Introduction
La réaction de la société face à la délinquance n’est pas instinctive et arbitraire ; elle est réfléchie, réglementée, essentiellement judiciaire.
D’abord le délinquant est jugé par les juridictions instituées à cet effet. Ensuite, il est condamné par l’autorité judiciaire. Finalement, il
subit la peine
Entre l’infraction commise et la peine il y a le procès. Il est intenté par le ministère public (celui qui exerce la mission de sauvegarde de
l’intérêt général) dont l’ordre a été troublé contre l’auteur de l’infraction pour faire prononcer par le juge la peine prévue par la loi.
La procédure pénale est l’ensemble de règles qui régissent l’organisation, le déroulement et le jugement du procès. Elle a pour objet la
réglementation du procès pénal. Elle détermine l’organisation et la compétence des différentes juridictions appelées à trancher les procès
répressifs. Elle fixe les règles est les règles et formes de la recherche, constatation et la poursuite des infractions, pour l’établissement des
preuves (instruction préparatoire) et le jugement du délinquant à l’audience.
Elle règlemente l’autorité et les effets des jugements répressifs et les voies de recours susceptibles d’être exercées contre les jugements.
Réglementé par le code de procédure pénale de 2003.
1) Différence de but (l’AP tend à la réparation du trouble social, à la sanction de la violation de la loi, l’AC tend à la réparation
du préjudice occasionné),
2) Différence de fondement (l’AP repose toujours sur un texte précis de la loi pénale, celui posant la norme qui a été enfreinte
‘principe de la légalité’, l’AC est toujours fondée sur l’art 77 du DOC ‘responsabilité du fait perso’),
3) Différence de nature (l’AP est d’ordre public, personne ne peut y renoncer même pas le ministère public sauf exceptions
prévues par la loi, elle appartient à la société qui ne peut y renoncer que par loi d’amnistie ; l’AC est dans le patrimoine privé
de la victime qui peut y renoncer ou transiger)
4) Différence de sanction (l’AP a pour sanction une peine infligée à l’individu, proportionnée à la faute qu’il a commise, l’AC a
pour aboutissement une réparation proportionnée au dommage subi),
5) Différence portant sur les parties à l’action (les demandeurs à l’AP et à l’AC sont respectivement le ministère public et la
victime, les défendeurs sont exclusivement les coupables pour l’AP et outre les présumés coupables les héritiers de ceux-ci
ou les personnes civilement responsables pour l’AC.
Les différences sont donc très apparentes et très sensibles, mais il y a, également, de nombreux rapports entre les deux actions qui
expliquent que la loi ait établi une certaine solidarité entre les deux actions :
L’AC et l’AP sont nées du même fait > les agissements poursuivis ont à la fois réalisé l’infraction et causé le dommage
individuel. Il est à noter que certaines infractions (port d’arme prohibé) ne causent pas de préjudice individuel mais
seulement un trouble social, et ne donnent alors naissance qu’à l’AP.
Un même élément moral (la faute) est la base de l’une et de l’autre.
Le législateur a établi entre les deux actions, une solidarité qui se manifeste à plusieurs points de vue : -les deux actions peuvent être
portées ensemble devant les mêmes juges (les juges répressifs), il y a qu’une faculté à la victime de porter son action civile devant le
juge civil –Si la victime porte son action civile devant le juge répressif, son initiative a pour effet de déclencher automatiquement
l’action publique si elle ne l’avait pas encore été.
Causes d’extinction communes à l’AP et l’AC :
Principes : Il y’avait autrefois une étroite solidarité en l’AP et l’AC. La prescription de l’AP entrainait celle de l’AC.
Nouvelle modification par l’art 14 : l’AC se prescrit selon les règles du code civil. Toutefois, si cette action ne peut plus être engagée
devant la juridiction répressive après l’expiration du délai de prescription de l’AP. Lorsqu’il a été statué sur l’action publique, les
mesures d’instruction ordonnées par le juge pénal sur les seuls intérêts civils obéissent aux règles de la procédure civile.
Le seul lien entre les deux actions en prescriptions est que l’AC peut être portée devant le juge civil pendant 5ans à partir du moment
où la partie lésée a eu connaissance du dommage et de celui qui est tenu d’en répondre et dans tous les cas pendant 20ans, à partir du
moment où le dommage a eu lieu. Si la victime a opté pour la voie répressive, elle doit agir avant que le délai de prescription de l’AP
ne soit écoulé sinon le juge ne peut connaître de l’AC qu’accessoirement à l’AP.
L’expiration de délai de prescription de la ‘action publique n’éteint pas l’AC, elle oblige simplement la victime à porter son action en
réparation devant le juge civil.
La seule cause vraiment commune d’extinction de l’AC est de l’AP est aujourd’hui l’autorité de la chose jugée. Il y a chose jugée au
pénal lorsque les faits reprochés ont donné lieu à une poursuite qui a été terminée par une décision définitive sur le fond (plus de voie
de recours). Les décisions rendues par les juridictions de jugement ont autorité de la chose jugée.
Les décisions des juridictions d’instruction n’ont pas cette autorité. La décision qui a autorité de la chose jugée au pénal éteint l’action
publique, désormais aucune poursuite pénale ne peut être intentée à raison des mêmes faits, même sous une qualification différente
(apparition de charges nouvelles après la décision d’acquittement ou de relaxe). La décision pénale qui a acquis l’autorité de la chose
jugée (acquittement ou condamnation) a une influence capitale sur l’action civile, c’est ce qu’on appelle le principe de l’autorité de la
chose jugée au pénal sur le civil. Ainsi, si le jugement rendu sur l’AP est une condamnation, l’AC sera admise (sauf si elle se heurte à
une cause spéciale d’irrecevabilité). Le jugement établit de façon irréfragable la faute de l’auteur.
Par contre, une décision d’acquittement entraîne automatiquement l’insuccès de l’AC. Elle établit de façon irréfragable que la personne
poursuivie n’a commis aucune faute.
1) La prescription de l’AP :
*fondement de la prescription : le trouble causé à l’ordre public s’est apaisé avec le temps et il serait ravivé par les poursuites tardives
qui auraient l’inconvénient de mettre en évidence la défaillance prolongée des pouvoirs publics. Les poursuites intentées longtemps
seront difficiles à mener car les preuves seront difficiles à réunir. En outre, on fait état à l’insécurité dans laquelle le coupable à dû
vivre pendant la durée de la prescription et qui a pu constituer une forme de châtiment.
*le délai de la prescription de l’AP est de 15 ans pour les crimes, 4 ans pour les délits et 1 an pour les contraventions (art 5 et 6 du
CPP).
*point de départ du délai : le délai court du moment où l’infraction a été commise. Cependant, lorsqu’il s’agit d’une infraction
continue, le point de départ se situe seulement au moment où l’état délictueux a cessé. En cas de crime commis contre un mineur, le
délai de prescription ne commence à courir qu’à partir de la majorité de celui-ci. En matière d’homicide par imprudence, qu’à partir de
la survenance du décès de la victime.
*interruption de la prescription : ses effets sont pareils qu’en droit civil mais ses causes sont particulières. Ses causes : acte de
poursuite (citation en justice, réquisitoire afin d’informer) ; acte d’instruction (interrogatoire de l’inculpé, audition de témoins) et toutes
les décisions judiciaires sur la poursuite.
*suspension de la prescription : mêmes effets qu’en droit civil, c’est arrêter provisoirement le cours de la prescription, lequel
recommence, lorsque la cause de la suspension a cessé, au point où il en était resté. La prescription est exceptionnelle en droit pénal, la
jurisprudence en a reconnu certaines applications : dans le cas de poursuite contre un parlementaire, la suspension a eu lieu pendant le
temps entre la demande de mainlevée de l’immunité et le moment où elle était accordée.
2) Décès du délinquant avant le déclenchement des poursuites ou après, avant la décision définitive. La dissolution d’une personne
morale. L’AC est poursuivie contre les héritiers du cujus.
3) Amnistie : efface les condamnations prononcées. Entraine la remise de toutes les peines. Rétablit l’auteur ou le complice dans le
bénéfice de sursis. Elle a un effet sur les poursuites et sur les peines prononcées suite à elle. Seul le législateur peut la décider vu
que c’est lui qui avait incriminé les faits. Elle éteint l’AP mais non l’AC qui reste possible seulement devant les tribunaux civils
sauf si le juge répressif soit déjà saisi. Elle ne préjudicie pas aux tiers. (Abrogation partielle ne visant que le passé)
4) Abrogation de la loi pénale : à caractère définitif, le fait n’est plus une infraction, il n’est plus incriminé ni pour l’avenir ni pour le
passé en vertu de l’effet immédiat (rétroactif) des lois pénales plus douces de sorte que les poursuites ne sont plus possibles.
5) Transaction : dans certaines matières (infraction fiscales, infractions douanières), la loi dispose qu’une transaction peut mettre fin
aux poursuites, cette possibilité est exceptionnelle. Elle n’est pas possible car l’AP est d’ordre public.
6) Retrait de plainte lorsque celle-ci est une condition nécessaire à la poursuite (abandon de foyer, adultère) sinon elle ne constitue pas
une cause d’extinction de l’AP.
1) Prescription de l’AC selon les règles du code civil (et aux règles relatives à l’interruption ou à la suspension de la prescription) donc
les règles du droit commun sauf dans le cas où la créance mise en recouvrement serait contractuelle ou soumise à l’une des courtes
prescriptions prévues par le droit civil.
2) Autres causes : toutes les causes d’extinction des obligations en droit civil peuvent s’appliquer à l’AC. Ex : renonciation totale de la
créance.
-Les auditions : la PJ entend toutes les personnes qui lui paraîtront susceptibles d’apporter des renseignements intéressant, y compris
le plaignant et le suspect. S’ils refusent, le parquet est informé et peut les contraindre par la force publique ou par perquisition après
autorisation du procureur (il faut 2témoins hors la police judiciaire pour y procéder)
-Constatations matérielles : elles doivent être réalisées sans coercition. L’OPJ peut avoir recours à des personnes qualifiées s’il y a
lieu à procéder à des des constatations ou examens techniques ou scientifiques.
-Perquisitions, visites domiciliaires et saisies : elles sont subordonnées au consentement expresse et écrit de la personne chez qui
elles ont lieu (art 79). Les heures légales doivent être respectées (6h à 21h, art 62). Les perquisitions et saisies peut être faite par aussi
pas les agents de police judiciaire agissant sous le contrôle des OPJ.
L’alinéa 2 de cet art prévoit des dérogations au droit commun quand il s’agit d’infraction entrant dans le champs d’application de la loi
relative à la lutte contre le terrorisme, ou d’atteintes à la sûreté de l’Etat (touchent l’ordre public et cause des dégâts), les perquisitions
peuvent avoir lieu en dehors des heures légales sur autorisation écrite du ministère public.
De même, lorsque la demande émane du chef de maison ou d’un appel venant de l’intérieur, ainsi que dans les locaux de travail nocturne
habituel.
Art 59 al 4 : les perquisitions dans le cabinet d’un avocat ou à son domicile ne peuvent être effectuées que par un magistrat du parquet et
en présence du bâtonnier ou son délégué.
De même pour perquisitions dans le cabinet d’un médecin, d’un notaire ou d’un huissier ou à leur domicile ne peuvent être effectuer que
par un magistrat et la personne responsable de l’ordre ou de l’organisation professionnelle à laquelle appartient l’intéressé ou de son
représentant. (Les perquisitions vont porter sur les documents de l’infraction ‘secret professionnel’)
L’enquête en cas de crime ou délit flagrant : (infraction consommée / en train de se commettre / commise et poursuivie)
Les pouvoirs de la PJ sont alors plus étendus et présentent un caractère coercitif.
a- L’infraction est flagrante dans les cas suivants :
-l’infraction se commet actuellement, en cours d’exécution et sa commission se manifeste par un indice flagrant
-l’infraction vient de se commettre, elle est consommée mais les effets sont encore visibles, les choses et personnes sont encore en place
ou proches
-la personne soupçonnée est –dans un temps très voisin de l’action- poursuivie par la clameur publique (cris ‘au voleur’)
-la personne soupçonnée est –dans un temps très voisin de l’action- trouvée en possession d’objets ou présente des traces ou indices
laissant penser qu’elle a participé à l’infraction. L’infraction commise dans une maison dont le cher requiert la constatation du PDR ou
OJ
Lorsque l’infraction flagrante est un crime ou un délit punissable d’une peine d’emprisonnement, ou lorsqu’il s’agit d’une tentative, la
police dispose de pouvoirs qu’elle exerce de façon coercitive, ses obligations peuvent être résumés comme suit : avis immédiat au
ministère public & transport sans délai sur les lieux.
Les conditions dans lesquelles sont prises les décisions relatives à la poursuite :
Souvent le PDR ne se contente pas seulement de la plainte, dénonciation, rapport ou PV mais demande aussi des renseignements à la
PJ. Et pourra apprécier si une poursuite est légalement possible et si elle paraît opportune. Il se décide en principe à la suite de cette
double appréciation avec une entière liberté ayant des limites et exceptions.
Appréciation de la légalité de la poursuite : cette appréciation porte sur 2 points : il doit s’assurer que les éléments constitutifs d’une
infraction paraissent effectivement réunis (le problème du bien- fondé de l’AP), il doit trouver la qualification pénale adéquate ;
vérifier que les éléments matériels et psychologiques requis existent bien en l’espèce ; examiner si aucune cause d’impunité ne se
présente (immunité); et déterminer quelles sont les personnes à poursuivre.
Le procureur doit également s’assurer qu’aucun obstacle de forme ne s’oppose au déclenchement de la poursuite (le problème de la
recevabilité de l’AP). La recevabilité suppose la vérification de la compétence de la juridiction d’instruction ou le jugement saisie en
fonction de la qualification retenue, et la recherche des causes d’extinction possibles de l’AP (prescription, décès…).
Le Procureur examinera aussi s’il ne s’agit de l’une de ces infractions pour lesquelles la poursuite ne peut avoir lieu que sur plainte de
la victime, dénonciation ou autorisation d’une administration, dans ce cas il devrai vérifier si le document me figure déjà dans le
dossier.
Appréciation de l’opportunité de la poursuite : Si le préjudice social est peu important, si l’objet de l’infraction est insignifiant, si le
coupable a été mû par des mobiles excusables…, etc. il arrive que le ministère public estime que la poursuite est inopportune. L’art 40
du CPP dispose que le procureur apprécie la suite à donner aux plaintes et dénonciations, ce pouvoir comporte un risque d’arbitraire
ou partialité. Cette décision est soumise au contrôle hiérarchique de ses chefs et que d’autre part la victime peut mettre elle-même
l’AP en mouvement en se constituant partie civile.
La liberté de décision du procureur du roi et ses limites : En principe, le procureur prend sa décision de poursuite avec une entière
liberté. Ce principe est tempéré par la subordination hiérarchique, le procureur doit exécuter les ordres reçus, ses supérieurs ne
peuvent agir à sa place. Il peut prononcer oralement un réquisitoire contraire aux ordres reçus et aux conclusions qu’il a déposées
par écrit. Dans certains cas (exceptions), il ne peut intenter motu proprio une poursuite qu’il estime souhaitable : lorsque la loi
subordonne la recevabilité des poursuites à une plainte ou une dénonciation préalable, lorsque la loi subordonne la recevabilité des
poursuites à une autorisation préalable (le cas de l’immunité parlementaire, il faut d’abord demander une mainlevée de l’immunité).
La décision du procureur peut être une décision de classement sans suite ou une décision de poursuite. :
Décision de classement s’il pense que les poursuites sont irrecevables (ex : AP éteinte), s’il pense que l’AP serait mal fondée (élément
non réunis, charge de preuve difficile, auteur non identifiable), ou simplement s’il estime que les poursuites sont inopportunes.
Le dossier est classé dans l’archive. Le classement n’est pas un jugement, mais une décision administrative, il n’est pas susceptible d’un
recours juridictionnel. Cette décision n’a pas l’autorité de la chose jugée et il est possible de revenir sur cette décision tant que la
prescription n’est pas acquise.
Décision de poursuite : si le PDR estime que l’AP est recevable, bien fondée et opportune. Dès son exécution, elle devient irrévocable.
La mise en mouvement de l’AP présente un caractère irréversible, personne ne peut arrêter le mécanisme de répression. Le procureur
peut soit saisir le juge d’instruction par un réquisitoire afin d’informer, soit user de la citation directe saisissant la juridiction de
jugement.
Le procédé de l’information : s’impose pour les crimes, lorsque la peine prévue est la mort, la réclusion perpétuelle ou lorsque la peine
maximale est de 30 ans de réclusion, pour les crimes commis par les mineurs et pour les délits en vertu d’une disposition spéciale de la
loi. C’est le seul moyen de mettre en mouvement l’AP lorsque l’auteur de l’infraction est inconnu. Ce procédé a pour effet de saisir le
juge d’instruction, il sera appelé à se prononcer sur la suffisance des charges après s’être livré à une enquête (l’information).
Pour utiliser ce procédé, le procureur adresse un réquisitoire au juge d’instruction qui décrit les faits reprochés, l’infraction, l’identité
des personnes poursuivies (il peut être délivré contre X). La partie lésée peut également utiliser ce procédé en adressant au juge
d’instruction une plainte exposant les faits et précisant qu’elle entend se constituer partie civile.
Les procédés de la citation directe : consiste à saisir directement la juridiction de jugement (sans passer par la phase préparatoire), elle
se présente sous la forme d’un exploit d’huissier délivré à la requête du procureur ou de la victime et citant le prévenu à comparaître
devant la juridiction de jugement pour s’entendre condamner aux peines prévues par la loi. Elle doit mentionner les faits reprochés et
les dispositions légales sur lesquelles ils tombent. Elle a pour effet de saisir la juridiction de jugement.
CH 3 : L’instruction préparatoire :
Les affaires délicates ne peuvent venir devant la juridiction qu’après une lumière sur les circonstances de l’infraction et sur le
délinquant parce que l’instruction définitive ne saurait éclairer ses points. Elle permet à la juridiction de se prononcer dans les
meilleurs conditions (éviter les affaires douteuses). L’instruction permet d’apprécier la suffisance des charges.
L’instruction préparatoire est obligatoire en matière criminelle (peine de mort, réclusion perpétuelle, réclusion de 30ans, crimes par
mineurs). Elle est facultative en matière délictuelle.
Le juge d’instruction auprès du TPI est désigné parmi les magistrats du siège pour une durée de 3 ans renouvelable. Le juge
d’instruction auprès de la Cour d’Appel est désigné parmi les conseillers de la cour pour une durée de 3 ans renouvelable.
Le juge d’instruction doit toujours être assisté d’un greffier. La procédure de l’instruction préparatoire est organisée, en principe, sur
le mode inquisitoire (écrite, secrète et non contradictoire).
CH 4 : le jugement :
La phase de jugement suit normalement la phase d’instruction, mais il est possible qu’elle soit abordée directement si l’affaire ne
paraissait pas exiger des investigations particulières ou si la loi n’impose pas le procédé de l’information.
Il faut examiner la procédure devant la juridiction de jugement, les débats qui se déroule à son audience et la décision à rendre.
La publicité des débats : c’est un principe fondamental, il ne peut y être dérogé que si ces débats présentent un danger
pour les mœurs, pour la sécurité, dans ces cas la juridiction ordonne des débats à huis clos.
Les débats des juridictions de mineurs ont lieu avec une publicité restreinte. Les personnes admis sont : témoins, proches
parents, tuteur, kafil, représentant légal, institution de sa protection, membres du barreau, délégués à la liberté surveillée,
magistrats, partie civile, il est possible d’écarter le mineur qui sera remplacé par son conseil.
Les débats : les débats ont lieu oralement, la lecture de pièces écrites est exceptionnelle (pouvoir de discrétionnaire du
président) et le greffier se contente de noter sommairement le déroulement de l’audience sauf si le président l’ordonne de
noter textuellement certains propos.
Le principe du contradictoire : les débats sont contradictoires, les parties discutent à un pied d’égalité sous le contrôle et la
direction du président de la juridiction et la police de l’audience. Le prévenu doit en principe comparaitre en personne, il
peut solliciter par lettre au président d’être jugé en son absence si son état ne lui permet pas. Dans ce cas son défendeur
pourra être entendu en son nom et le jugement est réputé contradictoire.
Si le prévenu est absent sans motif, il sera jugé par défaut et son défenseur ne pourra être entendu, si la citation adressée à
celui-ci avait été livrée à sa personne ou s’il est établi qu’il en avait eu la connaissance. Le jugement sera réputé
contradictoire pour éviter des abus et manœuvres dilatoires.
Le déroulement des débats : les débats à l’audience comportent une instruction dite définitive, c’est un examen et un affrontement
des preuves et l’inculpé est interrogé… Les témoins sont écartés de l’audience jusqu’à ce qu’ils aient été entendus. La juridiction de
jugement peut, au cours de l’instruction définitive, ordonner des mesures d’instructions nouvelles (faire citer un témoin, ordonne
certaines pièces). La juridiction peut décider un procédé à un supplément d’information s’il faut procéder à une série d’opérations
complexes.
Après l’instruction définitive, l’avocat de la partie civile présente sa demande, puis le ministère public prononce un réquisitoire. Enfin,
le défenseur expose sa plaidoirie. L’accusé ou le prévenu doit toujours avoir la parole en dernier.
Section 2 : la décision :
La délibération sur la décision : toutes les décisions prises par une juridiction de jugement doivent être délibérée sur le siège, ou en
chambre de conseil. La délibération et ses détails sont secrets.
Elle est nécessaire ou accessoire à la solution des questions (de culpabilité qui sera décidée en principe selon l’intime conviction des
juges ou de peines à appliquer) préalables qui doivent être régler par jugement. Dans les juridictions collégiales, chaque juge donne
son avis commençant par le moins ancien.
Formes de la décision :la décision est rendue soit à l’audience ou les débats ont eu lieu soit à une audience ultérieure. Elle doit être
motivée, elle doit énoncer les infractions reconnues, les peines prononcées et les textes de loi appliqués.
Sens et effets de la décision :
Les décisions avant dire droit : elles ne tranchent pas le fond du procès mais préparent seulement sa solution. Elles
tranchent certains incidents contentieux, ou ordonnent des mesures permettant d’éclairer la juridiction, elles sont prises
avant de dire le droit. Ex : jugement sur la recevabilité de la partie civile, rejetant une exception d’incompétence, statuant
sur une demande de mise en liberté, ordonnant un supplément d’information...
Elles ne dessaisissent pas la juridiction du procès.
Les décisions d’incompétence : la juridiction doit vérifier sa compétence matérielle et territoriale. Elles dessaisissent la
juridiction qui l’ont rendue. Quand elle est définitive, le MP doit mettre à nouveau l’AP devant la juridiction compétente.
Les décisions sur le fond :
Décision de relaxe ou d’acquittement : c’est le renvoi de l’accusé ou du prévenu à la fin de la poursuite ou de la détention.
Elle est fondée sur des motifs de droit (amnistie, non imputabilité…) ou sur des motifs de fait (doute). Cette décision a
l’autorité de la chose jugée.
Décision d’absolution dites désormais d’exemption de peine : elle reconnaît la culpabilité du prévenu mais ne prononce
pas de peine contre lui (existence d’une excuse absolutoire), la personne échappe alors à toute peine principale mais sa
responsabilité civile subsiste et peut faire l’objet de mesure de sûreté.
Décision de condamnation : prononce une peine ou une mesure sûreté. Si le condamné était en détention provisoire et
est condamné à une peine ferme privative de liberté, il reste incarcéré. S’il n’est condamné qu’à une amende ou s’il
bénéficie du sursis (peine prononcée mais non exercer, elle est seulement inscrite au CJ jusqu’à commission d’une autre
infraction), il est libéré, nonobstant l’appel du MP. S’il était en liberté, la juridiction qui le condamne peut décerner contre
lui un mandat de dépôt ou d’arrêt.
S’il y a une partie civile, la condamnation du prévenu démontre la faute qu’il avait commise, le jugement déclarera l’AC bien
fondée et fixera le montant des dommages-intérêts si la relation de cause à effet est établie. Tenant compte de la situation
économique du condamné le juge peut rejeter la demande de la partie civile d’obtenir les sommes exposés par elle.
Section 1 : l’opposition :
Un principe d’équité exige que nul ne soit condamné sans avoir pu valoir ses arguments. Pour cela, le CPP a organisé contre les
décisions des tribunaux et cours d’appels rendues par défaut la procédure d’opposition. C’est une voie de recours qui est ouverte
contre les décisions rendues par défaut si le prévenu régulièrement cité à comparaître par un exploit d’huissier signifié à sa personne
peut justifier d’une excuse reconnu valable ou s’il n’a pas eu connaissance de la citation à personne. Dans tous les autres cas, le
prévenu, bien que ne comparaissant pas, est jugé de manière qui est réputée contradictoire et la voie de l’opposition ne lui est pas
ouverte.
L’opposition peut être faite par : le prévenu, la partie civile victime, la personne civilement responsable du fait du prévenu.
Elle doit être faite dans les 10 jours qui suivent la signification du jugement.
Effets : l’opposition a un effet extinctif, elle anéantit la décision qui en est frappée. Elle a un effet dévolutif, elle saisit de nouveau les
juges qui avaient statué la première fois. Si l’opposant fait à nouveau défaut, les effets de son opposition sont annulés et la première
décision reprend toute sa valeur > l’itératif défaut.
Section 2 : L’appel :
C’est une voie de recours dite de réformation qui consiste à soumettre le litige déjà jugé à un nouvel examen par une juridiction
supérieure.
Conditions :
Les décisions susceptibles d’appel : les ordonnances des juges d’instruction qui ont un caractère juridictionnel, les
jugements émanant des tribunaux correctionnels (à l’égard des jugements sur le fond, des jugements sur les incidents de
procédure, des jugements d’itératif défaut, des jugements contradictoires, des jugements de condamnation, des jugements
de relaxe).
Les personnes pouvant interjeter appel : En matière de contravention > le prévenu, le civilement responsable et le
ministère public. En matière de délit, la faculté d’appeler appartient au prévenu, à la personne civilement responsable
quant aux intérêts civils seulement, la partie civile, le procureur du roi, aux administrations, au procureur général près de la
CA.
Délai d’appel : il doit être formé dans un délai de 10 jours à dater du jugement s’il est contradictoire ou à compter de la
signification en cas de jugement par défaut. Le procureur général dispose d’un délai de 2 mois à partir du jour ou la décision
a été rendue. C’est donc seulement à l’expiration de ce délai de 2 mois que le jugement du tribunal est définitif
Effets :
Effet suspensif : la décision qui en est frappé n’est pas mise à exécution.
Effet dévolutif : il saisit la juridiction supérieure du procès déjà jugé.
La CA n’est saisie que dans la mesure de l’acte d’appel qui définit le cadre de son examen (si par exemple l’acte d’appel n’a frappé
que la partie de la décision concernant les dommages-intérêts, la chambre des appels correctionnels ne peut examiner que ce
problème et la décision sur l’action publique acquiert la force de la chose jugée).
Les pouvoirs de la Chambre des appels sont limités par la qualité de celui qui a fait appel (voir bas de p.44).
Section 3 : Le pourvoi en cassation :
La CC est chargée d’assurer la légalité des décisions de justice. Elle est juge du droit et n’intervient que dans les cas limitativement
énumérés par la loi. En matière pénale, le pourvoi en cassation va devant la Chambre criminelle de la CC.
Pourvoi en révision : la personne victime d’une erreur judiciaire peut demander la révision. Ce pourvoi rectifie la situation.