminémie avec une chute de la pression
prématurés. oncotique du plasma qui passe de 28 à 22 mmHg
12
Chapitre 1. Physiologie-généralités
en fin de grossesse [3]. Cette augmentation du Les modifications ventilatoires en cours de gros-
volume plasmatique est due à une rétention hydro- sesse sont marquées par une augmentation pro-
sodée sous l'influence de plusieurs facteurs, parmi gressive de la ventilation minute, jusqu'à 40 % par
lesquels l'élévation de toutes les composantes du augmentation du volume courant, alors que de la
système rénine-angiotensine-aldostérone, l'hy- fréquence ventilatoire reste sensiblement la même
perœstrogénisme qui a un rôle antinatriurétique à 14–15 cycles par minute. Il existe une diminu-
rénal direct ainsi que l'augmentation de la pro- tion importante de la capacité résiduelle fonction-
duction hépatique de rénine. Le décubitus a un nelle (CRF) de 500 mL environ. La diminution de
rôle également puissamment antinatriurétique en la CRF raccourcit certes le temps de dénitrogéna-
cours de grossesse [3]. Le volume extracellulaire tion et permet une pré-oxygénation plus rapide à
augmente dans ses deux composantes, plasma- l'induction en urgence, mais elle raccourcit égale-
tique et interstitielle, mais avec un rapport volume ment considérablement le temps d'apnée et donc la
plasmatique/volume interstitiel qui s'accroît [3]. marge de sécurité fournie pour la gestion des voies
Sous l'effet de la progestérone, les résistances aériennes à l'induction de l'anesthésie générale.
vasculaires artérielles périphériques diminuent Ce temps d'apnée particulièrement court ainsi
considérablement, jusqu'à 33 % de leur valeur de que le fait que la parturiente doit être considérée
base. Cela est responsable d'une diminution de la à « estomac plein » imposent la réalisation d'une
pression artérielle, plus marquée sur sa composante induction à séquence rapide associant un hypno-
diastolique induisant ainsi un élargissement de la tique à la succinylcholine, avec réalisation d'une
différentielle, alors même que le débit cardiaque et manœuvre de Sellick [7].
la volémie sont augmentés. En décubitus dorsal, la La rétention hydrosodée est responsable d'un
compression cave exercée par l'utérus gravide est œdème muqueux. Ce phénomène semble d'au-
responsable d'une baisse du retour veineux avec tant plus important qu'il existe une hypertension
défaut de remplissage des cavités droites, sympto- artérielle gravidique ou une pré-éclampsie. La
matique chez environ 10 % des patientes à termes, littérature médicale compte un grand nombre
qui présentent alors des malaises, lipothymies ou de descriptions de cas d'intubation difficile (ID)
syncopes [4] et pouvant aller jusqu'au désamorçage [8–11], voire impossible [12] ou d'obstruction des
de la pompe cardiaque [5]. Ce dernier point associé voies aériennes supérieures (VAS) à l'extubation
à l'augmentation de la consommation d'oxygène [10, 13, 14] en lien avec cette infiltration œdé-
au cours de l'accouchement peut être responsable mateuse pharyngo-laryngée. Cette réduction du
d'une baisse rapide de la pression artérielle et de diamètre de la filière laryngée fait classiquement
la saturation en oxygène au cours de l'induction recommander l'usage de sonde de petit diamètre
de l'anesthésie générale. Un positionnement adé- chez la femme enceinte (6–6,5 mm) [15]. De plus,
quat avec un déplacement à gauche de l'utérus gra- il s'accompagne d'une hyperhémie qui rend toute
vide est recommandé pour éviter l'hypotension du manipulation des voies aériennes supérieures à
syndrome aorto-cave et ce dès le 2e trimestre. Les risque de saignement, ce qui peut compromettre
valeurs de fréquence cardiaque et de débit cardiaque la visualisation en cours de geste.
reviennent au niveau pré-partum dès la fin de la pre-
mière heure après l'expulsion, la pression artérielle
et le volume d'éjection systolique font de même dans
Modifications de l'appareil digestif
les 24 heures. En revanche, l'adaptation circulatoire Le fonctionnement global de l'appareil diges-
gestationnelle n'est résolutive que très progressive- tif est ralenti au cours de la grossesse, du fait de
ment, en 12 à 24 semaines selon les paramètres [6]. l'action de la progestérone sur les muscles lisses
[3]. L'utérus gravide refoule l'estomac et le duo-
Modifications de l'appareil dénum. Il existe une baisse du tonus du sphinc-
respiratoire ter inférieur de l'œsophage et une augmentation
de la fréquence du reflux gastro-œsophagien
Les modifications anatomiques respiratoires [16]. La sécrétion gastrique est accrue. Concer-
associent un élargissement du thorax avec élé- nant la vidange gastrique, bien que des données
vation des côtes inférieures et augmentation de contradictoires existent dans la littérature [17],
l'angle sous-costal. il ne semble pas exister de ralentissement de la
13
Pathologies maternelles et grossesse
vidange gastrique quel que soit l'âge de la gros- Tous les agents anesthésiques à un degré plus
sesse [18, 19]. Au cours du travail obstétrical en ou moins important affectent les signaux intra et
revanche, ce ralentissement de la vidange gastrique intercellulaires et ont des effets démontrés sur la
est observé [18]. L'ensemble de ces éléments contri- mitose cellulaire et la synthèse de l'ADN [31]. Ces
bue à considérer que la femme enceinte se présente systèmes de signalisation intracellulaires étant lar-
comme une patiente avec « estomac plein » dès gement impliqués dans la différenciation cellulaire
16 semaines d'aménorrhée (SA). et l'organogenèse, les agents anesthésiques sont
La prévention de l'inhalation pulmonaire de donc en théorie tous potentiellement tératogènes.
liquide gastrique est recommandée en obsté- Pour autant, le risque tératogène est déterminé par
trique [7, 15]. Ce sujet fait l'objet d'une revue de la d'autres paramètres comme la dose administrée, la
Cochrane database [20]. Lorsqu'un seul agent est durée d'administration et le moment de l'adminis-
utilisé, les antiacides sont supérieurs aux anti-H2 tration par rapport au terme de la grossesse. En rai-
qui sont supérieurs aux inhibiteurs de la pompe à son des limites éthiques et également des contraintes
proton pour réduire le pH gastrique à l'induction. méthodologiques secondaires au nombre très
La forme combinée antiacide anti-H2 est supé- important de femmes enceintes à inclure pour
rieure aux antiacides utilisés seuls [20]. déterminer les risques fœtaux de l'anesthésie, les
études prospectives ne sont pas réalisables. De fait,
Autres modifications la plupart des données disponibles proviennent
physiologiques d'études animales, de cas ou de petites séries sur des
expositions accidentelles de femmes enceintes ou
La grossesse est à l'origine d'une d'hypercoagu- encore de registres. Si la plupart des agents anesthé-
labilité avec une augmentation de la plupart des siques ont été décrits comme étant tératogènes chez
facteurs de la coagulation. Cet état d'hypercoa- plusieurs espèces animales, et ce à forte concentra-
gulabilité place la femme enceinte dans un risque tion ou après une administration directe au fœtus,
plus élevé de complications thromboemboliques. ces agents sont sans risque dans les conditions d'uti-
Selon le contexte, des mesures de prophylaxie lisation clinique.
adéquate devront être prises. La prévention de l'hypoxie fœtale pendant la
chirurgie et l'anesthésie sera un élément détermi-
nant de la prise en charge pour limiter le risque fœtal.
Modifications pharmacologiques Pour cela, le maintien d'une oxygénation et d'une
hémodynamique maternelle satisfaisante sera une
de la grossesse et implications priorité. La prévention des épisodes d'hypoxie, d'hy-
anesthésiques per- ou d'hypocapnie, d'hypotension maternelle ou
d'hypertonie utérine sera indispensable. Ces précau-
Les besoins anesthésiques sont significativement tions sont très certainement plus importantes que la
diminués chez la femme enceinte quelle que soit problématique de la tératogénicité des agents anes-
la voie d'administration [21–24]. thésiques. Le maintien d'une pression artérielle sys-
Ceci s'explique par des phénomènes hormo- témique maternelle normale est d'une importance
naux mais également par les effets mécaniques de primordial en raison de la dépendance passive de la
l'utérus gravide [25, 26]. Les curares non dépola- circulation utéroplacentaire. En situation normale,
risants ont une durée d'action prolongée alors que les artères spiralées sont dilatées au maximum. De
celle des curares dépolarisants n'est pas modifiée fait, une réduction de la pression artérielle mater-
par la grossesse [27, 28]. nelle est responsable d'une baisse du débit sanguin
utéroplacentaire et d'une asphyxie fœtale. En dehors
des cas d'insuffisance rénale ou de pathologie car-
Risques fœtaux et anesthésie diaque maternelle sévère, un remplissage vasculaire
est adapté pour traiter cette situation. De même, le
Les données sur les risques fœtaux liés à l'anesthésie recours aux vasopresseurs pour contrôler la pression
au cours de la grossesse font l'objet de controverses artérielle maternelle, que se soit avec l'éphédrine ou
dans la littérature [29, 30]. Les risques tératogènes la néosynéphrine, est recommandé et sécuritaire au
sont prédominants au 1er trimestre de la grossesse. cours de la grossesse [32].
14
Chapitre 1. Physiologie-généralités
15
Pathologies maternelles et grossesse
[22] Strout CD, Nahrwold ML. Halothane requirement Agoston S, Benzer A. Extended duration of action of
during pregnancy and lactation in rats. rocuronium in postpartum patients. Anesth Analg
Anesthesiology 1981 ; 55 : 322–3. 1997 ; 84 : 352–4.
[23] Gin T, Mainland P, Chan MT, Short TG. Decreased [29] Duncan PG, Pope WD, Cohen MM, Greer N. Fetal
thiopental requirements in early pregnancy. risk of anesthesia and surgery during pregnancy.
Anesthesiology 1997 ; 86 : 73–8. Anesthesiology 1986 ; 64 : 790–4.
[24] Datta S, Migliozzi RP, Flanagan HL, Krieger NR. [30] Mazze RI, Kallen B. Reproductive outcome after
Chronically administered progesterone decreases anesthesia and operation during pregnancy : a
halothane requirements in rabbits. Anesth Analg registry study of 5405 cases. Am J Obstet Gynecol
1989 ; 68 : 46–50. 1989 ; 161 : 1178–85.
[25] Datta S, Lambert DH, Gregus J, Gissen AJ, Covino [31] Langmoen IA, Larsen M, Berg-Johnsen J. Volatile
BG. Differential sensitivities of mammalian nerve anaesthetics : cellular mechanisms of action. Eur J
fibers during pregnancy. Anesth Analg 1983 ; 62 : Anaesthesiol 1995 ; 12 : 51–8.
1070–2. [32] Ngan Kee WD, Khaw KS. Vasopressors in obstetrics :
[26] Fagraeus L, Urban BJ, Bromage PR. Spread of epidu- what should we be using ? Curr Opin Anaesthesiol
ral analgesia in early pregnancy. Anesthesiology 2006 ; 19 : 238–43.
1983 ; 58 : 184–7. [33] Cooper GM, McClure JH. Maternal deaths from
[27] Khuenl-Brady KS, Koller J, Mair P, Puhringer F, anaesthesia. An extract from Why Mothers Die
Mitterschiffthaler G. Comparison of vecuronium- 2000–2002, the Confidential Enquiries into
and atracurium-induced neuromuscular blockade in Maternal Deaths in the United Kingdom : Chapter 9 :
postpartum and nonpregnant patients. Anesth Anaesthesia. Br J Anaesthesia 2005 ; 94 : 417–23.
Analg 1991 ; 72 : 110–3. [34] Hawkins JL. Anesthesia-related maternal mortality.
[28] Puhringer FK, Sparr HJ, Mitterschiffthaler G,
Clin Obstet Gynecol 2003 ; 46 : 679–87.
16
Maladies de système Chapitre 2
17
Pathologies maternelles et grossesse
18
Chapitre 2. Maladies de système
19
Pathologies maternelles et grossesse
20
Chapitre 2. Maladies de système
21
Pathologies maternelles et grossesse
22
Chapitre 2. Maladies de système
[8] Bramham K, Hunt BJ, Bewley S, Germain S, Calatayud I, [15] Moak JP, Barron KS, Hougen TJ, Wiles HB, Balaji S,
Khamashta MA, et al. Pregnancy outcomes in syste- Sreeram N, et al. Congenital heart block : develop-
mic lupus erythematosus with and without previous ment of late-onset cardiomyopathy, a previously
nephritis. J Rheumatol 2011 ; 38 : 1906–13. underappreciated sequela. J Am Coll Cardiol 2001 ;
[9] Gladman DD, Tandon A, Ibanez D, Urowitz MB. 37 : 238–42.
The effect of lupus nephritis on pregnancy outcome [16] Ruiz-Irastorza G, Khamashta MA, Gordon C,
and fetal and maternal complications. J Rheumatol Lockshin MD, Johns KR, Sammaritano L, et al.
2010 ; 37 : 754–8. Measuring systemic lupus erythematosus activity
[10] Izmirly Peter MSA, Kim Mimi S, Dan Wang, during pregnancy : validation of the lupus activity
SahlSara K, Carolina Llanos, Friedman Deborah M, index in pregnancy scale. Arthritis Rheum 2004 ; 51 :
et al. Maternal and Fetal Factors Associated with 78–82.
Mortality and Morbidity in a Multi-Racial/Ethnic [17] McCrae KR. Thrombocytopenia in pregnancy.
Registry of Anti-SSA/Ro Associated Cardiac Hematol Am Soc Hematol Educ Program 2010 ; 2010 :
Neonatal Lupus. Circulation 2011 ; 1927–35. 397–402.
[11] Costedoat-Chalumeau N, Amoura Z, Villain E, Cohen L, [18] Izmirly PM, Costedoat-Chalumeau N, Pisoni CN,
Fermont L, Le Thi Huong D, et al. Prise en charge obsté- Khamashta MA, Kim MY, Saxena A, et al. Maternal
tricale des patientes à risque de lupus néonatal. J Gynecol use of hydroxychloroquine is associated with a
Obstet Biol Reprod (Paris) 2006 ; 35 : 146–56. reduced risk of recurrent anti-SSA/Ro-antibody-
[12] Sonesson SE, SAlomonsson S, Jacobsson LA, associated cardiac manifestations of neonatal lupus.
Bremme K, Wahren-Herlenius M. Signs of first- Circulation 2012 ; 126 : 76–82.
degree heart block occur in one-third of fetuses of [19] Askanase AD, Friedman DM, Copel J, Dische MR,
pregnant women with anti-SSA/Ro 52-kd antibodies. Dubin A, Starc TJ, et al. Spectrum and progression of
Arthritis Rheum 2004 ; 50 : 1253–61. conduction abnormalities in infants born to mothers
[13] Guettrot-Imbert G, Cohen L, Fermont L, Villain E, with anti-SSA/Ro-SSB/La antibodies. Lupus 2002 ;
Frances C, Thiebaugeorges O, et al. A new presentation of 11 : 145–51.
neonatal lupus : 5 cases of isolated mild endocardial [20] Motta M, Tincani A, Faden D, Zinzini E, Lojacono A,
fibroelastosis associated with maternal Anti-SSA/Ro and Marchesi A, et al. Follow-up of infants exposed to
Anti-SSB/La antibodies. J Rheumatol 2011 ; 38 : 378–86. hydroxychloroquine given to mothers during pre-
[14] Nield LE, Silverman ED, Smallhorn JF, Taylor GP, gnancy and lactation. J Perinatol 2005 ; 25 : 86–9.
Mullen JB, Benson LN, et al. Endocardial fibroelas- [21] Ostensen M, Khamashta M, Lockshin M, Parke A,
tosis associated with maternal anti-Ro and anti-La anti- Brucato A, Carp H, et al. Anti-inflammatory and
bodies in the absence of atrioventricular block. J Am immunosuppressive drugs and reproduction.
Coll Cardiol 2002 ; 40 : 796–802. Arthritis Res Ther 2006 ; 8 : 209.
23
Pathologies maternelles et grossesse
Les critères internationaux utilisés pour définir faibles, sans association démontrée à un mauvais
le syndrome des antiphospholipides (SAPL) sont pronostic obstétrical [2].
définis dans le tableau 2.3 [1]. Sa recherche est nécessaire chez les patientes
ayant un lupus connu ou une anomalie clinique ou
biologique faisant évoquer un SAPL. La possibilité
Quand rechercher une biologie d'un SAPL séronégatif doit être envisagée [3].
antiphospholipides chez une
femme enceinte ?
Manifestations obstétricales du
Il n'est pas justifié de rechercher une biologie syndrome des antiphospholipides
antiphospholipides (APL) chez toutes les femmes
enceintes : les APL sont présents chez environ 3 à Les complications maternelles sont les événe-
5 % de la population féminine à des taux souvent ments thromboemboliques, la pré-éclampsie,
l'éclampsie, l'hématome rétroplacentaire, le
HELLP syndrome (Hemolysis, Elevated Liver
Tableau 2.3. Consensus international
enzymes, Low Platelet count), le syndrome
sur les critères de classification du SAPL [1].
catastrophique des antiphospholipides (CAPS).
Critères cliniques Les risques fœtaux sont les fausses couches
spontanées, la mort fœtale, le retard de crois-
1. Thrombose vasculaire (artérielle, veineuse
ou microcirculatoire)
sance intra-utérin (RCIU) et la prématurité [4].
≥ 1 épisode clinique confirmé par l'imagerie
ou l'histologie à l'exception des phlébites superficielles Fausses couches spontanées
2. Morbidité obstétricale
précoces répétées (< 10 SA)
≥ 1 mort fœtale inexpliquée d'un fœtus
morphologiquement normal à partir de 10 SA et morts fœtales
OU En cas de trois fausses couches spontanées pré-
≥ 1 naissance prématurée d'un nouveau-né coces (FCS) consécutives, 10 à 20 % des femmes
morphologiquement normal avant la 34e semaine ont une biologie APL [4].
d'aménorrhée due à une pré-éclampsie sévère ou une
insuffisance placentaire*
OU Pré-éclampsie
≥ 3 fausses couches consécutives inexpliquées avant La positivité de la biologie APL augmente signifi-
10 SA, après exclusion des causes anatomiques,
hormonales et chromosomiques. cativement le risque de pré-éclampsie et d'insuf-
fisance placentaire. Le caractère précoce (dès 15 à
Critères biologiques
16 SA) ou sévère de la pré-éclampsie est évocateur
1. Anticorps anticardiolipine IgG et/ou M, à un titre d'un SAPL [5].
moyen ou élevé (> 40 GPL ou MPL ou > 99e percentile Chez des patientes ayant un SAPL thrombo-
par une méthode standardisée ELISA)
tique ou associé à un lupus, une HTA ou pré-
2. Anticoagulant circulant de type lupique présent dans éclampsie est observée dans 32 à 50 % des cas.
le plasma selon les recommandations internationales
Ce risque apparaît plus faible chez les patientes
(ISTH)
ayant un SAPL obstétrical caractérisé par des
3. Anticorps anti-bêta2 glycoprotéine 1 IgG et/ou M
FCS répétées [4].
à un titre > 99e percentile, par une méthode
standardisée ELISA.
* L'insuffisance placentaire correspond à la présence d'un retard HELLP syndrome
de croissance in utero, d'un oligoamnios, d'anomalies du doppler
ombilical ou du rythme cardiaque fœtal. L'incidence du HELLP syndrome au cours du
Il suffit d'un critère clinique et d'un critère biologique avec les SAPL est difficile à estimer. Il est souvent plus pré-
restrictions suivantes : le critère biologique doit être présent sur
2 examens au moins à 12 semaines d'intervalle, entre coce et plus sévère [6] et peut être un des modes de
12 semaines et 5 ans après l'événement clinique. révélation du SAPL.
24
Chapitre 2. Maladies de système
25
Pathologies maternelles et grossesse
Il a été démontré récemment que l'hydroxychlo- Enfin, dans les situations plus complexes (âge
roquine (Plaquénil®) a un rôle préventif dans la maternel avancé ou grossesse difficilement obte-
survenue de FCS [21] et peut être ajoutée chez les nue par aide médicale à la procréation), les théra-
patientes ayant un SAPL primaire avec thromboses peutiques proposées sont discutées au cas par cas.
récidivantes sous traitement anticoagulant [17].
Gestion du péri-partum
Traitement en cas d'antécédent
en cas de SAPL thrombotique
de mort fœtale, de pré-éclampsie
ou d'hématome rétroplacentaire L'accouchement est programmé aux alentours de
38 SA. L'aspirine est généralement interrompue
La plupart des experts recommandent une associa- entre 36 et 37 SA pour permettre une analgésie
tion héparine/aspirine [17]. En pratique, chez une péridurale dans de bonnes conditions.
patiente ayant un SAPL avec événements obsté- Nous avons observé des tableaux de CAPS dans
tricaux antérieurs survenus en l'absence de traite- la période d'arrêt de l'aspirine, notamment chez
ment, nous proposons l'association aspirine/HBPM des patientes ayant un SAPL avec antécédent de
à dose préventive (énoxaparine-Lovénox® 0,4 mL/ thrombose artérielle voire veineuse, ce qui nous
jour). Chez une patiente qui a eu une perte fœtale ou conduit à limiter au maximum l'arrêt de l'aspirine
une autre complication obstétricale avec cette asso- chez ces patientes.
ciation, une héparinothérapie par HBPM en deux L'héparine doit être uniquement suspendue
injections quotidiennes peut être proposée. Ces pour l'accouchement et reprise aussitôt après en
pratiques restent bien sûr à adapter au cas par cas. raison de risque thrombotique du post-partum.
Un relais par héparine non fractionnée en fin de
Traitement en cas d'antécédent grossesse permet de raccourcir la fenêtre d'arrêt
de thrombose de l'anticoagulation [24]. La durée de cette fenêtre
thérapeutique va dépendre du niveau de risque,
En dehors de la grossesse, les patientes ayant un SAPL
donc du type d'antécédents thrombotiques.
avec thrombose veineuse ou artérielle reçoivent un
En post-partum, les patientes ayant une indica-
traitement au long cours par anti-vitamine K (AVK).
tion aux anticoagulants au long cours sont traitées
Les AVK doivent être remplacées par les HBPM et
par HBPM à dose curative puis, assez rapidement,
l'aspirine dès le début de grossesse, du fait du risque
par AVK. La fluindione (Préviscan®) est contre-
important d'embryopathie [22].
indiquée, mais l'allaitement sous warfarine (Cou-
L'énoxaparine est la molécule la plus souvent
madine®) ou acénocoumarol (Sintrom®) est possible,
utilisée en France. L'objectif est l'obtention d'une
sous réserve d'un apport régulier de vitamine K
activité anti-Xa efficace (entre 0,7 et 1 UI/mL de
chez l'enfant (2 mg par voie orale par semaine) [22].
plasma). Pour simplifier le traitement, certains
Pour les patientes n'ayant pas d'indication à une
remplacent l'énoxaparine à dose curative par la tin-
anticoagulation prolongée (SAPL avec manifesta-
zaparine (Innohep®) ou la nadroparine (Fraxodi®).
tions obstétricales seules), une HBPM préventive est
prescrite au cours des 6 semaines du post-partum
Traitement chez les femmes ayant [17]. Il est habituellement proposé ensuite la pour-
une biologie antiphospholipides suite d'un traitement par faibles doses d'aspirine en
isolée prévention du risque thrombotique [2, 17, 25].
Il n'y a pas d'étude randomisée sur l'aspirine chez
les femmes asymptomatiques et sans antécédent
obstétrical ou thrombotique particulier ayant des Surveillance
APL persistants. Si cette biologie est découverte
chez une patiente ayant un lupus systémique, l'as- Le suivi de ces grossesses à risque repose sur une
pirine paraît justifiée [17]. L'hydroxychloroquine, prise en charge multidisciplinaire, associant obs-
maintenue au cours de la grossesse pour prévenir tétricien, médecin interniste ou rhumatologue, et
le risque de poussées de lupus, a également l'inté- anesthésiste. Un suivi mensuel est justifié, plus
rêt d'avoir un effet antithrombotique [17, 23]. rapproché en fin de grossesse [17].
26
Chapitre 2. Maladies de système
Le traitement par HBPM ne nécessite plus de sur- [3] Rodriguez-Garcia JL, Bertolaccini ML, Cuadrado MJ,
veillance des plaquettes selon les recommandations Sanna G, Ateka-Barrutia O, Khamashta MA. Clinical
manifestations of antiphospholipid syndrome (APS)
de l'Afssaps en 2009 [26]. Si une HBPM est utilisée
with and without antiphospholipid antibodies (the so-
à dose curative, l'activité anti-Xa peut être surveil- called 'seronegative APS'). Ann Rheum Dis 2011 .
lée en vue d'adapter les doses [27]. Les échographies [4] Costedoat-Chalumeau N, Guettrot-Imbert G,
avec doppler sont généralement réalisées tous les Leguern V, Leroux G, Le Thi Huong D, Wechsler B,
mois à partir de 4 mois, en rappelant que l'anoma- et al. Grossesse et syndrome des antiphospholipides.
lie du doppler utérin du 2e trimestre est un élément Rev Med Interne 2012 ; 33 : 209–16.
[5] Branch DW, Porter TF, Rittenhouse L, Caritis S,
prédictif important d'accidents obstétricaux. Sibai B, Hogg B, et al. Antiphospholipid antibodies
in women at risk for preeclampsia. Am J Obstet
Gynecol 2001 ; 184 : 825–32 discussion 32–4.
[6] Le Thi Huong D, Tieulie N, Costedoat N, Andreu MR,
Conclusion Wechsler B, Vauthier-Brouzes D, et al. The HELLP
syndrome in the antiphospholipid syndrome :
Le taux de grossesses menées avec succès est retrospective study of 16 cases in 15 women. Ann
Rheum Dis 2005 ; 64 : 273–8.
actuellement supérieur à 70 %. Cette amélioration [7] Gomez-Puerta JA, Cervera R, Espinosa G, Asherson RA,
du pronostic s'explique par une amélioration glo- Garcia-Carrasco M, da Costa IP, et al. Catastrophic
bale des connaissances de la pathologie par les dif- antiphospholipid syndrome during pregnancy and
férents intervenants, une meilleure anticipation puerperium : maternal and fetal characteristics of 15
(consultation préconceptionnelle) et une prise cases. Ann Rheum Dis 2007 ; 66 : 740–6.
[8] Hanouna G, Morel N, Le Thi Huong D, Josselin L,
en charge multidisciplinaire de ces grossesses à
Vauthier-Brouzes D, Saadoun D, et al. Catastrophic
risque et un traitement reposant sur l'association antiphospholipid syndrome and pregnancy : an
aspirine/héparine (tableau 2.4). experience of 13 cases. Rheumatology (Oxford)
2013 ; 52 : 1635–41.
Références [9] Backos M, Rai R, Regan L. Antiphospholipid antibo-
dies and infertility. Hum Fertil (Camb) 2002 ; 5 :
[1] Miyakis S, Lockshin MD, Atsumi T, Branch DW, 30–4.
Brey RL, Cervera R, et al. International consensus sta- [10] Bramham K, Hunt BJ, Germain S, Calatayud I,
tement on an update of the classification criteria for Khamashta M, Bewley S, et al. Pregnancy outcome in
definite antiphospholipid syndrome (APS). J Thromb different clinical phenotypes of antiphospholipid
Haemost 2006 ; 4 : 295–306. syndrome. Lupus 2010 ; 19 : 58–64.
[2] Derksen RH, de Groot PG. The obstetric antiphos- [11] Le Thi Huong D, Wechsler B, Vauthier-Brouzes D,
pholipid syndrome. J Reprod Immunol 2008 ; 77 : Duhaut P, Costedoat N, Andreu MR, et al. The
41–50. second trimester Doppler ultrasound examination is
27
Pathologies maternelles et grossesse
the best predictor of late pregnancy outcome in sys- aspirin alone in enhancing live births in patients
temic lupus erythematosus and/or the antiphospho- with recurrent pregnancy loss and positive anti-
lipid syndrome. Rheumatology (Oxford) 2006 ; 45 : phospholipid antibodies : a meta-analysis of rando-
332–8. mized controlled trials and meta-regression.
[12] Lockshin MD, Kim M, Laskin CA, Guerra M, Branch Rheumatology (Oxford) 2010 ; 49 : 281–8.
DW, Merrill J, et al. Prediction of adverse pregnancy [20]
Bramham K, Thomas M, Nelson-Piercy C,
outcome by the presence of lupus anticoagulant, but Khamashta M, Hunt BJ. First trimester low dose pre-
not anticardiolipin antibody, in patients with anti- dnisolone in refractory antiphospholipid antibody-
phospholipid antibodies. Arthritis Rheum 2012 ; 64 : related pregnancy loss. Blood 2011 ; 117 : 6948–51.
2311–8. [21] Rand JH, Wu XX, Quinn AS, Ashton AW, Chen PP,
[13] Ruffatti A, Tonello M, Visentin MS, Bontadi A, Hathcock JJ, et al. Hydroxychloroquine protects the
Hoxha A, De Carolis S, et al. Risk factors for pre- annexin A5 anticoagulant shield from disruption by
gnancy failure in patients with anti-phospholipid antiphospholipid antibodies : evidence for a novel
syndrome treated with conventional therapies : a effect for an old antimalarial drug. Blood 2010 ; 115 :
multicentre, case-control study. Rheumatology 2292–9.
(Oxford) 2011 ; 50 : 1684–9. [22] http://www.lecrat.org/Accès 2013.
[14] Cervera R, Khamashta MA, Shoenfeld Y, Camps MT, [23] Costedoat-Chalumeau N, Leroux G, Piette J-C,
Jacobsen S, Kiss E, et al. Morbidity and mortality in Amoura Z. Antimalarials and systemic lupus erythe-
the antiphospholipid syndrome during a 5-year matosus. In : Lahita RG, Tsokos G, Buyon JP, Koike T,
period : a multicentre prospective study of 1000 editors. Systemic lupus erythematosus. 5th ed. :
patients. Ann Rheum Dis 2009 ; 68 : 1428–32. Elsevier ; 2010. p. 1061–81.
[15] Castellino G, Capucci R, Govoni M, Mollica G, Trotta [24] Le Guern V, Goffinet F. Grossesse et anticorps anti-
F. Uterine artery Doppler in predicting pregnancy phospholipides. Presse Med 2008 ; 37 : 1666–75.
outcome in women with connective tissue disorders. [25] Erkan D, Merrill JT, Yazici Y, Sammaritano L,
Rheumatology (Oxford) 2006 ; 45 : 1174–5. Buyon JP, Lockshin MD. High thrombosis rate after
[16] Venkat-Raman N, Backos M, Teoh TG, Lo WT, fetal loss in antiphospholipid syndrome : effective
Regan L. Uterine artery Doppler in predicting pre- prophylaxis with aspirin. Arthritis Rheum 2001 ; 44 :
gnancy outcome in women with antiphospholipid 1466–7.
syndrome. Obstet Gynecol 2001 ; 98 : 235–42. [26] http://www.afssaps.fr/Infos-de-securite/Recomman
[17] Ruiz-Irastorza G, Crowther M, Branch W, dations-de-bonne-pratique/Prevention-et-traitement-
Khamashta MA. Antiphospholipid syndrome. de-la-maladie-thromboembolique-veineuse-en-
Lancet 2010 ; 376 : 1498–509. medecine-recommandations-de-bonne-pratique ;
[18] Empson M, Lassere M, Craig J, Scott J. Prevention of Novembre 2009.
recurrent miscarriage for women with antiphospho-
[27] Lebaudy C, Hulot JS, Amoura Z, Costedoat-
lipid antibody or lupus anticoagulant. Cochrane Chalumeau N, Serreau R, Ankri A, et al. Changes in
Database Syst Rev 2005 ; CD002859. enoxaparin pharmacokinetics during pregnancy
[19] Mak A, Cheung MW, Cheak AA, Ho RC. and implications for antithrombotic therapeutic
Combination of heparin and aspirin is superior to strategy. Clin Pharmacol Ther 2008 ; 84 : 370–7.
28
Chapitre 2. Maladies de système
Polyarthrite rhumatoïde
29
Pathologies maternelles et grossesse
Désir de grossesse
grand nombre de patientes atteintes de PR [19], grossesse est associée à un taux élevé de cytokines
plus de la moitié a limité le nombre d'enfants pro-inflammatoires dans la circulation mater-
par peur de ne pas être capable de s'en occuper, nelle, contrairement à une grossesse normale.
37 % rapportent une méfiance quant aux pos- Plus le taux d'IL-6 est élevé au premier trimestre,
sibles effets secondaires de leur traitementet plus le poids moyen à la naissance (ajusté pour le
17 % craignent que leur enfant développe une PR. terme et le sexe) est faible, même après régression
Le pronostic obstétrical est bon globalement. logistique ajustant sur des facteurs confondants.
Dans la plupart des cohortes, il n'y a pas d'aug- Il n'a pas été montré de relation avec le taux de
mentation des fausses couches ou pertes fœtales TNFα au 1er trimestre. À l'inverse, une élévation
[11, 20, 21]. Certaines études ont mis en évidence de la cytokine anti-inflammatoire IL-10 est asso-
une petite augmentation de RCIU [20, 22] en ciéeà une augmentation du poids de naissance.
relation avec une maladie active à la concep- Ces cytokines influenceraient la placentation, et
tion. Une hypothèse très intéressante incrimine donc lacroissance fœtaleen agissant sur des fac-
l'influence des cytokines circulantes dans la teurs de croissance placentaires (PlGF, VEGF) et
croissance fœtale [23]. Une PR active en début de sur la dégradation de la matrice extracellulaire.
30
Chapitre 2. Maladies de système
Il a été aussi mis en évidence une légère aug- Th1/Th2 est corrélé à l'augmentation des hormones
mentation significative du risque d'accouchement stéroïdes pendant la grossesse [8, 11] et du PIBF
prématuré compris entre 1,8 et 3 dans certaines « immuno-modulatory protein progesterone-induced
études, non confirmée par d'autres [20, 21, 24]. blocking factor » qui est induit par la progestérone
Il n'y a pas d'augmentation significative du taux [31]. Quant à l'œstradiol, il permet aux cellules
de césarienne, même si l'indication est parfois immunitaires T d'augmenter la sécrétion d'interfé-
posée en raison de douleurs et d'atteinte des arti- ron gamma et d'IL-10 et de diminuer la sécrétion
culations sacro-iliaques. de TNFα et TNFß, contribuant aussi à cet effet anti-
inflammatoire.
Un probable rôle génétique participe à l'amé-
La prise en charge de la PR, comme des autres lioration des symptômes en cours de grossesse
pathologies auto-immunes rhumatismales, s'est en plus des rôles immunitaires et hormonaux.
nettement améliorée grâce aux nouvelles théra- En effet, en cours de grossesse, il a été montré
peutiques, permettant d'assurer une stabilité de un phénomène de régulation de gènes codant
la maladie dès la conception et de mener une notamment pour l'adipocytokine et contri-
grossesse avec un bon pronostic [25]. buant à une amélioration temporaire des symp-
tômes car un phénomène inverse s'observe dans
le post-partum avec une réactivation de ces
Impact de la grossesse sur la PR gènes [32].
31
Pathologies maternelles et grossesse
32
Chapitre 2. Maladies de système
Syndrome de Gougerot-Sjögren
33
Pathologies maternelles et grossesse
Consultation préconceptionnelle :
– vérifier l’absence de contre-indication à une grossesse
– adapter le traitement au besoin
– compléter le bilan
– programmer la grossesse en cas de maladie stable
34
Chapitre 2. Maladies de système
sont principalement retrouvés dans le SGS ou les En cas de SGS secondaire, la grossesse aura ten-
connectivites indifférenciées, moins souvent dans dance à améliorer les symptômes de la maladie
le lupus, mais ils sont parfois découverts devant un en cas de polyarthrite rhumatoïde, et à l'inverse,
BAV cg sans aucun symptôme maternel. d'augmenter le risque de poussée en cas de lupus
Le BAV cg est associé à une mortalité néona- systémique associé [13, 14].
tale importante d'environ 20 % [8]. Il peut être
responsable d'anasarque fœto-placentaire par
insuffisance cardiaque, de myocardite, de bradya- Avis préconceptionnel
rythmie et de mort fœtale.
L'autre complication due au passage transpla- Il permet de faire le point sur la maladie associée
centaire des anti-SSA et/ou SSB, qui peut être asso- en cas de SGS secondaire et de programmer la
cié ou non au BAV cg, est le lupus néonatal qui peut grossesse avec une maladie auto-immune stable
apparaître au stade fœtal et jusqu'à 6 semaines pour optimiser le pronostic obstétrical et limiter
après la naissance [9] et même parfois à quelques le risque de poussée.
mois de vie. Cette affection auto-immune acquise, La recherche d'anticorps anti-SSA et anti-SSB
passive, régresse spontanément avec la dispari- est indispensable afin d'informer la femme du
tion des anticorps maternels. Une prédisposition risque de BAV cg et de lupus néonatal. On présen-
féminine est notée dans certaines études. Elle se tera les modalités de surveillance en fonction des
caractérise par une atteinte cutanée chez 40 % des éléments pronostiques.
nourrissons (macules ou papules érythémateuses Enfin, on arrêtera et remplacera si possible
arrondies photosensibles au niveau de la région les molécules contre-indiquées pendant la gros-
péri-orbitaire, du corps ou du cuir chevelu, et sen- sesse. La pilocarpine est contre-indiquée car elle
sibles aux dermocorticoïdes), une atteinte hépa- présente un effet tératogène. Pour les immuno-
tique chez 9 % (cholestase ou cytolyse bénignes, suppresseurs, il sera nécessaire de réévaluer l'in-
plus rarement insuffisance hépato-cellulaire in dication du traitement et de choisir si besoin les
utero ou néonatale pouvant conduire au décès), ou molécules les plus efficaces et les plus évaluées en
une atteinte hématologique (anémie hémolytique à cours de grossesse.
Coombs positif, neutropénie, thrombopénie) [10].
Les mères des enfants ayant un lupus néonatal
sont souvent symptomatiques, avec une patholo- Suivi de grossesse
gie plus sévère proche du lupus systémique, même
si 13 à 25 % restent asymptomatiques [10]. On préconisera un suivi standard en cas de SGS
Par ailleurs, il a été mis en évidence chez les primaire isolé.
patientes atteintes du SGS [11], une augmentation Le suivi sera adapté à l'évolution de la grossesse
du risque de fausse couche spontanée et de perte et de la pathologie auto-immune associée en cas de
fœtale avec un RR de 2, sans relation avec la pré- SGS secondaire, avec une collaboration obstétri-
sence d'anti-SSA/SSB. Ces résultats n'ont pas été cien/interniste ou rhumatologue. On conseille des
confirmés sur une étude récente [12], laquelle a échographies supplémentaires de croissance fœtale
mis en évidence plutôt une augmentation légère vers 28 et 36 SA du fait du risque légèrement aug-
des petits poids de naissance sans augmentation menté de RCIU retrouvé dans certaines études.
de la prématurité. En cas d'anticorps anti-SSA et/ou SSB positifs,
la surveillance par échographie cardiaque fœtale
est hebdomadaire de 16 à 26 SA. En cas d'appa-
rition d'un BAV, une corticothérapie par bétamé-
Impact de la grossesse sur thasone est prescrite après consultation cardio-
le syndrome de Gougerot-Sjögren pédiatrique. Le traitement in utero est cependant
peu efficace, d'où l'intérêt d'un diagnostic précoce
La grossesse ne provoque aucun effet sur un SGS au stade du BAV incomplet. Des échanges plasma-
primaire. Elle peut révéler la maladie (ou un anti- tiques peuvent être discutés. L'accouchement est
SSA/SSB) jusque-là pauci ou asymptomatique, programmé en maternité de niveau III, avec une
par un BAV cg ou un lupus néonatal. prise en charge néonatale immédiate.
35
Pathologies maternelles et grossesse
La pose d'un pace maker à la naissance est par- [10] Wallenius M, Skomsvoll JF, Irgens LM, et al.
fois indispensable en cas de BAV complet avec une Postpartum unset of rheumatoid arthritis abd other
chronic arthritides : results from a patient register
survie à 3 ans de 80 % [15].
linked to a medical birth registry. Ann Rheum Dis
En cas d'ATCD de BAV cg chez un premier 2010 ; 69 : 332–6.
enfant, il n'y a pas de consensus pour un traite- [11] Carvalheiras G, Faria R, Vasconcelos C, et al. Fetal
ment préventif. Les immunoglobulines par voie outcome in autoimmune disease. Autoimmunity
intraveineuse n'ont pas montré leur efficacité [16]. Review 2012 ; 11 : 520–30.
Une corticothérapie (10 à 20 mg/j de prednisone) [12] Jawaheer D, Zhu JL, Olsen J, et al. Time to pregnancy
among women with rheumatoid arthritis. Arthritis
dès le début de grossesse sera discutée [10, 17]. Le Rheum 2011 ; 63 : 1517–21.
bénéfice de l'hydroxychloroquine a été clairement [13] Nielsen NM, Jorgensen KT, Frisch M, et al. The co-
démontré comme diminuant le risque de récur- occurrence of endometriosis with multiple sclerosis,
rence de manifestations cardiaques en lien avec systemic lupus erythematosus and Sjogren syn-
ces autoanticorps [18]. drome. Hum Reprod 2011 ; 26 : 1555–9.
[14] Matorras R, Ocerin I, Burgos J, et al. Prevalence of
endometriosis in women with systemic lupus erythe-
matosus ans Sjogren's syndrome. Lupus 2007 ; 16 :
Post-partum 736–40.
[15] Demir B, Guven S, Gul T, et al. Serum IL-6 level may
have role in the pathophysiology of unexplained
Le rôle pro-inflammatoire de la prolactine parti- infertility. Am J Reprod Immunol 2009 ; 62 : 261–7.
cipe à l'apparition de pathologies auto-immunes [16] Guerin L, Prins JR, Robertson SA. Regulatory T-cells
dans le post-partum, dont le SGS. Un suivi régu- and immune tolerance in pregnancy : a new target
lier par le spécialiste est à poursuivre ou à instau- for infertility treatment ? Hum Reprod 2009 ; 15 :
rer en cas de découverte de la maladie en cours de 517–35.
[17] Gaytan M, Morales C, Bellido C, et al. Non-steroidal
grossesse ou dans le post-partum. anti-inflammatory drugs and ovulation : lesson from
morphology. Histol Histopathol 2006 ; 21 : 541–56.
Références [18] Wallenius M, Skomsvoll JF, Kvien TK, et al. Parity in
patients with chronic inflammatory arthritides
Polyarthrite rhumatoïde childless at time of diagnosis. Scand J Rheumatol
[1] Spinillo A, Beneventi F, Ramoni V, et al. Prevalence 2012 ; 41 : 202–7.
and significance of previously undiagnosed rheuma- [19] Clowse M, Chakravarty E, Michaud K, et al. Effects
tic disease in pregnancy. Ann Rheum Dis 2012 ; 71 : of Infertility, Pregnancy Loss, and Patient Concerns
918–23. on Family Size of Women with Rheumatoid Arthritis
[2] Symmons DP, et al. Looking back : rheumatoid and Systemic Lupus Erythematosus. Arthritis Care
arthritis aetiology, occurrence and mortality and Research 2012 ; 64 : 668–74.
(Oxford) 2005 ; 44 : 14–7. [20] Barnabe C, Faris PD, Quan H. Canadian pregnancy
[3] Malaise O, Von Frenckell C, Malaise MG. Genetic and outcomes in rheumatoid arthritis and systemic lupus
environmental interactions on the development of erythematosus. Int J Rheumatol 2011 ; [doi.
rheumatoid arthritis. Rev Med Liege 2012 ; 67 : 305–13. org/10.1155/2011/345727].
[4] Gonzalez DA, Diaz BB, Rodrigez Perez M, Del C, [21] Wellenius M, Skomsvoll JF, Irgens LM, et al.
Lett Immunol, et al. Sex hormones and autoimmu- Pregnancy and delivery in women with chronic
nity. Immunol Lett 2010 ; 133 : 6–13. inflammatory arthritides with a specific focus on
[5] Martocchia A, Stefanelli M, Cola S, et al. Sex steroid first birth. Arthritis Rheum 2011 ; 63 : 1534–42.
in auto-immune diseases. Curr Top Med Chem 2011 ; [22] De Man YA, Hazes JM, Van der Heide H, et al.
11 : 1668–83. Association of higher rheumatoid arthritis disease
[6] Osten M, Villiger Peter M, Forger F. Interaction of activity during pregnancy with lower birth weight :
pregnancy and autoimmune rheumaric disease. results of a national prospective study. Arthritis
Autoimmunity Reviews 2012 ; 11 : 437–46. Rheum 2009 ; 60 : 3196–206.
[7] Adams Waldorf KM, Nelson JL. Autoimmune disease [23] De Steenwinkel F, Hokken-Koelega A, De Man Y,
during pregnancy and the microchimerism legacy in et al. Circulating maternal cytokines influence fetal
the pregnancy. Immunol Invest 2008 ; 375 : 631–44. growth in pregnancy women with rheumatoid
[8] Grant C. Progesterone and autoimmune disease. arthritis. Ann Rheum Dis 2012 ; 00 : 1–7.
Autoimmunity Reviews 2012 ; 11 : 502–14. [24] Lin HC, Chen SF, Chen HY. Increased risk of adverse
[9] Luppi P, Haluszczac C, Trucco M, et al. Normal pre- pregnancy outcomes in women with rheumatoid
gnancy is a associated with peripheral leukocytes arthritis : a nation wide population-based study. Ann
activation. Am J reprod Immunol 2002 ; 47 : 72–81. Rheum Dis 2010 ; 69 : 715–7.
36
Chapitre 2. Maladies de système
37
Pathologies maternelles et grossesse
[16] Pisoni CN, Brucato A, Ruffati A, et al. Failure of intra- therapy. Obstet Gynecol 1999 ; 93 : 952–7.
venous immunoglobulin to prevent congenital heart [18] Izmirly PM, Costédoat-Chalumeau N, Pisoni CN,
block : findings of a multicenter, prospective, observa- et al. Maternal use of hydroxychloroquine is asso-
tional study. Arthritis Rheum 2010 ; 62 : 1147–52. ciated with a reduced risk of recurrent anti SSA/Ro
[17] Shinohara K, Miyagawa S, Fujita T, et al. Neonatal antibody-associated cardiac manifestations of neo-
erythematosus : results of maternal corticosteroid natal lupus. Circulation 2012 ; 126 : 76–82.
38
Chapitre 2. Maladies de système
ADA = adalimumab ; AINS = anti-inflammatoires non stéroïdiens ; AVK = anti-vitamine K ; AZA = azathioprine ; BAV = baisse de l'acuité
visuelle ; CYC = cyclophosphamide ; HBPM = héparine fractionnée ; HNF = héparine non fractionnée ; IFNα = interféronα ;
IFX = infliximab ; IL = interleukine ; iv = intraveineux ; po = per os ; MTX = méthotrexate ; SNC = système nerveux central ; TNF = tumor
necrosis factor.
tions où une grossesse est déconseillée, liées à cifique, excepté en cas d'antécédents de throm-
des atteintesd'organe sévères mettant en jeu le bose veineuse où le risque de fausse-couche et de
pronostic vital et/ou fonctionnel, et nécessitant césarienne apparaît augmenté [6]. Il est difficile
la prise d'immunosupprésseurs potentiellement dans ces situations d'imputer ces modifications
tératogènes, et/ou d'adapter les traitements de uniquement à la MB, car un traitement anticoa-
façon à éviter toute poussée de la maladie chez la gulant influence aussi la voie d'accouchement par
mère, sans être toxique pour le fœtus (tableau 2.5). exemple.
Elle permet aussi d'expliquer au couple les risques La grossesse peut être déconseillée en cas de
potentiels pour le bébé et pour la mère, ainsi que défaillance viscérale, neurologique centrale ou
les modalités du traitement et du suivi. Ces risques cardiaque. Une grossesse doit être découragée en
peuvent être associés à la MB ou à son traitement. période de poussée évolutive de la maladie.
La grossesse ne semble pas avoir de consé- Habituellement, la grossesse n'est pas un facteur
quence sur le profil évolutif de la MB. Néanmoins, d'aggravation de la MB. Le taux de poussée de
la surveillance doit être multidisciplinaire et com- MB rapporté durant la grossesse varie entre 8 %
porte une évaluation clinique, biologique et écho- et 60 % [7, 8]. Ces poussées de MB sont principa-
graphique régulière et systématique. lement des poussées d'aphtoses buccales et géni-
tales. Les atteintes cutanéo-muqueuses semblent
prédominer aux 2e et 3e trimestres de grossesse.
Risques et conséquences Les poussées inflammatoires oculaires repré-
sentent un tiers des poussées de la MB survenant
de la MB sur la grossesse au cours de la grossesse. Ces lésions oculaires
(mère et fœtus) et vice versa semblent trois fois plus fréquentes durant le post-
partum que durant la grossesse. D'autres compli-
La fertilité ne semble pas modifiée au cours de cations sévères mettant en jeu le pronostic vital,
la MB. Il n'y a pas de risque embryo-fœtal spé- comme des thromboses vasculaires ou des lésions
39
Pathologies maternelles et grossesse
40
Chapitre 2. Maladies de système
41
Pathologies maternelles et grossesse
[10] Oertelt-Prigione S. Immunology and the menstrual [13] Comarmond C, Wechsler B, Cacoub P, Saadoun D.
cycle. Autoimmun Rev 2012 ; 11 : A486–92. Approaches to immunosuppression in Behçet's
[11] Oh SH, Kwon JY, Lee JH, Han EC, Bang D. Behcet's disease. Immunotherapy 2013 ; 5 : 743–54.
disease : remission of patient symptoms after oral [14] Diav-Citrin O, Shechtman S, Schwartz V, Avgil-
contraceptive therapy. Clin Exp Dermatol 2009 ; 34 : Tsadok M, Finkel-Pekarsky V, Wajnberg R, et al.
e88–90. Pregnancy outcome after in utero exposure to col-
[12] Hatemi G, Silman A, Bang D, Bodaghi B, chicine. Am J Obstet Gynecol 2010 ; 203 : 144,
Chamberlain AM, Gul A, et al. EULAR recommen- e1-6.
dations for the management of Behçet disease. Ann [15] Nizard J. Prevention of IUGR. J Gynécologie
Rheum Dis 2008 ; 67 : 1656–62. Obstétrique Biol Reprod 2013 ; 42 : 1008–17.
42
Chapitre 2. Maladies de système
Tableau 2.6. Score myasthénique au long de la grossesse [1]. Dans une étude fran-
sur 100 points. çaise, on ne note aucun cas d'amélioration, mais
5 aggravations sur 13 grossesses [7]. La grossesse
Bras tendus 150 s 15 points est un des facteurs de révélation de la myasthénie
Jambes levées 75 s 15 points [8]. Les poussées semblent plus fréquentes chez
les patientes n'ayant pas eu de thymectomie, mais
Décoller la tête du lit :
l'efficacité de ce traitement n'est pas prouvée par
– Avec contre-pression 10 points des études contrôlées [3, 9]. Les poussées semblent
– Sans contre-pression 5 points également plus fréquentes lorsque le délai entre la
– Non 0 point découverte de la maladie et le début de grossesse
Peut s'asseoir 10 points est plus court [10]. Les signes cliniques de décom-
pensation doivent être connus et l'évaluation cli-
Paralysie oculo-motrice
nique régulière peut se faire grâce au score myas-
– Pas de paralysie 10 points
thénique (tableau 2.6).
– Ptosis isolé 5 points Les poussées peuvent être favorisées par de
– Paralysie 0 point nombreux médicaments, et la liste se doit d'être
Occlusion palpébrale : présente dans le dossier des malades de façon
– Normale 10 points à éviter tout accident (tableau 2.7). Des médi-
– Diminuée 7 points
caments tels que les inhibiteurs calciques, les
aminosides et le magnésium en intraveineux,
– Incomplète 5 points
d'utilisation fréquente pendant la grossesse, sont
– Avec recouvrement cornéen 0 point
formellement contre-indiqués. Toutefois, cer-
Mastication : tains inhibiteurs calciques sont parfois utilisés,
– Normale 10 points sans aggravation myasthénique. Les médica-
– Faible 5 points ments anticholine stérasiques ne doivent pas être
– Nulle 0 point interrompus, même et surtout pendant le tra-
vail. Une poussée myasthénique peut être trai-
Déglutition :
tée par perfusion d'immunoglobulines ou plas-
– Normale 10 points maphérèses, y compris pendant la grossesse [11].
– Faible 5 points La période du post-partum, particulièrement
– Nulle 0 point fatigante (porter le bébé, manque de sommeil,
Phonation : stress, etc.), peut aussi constituer un facteur de
– Normale 10 points décompensation de la myasthénie. Un suivi spé-
cialisé neurologique doit être poursuivi pendant
– Nasonnée 5 points
toute la durée de la grossesse et en post-partum
– Impossible 0 point
[7, 10].
43
Pathologies maternelles et grossesse
Tableau 2.7. Suite.
44
Chapitre 2. Maladies de système
45
Pathologies maternelles et grossesse
46
Chapitre 2. Maladies de système
[11] Vernet Der Garabedian B, Lacokova M, Eymard B, sesse. J Gynecol Obstet Biol Reprod 1996 ; 25 :
Morel E, Faltin M, Zajac J, et al. Association of 179–85.
neonatal myasthenia gravis with antibodies [24] Gardnerova M, Eymard B, Morel E, Faltin M, Zajac J,
against the fetal acetylcholine receptor. J Clin Sadovsky O, et al. The fetal/adult acetylcholine
Invest 1994 ; 94 : 555–9. receptor antibody ratio in mothers with myasthenia
[11] Pretta S, Ferrero S, Nicoletti A, Petrera P, Ragni N. gravis as a marker for transfer of the disease to the
Myasthenia gravis : management issues during pre- newborn. Neurology 1997 ; 48 : 50–4.
gnancy. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2005 ; 121 [25] Eymard B, Morel E, Dulac O, Moutard-Codou ML,
: 129–38. Jeannot E, Harvey JP, et al. Myasthenie et grossesse :
[12] Vincent A, Beeson D, Lang B. Molecular targets and étude clinique et immunologique de 42 cas (21
genetic disorders of neuromuscular transmission. myasthénies néonatales). Rev Neurol 1989 ; 145 :
Eur J Biochem 2000 ; 26 : 6717–28. 696–701.
[13] Karlin A, Akabas MH. Toward a structural basis for [26] Batocchi AP, Majolini L, Evoli A, Lindo MM,
the function of nicotinic acetylcholine receptors and Minici C, Tonali P. Course and treatment of myas-
their cousins. Neuron 1995 ; 15 : 1231–44. thenia gravis during pregnancy. Neurology 1999 ;
[14] Tzartos SJ, Lindstrom JM. Monoclonal antbodies 52 : 447–52.
used to probe acetylcholine receptor structure : loca- [27] Cheng I, Lin CH, Lin MI, Lee JS, Chiu HC, Mu SC.
lisation of the main immunogenic region and detec- Outcome of myasthenia gravis mothers and their
tion of similarities between subunits. Proc Natl Acad infants. Acta Paediatr Taiwan 2007 ; 48 : 141–5.
Sci 1980 ; 77 : 755–9. [28] Djelmis J, Sostarko M, Mayer D, Ivasinevic M.
[15] Tzartos SJ, Barkas T, Cung MT, Mamalaki A, Myasthenia gravis in pregnancy : report of 69 cases.
Marraud M, Orlewski P, et al. Anatomy of the antige- Eur J Obstet Gynecol 2002 ; 104 : 21–5.
nic structure of a large membrane autoantigen, the [29] Eden RD, Gall SA. Myasthenia gravis and pre-
muscle-type nicotinic acetylcholine receptor. gnancy : a reappraisal of thymectomy. Obstet
Immunol Rev 1998 ; 163 : 89–120. Gynecol 1983 ; 62 : 328, 23.
[16] Carr SR, Gildchrist JM, Abuelo DN, Clark D. [30] Fennel DF, Ringel SP. Myasthenia gravis and pre-
Treatment of antenatal myasthenia gravis. Obstet gnancy. Obstet Gynecol Survey 1997 ; 41 : 414–9.
Gynecol 1991 ; 78 : 485–9. [31] Gveric-Ahmetasevic S, Colić A, Elvedji-Gasparović V,
[17] Barnes PR, Kanabar DJ, Brueton L, Newton-Davis J, Gverić T, Vukelić V. Can neonatal myasthenia gra-
Huson SM, Mann NP, et al. Recurrent congenital vis be predicted ? J Perinat Med 2008 ; 36 : 503–6.
arthrogryposis leading to a diagnosis of myasthenia [32] Daskakalis GJ, Papagergiou IS, Petrogiannis ND,
gravis in an asymptomatic mother. Neuromusc Antsaklis AJ, Michalas S. Myasthenia gravis and
Disord 1995 ; 5 : 59–65. pregnancy. Eur J Obstet Gynecol 2000 ; 89 :
[18] Dinger J, Prager B. Arthrogryposis multiplex in a 201–4.
new-born of a myasthenic mother. Case report and [33] Belasco C, Carbillon L, Louaib D, Gaudelus J,
literature. Neuromusc Disord 1993 ; 3 : 335–9. Uzan M. Myasthénie et grossesse : l'atteinte du
[19] Brueton LA, Huson SM, Cox PM, Shirley I, nouveau-né peut-être révélatrice. Arch Ped 2000 ;
Thompson EM, Barnes PR, et al. Asymptomatic 7 : 263–6.
maternal myasthenia as a cause of the Pena-Shokeir [34] O'caroll P, Bertorini TE, Jacob G, Mitchell CW, Graff J.
phenotype. AM J Med Genet 2000 ; 92 : 1–6. Transient neonatal myasthenia gravis in a baby born
[20] Polizzi A, Husson SM, Vincent A. Teratogen update : to a mother with new – onset anti – MuSK – mediated
maternal myasthenia gravis as a cause of congenital myasthenia gravis. J Clin Neuromuscul Dis 2009 ; 11 :
arthropryposis. Teratology 2000 ; 62 : 332–41. 69–71.
[21] Verspyck E, Mandelbrot L, Dommergues M,
[35] Evoli A. Acquired myasthenia gravis in childhood.
Huon C, Woimant F, Baumann C, et al. Curr Opin Neurol 2010 ; 23 : 536–40.
Myasthenia gravis with polyhydramnios in the [36] Cooker J, Thomson RM. Multiple smooth hypertro-
fetus of an asymptomatic mother. Prenat Diagn phies in a new born infant. Arch Dis Child 1966 ; 41 :
1993 ; 13 : 539–42. 514–8.
[22] Wen JC, Liu TC, Chen YH, Chen SF, Lin HC, Tsai [37] Niesen CE, Shah NS. Pyridostigmine induced micro-
WC. No increased risk of adverse pregnancy out- cephaly. Neurology 2000 ; 54 : 1873–4.
comes for women with myasthenia gravis : a [38] Ramirez C, de Seze J, Delrieu O, Stojkovic T,
nationwide population-based study. Eur J Neurol Delalande S, Fourrier F, et al. Myasthenia gravis and
2009 ; 16 : 889–94. pregnancy : clinical course and management of deli-
[23] Lucot JP, Dufour P, Vinatier D, Tordjeman N, very and the post-partum phase. Rev Neurol 2006 ;
Durant-Reville M, Puech F. Myasthénie et gros- 162 : 330–8.
47
Pathologies maternelles et grossesse
48
Chapitre 2. Maladies de système
49
Pathologies maternelles et grossesse
50
Chapitre 2. Maladies de système
51
Pathologies maternelles et grossesse
52
Chapitre 2. Maladies de système
53
Pathologies maternelles et grossesse
et pulmonaires, et notamment chez les patientes patients with systemic sclerosis. Ann Rheum Dis
ayant une SSc diffuse < 4 ans [8, 11]. Dans l'étude 2010 ; 69 : 218–21.
[8] Lidar M, Langevitz P. Pregnancy issues in sclero-
IMPRESS, le score de sclérose cutanée s'aggravait
derma. Autoimmun Rev 2012 ; 11 : A515–9.
chez 15 % des patientes après l'accouchement [11]. [9] Steen VD, Medsger Jr TA. Fertility and pregnancy
Il faut aussi rappeler que les traitements inter- outcome in women with systemic sclerosis. Arthritis
rompus pendant la grossesse devront être repris Rheum 1999 ; 42 : 763–8.
le plus précocement possible, en vérifiant qu'ils ne [10] Chakravarty EF. Vascular complications of systemic
sont pas contre-indiqués pendant l'allaitement en sclerosis during pregnancy. Int J Rheumatol 2010 ;
2010, pii : 287248. doi : 10.1155/2010/287248. Epub
cas de désir d'allaitement par les patientes. 2010 Aug 11.
[11] Taraborelli M, Ramoni V, Brucato A, et al. Brief
report : successful pregnancies but a higher risk of
Références preterm births in patients with systemic sclerosis : an
[1] Marie I, Gehanno JF, Bubenheim M, et al. Prospective Italian multicenter study. Arthritis Rheum 2012 ; 64 :
study to evaluate the association between systemic 1970–7.
sclerosis and occupational exposure and review of [12] van Wyk L, van der Marel J, Schuerwegh AJ, et al.
the literature. Autoimmun Rev 2014 ; 13 : 151–6. Increased incidence of pregnancy complications in
[2] Marie I, Gourcerol G, Leroi AM, et al. Delayed gas- women who later develop scleroderma : a case
tric emptying determined using the 13C-octanoic control study. Arthritis Res Ther 2011 ; 13 : R183.13.
acid breath test in patients with systemic sclerosis. [13] Steen VD, Conte C, Day N, et al. Pregnancy in
Arthritis Rheum 2012 ; 64 : 2346–55. women with systemic sclerosis. Arthritis Rheum
[3] Masi AT, Rodnan GP, Medsger TA, et al. Preliminary 1989 ; 32 : 151–7.
criteria for the classification of systemic sclerosis [14] Steen VD. Pregnancy in women with systemic scle-
(scleroderma). Arthritis Rheum 1980 ; 23 : 581–90. rosis. Obstet Gynecol 1999 ; 94 : 15–20.
[4] van den Hoogen F, Khanna D, Fransen J, et al. 2013 [15] Marie I, Jouen F, Hellot MF, et al. Anticardiolipin
classification criteria for systemic sclerosis : an and anti-beta2 glycoprotein I antibodies and lupus-
American College of Rheumatology/European like anticoagulant : prevalence and significance in
League against Rheumatism collaborative initiative. systemic sclerosis. Br J Dermatol 2008 ; 158 : 141–4.
Arthritis Rheum 2013 ; 65 : 2737–47. [16] Chakravarty EF, Khanna D, Chung L. Pregnancy
[5] LeRoy EC, Black C, Fleischmajer R, et al. Scleroderma outcomes in systemic sclerosis, primary pulmonary
(systemic sclerosis) : classification, subsets and hypertension, and sickle cell disease. Obstet Gynecol
pathogenesis. J Rheumatol 1988 ; 15 : 202–5. 2008 ; 111 : 927–34.
[6] Marie I. Raynaud's phenomenon. Rev Prat 2012 ; 62 : [17] Chakravarty E. Pre-disease pregnancy complications
569–75. and systemic sclerosis : pathogenic or pre-clinical ?
[7] Allanore Y, Meune C, Vonk MC. et al ; EUSTAR co- Arthritis Res Ther 2012 ; 14 : 102.
authors. Prevalence and factors associated with left [18] Doss BJ, Jacques SM, Mayes MD, et al. Maternal
ventricular dysfunction in the EULAR Scleroderma scleroderma : placental findings and perinatal out-
Trial and Research group (EUSTAR) database of come. Hum Pathol 1998 ; 29 : 1524–30.
54
Pathologies Chapitre 3
endocriniennes
Suivi de grossesse
Risques et conséquences de la maladie sur la grossesse Surveillance de la vitalité fœtale
et sur le fœtus Accouchement
Risques de la grossesse sur la maladie Le terme
Traitement Voie d'accouchement
Pathologies maternelles et grossesse
55
Pathologies maternelles et grossesse
56
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
57
Pathologies maternelles et grossesse
58
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
entre l'activité immunologique de type Th1 et Th2 Les symptômes d'hyperthyroïdie peuvent être
peut entraîner une exacerbation de la thyroïdite difficiles à différencier de ceux de la grossesse
[17]. normale. Deux signes seraient particulièrement
évocateurs : l'absence de prise de poids voire
Traitement un amaigrissement paradoxal et une tachycar-
die permanente [4]. Le diagnostic repose sur un
Il est basé sur la lévothyroxine, en condition d'ap- dosage de TSH effondrée (à interpréter en rela-
port nutritionnel suffisant en iode [16]. tion avec la diminution liée à l'effet TSH-like de
Les besoins sont majorés pendant la grossesse, l'hCG et l'augmentation de la thyroxine binding
il convient donc : globuline [TBG] pendant la grossesse) et surtout
• d'augmenter de 30–50 % la dose du traitement des hormones libres T4 et T3 élevées. Les AR-TSH
prégestationnel sur les 4 à 6 premières semaines sont systématiquement dosés pour éliminer une
de grossesse en cas d'HV connue avant la gros- maladie de Basedow [19].
sesse (l'augmentation sera plus importante en cas La maladie de Basedow représente 85 % des
d'absence de tissu thyroïdien persistant : ablation cas. Elle est le plus souvent diagnostiquée avant
par iode radioactif, thyroïdectomie totale) ; le début de la grossesse, rarement pendant. Son
• en cas de TSH élevée au cours de la grossesse, la diagnostic repose sur la présence d'arguments
dose de substitution prescrite sera la suivante : cliniques pour une pathologie thyroïdienne auto-
– 5 ≤ TSH < 10 mUI/L : 25–50 μg par jour ; immune, un goitre typique, une positivité du
– 10 ≤ TSH < 20 mUI/L : 50–75 μg par jour ; dosage des anticorps AR-TSH.
– ≥ 20 mUI/L : 75–100 μg par jour. Le diagnostic différentiel est la thyrotoxicose
Les objectifs sont : gestationnelle transitoire (0,5 à 10 cas pour 1 000
• TSH ≤ 2,5 mUI/L au 1er trimestre de grossesse ; grossesses) évoquée en cas d'hyperthyroïdie cli-
• TSH ≤ 3 mUI/L aux 2e et 3e trimestres. nique et biologique et en l'absence d'auto-immunité
En cas de TSH dans les normes au cours de la thyroïdienne. Elle se caractérise par des vomisse-
grossesse avec des hormones thyroïdiennes basses, ments incoercibles au 1er trimestre de la grossesse
l'attitude est controversée. Le comité de rédaction responsables d'une perte de poids supérieure à
des recommandations internationales suggère la 5 % du poids du corps, d'une déshydratation et
mise en route d'une substitution partielle après parfois cétonurie associée. Elle est liée à l'effet
évaluation individuelle et surveillance régulière TSH-like de l'hCG et est donc plus fréquente en
[1]. En cours de grossesse, le bilan biologique doit cas de grossesse gémellaire, môle hydatiforme ou
comporter le dosage de TSH et de T4L. choriocarcinome. Elle évolue favorablement vers
une euthyroïdie entre 16 et 20 semaines de gros-
sesse avec normalisation des signes cliniques et du
Suivi post-partum
bilan thyroïdien de façon parallèle à la diminu-
Dans la plupart des cas, la dose de lévothyroxine tion du taux d'hCG [4].
peut être diminuée à la dose requise avant la gros-
sesse.
Avis préconceptionnel
Il convient d'adapter le traitement en fonction
de la clinique et réaliser un dosage de TSH 4 à Les anticorps AR-TSH traversent la barrière pla-
6 semaines après l'accouchement. centaire et peuvent, dans de rares cas (0,01 %),
être responsables d'une hyperthyroïdie fœtale
(anticorps AR-TSH stimulants), plus rarement
Hyperthyroïdie et grossesse d'hypothyroïdie fœtale (anticorps AR-TSH inhi-
bants). Ils peuvent rester présents chez une femme
ayant été traitée radicalement (chirurgie ou iode
Présentation de la pathologie
radioactif (131I)) pour une maladie de Basedowa-
L'hyperthyroïdie serait présente chez 1 à 3 % des vant la grossesse.
femmes enceintes mais la prévalence d'une thy- Les recommandations ne se prononcent pas
réotoxicose clinique est estimée à 0,1 à 0,4 % pen- sur la valeur du taux d'anticorps AR-TSH pré-
dant la grossesse [18]. conceptionnel chez une femme ayant été traitée
59
Pathologies maternelles et grossesse
60
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
du fait d'une diminution des anticorps AR-TSH. de synthèse pendant la grossesse. En cas de forme
En revanche, la maladie de Basedow récidive fré- sévère, un traitement sera à discuter.
quemment après l'accouchement [19]. La maladie de Basedow pouvant être exacerbée
en post-partum, un suivi endocrinologique avec
contrôle du bilan thyroïdien entre 6 et 12 semaines
Traitement après l'accouchement est recommandé [1].
En cas d'hyperthyroïdie liée à une maladie de
Basedow ou un nodule toxique, le traitement
repose sur les antithyroïdiens de synthèse avec
pour objectif de maintenir la T4 libre maternelle
Nodules thyroïdiens et cancer
aux valeurs supérieures de la normale : thyroïdien
• PTU recommandé en 1re intention au 1er tri-
mestre de la grossesse avec surveillance du bilan Présentation de la pathologie
hépatique toutes les 3 à 4 semaines ; Les nodules thyroïdiens sont fréquents : leur pré-
• carbimazole en 2e intention si PTU non dispo- valence est estimée à 4 à 7 % de la population
nible ou mal toléré au 1er trimestre et à discuter générale à la palpation, 19 à 67 % en cas de dépis-
en relai du PTU selon les recommandations tage échographique. Leur physiopathologie reste
internationales s'il est nécessaire de poursuivre mal connue mais ils sont plus fréquents chez les
un traitement au 2e trimestre de grossesse (en rai- sujets de sexe féminin, en situation de carence
son des troubles hépatiques décrits sous PTU). Le iodée, en cas d'antécédents familiaux de nodules
bilan thyroïdien sera contrôlé 2 semaines après le thyroïdiens ou chez les sujets âgés. Leur préva-
relai puis toutes les 2 à 4 semaines. lence pendant la grossesse varie entre 3 et 21 % [2]
Une thyroïdectomie subtotale pourra être dis- et augmente avec la parité.
cutée, idéalement au 2e trimestre de la grossesse Entre 5 et 15 % des nodules thyroïdiens sont
en cas de [30] : des cancers thyroïdiens [31]. Ceux-ci dérivent
• intolérance majeure aux antithyroïdiens de syn- dans la majorité des cas des cellules follicu-
thèse ; laires et sont représentés dans 80 à 90 % des
• doses requises d'antithyroïdiens de synthèse cas par un carcinome papillaire de la thyroïde
très élevées : plus de 30 mg par jour de carbima- (CPT), 10 à 15 % des cas par un carcinome
zole et 450 mg par jour de PTU ; vésiculaire (CVT), moins de 5 % des cas par
• hyperthyroïdie non contrôlée chez une patiente un carcinome peu différencié ou un carcinome
non observante. anaplasique.
L'131I est contre-indiqué chez la femme enceinte.
• il n'y a pas d'indication à traiter une hyperthy-
roïdie infraclinique chez la femme enceinte. Avis préconceptionnel
• dans la plupart des cas de thyrotoxicose gesta- En cas de découverte préconceptionnelle d'un
tionnelle transitoire, aucun traitement n'est nodule thyroïdien, la conduite à tenir sera la
nécessaire devant l'évolution spontanément même que pour tout sujet et il conviendra d'éli-
favorable. Dans les situations de thyrotoxicose miner un cancer thyroïdien avant de démarrer
sévère avec élévation de la T4L et de la T3L, un une grossesse.
traitement par β-bloquants après accord obsté- En cas de cancer thyroïdien diagnostiqué avant
trical, voire par antithyroïdiens de synthèse, une grossesse, celui-ci devra être opéré et consi-
pourra être discuté au cas par cas. déré comme en rémission avant de débuter une
grossesse. En cas de nécessité d'un traitement par
131
I, il est nécessaire d'attendre 12 mois afin de
Suivi post-partum
s'assurer que la fonction thyroïdienne est stable et
Une hyperthyroïdie néonatale doit être recherchée de confirmer la rémission. Le traitement par 131I
chez tout nouveau-né de mères atteintes de mala- n'a pas montré être responsable de troubles de la
die de Basedow avec anticorps AR-TSH positifs fertilité ou être associé à un risque accru de mal-
pendant la grossesse et traitées par antithyroïdiens formations congénitales, fausses couches [32].
61
Pathologies maternelles et grossesse
Un traitement freinateur de la TSH par lévothy- un peu plus élevé que la population générale.Les
roxine pourra être poursuivi pendant la grossesse. cancers thyroïdiens découverts pendant la gros-
sesse auraient un risque de rechute légèrement
Suivi de grossesse plus élevé que ceux découverts en dehors de la
grossesse [34]. Il n'y a pas de données montrant un
Le diagnostic et la prise en charge d'un nodule effet délétère de la grossesse sur la survie en cas de
isolé ou d'un goitre multinodulaire découvert cancer thyroïdien différencié découvert pendant la
pendant la grossesse ne diffèrent pas de celui de la grossesse.
femme non gravide et reposent sur l'échographie En cas d'antécédent de cancer différencié de la
cervicale et la cytoponction à l'aiguille fine. thyroïde, la grossesse ne semble pas modifier le
Un dosage de TSH et de T4L devra être prescrit taux de rechute du cancer.
devant tout nodule afin au préalable d'éliminer
un nodule toxique.
Une cytoponction devra être entreprise en cas Traitement
de [1] : En cas de nodules découverts au 1er trimestre
• nodule solide de plus de 10 mm ; ou début de 2e trimestre de la grossesse dont la
• nodule mesurant 5 à 10 mm avec critères cli- cytologie est en faveur ou suspecte de malignité
niques de malignité (antécédents familiaux, (CPT, CVT, carcinome anaplasique, carcinome
antécédent d'irradiation cervicale, adénopa- médullaire de la thyroïde) ou avec critères écho-
thies cervicales associées) ou critères écho- graphiques péjoratifs, la grossesse ne doit pas être
graphiques péjoratifs (hypoéchogénécité, interrompue mais une chirurgie doit être propo-
irrégularité des contours, vascularisation sée au 2e trimestre, période de la grossesse ou les
intranodulaire, microcalcifications intranodu- risques de fausse couche ou prématurité sont res-
laires, nodule plus haut que large) ; pectivement plus faibles qu'aux 1er et 3e trimestres.
• complexe nodulaire de 1,5 à 2 cm ou plus En cas d'hésitation de la patiente, la chirurgie du
La cytoponction pourra être différée en post- CPT peut être différée au post-partum avec une
partum si le nodule est découvert dans les 6 der- faible élévation de risque. Aucune étude n'a étu-
nières semaines de grossesse. dié une éventuelle différence de survie en cas de
chirurgie per partum versus post-partum immé-
Risques et conséquences diate.
de la maladie sur la grossesse En 2e partie de grossesse, seulement en cas de
et sur le fœtus cytologie évoquant un CPT ou un CVT sans signe
de maladie avancée, la chirurgie pourra être réali-
Les nodules (en dehors de nodule toxique, situa- sée en post-partum.
tion d'hyperthyroïdie) ou cancers thyroïdiens En cas de chirurgie différée, il est recommandé
n'ont pas d'effet délétère sur le déroulement de la de prescrire un traitement freinateur de la TSH
grossesse et le développement fœtal [1, 2]. qui doit rester détectable avec taux de T4L dans
les valeurs supérieures de la normale.
Risques de la grossesse L'intérêt du dosage de la calcitonine chez les
femmes enceintes en cas de nodules thyroïdien
sur la maladie n'a pas été évalué. En cas de chirurgie, on peut
La grossesse semblerait, du moins en situation proposer ce dosage en préopératoire, même s'il
de carence iodée modérée, initier la formation de n'est pas recommandé.
nodules thyroïdiens et favoriser leur croissance En cas d'antécédent de carcinome thyroïdien
[33]. Ceci pourrait s'expliquer par l'effet TSH-like traité avant la grossesse, il est recommandé de
de l'HCG et les taux élevés d'estradiol. maintenir le traitement freinateur de la TSH par
Concernant le taux de malignité, les études dis- lévothyroxine avec pour objectif de maintenir une
ponibles, rétrospectives ou avec biais de recrute- T4L dans les valeurs supérieures de la normale et
ment, suggèrent que le taux de malignité de ces de surveiller la thyroglobuline en cas d'antécédent
nodules pendant la grossesse serait similaire voire de traitement par Iode131.
62
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
Risques et conséquences
de la carence iodée
Apport iodé et grossesse sur la grossesse et sur le fœtus
Physiopathologie Les carences iodées sévères peuvent être res-
ponsables de goitre, hypothyroïdie, crétinisme,
L'iode est essentiel pour la synthèse des hormones
infertilité et fausses couches. Les carences iodées
thyroïdiennes jouant un rôle majeur pour le déve-
modérées sont responsables d'élévation de la TSH
loppement cérébral fœtal. La T4L maternelle est
et de goitre chez la mère et le fœtus [35, 36].
la seule source d'hormone thyroïdienne jusqu'à
Paradoxalement, un excès d'apport iodé peut
13–15 SG, date de mise en route de la thyroïde
aggraver une hypothyroïdie chez des sujets à
fœtale. Au-delà de 15 SG, l'iode d'origine mater-
risque (auto-immunité thyroïdienne) ou être res-
nelle reste nécessaire à la synthèse des hormones
ponsable d'hyperthyroïdie, si nouvellement intro-
thyroïdiennes fœtales.Par ailleurs, au 1er trimestre
duit chez une femme présentant un goitre multi-
de grossesse la synthèse des hormones thyroï-
nodulaire par exemple.
diennes maternelles est accrue de 20 à 40 % du
fait d'une élévation de la TBG (thyroid binding
globulin) et d'une augmentation de la clairance de Traitement
l'iode induites par les estrogènes [1]. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Au cours de l'allaitement maternel, 100 μg/J recommande chez la femme enceinte ou allaitant
d'iode sont utilisés pour les besoins du nouveau-né. un apport iodé de 200 à 300 μg/J.
En France, les études épidémiologiques mettent L'Endocrine Society recommande pendant
en évidence la présence d'une carence iodée la grossesse et pendant l'allaitement un apport
modérée (apports de 50 à 100 μg/J) au cours de la iodé de 250 μg/J. En pratique, en France, pays de
grossesse [4]. carence modérée en iode, une supplémentation
par 200 μg/J d'iode est nécessaire.
Avis préconceptionnel Cet apport ne doit pas dépasser 500 μg/J.
Les femmes en âge de procréer devraient avoir un
apport iodé d'au moins 150 μg/J. Références
Il est recommandé en préconceptionnel de pré- [1] De Groot L, Abalovich M, Alexander EK, Amino N,
venir une carence iodée par un apport d'iode de Barbour L, Cobin RH, et al. Management of thyroid
150 à 200 μg/J. dysfunction during pregnancy and postpartum : an
Endocrine Society clinical practice guideline. J Clin
Endocrinol Metab 2012 ; 97 : 2543–65.
Suivi de grossesse [2] Stagnaro-Green A, Abalovich M, Alexander E,
Azizi F, Mestman J, Negro R, et al. Guidelines of the
Le dépistage d'une carence iodée est basé sur une American Thyroid Association for the diagnosis and
iodurie des 24 heures. Elle est normalement de 150 management of thyroid disease during pregnancy
à 250 μg/J chez la femme enceinte. Ce dépistage and postpartum. Thyroid 2011 ; 21 : 1081–125.
n'est intéressant qu'à l'échelle d'une population. [3] Glinoer D, de Nayer P, Bourdoux P, Lemone M,
Robyn C, van Steirteghem A, et al. Regulation of
En revanche, d'un point de vue individuel, maternal thyroid during pregnancy. J Clin Endocri-
la carence peut également être suspectée sur un nol Metab 1990 ; 71 : 276–87.
bilan thyroïdien : élévation de la TSH, du ratio [4] Caron P. Thyroid dysfunctions and pregnancy.
T3L/T4L et diminution de la T4L. Presse Med 2011 ; 40(12 Pt 1) : 1174–81.
63
Pathologies maternelles et grossesse
[5] Negro R, Formoso G, Mangieri T, Pezzarossa A, [19] Glinoer D. Thyroid hyperfunction during pre-
Dazzi D, Hassan H. Lévothyroxine treatment in gnancy. Thyroid 1998 ; 8 : 859–64.
euthyroid pregnant women with autoimmune thyroid [20] Laurberg P, Nygaard B, Glinoer D, Grussendorf M,
disease : effects on obstetrical complications. J Clin Orgiazzi J. Guidelines for TSH-receptor a ntibody
Endocrinol Metab 2006 ; 91 : 2587–91. measurements in pregnancy : results of an
[6] Allan WC, Haddow JE, Palomaki GE, Williams JR, evidence-based symposium organized by the Euro-
Mitchell ML, Hermos RJ, et al. Maternal thyroid pean Thyroid Association. Eur J Endocrinol 1998 ;
deficiency and pregnancy complications : implica- 139 : 584–6.
tions for population screening. J Med Screen 2000 ; 7 : [21] Luton D, Le Gac I, Vuillard E, Castanet M, Gui-
127–30. bourdenche J, Noel M, et al. Management of Graves'
[7] Lee RH, Spencer CA, Mestman JH, Miller EA, Petro- disease during pregnancy : the key role of fetal thy-
vic I, Braverman LE, et al. Free T4 immunoassays roid gland monitoring. J Clin Endocrinol Metab
are flawed during pregnancy. Am J Obstet Gynecol 2005 ; 90 : 6093–8.
2009 ; 200 : 260 e1-6. [22] Polak M, Leger J, Luton D, Oury JF, Vuillard E, Bois-
[8] Mandel SJ. Hypothyroidism and chronic autoim- sinot C, et al. Fetal cord blood sampling in the dia-
mune thyroiditis in the pregnant state : maternal gnosis and the treatment of fetal hyperthyroidism in
aspects. Best Pract Res Clin Endocrinol Metab 2004 ; the offsprings of a euthyroid mother, producing thy-
18 : 213–24. roid stimulating immunoglobulins. Ann Endocrinol
[9] De Carolis C, Greco E, Guarino MD, Perricone C, (Paris) 1997 ; 58 : 338–42.
Dal Lago A, Giacomelli R, et al. Anti-thyroid anti- [23] Nachum Z, Rakover Y, Weiner E, Shalev E. Graves'
bodies and antiphospholipid syndrome : evidence of disease in pregnancy : prospective evaluation of a
reduced fecundity and of poor pregnancy outcome selective invasive treatment protocol. Am J Obstet
in recurrent spontaneous aborters. Am J Reprod Gynecol 2003 ; 189 : 159–65.
Immunol 2004 ; 52 : 263–6. [24] Millar LK, Wing DA, Leung AS, Koonings PP, Mon-
[10] Abalovich M, Gutierrez S, Alcaraz G, Maccallini G, toro MN, Mestman JH. Low birth weight and pree-
Garcia A, Levalle O. Overt and subclinical hypothy- clampsia in pregnancies complicated by hyperthy-
roidism complicating pregnancy. Thyroid 2002 ; 12 : roidism. Obstet Gynecol 1994 ; 84 : 946–9.
63–8. [25] Clementi M, Di Gianantonio E, Pelo E, Mammi I,
[11] Casey BM, Dashe JS, Wells CE, McIntire DD, Byrd W, Basile RT, Tenconi R. Methimazole embryopathy :
Leveno KJ, et al. Subclinical hypothyroidism and delineation of the phenotype. Am J Med Genet 1999 ;
pregnancy outcomes. Obstet Gynecol 2005 ; 105 : 83 : 43–6.
239–45. [26] Cooper DS, Doherty GM, Haugen BR, Hauger BR,
[12] Williams GR. Neurodevelopmental and neurophy- Kloos RT, Lee SL, et al. Revised American Thyroid
siological actions of thyroid hormone. J Neuroendo- Association management guidelines for patients
crinol 2008 ; 20 : 784–94. with thyroid nodules and differentiated thyroid can-
[13] Haddow JE, Palomaki GE, Allan WC, Williams JR, cer. Thyroid 2009 ; 19 : 1167–214.
Knight GJ, Gagnon J, et al. Maternal thyroid defi- [27] Davidson KM, Richards DS, Schatz DA, Fisher DA.
ciency during pregnancy and subsequent neuropsy- Successful in utero treatment of fetal goiter and
chological development of the child. N Engl J Med hypothyroidism. N Engl J Med 1991 ; 324 : 543–6.
1999 ; 341 : 549–55. [28] Kempers MJE, van Tijn DA, van Trotsenburg ASP, de
[14] Pop VJ, Brouwers EP, Vader HL, Vulsma T, van Vijlder JJM, Wiedijk BM, Vulsma T. Central conge-
Baar AL, de Vijlder JJ. Maternal hypothyroxinaemia nital hypothyroidism due to gestational hyperthy-
during early pregnancy and subsequent child deve- roidism : detection where prevention failed. J Clin
lopment : a 3-year follow-up study. Clin Endocrinol Endocrinol Metab 2003 Dec ; 88(12) : 5851–7.
(Oxf) 2003 ; 59 : 282–8. [29] McKenzie JM, Zakarija M. Fetal and neona-
[15] De Vivo A, Mancuso A, Giacobbe A, Moleti M, tal hyperthyroidism and hypothyroidism due to
Maggio Savasta L, De Dominici R, et al. Thyroid maternal TSH receptor antibodies. Thyroid 1992 ;
function in women found to have early pregnancy 2 : 155–9.
loss. Thyroid 2010 ; 20 : 633–63. [30] Burrow GN. The management of thyrotoxicosis in
[16] Adams Waldorf KM, Nelson JL. Autoimmune pregnancy. N Engl J Med 1985 ; 313 : 562–5.
disease during pregnancy and the microchimerism [31] Kim D-L, Song K-H, Kim SK. High prevalence of
legacy of pregnancy. Immunol Invest 2008 ; 37 : 631– carcinoma in ultrasonography-guided fine needle
44. aspiration cytology of thyroid nodules. Endocr J
[17] Weetman AP. Immunity, thyroid function and pre- 2008 ; 55 : 135–42.
gnancy : molecular mechanisms. Nat Rev Endocri- [32] Sawka AM, Goldstein DP, Brierley JD, Tsang RW,
nol 2010 ; 6 : 311–8. Rotstein L, Ezzat S, et al. The impact of thyroid can-
[18] Mestman JH. Hyperthyroidism in pregnancy. Curr cer and post-surgical radioactive iodine treatment
Opin Endocrinol Diabetes Obes 2012 ; 19 : 394– on the lives of thyroid cancer survivors : a qualitative
401. study. PLoS ONE 2009 ; 4 : e4191.
64
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
[33] Kung AWC, Chau MT, Lao TT, Tam SCF, Low LCK. [35] Luton D, Alberti C, Vuillard E, Ducarme G, Oury
The effect of pregnancy on thyroid nodule forma- JF, Guibourdenche J. Iodine deficiency in northern
tion. J Clin Endocrinol Metab 2002 ; 87 : 1010–4. Paris area : impact on fetal thyroid mensuration.
[34] Vannucchi G, Perrino M, Rossi S, Colombo C, Vicen- PLoS ONE 2011 ; 6 : e14707.
tini L, Dazzi D, et al. Clinical and molecular features [36] Glinoer D. Maternal and fetal impact of chronic
of differentiated thyroid cancer diagnosed during iodine deficiency. Clin Obstet Gynecol 1997 ; 40 :
pregnancy. Eur J Endocrinol 2010 ; 162 : 145–51. 102–16.
3.2. Diabètes
H. Affres, P. Chanson, M.-V. Senat
65
Pathologies maternelles et grossesse
selon les populations) [8], et augmente progressi- et donc non régulable, et l'augmentation des doses
vement dans les 30 années suivantes, au point que d'insuline nécessaires au 3e trimestre.
l'on peut se demander si le diabète gestationnel
ne constitue pas une forme précoce de diabète de
type 2, avec les mêmes facteurs de risque. Complications métaboliques
aiguës du diabète au cours
de la grossesse
Retentissement de la grossesse Hypoglycémie
sur le diabète Du fait de la diminution physiologique de la gly-
cémie à jeun pendant la grossesse, le seuil pour
Adaptations physiologiques définir l'hypoglycémie est < 0,60 g/L [9].
Chez les diabétiques de type 1, elles sont fré-
du métabolisme glucidique quentes en début de grossesse, entre 20 et 70 %
La grossesse normale se caractérise par des adap- [10]. Elles s'expliquent par la baisse des besoins en
tations hormonales destinées à assurer un apport insuline, de l'ordre de 20 % en début de grossesse
en glucose suffisant au fœtus. Au 3e trimestre, la et sont favorisées par les exigences thérapeutiques
consommation de glucose par le fœtus augmente strictes et souvent les vomissements gravidiques.
fortement, ce qui s'accompagne d'une insulino- Leur répétition entraîne parfois une désensibi-
résistance, compensée par une augmentation de lisation, les hypoglycémies étant ressenties pour
la sécrétion d'insuline (multipliée par 3). C'est à des valeurs de plus en plus basses, proches de
cette période de la grossesse que se révèle le dia- celles du coma. Les conséquences sur le devenir
bète gestationnel, chez les femmes dont la sécré- de la grossesse de ces hypoglycémies sévères ne
tion d'insuline est insuffisante. La glycémie à jeun sont pas prouvées actuellement, en particulier
s'abaisse d'environ 1 mmol/L au 1er trimestre, et aucune corrélation n'a été montrée avec les mal-
l'hémoglobine glyquée s'abaisse d'environ 1 % à formations congénitales ou les morts in utero
partir du 2e trimestre. Ces modifications métabo- chez l'humain [11].
liques expliquent le risque d'hypoglycémie impor- Les diabétiques de type 2 insulinotraitées ont
tant au 1er trimestre chez les patientes diabétiques exceptionnellement des hypoglycémies, car elles
de type 1, dont l'insulinosécrétion est inexistante gardent une insulinosécrétion résiduelle endo-
66
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
gène régulable. Les hypoglycémies s'observent en grossesse permet le contrôle systématique du fond
revanche en cas de traitement par sulfamide hypo- d'œil et l'équilibration du diabète avant la gros-
glycémiant. sesse. En effet, la correction très rapide du désé-
quilibre glycémique en début de grossesse est un
Acidocétose facteur aggravant des phénomènes ischémiques
[16]. Le risque d'apparition d'une rétinopathie au
Elle ne concerne que les patientes diabétiques de
cours de la grossesse étant de l'ordre de 10 à 20 %
type 1 et est de l'ordre de 2 à 3 % au cours de la
[15], il est également justifié, si le fond d'œil est
grossesse [12]. Le risque augmente à partir du
normal en début de grossesse, de le répéter tous
2e trimestre, en raison de l'augmentation physio-
les 3 mois puis dans le post-partum.
logique des besoins en insuline, et d'une lipolyse
accrue. L'acidocétose peut se compliquer de mort Néphropathie
fœtale dans 10 à 20 % des cas [13], justifiant une
hospitalisation en urgence. Le débit de filtration glomérulaire augmente de
Le traitement par pompe à insuline sous- façon physiologique pendant la grossesse. Une
cutanée augmente encore le risque du fait de microalbuminurie peut donc fréquemment appa-
l'absence de « réservoir » sous-cutané d'insuline raître, et une protéinurie préexistante se majorer,
lente en cas de panne de la pompe. L'éducation de façon réversible après l'accouchement. Sur le
des patientes doit donc être renforcée pour pré- long terme, la grossesse ne semble pas accélérer
venir ce risque (fréquence des autocontrôles gly- la progression de la néphropathie [17], sauf en cas
cémiques, augmentation des doses d'insuline et d'insuffisance rénale préalable [18].
« rajouts » d'insuline rapide si nécessaire), et pour La néphropathie à son tour retentit sur la gros-
traiter cette situation au plus vite. sesse avec un risque d'hypertension artérielle et
de pré-éclampsie.
Ces risques justifient une prise en charge mul-
Conséquences de la grossesse sur tidisciplinaire impliquant le néphrologue dès
les complications chroniques du la période préconceptionnelle. Le traitement de
diabète l'HTA devra être adapté et souvent renforcé au
cours de la grossesse, sachant que les inhibiteurs
Complications de l'enzyme de conversion et les antagonistes de
de macroangiopathie l'angiotensine 2 sont contre-indiqués.
Elles concernent peu les femmes diabétiques en
âge de procréer, mais cette affirmation doit être
réévaluée compte tenu de l'augmentation de la
prévalence du diabète de type 2 chez les sujets Conséquences du diabète
jeunes et obèses, avec parfois des facteurs de sur la grossesse
risque vasculaires surajoutés, et également du
caractère plus tardif des grossesses. L'insuffisance Complications embryonnaires
coronaire non revascularisée reste une contre-
Le risque concerne les grossesses où le diabète
indication à la grossesse, avec un risque d'infarc-
est présent lors de la conception et de l'organoge-
tus du myocarde de près de 50 % [14].
nèse. Il est directement corrélé à l'hyperglycémie
maternelle, reflétée par le taux d'hémoglobine
Complications glyquée (HbA1c) à la conception, ce qui justifie la
de microangiopathie programmation de la grossesse dans des condi-
Rétinopathie tions d'équilibre glycémique optimales [19].
La rétinopathie préexistante s'aggrave quasi
constamment pendant la grossesse [15], justifiant Fausses couches précoces
une surveillance mensuelle. L'angiographie et le Le risque est multiplié par 4 à 6 par rapport à la
traitement par laser, s'ils sont nécessaires, ne sont population générale, surtout en cas de déséqui-
pas contre-indiqués [16]. La programmation de la libre glycémique [20].
67
Pathologies maternelles et grossesse
68
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
69
Pathologies maternelles et grossesse
HbA1c à prélever rapidement (non à jeun), Dextros 6/jour Dietétique : régime 25 à 35 kcal/kg/j, 50 %
Avis diabétologique rapide pour optimisation du traitement. d’hydrates de carbone, fractionné
Prévoir examen ophtalmologique, protéinurie, créatininémie Dextros 4/j (à jeun et 3 post-prandiales)
écho diagnostic antenatal à 18 SA Objectifs : A jeun < 0,95 g/l, 2 h PP < 1,20 g/l
Revoir à 10 j pour vérification des résultats
CS de suivi diabétologique
médicale et/ou infirmière
(au minimum 1 500 kcal/jour en cas de surpoids période postprandiale pour corriger une hyper-
maternel, le plus souvent aux alentours de glycémie. Les analogues rapides de l'insuline
2 000 kcal/jour) excluant les sucres rapides sauf (asparte et lispro) permettent de mieux contrôler
en cas d'hypoglycémie, et comportant 50 % de les glycémies postprandiales. L'utilisation des ana-
glucides complexes, 35 % de lipides et 15 % de logues lents de l'insuline (glargine, detemir) n'est
protides. Il est souhaitable de fractionner les pas encore recommandée pendant la grossesse,
apports glucidiques en proposant 2 ou 3 colla- bien que les premières études soient rassurantes.
tions, en proposant par exemple de garder le fruit Chez les diabétiques de type 1, certaines équipes
du repas pour le prendre dans l'après midi et au maintiennent en cas de grossesse le traitement par
coucher. Ces conseils diététiques permettent très ces analogues lents lorsqu'il permet d'obtenir un
souvent d'atteindre les objectifs glycémiques en bon contrôle glycémique [30], d'autant plus qu'ils
cas de diabète gestationnel et sont parfois suffi- ont un moindre risque hypoglycémique.
sants chez une patiente diabétique de type 2 au L'insuline et ses analogues ne passent pas la
début de la grossesse [29]. barrière placentaire.
L'activité physique est également encouragée L'insulinothérapie sous-cutanée continue par
dans la mesure du possible. pompe externe permet d'obtenir une meilleure
stabilité des glycémies et d'atteindre les objectifs
Insuline stricts en évitant les hypoglycémies sévères, mais
le devenir de la grossesse est identique quelles que
Chez les patientes diabétiques de type 1, le schéma soient les modalités de l'insulinothérapie [31].
« basal bolus » est obligatoire, l'insuline basale Chez les diabétiques de type 2 et en cas de
étant assurée par deux injections d'insuline inter- diabète gestationnel, l'équilibre glycémique est
médiaire (NPH) ou une injection d'insuline lente, plus facile à obtenir. Lorsqu'une insuline basale
et les bolus par une injection d'insuline d'action est nécessaire, on prescrira une insuline NPH
rapide avant chaque repas, des « suppléments » le soir au coucher, dont la dose sera adaptée aux
d'insuline rapide pouvant être aussi effectués en résultats de la glycémie à jeun le matin. Les doses
70
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
d'insuline rapide, analogue rapide le plus souvent, graphie des 2e et 3e trimestres en cas de microan-
seront adaptées aux résultats des glycémies post- giopathie diabétique, d' HTA ou de retard de crois-
prandiales. En cas d'insulinorésistance majeure, sance intra-utérin.
la pompe à insuline peut aussi être un moyen
d'administrer les fortes doses d'insuline néces- Surveillance de la vitalité fœtale
saires en fin de grossesse.
Elle est systématique à partir de 32 semaines
d'aménorrhée en cas de diabète de type 1 ou de
Antidiabétiques oraux type 2, afin de réduire le risque de mort fœtale in
Ils n'ont pas à ce jour d'autorisation de mise sur le utero [35]. L'enregistrement du rythme cardiaque
marché pendant la grossesse. fœtal (RCF) peut être organisé en ambulatoire,
La metformine traverse le placenta, mais n'a une fois par semaine à partir de 32 SA, puis deux
pas d'effet tératogène [32]. Cependant, elle permet fois par semaine à partir de 34 SA, voire plus fré-
rarement à elle seule d'atteindre les objectifs gly- quemment si les objectifs glycémiques ne sont
cémiques recommandés pendant la grossesse [33]. pas atteints. En cas de diabète gestationnel bien
Le glibenclamide n'a pas d'effet indésirable équilibré et sans autre facteur de risque, la prise
rapporté chez le fœtus et d'ailleurs ne passe pas en charge est identique à celle d'une grossesse
la barrière placentaire selon certaines études. normale [36] (figure 3.3).
Dans les études randomisées comparant le gli-
benclamide à l'insuline dans le diabète gesta-
tionnel, l'impact est équivalent sur le contrôle
glycémique et les complications néonatales Accouchement (figure 3.2)
[34]. Cependant, ces études manquent de puis-
sance, justifiant des essais multicentriques à plus Le contrôle optimal des glycémies maternelles pen-
grande échelle. dant l'accouchement est essentiel afin de diminuer
le risque d'hypoglycémie chez le nouveau-né [37].
Le protocole comprend une perfusion glucosée
associée à une insulinothérapie intraveineuse, soit à
Suivi de grossesse : surveillance la seringue électrique, soit par bolus horaire, adap-
obstétricale (figure 3.3) tée aux glycémies capillaires effectuées toutes les
heures, de façon à maintenir une glycémie comprise
Les consultations obstétricales mensuelles per- entre 4 et 6 mmol/L. Chez une patiente diabétique
mettent la surveillance du poids, la pression arté- de type 1, on peut poursuivre l'insulinothérapie
rielle, le dépistage d'une protéinurie, d'une infection basale par voie sous-cutanée, en remplaçant l'insu-
urinaire (un auto-dépistage supplémentaire par line prandiale par la voie intraveineuse tant que la
bandelettes sera expliqué si besoin). patiente est à jeun. La présence d'un pédiatre sur
place est indispensable pour la prise en charge des
éventuelles hypoglycémies du nouveau-né.
Surveillance échographique
du fœtus
La première échographie, entre 11 et 14 semaines
Le terme
d'aménorrhée (SA), est indispensable pour préci- Dans la mesure du possible l'accouchement doit
ser le terme. La deuxième échographie, entre 20 avoir lieu à terme afin de limiter la morbidité néo-
et 24 SA, permet de détecter des malformations natale liée à la prématurité. En raison du risque
fœtales, et pourra être complétée en cas de doute d'hyperglycémie et de cétose, l'utilisation des cor-
par une échographie cardiaque fœtale [9]. La ticoïdes doit être très prudente, sous surveillance
troisième échographie, entre 32 et 34 SA, permet intensive des glycémies capillaires, et protocole
d'évaluer la biométrie fœtale, la quantité de liquide d'insulinothérapie renforcé.
amniotique et le placenta. Le doppler des artères En cas de diabète gestationnel bien contrôlé
utérines et ombilicales est recommandé à l'écho- sous régime seul ou avec de petite dose d'insuline,
71
Pathologies maternelles et grossesse
Equilibré Déséquilibré
Equilibré
Quelque soit le traitement
Déclenchement/maturation Déclenchement/maturation
38 – 38 + 6SA 38 SA
Césarienne si macrosomie Césarienne si macrosomie
il n'y a pas d'indication à déclencher l'accouche- tiques de type 1 ou 2. La surveillance des glycé-
ment avant terme [36]. En cas de diabète de type mies capillaires sera poursuivie pour adapter
1 ou 2, ou de diabète gestationnel mal équilibré, les doses d'insuline, avec des objectifs moins
le déclenchement est conseillé entre 38 et 39 SA, stricts que pendant la grossesse. Chez les dia-
afin de limiter le risque de mort fœtale en fin de bétiques de type 1, le schéma basal-bolus doit
grossesse [35, 36]. être maintenu. Pour les diabétiques de type 2,
les hypoglycémiants oraux sont théoriquement
Voie d'accouchement contre-indiqués si la femme allaite, mais on peut
souvent arrêter l'insuline rapide, en maintenant
Le taux de césarienne est encore très élevé, prin- ou non l'insuline basale, si les conseils diété-
cipalement en raison de la morbidité et des com- tiques restent bien suivis. Pour les diabètes ges-
plications obstétricales engendrées par le diabète tationnels, on arrête l'insuline à l'accouchement,
[15]. Une césarienne peut être programmée pour en surveillant d'autant plus qu'on soupçonne un
éviter le risque de dystocie des épaules si l'estima- diabète de type 2 méconnu [7]. Après tout diabète
tion du poids fœtal (EPF) par échographie après gestationnel, il faut prescrire un dépistage du dia-
36 SA est supérieure à 4,5 kg, ou si la circonférence bète dans les 3 mois après la grossesse, par une
abdominale du fœtus est supérieure à 36 cm. glycémie à jeun (ou une HGPO 75 g), mais aussi
tous les 2 ou 3 ans et surtout avant toute nouvelle
grossesse. Chez ces femmes à haut risque de dia-
Suivi en post-partum (figure 3.4) bète, le post-partum est un moment favorable à
la prévention par les mesures hygiéno-diététiques.
L'insulinorésistance, majorée au 3e trimestre, est Enfin, la patiente ne quittera pas la maternité sans
levée dès l'accouchement : il faut donc diminuer qu'ait été envisagée sa contraception ultérieure :
les doses d'insuline au moins de moitié pour c'est déjà l'occasion d'insister sur la nécessité de
éviter les hypoglycémies chez les femmes diabé- programmation d'une éventuelle future grossesse.
72
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
Diabète gestationnel :
Diabète de type 1 ou 2
(quel que soit le traitement
connu avant la grossesse pendant la grossesse)
Continuer dextros 6 x /j
DT1 : poursuite de l’insuline basale + rapide en divisant Arrêt de l’insuline en post partum
les doses d’insuline par 2 en post partum immédiat immédiat continuer dextros
DT2 : essai d’arrêt de l’insuline rapide +/– basale avant chaque repas
(ADO possibles sauf si allaitement) +/– avis diabétologique
73
Pathologies maternelles et grossesse
[15] Axer-Siegel R, Hod M, Kink-Cohen S, et al. Diabetic [27] Blondel B, Breart G, du Mazaubrun C, et al. The
retinopathy during pregnancy. Ophtalmology 1996 ; perinatal situation in France. Trends between 1981
103 : 1815–9. and 1995. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 1997 ;
[16] The Diabetes Control and Complications Trial 26 : 770–80.
Research Group. The effect of intensive diabetes [28] Mello G, Parretti E, Mecacci F, et al. What degree
treatment on the progression of diabetic retinopathy of maternal metabolic control in women with type 1
in insulin-dependent diabetes mellitus. Arch Oph- diabetes is associated with normal body size and pro-
talmol 1995 ; 113 : 36–51. portions in full-term infants ? Diabetes Care 2000 ;
[17] The Diabetes Control and Complications Trial 23 : 1494–8.
Research Group. Effect of pregnancy on microvascu- [29] Tieu J, Crowther CA, Middleton P. Dietary advice
lar complications in the Diabetes Control and Com- in pregnancy for preventing diabetes mellitus.
plications Trial. Diabetes Care 2000 ; 23 : 1084–91. Cochrane Data Dase Syst Rev 2008 ; 2 : CD006674.
[18] Landon ML. Diabetic nephropathy and pregnancy. [30] Lepercq J, Jacqueminet S, Hieronimus S, et al. Use
Clin Obstet Gynecol 2007 ; 50 : 998–1006. of insulin glargine throughout pregnancy in 102
[19] Suhonen L, Hiilesmaa V, Teramo K. Glycaemic women with type 1 diabetes. Diabetes Metab 2010 ;
control during early pregnancy and fetal malforma- 36 : 209–12.
tions in women with type 1 diabetes mellitus. Diabe- [31] Hieronimus S, Cupelli C, Bongain A, et al. Pregnancy
tologia 2000 ; 43 : 79–82. in type 1 diabetes : insulin pump versus intensified
[20] Mills JL, Simpson JL, Driscoll SG, et al. Incidence conventional therapy. Gynecol Obstet Fertil 2005 ; 33 :
of spontaneous abortion among normal women and 389–94.
insulin-dependant diabetic women whose pregnan- [32] Gilbert C, Valois M, Koren G. Pregnancy outcome
cies were identified within 21 days of conception. after first-trimester exposure to metformin : a meta-
N Engl J Med 1988 ; 319 : 1617–23. analysis. Fertil & Steril 2006 ; 86 : 658–63.
[21] Landon MB, Spong CY, Thom E, et al. A multicenter [33] Rowan JA, Hague WM, Gao W, et al. for the MiG
randomized trial of treatment for mild gestational Trial Investigators. Metformin versus insulin for
diabetes. N Engl J Med 2009 ; 361 : 1339–48. the treatment of gestational diabetes. N Engl J Med
[22] Crowther CA, Hiller JE, Moss JR, et al for the Aus- 2008 ; 358 : 2003–15.
tralian Carbohydrate Intolerance Study in Pregnant [34] Langer O, Conway DL, Berkus MD, et al. A com-
Women (ACHOIS). Trial Group. Effect of treatment parison of glyburide and insulin in women with
of gestational diabetes mellitus on pregnancy out- gestational diabetes mellitus. N Engl J Med 2000 ;
comes. N Engl J Med 2005 ; 352 : 2477–86. 343 : 1134–8.
[23] Pedersen J. Weight and lenght at birth of infants of [35] Bismuth E, Bouche C, Caliman C, et al. Management
diabetic mothers. Acta Endocrinol 1954 ; 16 : 330–42. of pregnancy in women with type 1 diabetes mellitus :
[24] Lepercq J, Timsit J, Hauguel-de Mouzon S. Etiopa- Guidelines of the French-Speaking Diabetes Society
thogeny of fetal macrosomia. J Gynecol Obstet Biol (SFD). Diab & Metab 2012 ; 38 : 205–16.
Reprod (Paris) 2000 ; 29 : 6–12. [36] Collège National des Gynécologues et Obstétriciens
[25] Freinkel N. The Banting lecture 1980. Of pregnancy Français (CNGOF). Recommandations pour la pra-
and progeny Diabetes 1980 ; 29 : 1023–35. tique clinique : le diabète gestationnel. J Gynecol
[26] Reece EA, Sivan E, Francis G, Homko CJ. Pregnancy Obstet Biol Reprod 2010 ; 39 : S1–342.
outcomes among women with and without diabetic [37] Taylor R, Lee C, Kyne-Grzebalski D, et al. Clinical
microvascular disease versus non-diabetic controls. outcomes of pregnancy in women with type 1 dia-
Am J Perinatol 1998 ; 15 : 549–55. betes. Obstet Gynecol 2002 ; 99 : 537–41.
74
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
75
Pathologies maternelles et grossesse
76
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
des cas [9–12]. L'association à une contraception Cependant, dans une étude prospective, il n'avait
efficace est donc recommandée jusqu'à ce que la pas été retrouvé d'anomalie à la naissance chez
grossesse soit autorisée. En effet, au cours de toute les enfants de 80 mères dont le traitement avait
grossesse on assiste, sous l'effet de l'inflation été interrompu à 5 semaines de grossesse [16].
estrogénique, à une hyperplasie des cellules lacto- Il semble donc qu'une exposition précoce à la bro-
tropes responsable d'une augmentation de la pro- mocriptine ou à la cabergoline durant la grossesse
lactinémie et d'une hypertrophie hypophysaire. ne soit pas délétère. À l'inverse, il n'existe pas de
Sans conséquences en l'absence de pathologie données suffisantes concernant l'impact du qui-
hypophysaire, le risque tumoral lié aux modifi- nagolide et du pergolide qui ne doivent donc pas
cations hypophysaires physiologiques de la gros- être utilisés lorsqu'il existe un projet de grossesse
sesse prend toute son importance. Aussi, un bilan [17]. Les recommandations de la Société Améri-
notamment morphologique s'impose avant d'au- caine d'Endocrinologie et de la Société Française
toriser une grossesse dont la prise en charge varie d'Endocrinologie sont d'interrompre les traite-
en fonction du volume tumoral initial. En cas de ments a ntiprolactinémiants dès le diagnostic de
microadénome, la grossesse est le plus souvent grossesse sauf cas particuliers. Ils peuvent cepen-
autorisée sans restriction. En cas de macroadé- dant être réintroduits en cours de grossesse en cas
nome, l'autorisation de grossesse ne sera donnée d'apparition d'un syndrome tumoral.
qu'après réduction du volume tumoral qu'elle soit
médicale ou chirurgicale.
77
Pathologies maternelles et grossesse
tumoral était cependant légèrement supérieur certains auteurs, chez plus de 50 % des femmes.
entre 4,5 à 5 % [19]. Une réduction du volume tumoral ainsi qu'une
L'apparition ou l'aggravation de céphalées ou de guérison est moins fréquente mais possible (10 %
troubles visuels doit, en revanche, motiver la pres- des cas). Cette évolution est rapportée aux modifi-
cription d'une IRM sans injection de gadolinium cations vasculaires de la grossesse entraînant une
et d'un examen ophtalmologique. Une augmenta- nécrose de la tumeur [9, 20]. Une étude récente a
tion symptomatique du volume tumoral impose la analysé le suivi à long terme de 143 grossesses chez
reprise d'un traitement par bromocriptine. Cette 91 femmes ayant toutes un adénome à prolactine
molécule est choisie prioritairement en raison de son dont 10 macroadénomes [21]. Dans 68 % des cas,
plus grand recul chez les femmes enceintes mais une aucun traitement n'a été réintroduit après 60 mois
intolérance peut imposer son remplacement par la de suivi. Aucune augmentation de la taille tumo-
cabergoline [10]. L'absence d'amélioration des symp- rale n'a été observée par IRM 3 à 6 mois après l'ac-
tômes ou du volume tumoral peut faire discuter un couchement. Seulement trois des femmes ayant un
traitement chirurgical, mais celui-ci reste exception- macroadénome avaient repris le traitement dopa-
nel et doit être discuté en réunion de concertation minergique. De même, l'étude de Dominque et al.
pluridisciplinaire. Ainsi, si la patiente est proche rapporte une normalisation du taux de prolactine
du terme, un déclenchement peut être raisonnable sans traitement chez 41 % des 73 femmes évaluées
avant d'envisager une sanction chirurgicale. [22]. De plus, les taux de prolactine après la gros-
sesse sont dans la plupart des cas plus bas qu'avant
En cas de macroadénome la grossesse.
La grossesse a donc souvent un effet positif sur
Plusieurs situations doivent être individualisées cette pathologie. La guérison n'est pas exception-
car de pronostic très différent [10, 12]. En cas de nelle.
macroadénome traité chirurgicalement ou médi-
calement depuis plus d'un an avec une extension
Suivi en post-partum
suprasellaire peu menaçante pour les voies optiques,
le risque d'augmentation tumoral est faible autour de En post-partum, se pose le problème de l'autorisa-
5 %. L'interruption du traitement médicamenteux est tion de l'allaitement. Il faut là encore distinguer le
proposée moyennant une surveillance rapprochée. cas du microadénome de celui du macroadénome
En revanche, si le traitement médical a été instauré [9].
depuis moins d'un an ou s'il existe une extension En cas de microadénome, l'allaitement est auto-
supra- ou latérosellaire, le maintien de la bromocrip- risé sans restriction. Ce dernier entraîne parfois
tine tout au long de la grossesse est recommandé du une rémission de l'hyperprolactinémie.
fait du risque évolutif estimé entre 20 et 30 %. En cas de macroadénome, l'allaitement peut
La surveillance en cours de grossesse s'impose dans certains cas être autorisé, repoussant ainsi la
dans tous les cas de macroadénomes. Celle-ci com- reprise du traitement antidopaminergique. Deux
porte une évaluation de la symptomatologie cli- situations cliniques doivent distinguées :
nique mensuelle ainsi que la réalisation d'un champ 1. Si la grossesse s'est déroulée sans aucun signe
visuel trimestriel. Toute suspicion de développement clinique tumoral et si le macroadénome est pure-
tumoral impose la pratique d'une IRM hypophysaire ment intrasellaire non menaçant pour les voies
sans injection de gadolinium. Un accroissement du optiques, l'allaitement peut être autorisé.
volume de l'adénome nécessite une reprise thérapeu- 2. En revanche, si le traitement antidopaminer-
tique préférentiellement par bromocriptine. gique a été repris pendant la grossesse ou si l'ex-
tension de l'adénome menace le chiasma optique,
l'allaitement est contre-indiqué.
Conséquences de la grossesse
sur l'adénome hypophysaire Références
[1] Delemer B. Adénomes à prolactine : diagnostic
Au décours de la grossesse, une diminution de et prise en charge. La presse médicale 2009 ; 38 :
l'hyperprolactinémie est souvent rapportée, pour 117–24.
78
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
[2] Soto-Ares G, Cortet-Rudelli C, delaire C, Pruvo JP. [13] Fatfouta I, Delotte J, Mialon O, Isnard V, Bongain A.
Pituitary adenomas and pregnancy : morphological Adénome à prolactine : du désir de grossesse à l'ac-
MRI features. J Radiol 2002 ; 83 : 329–35. couchement. J Gynecol Obstet Biol Reprod 2013 ; 42 :
[3] Colao A, Lombardi G. Growth-hormone and prolac- 316–24.
tin excess. Lancet 1998 ; 352 : 1455–61. [ 14] Molitch ME. Pituitary disorders during pre-
[4] Daly AF, Rixhon M, Adam AF, et al. High prevalence gnancy. Endocrinol Metab Clin North Am 2006 ;
of pituitary adenomas : a cross-sectional study in the 35 : 99–116.
province of Liège, Belgium. J Clin Endocrinol Metab [15] Raymond JP, Goldstein E, Konopka P, et al.
2006 ; 91 : 4769–75. Follow-up of children born of bromocriptine-treated
[5] Sauder SE, Frager M, Case GD, et al. Abnormal pat- mothers. Horm Res 1985 ; 22 : 239–46.
terns of pulsatile luteinizing hormone secretion in [16] Ono M, Miki N, Amano K, et al. High-dose caber-
women with hyperprolactinemia and amenorrhea : goline therapy for hyperprolactinemic infertility in
responses to bromocriptine. J Clin Endocrinol Metab women with micro- and macroprolactinomas. J Clin
1984 ; 59 : 941–8. Endocrinol Metab 2010 ; 95 : 2672–9.
[6] Ramasharma K, Li CH. Human pituitary and pla- [17] Webster J, Piscitelli G, Polli A, et al, For the caber-
cental hormones control human insulin-like growth goline comparative study group. A comparison of
factor II secretion in human granulosa cells. Proc cabergoline and bromocriptine in the treatment of
Natl Acad Sci USA 1987 ; 84 : 2643–7. hyperprolactinemic amenorrhea. Cabergoline Com-
[7] Demura R, Ono M, Demura H, et al. Prolactin directly parative Study Group. N Engl J Med 1994 ; 331 :
inhibits basal as well as gonadotropin-stimulated secre- 904–9.
tion of progesterone and 17 beta-estradiol in the human [18] Caron P. Grossesse associée à un adénome hypophy-
ovary. J Clin Endocrinol Metab 1982 ; 54 : 1246–50. saire sécrétant ou non sécrétant : conduite à tenir.
[8] Christin-Maitre S, Delemer B, Touraine P, Young J. Mises au point cliniques d'endocrinologie 2008 ;
Adénomes à prolactine et estrogènes : grossesse, 69–78 : .
contraception, traitement hormonal estroprogesta- [19] Gillam MP, Molitch MP, Lombardi G, et al. Advances
tif. Ann Endocrinol 2007 ; 68 : 106–12. in the treatment of prolactinomas. Endocr Rev 2006 ;
[9] Molitch ME. Prolactinoma in pregnancy. Best Pract 27 : 485–534.
& Res Clin Endocrinol Metab 2011 ; 25 : 885–96. [20] Bricaire C, Kerlan V, Kuttenn F, Mauvais-Jarvis P. La
[10] Melmed S, Casanueva FF, Hoffman AR, et al. Dia- grossesse, une modalité de guérison des adénomes
gnosis and treatment of hyperprolactinémia : an à prolactine ? Dix- huit observations. Presse Med
endocrine society clinical practice guideline. J Clin 1998 ; 17 : 2117–9.
Endocrinol Metab 2011 ; 96 : 273–88. [21] Auriemma RS, Perone Y, Di Sarno A, et al. Results
[11] Casanueva FF, Molitch ME, Schlechte JA, et al. Gui- of a single-center observational 10-year survey study
delines of the Pituitary Society for the diagnosis and on recurrence of hyperprolactinémie after pre-
management of prolactinomas. Clin Endocrinol gnancy and lactation. J Clin Endocrinol Metab 2013 ;
2006 ; 65 : 265–73. 98 : 372–9.
[12] Brue T, Delemer B, et al. Diagnostic et prise en charge [22] Dominque ME, Devuyst F, Alexopoulou O, Cor-
des hyperprolactinémes : Consensus d'experts de la vilian B, Maiter D. Outcome of prolactinoma after
Société française d'Endocrinologie (SFE). Méd Clin pregnancy and lactation : a study on 73 patients. Clin
Endocrinol Diab 2008 ; 9 : 1–7. Endocrinol 2013 ; (online first).
79
Pathologies maternelles et grossesse
80
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
Figure 3.5. Aspect en IRM hypophysaire (coupe coronale à gauche et coupe sagittale à droite)
chez une patiente vers le 8e mois de grossesse présentant une hypophysite lymphocitaire.
L'imagerie hypophysaire a été réalisée devant des céphalées intenses et une hypotension. La mesure du cortisol sérique
a montré un taux très bas (2 μg/dL, nle 8–22) le matin. Au moment du diagnostic, la glycémie était à 2 mmol/L et la
natrémie à 128 mmol/L.
81
Pathologies maternelles et grossesse
83
Pathologies maternelles et grossesse
baisse de l'urée et de l'acide urique alors que, dans enceinte [11–14]. À côté de ce phénomène, on observe
l'ISP, la déshydratation extracellulaire peut aboutir une augmentation du facteur hypothalamique CRH
à une hypoperfusion rénale et donc à une augmen- et de l'hormone pituitaire ACTH qui en fin de gros-
tation de l'urée supérieure à celle de la créatinine sesse va contribuer à une élévation des cortisols libres
qui signe l'insuffisance rénale fonctionnelle. sérique, salivaire et urinaire [8]. Le mécanisme de
l'élévation de ces hormones de la commande cortico-
Outils disponibles pour le trope n'est pas complètement élucidé. Il est possible
diagnostic hormonal de l'IS que l'état gravide induise une augmentation du set
point hypothalamo-hypophysaire par l'effet antiglu-
Pour le diagnostic d'une ISP, le dosage concomitant cocorticoïde que pourrait provoquer la progestérone
matinal de base de l'ACTH et du cortisol sériques circulante à forte concentration.
constitue le test diagnostique de première ligne [3]. L'état gravide est par ailleurs caractérisé
En cas de baisse significative du cortisol associé à une par une activation importante du système
augmentation importante de l'ACTH, le diagnostic rénine-angiotensine-aldostérone [4–8, 11–14]. Celle-
d'ISP est facilement posé. Dans les ISP débutantes ci contribue à l'expansion volémique de la gestation.
partielles, le diagnostic est un peu plus délicat car les Chez une femme enceinte normale, l'effet antiminéra-
médecins n'ont pas le réflexe de demander un dosage locorticoïde de la progestérone est compensé en par-
d'ACTH. Il nécessite de faire le matin un test dyna- tie par l'inhibition de l'enzyme 1 1ß-hydroxystéroïde
mique de stimulation non agressif comme le Synac- deshydrogénase que ce progestatif naturel provoque
thène®. En cas de suspicion d'ISS le test de première [4, 8, 12]. Cette inactivation enzymatique au niveau
ligne est toujours la mesure matinale du couple corti- rénal va permettre au cortisol de pleinement exercer
sol/ACTH sérique. Dans les cas typiques où le cortisol son effet minéralocorticoïde au niveau des récep-
est très bas (< 3 µg/dL), le diagnostic d'IS est aisément teurs de l'aldostérone rénal et donc de compenser
fait. L'origine centrale (hypothalamo-hypophysaire) l'effet antiminéralocorticoïde de la progestérone. Un
de l'IS est ici fait devant l'absence d'élévation de autre mécanisme de compensation implique l'aug-
l'ACTH matinale. Cette hormone hypophysaire peut mentation de la rénine rénale et extrarénale à laquelle
être très basse, ce qui rend le diagnostic particulière- s'ajoute la stimulation par l'estradiol de la synthèse et
ment facile. Cependant, même si l'ACTH est dans la libération d'angiotensinogène hépatique. Ces deux
zone des « valeurs normales » devant un cortisol bas, phénomènes vont aboutir à une stimulation de la
le diagnostic d'ISS est posé. C'est lorsque le déficit production d'angiotensine 2 qui est un puissant sti-
est partiel que l'on fait appel aux tests dynamiques mulateur de la synthèse d'aldostérone. On voit bien
de stimulation, qui ont une place en deuxième ligne. qu'un déficit combiné en cortisol et en aldostérone
Plusieurs tests dynamiques ont été proposés chacun de l'ISP pourra être démasqué par l'effet antiminé-
ayant des atouts et des inconvénients. ralocorticoïde induit par la production placentaire
massive de progestérone. À côté de ce facteur aggra-
vant, il faut aussi signaler l'activité majeure au niveau
Influence de la grossesse placentaire de l'enzyme 11ß-hydroxystéroïde dés-
sur les fonctions hydrogénase type 2. Celle-ci est responsable d'une
inactivation du cortisol maternel par sa conversion
corticosurrénales maternelles en un métabolite inactif, la cortisone. Ainsi, globale-
ment l'état gravide expose à la décompensation d'une
La grossesse a, chez une femme en bonne santé, des IS sous-jacente, par l'inhibition des effets de l'aldosté-
effets considérables sur le fonctionnement de la sur- rone et inactivation du cortisol.
rénale [4–8, 11–14]. Tout d'abord, l'élévation majeure
de l'estradiol va induire au niveau hépatique une
augmentation très importante de la production de la
protéine porteuse du cortisol appelée CBG (cortisol Risques potentiels
binding globulin). Celle-ci va entraîner une augmen- de l'IS sur la mère
tation des concentrations de cortisol total circulant
chez la femme enceinte, ce qui déjà aura comme Jusqu'à la fin des années 1950, l'IS s'accompagnait
corolaire de modifier les valeurs normales de corti- d'une mortalité élevée du fait de l'absence de trai-
sol qui vont être supérieures à celle de la femme non tement substitutif disponible. À partir des années
84
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
1960, la mortalité s'est réduite de façon spectacu- origine. D'autre part, un diagnostic différentiel chez
laire avec l'introduction puis la diffusion des thé- une femme enceinte est le chloasma appelé aussi
rapeutiques gluco- et minéralocorticoïdes [4, 8]. mélasme qui est aussi secondaire à une activation
mélanocytaire responsable d'une sorte de mélano-
dermie parfois focalisée prédominant sur le visage
et les parties découvertes, exposées au soleil. Ce dia-
Présentation clinique gnostic différentiel dermatologique est possiblement
de l'insuffisance surrénale, non provoqué par l'élévation des estrogènes et la proges-
térone de la grossesse [8]. Dans tous les cas, il paraît
préalablement diagnostiquée, licite d'écarter une ISP devant ce tableau clinique.
pendant la grossesse Devant un tableau clinico-biologique d'IS,
certains signes doivent orienter l'origine
Les signes cliniques et biologiques de l'ISP et secon- hypothalamo-hypophysaire du déficit tels une
daire ont été indiqués plus haut. Au plan clinique, pâleur extrême non expliquée par une anémie
la présentation sémiologique est similaire chez la profonde, des céphalées intenses ou des troubles
femme enceinte. La difficulté sur ce terrain tient visuels, qu'ils soient à type de diminution du
simplement au fait que les signes d'IS, non spé- champ ou l'acuité visuelle ou bien des anomalies
cifiques, sont souvent déjà présents à une échelle de l'oculomotricité (diplopie) qui peuvent leur être
moindre, chez des femmes enceinte sans IS. Le associés ou isolés. Dans tous ces cas, une IRM de
médecin doit donc être attentif à leur importance la région hypothalamo-hypophysaire, avec ou non
et au moindre doute demander les explorations injection de gadolinium doit être réalisée de façon
hormonales. Chez la femme enceinte non malade, urgente pour rechercher un processus expansif,
il existe une tendance à l'hyponatrémie modérée. tumoral ou inflammatoire de cette région.
Cette caractéristique physiologique peut amener le
médecin à sous-estimer ce signe biologique, évoca-
teur d'IS. L'hyperemesis gravidarum est une d'une
façon générale une situation clinique qui doit faire
soulever l'hypothèse d'une endocrinopathie comme Diagnostic hormonal d'IS
une hyperthyroïdie, une acidocétose diabétique ou chez la femme enceinte
une insuffisance surrénale [4, 8, 10, 15, 16, 17, 18].
En cas de vomissements intenses, une IS est Il repose aussi chez la femme enceinte sur les
d'autant plus probable qu'elle est associée à une dosages simultanés du cortisol et de l'ACTH
hyponatrémie nettement inférieure à 135 mmol/L, sériques qui sont de réalisation simple et faits en
à une hypotension orthostatique et une fièvre. Une première ligne [3]. Le diagnostic d'ISP est facilité
difficulté supplémentaire peut être introduite par par la mesure de l'ACTH qui va être élevée très
les vomissements abondants qui peuvent masquer précocement. Chez une femme enceinte, une
la baisse de la natrémie et atténuer l'acidose méta- valeur d'ACTH supérieure à 100 pg/mL est déjà
bolique de l'ISP. évocatrice du diagnostic et la valeur diagnostique
Une hypoglycémie inférieure à 0,6 g/L est d'autant plus forte que l'élévation de cette
(< 3,3 mmol/L) doit aussi faire évoquer une IS et hormone hypophysaire est importante. L'inter-
particulièrement une ISS où un déficit en hor- prétation des dosages de cortisol sérique est plus
mone de croissance (qui est comme le cortisol une délicate. Comme cela a été vu plus haut, le corti-
hormone hyperglycémiante) peut exister dans le sol total circulant est augmenté pendant la gros-
cadre d'un panhypopituitarisme. sesse normale. La première précaution est donc
La mélanodermie est un signe évocateur d'ISP, de posséder des valeurs normales de ce stéroïde
il est lié à l'augmentation de l'ACTH qui va stimu- spécifiques de la grossesse. Cette base de travail
ler les récepteurs MCR1 exprimés à la surface des élémentaire n'est malheureusement pas habituel-
mélanocytes. Ce signe clinique est intéressant pour lement assurée par les laboratoires d'hormonolo-
le diagnostic d'ISP mais se heurte à deux difficultés. gie qu'ils soient de ville ou hospitaliers ce qui rend
D'une part à la variabilité ethnique des patientes particulièrement délicate l'interprétation d'une
qui rend moins facile sa détection par des médecins cortisolémie. Certes, quand le cortisol est très bas
« caucasiens » lorsque les femmes ne sont pas de cette (par exemple < 5 µg/dL ; équivalences < 50 ng/mL
85
Pathologies maternelles et grossesse
ou < 135 nmol/L, en fonction des unités utilisées par voie orale tant que c'est possible. En cas d'ISP,
par les différents laboratoires), le diagnostic d'IS on administre aussi un médicament ayant un
est probable. Le diagnostic d'ISP sera renforcé par effet minéralocorticoïde, la 9α-fludrocortisone.
l'élévation importante est très précoce de l'ACTH. En dehors des situations urgentes d'IS aiguë, les
En cas d'ISS par déficit corticotrope le diagnostic, posologies habituelles d'hydrocortisone sont
en dehors des cas caricaturaux, est plus difficile car comprises entre 20 et 30 mg par jour, réparties
l'élévation de l'ACTH est absente. En cas de déficit en 2 ou trois fois par jour avec le maximum de la
corticotrope sévère avec ACTH et cortisol simulta- dose administré le matin. Il est habituel que des
nément effondrés, le diagnostic hormonal positif va posologies un peu supérieures soient nécessaires
rester aisé. En revanche, lorsque le déficit est partiel, compte tenu du métabolisme de l'hydrocortisone
la baisse du cortisol peut être masquée artefactuel- par le placenta et l'élévation de la CBG circulante.
lement par l'élévation de la CBG. Cette difficulté va L'efficacité se mesure sur l'amélioration de l'état
être majorée par des niveaux d'ACTH qui ne seront clinique de la patiente avec une diminution des
pas forcement bas mais situés dans la zone des signes cliniques et biologiques.
valeurs normales, bien que non adaptés à la baisse Une éducation thérapeutique sera mise en
de la production de cortisol. Comme on l'a vu pré- place de façon à que la patiente puisse anticiper
cédemment chez les femmes non enceintes, dans ce toute décompensation aiguë. Celle-ci sera com-
contexte de déficit partiel on utilise les tests dyna- plétée par la remise d'une carte d'insuffisance
miques de stimulation pour affirmer ou écarter for- surrénale (figure 3.7). L'ensemble de cette prise en
mellement une IS. Mais la grossesse va ajouter ici charge sera optimal si elle se fait en concertation
plusieurs difficultés. La première est l'agressivité de étroite avec un service d'endocrinologie habitué
certaines explorations dynamiques comme l'hypo- aux soins de ces maladies.
glycémie insulinique ou le test à la métopirone qui
sont déconseillés chez une femme enceinte. Restent
les explorations dynamiques par le test de stimu- En cas de décompensation
lation au Synacthène® ordinaire ou par le test à la avec IS aiguë
CRH. La difficulté avec ce dernier est tout d'abord
l'absence de valeurs de référence de cortisol et L'IS aiguë est une urgence vitale qui nécessite
d'ACTH stimulées chez les femmes enceintes nor- une hospitalisation immédiate au mieux dans
males aux différents stades de la gestation. Aucune une unité de soins intensifs tant que la situation
interprétation fiable n'est donc possible tant que des n'est pas rétablie et stabilisée. La difficulté chez
valeurs normatives n'auront pas été établies. Pour la femme enceinte est qu'il faut surveiller de près
le test au Synacthène® ordinaire, certains travaux l'état de l'enfant à naître ce qui suppose l'interven-
ont montré, sur des échantillons de taille limitée, les tion active d'équipes obstétricales. Cette prise en
limites de la réponse normale du cortisol à cette sti- charge ne peut s'envisager correctement que dans
mulation pendant la grossesse [2, 4, 8]. un environnement de type maternité niveau 3
avec une réanimation néonatale.
Lorsque le diagnostic est connu un traitement
efficace peut être rapidement débuté. Il comprend
l'administration parentérale d'HSHC à fortes
Prise en charge de l'insuffisance doses (entre 50 mg et 200 mg d'HSHC en IV, qui
surrénale aiguë chez une femme sera renouvelé toutes 3 à 4 heures en fonction de
l'évolution). Ce traitement permet assez rapide-
enceinte ment corriger l'hyperkaliémie de l'ISP aiguë et la
vasoplégie artérielle commune à toutes les IS. En
En dehors de l'urgence parallèle, une réhydratation par sérum physiolo-
Le traitement de l'IS chez la femme enceinte ne gique sera initiée. Elle vise à rétablir la volémie
présente pas de particularité majeure par rap- pour éviter ou corriger l'insuffisance rénale et la
port aux autres patients atteints de ces maladies. tendance au collapsus spécifique de l' ISP. Sous
La base du traitement est la même et repose dans un monitorage hémodynamique et biologique et
tous les cas sur l'administration d'hydrocortisone rapproché, une décroissante de l'intensité de cette
86
Chapitre 3. Pathologies endocriniennes
Figure 3.7. Carte d'insuffisance surrénale que tout patient avec cette maladie, a fortiori une
femme enceinte doit porter en permanence sur lui.
Dans cette carte, le protocole de traitement de l'IS aiguë est décrit.
thérapeutique combinée sera dès que possible glycémie, un ajout de glucosé (G5 % ou G10 % en
amorcée en fonction de l'évolution des constantes fonction de la sévérité) sera mis en route parallè-
pour éviter les complications iatrogènes. Bien lement à la réhydratation.
entendu, une cause déclenchante sera recherchée Pour plus de détail consulter : www.orphanet-
et traitée (infection par exemple). En cas d'hypo- urgences.fr
87
Pathologies maternelles et grossesse
88
Néphropathies Chapitre 4
Protéinurie
Influence de la transplantation rénale sur la grossesse
Prématurité
Hypotrophie fœtale
Pathologies maternelles et grossesse
Césarienne
89
Pathologies maternelles et grossesse
90
Chapitre 4. Néphropathies
SYNDROME NEPHROTIQUE
Hypoalbuminémie ≤ 30 g/l et Albuminurie ≥ 3 g/j
non oui
Modifications Aggravation de la
physiologiques liées à néphropathie Prise en charge
la grossesse -symptomatique
sous jacente
-spécifique
Terme > 20 SA
Diagnostic différentiel
PRE ECLAMPSIE
Figure 4.1. Diagnostic d'un syndrome néphrotique chez la femme enceinte.
91
Pathologies maternelles et grossesse
d'une pathologie systémique sous-jacente [4]. • de suivre les paramètres néphrologiques (albu-
La planification de la grossesse au moins 6 mois minémie, créatinine, urée, acide urique, iono-
avant permet : gramme urinaire, protéinurie/créatininurie,
• d'instaurer précocement une prise en charge ECBU) ;
multidisciplinaire entre obstétriciens, néphro- • d'instauration un traitement symptomatique
logues, internistes, rhumatologues, etc. ; du SN (diurétique, albumine, port de bas de
• d'arrêter et remplacer si besoin les traitements contention, régime hyposodé et apport proti-
à visée néphrologique contre-indiqués (IEC/ dique à 1 g/kg/j) ;
ARA2). Un suivi clinico-biologique rappro- • d'évaluer et prendre en charge les complications
ché permettra d'évaluer le retentissement des du SN : aspirine, prophylaxiethrombo-embolique
modifications thérapeutiques sur la pression par héparine en cas d'hypoalbuminémie infé-
artérielle, la protéinurie et la fonction rénale rieure à 20 g/L, port de bas de contention, vita-
avant conception ; mine D, régime hypolipémiant) ;
• de modifier le traitement de fond d'une patho- • d'instaurer un traitement spécifique en cas de
logie systémique sous-jacente ; découverte d'une glomérulopathie primitive
• d'évaluer et corriger les troubles métaboliques accessible à une corticothérapie par exemple
induit par le SN ; (LGM, HSF primitive) ou en cas de découverte
• d'informer des risques encourus sur le plan d'une maladie systémique associée (corticoïdes
rénal et général pour la mère et le fœtus. et autres traitements IS, etc.) ;
• surveillance d'une pathologie systémique sous-
Diagnostic différentiel : jacente à risque de poussée et adaptation des
traitements spécifiques en rapport.
la pré-éclampsie
L'apparition ou l'aggravation d'un syndrome
néphrotique au 3e trimestre pose le problème du
diagnostic différentiel avec la pré-éclampsie, a Risques fœto-maternels
fortiori s'il existe une HTA ou une IR associées.
L'évolution des paramètres de surveillance habi- Risques maternels
tuels tels que la croissance fœtale, le bilan hépa-
tique, les facteurs de coagulation ou les symp- L'existence d'une néphropathie associée à un
tômes maternels permettent de faire la distinction SN expose au risque de survenue d'une HTA,
entre les deux. Cependant, une diminution de d'une pré-éclampsiemais aussi des complications
l'haptoglobine, une hémolyse ou une thrombopé- habituelles du SN.
nie peuvent être en lien avec la pathologie rénale Les néphropathies glomérulaires se com-
sous-jacente. pliquent d'HTA dans 20 % des cas environ durant
la grossesse. L'HTA devra faire l'objet d'un contrôle
strict (objectif 130/80 mmHg) a fortiori lorsqu'elle
pré-existait à la grossesse ou qu'elle apparaît pré-
Suivi de grossesse et prise cocement [5]. Les risques de pré-éclampsieen cas
en charge de néphropathie sous-jacentesont, quant à eux, de
l'ordre de 30 % [6]. Ils sont d'autant plus impor-
Toute néphropathie glomérulaire impose un suivi tants en cas de pathologie systémique associée ou
conjoint entre obstétricien et néphrologue très en cas de néphropathie responsable d'une HTA
rapproché durant la grossesse afin : chronique, et d'une protéinurie importante, d'une
• d'évaluer le contrôle de la PA (en consultation IRC au moment de la conception ou apparues pré-
et suivi des automesures) et la volémie : Les cocement au cours de la grossesse [7].
diurétiques sont parfois nécessaires dans les SN Le SN peut par ailleurs se compliquer de
profonds. Ils sont à utiliser avec précaution en thromboses vasculaires en rapport avec une
raison des risques d'hypovolémie pour le fœtus hypercoagulabilité (fuite urinaire de certains
mais, utilisés de façon adaptée, ils sont le plus inhibiteurs de la coagulation et augmentation de
souvent bien tolérés ; la synthèse hépatique de protéine de la coagula-
92
Chapitre 4. Néphropathies
tion). Ces thromboses peuvent intéresser tous les Ceci est vrai surtout lorsque la néphropathie sous-
territoires artériels ou veineux avec risque d'em- jacente est peu sévère (DFG supérieure à 40 mL/
bolie pulmonaire. Il existe par ailleurs au cours du min, faible protéinurie, et TA contrôlée) [9, 14]. En
SN un risque accru de complications infectieuses revanche, en cas de protéinurie supérieure à 1 g/24 h
à germes encapsulés liées à une hypo gamma- et un DFG inférieur à 40 mL/min, ou en cas de
globulinémie secondaire. Enfin, le SN est associé maladie systémique associée, il existe un risque
à des anomalies métaboliques et à des carences à important de progression de la néphropathie [15].
prendre en compte durant la grossesse (dyslipidé- Le type de néphropathie semble avoir aussi un
mie, dénutrition, carence vitaminique et carence impact sur le risque de dégradation. Le pronostic
en métaux éléments [fer, cuivre, zinc]) [8]. est moins bon en cas de glomérulopathie secon-
daire à une pathologie systémique. Au sein des
glomérulopathies primitives, la HSF et les GNMP
Risques fœtaux semblent être associées à un pronostic plus sévère
En cas de néphropathie glomérulaire, il existe une que la GEM ou la néphropathie à IgA [9].
surmortalité fœtale de l'ordre de 20 %. Celle-ci
semble plus importante en cas de HSF sous-jacente
comparée à la GEM ou la néphropathie à IgA [9,
10]. Il existe par ailleurs un risque surajouté de
Suivi en post-partum
retard de croissance intra-utérine (RCIU) et de Un suivi très régulier en néphrologie devra être
prématurité le plus souvent induite. Cependant, réalisé en post-partum afin :
plus que le type de la néphropathie elle-même, il • de discuter la biopsie rénale à visée diagnos-
apparaît clairement que ce sont l'existence d'un tique, si celle-ci n'avait pu être réalisée durant
syndrome néphrotique, d'une HTA ou d'une la grossesse) et pronostique, en cas de non-
insuffisance rénale, qui jouent un rôle détermi- récupération de paramètres néphrologiques
nant sur l'évolution fœtale [11]. Le SN d'appari- normaux ou initiaux ;
tion précoce au cours de la grossesse est associé à • d'instaurer les mesures de néphroprotection
rétention hydrosodée et une hypovolémie efficace optimales en l'absence de contre-indication
exposant à risque d'hypo-perfusionutéro-placen- (IEC, ARA2) et optimiser les traitements
taire responsable de RCIU ou mort fœtale in utero symptomatiques du SN (diurétiques, statines,
(MFIU). Une hypo-albuminémie sévère inférieure vitaminothérapie, AVK si hypoalbuminémie
à 25 g/L en soit est aussi un facteur de risque de inférieure à 20 g/L) ;
RCIU et de MFIU quelle que soit la volémie. En • d'optimiser le traitement spécifique de la
cas de SN impur associé à une IR ou HTA, le néphropathie sous-jacente : réinstauration des
risque de MFIU est d'autant plus important [12]. protocoles immunosuppresseurs.
En revanche, un syndrome néphrotique d'appari-
tion tardive au cours de la grossesse ne semble pas
avoir d'influence sur l'évolution fœtale [13].
Conclusion
La survenue d'un syndrome néphrotique est
associée à un risque important de complications
Risque de la grossesse materno-fœtales essentiellement déterminées par
sur l'évolution de la néphropathie la précocité d'installation de ce dernier mais aussi
sa sévérité. Le pronostic est d'autant plus péjora-
Les données concernant les profils évolutifs des tif s'il existe une HTA ou une insuffisance rénale
néphropathies glomérulaires en cours de gros- associées. L'instauration d'une prise en charge
sesse restent limitées. La grossesse s'accompagne multidisciplinaire permet toutefois d'améliorer
dans 20 % des cas d'une majoration de la protéi- le pronostic de ces grossesses à risque. En cas
nurie, d'une HTA et d'une dégradation de la fonc- denéphropathie connue, l'avis préconceptionnel
tion rénale transitoire ne témoignant toutefois pas est primordial pour établir les risques encourus
forcément d'une aggravation des lésions rénales. et les limiter.
93
Pathologies maternelles et grossesse
94
Chapitre 4. Néphropathies
risque est double : celui du retentissement de la en présence d'une protéinurie importante voire
MRC sur le déroulement de la grossesse d'un un syndrome néphrotique et/ou d'une hyperten-
côté et celui du retentissement de la grossesse sur sion artérielle sévère mal équilibrée. Néanmoins,
l'évolution de la MRC de l'autre. chaque patiente est un cas particulier et une gros-
L'aggravation possible d'une néphropathie chro- sesse peut être parfois autorisée chez une patiente
nique au cours de la grossesse est classiquement ayant une créatininémie > 180 µmol/L et ayant
attribuée à l'hyperfiltration glomérulaire induite reçu une information complète concernant les
par la grossesse dans un contexte de réduction risques de sa grossesse.
néphronique. Néanmoins, cette hypothèse n'est Par ailleurs, les données italiennes récentes [5]
pas clairement étayée. Une autre hypothèse émer- permettent de nuancer le pronostic rénal péjo-
gente est que l'augmentation physiologique des ratif des grossesses en cas de MRC. Dans cette
facteurs antiangiogéniques (endogline et Flt1 étude, une augmentation modérée (une médiane
solubles) au cours de la grossesse pourrait avoir, de 20 µmol/L) de la créatininémie était notée
dans un contexte de réduction néphronique, un après la grossesse chez les patientes atteintes de
impact délétère sur une néphropathie chronique. MRC, y compris celle présentant une MRC modé-
Les données concernant l'impact de la gros- rée (stade 1–2). Une créatininémie < 120 µmol/L
sesse sur l'évolution de la MRC proviennent n'est pas la garantie d'une grossesse normale et ces
d'études françaises et anglo-saxonnes relativement patientes restent à un risque plus élevé de compli-
anciennes. Ces études ont analysé des grossesses cations en comparaison avec des patientes ayant
survenues durant une longue période (années une fonction rénale normale. Par ailleurs, un dou-
1970, 1980 et 1990) antérieure aux développe- blement de la créatininémie n'est survenue que
ments récents dans les domaines de l'obstétrique chez une patiente (1 %) présentant une MRC avan-
et de la néonatologie ou même de la prise en charge cée (stade 3) en prégestationnel et aucune patiente
de la MRC. Les résultats de ces études ne reflètent n'a nécessité la mise en dialyse dans les 6 mois post-
peut-être pas fidèlement l'évolution actuelle d'une partum. Donc, en résumé, le risque zéro n'existe pas.
grossesse chez des patientes atteintes de MRC, Une grossesse chez une patiente atteinte de
mais restent un outil précieux pour le conseil de MRC est également grevée d'uneaugmentation du
ces patientes. Elles ont été confortées par des don- risque de complications obstétricales et materno-
nées italiennes plus récentes. fœtales. Les études réalisées dans les années 1970
Les travaux de Jones et al. [2] et de Jungers et al. et 1980 montraient une mortalité néonatale et
[3, 4] avaient permis de tirer plusieurs conclusions maternelle liée à ces grossesses à risque consi-
qui sont toujours utilisées aujourd'hui pour le dérablement augmenté en comparaison avec les
conseil des patientes atteintes de MRC et souhai- grossesses chez des patientes sans MRC (7–43 %)
tant une grossesse. Ainsi, en cas de MRC modé- [2, 5]. Les progrès du dépistage obstétrical, du
rée (schématiquement pour une créatininémie travail pluridisciplinaire, et de la néonatologie et
< 110 µmol/L) la grossesse ne modifie pas l'évolu- de la réanimation en général rendent ces chiffres
tion naturelle à long terme (15 ans) de la néphro- obsolètes. Néanmoins, les résultats d'une étude
pathie, notamment en l'absence de protéinurie italienne récente [6], indiquent que la morbidité
importante. En cas de MRC plus sévère (créa- fœto-maternelle reste un problème important
tininémie > 180 µmol/L), un tiers des patientes chez les patientes atteintes de MRC. Une préma-
présentent une baisse du débit de filtration glo- turité était notée dans 44 % des cas (versus 5 %
mérulaire persistant dans le post-partum et 15 à chez les contrôles sans MRC) et une admission en
23 % de ces patientes évoluent vers l'insuffisance réanimation néonatale avait été nécessaire dans
rénale terminale. Une MRC sévère (créatininémie 26 % des cas (versus 1 %). Cette augmentation du
> 180 µmol/L) expose donc à un risque signifi- risque de complications obstétricales était notée
catif de dégradation d'une MRC. Malgré toutes dès les premiers stades (1–2) de la MRC.À l'in-
ces réserves déjà discutées concernant les études verse, la mortalité maternelle et fœtale était nulle.
anciennes, le seuil de créatininémie de 180 µmol/L Une méta-analyse récente [7] ayant repris plus
est encore largement utilisé dans le conseil des de 2600 grossesses chez des patientes atteintes
patientes, et une grossesse est fortement déconseil- de MRC vont dans le même sens avec un taux
lée en cas de créatininémie > 180 µmol/L, a fortiori de complications maternelles (essentiellement
95
Pathologies maternelles et grossesse
hypertensives) de 11 % (versus 2 % dans le groupe marqueurs fiables et plus précoces que la créati-
contrôle sans MRC) et un doublement du risque ninémie et la protéinurie pour la prédiction des
de complications fœtales chez les femmes atteintes complications néphrologiques et obstétricales au
de MRC en comparaison avec les contrôles (13 % cours de ces grossesses à haut risque.
versus 6 %).
À travers les données disponibles, trois prin-
cipaux facteurs prédictifs d'aggravation de la
néphropathie chronique (mais également de com-
Grossesse au cours de la MRC :
plications obstétricales) chez les patientes atteintes le point de vue de l'obstétricien
de MRC débutant une grossesse ont été identifiés.
Le premier, déjà discuté, est le niveau de fonc- Pendant la grossesse, il existe des modifications
tion rénale (créatininémie > 180–220 µmol/L). Le rénales physiologiques anatomiques (dilatation
deuxième est une hypertension artérielle sévère des cavités pyélocalicielles et des uretères, aug-
mal contrôlée et le troisième est une protéinurie mentation du risque de reflux vésico-urétral),
> 1 g/24 h et a fortiori un syndrome néphrotique. fonctionnelles (augmentation physiologique
L'information et le conseil des patientes de la filtration glomérulaire, compression cave
atteintes de MRC et souhaitant une grossesse qui diminue le débit cardiaque) et hémodyna-
reposent essentiellement sur l'évaluation de miques (baisse de la pression artérielle obser-
ces trois facteurs de risque. La préparation de vée, baisse physiologique de la créatinémie). On
la grossesse chez ces patientes passe également considère comme pathologiques des valeurs de
par l'arrêt de tout antagoniste du système rénine la créatinémie supérieures à 90 µmol/L durant
angiotensine. En effet, l'exposition de l'embryon la grossesse.
à ces médicaments lors du 1er trimestre aug-
mente de 3 à 4 fois le risque de malformations Effets de l'insuffisance rénale
du système cardiovasculaire et du système ner- chronique sur la grossesse
veux central mais également le risque d'insuf-
fisance rénale post-natale par dysgénésie tubu- L'interaction entre la grossesse et la glomérulopa-
laire. Le risque de complications fœtales graves thie chronique est double. D'une part, la survenue
est supérieur à la perte de la néphroprotection d'une grossesse peut modifier l'évolution d'une
par les antagonistes du système rénine angio- néphropathie chronique pré-existante et, d'autre
tensine pendant la période même prolongée de part, l'existence de cette pathologie chronique
tentative de conception. De plus, l'arrêt précoce peut retentir sur l'évolution de la grossesse, avec
des antagonistes du système rénine angiotensine notamment des risques de retard de croissance et
permet d'évaluer l'augmentation éventuelle de la de pré éclampsie.
protéinurie et surtout de modifier et d'optimiser
le traitement antihypertenseur avant le début de Influence de la néphropathie
la grossesse.
Chez les patientes atteintes de MRC sévère
sur l'évolution materno-fœtale
(créatininémie > 250 µmol/L), notamment en cas Dans l'étude de Jungers et al. qui fait encore réfé-
d'hypertension sévère mal contrôlée et de syn- rence [3], l'existence d'une insuffisance rénale
drome néphrotique, l'alternative proposée est sévère (définie par une créatininémie supérieure à
d'envisager la grossesse après une greffe rénale 200 µmol/L) avant la grossesse était associée à un
parfois préemptive. La grossesse chez les patientes risque plus important de perte fœtale au cours du
dialysées reste une grossesse complexe qui néces- 1er trimestre et de mort fœtale (47 % contre 27 %
site un schéma de dialyse intensif (séances quoti- pour une IR modérée [160 µmol/L-200 µmol/L]).
diennes). Le taux de prématurité et le poids de naissance
L'information de la patiente et le suivi multi- moyen n'étaient pas différents entre ces deux
disciplinaire rapproché sont indispensables au groupes.
cours d'une grossesse chez une patiente atteinte Dans l'étude de Jones [2] et al. qui a étudié
de MRC. La recherche actuelle vise à identifier des 82 grossesses survenues chez 67 femmes atteintes
96
Chapitre 4. Néphropathies
Arbre décisionnel
Consultation préconceptionnelle
pluridisciplinaire obstétricien et néphrologue
TA normale
HTA
Créatinémie <
Créatinémie > Créatinémie entre 135
135 µmo/L
180 µmol/L et 180 µmol/L
Retarder la
grossesse Grossesse possible mais Grossesse possible
Haut risque
Surveillance
fœtale
Plan maternel
Figure 4.2. Prise en charge des patients porteuses d'une maladie rénale chronique : arbre décisionnel.
97
Pathologies maternelles et grossesse
glomérulaires devrait être informée des risques en cas de glomérulonéphrite primitive avec une
rénaux et obstétricaux avant de concevoir une insuffisance rénale modérée (créatininémie infé-
grossesse et rencontrer un néphrologue puis un rieure à 180 µmol/L) et une pression artérielle
obstétricien. Cette consultation préconception- normalisée. Chez les patientes présentant une
nelle doit en effet permettre aussi d'informer les insuffisance rénale plus marquée (créatininémie
patientes sur les modalités de la prise en charge de supérieure à 180 µmol/L), une grossesse est le plus
la grossesse avec un courrier aux différents cor- souvent déconseillée du fait du risque de dégra-
respondants expliquant les spécificités du suivi dation rapide et irréversible de la fonction rénale
écho-obstétrical. Le pronostic s'altère lorsque les et d'un risque élevé de morbidité et de mortalité
patientes présentent une insuffisance rénale chro- périnatale.
nique (IRC).
La créatininémie, comme on l'a vu dans le cha-
pitre précédent, doit être inférieure à 180 µmol/L,
mais on préférera souvent un taux inférieur à
160 µmol/L, car il existe « une zone grise » entre
Suivi de la grossesse
ces deux valeurs de créatinémies où le pronostic Le suivi de la grossesse des patientes atteintes
dépendra beaucoup d'autres facteurs associés. de lésions glomérulaires sera intensifié [8]. Il
Cependant, dans le cas d'une patiente atteinte de est préférable que ces patientes consultent leur
lésions glomérulaires, la protéinurie augmentée médecin ou le néphrologue toutes les deux
majore le risque obstétrical, fœtal et maternel. Le semaines à partir de 28–32 SA, afin de doser la
seuil de 180 µmol/L reste donc classique et doit protéinurie sur 24 heures, mesurer la pression
être porté à la connaissance de l'équipe obstétri- artérielle et obtenir un dosage de la créatiné-
cale. mie. La surveillance de la croissance fœtale est
Au-dessus de ce seuil, le couple doit être claire- le plus souvent similaire à celle des grossesses
ment informé de l'augmentation des risques obs- normales. Néanmoins, la fréquence des écho-
tétricaux et rénaux en cas de grossesse. Il est donc graphies va dépendre des facteurs de risque
nécessaire pour le praticien de proposer de retar- associés, de la protéinurie, de la pression arté-
der cette grossesse pour stabiliser et normaliser rielle maternelle et de la croissance fœtale asso-
au mieux la fonction rénale si cela est possible. ciée aux dopplers utérins. Si la patiente présente
Toutefois, lorsqu'une patiente ne tient pas compte une insuffisance rénale avant la grossesse le
de l'avis spécialisé, malgré l'information claire du suivi échographique sera plus fréquent. La pre-
médecin, toutes les mesures destinées à optimiser mière échographie de dépistage, réalisée vers
le déroulement de la grossesse doivent être mises 12 SA, sera particulièrement importante pour
en place. le dépistage des anomalies chromosomiques en
Sur le plan hémodynamique, la pression arté- cas d'insuffisance rénale. En effet, celle-ci est
rielle diastolique doit être inférieure à 90 mmHg. susceptible d'élever les concentrations plas-
Pour les patientes ayant une hypertension arté- matiques maternelles d'hCG, rendant ainsi le
rielle préexistante, il faudra l'équilibrer en mettant dépistage par marqueurs sériques difficilement
en place un traitement compatible avec la grossesse interprétable [9].
en arrêtant les inhibiteurs de l'enzyme de conver- En moyenne les patientes seront suivies toutes
sion mais en informant également sur le risque lié les 2 semaines jusqu'à 30–32 SA, puis une fois
à l'arrêt de ce traitement. par semaine, en alternance entre l'obstétricien et
Un traitement prophylactique par de l'acide le néphrologue. Un dosage de la protéinurie des
folique à la posologie minimale de 400 µg par jour 24 heures, de la créatininémie et la mesure de la
doit être prescrit jusqu'à 12 SA comme pour les tension artérielle doivent être réalisés.
grossesses à bas risque et une supplémentation en La surveillance fœtale sera intensifiée à par-
vitamine D et en iode sera le plus souvent perti- tir de 26–28 SA, en particulier si l'on retrouve
nente. des notchs utérins à l'échographie du deuxième
En pratique clinique, une grossesse est pos- trimestre. La surveillance sera principalement
sible avec un risque maternel et fœtal acceptable clinique, etéchographique, avec estimation du
98
Chapitre 4. Néphropathies
poids fœtal, évaluation de la quantité de liquide ser cette prescription d'aspirine si la patiente pré-
amniotique, mesure du doppler ombilical. Ce sente un antécédent de PE ou de RCIU vasculaire.
suivi échographique doit être effectué toutes les Les nouveaux facteurs pro- et antiangiogéniques
2 à 4 semaines en fonction de la présence ou non (Ratio Flt1/PLGF…) ont une place d'avenir à court
d'une hypertension artérielle gravidique, de la terme dans le suivi de ces patientes à haut risque
détérioration de la fonction rénale, de l'apparition vasculaire [12].
d'un retard de croissance intra-utérin, et des anté-
cédents obstétricaux notables de la patiente. En Références
fonction de tous ces critères, l'obstétricien pourra [1] Stengel B. Chronic renal failure : An epidemic ?
instaurer la mise en place d'une surveillance du Presse Med 2011 ; 40 : 1020–7.
rythme cardiaque fœtal 1 à 2 fois par semaine et [2] Jones DC, Hayslett JP. Outcome of pregnancy in
un contrôle clinique et de la PA grâce à une sage- women with moderate or severe renal insufficiency.
femme libérale ou selon l'organisation des réseaux N Engl J Med 1996 ; 335 : 226–32.
[3] Jungers P, Chauveau D. Pregnancy in renal disease.
locaux. Kidney Int 1997 ; 52 : 871–85.
La survenue d'une complication comme l'alté- [4] Jungers P, Houillier P, Forget D, Labrunie M, Skhiri
ration de la fonction rénale maternelle, une pré- H, Giatras I, et al. Influence of pregnancy on the
éclampsie avec signes de gravité ou un retard de course of primary chronic glomerulonephritis. Lan-
croissance intra-utérin avec risque d'hypoxémie cet 1995 ; 346 : 1122–4.
[5] Jungers P, Chauveau D, Choukroun G, Moynot A,
fœtale peuvent conduire à une extraction préma-
Skhiri H, Houillier P, et al. Pregnancy in women with
turée. impaired renal function. ClinNephrol 1997 ; 47 : 281–8.
Le lieu de naissance devra être adapté au terme [6] Piccoli GB, Attini R, Vasario E, Conijn A, Biolcati
et au poids estimé de l'enfant et disposer de M, D'Amico F, et al. Pregnancy and chronic kidney
moyens médicaux permettant une prise en charge disease : a challenge in all CKD stages. Clin J Am
maternelle adéquate. Étant donné le risque de pré- SocNephrol 2010 ; 5 : 844–55.
[7] Nevis IF, Reitsma A, Dominic A, McDonald S, Tha-
éclampsie, de retard de croissance intra-utérin et bane L, Akl EA, et al. Pregnancy outcomes in women
d'altération irréversible de fonction rénale mater- with chronic kidney disease : a systematic review.
nelle chez les patientes en IR, il est classique de Clin J Am SocNephrol 2011 ; 6 : 2587, 259.
chercher à obtenir la naissance vers 38–39 SA si [8] Ramin SM, Vidaeff AC, Edward R. Chronic Renal
possible et parfois avant. Disease in Pregnancy. ObstetGynecol 2006 ; 108 :
L'HAS préconise qu'en dehors de la grossesse, la 1531–9.
[9] Benachi A, Dreux S, Kaddioui-Maalej S, Czerkiewicz
protéinurie peut être estimée en utilisant le rapport I, Fakhouri F, Thervet E, et al. Down syndrome
albuminurie/créatininurie ou le rapport protéinu- maternal serum screening in patients with renal
rie/créatininurie sur un échantillon d'urine [10]. disease. Am J ObstetGynecol 2010 ; 203 : 60, e1-4.
En cas de grossesse, l'utilisation du rapport protéi- [10] Haute Autorité de Santé (HAS). Evaluation du rap-
nurie/créatininurie ne fait pas l'unanimité. port albuminurie/créatininurie dans le diagnostic
de la maladie rénale chronique chez l'adulte (rapport
Des traitements en vue d'une prévention de la
du 12/2011). Disponible sur : http://medecin.lxbio.fr/
PE peuvent se discuter : 100 mg d'aspirine entre files/2012/05/rapport-ACREAT-N55.pdf
12 et 35 SA. Cependant, la prescription d'aspi- [11] Cote AM, Brown MA. Lam E et al. Diagnostic accu-
rine chez les patientes atteintes de gloméruloné- racy of urinary spot protein creatinine ratio for pro-
phropathies ne doit pas être systématique, car la teinuria in hypertensive pregnant women : systematic
néphropathie seule n'est pas une indication de review. BMJ 2008 ; 336 : 1003–6.
[12] Rolfo A, Attini R, Nuzzo AM, et al. Chronickidney-
prescription d'aspirine. La méta-analyse de Cote diseasemay be differentially diagnosed from pree-
et al. [11] ne prouve pas l'efficacité de l'aspirine clampsia by serum biomarkers. Kidney Int 2013 ; 83 :
chez ces patientes. Il faudra, en revanche, propo- 177–81.
99
Pathologies maternelles et grossesse
100
Chapitre 4. Néphropathies
101
Pathologies maternelles et grossesse
mination fœtale lors de récurrence d'une infec- souvent induite et expliquée par la détérioration
tion à CMV existent mais sont plus faibles. de la fonction rénale ou de la tension artériellema-
ternelles ou l'existence d'un retard de croissance
Protéinurie fœtal.
102
Chapitre 4. Néphropathies
tecteurs sont des molécules contre-indiquées poids de naissance ont été décrits, mais il est
lors de la grossesse. Ils induisent une toxicité difficile d'incriminer exclusivement le médi-
rénale fœtale et un oligo-anamnios. Au 1er tri- cament (rôle de nombreux facteurs). La toxi-
mestre, une étude en 2006 retrouve une fré- cité rénale est retrouvée chez l'animal pour une
quence accrue de malformations cardiaques exposition à des doses importantes.
[13]. Il est conseillé d'arrêter ces traitements, • Azathioprine (Imurel ®) : n'est pas tératogène
au mieux, avant de débuter une grossesse sinon chez l'homme si la dose reste inférieure à 3 mg/
dès le début. kg. Des effets néonataux ont été rapportés :
• Alpha-méthyldopa (Aldomet®) : est le plus uti- retard de croissance intra-utérin, ictère.
lisé car ne présente aucun risque pour le fœtus. • Tacrolimus (Prograf ®) : il est fœtotoxique
• Bêtabloquants (métoprolol, labétolol, aténolol) : chez l'animal mais les données publiées chez
passent la barrière placentaire. Leur utilisation a la femme enceinte exposées au tacrolimus ne
été rapportée associée à un retard de croissance mettent pas en évidence d'augmentation des
intra-utérin, mais l'implication seule des bêtablo- malformations [18]. Des effets néonataux ont
quants est difficile à établir. En revanche, certains parfois été rapportés : troubles transitoires de la
passent mieux la barrière placentaire que d'autres fonction rénale et une hyperkaliémie.
et peuvent être responsables de bradycardie et • Mycophénolatemofétil (Cellcept®) : le risque
d'hypoglycémie néonatales. Les molécules plus tératogène est formellement établi chez l'ani-
anciennes comme l'Avlocardyl® sont à privilégier. mal. Peu de grossesses ont été menées sous
• Hydralazine : utilisée en deuxième ou troisième Cellcept® mais de nombreuses malformations
intention. ont été retrouvées après exposition : syndrome
• Les inhibiteurs calciques (nifédipine, nicardi- polymalformatif (fentes labio-narinaires et
pine) sont utilisés dès le début de la grossesse. Ils palatines, microtie, atrésie du conduit auditif
peuvent cependant modifier le métabolisme des externe) [18]. Le Cellcept® ne doit pas être pres-
immunosuppresseurs (anticalcineurines) dont crit au cours de la grossesse, une substitution
les taux sanguins doivent être surveillés. Il faut par l'Imurel ® est souvent recommandée en pré-
être vigilant car les obstétriciens prescrivent vision d'une grossesse.
facilement ces molécules comme tocolytiques. • Rapamune (Sirolimus®, Everolimus®, Certican®) :
les études effectuées chez l'animal ont mis en évi-
Immunosuppresseurs dence une toxicité sur la reproduction mais les
données ne sont pas suffisantes concernant son
La prévalence des malformations congénitales est utilisation chez la femme enceinte. Ces incerti-
comparable à celle de la population générale chez tudes incitent à le proscrire en cas de grossesse.
les patientes greffées rénales dont les grossesses • Anticorps monoclonaux : peu de données
sont menées sous stéroïdes, azathioprine et inhi- concernant leur utilisation pendant la grossesse.
biteurs de la calcineurine [14]. Une mise au point
de McKay en 2007 [15] a permis d'éclaircir cer-
taines interrogations concernant l'utilisation des
immunosuppresseurs. Suivi et prise en charge
• Corticostéroïdes (Cortancyl ®) : les études
concernant les corticoïdes sont rassurantes La grossesse chez la patiente transplantée rénale
[16]. Une augmentation des fentes palatines, des reste une grossesse à risque. Le suivi doit être
retards de croissance et des pertes fœtales ont coordonné avec l'équipe d'obstétrique. Lorsque
été décrits lors de l'utilisation de doses impor- les recommandations précitées sont respectées,
tantes au long cours. l'issue de la grossesse est souvent favorable.
• Ciclosporine (Sandimmun®, Néoral ®) : de
nombreuses grossesses sous ciclosporine ont Suivi rénal
été rapportées dans la littérature. Ces données
sont rassurantes, elles ne retrouvent pas d'effet En période préconceptionnelle
tératogène ou malformatif [17]. Un risque accru Les patientes doivent être averties et conseillées
de retard de croissance intra-utérin et un faible sur les possibilités d'une grossesse. La contracep-
103
Pathologies maternelles et grossesse
tion doit être initiée dès le début de la greffe. Un La surveillance échographique comportera
délai de 2 ans est préférable afin de diminuer les les trois échographies habituelles, 11–14 SA,
complications rénales et obstétricales. Ce délai 22–24 SA et 32–34 SA, mais il sera souvent prescrit
permet de stabiliser la fonction rénale et d'équi- une échographie intermédiaire vers 28 SA afin de
librer le traitement immunosuppresseur à dose s'assurer de la bonne croissance fœtale.
d'entretien donc moins tératogène. À chaque prescription supplémentaire, il est
Certaines recommandations sont nécessaires conseillé à l'obstétricien d'avertir le néphrologue
pour le bon déroulement d'une grossesse : en particulier en cas de prescription d'inhibiteurs
• délai d'au mois 1 an entre la transplantation et calciques.
la grossesse ; Il avait été suggéré que le dépistage de la trisomie
• protéinurie absente ou minime ; 21 au 2e trimestre chez les patientes porteuses d'une
• pression artérielle bien stabilisée sous traite- pathologie rénale n'était pas utilisable dans les
ment adapté ; conditions habituelles. Il a été récemment démontré
• pas de rejet aigu récent ; que le taux de faux positifs de ce test était majoré de
• fonction rénale stable et créatinine < à façon proportionnelle à la créatininémie mais éga-
133 µmol/ * L ; lement chez les patientes transplantées avec un taux
• pas de dilatation des cavités pyélo-calicielles ; de créatininémie normal. Ce test ne doit donc pas
• pas de contre-indication obstétricale ; être utilisé chez les patientes transplantées rénales
• immunosuppresseurs à posologie d'entretien : car générateur d'un nombre important d'amnio-
– prednisone ≤ 15 mg/j ; centèses inutiles. Depuis fin 2009, le dépistage de
– azathioprine ≤ 2 mg/kg ; la trisomie 21 est possible dès le 1er trimestre mais
– ciclosporine ≤ 5 mg/kg ; ce test n'a pas encore été évalué chez les patientes
– tacrolimus ≤ 0,2 mg/kg. porteuses d'une pathologie rénale [19].
Pendant la grossesse
Le suivi conjoint de l'équipe de transplantation Conclusions
rénale et de l'équipe d'obstétrique est primordial
La grossesse chez une patiente transplantée rénale
pour la surveillance maternelle et fœtale. Le suivi
doit être considérée dès le début comme une gros-
mensuel permet de contrôler la pression artérielle,
sesse à risque. Elle nécessite un suivi multidisci-
la fonction rénale par le dosage de la créatinine et la
plinaire attentif. Le néphrologue doit expliquer les
protéinurie, le dépistage et le traitement d'une infec-
risques, aider à planifier la grossesse et modifier les
tion urinaire, la prévention et le traitement d'une
prescriptions d'immunosuppresseurs et d'antihy-
anémie (la prescription d'érythropoïétine peut être
pertenseurs avant une grossesse. L'obstétricien doit
utile en cas d'anémie sévère), la surveillance des tests
optimiser la surveillance maternelle et fœtale en
hépatiques et de l'uricémie (mais une hyperuricémie
limitant les risques de prématurité et d'hypotrophie.
est difficilement interprétable sous anticalcineu-
Ce suivi coordonné permet d'obtenir des résultats
rines). Le dosage des immunosuppresseurs doit être
favorables aussi bien pour la mère que pour l'enfant.
régulièrement contrôlé afin d'adapter les doses.
Références
Suivi obstétrical : la grossesse
[1] Armenti VT, Radomski JS, Moritz MJ, et al. Report
La surveillance sera adaptée à chaque patiente en from the National transplantation Pregnancy
fonction de sa créatininémie de départ et de sa ten- Registry : outcomes of pregnancy after transplanta-
sion artérielle. Un suivi mensuel sera instauré avec tion. ClinTranspl (UCLA, Los Angeles) 2002 ; 121–30.
la prescription des examens décrits ci-dessus. Un [2] Lessan-Pezeshki M. Pregnancy after renal trans-
plantation : points to consider. Nephrol Dial Trans-
suivi plus fréquent sera souvent mis en place au troi- plant 2002 ; 17 : 703–7.
sième trimestre avec un contrôle tensionnel tous les [3] Davidson JM. Pre-pregnancy care and counselling in
15 jours à partir de 32 SA. C'est en effet à ce terme chronic renal patients. Eur Clin Obstet Gynecol 2006 ;
que les complications sont les plus fréquentes. 2 : 24–9.
104
Chapitre 4. Néphropathies
[4] Andrews PA. Renal transplantation. BMJ 2002 ; 324 : [13] Cooper WO, Hernandez-Diaz S, Arbogast PG, Dud-
530–4. ley JA, Dyer S, Gideon PS, et al. Major congenital
[5] Toma H, Tanabe K, Tokumoto T, et al. Pregnancy in malformations after first-trimester exposure to ACE
women receiving renal dialysis or transplantation in inhibitors. NEJM 2006 ; 354 : 2443–51.
Japan, a nationwide survey. Nephrol Dial Transplant [14] Bar J, Stahl B, Wittenberg C, Pardo J, Merlob P. Is
1999 ; 14 : 1511–6. immunosuppresions therapy in renal allograft reci-
[6] Crowe AV, Rustom R, Gradden C, et al. Pregnancy pients teratogenic ? A single center experience. Am J
does not adversely affect renal transplant function. Med Gene 2003 ; 116A : 31–6.
QJM 1999 ; 92 : 631–5. [15] McKay D, Josephson M. Pregnancy after kidney
[7] Sturgis SN, Davidson JM. Effect of pregnancy on the transplantation. Clin J Am SocNephrol 2008 ; 3 :
long term function of renal allografts un update. Am S117–25.
J Kid Dis 1995 ; 26 : 54–6. [16] Bar J, Wittenberg C, Gelerenter I, Boner G, Hod M,
[8] Rahamimov R, Haroush AB, Wittenberg C, et al. et al. Prednisone dosage and pregnancy outcome in
Pregnancy in renal transplant recipients : long term renal allograft recipients. Nephrol Dial Transplant
effect on patient and graft survivel. A single center 1997 ; 12 : 760–3.
experience. Tranplantation 2006 ; 81 : 660–4. [17] Cochat P, Decramer S, Robert-Gnansia E, Dubourg
[9] Thompson BC, Kingdon EJ, Sweny P. Pregnancy in L, Audra P. Renal outcome of children exposed to
renal transplant recipient. QJM 2003 ; 96 : 837–44. cyclosporine in utero. Transplant Proceed 2004 ; 2S :
[10] Oliveira LG. Pregnancy after renal transplantation – 208S–10S.
a five year single center experience. Clin Transplant [18] Garcia-Donaire JA. Tacrolimus as basic immuno-
2007 ; 21 : 301–4. suppresion in pregnancy after renal transplanta-
[11] Colon M, Hibbard J. Obstetric considerations tion. A single center experience. Transplant Proceed
in management of pregnancy in kidney trans- 2005 ; 37 : 3754–5.
plant recipients. Adv Chir Kidney Dis 2007 ; 14 : [19] Benachi A, Dreux S, Kaddioui-Maalej S, Czerkiewicz
168–77. I, Fakhouri F, Thervet E, Muller F. Second trimester
[12] Davison JM, Bailey DJ. Pregnancy following renal maternal serum screening for Down syndrome in
transplantation. J Obstet Gynaecol Res 2003 ; 29 : patients with renal disease. Am J Obstet Gynecol In
227–33. press, 2010 203 : 60, e1–4
105
Pathologies maternelles et grossesse
[2]. En effet, l'absence de spécificité de la polla- L'efficacité du traitement doit être contrôlée par
kiurie et l'habituelle absence de brûlures miction- un ECBU de contrôle 48 heures après fin du trai-
nelles peuvent retarder le diagnostic exposant à tement puis mensuel.
un risque élevé de pyélonéphrite aiguë. On évalue En cas d'infections urinaires récidivantes p endant
à environ 30 % le risque de développer une pyé- la grossesse ou avant celle-ci, on peut proposer, en
lonéphrite aiguë en cas d'absence de traitement cas d'échec des conseils hygiénodiététiques (apports
d'une bactériurie [3]. La distinction classique entre hydriques > 1 500 mL/j, mictions non retenues,
infections basses et hautes a été abandonnée et régularisation du transit intestinal), une anti-
remplacée par une distinction entre infections uri- bioprophylaxie par fosfomycine (1 dose tous les
naires compliquées et non compliquées. Toutes les 10 jours) ou céphalosporine de première génération
infections exposent à des risques de restriction de (céfalexine 125 mg/j). L'efficacité de la cranberry est
croissance fœtale et d'accouchement prématuré. controversée.
106
Chapitre 4. Néphropathies
Le contrôle des ECBU est à faire 48 heures après au promontoire, ce qui permet de la différencier
le début du traitement puis 48 heures après l'ar- d'une dilatation liée à un obstacle d'une autre ori-
rêt du traitement. Les récidives sont estimées à gine, comme un calcul.
6 % imposant une surveillance régulière de ces On peut s'aider pour cela du doppler ou de la
patientes après la première pyélonéphrite avec un sonde endovaginale pour repérer un obstacle uré-
ECBU tous les 15 jours. téral. Si ces examens ne sont pas suffisants et que
Lorsque l'échographie met en évidence une l'état de la patiente le justifie, on complète le bilan
dilatation sur obstacle, il faut réaliser en urgence par un scanner « low dose » ou une (uro) IRM [6].
un drainage des urines par mise en place d'une
endoprothèse urétérale voire d'une néphrostomie. Prise en charge
Lorsqu'il existe un problème de diagnostic écho-
graphique d'un obstacle, un uroscanner peut être Colique néphrétique simple
réalisé. La sonde urétérale peut être conservée Les deux tiers des patientes élimineront sponta-
jusqu'au décours de l'accouchement puis enlevée nément le calcul et les mesures conservatives sont
en consultation. donc utilisées en priorité : restriction hydrique
relative, bain chaud, paracétamol voire dérivés
morphiniques ponctuels. Les anti-inflammatoires
Lithiase urinaire ou obstruction non stéroïdiens sont contre-indiqués [2, 7].
107
Pathologies maternelles et grossesse
108
Chapitre 4. Néphropathies
être réséquées pendant la grossesse. Lorsque l'exa- [3] Macejko AM, Schaeffer AJ. Asymptomatic bacteriu-
men anatomopathologique montre une tumeur ria and symptomatic urinary tract infections during
pregnancy. UrolClin North Am 2007 ; 34 : 35–42.
infiltrante, la cystectomie doit être réalisée et la
[4] Widmer M, Gülmezoglu AM, Mignini L, Roganti A.
poursuite de la grossesse compromise [12]. Duration of treatment for asymptomatic bacteriuria
during pregnancy. Cochrane DatabaseSystRev 2011 ;
12 : CD000491.
Malformations congénitales [5] AFSSAPS. Recommandations de bonne pratique-
maternelles diagnostique et antibiothérapie des infections uri-
naires bactériennes communautaires chez l'adulte.
Reflux vésico-urétéral Med Mal Infect Med Mal Infect 2008 ; 38(Suppl 3) :
et syndrome de jonction S203–52.
[6] White WM, Johnson EB, Zite NB, Beddies J, Kram-
Le risque de pyélonéphrite et de dilatation de la beck AE, Hyams E, et al. Predictive value of current
voie excrétrice est majoré chez les patientes ayant imaging modalities for the detection of urolithiasis
été opérées de telles malformations justifiant une during pregnancy : a multicenter, longitudinal study.
surveillance encore plus rapprochée des infec- J Urol 2013 ; 189 : 931–4.
[7] Saussine C, Lechevallier E, Traxer O. Urolithiasis
tions et de la fonction rénale par ECBU et dosage and pregnancy. Prog Urol 2008 ; 18 : 1000–4.
de la créatinémie mensuels. [8] Lifshitz DA, Lingeman JE. Ureteroscopy as a first-
line intervention for ureteral calculi in pregnancy.
Extrophie vésicale et épispadias J Endourol 2002 ; 16 : 19–22.
[9] Pelaez M, Gonzalez-Cerron S, Montejo R, Barakat R.
Les jeunes femmes ayant été opérées de telles Pelvic floor muscle training included in a pregnancy
malformations ont une fertilité normale. Elles exercise program is effective in primary prevention
sont toutefois plus exposées aux complications of urinary incontinence : A randomized controlled
infectieuses et imposent une prise en charge multi- trial. Neurourol Urodyn 2013 ; 33 : 67–71.
[10] Fitzgerald MP, Graziano S. Anatomic and functional
disciplinaire compte tenu des nombreuses interven- changes of the lower urinary tract during pregnancy.
tions reconstructrices dont elles ont été l'objet [13]. Urol Clin North Am 2007 ; 34 : 7–12.
[11] Lee D, Abraham N. Laparoscopic radical nephrec-
Références tomy during pregnancy : case report and review of
the literature. J Endourol 2008 ; 22 : 517–8.
[1] van Brummen HJ, Bruinse HW, van der Bom JG, [12] Spahn M, Bader P, Westermann D, Echtle D, Frohne-
Heintz AP, van der Vaart CH. How do the preva- berg D. Bladder carcinoma during pregnancy. Urol
lences of urogenital symptoms change during pre- Int 2005 ; 74 : 153–9.
gnancy ? NeurourolUrodyn 2006 ; 25 : 135–9. [13] Greenwell TJ, Venn SN, Creighton S, Leaver RB,
[2] Thomas AA, Thomas AZ, Campbell SC, Palmer JS. Woodhouse CR. Pregnancy after lower urinary tract
Urologic emergencies in pregnancy. Urology 2010 ; reconstruction for congenital abnormalities. BJU Int
76 : 453–60. 2003 ; 92 : 773–7.
109
Pathologies hépatiques Chapitre 5
111
Pathologies maternelles et grossesse
Points clés trois phases. Dans une première phase sans reten-
La cirrhose compliquant une hépatite auto- tissement fonctionnel clinico-biologique (taux de
immune, même à un stade débutant, reste prothrombine (TP) et bilirubinémie, normaux),
une grossesse à risques accrus de complica- la malade peut être totalement asymptomatique
tion smaterno-fœtales et de prématurité. et ignorer sa maladie hépatique. Dans la 2e phase
Lorsque la cirrhose est compliquée, la gros- (de durée variable selon la cause de la maladie
sesse est déconseillée. hépato-biliaire et l'efficacité thérapeutique pour
Le traitement immunosuppresseur doit en ralentir la progression), la cirrhose reste pauci-
être maintenu pendant la grossesse. symptomatique, sans complications invalidantes ;
une grossesse peut survenir, mais malgré un état
Les pathologies hépatiques auto-immunes com- fonctionnel hépatique encore satisfaisant (TP et
prennent traditionnellement trois maladies chro- bilirubinémie normaux ou peu altérés), il s'agira
niques du foie et des vois biliaires : l'hépatite toujours d'une grossesse à risques accrus de com-
auto-immune (HAI), la cirrhose biliaire primitive plications materno-fœtales et de prématurité, pour
(CBP) et la cholangite sclérosante primitive (CSP). laquelle une maternité de niveau 2 est clairement
L'HAI et la CBP appartiennent aux 33 maladies recommandée. Dans une 3e phase, la cirrhose
auto-immunes pour lesquelles un risque d'embo- est décompensée, associée à la survenue, plus ou
lie pulmonaire significativement accru, dans la moins récente, de complications, intermittentes
première année suivant la première hospitalisa- sévères (hémorragies digestives par hypertension
tion pour la maladie auto-immune, a été montré portale (HTP), poussée d'ascite), progressivement
dans la totalité de la population suédoise sur une associées à la défaillance fonctionnelle globale du
période de 44 ans [1]. foie (syndrome permanent d'insuffisance hépa-
Le problème essentiel posé par la survenue tique chronique). Dans ce contexte, une grossesse
d'une grossesse chez une femme atteinte d'une est déconseillée.
maladie hépatique auto-immune est celui des
risques d'aggravation de la maladie maternelle
par la grossesse et les risques fœtaux associés.
Prise en charge d'une grossesse
Ces deux risques semblent être particulièrement spontanée chez une femme atteinte
importants quand la maladie hépato-biliaire de cirrhose symptomatique
auto-immune est déjà compliquée de cirrhose.
Dans de rares cas, malgré une cirrhose apparem-
ment sévère avec des antécédents de décompen-
Problématique des risques sation ascitique ou hémorragique, une grossesse
survient. Sa surveillance dans une maternité
d'une grossesse spontanée adaptée et la proximité d'un centre d'hépatologie
au cours d'une cirrhose sont fortement recommandées. Plus encore que
chez d'autres femmes déjà atteintes de cirrhose au
En l'absence de traitement curatif de sa cause, moment de la grossesse, huit démarches hépatolo-
l'aboutissant ultime de toute maladie hépato- giques, préventives ou curatives, doivent être sys-
biliaire chronique est le développement anato- tématiquement observées pour réduire le risque
mique d'une cirrhose, pratiquement toujours de complications (tableau 5.1). Une telle prise en
définitive et qui diminue la fertilité féminine et charge implique une collaboration très étroite
accroît les risques d'avortement et de prématurité. entre les obstétriciens et des hépatologues rom-
L'expression fonctionnelle hépatique de la lésion pus aux problèmes de prise en charge des malades
anatomique « cirrhose » peut être schématisée en atteints de cirrhose grave.
112
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
Tableau 5.1. Les huit démarches préventives ou peut survenir chez l'enfant ou l'adulte à tout âge,
curatives essentielles dans la prise en charge mais est spécialement fréquente chez les femmes
d'une grossesse spontanée chez une femme entre 10 et 35 ans, et à la ménopause. Sa préva-
atteinte de cirrhose. lence globale en Europe du Nord est de l'ordre de
17 pour 100 000 sujets [2]. Dans la tranche d'âge
Action préventive ou Objectifs 20–40 ans, l'HAI est la plus fréquente des mala-
thérapeutique
dies hépatique auto-immunes. Sa présence chez
1. Maintien du traitement Éviter l'aggravation deux ou plusieurs membres de la même famille
étiologique pré-partum de la cirrhose par déficit
(si compatible thérapeutique
suggère l'intervention de facteurs génétiques.
avec la grossesse) L'HAI peut être précédée par des manifestations
extrahépatiques (dysthyroïdie, syndrome sec,
2. Prévention Prévenir
et traitement précoce la décompensation
arthralgies, éruptions cutanées, éosinophilie) et/
de toute infection avec insuffisance rénale ou associée à d'autres maladies hépato-biliaires
bactérienne de la cirrhose (syndrome de chevauchement avec une CBP ou
3. Recherche Envisager une CSP), également d'origine auto-immune.
échographique répétée une héparinothérapie
d'une thrombose portale pour prévenir
la majoration de l'HTP Modes de présentation
4. Éradication des varices Prévenir les hémorragies et anomalies biochimiques
œsophagiennes avant digestives par HTP et immunologiques
la 20e SA (surtout ligature pendant la grossesse ou le
endoscopique) post-partum Souvent, l'HAI est reconnue par la découverte
5. Traitement d'une ascite Prévenir l'infection
d'anomalies des tests hépatiques réalisés en
et maintien d'une fonction d'ascite, facteur fréquent l'absence de symptômes ou pour des symptômes
rénale aussi normale que d'insuffisance rénale non spécifiques, asthénie, anorexie, accès fébriles
possible inexpliqués, polyalgies. Des hépatalgies ou la
6. Recherche et traitement Prévenir le risque découverte d'une hépatomégalie peuvent ame-
d'une hypertension de mort subite de la mère ner au diagnostic. Parfois, la maladie se présente
artérielle pulmonaire dans le post-partum [2] comme une hépatite aiguë ictérique ou, à l'extrême
associée à l'HTP comme une hépatite fulminante, avec encéphalo-
7. Équilibration soigneuse Prévenir les risques pathie et effondrement du TP [2]. L'hypothèse
d'un diabète sucré associé fœtaux du diabète d'une HAI est alors renforcée par la coexistence
8. En cas de cirrhose Possible recours à la d'une autre maladie de type auto-immun (thyroï-
antérieurement transplantation hépatique dite, diabète de type 1, arthrite rhumatoïde, ou
compliquée (ascite, en urgence pendant la maladie cœliaque).
hémorragie digestive, ou grossesse ou le post- Les anomalies biologiques sont dominées par
encéphalopathie) et avec partum
une insuffisance hépatique
une augmentation de l'activité sérique des tran-
à la conception (TP < 50 %, saminases, le plus souvent entre 5 et 10 fois la
bilirubinémie > 25 μmol/L), normale, parfois beaucoup plus élevée (> 50 × N)
informer la patiente et son et une hypergammaglobulinémie polyclonale à
entourage du risque de prédominance d'immunoglobulines (Ig) G (IgG),
détérioration de la fonction
entre 1,5 et 3 fois la normale. Dans certains cas, une
hépatique pendant la
grossesse et le post-partum forte augmentation de la bilirubine (totale et conju-
guée) et de la phosphatase alcaline est observée.
Chez d'autres malades, l'hyperbilirubinémie et la
diminution du TP annoncent l'insuffisance hépa-
Hépatite auto-immuune [2] tique aiguë. L'orientation diagnostique repose sur
l'association de (a) l'absence des marqueurs d'in-
L'HAI est caractérisée par une inflammation chro- fection chronique par les virus B et C de l'hépatite,
nique du foie attestée par une hépatite d'interface (b) l'absence de consommation de médicaments
avec infiltration périportale lymphocytaire. Elle hépatotoxiques, et (c) la présence d'autoanticorps
113
Pathologies maternelles et grossesse
sériques qui permet, en outre, de classer la mala- > 2–3 N) comprend l'association de prednisolone,
die en deux types sérologiques [2] . L'HAI de type 20–50 mg/j (selon le poids), et d'azathioprine,
I, la plus fréquente, est caractérisée par la pré- 50 mg/j [3]. Le traitement est le plus souvent effi-
sence dans plus de 95 % des cas d'autoanticorps cace, entraînant une diminution des anomalies
anti-muscle lisse (de spécificité anti-actine) et/ou biologiques hépatiques dans 80 % des cas. Une
d'anticorps anti-nucléaires. Parfois, les seuls anti- surveiilance étroite de cette évolution favorable
corps détectés sont des anticorps dirigés contre permet la diminution adaptée de la posologie de la
l'antigène soluble du foie ou contre l'antigène foie- prednisolone afin (a) d'en réduire les effets secon-
pancréas ou anti-actine. daires, puis (b) dans un second temps, de tenter
L'HAI de type 2, plus rare (5 à 10 % des cas), est de l'interrompre après que l'activité des ami-
définie par l'absence des autoanticorps précédents notransférases sériques soit redevenue < 2 N, de
et la présence d'autoanticorps anti-microsomes façon stable. Le but ultime est de parvenir à lais-
de foie et de rein (anti-LKM1) (dirigés contre ser le patient sous traitement d'entretien par l'aza-
plusieurs épitopes des cytochromes hépatiques). thioprine seule, généralement à vie. L'interruption
Dans 30 % des cas, ces derniers sont associés à des de ce traitement peut exposer à des rechutes de
anticorps anti-cytosol du foie ou anti-LC1. L'ab- sévérité imprévisible.
sence d'anticorps anti-mitochondries à titre élevé Quand la maladie est stabilisée, une surveil-
élimine une CBP. lance biologique annuelle est recommandée ainsi
que, en cas de cirrhose, le dépistage du carcinome
hépato-cellulaire (dont le risque est nettement
Diagnostic histologique plus faible que dans les cirrhoses dues à une infec-
L'HAI est caractérisée par des lésions tion chronique par les virus B ou C de l'hépatite).
nécrotico-inflammatoires lobulaires, portales
Quand l'efficacité du traitement d'attaque n'est pas
et périportales dont certaines (lésions « d'hépa- satisfaisante, d'autres traitements immunosup-
tite d'interface ») sont très évocatrices. Dans le presseurs peuvent être utilisés. Dans les formes
lobule, une nécrose hépatocytaire associée à un aiguës sévères, avec des troubles importants de
infiltrat inflammatoire mononucléé lympho- la coagulation, il est fréquent qu'on ne parvienne
plasmocytaire prédomine souvent autour des pas à contrôler la maladie et à éviter la transplan-
veines centro-lobulaires. Dans les cas les plus tation hépatique (TH) en urgence [2]. En cas de
sévères, il existe une nécrose en pont, voire cirrhose auto-immune grave, une TH peut aussi
une nécrose multilobulaire. En périphérie des être nécessaire. Elle offre maintenant une survie
espaces portes, les cellules inflammatoires dis- supérieure à 75 % à 10 ans [3]. Mais il existe un
loquent la lame bordante hépatocytaire, entou- risque de récidive de l'HAI sur le greffon.
rant des hépatocytes en apoptose, réalisant des
images de nécrose parcellaire. Chez beaucoup
de malades ayant un tableau clinique d'hépatite Hépatites auto-immunes
aiguë ou d'hépatite fulminante, des lésions hépa- et grossesse
tiques chroniques, fibrose hépatique ou cirrhose, Au plan endocrinien, il a été bien établi que le
témoignent d'une évolution lésionnelle anté- traitement immunosuppresseur efficace de l'HAI
rieure, prolongée et parfois asymptomatique. rétablit une menstruation normale et améliore la
fertilité [4].
La grossesse peut coïncider avec une rémission
Traitement et évolution stable de l'HAI sous traitement efficace qui, idéa-
L'évolution spontanée se fait par poussées et abou- lement, sera maintenu pendant toute la durée de
tit presque constamment à une cirrhose en 15 à la grossesse [4, 5] ou révéler la maladie pendant
30 ans. Le but du traitement est donc de limiter la phase gestationnelle ou durant le post-partum.
l'activité de la maladie, la survenue de rechutes et, À côté de grossesses d'évolution simple, favo-
en définitive, le risque d'évolution vers la cirrhose risées par l'azathioprine pendant la grossesse [6],
et ses complications. Le traitement d'attaque les grossesses des femmes atteintes d'HAI peuvent
d'une poussée aiguë (aminotransférases sériques entraîner des complications hépatiques sévères, en
114
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
115
Pathologies maternelles et grossesse
septa fibreux, ductopénie franche, cholestase) et le maladie et parfois même avant lui, à un titre élevé
stade IV (présence diffuse des nodules de régéné- supérieur à 1/500 dans la moitié des cas. Des anti-
ration d'une cirrhose). Une hyperplasie nodulaire, corps antinucléaires et anti-muscle lisse sont aussi
facteur supplémentaire d'HTP, peut se développer. présents chez la moitié des malades.
Le diagnostic de CBP peut être retenu sur la pré-
Symptômes clinico-biologiques sence de deux des trois critères suivants [9, 10] :
(a) augmentation de la phosphatase alcaline sérique,
La maladie a une vitesse d'évolution très variable. supérieure à 1,5 fois la limite supérieure de la nor-
Elle reste asymptomatique pendant une durée de male, pendant au moins 6 mois (témoin de la
2 à 17 ans, selon les études [9]. Elle l'est encore cholestase chronique)
; (b) présence d'anticorps
au moment du diagnostic chez environ 25 % des antimitochondrie à un titre égal ou supérieur au
malades. Les premiers symptômes sont insidieux : 1/40 ; (c) enfin, l'image histologique du foie.
asthénie, prurit intermittent. L'examen clinique La ponction-biopsie hépatique à visée diagnos-
est encore souvent normal. tique n'est utile que quand le diagnostic n'est pas
Puis l'évolution sera marquée par le développe- assuré sur les critères non invasifs précédents :
ment d'une asthénie marquée et des symptômes de (a) absence d'anticorps anti-mitochondries (5 %
cholestase, en particulier un prurit permanent et un des cas) ; (b) forme de chevauchement avec l'HAI
ictère dont la survenue est associée à un stade histo- (présence d'anticorps anti-muscle lisse à un titre
logique plus avancé. Une pigmentation de la peau, supérieur à 1/80) ; (c) incertitude avec une autre
des lésions de grattage, un hippocratisme digital, hépatopathie chronique.
une mélanodermie, des xanthomes cutanés peuvent Une fois le diagnostic posé, une endoscopie
aussi être observés. À ce stade, hépatomégalie et digestive œso-gastro-duodénale est recomman-
splénomégalie sont fréquentes. Un syndrome de dée car, même en l'absence de cirrhose, une
Raynaud isolé ou un syndrome CREST (calcinose HTP, source possible d'hémorragie digestive,
sous-cutanée, Raynaud, atteinte œsophagienne, peut se développer. Elle est parfois due à une
sclérodactylie, télangiectasies) et diverses mani- hyperplasie nodulaire régénérative [9]. Il faut
festations extrahépatiques (articulaires, hématolo- aussi définir le plus précisément possible s'il
giques etintestinales) peuvent être associés. existe, ou non, une cirrhose.
Les principales anomalies des tests biochi-
miques dans le sérum [9] sont les augmentations
des phosphatases alcalines, de la gammaglutamyl- Traitement
transpeptidase, des aminotransférases (habi- Le principal traitement de la CBP est l'adminis-
tuellement < 5 × N), du cholestérol (témoin de la tration à vie de l'AUDC, initiée à dose progressive
cholestase chronique), des IgM (sans augmentation avant d'atteindre (en 3–4 semaines) la posologie
des IgA et des IgG), et, quand ils sont mesurés, des de 13–15 mg/kg/j [11]. Le but du traitement par
acides biliaires. Une hyperbilirubinémie témoigne l'AUDC est de protéger la membrane cellulaire des
d'une forme histologiquement plus avancée [9, 10]. hépatocytes et des cholangiocytes des effets délé-
L'échographie abdominale peut être normale (au tères des acides biliaires endogènes [10, 12]. Ce
tout début des symptômes) ou montrer une hépa- traitement augmente la durée de vie des malades
tomégalie régulière ou une dystrophie grossière traités à un stade histologique précoce (stades I et
suggérant une cirrhose. Une splénomégalie est II) [11] et permet, après un an, de prédire l'absence
fréquente. Les voies biliaires intrahépatiques ne de complications sévères pendant une période
sont pas dilatées, elles sont normales à la cholan- moyenne de 7 ans [13].
giographie par résonance magnétique nucléaire. Divers autres médicaments (pénicillamine,
corticoïdes, azathioprine, colchicine, ciclospo-
Diagnostic, endoscopie rine) n'ont pas amélioré significativement la per-
formance de l'AUDC [9]. La cholestyramine, un
œso-gastro-duodénale
antihistaminique et la rifampicine sont les traite-
Dans toutes les circonstances précédentes, sympto- ments les plus utilisés contre le prurit [9]. D'autres
matiques ou non, les anticorps anti-mitochondries traitements adjuvants incluent la prévention de
sont présents dans 95 % des cas, dès le début de la l'ostéopénie et de l'ostéoporose ; la corticothérapie
116
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
117
Pathologies maternelles et grossesse
118
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
[9] Lindor KD, Gershwin ME, Poupon R, Kaplan M, outcomes for pregnant women with primary biliary
Bergassa NV, Heathcote EJ. Primary biliary cirrho- cirrhosis. Clin Gastroenterol Hepatol 2014 ; (in
sis. Hepatology 2009 ; 50 : 291–308. press).
[10] Selmi C, Bowlus CL, Gershwin ME, Coppel RL. Pri- [16] Olsson R, Lööf L, Wallerstedt S, The Swedish Inter-
mary biliary cirrhosis. Lancet 2011 ; 377 : 1600–9. nal Medicine Liver Club. Pregnancy in patients with
[11] Corpechot C, Carrat F, Bahr A, Chretien Y, Poupon biliary cirrhosis – a case for dissuasion ? Liver 1993 ;
RE, Poupon R. The effect of ursodeoxycholic acid 13 : 316–8.
therapy on the natural course of primary biliary cir- [17] Rabinovitz M, Appassamy R, Finkelstein S. Primary
rhoses. Gastroenterology 2005 ; 128 : 297–303. biliary cirrrhosis diagnosed during pregnancy. Does
[12] Abbas G, Lindor KD. Pharmacological trreatment of it have a different outcome ? Dig Dis Sci 1995 ; 40 :
biliary cirrhosis with ursodeoxycholic acid. Expert 571–4.
Opin Pharmacother 2010 ; 11 : 387–92. [18] Chapman R, Fevery J, Kalloo A, Nagorney DM,
[13] Corpechot C, Chazouillères O, Poupon R. Early pri- Boberg KM, Schneider B, et al. Dagnosis and mana-
mary biliary cirrhosis ; biochemical response to treat- gement of primary sclerosing cholangitis. Hepato-
ment and prediction of long-term outcome. J Hepatol logy 2010 ; 51 : 659–78.
2011 ; 55 : 1361–7. [19] Ludvigsson JF, Bergquist A, Ajne G, Karte S, Ekbom
[14] Poupon R, Chrétien Y, Chazouillères O, Poupon RE. A, Stephansson O. A population-based cohort study
Pregnancy in women with ursodeoxycholic acid-treated of pregnancy outcomes among pregnant women
primary biliayr cirrhosis. J Hepatol 2005 ; 42 : 418–9. with primary sclerosing cholangitis. Clin Gastroen-
[15] Trivedi PJ, Kumagi T, Al-Harthy N, Coltescu C, terol Hepatol 2014 ; 12 : 95–100.
Ward S, Cheung A, et al. Good maternal and fetal
119
Pathologies maternelles et grossesse
du VHC est donc fréquente, elle doit prendre en (séroconversion HBe, extinction virale B), per-
compte le risque de transmission maternofœtale, sistante après l'arrêt du traitement dont la durée
le risque de l'hépatopathie pour la mère. doit néanmoins être d'1 à 2 ans.
Le traitement du VHC dépend du stade his-
tologique de la maladie et des chances de succès
variables selon le génotype du VHC.
Présentation de la pathologie • Le génotype 1 est majoritaire en France (65 %
des patients) et son traitement repose actuel-
Les VHB et VHC se transmettent par voie paren- lement sur l'association de l'interféron alpha
térale (exposition au sang) et le VHB également pégylé, de la ribavirine et des inhibiteurs de
par voie sexuelle. protéase (boceprevir et telaprevir). Il permet
L'infection aiguë par le VHB ou le VHC est 70 % de succès virologique, défini par un ARN
le plus souvent asymptomatique, l'hépatite B VHC indétectable dans le plasma six mois après
devient chronique dans 5 à 10 % des cas chez l'arrêt du traitement anti-VHC. Pour les patients
l'adulte (90 % chez le nourrisson) et l'hépatite non-répondeurs (virémie persistante) ou rechu-
C dans 65 à 70 % des cas. En cas d'infection teurs (réapparition de l'ARN VHC plasmatique
chronique, la progression vers la cirrhose peut après l'arrêt du traitement), d'autres multithéra-
prendre 20 à 40 ans selon l'âge (plus rapide en cas pies sont attendues prochainement (sofosbuvir,
d'acquisition de l'infection à un âge avancé), les ledispavir, asunaprevir, etc.).
cofacteurs de morbiditésont : co-infection par le • Les génotypes 2 et 3 (25 % des patients) sont
VIH, le virus VHD (hépatite Delta) pour le VHB, plus sensibles au traitement avec 70 à 80 % de
prise d'alcool, surcharge en fer, polymorphisme succès thérapeutique en bithérapie d'interfé-
génétique de l'IL28B de type CC/CT ou TT, dia- ron et ribavirine (6 mois de traitement). En cas
bète, obésité. d'échec, l'association de sofosbuvir et ribavirine
L'évaluation de la maladie hépatique repose est une perspective.
sur l'évaluation du stade de fibrose (biopsie • Pour le génotype 4 (10 % des patients), la
hépatique ou tests non invasifs : fibrotest, fibro- bithérapie d'interféron et ribavirine (un an
mètre, fibroscan), de l'activité inflammatoire de de traitement) ne permet qu'environ 50 %
la maladie, et, pour le VHB de l'intensité de la de succès thérapeutique, et des trithérapies
multiplication virale. La virémie B est quantifiée incluant un inhibiteur de polymérase ou de
par PCR en UI d'ADN VHB/mL (ou en log UI/ protéase (simeprevir) devraient être dispo-
mL). Les UI ont remplacé les copies/mL souvent nibles à l'avenir.
utilisées dans la littérature, dont les résultats
variaient selon les techniques (le facteur de cor-
respondance est de l'ordre de 1 UI pour 5 copies).
La virémie VHC est quantifiée par PCR en UI Épidémiologie en France
d'A RN VHC/mL.
Les critères d'indication dutraitement de l'hé- La prévalence de l'AgHBs chez les femmes
patite B sont le niveau de multiplication virale, enceintes est de l'ordre de 0,7 % en France métro-
les anomalies des transaminases, le stade histolo- politaine. Cette prévalence varie beaucoup selon
gique de la maladie (fibrose et activité inflamma- l'origine géographique des patients (0,29 %
toire). Ce traitement repose sur : France métropolitaine ; 5,68 % Antilles fran-
• les analogues nucléosidiques ou nucléotidiques çaises ; 7,14 % Sud-Est asiatique ; 6,52 % Afrique
(tenofovir, entecavir, lamivudine) qui ont un sub-saharienne)
effet purement suspensif sur la multiplication La prévalence de l'hépatite C a diminué au
virale (virostatique) en inhibant la reverse cours des dernières années. Au pic de l'épidémie
transcription de l'ADN polymérase du VHB ; dans les années 1990, la séroprévalence chez les
• l'interféron alpha pégylé qui, en cas d'activité femmes enceintes dépassait 1 % en Île-de-France
inflammatoire intense et de multiplication et en région PACA. On estime que les deux tiers
virale peu élevée (moins de 6 log UI/mL), per- correspondent à une virémie positive, donc une
met l'apparition d'une réponse immune durable hépatite chronique.
120
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
121
Pathologies maternelles et grossesse
122
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
Figure 5.1. Conduite à tenir en cas de découverte d'une sérologie AgHBs + chez une femme
enceinte (source : rapport Dhumeaux 2014).
123
Pathologies maternelles et grossesse
au mieux en salle de travail, au plus tard dans les ment prématuré, d'hémorragie anté-partum et
12 à 24 heures après la naissance. Elle comporte de retard de croissance en cas de sérologie VHC
l'administration en IM en deux endroits diffé- positive [14], sans que l'on puisse exclure le rôle
rents, dans la cuisse, d'immunoglobulines anti- de facteurs de risque confondants. À l'inverse, la
HBs (100 UI) et de vaccin (autre que HBVaxpro® grossesse entraîne fréquemment une diminution
5 µg) (vaccin répété à M1 et M6). Les schémas des transaminases qui peut s'accompagner d'une
renforcés, utilisant des doubles doses d'immuno- augmentation de la charge virale VHC [15]. Un
globulines éventuellement répétées ou des doses « rebond » des transaminases a été décrit en post-
adultes de vaccin, n'ont pas fait la preuve de leur partum, avec une possible aggravation des lésions
supériorité. Chez le nouveau-né prématuré ou de hépatiques [16].
moins de 2 kg, le dosage d'immunoglobulines est
adapté au poids (30 UI/kg) et un schéma vaccinal Transmission mère-enfant
à 4 doses est utilisé.
du VHC
Le taux de transmission est de l'ordre de 3 à 5 %
Allaitement en cas de virémie positive [17]. La transmission
L'allaitement n'est pas contre-indiqué en cas semble corrélée au niveau de multiplication virale
d'infection par le virus B quelle que soit la charge maternelle [18]. En cas de co-infection par le VIH,
virale, à condition que la sérovaccination ait bien le risque est triplé, mais le contrôle thérapeutique
été débutée. Les saignements au niveau des mame- du VIH semble limiter ce sur-risque [19]. Il n'y a
lons doivent être prévenus par des soins locaux. pas de moyens protecteurs connus pour réduire
La prise d'analogue anti-VHB est une contre- le risque de transmission mère-enfant (TME) du
indication relative à l'allaitement. VHC, notamment ni la césarienne, ni l'allaite-
ment artificiel.
Organisation du suivi
en post-partum Suivi de la grossesse
Il est recommandé d'adresser la femme en consul- Conduite pratique chez une femme
tation spécialisée dans les 3 mois qui suivent l'ac-
couchement. traitée débutant une grossesse
La ribavirine est contre-indiquée et un délai de
4 mois est recommandé entre la fin du traite-
ment et le début d'une grossesse. Toutes les nou-
Grossesse chez la femme velles molécules anti VHC sont contre-indiquées
pendant la grossesse. En cas de grossesse survenue
porteuse du virus de l'hépatite C sous traitement, celui-ci doit être interrompu. Il
n'y a pas d'indication à une interruption médicale
Risques et conséquences de grossesse, mais un suivi échographique attentif
de la maladie (tableaux 5.4 et 5.5) est conseillé en raison du risque tératogène.
Influence de la grossesse
sur l'hépatite C et influence Quel suivi en cas de découverte
de l'hépatite C sur la grossesse d'une sérologie VHC positive ?
Il existe une association significative entre infec- La conduite dépendra complètement du résul-
tion par le virus VHC et risque de cholestase gra- tat du dosage de l'A RN du VHC. Une virémie
vidique. En cas de prurit, le diagnostic est fait par positive (ARN du VHC positif) justifie une
le dosage des transaminases et des acides biliaires consultation spécialisée permettant de complé-
sériques, et un traitement est possible par acide ter les informations et les examens et d'organi-
urso-désoxycholique. Une étude sur l'ensemble ser la prise en charge ultérieure de la patiente
des femmes enceintes américaines de 2003 à 2010 (figure 5.2). En cas de virémie négative, la
a noté une augmentation du risque d'accouche- patiente est guérie.
124
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
Tableau 5.5. Infection par les virus VHB et VHC. Prise en charge obstétricale et infantile en pratique.
(source : rapport Dhumeaux 2014).
VHB VHC
Dépistage chez la femme enceinte Obligatoire Non systématique
(3e mois)* (dépistage si facteur de risque)
Tests à réaliser Ag HBs, AC anti-HBs, AC anti-HBc Sérologie anti-VHC
(si Ag HBs + : ADN VHB) (si + : ARN VHC)
Traitement pendant la grossesse Analogue anti-VHB au 3 trimestre
e
Traitements anti-VHC contre-indiqués
si ADN-VHB > 106 –107 UI/mL pendant la grossesse
Mode d'accouchement Non modifié** Non modifié
Prévention à la naissance si mère Sérovaccination : Ig anti-HBs 100 UI/l à Non
Ag HBs+ la naissance + vaccin à la naissance, M1
et M6
Allaitement Non déconseillé*** Non déconseillé
Dépistage chez l'enfant né de mère Recommandé Recommandé
infectée (Ag HBs, Ac anti-HBc et anti-HBs à 9 mois) (sérologie VHC à 18 mois)
* actuellement dépistage au 6e mois de grossesse mais recommandations au 3e mois ; ** sauf en cas d'ADN du VHB élevé et absence de
traitement antiviral ; *** après vérification que la sérovaccination a bien été débutée.
125
Pathologies maternelles et grossesse
Figure 5.2. Conduite à tenir en cas de découverte d'une sérologie VHC + chez une femme enceinte
(source : rapport Dhumeaux 2014).
126
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
[11] Yang J, Zeng XM, Men YL, Zhao LS. Elective cae- [18] Ruiz-Extremera A, Munoz-Gamez J, Salmeron-
sarean section versus vaginal delivery for preventing Ruiz M. Munoz de Rueda P, Quiles-Perez A, Gila-
mother to child transmission of hepatitis B virus - Mediana A et al. Genetic variation in Interluekin 28B
a systematic review. Virol J 2008 ; 28 : 100. with respect to vertical transmission of Hepatitis C
[12] Hu Y, Chen J, Wen J, Xu C, Zhang S, Xu B, et al. virus and spontaneous clearance in HCV infected
Effect of elective cesarean section on the risk of children. Hepatology 2011 ; 53 : 1830–8.
mother-to-child transmission of hepatitis B virus. [19] Mariné-Barjoan E, Berrébi A, Giordanengo V, Four-
BMC Pregnancy Childbirth 2013 ; 13 : 119. nier Favre S, Haas H, Moreigne M. HCV/HIV co-
[13] Pan CQ, Zou HB, Chen Y, Zhang X, Zhang H, infection, HCV viral load and mode of delivery : risk
Li J, et al. Cesarean section reduces perinatal trans- factors for mother-to-child transmission of hepatitis
mission of HBV infection from hepatitis B surface C virus ? AIDS 2007 ; 21 : 1811–5.
antigen-positive women to their infants. Clin Gas- [20] Delamare C, Carbonne B, Heim N, Berkane N,
troenterol Hepatol 2013 ; 11 : 1349–55. Petit JC, Uzan S, et al. Detection of hepatitis C virus
[14] Chen PH, Limketkai BN, Kim B, Woreta TA. Effects RNA (HCV RNA) in amniotic fluid : a prospective
of chronic hepatitis C on pregnancy and perinatal study. J Hepatol 1999 ; 31 : 416–20.
outcomes. Hepatology 2013 ; 58(Suppl) : 216A. [21] Cottrell EB, Chou R, Wasson N, Rahman B, Guise
[15] Gervais A, Bacq Y, Bernuau J, Martinot M, Auperin A, JM. Reducing risk for mother-to-infant transmission
Boyer N, et al. Decrease in serum ALT and increase in of hepatitis C virus : A systematic review for the U.S.
serum HCV RNA during pregnancy in women with preventive services task force. Ann Intern Med 2013 ;
chronic hepatitis C. J Hepatol 2000 ; 32 : 293–9. 158 : 109–13.
[16] Fontaine H, Nalpas B, Carnot F, Bréchot C, Pol S.
Effect of pregnancy on chronic hepatitis C : a case-
control study.
Pour en savoir plus
[17] Conte D, Fraquelli M, Prati D, Colucci A, Minola E. Décret n°92–143 du 14 février 1992 relatif aux examens
Prevalence and clinical course of chronic hepatitis obligatoires prénuptial, pré et postnatal. http://
C virus (HCV) infection and rate of HCV vertical www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=J
transmission in a cohort of 15,250 pregnant women. ORFTEXT000000540419&dateTexte=&categorieL
Hepatology 2000 ; 31 : 751–5. ien=id.
127
Pathologies maternelles et grossesse
128
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
première instauration par un chélateur du cuivre 0,75 à 1 g par jour. Si une césarienne est prévue,
[3]. Il semble efficace sur le long terme, notam- certains auteurs recommandent encore une dimi-
ment pour les formes neurologiques [4]. Il a été nution de la dose à 250 mg/j pendant 6 semaines
décrit des effets secondaires à type de gastrite, avant l'accouchement et après l'opération pour
réduits par l'utilisation de l'acétate de zinc ou de ne pas retarder la cicatrisation. Il y a moins de
gluconate de zinc. publication concernant les grossesses sous trien-
tine, mais les rares publications n'ont pas révélé de
Régime alimentaire malformation fœtale.
Plus récemment, le zinc a été utilisé chez des
Les aliments riches en cuivre (foie, cerveau, cho- patientes enceintes présentant une maladie de Wil-
colat, champignons, fruits de mer, noix) sont à son avec une bonne efficacité [10]. Il n'a aucun effet
éviter surtout la première année de traitement. tératogène démontré chez l'animal et constitue donc
pour certains auteurs le traitement de choix pendant
Avis préconceptionnel la grossesse. Dans la série de Brewer, 19 femmes sous
zinc donnaient naissance à 26 enfants. Les doses de
Chez les patientes symptomatiques, les difficultés
zinc étaient réduites de moitié avec surveillance
conceptionnelles ne sont pas rares. Cela peut être
stricte mensuelle de la cuprurie et du zinc urinaire.
lié à l'atteinte hépatique et à l'insuffisance gona-
Un enfant avait une microcéphalie, un autre avait
dotrope secondaire. Certains auteurs ont décrit
une anomalie cardiaque bénigne opérée. Tous les
des fausses couches à répétition chez des femmes
autres étaient normaux.
ayant une maladie de Wilson non diagnostiquée
Le plus important semble donc que la maladie
et asymptomatiques [5, 6]. Les troubles de la dif-
soit bien stabilisée avant de débuter une grossesse,
fusion du cuivre libre du plasma vers les tissus
et surtout que le traitement ne soit pas interrompu.
pourraient aussi avoir un rôle en diminuant l'acti-
L'idéal est de préparer la grossesse et de rassurer les
vité de l'aromatase folliculaire ovarienne [7], ou
femmes sur le risque du traitement pour leur bébé en
en empêchant l'implantation de l'embryon dans
insistant sur le risque vital maternel à interrompre
l'utérus. Il paraît donc nécessaire de réaliser un
le traitement. Un suivi rapproché pendant la gros-
bilan du cuivre en cas de fausses couches spon-
sesse avec une adaptation des doses du traitement
tanées à répétition et d'aménorrhée inexpliquée
habituel paraît l'idéal, plutôt que l'instauration d'un
chez une patiente en âge de procréer [8].
nouveau traitement pendant cette période.
Il ne semble pas y avoir d'impact de la grossesse
Suivi de grossesse – Risques sur l'évolution de cette maladie. Dans la plupart
encourus des séries, les patientes connues et traitées ne se
Chez les patientes traitées et bien équilibrées sont pas aggravées durant la grossesse ou le post-
sous traitement, une grossesse peut être envisa- partum, sauf en cas d'arrêt du traitement, avec
gée. Compte tenu du bénéfice attendu du traite- dans ce cas parfois une évolution fatale (liées à
ment, il doit être maintenu pendant la grossesse. une hépatite fulminante). Chez les patientes qui
La D-pénicillamine (Trolovol®) est classée D par n'étaient pas diagnostiquées au moment de la gros-
la FDA (risque fœtal), les fœtus exposés étant à sesse, les symptômes apparaissaient le plus souvent
risque de présenter des atteintes du tissu conjonc- plusieurs années après, sans aggravation spécifique
tif. Cependant, dans la maladie de Wilson aucun pendant la grossesse ou dans le post-partum.
effet tératogène n'a été rapporté, peut-être parce
que les doses utilisées sont moins élevées que dans
d'autres pathologies, et aussi parce que l'augmen-
Suivi en post-partum
tation du cuivre non liée à la céruléoplasmine et allaitement
empêche une carence fœtale en cuivre. Sur les En post-partum, l'adaptation du traitement se fait
161 grossesses rapportées chez 83 patientes trai- avec le monitorage habituel du bilan cuprique. On
tées par D-pénicillamine, il y a eu 122 naissances privilégiera une contraception microprogestative
avec 119 enfants normaux [9]. Dans la plupart des car les estrogènes sont déconseillés du fait de l'at-
séries, la posologie était diminuée de moitié, de teinte hépatique [11]. Un dispositif intra-utérin au
129
Pathologies maternelles et grossesse
levonorgestrel peut être utilisé. Toutefois, un DIU qui remplace désormais la biopsie hépatique.
contenant du cuivre n'est pas absolument contre- Le diagnostic repose sur la recherche de la muta-
indiqué et ne doit pas être retiré si les patientes tion génétique. Un fois le diagnostic établi, il faut
sont traitées et bien équilibrées. rechercher des complications de la maladie (hépa-
Il y a peu de références sur l'allaitement sous tiques pouvant évoluer vers la cirrhose, cardiaques,
D-pénicillamine. Les rares cas décrits n'ont pas pancréatiques avec apparition d'un diabète, osseuses
rapporté de complications [12]. Il n'existe pas de avec risque d'ostéoporose, hypogonadisme).
référence concernant l'allaitement sous trientine. D'autres formes génétiques existent mais elles
sont beaucoup plus rares et on dispose de peu de
Conseil génétique données épidémiologiques. Elles touchent géné-
ralement des gens plus jeunes. L'hémochromatose
Le dépistage doit être proposé au conjoint ainsi
de type 2 est une maladie autosomique récessive
qu'à la famille dans le cadre de l'enquête familiale
caractérisée par des surcharges en fer sévères tou-
au cours d'un conseil génétique.
chant les sujets jeunes. On distingue deux entités
différentes : 2A (mutation de l'hémojuvéline, une
centaine de patients décrits mondialement) et 2B,
Hémochromatose correspondant à une mutation du gène de l'hep-
cidine sur le chromosome 19. L'hémochromatose
L'hémochromatose correspond à une surcharge de type 3 est rare et est également de transmis-
en fer conduisant à une accumulation progressive sion autosomique récessive, touchant le gène du
dans les tissus. Elle peut être génétique ou secon- récepteur 2 de la transferrine (TFR2) sur le chro-
daire (transfusions, syndrome dysmétabolique). mosome 7. L'hémochromatose de type 4 est un
L'hémochromatose génétique de loin la plus fré- peu moins rare. Elle correspond à une mutation
quente, l'hémochromatose de type 1 est liée à la du gène de la ferroportine sur le chromosome 2.
mutation C282Y du gène HFE situé sur le chro- Elle est de transmission autosomique dominante
mosome 6 [13]. Une seconde mutation de HFE et contrairement à l'hémochromatose de type 1,
est également incriminée mais de manière moins elle ne s'accompagne pas d'une augmentation du
certaine : la mutation H63D. Il s'agit d'une atteinte coefficient de saturation de la transferrine.
autosomique récessive et les deux allèles doivent Le traitement repose sur les phlébotomies ou sai-
être mutés pour que la maladie s'exprime. La fré- gnées itératives. Elles sont indiquées en cas de sur-
quence de l'allèle C282Y muté est estimée à 6,2 % charge en fer, avant l'apparition des symptômes. La
mais varie en fonction du pays (jusqu'à 12,5 % quantité prélevée est en rapport avec l'âge, le poids
en Irlande). La pénétrance de la maladie est très et la taille du patient [15]. Le traitement repose en
variable. Allen et al. ont rapporté qu'environ une général sur une phase d'attaque avec une saignée
femme homozygote sur 100 et 28 hommes homo- par semaine puis à un rythme moins important,
zygotes sur 100 ont une surcharge en fer au cours avec pour objectif des chiffres de ferritine inférieur
de leur vie [14]. La surcharge est en général moins à 50 ng/mL. Le traitement chélateur est réservé aux
marquée chez les femmes du fait des pertes phy- rares cas de contre-indications aux saignées.
siologiques en fer liées aux règles et aux grossesses.
La maladie évolue en plusieurs phases : phase Avis préconceptionnel
de latence pendant 15–20 ans avec des tests
ferriques normaux ; phase où apparaissent les L'hémochromatose de type 1 pose généralement
anomalies biologiques (hyperferritinémie, aug- peu de problème chez les femmes en âge de procréer.
mentation du coefficient de saturation de la Les hémochromatoses génétiques non liées à
transferrine) et la phase clinique, en général après HFE touchent des sujets plus jeunes et peuvent
40 ans. Les symptômes évocateurs de la maladie s'accompagner de difficultés conceptionnelles.
sont peu spécifiques : asthénie, arthralgies, méla- Dans la littérature, il a été rapporté une grossesse
nodermie, diabète, anomalies des tests hépa- avec issue favorable d'une patiente présentant une
tiques. L'intensité de la surcharge est évaluée par hémochromatose juvénile compliquée d'hypogo-
l'IRM avec quantification du fer intrahépatique, nadisme hypogonadotrope et traitée [16].
130
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
131
Pathologies maternelles et grossesse
Points clés
Grossesse non contre-indiquée.
Présentation de la pathologie
Pas d'augmentation du risque de rejet aigu Population concernée
de greffe.
Délai minimum d'un an entre transplanta- Les indications de transplantations hépatiques
tion hépatique et grossesse. sont nombreuses. Nous détaillerons plus particu-
Visite préconceptionnelle : lièrement les indications pédiatriques ou concer-
– information sur les complications nant des adultes jeunes.
obstétricales plus fréquentes chez ces
patientes, Maladies chroniques du foie
– adapter le traitement immunosuppres-
Tout patient atteint d'une maladie chronique du
seur.
foie pour laquelle le pronostic vital paraît menacé
Suivi conjoint et rapproché entre obstétri-
cien et hépatologue.
dans un délai de 1 à 2 ans peut être considéré
Mode d'accouchement indiqué selon les
comme un candidat potentiel à la transplantation
critères obstétricaux usuels hépatique. Les pathologies concernées sont la cir-
rhose d'origine virale (hépatite B, B-delta, C) ou
alcoolique, la cirrhose biliaire primitive, la cho-
langite sclérosante primitive, la cirrhose biliaire
La première transplantation hépatique a eu lieu secondaire à une pathologie congénitale, lithia-
en 1963 [1]. La première grossesse chez une trans- sique ou traumatique des voies biliaires, les hépa-
plantée hépatique a été décrite en 1978 [2]. Depuis, tites auto-immunes (pathologie affectant le plus
les indications de transplantation hépatique n'ont souvent les femmes jeunes).
cessé de s'élargir et le nombre de malades aug-
mente régulièrement. Il s'agit de la greffe la plus Tumeurs du foie
fréquente après la greffe rénale. Environ un tiers La transplantation hépatique est indiquée dans
des patients sont des femmes et environ un tiers de certains cas pour les tumeurs primitives du foie
ces femmes sont en âge de procréer [3]. Toutes les (le carcinome hépatocellulaire, le cholangiocarci-
maladies chroniques du foie peuvent entraîner des nome et l'exceptionnel hémangio-endothéliome
dysfonctions de l'axe hypothalamo-hypophysaire épithélioïde). Parmi les tumeurs secondaires du
et des troubles du cycle menstruel. La transplanta- foie, seules les métastases des tumeurs endocrines
tion hépatique permet de restaurer la fertilité des peuvent actuellement représenter une indication
patientes en âge de procréer [2]. De plus, l'amélio- de transplantation hépatique.
ration des techniques chirurgicales et des théra-
pies immunosuppressives ont permis d'augmenter Maladies métaboliques du foie
progressivement la survie et la qualité de vie des
receveurs [4]. Les patientes transplantées, en âge Il s'agit de la maladie de Wilson, du déficit en
de procréer, peuvent désormais espérer mener α1-anti-trypsine et de certaines glycogénoses.
une vie de qualité satisfaisante et donc envisager
une grossesse. Néanmoins, les complications de Maladies chroniques de l'enfant
la grossesse, maternelles et fœtales, sont plus fré- Il s'agit principalement de l'atrésie des voies
quentes pour ces femmes que dans la population biliaires et de la maladie de Byler. Les transplan-
générale [5]. La prise en charge de ces grossesses tations hépatiques réalisées dans cette indication
doit donc être multidisciplinaire et le suivi obsté- donnent de meilleurs résultats chez l'enfant par
trical rapproché. rapport à l'adulte, avec une survie de 90 % environ.
132
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
133
Pathologies maternelles et grossesse
134
Tableau 5.6. Effets sur la grossesse des différents traitements immunosuppresseurs utilisés chez les patientes greffées hépatiques.
Mode d'action Anti-inflammatoire par Altération de la production Effet cytostatique sur la Activité anti calcineurine Activité anti calcineurine
inhibition de la synthèse des anticorps par inhibition prolifération des Lc B et T (action sur la croissance et (plus importante que la
des prostaglandines du métabolisme des purines la différenciation des Lc T) ciclosporine)
et du leukotriène
Inhibition de l'expression
des cytokines
Effets secondaires Diabète gestationnel Cytolyse Insuffisance rénale HTA
maternels HTA Cholestase HTA PE
Ostéonécrose PE (mais dans une moindre
Prise de poids mesure qu'avec la
ciclosporine)
Dyslipidémie
Infection
135
Effets secondaires RCIU et prématurité (rôle RCIU et prématurité (rôle Augmentation du risque RCIU et prématurité (rôle RCIU et prématurité (rôle
fœtaux propre de la pathologie propre de la pathologie de FCS propre de la pathologie propre de la pathologie
sous-jacente ?) sous-jacente ?) Tératogène : sous-jacente ?) sous-jacente ?)
Risque théorique Risque d'infection Anomalie de l'oreille Risque d'infection Risque d'infection
d'insuffisance surrénalienne materno-fœtale à CMV materno-fœtale à CMV materno-fœtale à CMV
néo-natale (immunosuppression) Fente labio-palatine (immunosuppression) (immunosuppression)
Des cas de toxicité Micrognathie Rares troubles
136
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
trical, le suivi clinique est habituel. Sur le plan fier la posologie. Enfin, les taux résiduels de
hépatologique, il convient de dépister : tacrolimus doivent être pris en compte avec beau-
• un dysfonctionnement du greffon ou des signes coup de prudence pendant la grossesse lorsque
précoces de rejet devant une perturbation des l'albuminémie devient < 30 g/L et/ou lorsque le
tests biologiques hépatiques. En effet, les signes taux d'érythrocytes chute à moins de 3,5.1012/L.
d'insuffisance hépato-cellulaire comme la chute Dans ces deux cas, malgré un taux résiduel de
du taux de prothrombine (TP) ou l'élévation de tacrolimus satisfaisant, il existe une augmenta-
la bilirubine sont très tardifs ; tion de la fraction libre du médicament pouvant
• une éventuelle toxicité du traitement immu- majorer le risque d'effets secondaires.
nosuppresseur (à suspecter en cas de troubles À l'inverse, après l'accouchement, les doses
digestifs, de pancytopénie ou d'élévation de la doivent être progressivement réduites pour ne
créatinine sérique) ; pas exposer les patientes à un surdosage et à une
• une infection, en particulier à CMV. néphrotoxicité.
Le suivi comprend donc à chaque consultation : Le dépistage du diabète gestationnel est égale-
• une surveillance tensionnelle rigoureuse per- ment nécessaire chez les patientes sous cortico-
mettant le dépistage d'une pré-éclampsie, dont thérapie, ciclosporine et tacrolimus, en raison de
l'incidence est augmentée chez les patientes leur action sur le métabolisme glucidique.
transplantées hépatiques ; Le suivi échographique est mensuel afin de
• la recherche d'une symptomatologie diges- dépister un éventuel RCIU.
tive (diarrhées, vomissements) ou infectieuse Dans le cas d'une femme ayant reçu du myco-
(fièvre, toux) ; phénolate mofétil (Cellcept®) au cours de sa
• un bilan biologique : bilan hépatique pour dépis- grossesse ou dans le cas d'une infection ou réin-
ter un éventuel rejet ou d'autres complications fection à CMV, il sera nécessaire de prendre un
du greffon (transaminases, γ-glutamyl trans- avis spécialisé auprès d'un centre de diagnostic
férase, bilirubine totale1), fonction rénale, une anténatal.
numération formule sanguine, un bilan de coa-
gulation, une recherche de protéinurie [5, 15] ;
• le dosage des taux résiduels d'anticalcineurine
(dosé 12 heures après la dernière prise, à jeun et Voie d'accouchement
avant la prise suivante) afin d'en adapter la dose ;
• la recherche des marqueurs d'infection à CMV L'accouchement par voie basse est recommandé
(antigénémie et/ou PCR) en cas de point d'appel chez les patientes transplantées hépatiques [5, 19].
(signes cliniques : toux, fièvre, syndrome grip- Néanmoins, en raison des complications mater-
pal ; signes biologiques : leucopénie, perturba- nelles ou fœtales, le taux de césarienne est aug-
tion du bilan hépatique). menté par rapport à la population générale dans
En ce qui concerne l'ajustement de la posolo- la plupart des séries [5, 12, 19, 21]. En effet, en
gie des immunosuppresseurs, une augmenta- 2006, le NTPR recensait 35 % de césarienne chez
tion progressive des doses d'anticalcineurines les patientes transplantées hépatiques. L'étude
peut être nécessaire durant la grossesse du fait menée par Coffin et al. relevait 37,7 % de césa-
de l'augmentation du volume de distribution riennes dans le groupe des patientes transplan-
et de la clairance rénale, afin de maintenir les tées hépatiques contre 23,6 % dans le groupe
taux résiduels dans la fourchette thérapeutique. témoin (p = 0,0001).
Néanmoins, en pratique, puisque la dose mini-
male efficace est recherchée, les taux résiduels
vont spontanément se retrouver dans les valeurs
normales-basses sans qu'il soit besoin de modi- Suivi post-natal
Comme durant la période de la grossesse, le
1
Le dosage des phosphatases alcalines, dont le taux
sera augmenté du fait de la grossesse, n'est pas indis- traitement immunosuppresseur n'a pas à être
pensable pour le dépistage du rejet ou d'autres com- modifié en post-partum, en dehors de l'ajus-
plications du greffon. tement nécessaire des anticalcineurines selon
137
Pathologies maternelles et grossesse
les taux sanguins résiduels, qui peuvent varier transplantation : report of 8 new cases and review
après l'accouchement. Il n'a en effet pas été of the literature. Transpl Immunol 2006 ; 15 :
297–302.
rapporté de sur-risque de rejet pendant cette
[5] Raakow R, Neuhaus R, Büscher U, Schmidt S, Rayes
période. Les corticoïdes, l'azathioprine et la N, Glanemann M, et al. Parenthood following liver
ciclosporine ne contre-indiquent pas l'allaite- transplantation. Transplant Proc 2001 ; 33 : 1450–2.
ment maternel. En revanche, les données sont [6] Revaux A, Bernuau J, Ceccaldi PF, Luton D,
peu nombreuses pour le tacrolimus et le myco- Ducarme G. Liver transplantation and pregnancy.
phénolate mofétil. Presse Médicale Paris Fr 2010 ; 39 : 1143–9.
[7] Mass K, Quint EH, Punch MR, Merion RM. Gyne-
La contraception locale par préservatifs est cological and reproductive function after liver trans-
préférée [22], mais elle reste contraignante et plantation. Transplantation 1996 ; 62 : 476–9.
son taux d'échec n'est pas négligeable. L'utilisa- [8] Laifer SA, Guido RS. Reproductive function and
tion des dispositifs intra-utérins est controver- outcome of pregnancy after liver transplantation in
sée en raison du risque théorique d'infection women. Mayo Clin Proc Mayo Clin 1995 ; 70 : 388–94.
chez des patientes sous immunosuppresseurs [9] Armenti VT, Daller JA, Constantinescu S, Silva P,
Radomski JS, Moritz MJ, et al. Report from the
[8, 20]. Les œstroprogestatifs (OP) peuvent être National Transplantation Pregnancy Registry :
envisagés en l'absence d'HTA mal contrôlée, de outcomes of pregnancy after transplantation. Clin
syndrome de Budd-Chiari ou de perturbation Transpl 2006 ; 57–70.
du bilan hépatique [23]. Toutefois, les OP et [10] Coffin CS, Shaheen AAM, Burak KW, Myers RP.
certains immunosuppresseurs tels que le tacro- Pregnancy outcomes among liver transplant reci-
pients in the United States : a nationwide case-control
limus et la ciclosporine possèdent une voie de
analysis. Liver Transplant Off Publ Am Assoc Study
métabolisation commune et leur utilisation peut Liver Dis Int Liver Transplant Soc 2010 ; 16 : 56–63.
théoriquement entraîner une augmentation [11] Deshpande NA, James NT, Kucirka LM, Boyarsky BJ,
des concentrations plasmatiques de ces der- Garonzik-Wang JM, Cameron AM, et al. Pregnancy
niers [8, 24]. Les OP par voie transcutanée ou outcomes of liver transplant recipients : a systematic
vaginale, donc sans premier passage hépatique, review and meta-analysis. Liver Transplant Off Publ
Am Assoc Study Liver Dis Int Liver Transplant Soc
constituent une alternative intéressante aux OP 2012 ; 18 : 621–9.
oraux. Les patientes sous OP doivent avoir une [12] Nagy S, Bush MC, Berkowitz R, Fishbein TM,
fonction rénale stable depuis au moins six à huit Gomez-Lobo V. Pregnancy outcome in liver trans-
mois et bénéficier d'une surveillance régulière plant recipients. Obstet Gynecol 2003 ; 102 : 121–8.
des enzymes hépatiques [24]. [13] Janssen NM, Genta MS. The effects of immuno-
Les progestatifs, administrés par voie orale, suppressive and anti-inflammatory medications on
fertility, pregnancy, and lactation. Arch Intern Med
intramusculaire ou sous cutanée présentent 2000 ; 160 : 610–9.
moins d'interactions médicamenteuses et ont [14] Merlob P, Stahl B, Klinger G. Tetrada of the pos-
peu d'effet sur le foie [8]. Ils semblent donc être la sible mycophenolate mofetil embryopathy : a review.
contraception hormonale de choix. Reprod Toxicol Elmsford N 2009 ; 28 : 105–8.
[15] Casele HL, Laifer SA. Association of pregnancy
complications and choice of immunosuppressant in
Références liver transplant patients. Transplantation 1998 ; 65 :
581–3.
[1] Starzl TE, Marchioro TL, Porter KA, Brettschneider [16] Jain AB, Reyes J, Marcos A, Mazariegos G, Eghtesad
L. Homotransplantation of the liver. Transplantation B, Fontes PA, et al. Pregnancy after liver transplan-
1967 ; 5(Suppl) : 790–803. tation with tacrolimus immunosuppression : a single
[2] Walcott WO, Derick DE, Jolley JJ, Snyder DL. Suc- center's experience update at 13 years. Transplanta-
cessful pregnancy in a liver transplant patient. Am J tion 2003 ; 76 : 827–32.
Obstet Gynecol 1978 ; 132 : 340–1. [17] Parhar KS, Gibson PS, Coffin CS. Pregnancy fol-
[3] Houfflin Debarge V, Dharancy S, Bourgain A, lowing liver transplantation : review of outcomes
Dalmas AF, Dubos JP, Pruvot FR. Grossesse après and recommendations for management. Can J Gas-
transplantation hépatique. EMC-Gynecol-Obstet troenterol J Can Gastroenterol 2012 ; 26 : 621–6.
2005 ; 2 : 364–70. [18] Surti B, Tan J, Saab S. Pregnancy and liver transplan-
[4] Dei Malatesta MF, Rossi M, Rocca B, Iappelli M, tation. Liver Int Off J Int Assoc Study Liver 2008 ; 28 :
Giorno MP, Berloco P, et al. Pregnancy after liver 1200–6.
138
Chapitre 5. Pathologies hépatiques
[19] Armenti VT. Pregnancy after liver transplantation. plantation : report on the AST Consensus Confe-
Liver Transplant Off Publ Am Assoc Study Liver Dis rence on Reproductive Issues and Transplantation.
Int Liver Transplant Soc 2012 ; 18 : 619–20. Am J Transplant Off J Am Soc Transplant Am Soc
[20] Bonanno C, Dove L. Pregnancy after liver transplan- Transpl Surg 2005 ; 5 : 1592–9.
tation. Semin Perinatol 2007 ; 31 : 348–53. [23] Goarin A-C, Homer L. Liver transplantation and
[21] Scantlebury V, Gordon R, Tzakis A, Koneru B, Bow- pregnancy. J Gynécologie Obstétrique Biol Reprod
man J, Mazzaferro V, et al. Childbearing after liver 2010 ; 39 : 529–36.
transplantation. Transplantation 1990 ; 49 : 317–21. [24] Heneghan MA, Selzner M, Yoshida EM, Mullhaupt
[22] McKay DB, Josephson MA, Armenti VT, August P, B. Pregnancy and sexual function in liver transplan-
Coscia LA, Davis CL, et al. Reproduction and trans- tation. J Hepatol 2008 ; 49 : 507–19.
139
Maladies digestives Chapitre 6
141
Pathologies maternelles et grossesse
142
Chapitre 6. Maladies digestives
• Y a-t-il plus de difficultés à être enceinte avec Les antécédents de chirurgie pelvienne, et
cette maladie ? notamment les anastomoses iléo-anales (AIA)
• Comment envisager une grossesse avec cette avec réservoir iléal, diminuent la fertilité en cas de
maladie ? MICI, probablement entre autres par le biais des
• Quels sont les risques pour l'enfant, liés à la adhérences qu'ils entraînent. La méta-analyse la
maladie ou aux traitements ? plus récente a montré un taux d'infertilité de 12 %
Les femmes atteintes de MICI qui choisissent avant colo-proctectomie totale, et de 26 % après
de ne pas avoir de grossesse sont plus nom- AIA avec réservoir iléal [8]. Le risque d'infertilité
breuses que dans la population générale. Les rai- après AIA doit donc être discuté avec les patientes
sons rapportées sont liées majoritairement à des en âge de procréer, avant d'envisager cette chirur-
craintes, réelles ou supposées par les patientes : gie. Il est donc recommandé, si cela est possible,
risque de transmettre la maladie à l'enfant, d'attendre que les patientes atteintes de RCH aient
conséquences de la grossesse sur l'évolution de eu le nombre d'enfants souhaités pour envisager
la maladie, conséquences de la maladie et de une AIA avec réservoir iléal. L'alternative possible
ses traitements sur la grossesse, avec notam- est une colectomie totale sans proctectomie, avec
ment peur de la tératogénicité liée aux traite- iléostomie, en cas de poussée de RCH nécessitant
ments, et peur des malformations congénitales une colectomie [9]. Si l'évolution de la maladie ne
[2]. D'autres facteurs influencent la décision de permet pas d'attendre, les patientes ayant eu une
concevoir, comme le conseil médical d'éviter AIA avec réservoir iléal et souhaitant une gros-
une grossesse (parfois inapproprié), et l'asthénie sesse doivent être rapidement orientées vers un
liée à la maladie [3]. centre d'AMP en vue d'une FIV.
Fertilité masculine
Risques de transmission
Le traitement par sulfasalazine peut provoquer
héréditaire une oligo-asthéno-tératospermie (OATS), dose-
Il existe un facteur génétique démontré dans le dépendante, non améliorée par supplémentation
développement des MICI, notamment sur des en folates, et régressive 2 à 3 mois après arrêt du
cohortes de jumeaux [4, 5]. traitement [6, 9]. Il peut être proposé de remplacer
Le risque relatif d'être atteint de MICI est mul- la sulfasalazine par de la mesalamine 3 à 4 mois
tiplié par 2 à 13 selon les études si un des parents avant la tentative de conception, chez les hommes
est atteint, soit un risque de 5,2 % pour les enfants atteints de MICI.
d'être atteints de MC et de 1,6 % d'être atteints de Pour le méthotrexate, les données sont contro-
RCH. Le risque est de 33 à 36 % si les deux parents versées. Ses effets sur les paramètres spermatiques
sont atteints [6]. semblent réversibles. Un intervalle de 3 mois est
conseillé par certains auteurs avant la conception,
mais il existe très peu de données [6].
Fertilité et maladie inflammatoire L'infliximab semble altérer la mobilité des sper-
matozoïdes [9]. Il n'y a pas de recommandations
chronique de l'intestin
actuellement, concernant les hommes sous ce
Fertilité féminine traitement et désirant concevoir.
En cas de maladie inactive et en l'absence d'an-
técédent de chirurgie pelvienne, la fertilité des État optimal de la maladie
femmes atteintes de MICI est identique à la popu- inflammatoire chronique
lation générale [7], et les patientes doivent être de l'intestin pour envisager
rassurées sur ce point.
L'infertilité liée à l'activité de la maladie active une grossesse (figure 6.1)
est multifactorielle. La fièvre, les douleurs, les Le niveau d'activité de la maladie au moment de la
diarrhées, la malnutrition, les dyspareunies, la conception est un facteur pronostique majeur du
diminution de la libido, ainsi que la dépression, risque de poussée pendant la grossesse, et de com-
ont été identifiées comme facteurs contributifs [6]. plications associées. L'objectif est donc d'obtenir
143
Pathologies maternelles et grossesse
CONSULTATION PRECONCEPTIONNELLE
OBJECTIF : rémission supérieure à 3 mois avant grossesse
Evaluer l’état nutritionnel
Supplémentation
Folates : 5 mg/j si ttt par azathioprine, sinon 0,4 mg/j
Calcium et vitamine D si ttt par corticostéroïdes
Arrêt du tabac et de l’alcool
Changer de ttt si méthotrexate ou thalidomide
GROSSESSE
ACCOUCHEMENT
Césarienne si indication obstétricale, lésions péri-anales actives, AIA avec réservoir iléal
ALLAITEMENT
Possible avec aminosalicylates, corticoïdes, infliximab
Sous surveillance avec analogues des purines, tacrolimus
Contre-indiqués avec la ciclosporine
144
Chapitre 6. Maladies digestives
une quiescence de la maladie avant la conception. pourraient majorer les carences nutritionnelles,
Il n'existe aucune donnée sur le délai optimal notamment celles en folates, mais il n'existe pas
entre la dernière rechute de la maladie et le début de recommandations spécifiques de dose dans
d'une grossesse, permettant de réduire au maxi- ces situations. La sulfasalazine ayant un effet
mum les complications obstétricales. En cas de direct sur le métabolisme des folates (inhibition
maladie active, la grossesse doit être déconseillée. de la dihydrofolate réductase), le CRAT propose
une supplémentation d'emblée à la dose de 5 mg/j
Modifications sous ce traitement, et d'autres auteurs proposent
au moins 2 mg/j [6].
préconceptionnelles Chez les femmes atteintes de MICI traitées par
du traitement corticostéroïdes, il est conseillé une supplémenta-
Seul deux traitements des MICI ont un effet térato- tion en calcium et vitamine D, afin de diminuer le
gène certain et doivent être arrêtés en vue d'une risque d'ostéopénie.
grossesse, avec un délai de 3 mois pour le métho Le risque de dénutrition globale et protidique
trexate d'après la notice d'autorisation de mise sur est important chez les patients atteints de MICI.
le marché (délai non confirmé par le CRAT, qui Il faut donc surveiller attentivement la prise de
indique une conception possible théoriquement poids de ces patientes enceintes, et si besoin faire
24 heures après l'arrêt du traitement, compte tenu une évaluation des ingestats, pour une prise en
de la demie-vie plasmatique du méthotrexate), et charge nutritionnelle adaptée.
de 1 mois pour le thalidomide [10]. Le thalido- L'arrêt du tabac ou tout au moins sa diminution
mide est excrété dans le sperme, et les hommes doit être conseillé et accompagné, en raison des
sous ce traitement doivent utiliser des préserva- effets délétères potentiels du tabac sur le fœtus,
tifs pendant toute la durée du traitement et pen- mais également car le tabac est un facteur favori-
dant une semaine à l'issue du traitement. Pour le sant les poussées de MC.
méthotrexate, cette durée est de 5 mois.
On évite d'introduire un traitement à base
d'azathioprine ou de 6-mercaptopurine pendant
la grossesse, si ceux-ci n'ont jamais été utilisés Risques et conséquences
chez la patiente, en raison du risque d'insuffi- de la grossesse sur la maladie
sance médullaire à l'initiation du traitement [6].
Il est recommandé de ne pas arrêter les autres Risque de poussée de maladie
types de traitement, s'ils assurent un bon contrôle
de la maladie. inflammatoire chronique
Un sur-risque de fentes labio-palatines a été de l'intestin pendant la grossesse
décrit sous corticoïdes au 1er trimestre, condui- Il n'y a pas plus de poussées de MICI pendant la
sant certains auteurs à conseiller de limiter les grossesse qu'en dehors de la grossesse, que ce soit
corticoïdes aux indications impératives, à la dose pour la MC ou la RCH, le taux d'exacerbation des
la plus faible possible et pendant le temps le plus MICI étant estimé entre 26 à 34 % par an [7]. Le
court possible [6], mais le CRAT n'a pas retenu ce principal facteur de risque de poussée pendant la
risque à partir de ses données. grossesse est l'activité de la maladie au moment
de la conception. En cas de maladie inactive au
moment de la conception, un tiers des patientes
Mesures et traitements associés présente une poussée pendant la grossesse. En cas
La prescription d'acide folique est recommandée de maladie active en début de grossesse, ce taux
chez toutes les femmes désireuses de grossesse, s'élève à deux tiers [6].
à la dose de 1 mg/j selon les recommandations On observe une tendance à l'aggravation de la
européennes et 0,4 mg/j selon les recomman- maladie et aux rechutes au 1er trimestre de la gros-
dations françaises. Chez les femmes atteintes sesse, souvent liée à un arrêt spontané des trai-
de MICI, les régimes pauvres en résidu et les tements par les patientes, dont le risque doit être
atteintes étendues de l'intestin grêle dans les MC expliqué pour l'éviter.
145
Pathologies maternelles et grossesse
146
Chapitre 6. Maladies digestives
RCH, la principale indication est une poussée mentation du risque de malformations en cas de
de colite sévère ne répondant pas au traitement MICI par rapport à la population générale, soit un
médicamenteux. Dans la MC, les indications taux de 2 à 4 % [11, 13, 14, 18, 19].
chirurgicales sont l'occlusion, la perforation, l'hé-
morragie et les abcès. Dans les atteintes sévères, le Retard de croissance intra-utérin
risque maternel et fœtal de laisser la maladie au
même niveau d'activité est bien plus important Les données de la littérature sont également
que le risque fœtal induit par les interventions contradictoires concernant le risque augmenté
chirurgicales [9]. de RCIU en cas de MICI, mais plusieurs études
vont dans ce sens. La méta-analyse de Cornish
et al. en 2007 [16] a montré un sur-risque de RCIU
chez les patientes atteintes de MICI avec un OR
Risques et conséquences à 2,1 (IC 95 % = 1,38–3,19). Ce sur-risque était
de la maladie sur la grossesse significatif en cas de MC et non significatif pour
la RCH, en analyse séparée. Stephansson et al.
Fausses couches spontanées [19, 20], dans deux études cas-témoins récentes en
précoces population, portant sur 2 637 patientes atteintes
de RCH et 2 377 patientes présentant une maladie
Les données sont contradictoires concernant un de Crohn, ont obtenu un OR pour les RCIU à 1,27
sur-risque de fausses couches spontanées pré- (IC 95 % = 1,05–1,54) en cas de RCH et de 1,43
coces (FCSP) dans les MICI. Couve et al. [11] (IC 95 % = 1,09–1,89] en cas de MC. Dominitz
ont rapporté un taux de FCSP augmenté dans les et al. [17] avaient montré un résultat identique,
MICI par rapport à la population générale dans sur 107 patientes atteintes de RCH et 155 de MC,
leur revue de la littérature de 2003, avec une fré- avec un OR de 2,3 (IC 95 % = 1,3–3,9). Molnar
quence pouvant aller jusqu'à 35 %. Les taux de et al. [21] ont montré une augmentation signifi-
FCSP tendent à augmenter entre les conceptions cative du taux de RCIU après diagnostic de MICI,
avant le début de la maladie et après le diagnostic comparé aux grossesses avant diagnostic de MICI
chez les patientes [12, 13]. chez les mêmes patientes, mais ce risque n'était
D'autres études n'ont pas trouvé de sur-risque pas corrélé à l'activité de la maladie, et ce résul-
de FCSP chez les patientes atteintes de MICI tat n'était pas significatif en analysant séparément
[12–14]. Cependant, toutes les séries n'ont pas le MC et RCH. D'autres études sont en faveur d'une
même taux de patientes en rémission, et le taux de corrélation entre le risque de RCIU et l'activité de
FCS semble augmenter avec l'activité de la mala- la maladie [6]. A contrario, Mahadevan et al. [14]
die au moment de la conception [15]. et Bortoli et al. [18] n'ont pas trouvé de sur-risque
de RCIU, sur des séries respectivement de 461 et
Malformations congénitales 332 patientes atteintes de MICI, mais beaucoup
de patientes étaient en rémission dans ces deux
Les données sont là encore contradictoires, mais études.
sont plutôt en faveur d'une absence d'augmen- En pratique clinique, on peut proposer une
tation du risque de malformations congénitales échographie de croissance intermédiaire vers
dans les MICI. Cornish et al., dans une méta- 28 SA, et une évaluation clinique et/ou échogra-
analyse de 2007 [16], ont montré un risque relatif phique du poids fœtal à terme, sans pouvoir prou-
de malformation multiplié par 2,37 (IC 95 % = ver, au vu des données actuelles, le bénéfice de
1,47–3,82), mais en se basant principalement sur cette surveillance.
une étude publiée en 2002 qui montrait un sur-
risque de malformation en cas de RCH, et qui ne
prenait pas en compte l'activité de la maladie et les
Prématurité
médicaments, facteurs confondants potentiels [17]. De la même manière, la littérature montre globa-
D'autres revues de la littérature et plusieurs lement un risque augmenté d'accouchement pré-
larges études récentes en population générale ou maturé en cas de MICI, mais ce résultat n'est pas
basées sur des registres n'ont pas retrouvé d'aug- retrouvé dans toutes les études. La méta-analyse de
147
Pathologies maternelles et grossesse
Cornish et al. [16] a montré un OR d'accouchement RCH. Ces résultats sont concordants avec une
prématuré à 1,87 (1,52–2,31) en cas de MICI, avec étude réalisée aux États-Unis et incluant toutes les
une différence significative persistante en analyse patientes enceintes avec MICI en 2005 (2 372 MC
séparée des MC et des RCH. Molnar et al. [21] n'ont et 1 368 RCH) et les comparant aux femmes
montré une différence significative dans leur série enceintes pendant la même période, soit environ
que pour les RCH. Stephansson et al. [19, 20] ont 4,21 millions d'accouchements [23]. Le risque
montré une augmentation du risque d'accouche- de césarienne était plus élevé en cas de MC avec
ment prématuré entre 32 et 36 SA, et très prématuré un OR à 1,72 (IC 95 % = 1,44–2,04), et aussi
avant 32 SA, aussi bien dans les RCH (OR = 1,77 ; en cas de RCH, avec un OR à 1,29 (IC 95 % =
IC 95 % = 1,54–2,05 entre 32 et 36 SA, OR = 1,41 ; 1,01–1,66). Plus récemment, Brömset al. [22]
IC 95 % = 1,02–1,96 avant 32 SA), que dans les MC avaient un OR à 2,44 en cas de RCH (IC 2,06–2,88),
(OR = 1,76 ; IC 95 % = 1,51–2,05 entre 32 et 36 SA, et de 2,31(IC 1,89–2,83) en cas de MC. L'étude
OR = 1,86 ; IC 95 % = 1,38–2,52 avant 32 SA). de Bortoli en 2011 ne confirmait pas cette aug-
Comme pour les RCIU, les séries de Mahadevan mentation du taux de césarienne [18]. Ces don-
et Bortoli n'ont pas mis en évidence de différence nées montrent que la présence d'une MICI
significative pour les accouchements prématurés influence très probablement la voie d'accouche-
en cas de MICI par rapport à la population géné- ment (césariennes programmées le plus sou-
rale [14, 18]. Le risque d'accouchement prématuré vent), alors que les recommandations sont de
pourrait être lui aussi lié au niveau d'activité de la poser l'indication de césarienne sur des argu-
maladie [6], mais les données sont là encore dis- ments obstétricaux.
cordantes [9, 21]. Cependant, deux indications de césarienne
Il n'y a pas de recommandations concernant le sont consensuelles dans les MICI : la présence de
niveau de maternité où les patientes atteintes de lésions péri-anales actives ou d'AIA avec réservoir
MICI doivent accoucher. Le principal objectif est iléal [9]. L'antécédent de lésions péri-anales, si
de contrôler la maladie pour diminuer le risque elles sont inactives au moment de l'accouchement,
obstétrical. n'est pas une indication, car il a été montré que
la voie vaginale n'aggravait pas les lésions dans
Autres risques materno-fœtaux ce cas [15, 24]. La présence d'une AIA avec réser-
voir iléal est une indication relative à effectuer
Les risques de pré-éclampsie, de MFIU, de mor- une césarienne [9]. En effet, il existe un risque de
talité périnatale, d'hémorragie maternelle, sont dysfonction du réservoir iléal et de lésion sphinc-
moins bien évalués que les risques précédemment térienne, avec incontinence, en cas d'accouche-
décrits, et ne semblent pas significativement aug- ment par voie vaginale. Cependant, deux études
mentés en cas de MICI. Cependant, là encore, les ont montré qu'en cas de maladie en rémission,
données sont contradictoires selon les séries [9, la voie vaginale était possible, avec possiblement
14, 16, 18, 19, 22]. une altération de la fonction sphinctérienne en
fin de grossesse et en post-partum, mais avec le
plus souvent un retour à la normale en 3 mois,
Influence des maladies
sans risque augmenté de fissure anale ou de lésion
inflammatoires chroniques sphinctérienne [25, 26].
de l'intestin sur le mode
d'accouchement
Il a été montré par plusieurs études que les
Risque thrombo-embolique
patientes atteintes de MICI accouchent plus Il a été montré que le risque thrombo-embolique
souvent par césarienne que dans la population veineux, déjà augmenté du fait de la grossesse par
générale. Cornish et al. [16] ont rapporté un OR un facteur 4 à 6, est majoré par la présence d'une
de césarienne en cas de MICI de 1,5 (IC 95 % = MICI, notamment lors des poussées et/ou durant
1,26–1,79). Par ailleurs, Stephansson et al. les hospitalisations (OR = 6,12 ; IC 95 % = 2,91–12,9
[19] ont montré un OR de 1,93 (IC 1,76–2,12) pour la MC et OR = 8,44 ; IC 95 % = 3,71–19,2
en cas de MC, de 2,01 (1,84–2,19) en cas de pour la RCH).
148
Chapitre 6. Maladies digestives
Tableau 6.1. Médicaments utilisés dans la prise en charge des MICI (commercialisés en France).