Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
« Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » (Ex 34, 6). Cet amour pour les êtres
fragiles et pécheurs que nous sommes s’appelle miséricorde. Dieu l’a manifesté par l’envoi du Fils dans le
monde, et de manière éclatante quand le Christ est mort et ressuscité pour nous. A l’offre de la miséricorde
de Dieu, l’homme doit répondre par la conversion.
Se convertir signifie retourner au Seigneur de tout notre cœur, l’accueillir comme le centre et l’unique
référence pour notre vie. De tous temps la mission de l’Eglise a toujours été d’inviter les hommes à la
conversion par l’annonce de l’Evangile. Mais il y a des moments où cet appel retenti avec plus d’insistance.
C’est spécialement en ce temps de carême. L’Eglise invite ses fils à se préparer à célébrer la Pâques, la fête
des fêtes, la fête de notre salut, en se purifiant intérieurement. Elle le fait en imitant l’exemple du Christ qui
a jeûné au désert quarante jours et quarante nuits pour se préparer à sa mission.
Au cours du carême, l’Eglise nous propose des moyens éprouvés et sûrs pour soutenir notre effort de
conversion : la parole de Dieu, la prière, le jeûne, le partage. Mais tous ces moyens, c’est pour nous
permettre de suivre le Christ jusqu’au bout, jusqu’à la croix en nous rappelant que la cause de sa souffrance
et de la nôtre, ce sont nos péchés. Voilà pourquoi le carême comporte nécessairement la pratique de la
confession comme moyen ultime qui nous purifie et nous rends dignes de célébrer la Pâques. Nous allons
passer en revue tous ces moyens et voir comment ils peuvent nous aider à mieux vivre le carême.
« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 4, 17). Le Royaume s’est manifesté
dans la prédication et les miracles opérés par Jésus. Mais, de manière plus éclatante, par sa mort et sa
résurrection, Jésus s’est montré clairement comme le Roi du ciel et de la terre ; c’est pourquoi il a envoyé
ses disciples continuer son œuvre en disant :
« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples,
baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les
commandements que je vous ai donnés » (Mt 28, 18-20).
Le jour de la Pentecôte, qui marque les débuts de l’Eglise, Pierre met en pratique l’ordre de Jésus : il
proclame la Bonne Nouvelle comme le faisait le Christ et invite à la conversion :
« Convertissez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour obtenir le pardon
de ses péchés. Vous recevrez alors le don du Saint-Esprit (Ac 2, 38). « Alors, ceux qui avaient accueilli la
parole de Pierre se firent baptiser. La communauté s’augmenta ce jour-là d’environ trois mille personnes »
(Ac 2, 41). (Pêche miraculeuse !).
Depuis ce jour-là, la mission de l’Eglise est toujours la même : annoncer aux hommes l’Evangile pour qu’ils
se convertissent ; qu’ils renoncent à Satan, reçoivent le baptême qui les fait entrer dans l’Eglise et qu’ils
vivent en enfants de Dieu pour obtenir le salut. Cette mission, l’Eglise l’accomplit en tout temps. Mais il y a
des moments où elle l’accomplit avec plus d’attention et de ferveur : c’est spécialement en ce temps du
carême. Pendant ce temps privilégié l’Eglise prépare les catéchumènes qui arrivent au terme d’un long
cheminement pour recevoir le baptême dans la nuit pascale ; elle appelle aussi les fidèles qui se sont
éloignés de Dieu et de l’Eglise à se convertir en leur rappelant l’infinie miséricorde de Dieu ; elle rappelle
aussi à tout chrétien les exigences du baptême qu’il a reçu et l’invite à se convertir afin de vaincre les
2
tentations de Satan (Mt 4, 1-11 ; Mt 26, 41), et ainsi, après l’entraînement du carême, il pourra renouveler sa
profession baptismale dans la nuit pascale.
Le temps du carême prépare la célébration de la Pâques, la plus grande fête de l’Eglise, qui commémore la
résurrection du Seigneur. Tout chrétien doit s’y préparer en purifiant son cœur pour un comportement
renouvelé. Sur ce chemin il sera aidé par la pratique régulière de certains actes : l’écoute de la parole de
Dieu, la prière, le jeûne, le partage, l’acceptation de la souffrance et enfin la confession.
« Heureux ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Lc 11, 27).
Se convertir, c’est retourner au Seigneur de tout notre cœur, remettre notre vie entre ses mains, compter en
tout sur lui, faire sa volonté, aimer ce qu’il aime et éviter ce qu’il n’aime pas. Personne ne peut s’attacher à
quelqu’un qu’il ne connaît pas. Comment réussira-t-il à faire sa volonté ? Dieu nous parle à travers sa parole.
C’est elle qui nous révèle son être profond et sa volonté. C’est aussi sa parole qui éclaire notre esprit et nous
permet de nous connaître nous-même : ce qu’il y a au fond de notre cœur, la valeur de nos actes, ce qu’il y a
de bon en nous et ce qui ne convient pas…
La parole de Dieu nous donne aussi l’intelligence et la sagesse pour déjouer les pièges de l’Ennemi (Mt 4,
4). C’est elle qui nous rend capables de connaître et de faire ce qui plait à Dieu (Rm 12, 1-2).
Dans nos traditions la parole d’un sage est toujours redoutable ! (Akanwa k’omukulu ntambala). A plus forte
raison la parole de Dieu : elle est en même temps salut et condamnation, vie et mort ! Vie pour qui l’écoute
et la met en pratique, mort pour qui la méprise (Dt 30, 15-20). La parole de Dieu est notre juge, parce que la
parole de Dieu, c’est Dieu lui-même !
« Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle pénètre
au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées
du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, dominé par son regard ; nous aurons
à lui rendre des comptes » (He 4, 12-13).
Nous devons accueillir la parole de Dieu dans le silence, en tendant l’oreille intérieure de notre cœur :
1) Au cours de la messe. Tout chrétien doit s’efforcer de participer à la messe dominicale en prenant
soin de venir à temps. La Parole de Dieu est la première nourriture que le Seigneur nous offre. En carême il
faut s’efforcer de participer même aux messes de semaine parce la parole de Dieu que l’Eglise proclame
pendant ce temps est riche et abondante pour nourrir et faire grandir notre foi.
2) Dans les assemblées des CEV. Un effort supplémentaire doit être fait pour participer aux réunions
des CEV. Là l’assemblée écoute et partage la parole de Dieu qui éclaire la vie communautaire et permet aux
fidèles à mieux se préparer à la célébration du dimanche.
moment de la prière pour nous rappeler que la parole de Dieu est la lumière de notre vie. Cet endroit nous
rappellerait la présence de Dieu parmi nous, une sorte de tabernacle.
4) Au chemin de croix. Cet exercice nous rappelle les paroles qui concernent la passion du Christ
telle qu’elle était annoncée par les prophètes et comme elle s’est accomplie dans les Evangiles. Le chemin
de croix nous aide à méditer la parole de Dieu en l’appliquant à notre vie.
Si nous sommes fidèles à parcourir ce chemin pendant le carême, nous ferons des progrès dans la foi
et la charité.
2.2 La prière
« Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible » (Mt 26,
41).
Prier, c’est s’unir à Dieu, entrer en dialogue avec lui. Sa voix ne se fait pas entendre dans le bruit, mais dans
la brise légère, dans le silence (1R 19,9-18). Dieu parle tout bas (Benoît XVI), il murmure au cœur de
l’homme ; c’est là que l’homme accueille la volonté de Dieu. « Toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta
maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le
secret : il te le revaudra » (Mt 6, 6). (On peut s’étonner du bruit que font les sectes et certains groupes
charismatiques qui prétendent montrer la puissance de Dieu !).
Nous savons cependant que le chrétien prie dans le secret, mais il n’est pas solitaire. Il appartient à la famille
des enfants de Dieu. Il doit prier le Père dans l’assemblée de ses enfants (Mt 6, 7-13). Jésus nous a dit : « Si
deux d’entre vous se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est
aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 19-20). Des
proverbes shi exaltent l’union : « C’est l’union qui gagne la guerre » ; « C’est l’union qui tue le léopard ».
« L’union fait la force ». Les chrétiens sont convaincus que l’unité obtient tout, elle triomphe de toute
épreuve, parce qu’elle est guidée par le Christ en personne.
1) Chaque fidèle doit libérer au moins 10 à 15 minutes chaque jour et les offrir à Dieu, pour
s’entretenir avec lui, cœur à cœur. Il faut tendre l’oreille, ouvrir l’oreille du cœur pour écouter Dieu.
Apprendre à s’entretenir avec lui de manière familière, comme l’enfant le fait avec son père ou sa mère. Il
faut montrer au Seigneur ta vie telle qu’elle est : tes joies, tes peines, tes larmes… Lui rendre grâce pour tous
les biens qu’il fait : pour toi, personnellement, ta famille, ton village, ton quartier, ta paroisse, ton pays,
etc… Prie Dieu et intercède pour les autres, parce que ton Père t’aime et il t’exauce (Mt 7, 7-11).
2) Que chaque fidèle s’efforce d’offrir au Seigneur ses souffrances (Col 1, 24). C’est une prière qui
plaît beaucoup à Dieu parce qu’elle nous assimile au Christ qui s’est livré pour nous sauver. Elle obtient
spécialement la grâce de la conversion pour les pécheurs.
3) Chacun doit s’efforcer de participer plus assidûment à la prière communautaire, car c’est elle que
Dieu exauce plus facilement. Puisqu’il est Trinité, communion d’amour. Ceux qui sont unis dans la prière
lui ressemblent davantage. Spécialement la prière communautaire donne une grande force pour vaincre
Satan, car son œuvre, c’est de diviser les hommes.
La prière en famille. Que tous s’unissent parce que Dieu les a mis ensemble pour qu’ils grandissent
dans la communion d’amour. La prière, c’est le pilier qui soutient la famille.
4
La prière du chapelet en famille est très précieuse. Elle nous unit avec Jésus, Marie et Joseph. Par cet
acte la famille chrétienne devient une « Sainte Famille » parce qu’elle est en communion avec la Trinité que
Dieu a voulu mettre dans le monde pour notre salut. Quand nous disons à Marie : « Priez pour nous », elle
répond sans attendre à notre invitation.
La messe. Rappelons-nous que la messe représente la plus haute forme de la prière, le centre et le
sommet de toute la vie chrétienne. Toutes nos prières devraient nous préparer à nous unir au Christ dans la
sainte messe. Là, nous recevons le don qui dépasse tous les autres, c’est-à-dire Dieu lui-même dans sa
Parole, dans le Corps et le Sang de son Fils. Celui qui n’a pas encore découvert la beauté de la messe n’a pas
encore connu Dieu ! Priorité à la messe dominicale !
2.3. Le jeûne
« Alors Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le démon. Après avoir jeûné
quarante jours et quarante nuit, il eut faim » (Mt 4, 2).
Pour s’approcher de Dieu, l’homme doit jeûner. Moïse a passé quarante jours sur le mont Sinaï sans boire ni
manger. C’est Jésus qui a institué le carême en jeûnant et en priant au désert pendant quarante jours. Par là il
nous a enseigné que Dieu qui nous a créés est en même temps celui qui maintient le souffle que nous
respirons. Sa parole qui nous a créés (Gn 1, 26-28) est aussi le vrai pain qui nous donne la vie (Jn 6, 35).
Jésus l’a dit : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la
bouche de Dieu » (Mt 4, 4 ; Dt 8, 3). Rappelons-nous que c’est à cause de la désobéissance à la parole de
Dieu que l’homme est tombé dans la mort (Gn 3).
Jeûner, c’est renoncer à la nourriture pour se laisser nourrir de la parole de Dieu, faire jeûner le corps pour
que l’esprit se remplisse de Dieu. Saint Nicolas de Flüe, patron de la Suisse, a passé plusieurs années sans
prendre aucune nourriture en dehors de l’Eucharistie. Il en fut de même pour Marthe Robin, morte en France
en 1985.
Le jeûne purifie le cœur et nous donne la force de triompher de la tentation, de tous les désirs désordonnés
qui s’agitent en nous et qui sont contraires à la volonté de Dieu transmise dans sa parole. Le jeûne nous fait
vaincre Satan et ses embûches : l’attachement aux biens de ce monde, la recherche effrénée du pouvoir, la
soif de la gloire (Mt 4,1-11) ! Le jeûne nous libère : nous cessons d’être esclaves de nos passions pour
laisser conduire uniquement par la volonté du Seigneur.
Finalement le jeûne nous rappelle que Dieu est lui-même la vraie nourriture du chrétien. Il ouvre aussi nos
yeux pour voir les nombreux pauvres qui sont autour de nous, tous les affamés qui passent des jours sans
rien manger. Il nous aide à servir les pauvres et à partager les biens que Dieu nous a donnés, même s’ils ne
sont pas abondants.
1) Que chacun s’efforce avant tout de combattre les mauvaises habitudes qui le réduisent en
esclavage : l’ivresse, spécialement la consommation des alcools très forts qui nuisent à la santé et à
l’équilibre mental ; toutes les pratiques liées au manque de maîtrise sexuelle : pour les personnes mariées,
les promesses matrimoniales sont faites devant Dieu et toute infidélité blesse directement le Cœur de Dieu.
C’est l’un des plus grands péchés du monde moderne. Il y a aussi la vision des films et images
pornographiques qui abîment peu à peu l’esprit et conduisent à des comportements agressifs en matière
sexuelle. En somme jeûner, c’est avant tout éviter le péché et ce qui conduit au péché.
5
2) En plus de cela, chacun doit s’efforcer de jeûner réellement : en se privant de ce qu’on aime le
plus, en évitant la gourmandise, en se montrant modéré dans l’usage de la nourriture et de la boisson.
Chacun doit respecter les jours de jeûne prescrits pas l’Eglise : le mercredi des cendres, le vendredi saint et
si possible le samedi saint, les vendredis du carême.
Sur la manière de jeûner : celui qui jeûne peut manger une fois, de préférence le soir, ou passer, s’il
le peut, toute la journée sans manger ! L’obligation du jeûne ne concerne pas les enfants, les personnes âgées
et les malades graves.
« Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est
à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).
Si nous écoutons et accueillons réellement la parole de Dieu, si nous sommes fidèles à la prière et que nous
jeûnons, alors nos cœurs se rempliront d’amour divin et nos yeux s’ouvriront pour voir la misère qui nous
entoure. Car, même si nous sommes aussi pauvre, il y a toujours plus misérable que nous.
Au cours de sa vie publique Jésus s’est spécialement consacré au service des pauvres, des malades, des
pécheurs et des petits. C’est par là qu’il nous a révélé l’amour miséricordieux de Dieu qui se penche sur
toute misère et relève tous ceux qui tombent. Par amour pour nous lui-même s’est fait pauvre afin de nous
enrichir par sa pauvreté (Ph 2, 5-11 ; 2 Co 8, 9). Alors qu’il était Dieu, il a accepté de s’abaisser, d’être
humilié, méprisé, jusqu’à mourir sur la croix (Mt 20, 28). Celui qui s’engage sur le chemin de la conversion
et commence à devenir un disciple authentique de Jésus se reconnaît à ses actes d’amour et de miséricorde
envers les pauvres, les malades, les prisonniers, tous ceux qui sont dans le besoin. Celui qui donne au pauvre
amasse son trésor dans les cieux (Mt 6, 19-21 ; Mt 19, 21) ; les pauvres qu’il a aidés l’accueilleront au ciel
(Lc 16, 9).
1) Chacun doit d’abord regarder sa famille : n’y a-t-il pas des personnes délaissées ou méprisées, ou
même exclues à l’intérieur même de la famille ? Si quelqu’un s’est éloigné à cause de son mauvais
comportement, n’est-il pas temps de lui pardonner ?
2) Dans le voisinage ou dans la CEV, n’y a-t-il pas des malades qui ont besoin de mon assistance ?
Une simple visite est déjà un geste de charité. L’aide matérielle suivra selon nos possibilités et la générosité
de notre cœur. S’il y a une initiative de ma CEV ou d’un groupe spirituel auquel j’adhère en faveur des
pauvres, est-ce j’adhère volontiers et je donne ma contribution ?
« Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me
suive » (Mt 16, 24).
Jésus a jeûné 40 jours au désert pour se préparer à accomplir la volonté de Dieu son Père : sauver les
hommes par ses souffrances: « Si cette coupe ne peut pas passer sans que je la boive, que ta volonté soit
faite » (Mt 26, 42). Les tentations que Jésus a connues au désert, ce sont les mêmes qu’il a affrontées au
cours de sa vie publique où il annonçait l’Evangile. Ce sont les mêmes tentations qu’affronte tout chrétien,
et même tout homme : trouver sa sécurité dans les biens de ce monde, rechercher le pouvoir, poursuivre les
honneurs, le succès (Mt 4, 1-11).
6
Jésus n’a jamais cédé un seul instant à ces mirages : il s’est fait pauvre au point qu’il n’avait même pas un
endroit où reposer la tête (Mt 8, 20), il s’est fait le serviteur et l’esclave de tous (Mt 20, 28), il a accepté les
moqueries et les injures jusqu’à la crucifixion et à la mort (Mt 26-27-28). Les souffrances qu’il a endurées,
ce fut le sacrifice qu’il a offert au Père pour qu’il pardonne les égarements des hommes : « Buvez-en tous,
car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude en rémission des péchés » (Mt 26,
27-28).
Puisque le serviteur n’est pas plus grand que son maître et qu’il doit imiter son comportement (Jn 13,
, Jésus demande à ses disciples de le suivre sur son chemin de souffrance. Le suivre, c’est accepter d’être
persécuté avec lui jusqu’à la croix. Seuls la Vierge Marie, saint Jean et les saintes femmes l’ont suivi
fidèlement jusqu’au pied de la croix (Jn 19, 25-27). Mais Pierre et les autres apôtres l’ont suivi aussi plus
tard (Jn 13, 36) : ils ont été tués par amour pour le Christ. Ainsi ils ont part à sa résurrection et à la vie
éternelle. « Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec lui
nous régnerons » (2 Tm 2, 11-12).
1) Que chaque fidèle accepte et accomplisse généreusement et consciencieusement son devoir d’état,
c’est-à-dire, la tâche qui est la sienne dans le monde et dans l’Eglise : parent, jeune, travailleur, enseignant,
responsable, serviteur. C’est la première croix que le Seigneur nous donne ; c’est la croix quotidienne qui
consiste dans la fidélité au devoir. Nous devons combattre toute paresse et accepter toutes les souffrances
qui découlent d’un accomplissement fidèle de son devoir, dans la justice. Les intellectuels ne s’engagent pas
souvent les CEV alors que leur apport peut beaucoup enrichir la vie de la communauté.
2) Que chacun accepte et accueille les épreuves qui surgissent de manière inattendue dans sa vie : la
maladie, la mort, la haine, la stérilité, la pauvreté et tant d’autres épreuves. Qu’il les offre au Christ comme
un chemin qui lui permet de participer aux souffrances du Christ pour le salut du monde (Col 1, 24). Que le
chrétien évite de se laisser tromper par Satan qui pousse les hommes vers les féticheurs, les devins et les
chambres de prière. A l’exemple du Christ, son disciple doit crier vers Dieu qui seul peut le sauver dans les
épreuves (He 5, 7-10). Pour l’épître aux hébreux, les souffrances constituent le chemin de la perfection.
C’est la souffrance qui nous rend parfaits, forts dans l’accomplissement de la volonté de Dieu.
« Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20).
Tous les exercices du carême atteignent leur but et en quelque sorte leur sommet dans la confession
sacramentelle. C’est l’acte le plus important et la manifestation extérieure de la conversion. Celui qui s’unit
à Dieu perçoit en toute vérité les blessures et les faiblesses de son âme. Plus on s’approche de la lumière,
plus on voit les petites ombres cachées. Plus nous nous approchons de Dieu, plus nous découvrons notre
péché (Is 6,5 ; Lc 5, 8). Mais c’est aussi pour nous l’occasion de découvrir la miséricorde de Dieu. Le Dieu
trois fois saint est celui qui est capable de purifier notre cœur pour nous rendre digne de lui et nous confier
une mission, faire de nous ses hommes de confiance.
Le carême est le moment où Dieu ouvre en grand les portes de son Cœur miséricordieux, qui est un cœur
paternel-maternel (Murhima gwa muzîre). La parabole de l’enfant prodigue illustre la prodigalité du Père
des cieux qui redonne à son fils égaré tous les droits qu’il avait perdus par sa désobéissance : l’habit, signe
7
de dignité, les sandales, signes de l’homme libre, la bague, symbole du cachet, signe de l’autorité du Père
que le fils peut exercer à nouveau.
La confession, c’est le grand don du carême qui renouvelle notre cœur en nous redonnant l’innocence qui
nous avions le jour de notre baptême. Et que symbolise l’habit blanc. La confession nous permet de
renouveler en toute vérité nos promesses baptismales dans la nuit de la Pâques, de renouveler l’Alliance
avec Dieu. Alors nous pourrons communier aussi en vérité, manger le festin de l’Agneau parce que nous
sommes arrachés à l’esclavage du péché.
« Rwamarhenga omu malibuko, rhulyage Omwanabuzi aha ». Nous avons quitté les tribulations, mangeons
l’Agneau de la Pâques.
L’Eglise recommande avec insistance la confession, au moins une fois par an à Pâques. C’est le signe
minimal pour attester qu’on est encore chrétien pratiquant, membre actif de l’Eglise. Celui qui ne se
confesse pas pour Pâques rate le grand don du salut, mais surtout il méprise le don de Dieu.
« Nous vous invitons à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu. Car il dit dans l’Ecriture : Au
moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je suis venue à ton secours. Or, c’est maintenant le
moment favorable, c’est maintenant le jour du salut » (2 Co 6, 1-2).
Si nous vivons bien le carême nous pourrons recevoir tant de grâces que le Seigneur prépare pour nous.
Nous serons bien préparés à célébrer la Pâques qui s’étend sur trois jours : le Triduum pascal qui va de la
messe du jeudi saint au soir jusqu’au dimanche de la résurrection. Célébrer tous ces jours, c’est
accompagner le Christ dans sa Pâques, c’est-à-dire son passage de ce monde au Père : sa passion, sa mort et
sa résurrection. C’est faire le passage avec le Christ en attendant de faire notre propre passage par la
souffrance et la mort pour entrer au ciel. Rappelons l’enseignement de saint Paul et tâchons de le vivre à
fond :
« Souviens-toi de Jésus Christ, le descendant de David : il est ressuscité d’entre les morts, voilà mon
Evangile… Voici une parole sûre : Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous
supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons lui aussi nous rejettera. Si nous sommes
infidèles, lui, il restera fidèle,, car il ne peut se rejeter lui-même » (2 Tm 2, 8. 11-13).