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La commande PID n’est pas la plus performante des commandes mais c’est la plus répandue.
Le technicien ou l’ingénieur, confronté en pratique à une régulation, est bien souvent limité à
la mise en œuvre d’un régulateur PID qui n’offre pas toutes les possibilités de réglage des
méthodes modernes. De plus, il est en général impossible d’effectuer des essais en boucle
ouverte pour identifier le système régulé. On doit alors savoir régler au mieux ce type de
régulateur à partir d’essais en boucle fermée uniquement.
On présente ici, en respectant ces contraintes, deux applications concrètes très fréquentes :
une régulation de température et l’asservissement en position d’un système mécanique
motorisé par un moteur Brushless. Le réglage est effectué par la méthode des moments et la
méthode fréquentielle classique.
1. Commande PID
1.1 Position du problème
1.2 Critère de stabilité pour le réglage du PID
1.3 Bande passante en boucle fermée obtenue en imposant la marge de phase
1.4 Propriétés fréquentielles du correcteur PID
1.1 Position du problème
Le système est commandé en boucle fermée [S 7 090] réf. [10] (figure 1). On cherche à
déterminer un régulateur PID conduisant à de bonnes performances de régulation. Le système
doit être identifié à partir d’essais en boucle fermée uniquement. On se limite ici à des
systèmes qui sont stabilisables par un correcteur proportionnel. Si le système ne satisfait pas
cette contrainte, il nécessite sûrement une commande plus complexe que la commande PID et
on ne confie pas cette tâche à un technicien.
Le correcteur PID élabore la commande u à partir de l’écart, ε = yd – y entre la mesure y et la
valeur désirée (ou consigne) yd en ajoutant trois effets :
• un effet proportionnel ; plus l’écart est important plus la commande doit l’être ;
• un effet intégral ; si l’écart est positif, il faut continuer à augmenter la commande pour
le réduire ;
• un effet dérivé ; dès que la mesure varie, il faut modifier la commande sans attendre
qu’un écart important existe.
Soit :
avec :
• p : variable de Laplace.
En pratique, l’effet dérivé doit être filtré pour éviter de dégrader le rapport signal/bruit de la
Le réglage du PID consiste à déterminer ces quatre paramètres A, ωi , Td , Tƒ pour que les
performances du système en boucle fermée soient les meilleures.
La fonction de transfert du correcteur peut aussi s’exprimer :
avec :
• c 0 : = A ωi
• c 1 : = A (1 + Tƒ ωi )
• c 2 : = A (Td + Tƒ ).
On obtiendra souvent le PID sous cette forme de fraction rationnelle, mais il faudra le
« programmer » avec la première expression pour laquelle les trois effets P, I, D sont bien
séparés (ou peut aussi utiliser la décomposition en éléments simples de la fraction rationnelle)
sinon on obtient des équations aux différences avec des coefficients de valeurs élevées et
proches les unes des autres.
On utilise pour cela les relations :
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1.2 Critère de stabilité pour le réglage du PID
La performance fondamentale que doit assurer le correcteur est de rendre le système bouclé
(figure 1) suffisamment stable.
En effet, la structure de commande (figure 1) en boucle fermée conduit « naturellement » à
l’instabilité comme le montre le raisonnement « qualitatif » suivant. Si le signal d’erreur est
sinusoïdal, ε (t ) = EM sin (ωt ), la sortie est aussi sinusoïdale, soit y (t ) = YM sin (ωt + ϕ ) et si
on pose T (p ) = C (p ) F (p ), on a :
ϕ < 0 car la sortie y est forcément en retard sur l’entrée ε selon le principe de causalité.
Il existe une pulsation, nommée pulsation critique ωc telle que arg [T (jωc )] = – π, cette
pulsation est caractéristique de T (p ).
Supposons que la consigne soit nulle (yd = 0), et que, par exemple suite à une perturbation qui
a agi sur le système, le signal d’erreur ε (t ) soit sinusoïdal avec cette pulsation précise ωc .
Soit ε (t ) = EM sin (ωc t ) d’où y (t ) = │T (jωc )│ EM sin (ωc t – arg [T (jωc )]) soit
y (t ) = │T (jωc )│ EM sin (ωc t + π) = – │T (jωc )│ EM sin (ωc t ).
La sortie y est en opposition de phase avec l’entrée ε. Et comme ε = yd – y = – y car yd = 0, on
alors .
Cette condition est obtenue en haute fréquence car, pour les systèmes réels, │T (jω )│
diminue si la pulsation augmente.
De même si ω est telle que :
│T (jω )│ >> 1 (équivalent à 20 lg (│T (jω )│ >> 0 dB)
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1.4 Propriétés fréquentielles du correcteur PID
Le PID permet d’obtenir une avance de phase comme le montre son diagramme de Bode
(figure 3).
Figure 3 - Diagramme de Bode du PID
vaut alors .
La limite entre ces deux domaines de fréquences est estimée par la pulsation ωid telle que :
soit .
Le diagramme de Bode donnant la phase réelle et les asymptotes de C (p ) est conforme à la
figure 3.
stabilité du système, ;
• trBF , le temps de réponse (à 5 %) en boucle fermée ;
• εp , l’erreur de position qui est l’écart relatif en régime permanent entre la
On constate que la limite est prépondérante sur la valeur de l’erreur. L’erreur sera
nulle si cette limite est infinie, soit si T (p ) possède au moins une intégration (p en facteur
avec le dénominateur de T (p )).
On définit donc la classe n d’un système comme étant le nombre d’intégration du système.
avec :
• m : coefficient d’amortissement (m < 1)
• ω 0 : pulsation propre ou naturelle
• τd , τn : constantes de temps.
Figure 8 - Réponse indicielle du modèle oscillant amorti...
avec τ 1 , τ 2 et τ 3 constantes de temps, qui présentent une réponse indicielle apériodique dont
l’expression est de la forme :
, soit :
avec
ou :
avec :
• ξ : < 1 coefficient d’amortissement (en prenant ξ 1, on retrouve la première
expression)
• ω a : pulsation propre.
.
Soit :
Soit :
avec :
d’où :
Ces expressions permettent d’obtenir les paramètres du système en boucle ouverte à partir de
ceux identifiés par l’essai en boucle fermée.
5. Principe du calcul d’un correcteur PID
Le système en boucle ouverte est identifié par sa fonction de transfert F (p ). On cherche le
Nota :
Le symbole º signifie l’équivalence entre deux fonctions.
En pratique, le modèle équivalent Tm (p ) doit satisfaire les contraintes suivantes :
• la phase ϕ = arg [Tm (jω )] diminue si ω augmente ; cette propriété traduit la causalité ;
• Tm (p ) doit posséder les mêmes « singularités » [2] que le système à commander (si le
système est instable en boucle ouverte, il doit l’être aussi) ;
• le degré de stabilité doit être réglable. Le degré de stabilité peut être évalué par la
marge de phase ϕm . Il existe une relation entre la marge de phase et le taux
d’amortissement des oscillations de la réponse indicielle ; plus la marge de phase est
élevée, plus le système est amorti ;
• la bande passante doit être réglable pour la rendre égale à celle que peut satisfaire le
système réel. Cette bande passante est voisine de la pulsation ωϕ telle que │Tm (jωϕ )
│=1;
p = jω ® ∞, il faut que .
comme :
avec τn ¹ 0.
On détermine le correcteur PID des systèmes modélisés par :
Par contre, pour les modèles qui vérifient (par exemple qui possède τn = 0
selon le modèle ci-dessus), il convient d’utiliser un autre modèle Tm (p ) tel que :
Un modèle simple adapté à un système de classe 0 stable en boucle ouverte satisfaisant les
contraintes ci-dessus et de classe 1 s’exprime par :
avec :
• Kvm : gain en vitesse
• ωm : pulsation double de coupure.
De nombreuses autres expressions conviennent.
Le diagramme de Bode de Tm (p ) est donné figure 14.
Figure 14 - Diagramme de Bode de
Bode montre que l’on peut théoriquement prendre . Il faut satisfaire les relations
arg [Tm (jωϕ )] = – π + ϕm et │Tm (jωϕ )│ = 1 et alors la bande passante du système bouclé sera
environ ωϕ . À partir de ces deux relations, on obtient :
ce qui équivaut à :
Figure 15 - Réponse indicielle de pour = 1 rad/s et = 20o à 80o par pas de 10o
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6.2 Calcul du PID pour un système F (p ) de classe 0 tel que
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6.2.1 Choix de la pulsation caractéristique du modèle
Le système est identifié sous la forme :
(ξ < 1 pour les systèmes oscillants amortis, pour les systèmes apériodiques).
Cette méthode peut parfois conduire à c 1 < 0 et c 2 < 0, en particulier pour les systèmes tels
que . Ces résultats ne sont pas acceptables et traduisent le fait que l’effet
dérivé est inutile (si c 2 < 0), voire l’effet proportionnel inutile si c 1 < 0. En effet, quand le
et de l’expression théorique :
Cette méthode classique est grandement facilitée par l’emploi d’un logiciel spécialisé tel que
MATLAB [9].
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6.2.4 Cas particulier
Dans de nombreux correcteurs PID industriels, le correcteur possède la fonction de transfert
Pour qu’il existe une avance de phase, il faut respecter . De plus, l’erreur de
ce qui montre qu’il faut toujours choisir α > 2 pour qu’il existe une avance de phase. Le
maximum de la phase est :
et [2] :
│C (jωϕ ) F (jωϕ )│ = 1
arg [C (jωϕ ) F (jωϕ )] = – π + ϕm
avec :
• Kc : gain critique du système, aisé à déterminer à partir du modèle identifié.
(avec ) soit .
Dans le cas du système identifié sous la forme :
Cette méthode apparentée à la méthode de Ziegler et Nichols [R 7 416] réf. [11] permet
d’effectuer un réglage rapide avec le minimum de mesures et de calculs.
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6.2.5 Récapitulatif sur la conduite des calculs
On résume ci-dessous la suite des calculs aboutissant au PID pour le système identifié sous la
forme :
et
en employant un logiciel spécialisé pour le tracé des diagrammes de Bode.
.
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6.3 Application : commande PID d’un séchoir
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6.3.1 Outils logiciels nécessaires
Le réglage du PID passe par trois étapes : modélisation du système, identification puis
régulation. Pour chacune de ces étapes, il est nécessaire de conduire des essais expérimentaux
variés. On a, pour cela, écrit, avec LABVIEW [1] un logiciel mettant en œuvre une interface
analogique qui permet d’effectuer les essais en régime transitoire classique (essai indiciel,
essai à une rampe, essai à une accélération) en boucle ouverte et en boucle fermée avec un
correcteur PID. Ce logiciel permet de comparer la réponse expérimentale à celle d’un modèle.
On identifie ainsi rapidement un modèle de comportement convenable. On calcule ensuite un
correcteur à partir de ce modèle et, immédiatement, on peut tester les performances obtenues
en boucle fermée.
Le système à identifier est interfacé (figure 18) à un calculateur (PC) permettant d’imposer sa
commande u et de mesurer le signal y que l’on souhaite réguler.
L’identification nécessite deux étapes :
• enregistrement d’un essai indiciel ;
• calcul de la réponse du modèle choisi et affichage des courbes expérimentale et
simulée sur le même graphe.
On réalise une réponse à l’échelon en se plaçant dans un domaine de fonctionnement linéaire
du système puis on choisit un modèle et on propose des valeurs pour les paramètres du
modèle. Le logiciel calcule la réponse indicielle du modèle et l’affiche sur le
Modèle de Broida
Modèle de Ziegler-Nichols avec pôle et zéro (système intégrateur ou présentant une constante
de temps très grande)
La détermination du PID à partir des diagrammes de Bode nécessite l’emploi d’un logiciel tel
que MATLAB [9].
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6.3.2 Mise en œuvre de la méthode
On présente la régulation de température d’un séchoir constitué par un ventilateur créant un
flux d’air que l’on chauffe sur une résistance.
On observe bien sur ce diagramme que la pulsation ωϕ telle que arg [F (jωϕ )] » – 180o vaut
ωϕ » ωa = 5 rad/s. On fixe alors la marge de ϕm » 60o et on calcule les paramètres du modèle :
Le correcteur PID obtenu est mis à l’épreuve en effectuant les essais transitoires classiques
(essai, indiciel, à une rampe, et en accélération) pour évaluer les performances obtenues
(figures 24, 25 et 26).
Figure 25 - Essai en boucle fermée avec évolution en rampe de la consigne
où Nm (p ) = 1 + n 1 p + n 2 p 2 + ... et Dm (p ) = 1 + d 1 p + d 2 p 2 + ...
soit :
d’où :
Ak (h ) est nommé moment d’ordre k de h (t ). Il existe si les intégrales convergent, ce qui est
le cas pour les systèmes stables.
Dans le cas du système à erreur de traînage nulle, on a :
).
D’où après passage à la limite :
Cette relation montre que r (t ) possède un dépassement. En effet, il existe des instants t tels
que r (t ) < 1 (par exemple t = 0). Pour que l’intégrale s’annule, il faut nécessairement qu’il
existe aussi des temps t tels que r (t ) > 1. Cette relation traduit l’existence de dépassements.
La réponse indicielle pourra avoir, par exemple, l’allure donnée sur la figure 27 : la surface
définie par r (t ) et la droite d’ordonnée 1 est nulle.
On peut conclure qu’aucun correcteur PID ne permettra d’annuler l’erreur de traînage sans
conduire à des dépassements indiciels en boucle fermée. Il faut pour cela utiliser une autre
structure de commande.
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7.2 Étude d’un cas particulier fréquent
De nombreux systèmes possédant une intégration peuvent se modéliser par la fonction de
transfert .
On peut obtenir un correcteur PID sans filtrage de l’effet dérivé en réalisant l’équivalence :
poursuite nulle 7.1 . Il est caractérisé par les courbes des figures 28 et 29 qui donnent le
dépassement indiciel et le temps de réponse de ce système.
Le paramètre ω 0 permet de fixer le temps de réponse souhaité et le coefficient m permet de
fixer le dépassement indiciel toléré.
Figure 30 - Diagramme asymptotique de Bode de Tm (p )
soit :
Il se trouve, dans ce cas, que l’équivalence est réalisable par une égalité rigoureuse. Cela tient
à la structure de F (p ) et à celle de Hm (p ).
Dans ce cas, les performances obtenues en boucle fermée sont celles du modèle Hm (p ) choisi
a priori car le correcteur a été déterminé sans approximations, mais il faut bien sûr que la
modélisation de F (p ) soit correcte, ce qui n’est pas vrai en haute fréquence et c’est pourquoi
on ne peut pas choisir ω 0 trop élevé.
Le modèle de référence Hm (p ) en boucle fermée correspond au modèle de référence en
boucle ouverte :
)│ = 1 et il vient .
Le système en boucle fermée possède alors la fonction de transfert :
Ce système est caractérisé par les abaques fournies (figure 32 et figure 33) qui donnent le
dépassement indiciel et le temps de réponse à 5 % en fonction de α. Ainsi, on peut aisément
choisir α et ωm selon le dépassement indiciel toléré et le temps de réponse souhaité.
avec , il vient :
avec .
Ainsi, les performances souhaitées seront obtenues même si la modélisation n’est pas exacte
et les signaux peuvent être bruités car le correcteur comporte un filtrage passe-bas de l’effet
dérivé.
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7.3 Choix du modèle en boucle ouverte dans le cas général
avec τn ¹ 0
en utilisant l’équivalence C (p ) F (p ) º T 3 (p ).
Par contre, pour les modèles qui vérifient (qui possède τn = 0, selon le
en utilisant l’équivalence C (p ) F (p ) º T 4 (p ).
T 4 (p ) possède le diagramme de Bode de la figure 34.
Pour ; .
Pour imposer la marge de phase maximale, on fixe le gain en accélération Ka tel que
│T4 (jωM )│ = 1. Il vient :
arg [F (jωM )] » – π. Cela dépend de l’ordre dans lequel sont classées les pulsations et ωa .
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7.4.2 Méthode des moments
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7.4.3 Méthode graphique fréquentielle
L’équivalence doit être réalisée pour les pulsations voisines de ωM = ωa en minimisant l’écart
entre les diagrammes de Bode de l’expression réelle du correcteur PID
et de l’expression théorique .
Cette méthode est grandement facilitée par l’emploi d’un logiciel spécialisé pour le tracé des
diagrammes de Bode. On donne [Form. Applications de la commande PID - Asservissement
en réalisant l’équivalence C (p ) F (p ) º T 4 (p ) :
indiciel en boucle fermée avec un correcteur proportionnel C (p ) = A = 0,4 4.3 qui conduit
à des oscillations facilitant l’identification (figure 38).
Cet essai conduit au modèle en boucle fermée :
(l’écart à la fin du régime transitoire est admissible car alors l’amortissement est dû aux
frottements secs) d’où le modèle en boucle ouverte :
On peut diminuer le dépassement indiciel en diminuant le terme intégral (figure 44) mais
alors l’erreur de position ne s’annule pas rapidement et l’erreur de poursuite est fortement
augmentée (figure 45).
ou
.
La commande est échantillonnée avec la période T. À l’instant t = kT (k entier), on doit
déterminer la valeur uk = u (kT ) à partir des valeurs passées µk – n et εk – n .
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9.2 Première méthode de calcul numérique de la commande
Selon , on a :
u (t ) = A ε (t ) + Aωi Ik + DF (t )
avec
et .
On aboutit à :
uk = a 1 uk–1 – (a 1 – 1) uk–2 + b 0 εk – b 1 εk–1 + b 2 εk–2
avec :
Il faut borner la commande u min < uk < u max dans les limites de fonctionnement du système.
Cette équation récurrente est à éviter car elle conduit à des calculs numériques comportant des
termes très grands dont on fait la différence. Cette méthode est très sensible aux erreurs
d’arrondis numériques.
Exemple
de calibrage de la fonction de transfert en boucle ouverte [S 7 090] réf. [10] dans laquelle le
filtrage passe-bas de l’effet dérivé est pris en compte.