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Economie monétaire et Financière

L’ECONOMIE DANS LE COURT TERME

LE MODELE IS-LM

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LE MODÈLE IS-LM

Introduction

 Interprétation privilégiée de la Théorie générale de KEYNES [1936] = le modèle IS-


LM proposé par John HICKS en 1937 dans un article intitulé « Mr. Keynes and the
Classics: A Suggested Interpretation », Econometrica, n° 5, p. 147-159.
 Pour Hicks, il s’agit de proposer un modèle mathématique unifié permettant à partir
d’un même outil de penser le cadre Keynésien comme le cadre néolibéral.
 Modèle IS-LM = modèle du multiplicateur (IS) + prise en compte des aspects
monétaires (LM). Ces aspects monétaires entrent ici en jeu via l’impact du taux
d’intérêt r sur l’investissement I.
 Hypothèse de base du modèle = prix fixes.
 à court terme, le revenu est uniquement déterminé par la demande agrégée.

Le marché des biens et services et la courbe IS

La construction graphique de la courbe IS

 Cette courbe découle directement du modèle du multiplicateur.


 Modèle du multiplicateur  hypothèse irréaliste que I est fixe.

 Hypothèse plus satisfaisante : I  I (r ) , où r est le taux d’intérêt.
 Construction graphique de la courbe IS  :
D Y=D

Y2 Y1 Y

r r

r2 r2

r1 r1

I(r) IS

I(r2) I(r1) I Y2 Y1 Y

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Figure1 La construction de la courbe IS.

 Définition de la courbe IS  : La courbe IS représente l’ensemble des combinaisons du


taux d’intérêt r et du PIB réel Y qui assurent l’équilibre du marché des biens et
services.
 Signification de la décroissance de la courbe IS  :  r   I   D   Y.

Comment la politique budgétaire déplace la courbe IS

 Représentation graphique d’une politique budgétaire expansionniste  :


D Y=D

r Y

IS1 IS2

Y1 Y2 Y

Figure 2 Une hausse des dépenses publiques déplace vers la droite la courbe IS.

 Propriétés de la courbe IS  :


- politique budgétaire expansionniste ( G ou  T)  déplacement de IS vers la
droite  ;
- politique budgétaire restrictive ( G ou  T)  déplacement de IS vers la gauche.

Le marché monétaire et la courbe LM

 La courbe LM trace la relation entre le taux d’intérêt (r) et le niveau de revenu (Y)
issue du marché de la monnaie.
 Pour construire la courbe LM, on part de la théorie de la préférence pour la liquidité
= théorie keynésienne du taux d’intérêt.

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La théorie de la préférence pour la liquidité

o
 M M
 Hypothèse : offre de monnaie en termes réels donnée :    .
 P P
 représentation graphique de l’offre de monnaie en termes réels :
r Offre

M P M/P

Figure 4 L’offre de monnaie en termes réels.

 Théorie de la préférence pour la liquidité  hypothèse que la demande de monnaie


en termes réels (demande de « liquidités ») dépend du taux d’intérêt i = r (car prix
fixes). Le taux d’intérêt est le coût (d’opportunité) de la détention de monnaie : plus
d
 M  
il est élevé, plus la demande de monnaie est faible :    L(r , Y ) .
 P
 représentation graphique de la demande de monnaie en termes réels :
r

Demande

M/P

Figure 5 La demande de monnaie en termes réels.

 Equilibre sur le marché monétaire (pour un niveau d’activité Y donné) :

r*

4
L(r, Y)

M P M/P

Figure 6 La théorie de la préférence pour la liquidité.

 Effet d’une baisse de l’offre de monnaie (pour un niveau d’activité Y donné) :

L(r, Y)

M2 P M1 P M/P

Figure 7 Une réduction de l’offre de monnaie.

Le revenu, la demande de monnaie et la courbe LM

d
 M  
 Hypothèse sur la demande de monnaie :    L( r , Y ) .
 P
 influence de Y sur le taux d’intérêt d’équilibre du marché monétaire.
 Construction graphique de la courbe LM  :
r r LM

r2 r2

L(r,Y2)

r1 L(r,Y1) r1

M P M/P Y1 Y2 Y

Figure 8 La construction de la courbe LM.

 Définition de la courbe LM  : La courbe LM représente l’ensemble des combinaisons


du taux d’intérêt r et du PIB réel Y qui assurent l’équilibre du marché de la monnaie.
 Signification de la croissance de la courbe LM  :  Y   DMT  DEM   r.

Comment la politique monétaire déplace la courbe LM

 Politique monétaire = modification de l’offre de monnaie par la Banque centrale.


 Exemple : réduction de l’offre de monnaie  représentation graphique :

5
r r LM2

LM1

r2 r2

r1 L(r, Y ) r1

M2 P M1 P M/P Y Y

Figure 9 Une réduction de l’offre de monnaie déplace vers le haut la courbe LM.

 Propriétés de la courbe LM  :


- politique monétaire restrictive ( M )  déplacement de LM vers le haut  ;
- politique monétaire expansionniste ( M )  déplacement de LM vers le bas.

L’équilibre à court terme

 Modèle IS-LM  :
Y = C0 + c (Y – T) + I (r) + G IS
M / P = L (r, Y) LM
 2 équations, 2 variables endogènes : Y et r, variables exogènes (G, T, M, P)

 Représentation graphique de l’équilibre dans le modèle IS-LM  :

r LM

r*

IS

Y* Y

Figure 10 L’équilibre dans le modèle IS-LM.

L’intersection des courbes IS et LM représente l’équilibre simultané sur le marché des


biens et services et sur le marché monétaire : l’intersection des courbes IS et LM
détermine le revenu national à court terme lorsque le niveau des prix est constant.

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L’explication des fluctuations à l’aide du modèle IS-LM

Les modifications de la politique budgétaire

Politique de hausse des dépenses publiques

 Représentation graphique :

LM

r2

r1

IS1 IS2

Y1 Y2 Y 1’ Y

Figure 11 Une hausse des dépenses publiques dans le modèle IS-LM.

 Explications :
- A  A’ = EFFET MULTIPLICATEUR : Y1’ – Y1 = G / (1 – c).
- A’  B = EFFET D’EVICTION :  r de r1 à r2   Y de Y1’ à Y2.
 Valeurs du multiplicateur budgétaire en France en 1996 :

Tableau 1 Multiplicateurs budgétaires nets des effets d’éviction dans le cas français (impact
d’un accroissement de 1 point de PIB des dépenses publiques)
MODELE ANNEE 1 ANNEE 2 ANNEE 5 ANNEE 10
AMADEUS 1,40 1,10 0,90 0,70
(INSEE)
BANQUE de 1,19 1,17 0,89 0,79
FRANCE
METRIC 1,00 1,40 1,10 0,80
(D.P.)
MOSAIQUE 1,20 1,40 0,90 0,50
(OFCE)
Source  : Banque de France [1996], « Structure et propriétés de cinq modèles macro-
économiques français », Notes d’études et de recherche, n° 38, juin.

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Politique de baisse des impôts

 Représentation graphique :

LM

r2

r1

IS1 IS2

Y1 Y2 Y 1’ Y

Figure 12 Une baisse des impôts dans le modèle IS-LM.

 Explications :
- A  A’ = EFFET MULTIPLICATEUR : Y1’ – Y1 = T  c / (1 – c).
- A’  B = EFFET D’EVICTION :  r de r1 à r2   Y de Y1’ à Y2.

Les modifications de la politique monétaire

 Représentation graphique :
r

LM1

LM2

r1

r2

IS

Y1 Y2 Y

Figure 13 Une hausse de l’offre de monnaie dans le modèle IS-LM.

 Explication :  M  Offre excédentaire de monnaie   r   I   Y.

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L’interaction entre les politiques monétaire et budgétaire

 Définition : On appelle « policy mix » le dosage de la politique budgétaire et de la


politique monétaire.
 Représentation graphique d’un « policy mix » expansionniste (= politique budgétaire
expansionniste + politique monétaire expansionniste)  :
r

LM1

LM2

r1 = r2

IS1 IS2

Y1 Y2 Y

Figure 14 Un « policy mix » expansionniste.


 Explication : Y = Y2 – Y1 = m G ; l’effet multiplicateur joue à plein car la politique
monétaire fait baisser le taux d’intérêt, ce qui a pour effet d’éliminer l’effet
d’éviction.

Les chocs dans le modèle IS-LM

 2 types de chocs :
- chocs sur IS :
 vagues exogènes (éventuellement auto-alimentées) d’optimisme ou de pessimisme
des entrepreneurs et/ou des ménages
(exemples : pessimisme des ménages/entreprisesdéplacement de IS vers la
gaucheY  ; confiance des ménages/entreprises  déplacement de IS vers la droite
  Y.)
- chocs sur LM :
 variations exogènes de la demande de monnaie
(exemple : hausse de la demande de monnaie   r, pour tout Y  déplacement de
LM vers le haut   r +  Y.)
 Conclusion :
- Divers types d’événements suscitent des fluctuations économiques en déplaçant
les courbes IS et LM.
- Ces fluctuations sont atténuées par les politiques budgétaire et monétaire qui
s’efforcent de compenser les chocs affectant l’économie.

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La grande dépression

 Plusieurs explications possibles de la grande dépression des années 1930 à partir du


modèle IS-LM.

L’hypothèse de la dépense : chocs sur la courbe IS


Tableau 2 Que s’est-il vraiment passé pendant la grande dépression ?
Anné Taux de PIB réel Y C I G
e chômage
1929 3,2 203,6 139,6 40,4 22,0
1930 8,9 183,5 130,4 27,4 24,3
1931 16,3 169,5 126,1 16,8 25,4
1932 24,1 144,2 114,8 4,7 24,2
1933 25,2 141,5 112,8 5,3 23,3
1934 22,0 154,3 118,1 9,4 26,6
1935 20,3 169,5 125,5 18,0 27,0
1936 17,0 193,2 138,4 24,0 31,8
1937 14,3 203,2 143,1 29,9 30,8
1938 19,1 192,9 140,2 17,0 33,9
1939 17,2 209,4 148,2 24,7 35,2
1940 14,6 227,2 155,7 33,0 36,4
Source: Historical Statistics of the United States, Colonial Times to 1970, Parts I and II,
Department of Commerce, Bureau of Census, 1975, Washington D.C.

L’hypothèse monétaire : chocs sur la courbe LM


Tableau 3 Que s’est-il vraiment passé pendant la grande dépression ?
Anné Taux d’intérêt Offre de Niveau des Inflation Encaisses
e nominal monnaie prix monétaires
réelles
1929 5,9 26,6 50,6 - 52,6
1930 3,6 25,8 49,3 - 2,6 52,3
1931 2,6 24,1 44,8 - 10,1 54,5
1932 2,7 21,1 40,2 - 9,3 52,5
1933 1,7 19,9 39,3 - 2,2 50,7
1934 1,0 21,9 42,2 7,4 51,8
1935 0,8 25,9 42,6 0,9 60,8
1936 0,8 29,6 42,7 0,2 62,9
1937 0,9 30,9 44,5 4,2 69,5
1938 0,8 30,5 43,9 - 1,3 69,5
1939 0,6 34,2 43,2 - 1,6 79,1
1940 0,6 39,7 43,9 1,6 90,3
Source: Historical Statistics of the United States, Colonial Times to 1970, Parts I and II,
Department of Commerce, Bureau of Census, 1975, Washington D.C.

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En prolongeant l’hypothèse monétaire : les impacts de la baisse des prix

Les effets stabilisateurs de la déflation


 effet Pigou :  P   M / P   richesse des consommateurs   C  déplacement
de IS vers la droite   Y et retour de l’économie au plein-emploi.

Les effets déstabilisateurs de la déflation


Effets d’une baisse non anticipée des prix : théorie de la déflation due à l’endettement
(« debt-deflation ») :
 P non anticipée   valeur réelle des dettes  redistribution de richesse des débiteurs
vers les créanciers   C car la propension à consommer des débiteurs est supérieure à
celle des créanciers  déplacement de IS vers la gauche   Y.
+ difficultés financières pour les ménages et pour les entreprises  difficultés
financières pour les banques  crise bancaire  pénurie de financement dans
l’économie  « credit crunch ».

La grande dépression pourrait-elle se reproduire ?

 On ne peut pas exclure la réapparition d’une dépression d’ampleur comparable,


mais ...
 ... les erreurs qui ont suscité la grande dépression ne seront probablement pas
commises à nouveau :
- aucune Banque centrale n’accepterait aujourd’hui une chute d’un quart de la
masse monétaire et la spirale déflationniste qui en résulte ;
- le gouvernement tenterait de compenser la baisse de la demande agrégée par une
relance budgétaire (peu d’économistes contemporains étant prêts à défendre une
adhésion aveugle au budget équilibré face à un chômage massif).
 ... nous disposons aujourd’hui de nombreux mécanismes de prévention : réserves
bancaires obligatoires, effet stabilisateur de l’impôt progressif sur le revenu, ...

Conclusion

 Modèle IS-LM = cadre de référence de l’analyse de la demande agrégée.


 Limites principales du modèle IS-LM  :
- prix totalement fixes ;
- économie fermée ;
- hypothèse sur la fonction de consommation contestable ;
- la Banque centrale contrôle directement la quantité de monnaie et non le taux
d’intérêt comme dans la réalité.
 Extensions du modèle IS-LM  :
- modèle IS-LM avec prix flexibles = modèle DA-OA ;
- modèle IS-LM en économie ouverte = modèle Mundell-Fleming ;

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- modèle IS-LM avec contrôle du taux d’intérêt par la Banque centrale = modèle
IS-MP.

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