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Chapitre V LET 64 Généralités sur les contraintes dues à la HT & Coordination de l’isolement

V.1 Introduction
Le mot coordination désigne des actions dont l’objectif est d’harmoniser deux ou plusieurs choses. C’est un concept tout
à fait commun que l’on rencontre fréquemment dans la vie courante. Dans le monde technique, il recouvre généralement
l’harmonisation d’une contrainte et d’une capacité de résistance à cette contrainte. De façon encore plus spécifique, à la
conception d’un réseau électrique, il est nécessaire de sélectionner des matériels afin qu’ils résistent aux différentes
contraintes auxquelles ils sont soumis sur ce réseau. Réciproquement, si le matériel existe et, par conséquent, si le
niveau de tenue est défini, alors on peut aussi songer à limiter les contraintes à des valeurs inférieures à ce niveau. La
coordination peut donc être obtenue soit en augmentant la tenue, soit en diminuant la contrainte. Comme toujours en
technique, il y a un compromis à trouver entre, d’une part, l’aspect confort d’utilisation qui demande que la tenue à la
contrainte soit bien supérieure à cette contrainte et, d’autre part, le point de vue économique qui requiert, pour
minimiser le coût des équipements, de réduire au strict nécessaire la tenue à la contrainte.
La coordination de l’isolement d’un réseau électrique s’intéresse, pour sa part, aux contraintes de tension et à leurs
pendants, les tenues diélectriques des matériels, tenues qui caractérisent la capacité d’une isolation à supporter certains
niveaux de tension sans rupture diélectrique, c’est‐à‐dire sans amorcer. La coordination de l’isolement consiste donc à
ajuster les tenues diélectriques en service des équipements (lignes, postes, transformateurs, alternateurs) aux niveaux des
surtensions susceptibles d’apparaître sur ces équipements durant leur exploitation, de telle sorte que la probabilité de
court-circuit due à la défaillance d’une isolation donnée soit acceptable tant du point de vue opérationnel
qu’économique. Cet ajustement est obtenu soit en diminuant les contraintes, soit en augmentant les tenues diélectriques,
soit, enfin, en agissant simultanément sur ces deux paramètres. Une des difficultés essentielles du processus de
coordination de l’isolement réside dans le fait que tant les contraintes de tension appliquées aux matériels que les tenues
diélectriques de ces matériels sont de nature probabiliste ; cette double incertitude rend délicat l’ajustement des tenues
diélectriques à spécifier par rapport aux contraintes.

V.2 L’importance de la coordination des isolements


En chaque point d’un système électrique, la coordination des isolements consiste donc à déterminer l’isolement optimal
en tenant compte des conséquences d’une avarie ou d’une interruption de service. Dans cette optique, on peut envisager
une gradation de l’isolement, c’est‐à‐dire de l’aptitude des isolations à supporter les contraintes électriques. Par
exemple, le risque de défaillance doit être pratiquement nul pour les isolations dont la défaillance empêche l’utilisation
pendant plusieurs jours d’une tranche nucléaire (isolation de ses transformateurs) et très faible pour l’isolation d’un jeu
de barres d’un poste, où les conséquences d’un amorçage sont graves ; par contre, un risque d’amorçage plus élevé peut
être toléré sur une ligne d’un réseau fortement maillé, puisque le temps pendant lequel la ligne doit être mise hors
tension pour qu’elle recouvre sa tenue diélectrique initiale n’est que de quelques centaines de millisecondes. Un facteur
essentiel pour définir le risque de défaillance acceptable d’un équipement (et donc son prix) est la qualité du service
exigée par les clients.
Cependant, il existe certaines contraintes électriques auxquelles aucune isolation économiquement réalisable ne
résisterait : c’est le cas notamment des surtensions dues à la foudre sur les réseaux BT ou MT, voire même HT et THT.
On accepte alors les amorçages inévitables en des points où ils peuvent se produire sans dommage durable et l’on
protège les autres points en équipant le réseau d’appareils de protection tels qu’éclateurs ou parafoudres ; le rôle de ces
appareils est de limiter les surtensions qui parviennent à leurs bornes en écoulant à la terre un maximum de l’énergie
injectée dans le réseau par la contrainte.
Un choix rationnel des isolements impose donc à la fois la connaissance des diverses contraintes électriques
apparaissant dans un réseau, la connaissance de la réponse des isolations à ces contraintes, celle des caractéristiques de
l’appareillage de protection et enfin celle des concepts et des méthodologies utilisés pour la mise en œuvre pratique de
la coordination de l’isolement. Ce dernier aspect est plus particulièrement important pour qu’un dialogue clair et
fructueux puisse s’établir entre le spécificateur qui définit les contraintes et les moyens de protection et le constructeur
qui, in fine, dimensionne les isolations des matériels. Ces quatre points sont explicités dans les paragraphes suivants.

V.3 Les surtensions


Une surtension est toute tension entre un conducteur de phase et la terre, ou entre conducteurs de phase, dont la
valeur de crête dépasse la valeur de crête correspondant à la tension la plus élevée pour le matériel, définie par la
norme CEI 71-1.
Une surtension est dite de mode différentiel si elle apparaît entre conducteurs de phase ou entre circuits différents.
Elle est dite de mode commun si elle apparaît entre un conducteur de phase et la masse ou la terre.

V.3.1 Distance d’isolement


Cette appellation regroupe deux notions, l’une de «distance dans les gaz (air, SF6, etc. ...)» et l’autre de «ligne de
fuite» des isolants solides:
 La distance dans les gaz est le plus court chemin entre deux parties conductrices ;
 La ligne de fuite est également le plus court chemin entre deux conducteurs, mais suivant la surface
externe d’un isolant solide.
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Ces deux distances sont directement liées au souci de protection contre les surtensions, mais leurs tenues ne sont
pas identiques.

V.3.2 Tenue en tension


Elle diffère, en particulier, suivant le type de surtension appliquée (le niveau de tension, le front de montée, la
fréquence, la durée ...). De plus, les lignes de fuite peuvent être sujettes à des phénomènes de vieillissement,
propres à la matière isolante considérée, entraînant une dégradation de leurs caractéristiques.

Figure : différents niveaux de tensions présents sur des réseaux MT-HT.

V.4 Origine des surtensions


Les surtensions peuvent être d'origine interne ou externe.

a) Origine interne :
Ces surtensions sont causées par un élément du réseau considéré et ne dépendent que des caractéristiques et
de l'architecture du réseau lui-même. A titre d'exemple, la surtension qui apparaît à la coupure du courant
magnétisant d'un transformateur.
b) Origine externe :
Ces surtensions sont provoquées ou transmises par des éléments externes au réseau, dont on peut citer à
titre d'exemple :
 Surtension provoquée par la foudre
 Propagation d'une surtension HT à travers un transformateur vers un réseau interne d'usine.

V.5 Classification des surtensions


La norme CEI 71-1 donne la classification des surtensions selon leur durée et leur forme.
Selon la durée, on distingue les surtensions temporaires et les surtensions transitoires :
a) Surtension temporaire : surtension à fréquence industrielle de durée relativement longue (de quelques périodes
à quelques secondes).
b) surtension transitoire : surtension de courte durée ne dépassant pas quelques millisecondes, oscillatoire ou non,
généralement fortement amortie.

Les surtensions transitoires sont divisées en :


 Surtension à front lent
 Surtension à front rapide
 Surtension à front très rapide.

V.6 Surtension sur une longue ligne à vide (effet Ferranti)


Une surtension peut se produire lorsqu’une ligne longue est alimentée à l’une de ses extrémités et non chargée à
l’autre. Elle est due à un phénomène de résonance qui se manifeste par une onde de tension à croissance linéaire
le long de la ligne. En effet, avec L et C désignant respectivement l’inductance et la capacité totale de la ligne. Us
et Ue étant les tensions à l’extrémité ouverte et à l’entrée de la ligne, le facteur de surtension est égal à:
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Us 1

Ue L.C. 2
1
2
Ce facteur de surtension est de l’ordre de 1,05 pour une ligne de 300 km et de 1,16 pour une ligne de 500 km. Ces valeurs
sont sensiblement les mêmes pour les lignes HT et THT. Ce phénomène se produit en particulier lorsqu’une ligne longue est
brusquement déchargée.

V.7 Formes de tensions normalisées


La norme CEI 71-1 donne les formes d'ondes normalisées utilisées pour effectuer les essais des matériels :
tension de courte durée à fréquence industrielle : c'est une tension sinusoïdale de fréquence comprise
entre 48 Hz et 62 Hz et de durée égale à60 s ;
tension de choc de manœuvre : c’est une tension de choc ayant une durée jusqu'à la crête de 250 μs et une
durée de descente jusqu'à la mi-valeur de 2500 μs ;
tension de choc de foudre : c'est une tension de choc ayant une durée de front montant de 1,2 μs et une
durée de descente jusqu'à la mi-valeur de 50 μs.

Figure: les différentes formes de surtensions.

V.8 Conséquences des surtensions


Les surtensions dans les réseaux électriques provoquent des dégradations du matériel, une baisse de la continuité
de service et un danger pour la sécurité des personnes. Les conséquences peuvent être très diverses suivant la
nature des surtensions, leur amplitude et leur durée. Elles sont résumées dans ce qui suit :
 claquage du diélectrique isolant des équipements dans le cas où la surtension dépasse leur tenue
spécifiée ;
 dégradation du matériel par vieillissement, causé par des surtensions non destructives mais répétées ;
 perte de l'alimentation suite aux coupures longues causées par la destruction d'éléments du réseau ;
 perturbation des circuits de contrôle - commande et de communication à courants faibles par conduction
ou rayonnement électromagnétique ;
 contraintes électrodynamiques (destruction ou déformation de matériel) et thermiques (fusion d'éléments,
incendie, explosion) causées essentiellement par les chocs de foudre ;
 danger pour l'homme et les animaux suite aux élévations de potentiel et à l'apparition des tensions de pas
et de toucher.

V.9 Pouvoir des pointes et effet de couronne


Le potentiel électrique V d’un conducteur de charge Q et de rayon de courbure R et le champ électrique en son
voisinage E sont donnés par la loi de Coulomb :
Q.
V .
4 0 R
Q.
E .
4 0 R 2
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Ainsi, si deux conducteurs sont au même potentiel V c’est celui possédant le rayon de courbure le plus petit (donc
plus pointu) qui développera un champ électrique plus intense. Entre un objet de rayon R = 10 cm et un autre de
rayon R’ = 1 mm soumis au même potentiel, il existera un rapport 100 entre les champs électriques développés en
leurs voisinages ! C’est le pouvoir des pointes : il explique que la foudre tombe préférentiellement sur les objets
pointus (clochers, arbres, mâts…) puisqu’en leur voisinage le champ électrique dépasse largement le champ de
rupture diélectrique de l’air. Si de plus les pointes sont portées à un potentiel important, le champ électrique peut
entraîner l’ionisation de l’air environnant, accompagné de crépitements et d’effluves lumineux bleutés : c’est
l’effet de couronne.

V.10 Surtensions atmosphériques « Foudre »


La foudre est un phénomène perturbateur important du fonctionnement de toutes les installations électriques, à
plusieurs titres :
 Toute la gamme de puissance et tous les niveaux de tension sont concernés : depuis le transport d’énergie
THT jusqu’aux circuits intégrés en passant par les alimentations BT et les transmissions de données ;
 Elle peut être à l'origine de perturbations momentanées dans la continuité de service, donc de
dégradations de la qualité des alimentations ;
 Elle peut causer des destructions de matériel, et en conséquence de longues interruptions de service des
installations ;
 Elle constitue un danger pour les personnes (tension de pas, élévation de potentiel des masses et du circuit
de terre).
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Notons que le champ électrique nuage-sol peut atteindre -15 à -20 kV/mètre sur sol plat. Mais la présence
d’obstacles déforme et augmente localement ce champ d’un facteur 10 à 100 ou même 1000 selon la forme des
aspérités (phénomène aussi appelé «effet de pointe»).
Le seuil d’ionisation de l’air atmosphérique est alors atteint, soit environ 30 kV/cm, et des décharges par effet
couronne se produisent. Sur des objets d’assez grande taille (tour, cheminée, pylône) ces décharges peuvent être à
l'origine des coups de foudre, ou les diriger.

V.10.1 Classification des coups de foudre


a) Un coup de Foudre -CdF-, entre nuages et terre, se décompose en deux phases : le développement d’une
prédécharge ou traceur (leader en anglais), canal ionisé, qui provoque le coup de foudre proprement dit, décharge
d’arc visible de courant intense.
Les CdF se distinguent selon deux critères principaux qui sont leur sens de déplacement et leur polarité :
CdF descendants : développement du traceur depuis les nuages vers le sol (cas sur terrains assez plats) ;
CdF ascendants : développement du traceur depuis le sol vers les nuages (cas de terrains montagneux) ;
CdF négatifs lorsque la partie négative du nuage se décharge (80 % des cas en pays tempérés) ;
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CdF positifs lorsque la partie positive du nuage se décharge.

V.10.2 Paramètres d’un coup de foudre


Quelques valeurs moyennes caractérisant la foudre :
 courant du traceur : 25000 à 75000 A
 durée moyenne d’un arc : 30 ms
 durée moyenne d’un éclair (décharge totale) : 100 à 600 ms
 nombre moyen de décharges lors d’un éclair : 2 à 5
 différence de potentiel nuage-terre moyenne : 20 MV à 100 MV
 énergie libérée moyenne lors de la décharge totale : 300 kWh, entraînant l’échauffement du
 traceur (température moyenne de l’éclair : 15000°C), la dilatation très rapide de l’air responsable
d’ondes de choc, source du tonnerre.
 un coup de foudre correspond en moyenne à un transfert de charge de 15 à 70 C entre la terre et le
nuage.
 le canal ionisé n’obéit pas à la loi d’Ohm : la relation entre l’intensité du courant qui le traverse I et la
différence de potentiel V dont il est le siège suit une loi du type :
3
I  a.V 2

où a est une constante. Cette loi est de la même forme que celle de Child-Langmuir obtenue pour les décharges
électroniques dans un tube de décharge à vide.

Les paramètres essentiels d’un coup de foudre sont regroupés dans le tableau suivant :

V.11.3 Forme d’onde du coup de foudre


Le phénomène physique de la foudre correspond à une source de courant impulsionnel, à savoir une suite de
décharges d’une quantité d’électricité sur un court intervalle de temps.
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Figure: Oscillogramme d’un courant de foudre.

La forme d’onde réelle est très variable : elle consiste en un front de montée jusqu’à l’amplitude maximale (de
quelques microsecondes à 20 microsecondes) suivi d’une queue de décroissance de quelques dizaines de
microsecondes. Le domaine spectral associé s’étend dans une bande de 10 kHz à plusieurs MHz.

V.10.4 Amplitude du coup de foudre


L'amplitude des coups de foudre varie suivant une loi de distribution log-normale. On détermine alors la
probabilité de dépassement d'une amplitude donnée (figure). On remarque, par exemple, que pour la courbe
moyenne (IEEE), la probabilité de dépasser une amplitude de 100 kA est de 5 %. Ce qui signifie que 95 % des
coups de foudre ont une amplitude inférieure à100 kA.

V.10.5 Le coup de foudre direct


Le coup de foudre direct se manifeste par l’injection dans la ligne, d’une onde de courant de plusieurs dizaines de
kA. Cette onde de courant, qui peut faire fondre des conducteurs en se propageant de part et d’autre du point
d’impact provoque une augmentation de tension U donnée par la formule :

1
U .i.Z C
2
Avec i le courant injecté et Zc l’impédance homopolaire caractéristique de la ligne (300 à 1000 ohms). U atteint
donc des valeurs de plusieurs millions de volts, ce qui n’est supportable par aucune ligne. En un point de celle-ci,
par exemple au premier pylône rencontré par l’onde, la tension croît jusqu’à ce que se produise le claquage de la
distance d’isolement (la chaîne d’isolateurs).
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V.10.6 Le coup de foudre indirect


Lorsqu’il se produit sur un support, ou même simplement à proximité d’une ligne, des surtensions importantes
sont générées dans le réseau. Ce deuxième cas, plus fréquent que le précédent, peut se révéler presque aussi
dangereux.

Si la foudre tombe sur le pylône ou le câble de garde, l’écoulement du courant provoque l’augmentation
du potentiel de la masse métallique par rapport à la terre. La surtension U correspondante peut atteindre plusieurs
centaines de kV.
1 1 di
U .i.R  .L.
2 2 dt
Avec R : résistance en onde raide de la prise de terre ;
L : inductance du pylône et/ou du conducteur de mise à la terre.

Si la foudre tombe à proximité de la ligne, l’écoulement de l’énergie vers le sol provoque une variation
extrêmement rapide du champ électromagnétique. Les ondes induites sur la ligne sont similaires en forme et en
amplitude à celles obtenues par choc de foudre direct. Leur caractéristique principale est leur front très raide (de
l’ordre de la micro seconde), et leur amortissement (apériodique ou pas) très rapide (caractéristiques typiques de
ces ondes selon norme CEI 60 : durée de front de 1,2 ms et durée de queue : 50 ms).

lorsque l’onde de tension résultant d’un coup de foudre traverse d’un transformateur MT/BT, la
transmission se fait essentiellement par couplage capacitif. L’amplitude de la surtension ainsi transmise, observée
sur le secondaire du côté BT, est inférieure à 10 % de ce qu’elle était du côté MT (généralement inférieure à 70
kV) . Ainsi, sur les lignes BT, les surtensions induites sont en général inférieures à 7 kV.

V.11 Les dispositifs de protection contre les surtensions

V.11.1 Câbles de garde


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Les câbles de garde ne transportent pas le courant. Ils sont situés au-dessus des conducteurs. Ils jouent un rôle de
paratonnerre au-dessus de la ligne, en attirant les coups de foudre pour éviter une éventuelle surtension au niveau
des conducteurs. Ils sont en général réalisés en almelec-acier.

V.11.2 Paratonnerre
Le paratonnerre se compose d’une tige placée au dessus du bâtiment à protéger. Cette tige est reliée à la terre par
un ou plusieurs feuillards de cuivre (conducteur de descente). La réalisation de la prise de terre en patte d’oie doit
être particulièrement soignée. L’étude et la réalisation d’un paratonnerre se fait selon les prescriptions définies
dans la norme NF C 17-100. Les observations montrent que la protection est bonne contre les coups de foudre
directs dans un cône dont le sommet coïncide avec la pointe et de demi angle au sommet 45°.

V.11.3 Eclateur
L’éclateur est un dispositif de limitation des surtensions, il est le plus simple, le plus ancien, le plus robuste et le
moins cher des moyens de protection. L’éclateur est généralement constitué de deux électrodes, l’une reliée à
l’élément à protéger, l’autre à la terre, comportant un intervalle d’éclatement d’air libre entre les deux électrodes.
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Figure : Tension disruptive de manœuvre et de foudre pour éclateur pointe - pointe à pointe - plan

V.11.3 Parafoudre
Afin d’éviter les inconvénients inhérents au principe de l’éclateur simple, une autre catégorie d’appareils de
protection a été développée : les parafoudres. Les parafoudres sont des appareils qui, comme les éclateurs,
écoulent une onde de courant lorsqu’une surtension arrive à leurs bornes, maintenant ainsi la surtension dans
certaines limites. Mais, avantage énorme sur les éclateurs, ils limitent eux‐mêmes l’amplitude (grâce à une
résistance non linéaire) et la durée du courant que le réseau continue de débiter à travers eux après le passage de
l’onde due à la surtension, sans que, généralement, les disjoncteurs de ce réseau n’aient à fonctionner. Le principe
de base est montré sur les figures suivantes :

Figure : Elément de parafoudre


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Figure : Croquis expliquant le fonctionnement d’un élément de parafoudre avec éclateurs à soufflage magnétique
et résistances non linéaires :
(a) évolution des grandeurs électriques lors du processus d’amorçage et d’extinction ;
(b) élément de parafoudre à l’état normal ;
(c) au moment du passage du courant de décharge ;
(d) au moment du passage du courant de suite ;
(e) à l’état normal.

V.12 Conclusion
Ce chapitre a pour but de faire mieux connaître les perturbations de tension, les moyens de les limiter ainsi que les
dispositions normatives pour permettre une distribution sûre et optimisée de l’énergie électrique, cela grâce à la
coordination de l’isolement.
La coordination des isolements vise à trouver un juste équilibre entre la fiabilité des matériels du point de vue
diélectrique d’une part et de leur dimensionnement, donc de leur coût, d’autre part.
La détermination des tensions de tenue de coordination consiste à fixer les valeurs minimales des tensions de
tenue de l’isolation qui satisfont au critère de performance quand l’isolation est soumise aux surtensions
représentatives dans les conditions de service.
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LET64 _ TD5
Exercice1
Soit un coup de foudre dont le courant maximum 70 kA est atteint en 2 µs. Le temps à mi-hauteur est de 50µs. On
donne la résistivité de la terre, ρ =1 kΩ.m. Un relais TNT se situe à 200 m du point d’impact du coup de foudre.
Entre le bâtiment et le pylône, il existe une boucle de 8m x 2,5m.
La fréquence du coup de foudre est de 159,15 kHz.
1) Calculer la tension induite dans la boucle.
2) Une personne déambule à 400 m du point d’impact de ce coup de foudre en faisant des enjambées de 80cm.
Calculer le potentiel auquel est soumis le promeneur.

Exercice 2 :
Le champ électrique dans un nuage est essentiellement vertical et on supposera dans tout cet exercice qu'il est
strictement vertical. Les figures suivantes donnent un exemple de profil de sa valeur algébrique, comptée
positivement pour un champ dirigé vers le haut.

Le nuage est chargé et l'on peut distinguer deux zones chargées positivement et une chargée négativement. Au
voisinage du sol, se développe sur une hauteur de l'ordre de 500 m, une zone chargée positivement par ionisation
de l'air due à l'effet de pointe. La première phase d'un coup de foudre est la formation d'une prédécharge peu
lumineuse appelée traceur qui progresse à travers l'air avec une vitesse relativement faible. Cette prédécharge
prend naissance d'une part au sol (coups de foudre ascendants), d'autre part dans le nuage (coups de foudre
descendants).
Lorsque les traceurs se rejoignent, il s'établit une liaison conductrice entre le nuage et le sol, qui va permettre le
passage d'un courant de forte intensité.
Questions :
1- Évaluer la charge totale Q écoulée et l'intensité moyenne Im du courant de foudre.
2- En modélisant la valeur algébrique du champ électrique, estimer la différence de potentiel U entre le sol et le
bas du nuage (situé à une altitude de H0  3km).
3- Lors de la décharge, on admet que l'énergie électrique dissipée E est celle d'un condensateur possédant la
charge Q sous la ddp U.
4- Évaluer l'énergie E au cours de cette décharge ainsi que la capacité C du condensateur équivalent. Est-il
envisageable de récupérer pratiquement cette énergie ?
5- Comment faire pour résoudre les nombreux problèmes techniques qui ne manqueraient pas de surgir :
localisation a priori irrégulière et non reproductible du lieu de chute de la foudre, récupération immédiate
d'une énergie considérable difficile à emmagasiner, problèmes liés à la sécurité de l'installation, ... ?

Exercice 3 :
Lorsque le courant de foudre d’un impact direct sur un paratonnerre s’écoule par la prise de terre d’une
installation, de fortes surtensions peuvent apparaître. La résistance de la prise de terre ne doit pas excéder 30 .
Considérons alors (Figure) une prise de terre constituée par une demi-sphère métallique pleine, de rayon a et
placée dans un sol de résistivité =100 .m . Un courant de foudre, d’intensité I, arrive sur la tige paratonnerre
fixée au centre C de l’hémisphère.
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On traite le problème à l’aide des lois de l’électromagnétisme des régimes permanents (ou stationnaires). On fera
donc ici E   gradV .
1. Rappeler l'expression locale de la loi d'Ohm pour le sol en faisant intervenir J , E et la Résistivité .
2. Quelle est la forme des lignes de courant dans la terre ?
3. En déduire, à la distance r > a, la densité de courant J(r) en fonction de I et de r.
4. Déterminer le potentiel V (r), ce dernier étant nul à l’infini.
5. Déterminer la valeur du potentiel (différence de potentiel entre la demi-sphère et l'infini) noté U pris par la
demi-sphère.
6. La résistance de terre étant définie par R=U/I, calculer le rayon a de l’hémisphère de telle manière que la
valeur de la résistance soit inférieure à 30 .
7. La tension de pas VP est définie comme la différence de potentiel entre deux points de la surface du sol distants
de un mètre et situés sur la même droite issue du centre C de l'hémisphère, calculer cette tension de pas pour un
courant I = 50 kA à 10 mètres puis à 100 mètres de la prise de terre.
8. Sachant que la résistance entre les deux pieds d’une personne est de 2,5 k , quel serait l’ordre de grandeur de
l’intensité qui s’écoulerait à travers le corps de la personne ?
9. Sachant que l’intensité dans la personne ne doit pas dépasser 25 mA, à quelle distance doit-elle se trouver du
point d’impact ?

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