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Introduction
Depuis plus d’une soixantaine d’années, une Mais ce n’est pas seulement, ou principalement,
toute nouvelle approche née de la rencontre entre parce que l’on se trouve partout en présence d’or-
deux sciences sociales, la Psychologie et la Socio- ganisations que l’on doit y prêter attention. Cet
logie, tente de porter un regard neuf sur les orga- intérêt des organisations s’explique également en
nisations en tant que lieu de rationalité écono- grande partie parce que ces entités constituent à
mique, mais aussi et surtout en tant qu’univers de n’en point douter des lieux ou des activités à l’in-
socialisation, c’est-à-dire lieu de jeux multiples térieur desquelles les hommes et les femmes en-
mettant en évidence des conduites individuelles : il gagent et expriment toutes leurs caractéristiques
s’agit de la Psychosociologie des Organisations.
psychosociologiques. En effet, l’être humain dans
les Organisations engagent la totalité de ce qu’il
L’un des faits majeurs caractéristique de notre est : son corps, son psychisme, ses relations so-
époque est l’omniprésence et la variété du phéno- ciales. Il peut s’y construire une identité sociale ou
mène organisationnel, ainsi que le soulignent, à la perdre toute estime de soi.
2PETIT Francois et DUBOIS Michel, Introduction à Psychosociologie des Organisations, Paris, DUNOD, 1998, P.1.
titre, elle ne peut être appréhendée qu’au travers des ▪ L’existence d’une hiérarchie, ou d’un contrôle social
actions de ces personnes.
exercé par certains membres : au sein de certaines or-
ganisations l’organigramme codifie clairement la hiérar-
chie et les relations de pouvoir ;
être privées, publiques, centrées sur la fabrication des L’on ne peut réduire une organisation en une
biens de consommation, des services ou qui œuvrent somme d’individus, de groupes, d’ateliers, de bureaux
dans l’humanitaire.
ou de services. Ces éléments sont, au contraire, en
état d’interaction nécessaire, c'est-à-dire d’interdé-
Ainsi, ces Organisations vont donc essentiellement pendance pour la réalisation d’un objectif commun:
se caractériser par :
‣ Il n’y aura pas de surcharge de travail pour les L’organisation reçoit de son environnement des in-
autres services puisque, par hypothèse, le service Z puts ou apports de différentes natures. Certains sont
n’avait plus de fonction ;
relativement prévisibles et contrôlables : les capitaux
‣ Le reclassement du personnel dans les autres ser- nécessaires, les équipements, les matières premières,
vices peut être retenu comme solution, ce qui entrai- l’énergie, etc. D’autres sont par contre plus difficiles à
nera des modifications dans les autres services, et cerner ; c’est le cas, par exemple, des demandes en
donc, dans l’ensemble de l’organisation ;
biens ou en services exprimées dans l’environnement.
‣ A contrario, il peut ne pas y avoir reclassement du Moins prévisibles et moins contrôlables sont les indivi-
personnel, mais pur et simple licenciement collectif. dus qui vont réaliser le processus de transformation.
L’organisation, comme tout autre système social, Les membres d’une organisation sont donc, en
est plongée dans un environnement à plusieurs dimen- quelque sorte, les représentants, au sein de celle-ci,
sions, physique, technologique, économique, politique, d’autres systèmes sociaux présents dans l’environne-
culturelle, etc. Cependant, l'environnement de chaque ment : « comme tels, il apportent avec eux des re-
organisation, si vaste soit-il, n'est pas illimité. Chaque vendications, des aspirations et des normes culturelles
fois que nous évoquerons l'environnement d'une orga- » (Schein, 1971, p. 94). Ces inputs sont transformés en
nisation, il sera sous-entendu que nous visons son en- outputs (résultats) qui sont projetés dans l"environne-
vironnement spécifique, c'est-à-dire les éléments de ment. Ce sont, tout a la fois, les services rendus, les
l'environnement général qui sont effectivement en re- produits finis, les déchets et la pollution, les salaires
lation avec l’organisation.
versés, la satisfaction ou l’insatisfaction née au cours
du processus de transformation, etc. Certains résultats
Le modèle du système ouvert
‣ des activités qui visent à l'atteinte des objectifs de opinions et des comportements en accord avec les
l'organisation, c’est-à-dire la production de biens ou normes du groupe. Citons un exemple banal : dans un
de services ;
atelier ou dans une classe de lycée, l’individu qui tente
de dépasser le quota de travail, fixé implicitement par
‣ des activités centrées sur le maintien du système le groupe de pairs, sera l’objet de leur part de sanc-
interne, c'est-à-dire tout ce qui concourt à la coor- tions (vexations, moqueries, menaces pouvant aller
dination et au développement de relations satisfai- jusqu’a la violence physique). Mais la conformité n’a
santes entre les éléments - individus ou groupes - pas toujours un caractère aussi coercitif ; elle peut se
fonder sur la rationalité de l’appartenance de I’indivi-
de l'organisation ; ces activités ont une fonction de
du au groupe : l’individu peut valoriser son apparte-
facilitation et de régulation par rapport aux activi- nance au groupe et se conformer a ses normes dans
tés orientées sur les objectifs ;
le but d’atteindre un objectif personnel. La pression à
la conformité peut aussi naitre de la relation affective
des activités, enfin, orientées sur l’adaptation à
que l’individu recherche dans le groupe ; cela nous
l’environnement qui est une condition sine qua non
conduit à évoquer un deuxième phénomène, celui de la
tant du développement de l'organisation que de sa
solidarité.
balisantes de type sociologique, économique ou poli- porté une voie nouvelle de réflexion. II part de l’hy-
tique. Par exemple, dans une organisation, un conflit pothèse suivante : l’individu aspire au succès psycholo-
peut avoir des racines sociologiques profondes ; il gique et à l’estime de soi. Or, dans toute organisation,
reste qu’il s’exprime toujours a travers des individus, il est plongé dans un dilemme : satisfaire ses aspira-
considérés isolément ou en groupe. Or, ces individus tions ou répondre aux exigences de l’organisation,
ont des personnalités qui ne sont pas neutres : elles avec sa division du travail, sa pyramide hiérarchique et
réagissent subjectivement 4 la situation organisation- leur cortège de soumissions et de dépendances qui
nelle. L’organisation répond ou non aux motivations des entravent l’estime de soi et le succès psychologique. Il
individus et leur fait éprouver des frustrations et des essaie de montrer que si l’on développe les activités
satisfactions. Il est donc évident que les personnalités essentielles de l’organisation centrées sur I’atteinte
des individus, en cause dans un conflit, constituent des des objectifs, le maintien du système interne et
variantes importantes.
l’adaptation à externe, l’individu aura plus de chances
d’exprimer ses potentialités, donc, d’éprouver de l’es-
Cette rapide illustration pose de façon sous-jacente time de soi et de parvenir au succès psychologique (p.
le problème très complexe de |’adaptation réciproque 22-23).
entre |’individu et l’organisation. Argyris (1970) a ap-
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Enfin, elle s’intéresse à la question de savoir
comment l’individu parvient à équilibrer ou à conci-
Quels sont le champ d’étude et la méthode d’ap- lier ses propres idées, son identité sociale ou ses re-
proche de la Psychosociologie des organisations ?
présentations sociales avec les actions, les attitudes
et les buts préconisés par leur organisation.
tion et donc, sans de solides références à la Sociolo- hypothèse au moyen d’épreuves répétées, au cours
gie et surtout à la sociologie des Organisations qui desquelles on modifie un à un les paramètres de si-
est cette branche de la Sociologie qui se donne pour tuation afin d’observer les effets induits par ces
ambition d’analyser les normes, les rôles, l’évolution, changements. En d’autres termes, l’’expérimentation
la structuration et le fonctionnement des organisa- permet de tester, en terme de causalité, l’effet
tions.
( l’ i m p act) d ’ u n e o u p lu s i e u r s var ia b le (s)
indépendante(s) (VI) sur une ou plusieurs mesure(s)
D’autre part, l’influence des facteurs psycholo- ou variable(s) dépendante(s) (VD).
en vigueur au niveau de la Sociologie et de la Psy- En somme, une valeur indépendante est un élé-
chologie pour proposer une alternative organisation- ment comportant au minimum deux modalités, sur
nelle à l’OST. Parce que dans la réalité, on ne peut lequel nous n'avons pas de contrôle et qui influencera
pas séparer ce qui est individuel et ce qui est social. la variable dépendante.
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