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La Revue de médecine interne 33 (2012) 35–40

Mise au point

Accidents vasculaires cérébraux ischémiques du sujet jeune et toxiques


Ischemic strokes in young adults and illegal drugs
M. Barbieux , O. Véran ∗ , O. Detante
Unité neurovasculaire, pôle de psychiatrie et neurologie, CHU de Grenoble, BP 217, 38043 Grenoble cedex 9, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : En France, un quart des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ischémiques surviennent chez des adultes
Disponible sur Internet le 25 mai 2011 de moins de 65 ans. Un cas sur trois environ reste sans explication à l’issue d’un bilan étiologique exhaustif.
Il est suspecté qu’une part non négligeable de ces AVC sans cause serait liée à la prise de stupéfiants
Mots clés : et certaines études internationales tablent sur une implication directe dans 10 % des cas. La drogue la
Accident vasculaire cérébral plus fréquemment incriminée reste la cocaïne. De nombreuses autres drogues, certaines d’usage courant
Toxique comme le cannabis, sont suspectées de tenir une place importante dans la pathologie neurovasculaire.
Drogue
Nous avons revu, ici, les études épidémiologiques, physiopathologiques et cliniques publiées dans la
Sujet jeune
Cannabis
littérature internationale ces 30 dernières années. Il est nécessaire de mieux maîtriser l’épidémiologie
Cocaïne des AVC d’origine toxique et de comprendre les mécanismes en jeu selon les drogues consommées. Il
s’agit d’un enjeu de santé publique majeur, qui affecte une population économiquement active, d’autant
que l’AVC est la première cause de handicap acquis.
© 2011 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS.
Tous droits réservés.

a b s t r a c t

Keywords: One out of four ischemic strokes in France occurs in adults under 65 years old. About a third of them
Stroke remain unexplained even after an extensive etiological assessment. A large part of these unexplained
Illegal drug strokes could be linked to illegal drug abuse, and 10 % are estimated to be directly linked to illegal drugs
Recreational drug in some international studies. The most frequently incriminated recreational drug remains cocaine, via
Young adult
several mechanisms. However, several other illegal drugs, some very commonly used such as cannabis,
Cannabis
are suspected to have an important role in neurovascular diseases. In this article, we reviewed the epi-
Cocaine
demiological, pathophysiological and clinical studies, published in the international literature over the
past 30 years. The drug-caused stroke epidemiology needs to be more precisely studied, as well as the
underlying mechanisms depending on each drug. This is a public health issue that affects an economically
active population, as stroke is the first cause of acquired handicap in adults.
© 2011 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Published by Elsevier Masson SAS.
All rights reserved.

1. Définitions et cadre général IC), en laissant de côté les hémorragies cérébrales (hématomes
intraparenchymateux [HIP]) et méningées, dont les mécanismes
Un accident vasculaire cérébral (AVC) est le plus souvent pro- physiopathologiques et les liens avec la consommation de toxiques
voqué par une occlusion artérielle responsable d’une ischémie ; on sont très différents.
parle alors d’infarctus cérébral (IC), ou d’accident ischémique tran- Un AVC est dit « AVC du sujet jeune » lorsqu’il survient avant
sitoire (AIT) en l’absence de séquelle clinique et de lésion visible l’âge de 55 ans [2], puisqu’au-delà les causes d’IC sont largement
en imagerie [1]. Pour plus de clarté, nous avons pris le parti de dominées par l’athérosclérose et la fibrillation auriculaire. L’AVC
traiter principalement la question des AVC ischémiques (AIT et du sujet jeune nécessite une recherche étiologique plus complète,
conformément aux recommandations de la Société française de
neurologie vasculaire (SFNV) [2] et de l’European Stroke Organi-
sation (ESO) [3]. La recherche de stupéfiants ou plus généralement
∗ Auteur correspondant.
de toxiques (certains toxiques étant des composants de produits de
Adresse e-mail : OVeran@chu-grenoble.fr (O. Véran).

0248-8663/$ – see front matter © 2011 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.revmed.2011.04.008
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consommation licites) via l’examen clinique, et lorsqu’ils existent Tableau 1


Niveau d’expérimentation dans la tranche d’âge 18–44 ans, selon les données des
des kits urinaires ou sanguins, fait désormais partie intégrante de
Baromètres santé 1992 et 2005, INPES [4,58].
ce bilan [2].
Il existe peu de données de prévalence de consommation de Taux Taux
d’expérimentation d’expérimentation
toxiques, en France, et les données dont nous disposons sont issues,
en 1992 (%) en 2005 (%)
pour la plupart, d’enquêtes déclaratives sur des échantillons popu-
lationnels (milieu festif « techno », journée d’appel à la préparation Cannabis 19 41,2

à la défense). Le niveau d’expérimentation de produits stupéfiants LSD et champignons 1,8 4,3


illégaux, en France, parmi les personnes de 18 à 44 ans a augmenté hallucinogènes
Ecstasy et amphétamines 1,2 3,9
de manière constante lors de ces deux dernières décennies, avec
des évolutions de consommation propres à chaque toxique. Selon Cocaïne 1,2 3,6
l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), la Héroïne 1 1,1
première substance illicite consommée, en France, reste le cannabis
Solvants et colles 1,7a
(41,2 % en 2005) [4].
Du point de vue de l’addictologue, la catégorie des toxiques est INPES : Institut national de prévention et d’éducation pour la santé ; LSD : diéthyla-
mide de l’acide lysergique.
très vaste, pouvant englober de nombreuses substances de consom- a
Chez les 15–64 ans.
mation courante comme le tabac, l’alcool et la caféine. Cet article de
revue a pour vocation d’étudier certains toxiques dont l’impact est
souvent moins connu sur le système vasculaire : cannabis, cocaïne, ne concernerait que 1,3 % des patients admis entre 1994 et 2007,
amphétamines, opiacés, solvants, lyserge säure diethylamid (LSD : et particulièrement la tranche d’âge de 15 à 44 ans [12]. Mais la
diéthylamide de l’acide lysergique). méthode de recherche de cette consommation n’était pas précisée
et n’était pas systématique. Ces données rejoignent, néanmoins,
celle des États-Unis où la tranche d’âge la plus concernée par le
2. Méthodes risque d’IC lié aux drogues s’étendrait de 25 à 39 ans [11]. D’autres
études ont montré que l’impact d’une consommation de stupé-
Nous avons effectué une recherche dans la base de données fiants est également mesurable au-delà de cette tranche d’âge [10].
Medline entre 1990 et 2010 en combinant les mots-clés « stroke » La drogue la plus fréquemment dépistée dans ces études améri-
avec « cannabis » ou « marijuana » ou « cocaine » ou « ecstasy » ou caines est la cocaïne [9,11,13]. Concernant le risque particulier à
« amphetamine » ou « heroin » ou « recreational drug » ou « illicit chaque sous-type d’AVC, la cocaïne serait associée à un risque d’IC
drug » ou « street drug ». Une première série d’articles a été exa- et d’HIP, le cannabis à un risque d’IC et les amphétamines à un risque
minée. Des articles supplémentaires ont été examinés à partir des d’HIP avec mauvais pronostic vital [13]. Toutes les études épidé-
références des articles de la première série. Nous avons consulté miologiques constatent une surreprésentation des consommateurs
les recommandations des SFNV et ESO sur le sujet des AVC du sujet occasionnels ou réguliers de drogues illicites dans la population
jeune, ainsi que les données épidémiologiques de l’OFDT. des AVC par rapport aux populations contrôles [9–11,13], tendant
à démontrer le lien de causalité entre consommation de stupéfiant
3. Épidémiologie et AVC.

En France, un quart des AVC survient chez les moins de 65 ans 4. Cannabis
(adultes en âge de travailler) [2]. D’après le registre de Dijon,
les IC chez les moins de 45 ans, en 2005, représentaient environ Le cannabis est devenu la première drogue illicite consom-
3500 nouveaux cas en France [5]. Cette population de patients mée en France et dans le monde dans les années 1990, et derrière
jeunes présente des étiologies d’AVC différentes et plus variées l’image de drogue dite « douce », se cachent de nombreuses compli-
que chez leurs ainés, nécessitant un bilan étiologique plus exhaus- cations somatiques et psychiatriques. Étant donné la fréquence de
tif. Ainsi, les dissections artérielles, diagnostiquées en imagerie sa consommation, toute pathologie survenant notamment chez le
représentent environ un tiers des causes dans cette tranche d’âge. jeune devrait faire poser la question de son éventuelle responsabi-
Cependant, 20 à 40 % des cas restent sans explication à l’issue d’un lité [14]. Le cannabis est issu de la plante Cannabis sativa et contient
bilan étiologique exhaustif [6,7]. Une part non négligeable de ces
AVC sans cause pourrait être liée à la prise de stupéfiants. Tableau 2
En 1969, l’OMS a dressé un constat alarmant : 6 % des IC seraient Niveau d’expérimentation chez les jeunes de 17 ans, selon les enquêtes Esca-
pad 2000 et 2008 [59,60], OFDT, et Inserm 1993.
liés à la prise de stupéfiants [8]. Ces données sont très anciennes,
mais peu de données récentes existent dans la littérature per- Taux Taux
mettant de déterminer la part de responsabilité d’une conduite d’expérimentation d’expérimentation
en 2000 (%) en 2008 (%)
toxicomaniaque dans la survenue d’un AVC au sein de la popu-
lation d’adultes jeunes. Plus encore, la plupart des études publiées Cannabis 45,6 (contre 21 % en 1993) 42,2
sont rétrospectives, portent sur des séries de cas et proviennent de Poppers 2,4 13,7
données américaines. Elles sont donc difficilement transposables
Champignons hallucinogènes 3,1 3,5
à la population française, du fait d’un profil de consommation de
toxiques très différent, en tête desquels on retrouve le cannabis. LSD 1,2 1,2
L’usage des autres stupéfiants, bien qu’en augmentation sensible Ecstasy et amphétamines 2,1 2,9
avec diversification des profils de consommateurs, reste margi-
Cocaïne 0,9 3,3
nal en France (Tableaux 1 et 2). Aux États-Unis, avant 35 ans, la
Héroïne 0,6 1,0
consommation de drogues serait le principal facteur de risque de
survenue d’un AVC [9], responsable de 12 % des IC [10,11]. Il s’agit Solvants et colles 4,1 5,5
d’ailleurs souvent du seul facteur mis en évidence à l’issue d’un Escapad : enquête sur la santé et la consommation lors de l’appel de préparation
bilan étiologique complet [9]. Cependant, dans le registre d’IC du à la défense ; OFDT : observatoire français des drogues et des toxicomanies ; LSD :
sujet jeune d’Helsinki, la consommation récente de drogues illicites diéthylamide de l’acide lysergique.
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différents cannabinoïdes dont le principal principe psychoactif


est le ␦-9-tétrahydrocannabinol (THC). Il peut être consommé
sous différentes formes (marijuana, hashish, résine, huile) et voies
d’administration (fumé en joint le plus souvent) [15].
Malgré son usage très répandu, on peut s’étonner du faible
nombre d’observations rapportant un lien temporel indiscutable
entre une prise de cannabis et la survenue d’un AVC [16]. Certains
cas cliniques publiés sont, cependant, très évocateurs, à l’instar
de ce jeune patient de 36 ans ayant présenté trois épisodes d’IC,
dans des territoires artériels différents, à chaque fois précédés de
quelques minutes à quelques heures par une prise de cannabis, sans
aucune autre cause à l’issue d’un bilan exhaustif [17]. Fig. 1. IRM et ARM cérébrale à 48 heures du début des symptômes (hémiparésie
Il existe plusieurs hypothèses physiopathologiques pour ten- gauche). A. IRM cérébrale en coupe axiale, passant par les noyaux gris centraux
ter de relier cannabis et AVC. Un vasospasme a d’abord été en séquence de diffusion, avec mise en évidence d’un infarctus sylvien droit (D)
et de lésions ischémiques multiples sylviennes gauches (G) superficielles. B. ARM
suspecté, après l’observation de cas d’AIT itératifs lors de la consom-
TOF en vue coronale. Asymétrie de calibre des artères sylviennes au dépend de
mation de cannabis [18] ou d’IC s’améliorant rapidement [19] l’artère sylvienne droite (D) avec raréfaction des branches distales sylviennes droites
et face au constat que le risque d’infarctus du myocarde est (flèches).
multiplié par 4,8 dans l’heure suivant la consommation chez les
patients angineux [20]. L’hypothèse du vasospasme « réversible »
peut être discutée en raison de la persistance démontrée en ima-
transœsophagienne, scope ECG durant 48 heures, biologie [hémo-
gerie de sténoses artérielles à distance d’un AVC chez certains
gramme, TP, TCA, antithrombine, protéines C et S, HbA1 C, bilan
patients [17]. Parmi les autres hypothèses physiopathologiques,
lipidique, TSH, homocystéine, troponine, myoglobine, sérologies
l’hypoperfusion cérébrale secondaire à l’inhibition sympathique
VIH, hépatites B et C, syphilis, Lyme, complexes immuns circulants,
périphérique provoquée par de fortes doses de THC est contredite
anticorps antinucléaires, antiphospholipides, anticytoplasme des
par le profil non jonctionnel des AVC, c’est-à-dire non hémody-
polynucléaires neutrophiles, antitissus et facteurs rhumatoïdes])
namique [16]. Un trouble de l’autorégulation vasculaire cérébrale
et génétique (gène de la prothrombine, facteur V Leyden, gène de
a été évoqué, après constat de modifications des débits sanguins
la MTHFR) était normal. Une recherche de toxiques urinaires réa-
cérébraux [21] et d’une association avec le syndrome de vaso-
lisée à l’admission était positive pour le cannabis. Une ponction
constriction cérébrale réversible [22] chez les consommateurs
lombaire, réalisée cinq jours après le début des symptômes, était
novices ou habituels de cannabis. Un mécanisme cardioembo-
en faveur d’une inflammation discrète et aspécifique du liquide
lique a également été proposé, le cannabis pouvant engendrer des
cérébrospinal (protéinorachie 0,45 g/L ; glycorachie 4,38 mmol/L ;
troubles du rythme cardiaque à type de fibrillation ou flutter atrial
lactates 1,92 mmol/L ; < 5 éléments par millimètre cube). En raison
paroxystique [15,16,23,24]. Un autre mécanisme incriminé est la
du contexte psychiatrique, l’angiographie (pour suspicion d’angéite
vascularite cérébrale. Il existe une authentique artérite cannabique
cérébrale) n’était pas été effectuée. Un traitement par anticoagu-
périphérique des membres inférieurs chez de jeunes consomma-
lants était mis en place. Un angioscanner de contrôle réalisé après
teurs chroniques de cannabis, présentant des similitudes avec la
15 jours ne montrait plus aucune anomalie artérielle. L’hypothèse
thromboangéite oblitérante de Buerger. Cependant, ces patients
de l’étiologie « toxique » était expliquée au patient et un sevrage
consommaient du tabac de manière modérée. Une guérison était
complet du cannabis était effectif à un an de l’AVC. La récupération
possible après arrêt de l’intoxication cannabique [14,16]. Enfin, un
fonctionnelle et cognitive lui permettait un retour à son autonomie
autre effet du cannabis est une activité prothrombogène par acti-
antérieure.
vation plaquettaire, pouvant engendrer des thromboses sur artères
saines [25,26]. En conclusion, le cannabis pourrait participer à la
survenue d’un AVC par l’ensemble de ces mécanismes selon les pro- 5. Cocaïne
fils de consommation, l’association à d’autres substances, les doses
consommées et les susceptibilités individuelles [19,26]. La priorité La cocaïne est considérée comme le stupéfiant consommé le plus
consiste à déterminer quels sont les points critiques engendrant dangereux pour l’organisme, comme en témoigne une étude amé-
ces complications neurovasculaires puisque les cannabinoïdes sont ricaine qui la place au premier rang des motifs de consultation liées
étudiés en thérapeutique dans de nombreuses pathologies du sys- à la toxicomanie dans les services d’urgence [29]. C’est aussi le stu-
tème nerveux central, y compris dans le traitement des IC [27,28]. péfiant le plus fréquemment associé à la survenue d’événements
Nous illustrons le rôle du cannabis avec une observation cli- neurovasculaires, ce, dès les premières minutes suivant sa consom-
nique d’IC chez un jeune patient. À la suite d’une chute à son mation [30]. La forme hydrochloride en poudre de la cocaïne est
domicile avec troubles de la vigilance, un patient de 32 ans, schizo- plus souvent associée à des HIP (80 %) et à des anévrismes intracrâ-
phrène, fumant quatre joints de cannabis et dix cigarettes par jour, niens, alors que la forme alcaloïde ou « crack » est plus volontiers
était adressé aux urgences. L’examen clinique mettait en évidence responsable d’IC [31–33].
une hémiparésie gauche avec hémianopsie latérale homonyme Les mécanismes en cause, probablement multiples, restent à
gauche. Un scanner cérébral à 24 heures des troubles montrait une préciser et diffèrent selon qu’il s’agit d’un accident hémorragique
hypodensité pariétale droite compatible avec un infarctus sylvien ou ischémique.
droit. Il était alors transféré en unité neurovasculaire. Le reste de Les HIP et les hémorragies sous-arachnoïdiennes liés à la prise
l’examen clinique normal, notamment l’examen cardiovasculaire, de cocaïne surviennent chez des patients jeunes, avec, lorsqu’ils
ne permettait pas d’orienter le diagnostic étiologique. Une IRM existent, des anévrismes de plus petite taille que ceux observés
cérébrale réalisée à 48 heures objectivait, outre l’infarctus sylvien dans la population générale [30]. Le mécanisme le plus souvent
droit, des lésions ischémiques récentes hémisphériques gauches incriminé est une augmentation brutale de la pression arté-
multiples. L’angiographie par résonnance magnétique nucléaire rielle systémique [34,35]. La cocaïne modifierait aussi la limite
révélait une asymétrie franche de calibre entre les deux artères supérieure de l’autorégulation cérébrovasculaire vers des niveaux
sylviennes (Fig. 1). Le bilan étiologique complet (écho-Doppler des tensionnels inférieurs, augmentant ainsi le risque de rupture vas-
troncs supra-aortiques, échographie cardiaque transthoracique et culaire [36].
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Environ trois quarts des patients présentant des IC liés à la capillaires avec signes d’artérites et de perte neuronale ont égale-
cocaïne n’ont aucun autre facteur de risque vasculaire [35] et une ment été constatées après usage prolongé [36].
majorité survient moins de trois heures après la consommation Les amphétamines engendrent une poussée tensionnelle (et
[30]. Ces observations ont rapidement fait évoquer un vasospasme, parfois une arythmie cardiaque) par le biais d’un largage de
à l’instar de ce qui a été démontré en cardiologie. La cocaïne catécholamines au niveau présynaptique [15]. Elles peuvent éga-
peut engendrer des infarctus du myocarde via plusieurs méca- lement être à l’origine d’une augmentation de l’athérothrombose
nismes conjugués : vasospasme coronaire, lésions endothéliales et de l’agrégation plaquettaire [47]. Leur rôle dans la survenue de
des artères coronaires, augmentation des besoins myocardiques vasospasmes, reconnu au niveau coronarien, pourrait également
en oxygène [37]. Le potentiel vasoconstricteur de la cocaïne passe intervenir au niveau cérébral via un largage de sérotonine dans
par une activation des récepteurs ␣1-adrénergiques [37], par une les noyaux gris centraux, responsable d’une diminution du volume
contraction des cellulaires musculaires lisses suite au relargage sanguin cérébral régional par contraction des cellules musculaires
de calcium intracellulaire, par la mise en jeu de l’endothéline- lisses de la média [48].
1 et de la dopamine [35]. La théorie d’un vasospasme cérébral est
renforcée par la mise en évidence angiographique d’images évo- 7. Opiacés
catrices quoiqu’aspécifiques en « colliers de perles » [36] et par
des cas autopsiques de dégénérescence de la média avec épaissis- La majorité des cas d’AVC liés à la prise d’opiacés dans la lit-
sement de la limitante élastique interne [38]. Il pourrait exister térature concernent des patients héroïnomanes au cours d’une
un « effet-dose » de la cocaïne sur les artères cérébrales. En effet, endocardite infectieuse avec des emboles septiques et des ané-
la cocaïne à faibles doses a un effet plutôt vasodilatateur sur vrismes mycotiques [49]. Mais d’autres cas ont été rapportés en
l’artère basilaire du lapin, tandis que des doses plus fortes, ou dehors de toute atteinte infectieuse [50] et après administration
une coadministration avec de la méthamphétamine, produisent un nasale. À notre connaissance, aucune étude expérimentale n’a été
vasospasme [39]. menée sur les effets vasculaires de l’héroïne, si bien que les seules
Parmi les autres mécanismes physiopathologiques, sont évo- données disponibles concernent la morphine dont l’implication,
qués : une action toxique microvasculaire directe avec apoptose suspectée, n’a jamais été démontrée.
des cellules musculaires lisses concentration et temps d’exposition- Les opiacés pourraient induire des lésions cérébrales via un
dépendante [40], une accélération de l’athérothrombose par lésions mécanisme hémodynamique. Il existe un effet systémique lors
endothéliales [37], une action proagrégante plaquettaire liée à de prises itératives d’héroïne avec des modifications de pression
l’augmentation de la production de thromboxane [35,38], ou artérielle et de rythme cardiaque par à-coups [15]. Il faut ajouter
une hyperviscosité liée à une augmentation transitoire du taux à cela l’effet dépresseur respiratoire des opiacés, symptomatique
d’hémoglobine [37]. Un phénomène de vascularite est également en cas de surdosage. Cela pourrait être responsable d’une leu-
évoqué devant des images de sténoses multiples en angiogra- coencéphalopathie hypoxique, parfois associée à des IC localisés
phie, mais seulement deux cas avec confirmation histologique préférentiellement dans les régions les plus sensibles à l’hypoxie
ont été publiés [35]. Enfin, la cocaïne est responsable d’arythmies (noyaux gris centraux, zones jonctionnelles, hippocampes). Cela a
cardiaques via son action de blocage de canaux sodiques voltage- été montré sur des cas autopsiques [51].
dépendants et peut ainsi augmenter le risque d’arythmie cardiaque Des cas d’angéites cérébrales, documentées par biopsie, et
à risque embolique [37]. régressives après corticothérapie ont été décrits chez des consom-
Au niveau thérapeutique, les IC liés à la cocaïne peuvent mateurs réguliers [34,50].
bénéficier sans sur-risque d’un traitement thrombolytique intra- Une hypersensibilité immédiate aux opiacés a été aussi évoquée
veineux [41]. Comme antihypertenseur, il sera préféré un inhibiteur suite au constat d’une plus forte prévalence d’IC à l’initiation ou à
calcique [42] et tout traitement par ␤-bloquant doit être contre- la reprise d’une consommation d’héroïne [49], avec des arguments
indiqué à la phase aiguë car celui-ci pourrait potentialiser l’effet biologiques (hyperéosinophilie transitoire, élévation du taux d’IgE,
vasoconstricteur de la cocaïne [37]. test au latex positif).
Enfin, les opiacés favoriseraient les cardiopathies emboligènes,
comme suggéré par des ECG pratiqués dans les 24 heures suivant
6. Amphétamines une consommation [52]. D’autres effets sont envisagés de manière
plus anecdotique : emboles paradoxales d’impuretés ou de produits
Les amphétamines représentent une classe de stimulants de de coupe injectés en intraveineux, angéite nécrosante ou compres-
synthèse dont la première utilisation médicale remonte à 1936. Il sion vasculaire positionnelle [34,51].
en existe de nombreux dérivés en toxicomanie parmi lesquels la
méthamphétamine ou « speed » et l’ecstasy sont les plus consom-
8. Diéthylamide de l’acide lysergique (LSD)
més [15]. Mais l’on trouve aussi des dérivés amphétaminiques
dans des produits autorisés : jusqu’à 1 % des compléments ali-
La drogue phare des années 1970, qui connaît un regain d’intérêt
mentaires en contiennent (exemple : éphédra ou éphédrine) à des
auprès des adolescents et adultes jeunes depuis les années 2000,
doses supérieures au seuil de survenue d’effets indésirables [43]. La
n’a jamais formellement été impliquée dans la survenue directe
consommation d’amphétamines est associée à un risque nettement
d’un AVC. Son imputabilité propre est rendue d’autant plus com-
accru d’AVC [44], surtout hémorragique [13].
plexe que le LSD est une drogue fréquemment consommée par les
Des cas d’AVC liés à une vascularite ont été décrits avec le
polytoxicomanes [18].
méthylphénidate (Ritaline® ) en usage thérapeutique, y compris
chez l’enfant [45]. L’hypothèse de la « vascularite » est renforcée
par la mise en évidence artériographique chez une majorité de 9. Solvants
patients testés de sténoses artérielles intra- ou extracrâniennes,
parfois multiples [34,46,47]. Il a été aussi décrit un profil anatomo- Il n’existe aucun cas publié dans la littérature d’AVC secon-
pathologique évocateur de vascularite cérébrale (nécrose fibrinoïde daire à une consommation de solvant accidentelle ou volontaire.
de l’intima et de la média des artères de petit et moyen calibre En revanche, ont été décrits des cas de coma avec lésions cérébrales
associée à des infiltrats périvasculaires de polynucléaires et de diffuses et des hypoxies cérébrales secondaires à des expositions à
lymphocytes) [34]. Des modifications segmentaires artérielles et très forte dose à certains solvants industriels [53–55].
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Tableau 3
Stupéfiants : niveau de consommation et impact neurovasculaire.

Toxiques Niveau de Risque d’AVC Vasospasme Vascularite Vasoréactivité Cardiopathie Autres mécanismes
consommation cérébrale emboligène

Cannabis +++++ IC + +++ ++ ++ Hypoperfusion

Cocaïne +++ IC +++ + ++ + Lésion endothéliale,


HIP agrégation plaquettaire

Amphétamines +++ HIP > IC + ++ – + Athérosclérose, agrégation


plaquettaire

Héroïne + IC – ++ – + Hypoperfusion

LSD ++ ? – – – – –

Solvants – IC – – – – Hypoxie

AVC : accident vasculaire cérébral ; IC : infarctus cérébral ; HIP : hématome intraparenchymateux ; LSD : diéthylamide de l’acide lysergique.

10. Conduite à tenir et de prise en charge thérapeutique. Enfin, une vaste campagne
d’information et de prévention primaire à destination du grand
La SFNV recommande de rechercher systématiquement une public aurait toute son utilité dans les années à venir.
conduite toxicomane lors de la survenue d’un AVC avant 55 ans
[2]. Cela commence par un interrogatoire minutieux du patient et Déclaration d’intérêts
de son entourage, à la recherche d’une consommation régulière
ou occasionnelle de stupéfiants. Il faut s’attacher à trouver toute Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-
prise involontaire de substances dangereuses, y compris celles tion avec cet article.
contenues dans des produits légaux et de consommation courante,
comme les compléments alimentaires ou certains médicaments en
Références
libre accès (vasoconstricteurs nasaux). L’interrogatoire a, toutefois,
ses limites. Plus d’un quart des patients avec recherche positive [1] Anaes. Recommandations pour la pratique clinique : prise en charge
de toxiques dans les urines nient toute prise de toxique [11,29]. diagnostique et traitement immédiat de l’accident ischémique tran-
sitoire de l’adulte. http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/
En unité d’obstétrique, la sensibilité de l’interrogatoire est encore
application/pdf/ait recos 2006.pdf; 2004.
moins bonne, allant de 58 à 72 % selon la drogue consommée [56]. [2] Rouanet F, Sibon I, Goizet C, Renou P, Meissner W. Etiological assessment of
Pour cette raison, la SFNV recommande en première intention la cerebral infarct in the young. Proposals from the working group of the French
recherche de stupéfiants dans les urines. La sensibilité de ce dépis- neurovascular society (december 2008). Rev Neurol (Paris) 2009;165(Spec No.
4):F283–8.
tage est très bonne au cours des 24 premières heures suivant la [3] ESO guidelines for management of Ischaemic Stroke 2008. Consultable sur :
consommation de la drogue, puis diminue rapidement, selon le http://www.eso-stroke.org/recommendations.php?cid=9&sid=1.
produit considéré et sa fréquence de consommation. En cas de [4] Beck F, Legeleye S, Spilka S, Briffault X, Gautier A, Lamboy B, et al. Les niveaux
d’usage des drogues en France en 2005. Exploitation des données du baro-
consommation avérée à l’interrogatoire ou à l’issue d’un dépistage mètre santé 2005 relatives aux pratiques d’usage de substances psychoactives
ciblé, il est impératif d’inciter le patient à se sevrer définitivement en population adulte. Tendances 2006;48:1–6.
de toute prise de stupéfiants. Une aide au sevrage doit être systé- [5] Bardet J. Rapport parlementaire sur la prise en charge des AVC en France. 2007.
[6] Giroud M, Fayolle H, André N, Dumas R, Becker F, Martin D, et al. Incidence of
matiquement proposée. Une information claire et appropriée doit internal carotid artery dissection in the community of Dijon. J Neurol Neurosurg
être donnée au patient pour lui permettre de faire le lien entre Psychiatr 1994;57:1443.
sa consommation et l’AVC dont il a été victime. Cette information [7] Leys D. Les accidents ischémiques cérébraux du sujet jeune. Rev Med Interne
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ne doit pas omettre les risques liés aux produits légaux d’usages [8] WHO expert committee on drug dependence. Sixteenth report. Technical
courants (tabac, alcool. . .), car il est possible que ces AVC d’origine report series 407. In. 1969.
toxique surviennent sur un terrain prédisposant. [9] Kaku DA, Lowenstein DH. Emergence of recreational drug abuse as a major risk
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drug-associated ischemic stroke in the Baltimore-Washington young stroke
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en pathologie neurovasculaire ne va faire qu’augmenter dans [12] Putaala J, Metso AJ, Metso TM, Konkola N, Kraemer Y, Haapaniemi E, et al.
les années à venir. D’une part, les perspectives d’évolution des Analysis of 1008 consecutive patients aged 15 to 49 with first-ever ischemic
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conduites toxicomanes chez les jeunes le laissent craindre. D’autre [13] Westover AN, McBride S, Haley RW. Stroke in young adults who abuse amphe-
part, l’usage médical de stupéfiants est en constante augmenta- tamines or cocaine: a population-based study of hospitalized patients. Arch
tion, tel que le recours aux dérivés amphétaminiques dans certaines Gen Psychiatry 2007;64:495–502.
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sant pour les traitements contenant des dérivés du cannabis. substance abuse: part 2: alcohol, amphetamines, heroin, cannabis, and caffeine.
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Nous manquons globalement de données épidémiologiques
[16] Thanvi BR, Treadwell SD. Cannabis and stroke: is there a link? Postgrad Med J
précises, plus encore en Europe qu’aux États-Unis, relatives aux 2009;85:80–3.
profils de consommation des différents stupéfiants et à leurs effets [17] Mateo I, Pinedo A, Gomez-Beldarrain M, Basterretxea JM, Garcia-Monco JC.
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délétères sur la vascularisation cérébrale (Tableau 3).
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La physiopathologie reste encore mal comprise dans la majo- [18] Lawson TM, Rees A. Stroke and transient ischaemic attacks in association with
rité des cas et les hypothèses évoquées dans notre travail reposent substance abuse in a young man. Postgrad Med J 1996;72:692–3.
rarement sur des données expérimentales robustes. La compréhen- [19] Finsterer J, Christian P, Wolfgang K. Occipital stroke shortly after cannabis
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