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L’INDE, LA PLUS GRANDE DEMOCRATIE DU

MONDE

Pb : Quels sont les atouts et les limites de la plus grande démocratie du
monde : l’Inde ?

L’Inde qui est anciennement une colonie britannique accède à son indépendance le 15 août 1947.
Plus de deux ans après son indépendance, l’Inde promulgue sa constitution et devient une
république en janvier 1950. Elle met donc en place une démocratie fédérale qui s’inspire du régime
politique britannique car cette démocratie provient en partie de l’héritage colonial britannique avec
les institutions politiques qui y ont été introduites. Suite à cela, l’Inde organise ses premières
élections en 1952 au suffrage universel pour élire le premier parlement. Ces élections sont un réel
succès alors que seulement 11% de la population est alphabétisée. L’Inde est une fédération appelée
l’Union Indienne qui compte 29 états auxquels s’ajoutent 7 territoires administrés par la capitale,
New Delhi. Aujourd’hui elle compte 900 millions d’électeurs sur 1,353 milliards de personnes. C’est la
démocratie qui compte le plus d’électeurs. Elle repose par ailleurs sur une constitution en faveur de
l’égalité et des libertés individuelles. Elle semble donc en théorie être qualifiée de « plus grande
démocratie du monde » avec les avantages que cela présente. Pour autant, elle a aussi ses limites.
Nous étudierons ses atouts dans une première partie puis nous montrerons ses fragilités et ses
limites dans une seconde partie.

La démocratie est une forme de gouvernement dans laquelle tous les citoyens peuvent participer aux
décisions politiques. La souveraineté appartient au peuple. La démocratie indienne ne fait donc pas
exception à cela. Le parlement indien est composé d’une chambre basse et d’une chambre haute. La
chambre basse, appelée « la chambre du peuple », est élue tous les cinq ans par le peuple au
suffrage universel. La chambre haute du parlement, « le conseil des Etats » se compose de 12
membres nommés par le président et de 233 élus par le parlement des différents états. Les indiens
élisent ensuite dans leurs états respectifs les membres de leur parlement. Selon les états le
parlement est composé d’une unique chambre ou de deux chambres. Parmi les membres des
différentes chambres au niveau des états ou au niveau national, il existe près de 2300 partis
politiques enregistrés. Cependant, 59 sont reconnus au niveau des différents états et seulement 7 au
niveau national. Cette pluralité de partis permet à chacun de trouver celui qui le représentera et
défendra au mieux ses valeurs et ses idées. En Inde, l’ensemble des habitants peuvent voter à partir
de leur majorité, c’est-à-dire 18 ans. Depuis 2019, il y a autant de femmes qui votent que d’hommes.
Les femmes peuvent voter librement sans être obligées de suivre l’avis de leur mari, même si 20%
d’entre elles continuent à le faire.

De plus, toute démocratie applique une séparation des pouvoirs. Le pouvoir législatif, le pouvoir
exécutif et le pouvoir judiciaire n’appartiennent pas à la même assemblée ou à une même
personne. Le pouvoir judiciaire en Inde appartient à la cour suprême. C’est la plus haute juridiction
du pays mais également la plus haute juridiction d’appel. Elle est à la fois un tribunal fédéral et
une cour constitutionnelle. Le pouvoir législatif appartient au niveau national aux deux chambres

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qui composent le parlement. En revanche au niveau des états et des municipalités, ce pouvoir
appartient au parlement. Enfin, le dernier des pouvoirs, le pouvoir exécutif, appartient au niveau
national au président élu pour 5 ans par les membres du parlement, ainsi qu’au conseil des
ministres à la tête duquel se trouve le premier ministre. Dans les états le pouvoir appartient cette
fois aux gouverneurs qui sont nommés par le président indien. C’est la constitution indienne qui
permet cette séparation des pouvoirs. Elle permet également le respect des droits fondamentaux
humains.

Enfin d’après la constitution indienne les droits fondamentaux et inaliénables des hommes doivent
être appliqués et respectés. Notamment selon la troisième partie de la constitution fédérale. Elle
garantit la liberté de chacun ainsi que la liberté d’opinion et de pensée. En effet, cette liberté de
penser et d’opinion permet à la presse d’exprimer son opinion, de critiquer et de se moquer, ce qui
fait d’elle un contre-pouvoir important. L’Inde compte plus de 82 000 journaux, lus par 130 millions
d’indiens. La démocratie garantit également la non exploitation des humains, l’égalité, l’absence de
discrimination à la fois sur le sexe, l’âge, la condition sociale ou encore la religion. Tout homme est
libre de pratiquer la religion qu’il souhaite dans le respect des droits de l’homme et de la juridiction
mise en place. Toutes les religions sont reconnues, sur un même pied d’égalité et dispose d’une
reconnaissance de droits civiques particuliers à chaque communauté (reconnaissance des droits
chrétiens, hindous qui inclus sikh, jaïn et bouddhistes, mais aussi les doits musulmans. De plus,
chaque homme et chaque femme a le droit d’avoir accès à la culture et à l’éducation, a le droit de
posséder des biens, (droit de propriété) et de faire valoir ses droits devant la loi et de les faire
respecter en saisissant la Cour Suprême. Enfin, chaque personne a le droit de résister à l’oppression
et à l’abus de pouvoir. Officiellement, au regard de sa constitution, l’Inde serait la plus grande
démocratie au monde. Néanmoins, aujourd’hui la réalité depuis l’arrivée au pouvoir en 2014 du
premier ministre Narendra Modi, membre du parti nationaliste hindou le Bharatiya Janata Party
(BJP), on assiste à une montée du nationalisme hindou et à la mise en place d’une politique de plus
en plus autoritaire. Aujourd’hui, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ne
sont plus garantis en Inde. C’est l’une des principales limites de cette grande démocratie.

Avec l’arrivée de Narendra Modi au pouvoir, le pays est devenu de plus en plus autoritaire avec une
montée en puissance du nationaliste hindou. Le premier ministre centralise l’essentiel des pouvoirs
entre ses mains. Ces ministres vivent dans l’ombre. Il est seul à prendre les décisions car le président
possède majoritairement un rôle symbolique et cérémonial. Narendra Modi a également cessé de
communiquer avec la presse du pays en faisant des annonces nations à la radio ou à la télévision lors
de meetings gigantesque. Il est représenté comme l’homme providentiel du pays. La presse est mise
en marge de la société. Elle va également fortement être réprimée par le gouvernement du premier
ministre qui ne supporte pas les oppositions et les critiques. La liberté de la presse diminue et ainsi
que celle des médias. Il devient très dangereux de critiquer le gouvernement ou sa politique. Six
journalistes sont morts en Inde en 2018 à cause du métier qu’ils exerçaient. L’Inde est classée 140 ème
sur 180 au classement de reporters sans frontières. Par ailleurs, Narendra Modi gouverne en
discriminant la population selon sa religion. Il privilégie les hindous et en rejette les musulmans.
Durant sa campagne pour mobiliser et unifier les hindous, Narendra Modi a pris pour cibles les
musulmans, soit 170 millions de personnes en les qualifiant d’ennemis. Cela a entrainé des violences
contre la communauté musulmane qui n’ont pas été punies par la justice. La manière autoritaire de
gouverner du premier ministre ne s’arrête pas là. En 2019, il a promulgué une loi sur la nationalité
qui modifie le principe du sécularisme ou de laïcité inscrit dans la Constitution et va contribuer à faire
des musulmans des citoyens de seconde zone. Cette loi facilite la naturalisation des immigrés

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d’Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh qui vivent dans le pays depuis cinq ans à condition qu’ils
s’ils soient hindous, bouddhistes, chrétiens, sikhs, jaïns et zoroastriens. Les musulmans immigrés sont
exclus de cette loi de naturalisation. Ils ne pourront donc pas obtenir la nationalité indienne. C’est un
pas de plus vers la construction d’un état hindou car cette loi porte atteinte à la constitution laïque
de l’Inde et aux droits fondamentaux du peuple. A la montée d’un gouvernement autoritaire,
s’ajoutent d’importantes inégalités sociales auxquelles doit faire face la démocratie.

L’Inde est une démocratie qui compte beaucoup d’inégalités. Elle est classée 129 ème sur 180 pays en
termes de développement humain selon l’ONU. En 2019, 1% de la population détenait 21,3% des
richesses. Les inégalités, oppression et discriminations sont extrêmement présentes à tous les
niveaux. A la fois au niveau de genre, de religion, de l’identité et du lieu de vie. Mais aussi au niveau
de l’orientation sexuelle et de la caste à laquelle la population appartient. En effet, même si
officiellement le système de castes a été aboli en 1947, il perdure encore aujourd’hui dans les faits.
Ce système consiste à diviser la société en plusieurs groupes hiérarchiques. Ce système régit les
relations entre les membres de la société. Cependant bien que la constitution interdise la
discrimination selon une caste cette loi n’est pas toujours respectée. Les discriminations envers les
différentes castes sont encore bien présentes. Par exemple, les descendants de la caste des
intouchables exercent encore des métiers qui étaient destinés à leurs ancêtres, comme le balayage
ou le travail du cuir.

Ce système de castes est l’un des principaux facteurs à l’origine des inégalités en Inde. Il y a
également d’autres inégalités, notamment contre des citoyens (les musulmans) considérés comme
de « seconde zone ». Ces citoyens sont rejetés de la société, réprimés et décimés. Ils vont se
regrouper et former des ghettos. La plupart d’entre eux vont arrêter de suivre une éducation. En
Inde, 24,7% de la population n’a reçu aucune éducation et 30,4% des jeunes entre 15 et 24 ans est en
dehors du système éducatif et professionnel. Les femmes sont les plus touchées par cela. En effet,
48% des jeunes n’ont aucune formation contre seulement 14,5% chez les hommes. Les inégalités
d’accès à l’éducation sont très importantes entre les hommes et les femmes ce qui entraine aussi des
inégalités d’accès à l'emploi. Par exemple au parlement il y a seulement 11,7% de femmes. Malgré
des progrès pour l’égalité de genre, les femmes sont encore victimes de discriminations dans de
nombreux domaines comme ceux cités précédemment ou encore au niveau de l’espérance de vie ou
de l’accès au soin. Enfin, le nombre de femmes est encore inférieur au nombre d’homme. Le « sex
ratio » est de 940 pour les femmes et de 1000 pour les hommes alors qu’en France il y a 105 garçons
pour 100 filles à la naissance. Malheureusement ce n’est pas le seul problème auquel doit faire face
la démocratie indienne. Elle lutte également contre la corruption et la criminalisation.

En effet, l’Inde est un pays où règne la corruption et une importante criminalité. Le pays est classé
80ème sur 180 en 2019 pour son taux de corruption. Le taux de corruption est de 70%. Cette
corruption existe à toutes les échelles. Au niveau locale ou régionale, il est courant de voir des
hommes de pouvoir avec un casier judiciaire employer des hommes de mains pour les protéger et
assurer leur pouvoir. Il y a également de la corruption au niveau des élections législative car en 2014,
on estime que 17% des candidats aux élections législatives avait été ou étaient poursuivis par la
justice. Ce chiffre est en hausse. On estime qu’aujourd’hui 34% des membres du parlement ont au
moins été poursuivis une fois par la justice. De plus, le taux de criminalité a considérablement
augmenté. Entre 2015 et 2017, le nombre de délits a augmenté de 2,1%. En 2017, le Crime Recors
Bureau a compté 5 millions de délits, soit 10 par minutes. Chaque heure, il y a 3 meurtres, 4 viols, 11
enlèvements, 6 cas d’émeutes, 35 disparitions, 25 véhicules et 12 téléphones volés ainsi que 6 sacs.
Ces chiffres sont encore plus alarmants concernant les crimes commis contre les femmes et les
enfants. On compte une augmentation de 6% des délits commis sur les femmes dont 20% sur des

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mineurs. Les crimes contre les enfants sont les délits les plus nombreux commis en Inde. De plus, de
nombreux attentats ont lieu, notamment au Cachemire ce qui entraine des tensions grandissantes
entre les Hindous et les musulmans, qui vont souvent être victimes de violences. En effet, de
nombreuses émeutes ont lieu et sont de plus en plus meurtrières. Enfin, face à cela, on pourrait
s’attendre à une réaction de la part du gouvernement indien. Cependant, on peut constater que le
nombre de prisons diminue, notamment dans l’Etat du Maharashtra qui a fermé 57 prisons sur les
100 présentes en 2016. Le pays est donc dangereux et la loi est peu respectée. La démocratie a
beaucoup de mal à faire appliquer les lois et à sécuriser son pays. C’est donc l’une de ses limites et
même l’un de ses défis.

L’Inde est donc bien une démocratie au sens où ses dirigeants sont élus par le peuple et qu’ils
représentent le peuple. Elle possède également une constitution qui respecte les droits
fondamentaux et inaliénables des hommes ainsi qu’une séparation des pouvoirs. Tout cela
représente les principes fondamentaux qui font d’un pays une démocratie. Cependant, depuis
quelques années la démocratie indienne est en danger. Elle doit faire face à la montée du
nationalisme hindou. En effet Narendra Modi depuis son arrivée au pouvoir met en place un régime
de plus en plus autoritaire. Il restreint les libertés d’expression et n’accepte aucune contestation.
Cela entraine des inégalités de plus en plus prononcées et des violences contre les minorités qui ne
sont pas hindous notamment les musulmans. Face à cela on constate que le gouvernement indien ne
fait rien et ne réagit pas. Nous pouvons donc nous demander si cette démocratie respecte finalement
l’ensemble des droits fondamentaux énoncés par la constitution ou si depuis l’arrivée au pouvoir de
Narendra Modi l’Inde n’est plus la démocratie aussi forte qu’elle était.

Les sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_en_Inde#:~:text=Selon%20sa%20Constitution%2C
%20l'Inde,le%20chef%20du%20gouvernement%2C%20responsable

https://www.lemonde.fr/international/video/2019/05/19/l-Inde-est-elle-vraiment-la-plus-grande-
democratie-du-monde_5464085_3210.html

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/l-Inde-une-democratie-a-l-epreuve-des-
inegalites_1203147.html

https://www.fondation-res-publica.org/L-Inde-atouts-et-defis_a330.html

http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/le-monde-indien-
populations-et-espaces/corpus-documentaire/inegalites-genre-Inde

https://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20200218-Inde-droits-hommes-femmes-arm%C3%A9e-cour-
supreme-%C3%A9galit%C3%A9

https://www.senat.fr/ga/ga57/ga572.html

https://www.voyagesphotosmanu.com/systeme_politique_Inde.html

https://www.senat.fr/lc/lc242/lc2425.html

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