Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
des grands projets. Enfin nous nous attarderons quelque peu sur
un projet hybride qui oscille entre le grand projet, la gestion par
projet et le projet d’entreprise : il s’agit du projet de développement
que nous avons déjà évoqué.
Nous allons donc passer en revue chacun de ces quatre projets.
Avant de le faire, il faut remarquer que les deux paramètres que
nous venons d’évoquer, motivation et efficacité, nous les avons
aussi rencontrés de façon plus discrète au cœur du projet pédago-
gique qui cherche simultanément à impliquer dans un même des-
sein élèves et enseignants, et à remédier à l’échec scolaire. Ce qui
en revanche différencie le projet pédagogique du projet technolo-
gique, c’est la praxis à laquelle est essentiellement ordonné le pre-
mier, alors que le second vise surtout une poièsis.
Parler de « projet technologique » pour subsumer les quatre
projets que nous venons de mentionner semblera sans doute peu
approprié et arbitraire. L’expression « projet organisationnel »
aurait mieux convenu si elle ne nous était pas apparue trop vague ;
en fait, ce qui fédère nos quatre projets, c’est le constat qu’ils se
sont imposés très récemment dans le milieu technologique et se
trouvent marqués par une logique du « toujours plus » ; dans leur
ambition de maîtrise, ils veulent asservir l’ordre de la nature pour
lui substituer un ordre technique témoignant d’une plus grande
fiabilité, ordre néanmoins tributaire de l’éphémère, destiné à être
lui-même dépassé par la mise en place de projets toujours plus per-
formants.
Directeur Général
Projet Z
Responsabilités fonctionnelles
Une variante très actuelle est encore à évoquer que nous range-
rons dans la gestion de projet, de préférence à par projet dans la
mesure où cette variante est délibérément plus centrée sur l’opéra-
toire que sur le symbolique, il s’agit du projet informatique. Ce
projet est orienté vers la conception de nouveaux logiciels ou la
mise au point de nouvelles applications de logiciels existants dans
des espaces organisationnels qui le sollicitent. Il s’agit de concevoir
sur un mode incrémental une architecture logicielle au sein d’une
équipe projet en utilisant une plateforme technique ou en tra-
vaillant indépendamment de toute plateforme, pour ensuite procé-
der à une mise en pratique dont l’exigence sera de satisfaire les
besoins du client.
Meta-systems - 02-03-12 15:23:19
PU0174 U002 - Oasys 19.00x - Page 244 - BAT
Anthropologie du projet - Quadrige - Dynamic layout 145 × 200
Élaboration Réalisation
Spécifications
techniques
Faisabilité Définition Conception Planifi- Contrôle Évaluation
Coûts technique détaillée cation
Délais
marché linguistique est fort récente ; d’où sans doute, comme pour
les autres concepts placés dans la même situation, son érosion
prochaine.
Néanmoins si le concept est nouveau, la préoccupation est déjà
ancienne ; les travaux du Tavistock Institute dans les années 1950,
ceux d’E. Jacques notamment, se sont souciés de favoriser le déve-
loppement organisationnel (organizational development, souvent dési-
gné par l’abréviation OD) en prenant en compte d’abord ce qui
constituait les préoccupations des différentes catégories de salariés,
pour voir comment ces préoccupations pouvaient être orientées
vers le développement de l’organisation. Dès 1951, E. Jacques
employait l’expression « culture de l’entreprise » pour définir un
mode de pensée et d’action plus ou moins partagé par les membres
de l’entreprise. La culture d’entreprise comprend ainsi une vaste
gamme de comportements qui sont à la disposition de l’individu
pour s’orienter dans ses relations avec d’autres membres ou
groupes dans l’entreprise.
La culture d’entreprise en tant que système de valeurs partagées
est faite d’une ambivalence troublante dans la mesure où elle se
manifeste sur deux versants opposés de l’organisation : celui de
capacités d’innovation en partie inexploitées dont se trouve por-
teuse une entreprise en lien avec la mentalité qu’elle a sécrétée
tout au long de son histoire ; celui des routines, scléroses, inerties,
avantages acquis qui condamnent à terme l’entreprise en la vouant
à la paralysie. Articuler le projet sur la culture d’entreprise devient
alors une opération problématique : comment situer ce projet par
rapport à des capacités d’innovation à faire émerger tout en lui
faisant prendre ses distances avec les routines existantes ? Ce qui
est certain, c’est que nulle entreprise ne peut se doter de projet
sans d’abord assumer pour son propre compte sa culture à travers
un diagnostic de situation, pour ensuite articuler les intentions pro-
jetées en continuité ou en rupture par rapport à ladite culture. Le
diagnostic est un élément essentiel et premier dans l’élaboration du
projet d’entreprise ; mais faut-il encore, pour qu’il y ait projet, que
ce diagnostic soit l’objet d’une appropriation par les différents
acteurs. De façon quelque peu contradictoire, le projet se veut
assomption de la culture, sinon il est condamné à l’échec, par
l’exploitation de son imaginaire créateur et en même temps mise
à distance de cette culture par une critique de son imaginaire leur-
Meta-systems - 02-03-12 15:23:21
PU0174 U002 - Oasys 19.00x - Page 257 - BAT
Anthropologie du projet - Quadrige - Dynamic layout 145 × 200
Le projet partagé
apporter une plus-value par rapport à ce qui existe. Mais il ne vise pas
n’importe quel investissement économique, n’importe quelle rentabi-
lité sectorielle. Il lui faut présenter un caractère relativement global et
autonome. Il implique ainsi la prise en compte de quatre opérations
pour son élaboration. Ces opérations constituent dans leur enchaîne-
ment les étapes préparatoires au projet (Bridier, Michailof, 1980).
Elles permettent de définir les étapes de son ébauche :
— une identification des besoins à travers un diagnostic ;
— une détermination des choix techniques jugés les meilleurs
pour répondre aux besoins identifiés ; cette détermination qui
s’assurera de leur faisabilité sera située par rapport aux avantages
escomptés et aux coûts à engager ; elle pourra s’appuyer sur
l’inventaire des possibilités qui s’offrent à l’acteur qui projette
(OCDE, 1972). Elle se fera alors en deux phases :
• construction des différentes variantes du projet,
• comparaison des variantes et décision.
— une évaluation de la faisabilité technique et économique ;
— un avant-projet d’exécution.
Un projet, analysé en termes d’avantages-coûts, sera plus facile-
ment intégré à l’ensemble cohérent d’objectifs d’une politique
nationale qui lui fournit un cadre rationnel d’action ; les avantages
correspondent à la production nette du projet, c’est-à-dire aux
biens et services qu’il procure à l’économie et qui ne l’auraient pas
été sans lui ; ces avantages impliquent des bénéfices directs et des
bénéfices indirects, secondaires. Les coûts quant à eux peuvent être
définis comme la part de bénéfice sacrifié, le maximum de béné-
fices que l’on aurait pu retirer en ne se lançant pas dans ledit projet
(coûts d’opportunité) ou en se lançant dans un autre projet (coût
d’option) ; ces coûts sont analysés en fonction du principe des avan-
tages comparatifs. Ils peuvent être eux aussi directs et indirects. Le
projet sera alors acceptable lorsque les avantages excéderont les
coûts (Little, Mirriees, 1969, 1974 ; ONUDI, 1973 ; Squire, Van der
Tak, 1977).
Le projet de développement une fois élaboré est mis à exécution
puis évalué. Les évaluations sont nombreuses et souvent probléma-
tiques. Elles expriment bien à leur manière la précarité de cette
entreprise qu’est le projet de développement. Ce dernier concrétise
le face-à-face continuel entre deux partenaires aux statuts fort
contrastés : un agent qui propose une innovation à implanter (un
Meta-systems - 02-03-12 15:23:22
PU0174 U002 - Oasys 19.00x - Page 266 - BAT
Anthropologie du projet - Quadrige - Dynamic layout 145 × 200
Environnement du projet
à dominante spatiale à dominante temporelle
Héritiers et bâtisseurs :
de l’innovation à la création