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Filière : Sciences Economiques et Gestion

Parcours : Economie & Gestion


Session d’automne 2020/2021
Semestre 5 - Sections : 1, 2, 3 & 4
Enseignant : A. EL HIRI

Module :

Les Politiques Economiques

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Section I-Liens entre théories économiques et politiques économiques
La politique économique insiste sur le fait que l’Etat doit intervenir, tant sur le plan des
politiques de régulation (court terme) que sur le plan des politiques structurelles (long terme).
Le débat théorique intervient à deux niveaux :
- la politique économique est-elle stabilisatrice ou déstabilisatrice ?
- la politique économique est-elle efficace ou inefficace ?
A-Dans la vision macroéconomique de Keynes, la politique économique est
stabilisatrice, c’est elle qui permet de relancer l’activité économique. Cette qui permet
économique vision a été contestée par les monétaristes (Friedman). Critique de la politique
budgétaire keynésienne : les individus ne consomment pas en fonction de leur revenu courant,
mais de leur revenu permanent.
L’effet multiplicateur n’est pas aussi stable. Ainsi une politique de relance pourrait
avoir une influence retardée sur la consommation, l’effet pourrait se produire au mauvais
moment. Critique de la politique monétaire, elle risque d’être à la source de l’inflation et donc
de générer une instabilité accrue.

Le théorème d’Haavelmo (prix Nobel, 1989) est revenu sur l’effet multiplicateur du
budget de l’Etat. Dans l’approche keynésienne, l’effet multiplicateur associé au déficit public
financé par emprunt engendre un surplus de croissance. Le théorème d’Haavelmo indique
qu'un budget équilibré n'est pas forcément neutre. Dans une situation de sous-emploi, un
accroissement des dépenses publiques financé par une hausse des impôts de même valeur
(donc sans déficit) a un effet positif sur la croissance économique.

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B- La politique économique est inefficace, les politiques budgétaires n’ont pas les
effets escomptés sur la croissance les effets escomptés sur la croissance.
1- Effet d’éviction : l’investissement public évince l’investissement privé suite à la
hausse des taux d’intérêt occasionné par le financement par emprunt.
2- Principe de l’équivalence ricardienne (Ricardo, Barro) : si le financement se fait
par emprunt, cela implique que les individus anticipent que des impôts seront prélevés
ultérieurement pour payer les intérêts et rembourser le capital, donc ils vont épargner
davantage pour acquérir les titres émis par les pouvoirs publics. Leur richesse globale comme
leur consommation est alors inchangée.
Si le financement est monétaire, les agents prévoient l'émission régulière de nouvelle
monnaie, ils anticiperont rationnellement l'érosion de leurs encaisses par l'inflation et
épargneront en prévision de cet investissement. Il n'y a donc aucun effet multiplicateur sur la
demande globale possible.
3-Le modèle Mundell – Fleming soulève la question du rôle joué par la mobilité
internationale du capital sous différents régimes de change. En situation de changes fixes,
l’efficacité d’une politique de relance dépend de la mobilité internationale des capitaux.
Lorsque ces derniers sont immobiles, la relance budgétaire est sans effet sur derniers sont
immobiles, la relance budgétaire est sans effet sur l’activité réelle (en effet, si un pays
augmente ses dépenses publiques, une partie de la relance part en importations, un déficit
commercial apparaît, on assiste à une dépréciation du taux de change, la Banque Centrale doit
alors intervenir pour soutenir la monnaie nationale, ce qui a pour effet de contracter la masse
monétaire).
4- Dans les années 70, ce que l’on appelle communément les nouveaux classiques
(Lucas, Barro) vont introduire l’hypothèse des anticipations rationnelles. Les agents
économiques parviennent à intégrer dans leurs plans – grâce à leurs anticipations rationnelles
– toute politique monétaire annoncée à l’avance. Dès lors, toute politique monétaire visant à
relancer l’activité économique, est condamnée d’avance (sauf si les autorités monétaires sont
capables d’engendrer des chocs intempestifs). Cette hypothèse est importante, elle part du
principe que les agents économiques ne peuvent pas être trompés durablement par les
autorités monétaires ne peuvent pas être trompés durablement par les autorités monétaires.
Cette question est actuellement débattue au sein des hautes instances monétaires. Pour
influencer les marchés financiers et monétaires, les différents gouverneurs des Banques
Centrales (BCE, Réserve Fédérale) doivent être à la fois crédibles et imprévisibles (une partie
de leurs décisions doit échapper aux anticipations du marché).
5- La courbe de Laffer (Arthur Laffer) établit une relation entre la pression fiscale
(taux d’imposition, t) et les recettes fiscales (T). Lorsque le taux d’imposition s’accroît, les
recettes fiscales augmentent pour atteindre un maximum (Tmax). Mais si le taux dépasse la
valeur t*, les impôts perçus diminuent car l’effet désincitatif sur l’offre de travail (effet
substitution) l’emporte sur l’effet de la hausse du niveau de taxation (effet revenu). La courbe
de Laffer a ainsi la forme d’une cloche. Pour un taux d’imposition nul, les recettes fiscales
sont inexistantes ; pour un taux d’imposition de 100%, les agents économiques cesseraient de
travailler.
6-La Théorie du Public Choice de William Nordhaus (1975) : dans le contexte des
années 70 et de l’arbitrage inflation – chômage, Nordhaus va chercher à prévoir quel type de
politiques conjoncturelles seront choisies en s’appuyant sur le cycle électoral. Il note qu’à
l’approche des élections, les gouvernements sont tentés de créer de l’inflation (pour faire
baisser le niveau du chômage à court terme et remporter ainsi les élections) qu’ils combattent

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ensuite. Nordhaus en conclut que les systèmes démocratiques vont choisir à long terme une
politique de moindre chômage et de plus grande inflation que le niveau optimal.
7-La Théorie de l’incohérence temporelle de Kydland et Precott (1977) souligne
qu'un gouvernement, pour atteindre ses objectifs, procédera par surprise ou ne suivra pas au
moment de la mise en œuvre de sa politique économique celle annoncée préalablement.
Si les autorités annoncent une politique monétaire rigoureuse, les agents économiques
modèrent leurs revendications salariales et réclament des taux d'intérêt moins élevés
anticipant une faible inflation. Mais une fois ces anticipations formées, le gouvernement peut
mettre en œuvre une politique monétaire plus laxiste. L'inflation plus élevée diminue le salaire
réel et devrait favoriser la création d'emplois. Cette stratégie est inefficace et coûteuse
puisque, d'une part, l'effet sur l'emploi est transitoire (les agents puisque, part, l'emploi (les
agents réévaluant leurs demandes d'augmentation de salaires) et, d'autre part, les agents
intégreront par la suite la possibilité de ces surprises dans leurs anticipations et donc leurs
revendications.
Une solution à cette incohérence temporelle est fournie par la délégation de la politique
monétaire à une Banque Centrale Indépendante. Rogoff (1985) montre ainsi que l’adoption
d’un banquier central conservateur (qui accorde un poids plus important que la société à la
lutte contre l’inflation) permet de réduire le biais inflationniste de la politique monétaire, mais
au prix d’une moins bonne stabilisation de l’activité.
Section II- Les fonctions de l’Etat
La typologie la plus souvent retenue pour décrire le rôle que joue l’Etat dans la vie
économique repose sur les trois fonctions proposées par Richard Musgrave (The Theory of
Public Finance, 1959) : allocation, stabilisation, distribution.
I- La fonction d’allocation
A- L’optimum de Pareto
L’efficacité économique consiste à utiliser l’ensemble des ressources disponibles de
façon à en tirer le maximum de satisfaction pour les individus. La théorie économique retient
le critère d’efficacité proposé par Vildredo Pareto (1906).
L’allocation des ressources entre les différents emplois possibles est optimale quand
on ne peut plus améliorer la satisfaction d’un individu sans détériorer celle d’au moins un
autre.
B- Les défaillances de l’économie de marché
L’analyse économique reconnaît deux principaux types de situations où l’initiative
privée et les échanges libres entre individus ne permettent pas d’assurer une allocation
optimale des ressources au sens de Pareto et où l’intervention de l’Etat peut en revanche
contribuer à une allocation plus efficace.
1-Les services collectifs purs
Un service collectif pur est un service consommé en même temps par tous les
membres d’une communauté et pour lequel un producteur privé ne pourrait pas exclure les
usagers qui ne veulent pas contribuer au financement du service.
Exemples : La défense nationale, l’ordre public, la sécurité des biens et des personnes,
la justice, le réseau routier, l’éclairage public, etc. seule une institution investie du pouvoir de
contraindre les usagers par la force (l’Etat) peut produire ce type de service.

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2- Les externalités
On parle d’externalité quand les choix d’un individu ont des effets sur le bien être des
autres individus qui ne peuvent être pris en compte dans les échanges marchands. Les
dépenses de santé et d’éducation des individus induisent des effets externes positifs (des
économies externes) pour la collectivité : le bien-être de chacun est amélioré par la
productivité plus forte et le voisinage plus agréable associés aux investissements des autres
dans leur santé et leur niveau d’éducation. La pollution et toutes les atteintes à
l’environnement sont des exemples d’effets externes négatifs (déséconomies externes).
Les individus déterminent leurs choix en fonction des coûts privés et des avantages
privés qui leur sont associés ; ils ne tiennent pas compte des coûts et des avantages (sociaux)
que leurs décisions impliquent pour la société. Il s’ensuit une production sous-optimale dans
les activités générant des économies externes et une surproduction nuisible dans les activités
entraînant des déséconomies externes : l’Etat doit alors intervenir pour renforcer les premières
(santé, éducation, recherche) et pour freiner les secondes (pollution, nuisances).
II- La fonction de stabilisation
Les politiques de stabilisation tentent de réguler l’évolution des variables macro-
économiques de façon à éviter ou à limiter les principaux déséquilibres susceptibles d’affecter
l’économie nationale. En ce domaine, on retient les plus souvent quatre objectifs (le « carré
magique » de Nicholas Kaldor) : croissance plein-emploi, stabilité des prix et équilibre
extérieur.
A- La croissance
Mesurée par le pourcentage d’augmentation annuelle du produit intérieur brut (PIB),
elle est censée constituer une amélioration du bien-être collectif. La croissance permet de
développer l’emploi, le revenu national et le revenu par habitant (si la population croît moins
vite que le PIB). La croissance de l’activité intérieure entraîne aussi des pressions à la hausse
des prix (inflation) et stimule les importations (risque de déficit commercial). Cet objectif est
donc compatible avec celui du plein-emploi mais entre en contradiction avec ceux de stabilité
des prix et d’équilibre extérieur.
B- Le plein-emploi
Au sens large, le plein-emploi signifie une utilisation optimale des facteurs de
production (travail et capital), c'est-à-dire un emploi qui permet d’en retirer la productivité la
plus élevée possible. Plus souvent entendu dans le sens plus étroit de plein emploi de la main-
d’œuvre. L’objectif consiste alors à réduire le chômage au chômage volontaire minimal
nécessaire au bon fonctionnement du marché du travail (chômage « frictionnel » : délai de
recherche d’information incompressible pour choisir le meilleur emploi alors même qu’il
existe pour tous au moins un emploi correspondant à sa qualification).
C- La stabilité des prix
On mesure le taux d’inflation par le pourcentage de variation d’un indice du niveau
général des prix (en général, un indice de prix à la consommation). Un minimum de hausse
des prix paraît inéluctable dans une économie en croissance où s’exercent en permanence des
pressions de la demande de biens et services. L’objectif de stabilité des prix vise donc un taux
d’inflation non nul mais relativement faible (de 1 à 3%).
D- L’équilibre extérieur
On entend par là l’équilibre de la balance des paiements, compte qui retrace l’ensemble
des paiements reçus, dus ou versés au reste du monde ; elle comporte trois composantes

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essentielles : paiements courants, mouvements de capitaux non monétaires et variation des
réserves de changes du secteur bancaire ou officiel (Trésor public et banque centrale).
1- La balance des paiements courants (ou des transactions courantes) retrace
l’ensemble des échanges de biens, de services, de revenus avec le reste du monde. Elle inclut
la balance commerciale (échanges de biens uniquement).
2- La balance des mouvements des capitaux non monétaires présente les
mouvements de capitaux à long terme et les mouvements de capitaux à court terme des
secteurs privé et non bancaire (secteurs qui n’ont pas le pouvoir de création monétaire) : prêts,
emprunts, placements, investissements directs, effectués à l’étranger par des agents
économiques nationaux, ou effectués dans le pays par des agents non résidents.
3- La variation des réserves de change. La balance globale des paiements est la
somme des deux précédentes. Si elle est excédentaire, les agents non bancaires résidents
reçoivent plus de paiements extérieurs qu’ils n’en versent à l’extérieur : cet excédent constitue
donc une entrée nette de devises étrangères qui vient gonfler les comptes en devises détenus
par les résidents ou qui est convertie en monnaie nationale (par les banques, le Trésor public
ou la banque centrale). D’une façon ou d’une autre, cet excédent se retrouve dans les comptes
du secteur bancaire ou officiel ; les statistiques le repèrent sous le poste « Mouvements de
capitaux à court terme du secteur bancaire ou officiel » (ou encore « Variation de la position
monétaire extérieure »). L’analyse macro-économique parle plutôt d’une augmentation des
« réserves de change ». En sens inverse, un déficit de la balance globale se traduit par une
sortie nette de devises et par une diminution des réserves de change.
a- La contrainte extérieure à long terme
La contrainte d’équilibre joue surtout en cas de déficit. A court ou moyen terme, un
pays peut compenser un déficit des transactions courantes par des emprunts de capitaux. Mais
cela entraîne ensuite le remboursement des capitaux et des intérêts. La charge annuelle de
remboursement (le service de la dette) contribue ainsi à de nouveaux déficits des paiements
courants que l’on ne peut indéfiniment combler par des emprunts de capitaux étrangers, sous
peine de mettre en doute, aux yeux des marchés financiers, la capacité du pays à générer un
jour le revenu en devises nécessaires au remboursement de sa dette. A long terme, la
contrainte extérieure est donc plus sévère qu’à court terme : le pays doit chercher l’équilibre
de la balance des transactions courantes.
b- La contrainte extérieure à court terme
Un déficit important de la balance des transactions courantes peut rendre les
spéculateurs pessimistes sur l’évolution à venir de la balance globale et donc les conduit à
anticiper une probable dévaluation du taux de change (un déficit de la balance globale des
paiements a tendance à déprécier le taux de change). Ils spéculent donc immédiatement contre
la monnaie nationale et peuvent contraindre le gouvernement à rechercher l’équilibre des
paiements courants à court terme et non pas seulement à long terme.

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Politiques d’allocation et politiques de stabilisation
III- La fonction de distribution
A- La distribution du revenu et de la richesse
L’Etat opère une redistribution directe entre les différents agents par des prélèvements
obligatoires (cotisations sociales et impôts) et des transferts (aides, subventions, prestations
sociales, etc). L’Etat opère aussi une redistribution indirecte dans l’exercice de ses fonctions
d’allocation et de stabilisation. La répartition territoriale des équipements collectifs et des
grands services publics modifie la répartition du bien-être dans la population. Il en va de
même des politiques de stabilisation. Une relance de l’économie par la consommation peut se
faire en priorité au bénéfice des salariés les plus défavorisés ; une relance par l’investissement
peut en priorité améliorer les profits des entreprises. la fonction de distribution n’est donc pas
séparable des autres fonctions de l’Etat.
B- Une fonction négligée faute d’un critère de justice
La fonction de distribution est très largement négligée par la théorie de la politique
économique. Le critère d’optimum de Pareto peut-être appliqué aux fonctions étatiques
d’allocation et de stabilisation, mais il ne permet pas d’évaluer la répartition du revenu et des
richesses entre les individus : une situation où un seul individu accapare la totalité des
richesses et des revenus est optimale au sens de Pareto ; il existe donc autant de situations
optimales que d’individus! La distribution pose le problème de la justice, et il n’existe aucun
critère de justice opérationnel et largement reconnu par la théorie économique.
Comme la fonction d’allocation va de soi pour la plupart des économistes et n’est que
rarement au cœur du débat politique, la théorie et les enseignements de politique économique
sont le plus souvent concentrés sur l’étude des politiques de stabilisation.

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