A première vue, ça ressemble beaucoup à un fruit rouge ordinaire. Originaire
d’Afrique de l’Ouest, le Synsepalum dulcificum n’est guère plus gros qu’un grain de raisin et, hormis sa peau rouge, il n’attire pas vraiment l’œil. Mais ce “fruit miracle”, comme on l’appelle aujourd’hui, est désormais la coqueluche de l’élite gastronomique occidentale, car il modifie le fonctionnement de notre bouche et donne par magie un goût sucré aux choses acides. Ce fruit contient une glycoprotéine, appelée miraculine, qui masque temporairement la capacité de la bouche à percevoir l’acide et l’amer. Une fois la pulpe répandue dans la bouche et le noyau recraché, le citron prend subitement le goût d’une limonade sucrée, le vinaigre un goût de mélasse et la bière brune irlandaise se met à ressembler à un milk-shake au chocolat. Le dernier truc à la mode à New York ou à San Francisco, c’est la soirée “miracle fruit”. Les fêtards mâchent des fruits frais ou avalent des pilules (parfaitement légales) de pulpe séchée avant d’engloutir d’énormes quantités de nourriture aux goûts les plus surprenants. Chas Barr, un ancien informaticien du sud de Londres, s’est mis à vendre des fruits miracles sur son site miraclefruit.co.uk après les avoir découverts sur un blog de botanique. La demande a explosé. “Au début, quand j’avais de la chance, j’en vendais peut-être pour 5 livres par jour. Mais, depuis deux ou trois semaines, c’est de la folie. J’en vends des kilos chaque jour. Ça fait pour des milliers de livres de chiffre d’affaires par semaine”, confie-t-il. Même si ses effets n’ont pas encore été confirmés par la science, les producteurs affirment que le fruit miracle est très apprécié des personnes sous chimiothérapie ; en effet, il réduit l’arrière-goût métallique particulièrement désagréable que provoque le traitement. D’autres pensent que la baie pourrait donner aux diabétiques une alternative naturelle