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Paul, Marina et Max ont finalement choisi le statut de SARL pour leur société de services
aux entreprises du spectacle. Ils y ont intégré comme associés Lucien, époux de Marina,
et Pierre, 17 ans, le frère de Paul, mineur non émancipé.
Chacun pense faire les apports suivants :
Ø Paul en tant qu’associé personne physique ferait l’apport de son réseau
professionnel et d’une somme de 20 000 euros qu’il versera avant
l’immatriculation
Ø Marina, associé personne physique, ferait l’apport d’un petit local déjà meublé
dont elle a hérité, d’une valeur de 24 000 € qui servira pour démarrer le siège social
de la société situé à Lille.
Ø Pierre, frère de Paul, 17 ans, apporte ses compétences de caméraman
Ø Lucien apporte ses compétences de comptable
Ø Max apporte ses deux ordinateurs et une imprimante laser d’une valeur qu’il
estime approximativement à 6 000 €.
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plus petit apporteur en numéraire ou en nature à savoir Max (art.1884-1
du Code civil).
Donc en conclusion, pas de problème pour les apports de Paul.
Ø Marina, associée personne physique, ferait l’apport d’un petit local déjà meublé
dont elle a hérité, d’une valeur de 24 000 € qui servira pour démarrer le siège social
de la société situé à Lille. L’apport de Marina peut être qualifiée d’apport en
nature, apparemment effectuée en pleine propriété ; c’est l’apport d’un bien
immeuble qui devra donner lieu à la rédaction d’un acte notarié et éventuellement
de l’évaluation par un commissaire aux apports. A noter que c’est un bien acquis
par héritage donc un bien propre et non un bien commun acquis pendant son
mariage avec Lucien, donc elle en a la libre disposition. Dans le cas contraire, il
aurait fallu que Lucien donne son accord pour qu’elle puisse apporter ce bien
commun à la société.
Ø Pierre, frère de Paul, 17 ans, apporte ses compétences de caméraman. Nous avons
vu dans la séance de TD précédente qu’un mineur émancipé ou non pouvait être
associé d’une société à risque limité, bien qu’il n’ait que la capacité civile et non
commerciale. En apportant ses compétences de caméraman, Pierre effectue
également un apport en industrie, autorisé dans les SARL et aux mêmes conditions
énoncées précédemment. Pierre n’a pas la capacité commerciale mais seulement
civile, il peut être donc être associé d’une SARL , toutefois c’est son frère, Paul, en
tant que représentant légal (il est son tuteur) qui devra le représenter pour
effectuer cet apport en signant les statuts en son nom.
Ø Lucien, époux de Marina, apporte ses compétences de comptable et donc lui aussi
effectuera un apport en industrie, autorisé dans les SARL et aux mêmes conditions
énoncées précédemment. A noter qu’il n’y a pas de problème de bien commun
apporté par Lucien ici car il s’agit de ses compétences personnelles.
Ø Max apporte à la société ses deux ordinateurs et une imprimante laser d’une valeur
qu’il estime approximativement à 6 000 €. Il effectue donc par ce biais des apports
en nature de biens mobiliers en pleine propriété. La question va se poser de savoir
s’il est nécessaire de désigner un commissaire aux apports pour ces différents
biens.
Ø En résumé, tous les apports effectués sont possibles sous réserve des limites
indiquées.
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Ø si la valeur totale de l'ensemble des apports en nature non soumis à l'évaluation
d'un commissaire aux apports n'excède pas la moitié du capital.
Ø Première condition :
Bien de Marina Condition 1. bien en nature = 24 000 € < à 30000 € condition remplie
Bien Max: Condition 1 Bien en nature= 6 000 € < 30 000 € condition remplie
Ø Seconde condition : l’ensemble des biens non soumis à évaluation d’un commissaire
aux apports ne doit pas excéder 25 000 €. Or 6 000 +24 000= 30 000 € > à 25 000 €.
Conclusion : seconde ondition non remplie donc commissaire aux apports
nécessaire.
En pratique : si les associés veulent limiter les frais engendrés par le commissaire
aux apports, qui est rémunéré suivant les tâches qu’il accomplit, il faut au moins
faire évaluer le bien immeuble à 24 000 € car dans ce cas, comme il est proche de la
limite de la ½ du capital social, il est possible que l’évaluation personnelle faite par
les associés de sa valeur ne soit pas exacte et donc pour éviter un recours pour une
appréciation inexacte, autant recourir à l’évaluation du commissaire aux apports
pour ce bien, et ne pas faire évaluer les biens meubles d’une valeur de 6 000 € d’une
valeur bien inférieure à la moitié du capital social.
Il faut également préciser que le recours à un commissaire aux apports fait endosser
la responsabilité de cette évaluation par ce dernier alors que si l’évaluation est faite
par les associés ce sont eux qui endossent cette responsabilité, qui devient solidaire,
notamment vis-à-vis des créanciers qui pourraient se retourner contre eux si jamais
cette évaluation n’est pas exacte et si les biens ont été surévalués au regard de leur
valeur réelle.
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Chaque associé dans la SARL dispose d’un nombre de voix égal à celui des parts sociales
qu’il possède et ce principe est d’ordre public (L223-28), il n’est donc pas possible de
créer des parts sociales sans droit de vote ou à droit de vote double ou multiple comme
c’est possible dans les sociétés par actions.
La notion d’associé majoritaire est ambiguë. Il faut distinguer l’associé majoritaire
dans le capital social et l’associé majoritaire en parts sociales.
Si la question est de déterminer l’associé majoritaire dans le capital social, il suffit de
déterminer au regard du capital social l’associé qui a le plus de parts sociales en capital.
Les associés sont libres de déterminer la valeur des parts sociales et leur nombre.
En principe, c’est la proportionnalité qui s’applique, à savoir que chaque associé reçoit
un nombre de parts sociales proportionnel à son apport en numéraire ou en nature,
puisque dans le capital ne sont pris en compte que ces deux types d’apports.
L’associé majoritaire dans le capital social est alors celui qui a le plus apporté.
En l’espèce, c’est Marina qui a fait l’apport en capital social le plus important à savoir
24 000 €/50 000 €.
Paul a lui fait un apport de 20 000 €/ 50 000 € et Max de 6 000 €/50 000 €.
Pierre et Lucien ayant effectué des apports en industrie, ceux-ci ne seront pas pris en
compte dans le capital social. Ils n’obtiendront que des parts sociales en industrie,
non cessibles, dont le nombre sera fixé par les statuts et si rien n’est précisé dans les
statuts, ils obtiendront autant de droits aux dividendes et de droits de vote que le
plus petit apporteur en numéraire ou en nature, à savoir Max.
Il faut cependant comprendre que le fait pour Marina d’être majoritaire dans le capital
social (soit 24000/50000, soit 48% des parts sociales) peut ne pas lui donner la même
majorité dans les assemblées générales, puisqu’il faudra tenir compte de l’ensemble
des droits de vote dont bénéficient les apporteurs en industrie qui, eux, ne rentrent
dans le capital social.
Dans ce cas, seront pris en compte, toutes les parts, de l’ensemble des associés, et il
s’agira donc de calculer les droits de vote de chacun, d’additionner l’ensemble des
apports (24 000 + 20 0000 + 6 000 +6 000+6 000 = 62 000 €), ce qui fera tomber Marina
à 38, 7 % des droits de vote. Ce qui signifie donc qu’elle n’aura ni la majorité en AGO
ni en AGE si les tous les associés s’y présentent. Ainsi on peut être majoritaire dans le
capital social mais pas en assemblée générale dès lors que l’on intègre des apporteurs
en industrie puisque dans les 100 % des parts qu’ils se partageront, il faudra inclure les
parts sociales en industrie.
Dans une SARL, en AGO, selon l’article L223-29 du Code de commerce, aucun quorum
n’est exigé et les décisions sont adoptées par un ou plusieurs associés représentant
plus de la moitié des parts sociales (majorité absolue). Si cette majorité n'est pas
obtenue et sauf stipulation contraire des statuts, les associés sont, selon les cas,
convoqués ou consultés une seconde fois, et les décisions sont alors prises à la majorité
des votes émis, quel que soit le nombre des votants (majorité relative).
En AGE, pour les SARL constituées à partir du 3 août 2005, des règles de quorum
doivent être respectées, l’assemblée ne délibère valablement que si les associés
présents ou représentés possèdent au moins sur première convocation ¼ des parts
sociales ou 1/5 sur seconde convocation, et les décisions seront adoptées à une
majorité qualifiée des 2/3 des parts des associés présents ou représentés.
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4.Possibilité de donner à la société le nom d’un associé et les risques
Corrigé : Les associés sont libres de choisir, comme dénomination sociale, indiquée
dans les statuts le nom d’un associé, avec son accord, et doivent le faire suivre ou le
faire précéder des termes « société à responsabilité limitée » ou des initiales et de
l’énonciation du capital social (L. 223-1, al.3).
En ce qui concerne les risques encourus par Marina, il faut qu’elle sache que si elle
quitte la société, elle ne pourra pas interdire à la société d’utiliser son nom. En effet,
la Cour de cassation dans l’affaire Bordas en 1985 a estimé que le patronyme de
l’associé était devenu un signe distinctif de la personne morale, détaché de celui de la
personne physique et ayant intégré son patrimoine (Com. 12 mars 1985). Toutefois,
dans une affaire Ducasse postérieure, elle a précisé que le fait pour un associé de
donner son accord à l’utilisation de son nom dans la dénomination sociale de la société
ne permettait pas de présumer que la société pouvait déposer ce nom, notoirement
connu, à titre de marque, pour désigner des produits et services vendus par la société
(Com. 6 mai 2003).
5. Si une société à risque illimité comme une société en nom collectif ou une société
en commandite simple avait été créée à la place de la SARL, les apports de Paul et
de Lucien auraient-ils été possibles ?
Corrigé :
En ce qui concerne la société en nom collectif, société à risque illimité, la loi ne fixe
aucune règle précise concernant le capital minimum nécessaire, pas de délai de
libération des apports, pas d’interdiction des apports en industrie. Cela signifie
donc que des apports en industrie sont possibles sauf si les associés en décident
autrement.
Quant à la société en commandite simple, celle-ci comporte nécessairement deux
catégories d’associés, des commandités, nécessairement commerçants et dont le
statut est similaire à celui des associés d’une SNC, les apports en industrie sont
possibles pour eux mais pas pour les commanditaires, dont le statut ressemble
certes aux associés d’une SARL qui ne sont donc pas commerçants.
Donc en l’espèce, si une SNC avait été créée, les apports de Julien et de Paul
auraient été également possibles mais si une SCS avait été créée, ces apports
auraient été possibles si Julien et Paul avaient été désignés comme commandités
pour effectuer des apports en industrie. Dans ces deux cas, ils auraient pu voir, en
cas de dettes de la société, leur responsabilité engagée sur leur patrimoine, de
manière indéfinie et solidaire contrairement à la SARL où ils n’encourent qu’une
responsabilité à leur apport. Attention, cependant, l’apport en industrie de Pierre,
frère mineur non émancipé de Paul, n’aurait pas pu avoir lieu puisque dans une
SNC, les associés doivent avoir la capacité commerciale puisqu’ils doivent tous être
commerçants, or un enfant mineur n’a que la capacité civile. De même, il aurait
été possible de l’intégrer comme commandité dans la SCS, seulement comme
commanditaire mais dans ce cas il n’aurait pas pu faire d’apport en industrie.
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• Exercice 2 : L’associé et la dénomination sociale
Analyse de l’arrêt Bordas
Cour de cassation, Chambre commerciale, du 12 mars 1985, 84-17.163, Publié au bulletin
RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
SUR LE PREMIER MOYEN, PRIS EN SES TROIS PREMIERES BRANCHES : VU L'ARTICLE 1134 DU CODE CIVIL,
ENSEMBLE L'ARTICLE 1ER DE LA LOI DU 28 JUILLET 1824 ;
ATTENDU QUE M. PIERRE X... A DEMANDE QU'IL SOIT ORDONNE SOUS ASTREINTE A LA SOCIETE ANONYME
"EDITIONS X..." DE CESSER TOUTE UTILISATION DU NOM X... DANS SA DENOMINATION SOCIALE ET A CETTE
SOCIETE ET A LA SOCIETE A RESPONSABILITE LIMITEE SOCIETE GENERALE DE DIFFUSION DE CESSER TOUTE
UTILISATION DE CE NOM DANS LEURS "DENOMINATIONS COMMERCIALES" ;
ATTENDU QU'APRES AVOIR CONSTATE QUE M. PIERRE X... ET SON Y... HENRI AVAIENT LICITEMENT CHOISI LA
DENOMINATION "EDITIONS X..." PAR ACTE SOUS SEING PRIVE DU 23 JANVIER 1946 POUR UNE SOCIETE A
RESPONSABILITE LIMITEE DONT ILS ETAIENT LES FONDATEURS, ULTERIEUREMENT TRANSFORMEE EN SOCIETE
ANONYME, LA COUR D'APPEL, POUR ACCUEILLIR LA DEMANDE DE M. PIERRE X..., ENONCE QU'IL N'Y A EU
AUCUNE CONVENTION SUR L'USAGE DU NOM X... PAR LA SOCIETE OU SUR L'INCLUSION DE CE NOM DANS LA
DENOMINATION SOCIALE ET QUE LE PATRONYME ETANT INALIENABLE ET IMPRESCRIPTIBLE, L'INCORPORATION
DU NOM X... DANS LA DENOMINATION SOCIALE NE PEUT S'ANALYSER QUE COMME UNE SIMPLE TOLERANCE A
LAQUELLE M. PIERRE X... POUVAIT METTRE FIN SANS POUR AUTANT COMMETTRE UN ABUS DES LORS QU'IL
JUSTIFIAIT DE JUSTES MOTIFS ;
ATTENDU QU'EN SE DETERMINANT PAR CES MOTIFS, ALORS QUE CE PATRONYME EST DEVENU, EN RAISON DE
SON INSERTION LE 23 JANVIER 1946 DANS LES STATUTS DE LA SOCIETE SIGNES DE M. PIERRE X..., UN SIGNE
DISTINCTIF QUI S'EST DETACHE DE LA PERSONNE PHYSIQUE QUI LE PORTE, POUR S'APPLIQUER A LA PERSONNE
MORALE QU'IL DISTINGUE, ET DEVENIR AINSI OBJET DE PROPRIETE INCORPORELLE, LA COUR D'APPEL A VIOLE
LES TEXTES SUSVISES ;
PAR CES MOTIFS, ET SANS QU'IL Y AIT LIEU DE STATUER SUR LA QUATRIEME BRANCHE DU PREMIER MOYEN NI
SUR LE SECOND MOYEN ;
CASSE ET ANNULE L'ARRET RENDU LE 8 NOVEMBRE 1984, ENTRE LES PARTIES, PAR LA COUR D'APPEL DE PARIS ;
REMET, EN CONSEQUENCE, LA CAUSE ET LES PARTIES AU MEME ET SEMBLABLE ETAT OU ELLES ETAIENT AVANT
LEDIT ARRET ET, POUR ETRE FAIT DROIT, LES RENVOIE DEVANT LA COUR D'APPEL D'ORLEANS, A CE DESIGNEE
PAR DELIBERATION SPECIALE PRISE EN LA CHAMBRE DU CONSEIL ;
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Commentaire de cet arrêt : Arrêt de principe opposant d’un côté le principe de l’inaliénabilité
et l’imprescriptibilité du nom patronymique, empêchant son titulaire d’en disposer librement
pour identifier une autre personne physique mais qui n’empêche pas cependant un accord
sur l’utilisation par une personne morale de ce nom à titre de dénomination sociale ou nom
commercial par une SARL. La Cour de cassation consacre ici la théorie du détachement du
le nom patronymique de la personne physique et son entrée dans le patrimoine de la
personne morale en raison de son insertion dans les statuts de la société et qui est devenu
un signe distinctif de celle-ci et est devenu un objet de propriété incorporelle, empêchant
donc l’associé fondateur de lui interdire de le porter après son départ de la société, sauf s’il a
pris le soin d’interdire cette utilisation lors de la cession de ses parts sociales (Cass. Com. 12
juin 2007). En revanche, le dépôt à titre de marque du nom patronymique de l’associé
fondateur d’une société, notoirement connu, qui avait lui-même déposé son nom comme
marque relativement à l’exploitation de produits dérivés, n’autoriserait pas le dépôt de ce
même nom par la société à titre de marque sans l’accord de cet associé pour l’exploitation de
produits concurrents (Affaire Ducasse Cass.com. 6 mai 2003).
Marina a finalement été nommé seule gérante de la SARL Fosse & Cie.
Avant l’immatriculation de la société, Marina et Paul ont effectué un certain nombre
d’actes en vue de sa création :
Ø Paul a souscrit un abonnement Enedis et demandé l’installation d’une box internet
à un fournisseur d’accès, en précisant bien que cela était en vue de la création de
la société Fosse & Cie.
Ø Marina a fait l’achat d’un très beau tableau et d’un canapé pour décorer son
bureau qui était déjà partiellement meublé.
Max a proposé à Paul et Marina d’indiquer les sommes ainsi dépensées dans les
statuts, ce qui a été fait. Cependant, après le dépôt du dossier d’immatriculation
auprès du CFE (Centre de formalités des entreprises), Paul a également ouvert un
compte bancaire au nom de la société.
1. Les actes passés par Paul et Aurore peuvent-ils repris par la société une fois
immatriculée ?
Corrigé :
En principe, comme la société n’est pas encore immatriculée, ce sont les associés
fondateurs qui auront passé ces actes pour le compte de leur société non encore
immatriculée, qui en seront tenus à l’égard de leurs contractants (art. 1843 C.civil ;
C. com., art. 210-6 C.com).
Cependant, il est possible que la société reprenne ces actes si des conditions de fond
et de forme sont remplies.
Ces engagements seront alors réputés avoir été souscrits dès l’origine par la société
immatriculée, celui ou ceux qui auront passé les actes concernés en étant dès lors
corrélativement déchargés.
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Ainsi pour que les actes accomplis par un ou plusieurs fondateurs pendant la formation
de la société soient repris par celle-ci une fois immatriculée, il faut que certaines
conditions soient ce qui entraînera plusieurs effets
A.Avant l’immatriculation :
- Pour les actes passés avant la rédaction des statuts, il est possible d’ajouter à
ces derniers un document, un état dit annexé des créances, comportant la liste
des contrats conclus et des engagements à assumer par la société une fois
immatriculée. La signature des statuts par tous les associés emportera reprise
automatique de ces contrats, une fois la société immatriculée (art.6 al. 1 et 2 du
décret du 3 juillet 1978).
En l’espèce cela semble avoir été fait pour les actes passés par Marina et Paul avant
le dépôt du dossier au CFE mais attention ! la simple mention des sommes d’argent
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dépensées ne suffit pas, il faut être précis et indiquer la date de conclusion du
contrat, son objet et le nom du cocontractant.
Ø Pour les engagements pris postérieurement à la rédaction des statuts mais avant
l’immatriculation, les associés peuvent désigner par mandat spécial l’un ou
plusieurs d’entre eux (ou le gérant non associé dans une SARL) dans les statuts ou
par acte séparé précisant les actes devant être souscrits, conduisant à une reprise
automatique des actes passés une fois la société immatriculée (art.6. art.6 al.3 du
décret du 3 juillet 1978, art.R210-5 al.3, , art.R210-6 al.3, , art.R210-7 al.).
En l’espèce soit Paul a été désigné comme mandataire spécial et le compte
bancaire peut être repris soit ce n’est pas le cas et il ne peut l’être sauf à figurer
dans une « reprise balai » ultérieure en assemblée générale, à condition que
l’ouverture du compte bancaire ait été fait avant l’immatriculation. A défaut l’acte
aurait été conclu après l’immatriculation et le serait au nom de la société, personne
morale.
B. Après l’immatriculation, les actes qui n’ont pas pu être repris ou ont été
oubliés peuvent, selon l’article 6 al. 4 du décret du 3 juillet 1978 faire l’objet
d’une reprise dite « reprise balai » par le biais d’une décision collective des
associés prise en assemblée générale à la majorité des associés (sauf clause
contraire des statuts). Cette reprise ne pourra pas résulter d’une exécution
spontanément des contrats par la société ou de l’approbation des premiers
comptes sociaux.
En l’espèce, ce pourra être le cas pour le compte bancaire. Il faut cependant
souligner que cette reprise est plus délicate que la reprise automatique dans
les deux cas précédents puisque les majoritaires pourraient discuter de l’utilité
des actes passés pour la société par des minoritaires et donc refuser la reprise.
Tout le problème ici sera de savoir si l’ouverture du compte bancaire a été faite
avant ou après l’immatriculation.
En résumé :
- Les actes accomplis par Paul pourront être repris automatiquement
par la société une fois immatriculée car ils répondent aux conditions
de fond et de forme (état annexé aux statuts). Pour l’ouverture du
compte bancaire, tout dépendra s’il a été effectué avant ou après
l’immatriculation. S’il a été effectué avant, ne figurant pas dans l’état
annexé aux statuts, soit Paul aura été désigné par un mandat spécial
et il y aura reprise automatique, soit il faudra passer par la reprise
balai.
- Les achats effectués par Marina semblent ne pas remplir toutes les
conditions de fond et donc il y a un doute sur leur possibilité de reprise.
La facture dans ce cas devra être acquittée par Marina.
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soient remplies et qu’il y ait une assemblée générale permettant cette reprise
avec un vote de la majorité des associés acceptant cette reprise
Tant que la société n’a pas été immatriculée, c’est à lui qu’il revient de régler
les factures. En principe, comme la société n’est peut-être pas encore
immatriculée, ce sont les associés fondateurs qui auront passé ces actes pour
le compte de leur société non encore immatriculée, qui en seront tenus à
l’égard de leurs contractants (art. 1843 C.civil ; C. com., art. 210-6 C.com). Il
serait néanmoins possible par le biais de la reprise automatique que la société,
une fois immatriculée, prenne en charge la facture et que Paul puisse obtenir
son remboursement.
Une fois immatriculée, la société est alors dotée de la personnalité morale (C. civ., art.
1842 et C. com., art. L. 210-6). Elle se voit attribuer un numéro d’immatriculation au RCS,
qui doit figurer sur tous ses documents sociaux et commerciaux. Les fonds résultant des
apports en numéraire déposés chez un dépositaire agréé peuvent être retirés. La société
devient officiellement propriétaire des apports en nature. Il faudra en dernier lieu effectué
une publication pour annoncer la naissance de la société au Bulletin officiel des annonces
civiles et commerciales (BODACC).
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5. Ces formalités sont-elles identiques et ont-elles les mêmes effets dans une
société à risque illimité si elles sont incomplètes ?
Les formalités à accomplir en vue de l’immatriculation sont similaires dans les sociétés à
risque illimité que dans les sociétés à risque limité, sachant que la rédaction des statuts
est souvent essentielle puisque dans ces sociétés les mentions légales sont souvent
supplétives de la volonté des associés.
En revanche, le défaut de publicité, qui n’est pas une cause de nullité de la société dans
les sociétés à risque limité et dans les sociétés civiles, l’est dans les sociétés en nom
collectif et les sociétés en commandite simple (art. L . 235-2 du C.com). Toutefois, les
associés ne peuvent pas se prévaloir de cette nullité à l’égard des tiers.
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