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Ministère de la Santé Publique

Direction Régionale4de la Santé de Bizerte


Service Régional d’Hygiène du Milieu

HYGIENE HOSPITALIERE ET LUTTE CONTRE LES


INFECTIONS ASSOCIEES AUX SOINS

Ouvrage collectif à l’usage des personnels


soignants et des hygiénistes

Volume 1

HYGIENE HOSPITALIERE :
Concepts, domaines et
méthodes
Année 2008
1
EQUIPE DE COORDINATION
Hamza Ridha (Service Régional d’Hygiène de Bizerte)
Kammoun Hayet (Service Régional d’Hygiène de Bizerte)
Dhaouadi Mahmoud (Service Régional d’Hygiène de Bizerte)

COMITE DE LECTURE
Attia Annabi Thouraya Laatiri Said Houyem
(ANCSEP-Tunis) (CHU Sahloul de Sousse)

Ennigrou Samir Nouira Amel


(Faculté de Médecine de Tunis) (CHU Farhat Hachad de Sousse)

AUTEURS
ARFAOUI CHEDIA (Ecole des sciences HAMZA RIDHA (Service Régional
infirmières de Menzel d’Hygiène du Milieu de
Bourguiba) Bizerte)

ATTIA ANNABI THOURYA (Agence Nationale de KAMMOUN HAYET (Service Régional


Contrôle Sanitaire et d’Hygiène de Bizerte)
Environnemental des
Produits – Tunis)

BOUZOUIA (Ministère de la Santé Mrabet Tanazefti (Service Régional


NOURREDDINE Publique) Kawther d’Hygiène de Bizerte)

DHAOUADI GADHOUM (Hôpital Régional de NJAH MANSOUR (Service d’Hygiène


LEILA Bizerte) Hospitalière du CHU
Farhat Hached de
Sousse)

ENNIGROU SAMIR (Faculté de Médecine de SOUILAH DAGHFOUS (CHU Mohamed


Tunis) HELLA Kassab-Tunis)

GUIZANI MOHAMED (CHU Fattouma Bourguiba ZOUARI BECHIR (Faculté de Médecine


HABIB de Monastir) de Tunis)

HADDAD MOHAMED (Service d’Hygiène


SALAH Hospitalière du CHU
Fattouma Bourguiba de
Monastir)

2
SOMMAIRE

4
PREFACE
5
HISTORIQUE DE L’HYGIENE HOSPITALIERE ET DE LA LUTTE CONTRE LES INFECTIONS NOSOCOMIALES
10
BASES CONCEPTUELLES ET DOMAINES DE L’HYGIENE HOSPITALIERE
19
LEGISLATION EN HYGIENE HOSPITALIERE
28
HUMANISATION DES HOPITAUX ET HYGIENE
31
ARCHITECTURE ET HYGIENE HOSPITALIERE
38
ASEPSIE ET ANTISEPSIE
43
HYGIENE DES MAINS EN MILIEU HOSPITALIER
54
TENUES PROFESSIONNELLES EN MILIEU DE SOINS
61
ISOLEMENT HOSPITALIER : TYPES, INDICATIONS ET MESURES PRATIQUES
67
TRAITEMENT DES DISPOSITIFS MEDICAUX
81
POLITIQUE DE BON USAGE DES ANTIBIOTIQUES A L’HOPITAL
85
FORMATION EN HYGIENE HOSPITALIERE
91
QUALITE DES SOINS ET HYGIENE HOSPITALIERE
99
GESTION DES RISQUES HOSPITALIERS

3
PREFACE

L’idée de l’édition d’un ouvrage collectif portant sur l’hygiène hospitalière, la lutte et
la prévention des infections associées aux soins est née au sein de l’équipe coordinatrice
du « Cours du nord d’hygiène et de santé environnementale ». En effet, après quatre
sessions annuelles consécutives plutôt généralistes, destinées à sensibiliser les
opérateurs du secteur de la Santé à l’hygiène Hospitalière, ce cours est passé en 2005 à
un deuxième niveau destiné à des personnels soignants et à des hygiénistes ayant
bénéficié auparavant d’une formation de base en hygiène hospitalière, en optant pour
une approche participative et interactive privilégiant les études de cas, les ateliers de
travail et laissant peu de place aux exposés théoriques.
C’est pourquoi il a été jugé utile de mettre à la disposition des participants aux
sessions futures de cet enseignement une documentation à consulter en préparation au
cours. L’option choisie a été de regrouper dans un même recueil des articles rédigés par
les spécialistes tunisiens, algériens et français ayant participé jusque là à titre bénévole à
la dispensation de cet enseignement.
Le présent document, relatif aux concepts de base, domaines et méthodes en
hygiène hospitalière constitue le premier volume de notre ouvrage. Il a été compilé suite
à la session 2006 (recueil des bases théoriques et conférences constituant l’ossature du
cours). Il devra sans doute être séquentiellement mis à jour en fonction de la disponibilité
de la matière requise.
Une diffusion de ce document a été prévue dans le cadre des prochaines sessions
du cours du nord d’hygiène et de santé environnementale auprès des bénéficiaires de la
formation. Une diffusion plus large est envisageable auprès d’un nombre plus important
de personnels soignants et d’hygiénistes.
Que tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de ce nouveau
projet (auteurs, membres du comité de lecture et coordinateurs) soient vivement
remerciés. Nos remerciements s’adressent également aux structures et personnes qui
ont apporté aide, appui et soutien à cette entreprise.
Puisse cette nouvelle initiative, contribuer à la promotion de l’hygiène hospitalière
dans nos établissements de soins.
L’équipe de coordination

4
HISTORIQUE DE L’HYGIENE HOSPITALIERE ET DE LA LUTTE
CONTRE LES INFECTIONS NOSOCOMIALES
HELLA SOUILAH DAGHFOUS

INTRODUCTION se rendait pas, où la médecine pénétrait


à peine. On y venait pour mourir.
Depuis l’antiquité grecque, l’hygiène Des établissements de ce type
est symbole de santé. Vers 500 avant JC, existaient en Inde, Egypte, Palestine et
la déesse HYGIE fut distincte mais Grèce. Les conditions hygiéniques
toujours associée à d’autres dieux étaient souvent fondées sur des
guérisseurs comme ASCLEPIOS concepts religieux de pureté (3). Au IVème
(ESCULAPE), son père dieu de la siècle, il était précisé déjà qu’un hôpital
médecine (1). doit être spacieux, bien aéré, non exposé
La défaillance de l’hygiène est la aux bruits et aux pollutions, que son
cause principale de l’infection personnel doit se distinguer par sa
hospitalière. Celle-ci est évoquée depuis propreté corporelle et vestimentaire.
2500 ans, redoutée depuis toujours, Ce n’est qu’au Vème siècle que les
mais n’est abordée de façon scientifique grecs développent des établissements
que depuis le milieu du XIXème siècle. de soins près des temples d’ASCLÉPIOS
L’hygiène hospitalière a avec le comme à Épidaure. Cet hôpital était
passé une relation assez spéciale. Nous considéré comme le plus ancien du
constatons dans le présent beaucoup de monde (1).
marques du passé. Ainsi, il faut A partir du VIIème siècle l’hôpital des
connaître le passé et comprendre le Califes le ‘’ Bîmâristân’’, maintient la
présent pour construire le futur. tradition greco-latine dans le monde
Nous passerons en revue quelques méditerranéen. La médecine arabe était
points de repères historiques de ce organisée autour de ce qu’on peut déjà
cheminement à partir de la naissance de appeler un hôpital, succédant aux
l’hôpital dans l’antiquité jusqu’à la temples d’ESCULAPE, précédant de
période actuelle. plusieurs siècles l’hôpital - Eglise de la
chrétienté (4).
Les hôpitaux créés sous l’inspiration
LA NAISSANCE DE L’HOPITAL du christianisme, le sont dans un but
charitable. L’un des plus anciens
L’étymologie du terme nosocomial
établissements : l’hôtel - Dieu de Lyon
évoque deux notions un peu différentes :
avait été fondé en 542 par CHILDBERT et
côté latin, le mot nosocomium signifie
ULTROGOTHER pour le soin des malades et
hôpital, ce qui contraint l’infection à
l’accueil des pélerins.
dépendre de l’hôpital ou de
Les hôpitaux du moyen âge des pays
l’établissement de soins. Côté grec,
chrétiens restent peu nombreux et
nosos signifie maladie et Komeion,
rudimentaires l’orsqu’ils sont comparés
soigner, rattachant plus simplement
aux hôpitaux des pays musulmans
l’infection nosocomiale à l’acte de soins
comme ceux de Bagdad, Damas ou du
(2).
Caire surtout à partir du Xème siècle.
Le nosocomium était considéré
L’hôpital Mansour du Caire, fondé au
dangereux et y régnait la pourriture
XIIIème siècle, fut sans conteste l’un des
d’hôpital. L’hôpital n’était alors qu’un
plus remarquables de cette époque
concentré de misère, un lieu de
puisqu’il y avait des services spécialisés.
souffrances et de morts, où le riche ne

5
Au milieu du XIIIème siècle l’hôpital tuberculose, de la lèpre ou du
était un noscomium càd un hospice qui paludisme. Ils sont accusés de propager
s’occupait des indigents, des pauvres et la maladie au cours de l’épidémie de
des contagieux. De vastes bâtiments aux choléra de 1830.
immenses dortoirs et aux multiples Cependant, contrairement à l’idée
ateliers se peuplent d’une foule répandue, une certaine forme d’hygiène
d’incurables et de vagabonds, de apparaît malgré tout dans les hôpitaux
vieillards et d’enfants abandonnés de cette période. En effet, bien que la
(malades et bien portants). Le notion d’hygiène soit très ancienne,
rassemblent des malades favorisait alors puisque les anciens égyptiens ou
le déclenchement d’épidémies de hébreux la pratiquent activement et que
maladies infectieuses. De telles les romains ont été les maîtres de
épidémies étaient essentiellement des l’hygiène publique, l’hygiène hospitalière
infections de type communautaire qui est une donnée beaucoup plus récente.
sévissaient dans la population générale Les mesures élémentaires d’hygiène
(peste, choléra) disparaissent avec la chute de l’empire
La révolution française considérant romain et ne seront redécouvertes qu’au
que le vocable ‘’Hôpital’’ a mauvaise cours du XIXème siècle.
réputation, le remplace par le terme ‘’ A partir du XVIIIème siècle se
hospice’’. Un peu plus tard, l’hôpital développe une réflexion sur les hôpitaux
désigne les lieux où sont dispensés les due au progrès de la médecine et de
soins, alors qu’hospice s’applique aux l’hygiène et à une véritable
établissements dans lesquels sont médicalisation de l’hôpital. Parmi les
recueillis les enfants ‘’ trouvés’’, les grands novateurs de cette époque : le
vieillards valides et les infirmes médecin militaire hygiéniste anglais, SIR
Au XXème siècle, de nouveaux termes JOHN PRINGLE fait, dès les années
apparaissent tels que asiles, centres ou 1740, les premières observations sur les
maisons de retraite (3). infections acquises à l’hôpital. Il introduit
de grandes réformes sanitaires dans les
HOPITAUX ET INFECTIONS hôpitaux militaires. Il souligne déjà le
danger de la surpopulation et de la
La création des hôpitaux pose tout mauvaise aération.
d’abord la question du danger de ces En 1785, l’académie des sciences
établissements pour le voisinage. confie à une commission l’étude des
ERRAZI (844-926), le plus grand plans du futur Hôtel - Dieu dont Jacques
médecin de l’islam, ayant exercé à René Tenon est le rapporteur en 1788.
Bagdad, s’est particulièrement intéressé Dans son ‘’ mémoire sur les hôpitaux de
à l’hygiène du milieu. Il est à l’origine de Paris’’ ; Il prône l’hygiène hospitalière et
la brillante tradition hospitalière de il insiste sur la nécessité de calculer la
l’Islam. Les hôpitaux furent désormais quantité d’air nécessaire à chaque
bien conçus, divisés en services malade, ce qui explique la diffusion des
spécialisés et maintenus très propres. Il dômes dans l’architecture hospitalière
était à l’origine des critères de choix du (3).
site d’implantation d’un hôpital : choix En France au XIXème siècle, l’hygiène
conditionné par le délai de putréfaction était recherchée par la ventilation
de morceaux de viande placés dans constante par l’air alors qu’à Tunis à la
divers endroits de la cité (5). même époque, l’hygiène était obtenue
Au cours des différentes époques, on par la propreté corporelle et
attribue aux hôpitaux un rôle dans vestimentaire et le nettoyage à l’eau des
différentes épidémies de peste, mais habitations, ce qui explique le style
aussi dans la dissémination de la architectural de l’hôpital Sadiki. Cette

6
différence architecturale n’est point le La seconde moitié du XIXème siècle
fruit du hasard mais elle est secondaire avec la naissance de la bactériologie et
à une nouvelle conception de l’hygiène les progrès de l’épidémiologie, permet
(6). une accélération des connaissances sur
l’hygiène.
NAISSANCE DE L’HYGIENE HOSPITALIERE L’impact du chirurgien sur l’infection
hospitalière est mis en exergue le 19
Le XIXème siècle a vu l’apparition des Octobre 1864 lors d’un discours sur
hôpitaux spécialisés aménagés en vue l’hygiène des hôpitaux par LEON LEFORT,
d’une clientèle particulière. A la même à l’occasion de la création d’un nouvel
époque, un certain nombre de mesures Hôtel Dieu de Paris.
ont été prises afin d’éviter toute diffusion La technique de stérilisation est
de la maladie : tentée dès 1832 par William Henry. Le
• Désinfection des vêtements de ville travail de ce dernier fût cependant
(à l’arrivée des malades) ; ignoré de la communauté scientifique
• Nombre limité de malades dans pendant 50 ans, jusqu’à ce que Lister
chaque chambre ; (1827-1912) en 1878 recommande le
• Isolement des pavillons (aucune chauffage pendant 2H du matériel en
communication n’est possible) ; verre.
• Stérilisation des eaux usées et de En 1881, Robert KOCH démontre
tous les liquides avant leur rejet dans l’efficacité de l’air chaud et de la vapeur
les égouts publics. comme agents stérilisants et John
Cette tendance ne se fait pas de Tyndall celui d’un chauffage discontinu
façon égale selon les différents (la tyndallisation).
établissements. En 1889, William Halsted (1852-
1922) propose l’utilisation des gants en
ROLE DES MAINS DANS LA TRANSMISSION DES caoutchouc lors de ses opérations. Les
INFECTIONS masques apparaissent plus tard.
A partir de 1890, la lutte contre la
En 1795, Alexander GORDON évoque le tuberculose conduit à la construction des
rôle des mains dans la transmission de sanatoriums.
la fièvre puerpérale. En conclusion, on peut dire qu’à
En 1843, OLIVER WENDELL HOLMES disait : partir 1900 le principe de l’asepsie et de
« Des mains apparemment propres la désinfection est définitivement adopté
peuvent transmettre la fièvre dans le monde entier, le XXème siècle
puerpérale ». n’apporte que des modifications de
Avant l’ère Pasteurienne, IGNAZ détails (3).
SEMMELWEISS met au point un procédé
prophylactique pour lutter contre la ORGANISATION DU CONTROLE DES
transmission de la fièvre puerpérale chez
les accouchées qui consiste à faire laver INFECTIONS NOSOCOMIALES
dans de l’eau chlorurée les mains de FLORENCE NIGHTINGALE ET LA CREATION DES
ceux qui exercent le toucher, supposant ECOLES D’INFIRMIERES
que la fièvre puerpérale est le produit
d’une infection par des matières Pendant la guerre de Crimée entre
putrides, dont les mains des élèves 1854 et 1856, l’anglaise FLORENCE
seraient le véhicule. NIGHTINGALE (1820-1910) crée un corps
d’infirmières professionnelles laïques. A
BACTERIOLOGIE ET HYGIENE SCIENTIFIQUE la fin de la guerre en 1860, grâce à une
souscription, FLORENCE NIGHTINGALE put
fonder la ‘’Nightingale school’’ à l’hôpital

7
Saint Thomas de Londres. La création de récentes triomphes de l’ère des
cette école marque le début de la antibiotiques (3). C’est ainsi que
formation professionnelle des l’épidémiologie hospitalière regagna tout
infirmières. Elle prêche constamment la son intérêt après une longue période
nécessité de la propreté et entrevoit très dominée par les progrès de l’antisepsie
clairement la nécessité de séparer les et des anti-infectieux.
patientes des maternités des autres Depuis 1970, la recrudescence
malades (7). alarmante des infections nosocomiales
dans les centres de soins nous a rappelé
EMERGENCE D’UNE FONCTION à l’ordre. Galvaudé, mal prescrit,
l’antibiotique a engendré un nouveau
La fonction de l’hygiéniste s’est mal : l’apparition de bactéries multi-
développée depuis la fin du XIXème siècle réristantes (BMR). Le relâchement des
mais la spécificité d’une application des mesures d’hygiène de base individuelle
préoccupations de l’hygiène à l’hôpital et/ou collective, a majoré ce phénomène
n’est apparue que progressivement devenu extensif.
accompagnant le développement des
techniques médicales et surtout
NOTRE EPOQUE
chirurgicales. Plusieurs évènements
successifs conduisent à attribuer, dans L’hôpital se transforme en un lieu de
l’hôpital, une place spécifique à recherche, d’enseignement, de soins. Il
l’hygiéniste avec une mission définie et devient une des plus belles illustrations
une responsabilité croissante (3). de la grande révolution du XXème siècle,
celle des sciences de la vie. Les
L’AGE D’OR DE L’HYGIENE HOSPITALIERE révolutions technologiques se succèdent
alors à un rythme effréné :
On peut situer l’âge d’or de l’hygiène transplantation d’organes, radiothérapie,
hospitalière entre 1850 et 1950. Avant chimiothérapie, microchirurgie,
même l’arrivée des vaccins et des réanimation intensive, génie génétique,
antibiotiques, le simple enseignement radiologie interventionnelle, procréation
des règles d’hygiène individuelle et médicalement assistée.
collective systématiques et diffusées à C’est l’époque des grands ensembles
grande échelle, contribue à l’élimination hospitaliers, massifs, bétonnés. La
des grandes endémies infectieuses qui technique est omniprésente, le médecin
sévissaient depuis plusieurs siècles dans omnipotent. Le malade est un peu
les pays industrialisés. négligé, l’hygiène devenue une
Tous ces travaux, toutes ces contrainte n’est plus une bataille
mobilisations de compétences pour permanente (4).
lutter contre les infections hospitalières
allaient décroître dès 1950. La CONCLUSION
découverte des antibiotiques fait
basculer l’hygiène hospitalière au rang Il y a quinze ans, le mot nosocomial
des oubliés. Avec cette découverte, les n’était connu que de quelques initiés,
médecins ont alors cru vaincre les pionniers de lutte contre l’infection
maladies bactériennes. hospitalière, égarés de la ‘’ véritable’’
En effet, dans les années 1950 et médecine vers cette obscure discipline,
1960, l’éclosion d’une véritable l’hygiène hospitalière, qui évoquait plus
pandémie d’infections staphylococciques aux cliniciens le seau et la serpillière que
principalement hospitalières résistant à le risque de mort évitable pour leurs
la pénicilline vint cependant briser la patients les plus graves.
confiance aveugle et mettre en doute les

8
Aujourd’hui l’organisation d’un
dispositif plus rigoureux de maîtrise des
risques et de sécurité sanitaire est à
l’ordre du jour dans la plupart des pays.
Les hygiénistes qui animent ces
dispositifs avec d’autres acteurs,
peuvent trouver dans l’histoire des
racines solides pour relever les
prochains et inévitables défis de leur
difficile mission (4).

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Microsoft Encarta ; 1993-2005 Microsoft
Corporation. Asclépios. 2005.
2. Savey A. ; Infections nosocomiales :
définitions. In : Maîtrise des infections
nosocomiales de A à Z 2004 ; Editions
HEALTH&CO
3. Freney J, Fabry J. ; L’hygiène hospitalière :
émergence d’une fonction ; Revue
HygieneS 2001; IX(6) : 371-379.
4. BÜCKER G. Infections nosocomiales et
environnement hospitalier. Médecine
Sciences Flammarion. 1998.
5. Al Razi dit Rhazes (865-932) ;
WWW.Gougl.Htlm
6. Essadam H. , Notes historiques : Architecture
traditionnelle et organisation de la santé en
Tunisie au XIXème siècle ; La revue
maghrébine d’endocrinologie–diabète et de
reproduction.-1999.
7. Exner M, Lajoie L, Hartemman Ph. ;
Hommage à Folrence Nitghtingale ;
HygieneS 2004 ; XII (2) : 161-166.

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BASES CONCEPTUELLES ET DOMAINES DE L’HYGIENE
HOSPITALIERE
__________________________________________________________________________________________
HAYET KAMMOUN

INTRODUCTION de disciplines diverses (santé publique,


microbiologie,…), une politique de lutte
et de prévention des infections
Lieu des grandes découvertes nosocomiales a été adoptée, des
médicales, de progrès et de triomphes systèmes voire même des réseaux de
de l’homme sur la maladie, lieu de soins surveillance des infections hospitalières
et d’enseignement, lieu de ont été instaurés, et une orientation vers
développement de la recherche l’assurance qualité est aujourd’hui
médicale, c’est l’hôpital qui est le envisagée (1).
symbole de notre système de santé.
C’est aussi, au quotidien le lieu de la
naissance, de la mort et le terme des DEVELOPPEMENT DE LA DISCIPLINE
souffrances et des vies (1).
Ce lieu mythique, générateur de Il y a un siècle et demi, PHILIPPE IGNAZ
véritables vocations malgré des SEMMELWEIS (1818-1865) était le
conditions d’exercice souvent difficiles, premier, à s’intéresser aux ravages de
fut aussi, ces dernières années, au la fièvre puerpérale à l’hospice général
centre de graves crises de de Vienne en 1847. Ses observations
fonctionnement de santé, au coeur des l’avaient conduit à la conclusion que les
« affaires » de sécurité sanitaire qui doigts des étudiants, souillés au cours
jetèrent un discrédit durable sur les des dissections, transmettaient les
pratiques hospitalières et sur leurs miasmes aux femmes lors des
risques non contrôlés notamment les accouchements. Il proposa de
infections nosocomiales (1). « désodoriser les mains ». Le résultat fut
Toutes les conditions sont en effet spectaculaire. La mortalité maternelle
réunies au niveau de l’hôpital pour s’effondra. A cette époque, l’hôpital
favoriser la transmission de l’infection, n’était qu’un concentré de misères, un
ou pour en accroître les risques : lieu de souffrances et de morts, où le
regroupement de patients infectés, riche ne se rendait pas, où le médecin
multiplication des gestes médicaux ou pénétrait à peine (1).
chirurgicaux susceptibles d’être des Au cours de cette même période,
vecteurs de l’infection, promiscuité des FLORENCE NIGHTINGALE (1820-1910),
personnes et circulation mal contrôlée pionnière de l’hygiène à l’extraordinaire
des patients à risque de transmission ou vision futuriste, après avoir vécu une
de réception. expérience à Scutari en 1845, lors de la
Il y a quinze ans, le vocable guerre de Crimée, considérait l’hygiène
nosocomial (infection contractée à comme étant l’axe permettant de
l’occasion d’une hospitalisation), n’était préserver la santé et la vie et d’éviter la
connu que par quelques initiés, souffrance et la mort. Elle entreprit
pionniers de la lutte contre l’infection d’améliorer, avec peu de moyens, les
hospitalière. conditions sanitaires de prise en charge
Ces dernières années, tout a changé, des blessés, ayant identifié les
de nouveaux métiers ont été créés : des conditions d’hygiène désastreuses
cadres supérieurs hygiénistes, des comme un facteur explicatif de la forte
praticiens hospitaliers en hygiène venus

10
mortalité de ces derniers et obtint des la volonté d’œuvrer à l’amélioration des
résultats spectaculaires (2). pratiques de soins. Celle ci souligne que
Après cela, elle s’attacha à le risque infectieux ne se maîtrise que si
promouvoir une gestion hospitalière de l’on sait contrôler les réservoirs de
qualité. Elle développa sa vision originale germes (1).
de la manière de concevoir et de gérer Aujourd’hui, l’hôpital n’est pas isolé du
un hôpital, pour optimiser et assurer des monde, la pratique de soins ne peut plus
soins de qualité orientés sur le patient. se concevoir hors de son cadre
Ses recommandations et concepts environnemental. En fait, ce lieu doit
holistiques, touchant tant d’aspects conjuguer accessibilité, confort,
essentiels et diversifiés, sont devenus technicité, sécurité, et qualité de soins
les piliers de base de notre hygiène (1).
hospitalière actuelle. Elle nous montre
combien indispensable est l’hygiène, EVOLUTION DES CONCEPTS
discipline préventive qui, à côté de la
médecine et de la chirurgie, doit faire Plusieurs définitions tournent autour
partie des notions fondamentales de cette discipline, qui s’accompagne
inhérentes à toute profession relevant aujourd’hui d’une forte médiatisation en
du domaine médical (2). maintenant le patient au centre des
Un demi-siècle plus tard, les hôpitaux préoccupations des équipes d’hygiène.
se convertirent à l’hygiène sous Le nouveau concept ne considère
l’impulsion des travaux de Louis Pasteur. plus l’hygiène hospitalière comme
Le modèle pavillonnaire s’imposa approche de maintien des lieux dans un
partout avec son fameux « pavillon des état acceptable de propreté
contagieux ». L’hôpital se transforma à (dératisation, désinfection,
nouveau en un lieu de recherche, désinsectisation, et gestion des déchets
d’enseignement, de soins, il devint une d’activités de soins). M. MAISONNET
des plus belles illustrations de la grande (1966) définit l’hygiène hospitalière
révolution du XX ème siècle, celle des comme « une discipline qui traite aussi
sciences de la vie. Mais la technique bien, des multiples problèmes posés par
était omniprésente, le médecin la prévention de l’infection et de la
omnipotent, alors que le malade est surinfection à l’hôpital, que des aspects
devenu un peu négligé, l’hygiène sociaux et moraux qui découlent de toute
devenue une contrainte n’est plus une hospitalisation » (3). Alors que PH.
bataille permanente (1). HARTEMANN définit l’hygiène comme
A la fin du XXème siècle, les séismes étant « une discipline qui s’attache à
sanitaires, souvent qualifiés de défaites maintenir les relations entre l’homme et
de la santé publique, sont venus son environnement tel que l’homme
rappeler quelques brutales vérités. La bénéficie de la meilleure santé possible »
technique n’est pas suffisante : le (3).
malade doit rester au cœur des Ainsi, l’hygiène ne se résume pas à la
préoccupations de tous, l’impératif de la seule acception classiquement
qualité doit s’imposer partout et le poids répandue, synonyme de propreté, et de
des infections nosocomiales devient nettoyage, mais englobe tous les aspects
inacceptable. Ces infections plus graves de la vie susceptibles de retentir sur la
peut-être, plus difficiles à maîtriser, plus santé de l’individu. En effet, comme le
coûteuses, représentent une véritable dit PH. HARTEMANN « l’hygiène hospitalière
priorité de lutte dans le domaine de ne se limite pas à la seule lutte contre
l’hygiène hospitalière. Les stratégies l’infection hospitalière… mais aussi
prises à leur encontre illustrent bien maintenir les hôtes de l’hôpital (patients
l’évolution d’une prise de conscience et et personnels) dans le meilleur état de

11
santé possible par rapport à cet • Réduisant les transmissions inter-
environnement hospitalier » (4). personnelles ;
De nos jours l’hygiène n’est pas un • Limitant les apports contaminants
dogme figé, mais une discipline, une provenant de l’eau, des aliments,
maîtrise du geste, un contrôle constant de l’air, des surfaces et des
de l’activité et du milieu où elle s’exerce. déchets hospitaliers.
Sa pratique n’est pas fondée sur Les principaux domaines qui traitent
l’habitude et la routine mais sur le de l’hygiène hospitalière peuvent être
raisonnement. D’ailleurs, il n’est pas regroupés en grands thèmes (liste non
possible de parler de qualité d’un soin exhaustive) comme suit :
qui n’intègre pas la notion de gestion du ƒ Maîtrise de l’environnement hospitalier
risque infectieux (5). • Architecture hospitalière ;
Formation, prévention, surveillance, • Entretien des locaux ;
évaluation, information, ce sont • Gestion de l’environnement des
aujourd’hui les mots clefs du métier de zones protégées (blocs opératoires,
l’hygiéniste hospitalier. Des structures se salles d’accouchement…) ;
mettent en place à l’hôpital, elles • Qualité de l’environnement (air, eau,
permettent d’organiser la lutte contre surfaces) ;
l’infection en fédérant les acteurs autour • Circuits (linge, alimentation, déchets
d’actions prioritaires, d’objectifs d’activités de soins) ;
communs (1). Finalement, l’ensemble
• Traitement (nettoyage, désinfection,
de la communauté hospitalière est
stérilisation) des dispositifs
désormais engagé dans une démarche
médicaux ;
qualité dont la lutte contre les infections
• Humanisation des hôpitaux.
constitue une action majeure (5).
ƒ Hygiène de base
• Hygiène corporelle (personnel et
LES DOMAINES DE L’HYGIENE patient) ;
HOSPITALIERE • Lavage des mains ;
• Tenue professionnelle ;
Cette discipline, principale • Précautions « standard » ;
composante de prévention des infections
• Vaccination du personnel.
nosocomiales, prend en compte
ƒ Hygiène des actes à haut risque
l’ensemble des aspects cliniques,
d’infection (techniques de soins)
microbiologiques et épidémiologiques
des infections mais également • Prévention des AES (Accidents
l’organisation des soins, la maintenance d’Exposition au Sang) ;
des équipements hospitaliers, la gestion • Les actes invasifs.
de l’environnement, la protection du ƒ Mesures d’hygiène spécifiques à
personnel…Elle constitue ainsi un certaines activités, patients ou risques
indicateur de qualité des soins et de • Techniques d’isolement ;
sécurité (4). Il s’agit de la mise en place • Hygiène dans les services à risque
de mesures d’hygiène générales (hémodialyse, bloc opératoire,
efficaces et de l’assurance de la laboratoire,…).
sécurité de l’environnement hospitalier ƒ La démarche qualité
vis-à-vis du risque infectieux (6). • L’évaluation ;
L’objectif de ces mesures est de • La traçabilité ;
limiter les possibilités de transmission • La formation et l’information en
des micro-organismes en : hygiène hospitalière.
• Supprimant les risques infectieux
liés aux dispositifs médicaux ;

12
MAITRISE DE L’ENVIRONNEMENT HOSPITALIER découpées en fonction des niveaux de
risque pour les malades, agencées pour
Le terme d’environnement hospitalier permettre l’organisation optimale des
regroupe habituellement l’eau, l’air, les soins et la prise en charge de jour
surfaces, les dispositifs médicaux et les comme de nuit, dans les activités
circuits : linge, aliments, déchets programmées comme dans les urgences.
d’activités de soins (6). Une architecture adaptée va aider au
L’environnement représente le respect des règles d’hygiène. Elle permet
réservoir potentiel d’organismes d’individualiser les secteurs à protéger
impliqués dans les infections (1).
nosocomiales. Il est largement
contaminé par des micro-organismes L’entretien des locaux répond à un
d’origine humaine ou spécifiquement objectif d’hygiène générale. La propreté
environnementaux. Cette contamination est indispensable en tout lieu accueillant
varie qualitativement et quantitative- du public, en particulier en milieu
ment dans le temps, d’un établissement hospitalier, où elle est sécuritaire pour
à l’autre et, au sein d’un même un patient en droit de bénéficier d’un
établissement, en fonction des services, niveau d’hygiène maximal de
des patients, des soins et des l’environnement (10, 11, 12). Les
techniques pratiquées (7). activités pratiquées, le type de patient ou
Les micro-organismes présents dans d’acte médical effectué influencent les
l’environnement hospitalier sont exigences du nettoyage–désinfection.
extrêmement variés (bactéries, levures, Une classification des zones à risque en
champignons filamenteux, virus et milieu hospitalier est nécessaire pour
parasites) et peuvent appartenir aussi optimiser les opérations de bionettoyage
bien aux espèces opportunistes qui ne (9).
manifestent leur virulence que sur un
organisme dont les défenses L’eau est un élément essentiel au
immunitaires sont affaiblies, qu’aux fonctionnement des établissements de
espèces habituellement pathogènes santé, mais elle peut constituer une
pour l’homme (8). source d’infections graves, en cas de
Le rôle de l’environnement contamination, particulièrement pour les
hospitalier dans la survenue des patients fragiles. La maîtrise de la
infections nosocomiales est largement qualité de l’eau dans un établissement
discuté et certainement non négligeable. de santé repose sur une démarche
La part des infections nosocomiales liées globale de la gestion du risque. Les
à la contamination de l’environnement microorganismes responsables
hospitalier n’est toutefois pas connue, à d’infections (bactéries, virus, parasites,
l’exception de celles liées à quelques fongi et micro-algues) peuvent être
microorganismes d’origine environ- saprophytes, opportunistes ou
nementale comme Legionella Sp, pathogènes selon les cas. Les
Aspergillus Sp ou mycobactéries manifestations pathologiques liées à
atypiques (9). l’eau sont très variables : il va de gastro-
entérites plus ou moins graves et de
L’architecture hospitalière doit être parasitoses à des atteintes cutanées ou
conforme à des normes architecturales pulmonaires parfois fatales (13).
spécifiques et répondant aux mesures
d’hygiène. En effet, la circulation des L’air est naturellement contaminé. Il
personnes, patients, visiteurs, soignants, faut entendre par là qu’il est support et
personnel technique pose le problème vecteur d’éléments en suspension qui
d’une typologie des structures, peuvent altérer par leur dépôt la qualité

13
microbiologique des surfaces impactées. pour objectif d’éliminer le risque
En salle à environnement contrôlé, infectieux lié à leur présence. Pour les
l’homme est la principale source de insectes, on procède à une
contamination et notamment de désinsectisation ; pour les rats, une
biocontamination. Pour satisfaire dératisation doit être effectuée. Par
l’exigence de maîtrise de la ailleurs, une maladie demande vigilance
contamination de l’air, il convient dans en milieu de soins : la gale.
un premier temps d’empêcher les
contaminants venant de l’extérieur de Le linge hospitalier est souillé par des
rentrer (surpression des locaux et flores commensales du patient et aussi
filtration de l’air) et en deuxième lieu de par les flores pathogènes. Il constitue un
mettre en place un moyen de protection réservoir important d’organismes
et d’élimination des contaminants pathogènes qui peuvent être à l’origine
générés par les personnes et les d’infections voire même d’épidémies. Un
matériels (renouvellement et traitement système de management de la qualité
de l’air) (9). du linge dont l’objectif est de maintenir
et de garantir la propreté
La restauration est considérée non microbiologique doit être instauré.
seulement comme une fonction Effectivement, le linge ne tolère aucun
logistique (nutriments indispensables au germe de l’extérieur, ni du milieu
bon fonctionnement de l’organisme) hospitalier qui peut être responsable
marginale, mais comme un service d’infections nosocomiales. Dans un
essentiel à rendre au patient. La établissement de soins, le circuit linge
restauration a une double mission dans comprend : la collecte du linge souillé, le
un établissement de santé : elle transport du linge souillé vers la
participe à l’acte de soins proprement dit blanchisserie, le traitement du linge, le
et participe directement au confort du retour vers les services utilisateurs (15).
patient. Cependant, l’alimentation de
l’homme est naturellement contaminée, Les déchets de soins sont générés
dès lors le rôle d’un service de des activités de soin quel que soit son
restauration va consister à éliminer ou à lieu de réalisation. Ces déchets sont de
rendre acceptable pour le toutes natures. Les risques pour la
consommateur le niveau de santé humaine liés à la collecte, au
contamination. La fréquence des toxi- stockage et au traitement des déchets
infections alimentaires survenant dans sont statistiquement faibles mais quand
les établissements de santé est à l’heure il s’agit des déchets d’activités de soins,
actuelle mal connue. Néanmoins, ce ceux-ci augmentent notablement du fait
risque ne doit pas être négligé car ces de leur caractère infectieux ou toxique.
pathologies peuvent avoir des Le destin des DASRI (Déchets D’activités
conséquences graves lorsqu’elles de Soins à Risque Infectieux) se résume
surviennent chez des patients fragilisés. en 5 mots : tri, conditionnement,
La prévention de ces infections passe entreposage, transport et destruction.
par l’application rigoureuse des mesures (16)
d’hygiène alimentaire (14).
Le traitement des dispositifs
Les nuisibles (cafards, blattes, poux, médicaux constitue une procédure
puces, moustiques, mouches et fourmis); essentielle pour sécuriser le patient et le
les rongeurs; les animaux «domestiques » personnel, vis-à-vis du risque infectieux.
et les pigeons peuvent véhiculer des L’utilisation de dispositifs médicaux à
germes pathogènes dans le milieu usage unique est à privilégier.
hospitalier. La Lutte antivectorielle a L’application d’un système de

14
stérilisation ou de désinfection efficace En aucun cas cette surveillance ne doit
et adapté est obligatoire pour les se substituer aux mesures de prévention
dispositifs médicaux réutilisables. Ces et de maintenance mises en œuvre (8).
dispositifs sont classés en trois groupes :
critique, semi critique, non critique, qui HYGIENE DE BASE
correspondent à trois niveaux de risque
infectieux, fonction de la nature du tissu Les règles d’hygiène de base
avec lequel le dispositif médical entre en s’appliquent aux patients et également à
contact lors de son utilisation. Tout tout le personnel. Elles visent à limiter le
matériel en contact soit avec les risque de transmission croisée de
malades, soit avec des produits issus microorganismes responsables
des malades (urines, pansements, d’infections nosocomiales. En effet, le
sérum,..) doit être désinfecté entre deux niveau d’hygiène individuelle du malade
usages. Le matériel spécialisé doit être modifie le risque infectieux. La toilette du
traité selon des fiches techniques malade assure le bien être physique et
correspondant à chaque usage, établies une bonne hygiène corporelle. Elle est
par les services avec l’aide éventuelle indispensable pour les soins aseptiques.
d’hygiénistes. Le matériel à stériliser doit D’ailleurs la garantie d’un bon niveau de
être décontaminé, puis lavé, rincé et propreté grâce à une toilette bien faite
séché (17, 18). diminue le risque infectieux (5).
Pour le personnel, le lavage des
L’humanisation fait partie de la mains constitue en matière d’hygiène
gestion de l’environnement hospitalier. hospitalière le geste sans doute le plus
C’est une action qui a pour objectif de hautement symbolique mais encore le
rendre plus humain, plus sociable le plus important pour prévenir l’infection
séjour et améliorer la qualité de vie et le nosocomiale. Les infections
confort du patient. L’humanisation des manuportées sont les plus fréquentes
établissements hospitaliers et l’hygiène des infections hospitalières et seule la
visent le même objectif. Les deux sont décontamination efficace des mains
nécessairement complémentaires pour permet de les réduire. Trois types de
assurer une meilleure efficacité et lavage des mains sont reconnus : le
sécurité dans la prise en charge du lavage simple, le lavage antiseptique et
patient. le lavage chirurgical. Leurs objectifs,
Finalement, l’environnement joue indications, leurs modes de réalisation
très certainement un rôle dans la sont spécifiques à chaque type de soins.
transmission des germes responsables Toute situation épidémique doit
d’infections nosocomiales mais entraîner une étude des pratiques du
l’évaluation de son importance est lavage des mains (19).
difficile. Vouloir tout contrôler est inutile, La tenue de travail et l’hygiène
mais si une surveillance est mise en corporelle sont considérées aussi
place, elle doit s’inscrire dans une comme des règles d’hygiène de base
démarche qualité avec un plan pour le personnel. Les catégories
d’échantillonnage, validation…Une professionnelles qui se regroupent au
stratégie consensuelle, fondée sur la sein d’un même établissement
mise en œuvre de démarches d’analyse hospitalier sont appelées à se distinguer
des risques est recommandée. Ces par l’uniforme, l’insigne indiquant le
démarches s’appuient sur des niveaux grade, la fonction de l’individu. Ainsi, tout
de qualité adaptés aux principes de acteur de la communauté hospitalière
chaque situation. Elles doivent spécifier doit revêtir obligatoirement une tenue
les prélèvements microbiologiques de avant de prodiguer un soin si minime
contrôle ainsi que les actions à mener. soit-il. En fait, la contamination croisée

15
entre l’extérieur et l’intérieur de l’espace Les AES (les Accidents d’Exposition
hospitalier doit être diminuée grâce à un au Sang) représentent aujourd'hui la
port de vêtements spécifiques, première cause d’accidents dans les
entretenus au quotidien (5). établissements hospitaliers. Ces AES
L’hygiène individuelle et la sont des évènements qui outre les
surveillance médicale du personnel ont aspects psychologiques pour les
pour objectif de réduire la contamination victimes, ont un coût de prise en charge
lors des soins prodigués aux patients. élevé et aboutissent encore de façon
Les vestiaires permettent de prendre non exceptionnelle à des contaminations
une douche, de changer la tenue de ville, virales (5). La prévention des AES
et de revêtir une tenue de travail. s’intègre dans la politique de gestion des
Certains comportements doivent être risques et la démarche qualité de
évités : manger et fumer sur les lieux de l’établissement et doit se décliner selon
travail (1). plusieurs volets :
La nécessité de protéger le personnel • Le respect des précautions
et le patient, de maîtriser le risque de « standard » ;
transmission des agents infectieux • L’information et la formation des
transmissibles par l’intermédiaire du personnels (conduite à tenir) ;
sang et des liquides biologiques, a • Le choix rationnel du matériel.
entraîné la mise en œuvre de mesures
de prévention appelées les précautions Les gestes techniques représentent
« standard ». Elles doivent être des situations particulièrement à risque
appliquées pour tout patient afin de contamination voire d’infection, car
d’assurer une protection systématique réalisés sur des portes d’entrée
vis-à-vis du risque infectieux. Elles se potentielles : urinaire, vasculaire,
résument au lavage des mains, au port cutanée, muqueuse, broncho-pulmonaire
de gants, au port de sur blouses, de ou cavité naturelle. Les Injections, le
lunettes, et de masques (6). sondage vésical, le cathéter veineux
La vaccination du personnel (central, court périphérique), les
représente aussi une mesure de perfusions, l’aspiration des malades
prévention du risque infectieux en milieu intubés, la préparation préopératoire, les
hospitalier, mais elle n’est qu’une arme pansements etc…, sont des techniques
parmi d’autres. Il faut rappeler pour le exigeant des règles rigoureuses
personnel l’importance des bonnes d’hygiène notamment le lavage des
pratiques pour planifier et réduire les mains. La prévention des infections liées
actes invasifs et/ou à risque et des à ces gestes nécessite d’une part, le
mesures d’hygiène pour limiter la densité respect des règles d’asepsie, d’autre
et la fréquence des contacts infectieux. part, pour certains d’entre eux, la mise
La vaccination est un acte médical en œuvre de mesures plus spécifiques
complet efficace pour éviter la diffusion (19, 20).
des maladies épidémiques et diminuer
voire annuler la morbidité des infections MESURES D’HYGIENE SPECIFIQUES
transmissibles. Donc vacciner autant
qu’il est nécessaire mais pas plus qu’il L’isolement hospitalier est un
est nécessaire reste la règle de conduite ensemble de précautions particulières
à mettre en œuvre pour chaque qui s’ajoutent aux règles de base ou
personne à immuniser (5). précautions « standard ». Ces mesures
sont à appliquer vis-à-vis des patients
HYGIENE DES ACTES A HAUT RISQUE pour prévenir la transmission des
D’INFECTION (TECHNIQUES DE SOINS) infections transmissibles des patients
infectés : isolement septique, ou pour

16
protéger les patients immunodéprimés : management qui doit créer une
isolement protecteur. dynamique qui va générer une
Les précautions particulières pour les amélioration continue de la qualité. Cette
patients infectés sont définies et mises démarche peut être illustrée selon la
en œuvre en fonction de l’agent logique de « la roue de Deming », qui se
infectieux (réservoirs, modes de divise en quatre phases : « prévoir,
transmission, résistance dans le milieu mettre en œuvre, mesurer et contrôler,
extérieur…) et du site anatomique. Il en réagir et améliorer » (20).
existe trois types : La démarche qualité a défini un
• type air : transmission aéroportée certain nombre d’outils pour atteindre
par fines particules < 5µ ; ces objectifs. Parmi ces outils on trouve
• type contact : transmission par les protocoles, les procédures, les
contact interhumain ; évaluations, l’audit, et la traçabilité (20,
• type gouttelettes : transmission par 22).
gouttelettes > 5µ (salive ou La formation et l’information en
secrétions oro-bronchiques). matière d’hygiène hospitalière s’inscrit
dans la politique d’amélioration de la
L’isolement protecteur tend à éviter sécurité et de la qualité des soins. En
tout contact du patient avec les micro- effet, la formation et l’information du
organismes, y compris les germes personnel de santé contribue à la
commensaux et saprophytes sensibilisation de celui-ci sur cette
(habituellement non pathogènes). discipline réfléchie et gestuelle que
De manière générale, l’isolement nécessitent les soins aux malades et
protecteur est moins répandu que toutes les activités qui s’y rattachent en
l’isolement septique sauf dans des les aidant à prendre conscience des
secteurs de soins spécifiques problèmes très divers qu’ils vont
(néonatologie, hématologie, cancérro- rencontrer dans leur tâche et de la
logie, services des brûlés….) (21). réalité nosocomiale (5).
Certains services hospitaliers sont En fait, la gestion du risque infectieux
classés comme services à risque. est une mission transversale qui
L’intérêt de cette classification est de implique chaque professionnel
pouvoir définir pour chaque zone un travaillant dans un établissement. En
niveau d’hygiène souhaité. Il s’agit de effet, certains considèrent l’hygiéniste
secteurs sensibles tels que le service comme dénomination professionnelle de
des brûlés, le service de réanimation, le tout membre de la collectivité
service de greffe des organes, les hospitalière, dont une part plus au moins
services de pédiatrie et de néonatologie, importante de son activité est dédiée à
le service de maternité, le service la lutte contre l’infection nosocomiale de
d’hémodialyse….. . Qui dit milieu sensible façon générale, à la lutte contre les
dit forcément précautions et entretien risques liés à l’environnement des soins
particuliers (5). Ces précautions sont qu’ils soient biologiques, physiques,
basées généralement sur la prévention chimiques. En fait, l’hygiène à l’hôpital,
de la transmission des micro-organismes c’est l’affaire de tout le monde et tout
d’un patient à l’autre et la dissémination doit être mis en œuvre pour aider les
de ces germes dans l’environnement de équipes à mieux gérer le risque
ces secteurs (20). infectieux (6, 22).

LA DEMARCHE QUALITE CONCLUSION


Actuellement, la qualité n’est plus un Aujourd’hui il y a une très grande
objectif mais une démarche de convergence d’objectifs et d’attitudes

17
professionnelles entre l’hygiène nosocomiales ; Bull. Epidemiol. Hebd.
hospitalière avec ses principes et ses 1992 ; numéro spécial.
7. CCLIN Sud – Ouest ; Entretien des locaux
méthodes issues de l’étude des risques des établissements des soins. 2005.
infectieux, et ce qui constitue 8. Vigilance environnementale ; HygieneS
maintenant un mouvement de fond dans 2000 ; Volume VIII- Numéro thématique.
le champ de la santé orienté sur 9. Comité technique national des infections
l’évaluation et la promotion de la qualité nosocomiales/ DGS/DHOS ; Surveillance
microbiologique de l’environnement dans les
des soins et particulièrement de la établissements de santé : Air, eau et
qualité hospitalière dans ses différentes surfaces. 2002.
dimensions. La qualité des soins et 10. Hôpitaux nationaux de CONAKRY –Guinée ;
l’hygiène hospitalière sont Nettoyage et entretien des locaux. 1997.
complémentaires. Ce sont les mêmes 11. CCLIN Sud – Est ; Entretien et désinfection
des locaux – Guide technique d’hygiène
démarches qui concourent à la fois à la hospitalière. 2004.
qualité globale des pratiques 12. Verdeil X. ; Soulier D. ; Entretiens des sols et
hospitalières et à la sécurité des des surfaces. In : Maîtrise des infections
patients. C’est ainsi que l’hygiène nosocomiales de A à Z ; 2004 ; Editions
hospitalière possède les outils HEALTH&CO.
13. Ministère de santé et des solidarités –
nécessaires de la qualité. Parmi ces France ; L’eau dans les établissements de
outils on peut citer la surveillance des santé –Guide technique.
infections nosocomiales qui constitue 14. Service Régional d’Hygiène de Bizerte ; Série
l’épidémiologie hospitalière qui traite des manuels d’hygiène hospitalière - Manuel
des notions de base de microbiologie 2 : La fonction restauration à l’hôpital. 2005.
15. CCLIN Paris – Nord ; Le circuit du linge à
permettant de définir et de comprendre l’hôpital. 1999.
les infections nosocomiales (6, 22). 16. Conseil Supérieur d’hygiène de France. ;
Elle constitue une base des Recommandations en matière de gestion
connaissances indispensables à la mise des déchets de soins de santé. 2005.
en application des mesures d'hygiène à 17. Comité technique des infections
nosocomiales ; Conseil supérieur d’hygiène
prendre dans les différentes unités de publique de France ; Guide de bonne
soins et à la mise en œuvre de la pratique de désinfection des dispositifs
prévention des infections nosocomiales médicaux.
à l'hôpital. 18. CCLIN Sud – Ouest. ; Méthodes et
organisation de la désinfection des
dispositifs médicaux. 1995.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 19. CCLIN Sud – Est ; Prévention du risque
1. BÜCKER G. Infections nosocomiales et infectieux - Du savoir à la pratique infirmière.
environnement hospitalier. Médecine 2004.
Sciences Flammarion. 1998. 20. Institut Pasteur ; Euroconférence ; Hygiène et
2. Exner M., Lajoie L., Hartemman santé 25, 26,27. 2001.
Ph. Hommage à Folrence Nitenghale. 21. CCLIN Sud Ouest Prévention du risque
HygieneS 2004 ; XII (2) : 161-166 infectieux en imagerie médicale non
3. Rogues MA., Hajjar J. ; L’équipe interventionnelle ; 2005
opérationnelle d’hygiène hospitalière et de 22. Dumoulin Ch. ; Polyn F. ; Les infections
prévention des infections nosocomiales dans nosocomiales ; Institut Pasteur de Lille.
les établissements de santé ; HygieneS 2005.
2001 ; IX (6) : 380-382.
4. Freney J., Fabry J. ; L’hygiène hospitalière :
émergence d’une fonction ; Revue
HygieneS 2001; IX (6) : 371-379.
5. CCLIN Sud Ouest. ; Guide pour la formation
de nouveaux professionnels en
établissements de soins ; 2000.
6. Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de
France ; 100 recommandations pour la
surveillance et la prévention des infections

18
LEGISLATION EN HYGIENE HOSPITALIERE
THOURAYA ANNABI ATTIA

En Tunisie il existe des dispositions 1er juillet 1998, relative à la sécurité


disparates concernant l’Hygiène sanitaire, puis le décret du 6 décembre
hospitalière (HH) dans plusieurs textes, 1999, ont étendu ce dispositif aux
sans pour autant qu’il n’y ait de textes cliniques privées. Le dispositif de
législatifs et réglementaires qui ne signalement des infections nosocomiales
traitent spécifiquement du sujet. a été mis en place par le Décret n°2001-
Pourtant l’impact de l’HH n’est plus à 671 du 26 juillet 2001 relatif à la lutte
prouver dans le domaine de la contre les infections nosocomiales dans
prévention des Infections Nosocomiales les établissements de santé.
(IN) et de la sécurité des patients. En
effet , l’OMS dénonce l’importance de ce Ainsi, le dispositif légal français n’a
problème car « à tout moment, plus de fait que s’enrichir au cours de ces
1,4 million de personnes dans le monde années 90 ; telle la mise en place d'un
sont gravement atteintes par de telles système de matériovigilance par le
infections » et qu’entre 5 et 10 % des décret n°96-32 du 15 janvier 1996
malades hospitalisés dans les pays (modifiant le code de santé publique et
développés sont victimes de telles qui a été suivi de plusieurs textes
infections. Dans certains pays en d'application). De même la création
développement, la proportion des d’institutions comme l’ANES1 et l’InVS2
malades touchés peut dépasser 25 %. ont été des étapes importantes dans la
Cependant, si la mise en place des consolidation du dispositif de lutte
concepts d’HH, s’est faite de façon contre les IN et de l’HH en général.
progressive pour aboutir à un projet
global au cours de la deuxième moitié du Des plans nationaux de lutte contre
20ème siècle, la mise en place du cadre les infections nosocomiales, ont été mis
juridique qui a permis en place, le premier en 1995 et pour 5
l’institutionnalisation du concept n’est ans, le deuxième actuellement en cours
intervenue que plus tard, au cours des s’étend de 2005 à 2008. Enfin,
années 90. l’amélioration de la formation en hygiène
des professionnels de santé et
En France, c’est en 1988, qu’a été l’information des patients ont fait
instaurée par décret la création des également l’objet de dispositions
Comités de lutte contre les infections « réglementaires » spécifiques. En effet,
nosocomiales (CLIN) dans les un des éléments abordés par la
établissements publics de santé. Puis législation française en la matière est
pour soutenir l'action de ces instances l'élément humain exerçant ou personnel
hospitalières, des structures de soin. Outre l'aspect protection du dit
interrégionales (les centres de personnel, les deux aspects relevés dans
coordination de la lutte contre les la législation française concernent :
infections nosocomiales, CCLIN) et des ƒ La nécessité de la formation continue
instances nationales (comité technique dans le domaine de la lutte contre les
et cellule infections nosocomiales de la infections nosocomiales (circulaire
Direction Générale de la Santé et de la
Direction de l’hospitalisation et des 1
L’Agence Nationale d‘Accréditation et d‘Évaluation en
soins) de coordination et de conseil ont Santé créée par le décret n° 97-311 du 07/04/97.
été créées en 1992 et 1995. La loi du 2
Institut national de Veille Sanitaire

19
DH\FH\99-342 du 14/06/99 Rôle de la Direction de L’hygiène du
prônant de privilégier la sécurité milieu et de la protection de
sanitaire et la qualité des soins l’environnement –DHMPE-
comme axe prioritaire de formation
pour l'an 2000 et concernant Le Décret n°81-793 du 09 juin 1981
l'ensemble des fonctionnaires portant organisation des services de
hospitaliers des établissements l’administration Centrale du MSP, stipule
public de santé). dans son article 19 : « La DHMPE est
ƒ La responsabilité en cas d'infection chargée notamment : du contrôle de
nosocomiale (jurisprudence l’hygiène dans les collectivités publiques
française). locales et dans les établissements
hospitaliers et sanitaires publics et
L’évolution est donc bien visible dans privés ... »
cette revue de la législation française,
elle sera moins évidente lors de la revue Il s’agit de la principale « citation » de
des textes tunisiens. En effet, nous l’HH dans les structures centrales du
l’avons dit d’entrée de jeu, il n’y a pas MSP, qui de ce fait dépend de la DHMPE,
encore de législation spécifique, mais sans pour autant que cela n’apparaisse
quelques « tentatives » éparses dans dans l’organigramme de cette direction
plusieurs textes (en particulier ni dans celui d’autres directions
d’organisation) et surtout beaucoup de centrales d’ailleurs.
circulaires, qui dans ce contexte ne sont
pas là pour jouer leur propre rôle de Autres Directions Centrales
texte explicatif d’un texte de loi
« hiérarchiquement supérieur », mais Depuis 1981, il y a eu en fait peu de
plutôt un rôle de « bouche-trou » pour la réformes dans cet organigramme de
résolution des problèmes posés au fur et l’administration centrale. Les quelques
à mesure, ou pour répondre rapidement changements enregistrés, ont été tous
à un « besoin urgent » d’organiser, partiels. Nous en citerons deux qui
d’obliger, de légiférer. Pour preuve, peuvent toucher l’HH (sans pour autant
passons en revue les textes nationaux ne l’avoir jamais mentionné) :
disponibles. • En 2000, création d’une sous direction
de la qualité des soins, au sein de la
Une présentation selon un plan Direction Générale de la Santé, sans
pragmatique, permettra de simplifier pour autant qu’un quelconque lien ait
cette revue ; nous passerons ainsi en été opéré avec les activités d’HH (les
revue les textes d’organisation programmes se sont plutôt construits
administrative (selon les niveaux autour de ceux des soins de santé de
hiérarchiques), d’organisation technique base).
et enfin les programmes d’hygiène • En 2006 (grâce au Décret 2006-746
hospitalière. du 13 mars 2006 modifiant et
complétant le décret 81-793 du 7
L’ORGANISATION ADMINISTRATIVE juin 1981 portant organisation des
services de l'administration centrale
Différents niveaux sont concernés, du ministère de la santé publique),
chacun étant régi par des textes on ne dit plus "direction de la
différents. tutelle des hôpitaux" mais "direction
des structures sanitaires publiques".
NIVEAU CENTRAL Il s’agit d’une réforme dans la forme
(dénomination en conformité avec la
terminologie utilisée dans la loi 91-

20
63 du 29 juillet 1991 relative à Il n’y a pas de mention de l’HH
l'organisation sanitaire) et dans le dans le décret organisant les Directions
fond car en plus de l’organisation Régionales (n°81-225 du 18 février
hospitalière, elle inclut un nouveau 1981), mais « la filiation » technique des
département, celui de l’évaluation et services régionaux d’hygiène à la
audit. Comme l’analyse le bulletin de DHMPE, fait que cette activité leur a
l’ATDS3 : « A travers les nouvelles toujours été attribuée.
tâches qui lui sont dévolues, l'on
voit poindre à la fois la mise en Pour « corriger » cette situation et
place de la CNAM4 (facturation à apporter un soutien administratif aux
l'acte généralisée), la concurrence services régionaux d’hygiène, la
avec le secteur privé (évaluation de Circulaire n° 03/91 du 10 janvier 1991
la qualité des prestations, gestion relative au profil de poste du chef de
des plaintes des usagers, mise à service régional de l’Hygiène du milieu et
jour les modes d'organisation de de l’Assainissement, a été créée, jouant
soins), la raréfaction des ressources un rôle palliatif intéressant (un des rôles
publiques affectées à la santé décrits par la circulaire est de
(actualiser les coûts et les tarifs « Promouvoir, entreprendre et réaliser
des prestations, évaluer les toute recherche visant à connaître et à
performances économiques et prévenir les infections nosocomiales »).
améliorer l'efficacité des éléments du
système) et la volonté d'introduire de NIVEAU LOCAL
nouveaux repères, entièrement
manageriaux dans une activité Rôle des structures hospitalières
purement administrative, en
l'occurrence la santé publique C’est dans Loi n°91-63 du 29 juillet
(analyser les résultats de la gestion 1991 relative à l’organisation sanitaire,
des budgets et auditer les qu’est abordée l’hygiène hospitalière
performances gestionnaires des dans son article 5 : « Les structures et
structures sanitaires publiques) ». établissements sanitaires publics et
privés doivent fonctionner dans les
De façon générale conditions qui garantissent … le respect
des règles d’hygiène fixées par la
La carence en terme d’organisation législation et la réglementation en
du niveau central a été palliée par la vigueur... ».
création du « Comité technique d’hygiène
dans les structures hospitalières5 » dont Le concept général d’hygiène ainsi
nous parlerons plus amplement dans le édicté, devait être explicité par des
chapitre de l’organisation technique textes d’application, mais dans le Décret
puisqu’il s’agit d’une instance n°81-1634 du 30 novembre 1981
fonctionnelle non administrative. portant règlement général intérieur des
Hôpitaux Instituts et centres spécialisés
NIVEAU REGIONAL relevant du Ministère de la santé
publique, nous ne retrouvons qu’une
Rôle des directions régionales de la allusion dans l’article 41 :« Une stricte
santé publique hygiène corporelle est de règle à
l’hôpital. Le personnel hospitalier et les
3
ATDS (Association Tunisienne Droit et Santé). Bulletin malades sont tenus à une parfaite
d'information n°1. Mai 2006 propreté sous le contrôle des
4
Caisse Nationale d’Assurance Maladie surveillants des services et du surveillant
5
Arrêté du ministre de la santé publique du 29 avril 1999
général de l’établissement ».

21
Plus pragmatique, le Décret 93-
De même le décret n° 81-1130 du 1915 du 31 août 19936 prévoit
1er Septembre 1981 portant création et certaines normes d’hygiène que chaque
réglementation de l’attribution de la établissement est tenu de respecter
rémunération des emplois fonctionnels (stérilisation, gestion de déchets...),
des établissements publics relevant du toujours sans les lier à des indicateurs
MSP, prévoit la nécessité de créer un de santé.
service ou bureau (selon l’importance de
l’établissement) qui sera chargé de De façon générale
l’hygiène et de la protection. Cet article a
été l’objet de multiples interprétations, Comme pour le niveau régional, le
allant du service médicalisé à des manque de textes explicites pour le
services administratifs gérant les agents niveau local, a fait l’objet d’un traitement
de nettoyage et de gardiennage. palliatif, notamment par la Circulaire n°
114/98 du 31 octobre 1998
Plus récemment, le Décret 2003- (Renforcement des activités d’hygiène
2070 du 6 octobre 2003, est venu hospitalière) qui donne une assise
organiser les Hôpitaux régionaux. Du fait administrative à l’hygiéniste hospitalier,
qu’il est récent, ce texte a intégré entérinant son activité et la liant à la
nombre de notions relativement lutte contre les infections nosocomiales.
nouvelles comme le contrat objectifs,
formation continue du personnel et Mais avant elle, la circulaire
comité propre d’éthique. Mais l’HH y est n°11/90 du 25 Janvier 1990 avait
restée identique aux textes des années permis de créer les comités d’hygiène au
80, intégrant parmi les responsabilités sein des établissements hospitaliers
du directeur de l’établissement (Art. 4), dont le rôle de « recensement et
celle de « veiller en permanence à résolution des problèmes d’HH » dans
l’hygiène et à la salubrité au sein de l’établissement a introduit en précurseur
l’hôpital ». Nous pouvons même les fonctions d’évaluation qui sont
constater une certaine régression dévolues aujourd’hui aux « comités
puisque parmi les quatre sous directions d’experts » laissant la tâche de gestion
instaurées par l’organigramme, c’est aux hygiénistes (qu’ils soient au sein de
celle de l’approvisionnement et des services médicalisés et structurés ou
services auxiliaires qui a été choisie pour agissant en tant que personnel
abriter « un service de maintenance, de spécialisé rattaché à une structure
la sécurité et de l’hygiène hospitalière ». administrative).

Rôle des établissements sanitaires L’ORGANISATION TECHNIQUE


privés
Ce chapitre nous permettra
Le Décret n° 93-1156 du 17 mai d’examiner plus amplement certains
1993 fixant les conditions de nomination textes déjà cités pour l’aspect
des directeurs des établissements administratif, mais aussi de prendre
sanitaires privés prévoit que le directeur quelques exemples de textes (le plus
de l’établissement doit veiller à l’hygiène souvent des circulaires) qui ont pour
et à la propreté au sein de son objectif de donner des instructions
établissement, introduisant ainsi une
notion de « responsabilité » relative à
l’hygiène sans pour autant la lier aux 6
Fixant les structures et les spécialités ainsi que les
infections nosocomiales. normes en capacité, locaux, équipements et personnels
des établissements sanitaires privés

22
techniques concrètes concernant rencontrent de la part de l’administration
l’hygiène hospitalière. (fournir le matériel nécessaire à
l’exercice) et la résistance de la part du
LES PREROGATIVES DE L’HYGIENISTE personnel médical et paramédical
HOSPITALIER SONT PRESENTEES SOUS FORME (souvent hostile à toute ingérence dans
D’INSTRUCTIONS TECHNIQUES OU TACHES A
leurs services). Cependant nous
EXERCER AU SEIN DE L’HOPITAL7 :
remarquons que ce texte introduit une
« confusion » entre l’HH et le nettoyage
ƒ Assurer l’éducation sanitaire et la
(premier alinéa), confusion sans cesse
formation continue du personnel
retrouvée dans les textes, voire
chargé de l’hygiène hospitalière ;
entretenue.
ƒ Contrôler l’état d’hygiène au niveau
des services hospitaliers, annexes LES COMITES D’HYGIENE AU SEIN DES
et l’environnement des pavillons ; ETABLISSEMENTS HOSPITALIERS8
ƒ Assurer le contrôle du circuit du
linge et du mode d’évacuation des Eminemment techniques, ces
déchets ; comités ont très peu fonctionné en
ƒ Superviser les opérations de réalité. Dans les établissements les plus
désinfection, de désinsectisation et « motivés », ils ont été remplacés ou
de dératisation ; doublés par des CLIN informels, comme
ƒ Procéder aux recueils des données si la seule dénomination de « Comité de
relatives à l’hygiène hospitalière et Lutte contre les Infections
aux infections nosocomiales au Nosocomiales » pouvait induire la
niveau de l’hôpital ; fonction (pourtant sous jacente à celles
ƒ Participer à des prélèvements édictées pour les comités d’hygiène).
systématiques dans les blocs
opératoires en vue d’évaluer l’état LE COMITE TECHNIQUE D’HYGIENE DANS LES
d’asepsie ; STRUCTURES HOSPITALIERES
ƒ Faire des prélèvements réguliers
des denrées alimentaires et des Créé par l’arrêté du Ministre de la
eaux notamment au niveau des santé publique du 29 avril 1999, avec
services spécialisés ; pour objectif (Art. 2) : « de contribuer à la
ƒ Participer aux travaux du comité promotion de l’hygiène dans les
d’hygiène hospitalière ; établissements sanitaires publics et
ƒ Dresser un rapport régulier sur les privés, et ce, par :
activités «hygiène» dont une copie ƒ l’évaluation de la situation en
sera transmise à la Direction matière d’hygiène dans les
Régionale de la Santé Publique et à structures sanitaires ;
la Direction de l’Hygiène du Milieu ƒ l’élaboration d’un programme
et de la Protection de national d’hygiène dans les
I‘Environnement. structures sanitaires et ce, dans le
cadre d’une stratégie nationale en
Cette circulaire est considérée la matière ;
comme un « texte » princeps dans ƒ L’évaluation et le suivi des actions
l’organisation technique de l’HH dans les entreprises dans le cadre de cette
établissements, permettant aux stratégie ;
professionnels de jouer leur rôle et les ƒ Les avis donnés sur toutes les
aidant à vaincre les résistances qu’ils questions inscrites à son ordre du
jour et relatives à sa mission ».
7
Circulaire n° 114/98 du 31 octobre 1998 (Renforcement
8
des activités d’hygiène hospitalière) Circulaire n° 11/90 du 25 Janvier 1990

23
La fonction de cette instance organisationnelles, du fait qu’ils
nouvelle est venue répondre au besoin apportent une panoplie d’activités
« d’évaluation des risques » à l’échelle complémentaires et interdépendantes
nationale par un comité d’experts, se bénéficiant d’un suivi, d’une
démarquant de la fonction de « gestion budgétisation voire d’une amélioration
des risques » exercée par la DHMPE (à continue au vu de l’évaluation dont ils
défaut d’une instance spécifique sont sensés bénéficier régulièrement. En
clairement désignée). fait, jusqu’à ce jour ces programmes
restent peu nombreux, à l’exception des
Pour la mise en œuvre de ses activités d’inspection qui ne peuvent
prérogatives, le Comité Technique qu’être rangées à part et qui ne
d’Hygiène dans les structures bénéficient d’ailleurs pas d’une
hospitalières est en mesure de créer des procédure standardisée à l’échelle
groupes d’étude spécialisés. Ainsi ont vu nationale. Certaines initiatives locales et
le jour depuis la première réunion 5 régionales sont cependant à souligner en
groupes qui ont fonctionné de façon non matière de programmation et de
uniforme, certains ayant été plus prolixes standardisation9.
que d’autres, certains ont travaillé plus
régulièrement que d’autres, tous ont PROGRAMME NATIONAL DE GESTION DES
fourni des résultats. Il s’agit des groupes DECHETS
suivants :
ƒ Cadre législatif et réglementaire ; C’est l’un des premiers
ƒ Hygiène des mains ; programmes d’intérêt en matière de
ƒ Surveillance des infections gestion du risque en HH, il a été instauré
nosocomiales ; en 1992 par circulaire. Il s’applique
ƒ Environnement hospitalier ; aussi bien aux structures hospitalières
ƒ Utilisation rationnelle des qu’aux centres de santé (peut être pour
antibiotiques. la première fois cités dans un
programme d’HH). Il s’agit de la
AUTRES CIRCULAIRES PORTANT DES Circulaire n° 76/92 du 18 Septembre
INSTRUCTIONS TECHNIQUES EN MATIERE D’HH 1992 relative à la gestion des déchets
hospitaliers, qui a prévu le tri à la source,
ƒ Circulaire n°3/2000 du 17 janvier le code couleurs, le stockage en local
2000 relative à la prévention de la spécialisé … et l’incinération.
transmission des infections
nosocomiales dans les centres L’application de cette « procédure »
d’hémodialyse ; s’est heurtée à de nombreuses
ƒ Circulaire n°35/2000 du 23 Mai difficultés d’application, en particulier
2000 relative aux modalités de l’absence de budgétisation qui a rendu
désinfection des endoscopes dans la mise en œuvre problématique pour
les unités de soins ; certaines composantes pratiques telles
ƒ Circulaire n° 44/2005 du 11 Mai que la mise en conformité des réduits à
2005 relative aux mesures poubelles ou l’achat des consommables
préventives contre les IN sans (sacs de couleurs différentes). C’est pour
recourir à la fermeture temporaire cela qu’elle a été rappelée et renforcée
des services. dans d’autres textes tel que circulaire n°
124-95 du 11 décembre 1995. Mais le
réel renfort (passage d’une procédure à
LES PROGRAMMES
Les programmes sont à distinguer 9
Voire activités du service régional de Bizerte en matière
des circulaires techniques ou d’HH.

24
un « programme ») a été apporté par la est également rendu public pour
parution de textes nationaux dont elle encourager des mesures simples
pourrait constituer « une application » en permettant d’éviter la propagation de
attendant la sortie d’un texte ces infections ». En effet, l’application du
d’application en bonne et due forme10 : programme tunisien d’hygiène des mains
ƒ Loi n° 96-41 du 10 juin 1996 s’est heurtée non seulement à des
relative aux déchets et au contrôle difficultés matérielles (implantation de
de leur gestion et de leur postes de lavages en particulier) mais
élimination ; aussi mentales (résistance des
ƒ Loi n° 97-37 du 2 juin 1997 professionnels encore une fois) et mérite
relative au transport par route des d’être intégré dans une problématique
matières dangereuses ; générale de lutte contre les infections
ƒ Décret n° 2000-2339 du 10 nosocomiales.
octobre 2000 fixant la liste des
déchets dangereux. SYSTEME DE SURVEILLANCE DES INFECTIONS
NOSOCOMIALES
PROGRAMME NATIONAL D’HYGIENE DES MAINS
En l’absence d’un cadre légal au
Egalement objet d’une Circulaire système de surveillance en vue du
(n°30/2002 du 8 avril 2002) qui a signalement des infections nosocomiales
prévu la sensibilisation du personnel, et du recueil des informations le
l’équipement en moyens et matériel concernant (l’obligation de déclaration
adaptable et nécessaire … ainsi qu’un des maladies transmissibles – loi n° 92-
timing de réalisation. Cette circulaire est 71 du 27 juillet 1992, relative aux
le fruit du travail du groupe d’étude maladies transmissibles ne pouvant être
spécialisé né du Comité Technique étendue aux IN qui constituent un cadre
d’Hygiène dans les établissements particulier où la déclaration est
hospitaliers. généralement non nominative et entre
Cependant le bilan de ce dans le cadre d’un système de
programme reste modeste, à l’heure où surveillance spécifique), plusieurs
l'OMS lance le défi mondial pour la circulaires ont pris le relais et parlent de
sécurité des patients et publie des surveillance d’infections
directives sur l'hygiène des mains en nosocomiales (citées dans les chapitres
milieu médial ; selon les termes du précédents).
communiqué du 13 octobre 2005 :
« Pour combattre la propagation des Un groupe d’étude spécialisé créé par Le
infections liées aux soins de santé qui Comité Technique d’Hygiène dans les
touchent des centaines de millions de établissements hospitaliers a conclu à la
patients dans le monde chaque année et nécessité de cette surveillance.
entraînent un nombre considérable de Cependant, c’est un groupe ad hoc mis
décès, l’Organisation Mondiale de la en place en Janvier 2004 au sein de la
Santé (l'OMS) et ses partenaires lancent DHMPE et baptisé « Cellule d’Hygiène
le défi mondial pour la sécurité des Hospitalière » qui a organisé et mené à
patients avec pour thème : A bonne bien la première enquête nationale de
hygiène bons soins – un soin propre est prévalence des IN11 –NosoTun05- objet
un soin plus sûr . A cette occasion, un de la circulaire 76/04 du 2 octobre
projet avancé de directives de l’OMS sur 2004. C’est cette enquête qui a permis
l’hygiène des mains en milieu médical
11 Voir rapport publié par le MSP intitulé « PREMIERE
10
Décret non encore paru au moment de la préparation de ENQUETE NATIONALE DE PREVALENCE DES
cette conférence. INFECTIONS NOSOCOMIALES »

25
de commencer les travaux pour L’architecture organisationnelle en
l’instauration d’un programme national matière d’HH semble claire en
pérenne de surveillance des infections référence au concept d’Analyse du
nosocomiales12. Risque qui fait référence de nos
jours, imposant l’articulation (mais
CONCLUSION aussi l’indépendance les unes vis-à-
vis des autres) des trois
Au terme de cette revue critique composantes que sont :
des textes nationaux abordant l’HH, et ƒ L’évaluation du risque (dévolue à
en comparaison de textes étrangers (cas des comités d’experts) ;
de la France) ou encore de ce que ƒ La gestion du risque (mise en place
préconise l’OMS, nous pouvons conclure et application de la législation) ;
qu’il est temps pour la Tunisie de ƒ La communication du risque (permet
s’outiller en matière de textes législatifs la circulation de l’information à tous
spécifiques à l’HH et de lutte contre les les niveaux, information ascendante
IN. En effet, si nous avons été prolixes en et descendante, information entre
matière de circulaires ministérielles, cela les professionnels, information du
nous a beaucoup aidés à organiser public…).
l’Hygiène dans les établissements de Cette architecture qui distingue
soins, mais cette sorte d’organisation l’évaluation et la gestion, devra
parcellaire (mosaïque incomplète) a également tenir compte des trois
atteint ses limites, en particulier celles niveaux d’intervention sur lesquels se
concrètes de non induction de base l’administration tunisienne, à savoir
budgétisation ; faisant que toutes ces le niveau central, régional et local.
instructions techniques et Cependant et face à cette
organisationnelles se perdrent faute de mouvance dans laquelle nous sommes, il
mise en œuvre pour défaut de moyens ! sera utile d’assimiler la leçon apprise par
La conjoncture à la sortie de cette ceux qui nous ont précédé et profiter de
sorte de texte est d’autant plus leur expérience; dans le sens qu’en
favorable, que les projets foisonnent ; France par exemple, où toutes sortes de
tous en relation avec l’HH : « vigilances » ont vu successivement le
ƒ Programme de qualité des services jour, le problème de la coordination
de soins : stratégie nationale de entre elles se pose14. Une approche
l’amélioration continue de la qualité intégrant à la lutte contre les IN tous les
des soins et des services de santé13 ; types vigilances reste envisageable, au
ƒ Projet de mise à niveau des sein d’une démarche transversale. Cette
structures de soins du secteur démarche peut également intégrer la
public ; « Qualité » (et permettre ainsi d’introduire
ƒ Projet mené en collaboration avec le l’exigence d’une accréditation de
Ministère de l’Environnement : l’établissement), dans une approche
Système national de collecte et de globale de la prévention des risques liés
traitement des déchets de soins ; à l’hôpital, nous évitant ainsi les
ƒ Projet en gestation de rendre le démarches schizophréniques fortes
système HACCP obligatoire dans les consommatrices de moyens et de
cuisines d’établissement de soins. rendement faible.

12
Non encore formalisé au moment de la préparation de 14
cette conférence. Hartemann Ph. ; Introduction à la gestion des risques
ème
hospitaliers; In : Livre des résumés de la X journée
13
Document édité par le MSP –Direction Générale de la d’hygiène hospitalière de Bizerte 2005
Santé- en décembre 2003

26
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
__________________________________

1. Programme national de lutte contre les


infections nosocomiales ; 2005-2008,
Document édité par le Ministère de la Santé
et de la prévoyance sociale français
2. ANNABI ATTIA Thouraya ; Législation
comparée en hygiène hospitalière: Cas de la
France ; 1999 ; document non publié.
3. ANNABI ATTIA Thouraya Le point sur
l’organisation et les programmes en hygiène
hospitalière ; ; Sousse octobre 2003 ;
communication au premier congrès tuniso-
français d’hygiène hospitalière.
4. ATDS (Association Tunisienne Droit et Santé).
Bulletin d'information n°1. Mai 2006
5. Document publié par le Ministère de la Santé
Publique en 2005 intitulé « PREMIERE
ENQUETE NATIONALE DE PREVALENCE DES
INFECTIONS NOSOCOMIALES ».
6. PV de la DHMPE rapportant les résultats des
discussions menées dans le cadre des
Journées d’écoute des hygiénistes
hospitaliers, les 25 mai à Sousse, 26 mai à
Sfax et 27 mai 2005 à Tunis.
7. Thouraya ANNABI ATTIA ; Qualité des soins et
hygiène hospitalière ; conférence au IVéme
cours d’hygiène et de santé
environnementale du Nord, Bizerte le 30
Novembre 2005.

27
HUMANISATION DES HOPITAUX ET HYGIENE
RIDHA HAMZA

INTRODUCTION
Certains domaines de l’hygiène
On a très souvent tendance à hospitalière participent inéluctablement
considérer que l’application des règles à l’humanisation des hôpitaux. Les
d’hygiène nuit aux principes exemples sont multiples et variés.
d’humanisation des soins, et que Le comportement hygiénique des
l’humanisation entrave l’observance des personnels soignants (respect de la
règles d’hygiène. En fait, hygiène et tenue de travail, lavage des mains…), la
humanisation riment ensemble et en lutte contre les vecteurs, la gestion
dehors de quelques situations adéquate des déchets d’activités de
particulières, l’application des règles soins, le nettoyage régulier des locaux, le
d’hygiène participe plutôt à contrôle de la qualité des repas servis
l’humanisation des soins et vice-versa. aux malades sont autant de domaines
pouvant concourir au confort du malade
et donc à l’humanisation du séjour
DEFINITIONS hospitalier.
Accorder un intérêt particulier à
PH. HARTEMANN définit en 1988
l’hygiène corporelle des patients
l’hygiène comme étant une « discipline
(douches fréquentes) est aussi de nature
qui s’attache à maintenir les relations
à contribuer à l’humanisation de
entre l’homme et son environnement
l’hôpital.
dans un état tel que l’homme bénéficie
Enfin, la réduction de la durée de
de la meilleure santé possible et que
séjour hospitalier dans le cadre de la
l’environnement ne souffre pas de la
présence de l’homme », alors que selon lutte et de la prévention de l’infection
M. MAISONNET (1966), l’hygiène hospitalière constitue également un des
principes essentiels de l’humanisation.
hospitalière est une « discipline qui traite
aussi bien des multiples problèmes CONTRIBUTION DE L’HUMANISATION A LA
posés par la prévention de l’infection et PROMOTION DE L’HYGIENE
de la surinfection à l’hôpital et qui
s’intéresse aussi à tous les aspects D’un autre point de vue, certains
sociaux et moraux qui découlent de principes de l’humanisation peuvent
toute hospitalisation » contribuer à la promotion de l’hygiène.
D’un autre côté, l’humanisation vise Les efforts déployés dans le cadre de
à « adoucir le vécu quotidien du malade » l’amélioration des conditions de séjour
et atténuer les effets psychologiques des malades visant à assurer le confort
néfastes de toute hospitalisation. Il s’agit hôtelier (literie,…), ou de la réhabilitation
d’améliorer les conditions de séjour et de l’environnement hospitalier sont
de confort des patients. souvent appuyés par les hygiénistes
Il ressort donc que des interactions hospitaliers. Parfois des réamé-
existent entre hygiène et humanisation. nagements architecturaux proposés pour
rendre plus agréable le séjour
SYNERGIE ENTRE HUMANISATION ET hospitalier, s’avèrent aussi bénéfiques à
l’hygiène, même si « dans le domaine
HYGIENE hospitalier, les contraintes techniques et
CONTRIBUTION DE L’HYGIENE A L’HUMA- hygiéniques sont telles qu’il ne reste pas
NISATION DES HOPITAUX

28
grande place pour l’art architectural » culte relevant de l’établissement
rapporte PH. HARTEMANN (1). hospitalier (4).

ANTAGONISME ENTRE HUMANISATION ET NECESSITE DE CONCILIER ENTRE


HYGIENE HYGIENE ET HUMANISATION
Malheureusement, la synergie entre Concilier entre les précautions
humanisation et hygiène n’est pas d’hygiène et les exigences en matière
toujours de règle. En effet, d’un côté d’humanisation est un impératif majeur
certaines pratiques d’hygiène peuvent et ce d’autant que l’humanisation des
nuire aux principes d’humanisation des hôpitaux et l’hygiène visent un même
soins et d’un autre côté certaines objectif, soit garantir les conditions de
mesures d’humanisation peuvent confort et de sécurité des usagers.
entraver l’observance des règles Il y a donc lieu d’une part d’évaluer
d’hygiène. l’impact de toute action de promotion de
l’hygiène sur la dimension humanisation
EXEMPLES DE PRATIQUES D’HYGIENE POUVANT et d’en atténuer les conséquences et
NUIRE AUX PRINCIPES D’HUMANISATION DES d’autre part d’évaluer les risques
SOINS
infectieux de tout projet d’humanisation
et d’envisager des mesures en vue de
L’interdiction d’introduire des
les réduire.
denrées alimentaires provenant de
Il s’agit notamment d’éviter de
l’extérieur ou des repas préparés à
sacrifier l’hygiène au nom de
domicile dans le cadre de la prévention
l’humanisation, mais également de ne
des toxi-infections alimentaires, la
pas rejeter toute mesure d’humanisation
réglementation des visites pour des
pour des raisons d’hygiène dans la
raisons d’hygiène, l’isolement hospitalier
mesure où hygiène et humanisation ne
septique ou protecteur comme mesure
sont forcément pas antagonistes, mais
de prévention de l’infection hospitalière
sont bien ou contraire le plus souvent
sont autant de situations pouvant
synergiques, ou le cas échéant au moins
occasionner des répercussions
compatibles.
psychologiques néfastes sur le patient et
Toutefois, nombre de mesures
son entourage (2, 3).
d’humanisation sont plus ou moins
EXEMPLES DE MESURES D’HUMANISATION
neutres vis-à-vis de l’hygiène. On peut
POUVANT ENTRAVER L’OBSERVANCE DES citer comme exemples : la mise en place
REGLES D’HYGIENE de cabines téléphoniques, la présence
du mari lors de l’accouchement, la
On peut citer la participation des dotation des chambres de malades de
parents aux soins en pédiatrie, et télévision, etc… Par ailleurs certaines
l’accompagnent des enfants malades activités d’hygiène s’avèrent plutôt
par leur mère fortement recommandés neutres vis-à-vis de l’humanisation des
de nos jours par les pédiatres, mais soins telles que la surveillance de
également d’autres mesures telles que l’infection hospitalière (à condition de
l’introduction de jouets pour enfants, la respecter le secret médical et d’informer
dotation des unités hospitalières de bacs les patients sur les risques infectieux
de fleurs artificielles, le recours à la nosocomiaux) et l’évaluation en hygiène
climatisation et certaines innovations hospitalière (conduite d’audits…).
architecturales telles que les faux
plafonds, et enfin le rassemblement des
malades dans des lieux tels que le
cafétéria, la bibliothèque ou les lieux de

29
RELATION ENTRE HUMANISATION – constitue actuellement une
préoccupation majeure.
HYGIENE ET DEMARCHE QUALITE Or il s’avère que l’hygiène peut aller
de pair avec les actions d’humanisation.
L’humanisation ne peut se concevoir
que dans le cadre d’une démarche Ainsi l’hygiène et l’humanisation des
hôpitaux sont nécessairement
qualité prenant en compte l’ensemble
complémentaires pour assurer une
des besoins et des intervenants et en
meilleure efficacité et sécurité de la
premier lieu le patient et son entourage.
L’hygiène représente également une prise en charge du patient.
composante essentielle de la qualité des
soins et l’infection hospitalière est
considérée comme un critère ou un REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
indicateur de qualité (ou de non qualité
des soins). D’ailleurs l’hygiène 1- Hartemann Ph. ; Architecture hospitalière et
hygiène. In : Livre des résumés de la Xème
hospitalière a joué un rôle pionnier en journée d’hygiène hospitalière de Bierte ;
matière de qualité (5, 6, 7). 2004.
Finalement « humanisation » et 2- Major RM. ; Anxiété de l’adulte hospitalisé en
« hygiène » constituent deux chambre d’isolement. Objectif soins ; 1995 ;
composantes essentielles de la qualité 30 : 36-38
3- Reich MG. ; Estève V ; Deberles M.F. ;
des soins et une démarche qualité Lefebvre D. ; Psychologie de l’isolement : le
garantit à la fois l’humanisation des patient, la famille, les soignants ; HygieneS ;
soins (satisfaction des usagers) et 1999; VII (8) : 528-533
l’hygiène. 4- Beytout D, De Micco Ph, Roussel A et al. ;
Humanisation des hôpitaux et hygiène
hospitalière. In : Hygiène Hospitalière. Manuel
CONCLUSION de lutte contre l’infection nosocomiale. 1992.
Editions C. & R.
L’humanisation des hôpitaux 5- CCLIN-Ouest. ; Amélioration de la qualité en
hygiène hospitalière ; Janvier 1999; 34
apparaît aujourd’hui comme une
pages.
nécessité et ce d’autant qu’on assiste à 6- EL Najjar J. ; Indicateurs de qualité, In :
un développement considérable des Maîtrise des infections nosocomiales de A à
techniques de soins qui rendent la Z. ; 2004. ; Editions HEALTH & CO.
relation soignant- soigné de plus en plus 7- Hamza R. ; L’infection hospitalière :
épidémiologie – surveillance – prévention. ;
distante.
169 pages. Edité par le Ministère de la Santé
La promotion de l’hygiène Publique de Tunisie - Direction de l’Hygiène
hospitalière est également perçue de du Milieu et de la Protection de
nos jours comme une priorité dans la l’Environnement ; 2003.
mesure où l’infection hospitalière

30
ARCHITECTURE HOSPITALIERE ET HYGIENE
HAYET KAMMOUN

INTRODUCTION médicale et soignante, principaux


utilisateurs des locaux (3).
Sans doute la plupart des hôpitaux
sont-ils construits, toutefois, certaines EVOLUTION DE L’ARCHITECTURE
institutions font des transformations, se HOSPITALIERE
modernisent, effectuent des
agrandissements ou couvent des projets Avant de se projeter dans l’avenir,
de reconstruction. Or, il ne fait pas de revenons un instant sur l’histoire de
doute que l’on peut mieux prévenir la l’architecture et l’hygiène hospitalière
transmission des infections, que l’on dont les enseignements sont essentiels
peut mieux assurer l’assainissement pour pouvoir envisager l’avenir.
régulier et systématique du milieu A l’époque médiévale, la fonction
ambiant si la conception architecturale, hospitalière est assumée par l’église
si le choix des matériaux, si le mode de dont l’architecture est monumentale. Au
circulation sont bien adaptés. XVIIème siècle, sont construits les
Bien que l’architecture semble avoir hôpitaux généraux à accueillir toutes
peu d’influence sur l’incidence de formes de misère, d’une part les hôtels
l’infection nosocomiale, il paraît Dieu et les hospices, d’autre part les
cependant indiscutable que les locaux maladreries, miséreries et léproseries. A
jouent un rôle prédominant par leur la suite de l’incendie de l’Hôtel Dieu, en
entretien et par leur impact sur les 1772, les milieux politiques et médicaux
organisations de travail (1). prennent en compte l’état déplorable de
L’hôpital tient une part particulière l’hygiène hospitalière, c’est l’avènement
dans la vie et le patrimoine de part la de "l’hôpital hygiéniste"(1).
place centrale de l’hôpital dans la ville et Après les grandes épidémies de
son impact sur la structuration urbaine. choléra de 1832 et 1854, la Médecine
L’hôpital regroupe par ailleurs dans un produit le discours sur l’infection
espace restreint toutes les transmise par les “miasmes”de l’air se
fonctionnalités de la ville (2). qui a mené à la segmentation des
La philosophie de l’hygiène bâtiments, refus des grandes
pasteurienne : séparation du propre et concentrations, et attention portée aux
du sale, du sain et du contaminé, si elle problèmes de ventilation (2).
est une condition nécessaire, n’est pas Au 19ème siècle apparaissent trois
suffisante pour construire l’hôpital. Il y a nouveaux types d’établissements
les matières : propres, sales plus tous hospitaliers : les hôpitaux marins
les réseaux. Les hôpitaux fonctionnent destinés à accueillir les enfants
par des flux, des parcours…(3). scrofuleux, les maternités et les
Seul un véritable dialogue entre le sanatoriums (2). A la fin du 19ème siècle,
maître d’ouvrage, l’architecte et les les médecins hygiénistes suggèrent la
utilisateurs est garant d’un bon projet. construction d’hôpitaux en bois
L’hôpital concentre une multitude adaptables et que l’on puisse brûler
d’interlocuteurs pour les projets périodiquement lorsqu’ils ne répondent
architecturaux : le Directeur des travaux, plus aux normes d’hygiène. Ces
l’ingénieur en bâtiments, l’ingénieur suggestions s’appuient entre autres sur
biomédical, l’ingénieur informatique, l’observation d’un taux de mortalité plus
ainsi que l’ensemble de la communauté faible dans les hôpitaux baraques en
bois installés dans les jardins de Paris

31
lors de la guerre de 1870e que dans les soignant, le malade ou, nouveau venu :
hôpitaux traditionnels. C’est de cette le client potentiel, futur patient.
découverte empirique qu’a d’écoulé la Il en résulte une conception différente
construction d’hôpitaux pavillonnaires où suivant la base retenue (3).
il s’agissait de garder une structure Dans le 1er cas, la fonctionnalité et la
similaire à celle de ces hôpitaux mais en rentabilité doivent s’accorder
« dur ». Paradoxalement, ces hôpitaux systématiquement, d’où une
pavillonnaires qui se voulaient concentration des moyens et une
adaptables, fonctionnels et répondant à densification du bâti, Le résultat
toutes les normes d’hygiène sont présente comme image celle du monstre
actuellement les plus durs à réutiliser. froid des années 1960 : masse du
C’est ainsi que les hôpitaux des 16ème système monobloc. C’est l’usine à
,17ème et 18ème siècles sont conservés et soigner des maladies : « dinosaure » de
réutilisés, mais les hôpitaux construits 1000 lits (3).
entre 1880 et 1970 sont difficiles à Dans le 2ème cas, la priorité est donnée à
réutiliser du fait de leur peu de une mise en espace chaleureuse et se
fonctionnalité en égards aux exigences traduit par une profusion de lumière
actuelles (2). avec un large développement du hall
Les découvertes de Louis Pasteur sur ouvert sur l’extérieur et une abondance
la microbiologie révolutionnent « les de verdure (coup d’oeil à l’écologie et
théories infectionnistes » : la notion de rappel du système pavillonnaire), un
contagion et de transmission des traitement luxueux des lieux d’attente.
maladies, plus manuportée Dans le 3ème cas, c’est la vogue de
qu’aéroportée, apparaît avec la l’image de marque avec comme dérivé,
nécessité de la combattre en séparant un maquillage commercial (couleurs,
les malades au sein des pavillons, et en matériaux, fontaines, boutiques,
stérilisant les outils médicaux. perfection du design, marketing). C’est le
La découverte des antibiotiques mimétisme avec les centres
remet en cause le principe de l’isolement commerciaux ou hôteliers, avec une
et de la limitation des étages. image allant jusqu’à nier que l’hôpital
L’indépendance des pavillons devient un soit un lieu de soins (3).
handicap (plateaux techniques). Les
trajets sont indépendants, courts et TYPES DE STRUCTURE HOSPITALIERE
rectilignes. Les pavillons se superposent
pour donner naissance aux niveaux. Il n’y a pas structuration idéale et le
L’Hôpital Bloc est né (nouveau modèle choix de l’organisation dépend en grande
conçu aux Etats-Unis) (1). partie de l’histoire de l’établissement, du
Depuis les années 1970, même si le bâti existant, des préférences des
principe de la verticalité demeure, les personnels et des synergies
blocs positionnés sur une base large préexistantes. L’essentiel est de définir
dédiée aux plateaux techniques clairement les besoins, d’anticiper sur
commencent à se juxtaposer. A partir les besoins futurs, d’aménager la
des années 1980, fonctionnalité et flexibilité du bâti pour s’adapter aux
humanisation sont conciliées. évolutions de l’activité et des
techniques, tout en donnant une
cohérence à l’ensemble (4).
LA CONCEPTION GENERALE
Plusieurs types d’organisation de
Les bases de la conception générale pôles peuvent être distingués. La
sont radicalement différentes et pour le première est la structuration en pôles
moins contradictoires en fonction que horizontaux. Cette structure présente
l’institution médicale privilégie le l’avantage de favoriser la circulation du

32
patient alité. Le bâti est découpé par tels que l’éclairage, la convivialité des
fonction : la fonction diagnostic, locaux, sont pris en compte pour
l’hébergement et le plateau technique, favoriser la qualité de vie du personnel.
construit de manière à pouvoir répondre Les besoins de chaque unité (gestion
à une forte évolutivité des techniques. Le des stocks, des déchets, circuits des
deuxième type de polarisation est patients…) sont dépendants de
vertical. Les pôles sont les uns à côté l’organisation de l’hôpital et de son type
des autres, les composantes d’un même de construction (monobloc,
pôle s’empilant les unes au dessus des pavillonnaire…) et des patients accueillis
autres avec une structuration identique. (1).
Ce type de structure présente l’avantage
de séparer clairement les différents flux ZONAGE ET CIRCUITS
de patients. La troisième possibilité est
de dédier un bâtiment spécifique à un Le management total de qualité, pour
pôle. Ce modèle renforce la cohésion du l’hygiène hospitalière, c’est la certitude
pôle mais rend plus difficile les ponts et que toutes les dispositions ont été prises
les synergies interpoles parfois pour que les biocontaminations soient
nécessaires (4). les plus faibles possibles, sinon
éliminées (3).
BASES DE LA CONCEPTION HYGIENIQUE
Les circuits
Aujourd’hui, la prise en compte des
attentes des usagers et des personnels La prévention des infections
est indispensable pour une optimisation associées aux soins et l’ergonomie vont
de l’accueil et du séjour, la maîtrise des de pair : limiter les distances à parcourir,
flux, la maîtrise du risque infectieux, un c’est réduire la fatigue du personnel,
regroupement des services, la logique c’est favoriser les règles d’hygiène. Les
des pôles, un plateau technique mouvements à l’intérieur de l’unité de
cohérent et sécurisé et une optimisation soins, du malade, du personnel et du
des circulations verticales et matériel sont à prendre en compte pour
horizontales. déterminer la position des locaux.
L’architecture hospitalière est une Il est conseillé d’utiliser une
projection en quatre dimensions de la maquette à l’échelle et de figurer les
stratégie d’un établissement et de la vie mouvements supposés du malade, du
qui l’anime avec les spécificités propres matériel, des membres du personnel,…..
à chaque établissement :
- Humanisation : handicaps des Définition des zones à risques
patients, habitudes culturelles, confort,
déplacement, gestion des flux ; La conception, l’organisation et
- Lutte contre les infections l’entretien des locaux doivent être
nosocomiales : réseaux d’eau et d’air, cohérents avec le degré d’asepsie requis
techniques, agencement des locaux ; ainsi qu’avec les risques septiques
- Flexibilité : progrès médical possibles (3).
(coeliochirurgie), apport technique, Les locaux seront classés selon leur
chirurgie ambulatoire ; risque de biocontamination en fonction
- Maîtrise de la gestion financière : des spécificités de l’établissement. On
dépenses de fonctionnement, pourrait adopter la classification
personnel (5). suivante :
L’environnement architectural doit - Zone 1 (risque faible) : exigences
permettre de favoriser l’observance des d’hygiène à rapprocher d’une simple
mesures d’hygiène. D’autres éléments activité collective ;

33
- Zone 2 (risque modéré) : regroupe les CHAMBRE DU PATIENT
secteurs des malades non infectieux
ou non hautement sensibles ; Lieu de vie du patient dans la
- Zone 3 (haut risque) : regroupe les majorité des cas pendant une durée de
patients fragiles ou porteurs de micro- séjour variable, parfois partagé avec
organismes pathogènes ; d’autres patients , c’est aussi un lieu à
- Zone 4 (très haut risque) : (ultra- multiples fonctions : soins, examens
propreté). médicaux, repos et sommeil, toilette,
repas, distraction, réception des
Tableau 1 : Classement des locaux selon le guide du visiteurs, lavage des mains (3).
bionettoyage Lors de la conception générale et
(Commission centrale des marchés, collection marchés
publics 1982 n° 5670 J.O., France) l’emplacement, les critères à prendre en
Hal d’honneur compte sont : les typologies de patients
Bureaux du service, les contraintes d’ordre
Services administratifs fonctionnel, d’ordre hygiénique et d’ordre
1 Services économiques
Services techniques économique et administratif (3).
(maintenance)
Maison de retraite CONCEPTION DE L’UNITE DE SOINS
Résidence pour personnes âgées
Circulations
Halls Les revêtements de sol
Ascenseurs
Montés d’esclariers Les critères de choix d’un revêtement
Salles d’attente
Consultation extérieure de sol sont multiples. Ils sont d’ordre
Maternité technique, esthétique, économique,
2 Unité d’hébergement pour personnes ergonomique et bien sûr hygiénique.
âgées
Service long et moyen séjour Le sol à l’hôpital est contaminé par les
Cure médicale semelles des chaussures des usagers,
Psychiatrie les roues des chariots, éventuellement
Stérilisation centrale (zone de lavage)
par le dépôt de matériel souillé, de
Pédiatrie sécrétions biologiques, etc…
Soins intensifs
Urgences On préconisera donc des revêtements
Salles de travail non poreux, lisses et homogènes et
Secteurs d’hospitalisation surtout faciles à entretenir. Ils seront
Court séjour
Laboratoires lavables et résistants aux produits
3 Radiologie désinfectants (3).
Hémodialyse
Réanimation
Exploration fonctionnelle Les murs et plafonds
Stérilisation centrale
(côté propre) Les revêtements muraux doivent être
Salles d’eau
Toilettes de bonne qualité, lessivables, et doivent
Cuisine pouvoir supporter l’essuyage humide et
Néonatologie l’application de détergents
Bloc opératoire
Services brûlés
désinfectants. La décoration sera
Immunodéprimés recherchée par le jeu de couleurs.
4
Service greffes L’usage de faux-plafond sera aussi
Chimiothérapie
Oncologie
limité que possible dans les bâtiments
Onco-hématologie neufs ou profondément rénovés, car il
leur est généralement reproché :
- De créer un espace dans lequel il y a
accumulation de poussière et de micro-
organismes qui peuvent être remis en

34
circulation par des mouvements d’air - de suivre l’ensemble de l’opération
traversant la salle, surtout si les en établissant un échéancier précis
éléments employés sont en plaques des opérations (1).
perforées ou en lames non jointives ;
- De mal résister aux démontages Parmi leurs compétences, les acteurs
successifs nécessaires pour atteindre de l’hygiène hospitalière ont pour
des canalisations. mission de remettre des avis en matière
Le revêtement des plafonds doit être de construction ou de transformation
plein, de surface plane (non poreux), des locaux. Le rôle de l’équipe d’hygiène
résistant à l’action des produits commence dès la programmation
détergents désinfectants. Les panneaux technique détaillée (cahier des charges)
amovibles nécessaires pour l’accès aux par la participation au descriptif de
gaines techniques seront, de préférence, l’organisation générale et des exigences
placés dans les circulations (3). d’hygiène en donnant un conseil
d’expertise sur la description des locaux
Les plans de travail et l’organisation de travail
envisageables. Lors de la phase de
Le plan de travail sera en un seul l’avant projet, l’équipe d’hygiène peut
tenant, avec des bords arrondis et donner son avis sur le fonctionnement
remontant sur le mur pour aller en en terme de risque infectieux, aider à la
biseau rejoindre le revêtement mural. On mise en place d’un cahier des charges
privilégiera l’inox, les faïences, les évolutif portant sur :
résines synthétiques d’entretien aisé. - les contraintes techniques et de
prévention du risque infectieux ;
Aération –ventilation - l’emplacement des points d’eau ;
- le choix des revêtements ;
L’aération doit renouveler l’air à un - l’identification des interlocuteurs
débit suffisant pour éliminer les privilégiés pour la mise en
pollutions chimiques et organiques adéquation des 5 grandes fonctions :
émises par les personnes et les activités • fonction « déchets » ;
exercées dans les locaux. • fonction « linge » ;
Le débit de renouvellement de l’air • fonction « restauration » ;
devra donc être adapté à la destination • fonction « ménage » ;
des locaux. L’évacuation de l’air peut • fonction «traitement du matériel
être naturelle ou mécanisée, donc –stérilisation» (1).
maîtrisée. Une VMC (ventilation
mécanique contrôlée) est recommandée LES CONTRAINTES ARCHITECTURALES
car elle permet une régulation des débits
selon les locaux (3). La tâche se complique encore
davantage si l’on considère que l’hôpital
LES INTERVENNATS ET LES DIFFERENTES PHASES devient un véritable lieu de vie. Les
D’UN PROJET ARCHITECTURAL
chambres individuelles avec douche et
toilette personnelle se généralisent ainsi
Avant toute opération de travaux, il que les équipements multimédia et une
est important de connaître la qualité et attention accrue est portée la
le rôle de chaque intervenant afin : décoration, à la vue et au confort
- d’élaborer un programme qui va physique et acoustique. Ces
traduire l’expression des besoins à préoccupations entrent d’ailleurs parfois
satisfaire ; en contradiction avec les
- d’arrêter le projet de construction au recommandations en termes d’hygiène
vu du programme ; qui préconisent des structures lisses

35
facilement lessivables et les plus CONCLUSION
aseptisées possibles (6).
L’architecture est par ailleurs Une programmation claire aussi bien
confrontée à un autre défi qui est celui en réhabilitation qu’en neuf est la
de trouver des solutions aux condition indispensable pour construire
concentrations d’activité, de résoudre le ou réhabiliter en profondeur l’hôpital
problème de l’hétérogénéité et de la moderne. Elle doit illustrer parfaitement
dispersion du bâti et de faire face aux les priorités données par l’institution
difficultés d’identification et médicale, sans se perdre dans le
d’articulation des différentes fonctions processus des déroulements
au sein de l’hôpital. administratifs (1).
L’autre contrainte majeure pesant Lorsque le cheminement des
sur l’architecture actuellement est personnes et des matières est mal conçu
l’évolution incessante des techniques, la ou inadéquat, on peut souvent trouver
sophistication accrue des équipements des solutions en exigeant une discipline
biomédicaux avec un fort impact sur sévère de la part du personnel,
l’architecture des locaux à l’instar de cependant peu enclin à la respecter. Par
l’IRM ou de la radio interventionnelle contre, si l’architecture conduit
(6). spontanément les personnes et les
matières en suivant des circuits logiques
LA FLEXIBILITE ARCHITECTURELLE sur le plan de l’hygiène, l’éducation du
personnel et le respect des contraintes
L’architecture est certes un art, mais sont rendus beaucoup plus aisés.
la liberté architecturale est Ainsi, l’architecture aide au bon
contraignante et dépend de la maintien de l’hygiène de l’hôpital par :
perception des attentes avouées ou non
- les circuits de circulation qu’elle crée ;
des usages et du personnel.
Face aux évolutions permanentes - les locaux qu’elle prévoit ;
des besoins, l’architecture ne peut pas - les matériaux de parachèvement
être continuellement adaptable mais se choisis ;
doit être le plus souple possible pour
- les installations techniques.
anticiper les évolutions majeures.
Les techniques aménageant cette
A l’égard de tout projet comme à
souplesse – comme les étages
celui des utilisateurs, on peut dire, en
interstitiels, les bâtiments permettant
reprenant la phrase de BOTTI, dans
une modularité de la taille des services
l’architecture hospitalière que « SI
(pour faire « glisser » des lits de l’un à
L’HYGIENISTE SAIT QUOI MAIS PAS COMMENT,
l’autre), les espaces de réservation, vont
L’ARCHITECTE SAIT COMMENT MAIS PAS QUOI »
sans doute s’avérer de plus en plus
(1).
incontournables sans toutefois être des
Ecoute, anticipation et vigilance sont
solutions miracle.
donc les maîtres mots en architecture
Face à la nécessité d’intégrer ces
car « LES MEDECINS ENTERRENT LEURS
nouvelles préoccupations, une équipe
ERREURS, PAS LES ARCHITECTES » (Oscar Wild)
pluridisciplinaire doit appuyer
(6).
l’architecte et le maître d’ouvrage dans
les projets architecturaux (6).

36
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Anonyme ; Implication de l’hygiène dans les
différentes phases d’un projet architectural ;
(non édité) 2005

2. Pierre –Louis Laget ; Nord Pas-de-Calais


« Patrimoine hospitalier : une richesse
nationale à préserver » ; Journée de
l’architecte - France (non édité)
3. Comité technique Régional de
l’environnement Hospitalier ; DRASS RHONE-
ALPES - France ; Hygiène et architecture
dans les établissements de santé ; 1997
4. Jérôme Bataille ; AIA Architectes, « L’hôpital
polarisé» ; Journées de l’architecte-France
(non édité)
5. Philipe Hartemann. ; L’architecture
hospitalière (non édité) ; 2005
6. Hubert Metzger. ; CHU d’Angers « Liberté
architecturale et exigence hospitalière » ;
Journées de l’architecte- France (non édité)

37
ASEPSIE ET ANTISEPTIE
HAYET KAMMOUN

INTRODUCTION instruments, les blessures et les blouses


au phénol, Lister (1827-1912) parvint en
Dans l’antiquité, ceux qui 1869 à réduire le taux de mortalité
possèdent au plus haut degré l’art de la opératoire à 15/100 (4). A partir de
lutte contre la putréfaction furent sans 1872, Pasteur reprit ses travaux et
conteste les embaumeurs égyptiens qui découvrit les germes responsables des
parviennent à conserver les momies plus terribles d’infections, le
trouvées quasi intactes après plus de staphylocoque et le streptocoque (3). Il
trois millénaires (1). inversa la théorie de Lister qui voulait
De tous temps, la lutte contre les que les germes n’étaient amenés par
maladies infectieuses a tenu une place l’air mais par contact et qu’il fallait éviter
importante. Bien avant que le mot de les transmettre et les détruire avant
antiseptique ne soit employé, de qu’ils n’atteignent la plaie opératoire (4).
nombreuses substances (épices, Par le lavage des mains et des
essences, huiles végétales) sont utilisées instruments et la stérilisation par la
pour éviter le risque de contamination, chaleur de tout le matériel du chirurgien,
empêcher la putréfaction des plaies et il inventa l’asepsie (4).
l’infection des blessures. Intuitivement Antisepsie, désinfection et
l’origine environnementale de certaines stérilisation, sont les composantes de
maladies était reconnue. Certaines l’asepsie dont l’objectif est d’éviter la
précautions étaient donc prises : eau pénétration des microbes dans
bouillie, fumigations des salles l’organisme en s’appuyant sur un
d’opération (2). ensemble de procédures médicales et de
La grande controverse qui agitera soins (5).
le monde des biologistes et des
philosophes pendant plus de vingt L’ANTISEPSIE
siècles sera la croyance en l’existence ou
non des « générations spontanées ». Les Il existe un équilibre entre les germes
uns s’opposaient au scepticisme des et l’organisme d’accueil. L’infection
autres. Il faudra attendre les travaux de correspond à la rupture de cet équilibre
Louis Pasteur pour prouver qui peut provenir de deux causes : le
définitivement l’inexistence des germe devient plus virulent ou
« générations spontanées » (1). En l’organisme d’accueil s’affaiblit (6).
étudiant l’altération de la bière, Pasteur L’antisepsie est par définition (AFNOR
s’aperçut que la fermentation et la NFT 72-101) une opération au résultat
putréfaction étaient dues à des êtres momentané, permettant au niveau des
vivants : les micro-organismes, en tissus vivants (peau saine, muqueuses,
contact avec des matières organiques plaies) et dans la limite de leur
(3). Ces conclusions eurent permit à un tolérance, d’éliminer ou de tuer tous les
chirurgien écossais Joseph Lister 1er micro-organismes et/ou d’inactiver les
baron (1827-1912), la découverte de virus présents. L’étymologie du terme
l’antisepsie en 1865 réduisant de antisepsie est : anti : (contre) septos
beaucoup le nombre de décès à la suite (microbes). Pour le Comité Européen de
d’infections contractées en salles Normalisation CEN/TC 216, le terme
d’opération. En traitant ses d’antisepsie devrait être réservé au cas
où l’opération est destinée au traitement
d’une infection constituée, on parle

38
d’antiseptise de la plaie (7 , 8), le terme leurs règles de prescription peuvent être
de désinfection désignant une opération aussi rigoureuses qu’un antibiotique (5) :
visant à prévenir une infection. On parle • Spectre des micro-organismes et des
aussi de la désinfection de la peau virus sensibles ;
saine, de désinfection des mains mais • Indications ;
d’antisepsie de la plaie (9). • Concentrations efficaces au site
Cette opération a pour objectif principal requis ;
la prévention des infections à partir de la • Tolérance ;
flore microbienne de la peau et des • Temps de contact.
muqueuses.
A titre thérapeutique, l’antisepsie Certains voient leur efficacité
est parfois utilisée sur des plaies, des diminuée par les matières organiques
brûlures et dermatoses infectées. Pour (sang, sérosités…).
les plaies souillées : un traitement Les désinfectants sont des
détersif préalable ou associé à substances chimiques qui du fait de leur
l’antiseptique est conseillé (5). Une toxicité, ne peuvent être utilisés comme
antisepsie peut être soit bactériostatique antiseptiques.
quand une population de germes voit Le niveau d’action des antiseptiques
momentanément sa croissance inhibée sur les virus est souvent très inférieur à
et elle est bactéricide si le nombre de celui des désinfectants pour dispositifs
bactéries viables est inférieur à la médicaux, soit en raison de leur
population de départ (5). Le résultat de mécanisme d’action, soit en raison de
cette opération est limité aux micro- leur concentration faible au regard de la
organismes et /ou virus présents au concentration nécessaire à l’activité
moment de l’opération (définition virucide, afin de ne pas être cytotoxiques
AFNOR). La désinfection est aussi une pour les tissus vivants (11).
opération qui permet d’abaisser le Les antiseptiques comme les
nombre de micro-organismes portés par désinfectants agissent sous différents
les milieux inertes (instruments, plan de mécanismes d’action. Ils peuvent être
travail, objets), exemples : désinfecter le bactéricides ou bactériostatiques,
sol, un local,… (7). Elle s’adresse sporicides, virucides et fongicides ou
uniquement à des milieux décontaminés fongistatiques.
et rincés (10).
L’antiseptise et la désinfection ont Les antiseptiques sont classés en 4
une action limitée dans le temps et se catégories :
réalisent au moyen de « méthodes
• Les antiseptiques majeurs :
antiseptiques » Elles font appel à
bactéricides, d’action rapide, de
certains produits dits antiseptiques,
spectre large (biguanides, Halogènes,
désinfectants qui peuvent être
Alcools…..) ;
constitués par les mêmes molécules.
• Les antiseptiques mineurs :
Le choix d’un antiseptique ou d’un
bactéricides ou bactériostatiques à
désinfectant ne se fait pas au hasard. Il
spectre étroit (Ammoniums
doit répondre à des besoins et objectifs
quaternaires, Carbanilides,
précis, correspondant aux conditions
Diamidines, Acides, Dérivés
présentes (7).
métalliques) ;
L’utilisation des antiseptiques à la
différence de l’utilisation des • Les antiseptiques à déconseiller :
désinfectants peut être limitée par le toxicité et effets secondaires
seuil de tolérance cutanée. Les importants (dérivés mercuriels) ;
antiseptiques sont des médicaments, • Produits considérés à tort comme
des antiseptiques : non bactéricides

39
et à spectre étroit (Peroxyde Le mot asepsie vient du grec
d’hydrogène, colorants). « sepsis » qui signifie putréfaction et le
Un antiseptique en usage externe préfixe primitif « a ». Elle veut dire
peut parfaitement, compléter un usage « absence d’infection » contrairement à
interne d’antibiotique. Comme pour les l’antisepsie qui veut dire « lutter contre
antibiotiques, les germes peuvent l’infection ». Cette opération par
développer une résistance aux définition consiste à un ensemble de
antiseptiques et aux désinfectants. mesures propres à empêcher tout apport
Les découvertes de Lister sur exogène de microorganismes (13). C’est
l’antisepsie furent d’abord accueillies une pratique indispensable en milieu
avec scepticisme, mais dans les années hospitalier. Le personnel soignant est
1880, elles étaient acceptées par tous susceptible d’apporter de nombreux
(4). microbes au malade. Ceci est
particulièrement grave quant le patient
ENCADRE 1 doit subir un acte chirurgical, car les
microbes ne sont plus arrêtés par la
Les règles pour bien utiliser les barrière cutanée. C’est pour cette raison
antiseptiques et les désinfectants (12) : que tout le matériel utilisé en chirurgie
• Utiliser le bon produit en fonction du est préalablement stérilisé (instruments,
geste et de l’action recherchée ; fils, pansements,…) (14). L’asepsie est
• Choisir la procédure adaptée au obtenue par le moyen de deux procédés :
niveau de risque ; la stérilisation et la désinfection.
La stérilisation qui est une action
• Respecter la même gamme
de rendre stérile n’est pas absolue. Elle
d’antiseptique pendant le soin et pour
consiste à obtenir une réduction de 6
les soins ultérieurs (antiseptiques) ;
logarithmes du nombre de germes (10-6).
• Respecter le temps de contact afin Dans la désinfection, on vise une
d’assurer l’efficacité du produit ; réduction de 5 logarithmes, d’où
• Vérifier la date de péremption ; l’importance du nettoyage préalable
• Indiquer la date d’ouverture sur le avant la stérilisation (13).
flacon d’ouvert ; On stérilise tout ce qui est introduit par
effraction dans le corps (ex : aiguilles,
• Respecter le temps de conservation du
instruments….), tout ce qui est en
produit ;
contact avec une cavité stérile (ex :
• Eviter de transverser (source d’erreur vessie) et tout ce qui ne peut
et risque de contamination), ne pas absolument pas comporter de germes
reconditionner ; (ex : biberons, tétines….) (13).
• Conserver à l’abri de la lumière et de la Le premier chercheur qui a
chaleur ; introduit l’usage de l’autoclave en
• Ne pas contaminer l’ouverture du microbiologie fût CHARLES CHAMBERLAND,
flacon avec les doigts ou des objets élève de PASTEUR, qui fit fabriquer en
souillés. 1879 l’autoclave qui porta son nom (1).
Ce procédé réservé aux dispositifs
médicaux thermorésistants utilise de la
L’ASEPSIE chaleur humide dans le processus de
stérilisation. C’est la méthode de
Pour prévenir les infections, le référence la plus utilisée dans les
respect d’une hygiène irréprochable est établissements de soins. La désinfection
nécessaire afin d’éviter l’intrusion le est réservée aux surfaces et certains
brassage de germes pathogènes au sein dispositifs médicaux non stérilisables.
de la structure de soin. Elle s’applique à du matériel propre

40
lorsque tout procédé de stérilisation est ENCADRE 2 : Principes pour mener « une
impossible. Elle utilise l’action d’un bonne stérilisation » (15)
produit chimique satisfaisant à des
normes de bactéricidie, fongicidie,
• Toujours stériliser à la température la plus
élevée possible ;
virucidie et éventuellement sporicidie.
L’opération est au résultat momentané • Toute stérilisation doit faire l’objet de
permettant d’éliminer ou de tuer les contrôles ;
microorganismes et/ou d’inactiver les • A lui seul, le contrôle fiable peut prouver
virus indésirables supportés par les une défaillance ;
milieux contaminés en fonction des • A lui tout seul, un contrôle correct ne peut
objets fixés. affirmer la stérilité de la charge ;
Trois niveaux de désinfection sont • La stérilité d’un produit que l’on veut
requis pour trois niveaux de risque utiliser est une qualité intrinsèque que l’on
infectieux : désinfection de haut niveau ne peut pas prouver ;
lorsque le niveau de risque est élevé,
désinfection de niveau médian ou de bas • La stérilité est une qualité de produit
niveau. comme une autre ;
• La fiabilité de la stérilisation passe par la
CONCLUSION mise en œuvre d’un système qualité, et
par l’application de procédures définies
L’hygiène au quotidien sous-entend par les bonnes pratiques de stérilisation ;
la notion de propreté mais dans le • La stérilisation est un acte fondamental et
domaine médical on parle d’asepsie, non une activité subalterne ;
véritable priorité de santé publique (16). • La stérilisation n’est pas une course de
Il faut aussi poser de nouveaux vitesse ;
quelques questions gênantes. L’asepsie • La stérilisation n’est pas un acte
nous ramène au premier principe magique ;
hippocratique : d’abord ne pas nuire. Elle
nous rappelle que c’est la nature qui
• On ne stérilise bien que ce qui est
propre ;
guérit elle-même quand on évite de lui
nuire ou quand on l’aide par des • Aucune négligence, légèreté ou
interventions appropriées (17). compromission n’est tolérable ;
Pasteur est surtout connu du grand • L’humidité est à redouter pour le stockage
public pour ses travaux sur la rage mais avant et après stérilisation ;
c’est comme découvreur de l’asepsie • Devant tout nouveau matériel à stériliser,
chirurgicale qu’il est devenu un il faut bien réfléchir ;
bienfaiteur de l’humanité (3).
• On est souvent surpris par la résistance
des matériaux à la température ;
• La stérilisation à la vapeur est la
stérilisation de référence.

41
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
11- Huchon Bécel D. ; Activité virucide des
1- Galtier ; Historique de la stérilisation : de antiseptiques et désinfectants, Revue
l’antiquité à Pasteur ; Magazine n° 29 Hygiènes 2005 ; XII (6) : 468 - 472
Supplément « histoire » de la stérilisation; 12- CCLIN Sud Est ; Bon usage des
2003 antiseptiques, Guide Technique d’hygiène
2- CClin Paris-Nord ; Antiseptiques et hospitalière, Fiche N°14.03 ; 2004
désinfectants ; 2000 13- STERILISATION. Htm ; Asepsie
3- Gallon JEPU PH.; Découverte de l’antisepsie 14- L’encyclopédie de l’Agora ; Asepsie
et de l’asepsie chirurgicale ; 2004 15- SFHH ; 1996 ; Fiches de stérilisation ;
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2005 stérilisation, Fiche n°19 ; Revue Hygiènes
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des antiseptiques ; 2000 16- Elusept . Htm ; Hygiène Elusept ; actualités
6- Etudiant Podologie.fr ; Prévention des Novembre ; Historique ; 2006
infections (décontamination, désinfection, 17- Microsoft Encarta ; La protection de
asepsie, antisepsie, stérilisation). l’organisme : limiter les risque de
7- Seiglan A. ; Du bon usage des antiseptiques, contamination et d’infection (fiche) ; 2005
Edition en mode texte ; bien venue chez
AILES ; Article récents ; 2006
8- Anonyme ; Hygiène et désinfection.htm ; La
désinfection des plaies et du matériel de
secourisme.
9- CClin Sud Ouest ; Le bon usage des
antiseptiques ; 2000/2001
10- Infirmier @. Com ; Quelques définitions,
infections nosocomiales, les antiseptiques

42
HYGIENE DES MAINS EN MILIEU DE SOINS
___________________________________________________________________________
LEILA DHAOUADI GADHOUM

INTRODUCTION HISTORIQUE
La main est le principal mode de Depuis plus d’un siècle et demi, et
transmission de micro-organismes. En suite aux travaux de Semmelweis, le
effet, la transmission des agents lavage des mains est reconnu comme
pathogènes par les mains du soignant une mesure efficace de prévention des
au cours des soins, est à l’origine d’une infections.
large proportion d’infections - SEMMELWEIS en 1841 en instituant à la
nosocomiales. Selon l’OMS la plupart maternité de Vienne la désinfection
des souffrances et décès imputables aux des mains de tout praticien par une
infections associées aux soins peuvent solution de chlorure de chaux, a réduit
être évités (1). L’hygiène des mains, une considérablement la mortalité par
mesure simple, est la première des fièvre puerpérale ;
actions à entreprendre pour réduire ces - PASTEUR en 1878 met en évidence le
infections, maîtriser la résistance aux manuportage dans les actes de
agents antimicrobiens et améliorer la chirurgie / « au lieu de s’ingénier à tuer
sécurité des patients dans toutes les les microbes dans les plaies, ne serait-
structures de soins (2). Néanmoins, les il plus raisonnable de ne pas en
règles de l’hygiène des mains sont peu introduire? » ;
respectées. L’observance par des - FLORENCE NIGHTINGALE en 1863 (3) et
soignants de ce geste pluriquotidien est Joseph Lister en 1867 (4) ont effectué
très faible, ne dépassant pas 50%. Le des travaux concernant l’asepsie en
manque d’observance de cette mesure milieu hospitalier ;
parmi les soignants est un problème - E. LARSON (5) a effectué une large revue
universel (2). La compréhension de de la littérature mondiale incluant des
l’épidémiologie relative à l’hygiène des études de 1861 à 1986. Elle en déduit
mains a été à l’origine du défi mondial que le lavage et l’antisepsie des mains
pour la sécurité des patients 2005 – sont des mesures essentielles de base
2006, énoncé par l’OMS : « un soin de la prévention de la transmission de
propre est un soin plus sûr ». Dans ce micro-organismes potentiellement
cadre, des recommandations pour pathogènes ou opportunistes ;
l’hygiène des mains au cours des soins - Le lavage des mains constitue la
ont été rédigées avec l’aide de plus de recommandation no54 des « 100
cent experts internationaux avec la recommandations » du CTIN de 1992
mention : « des mains propres sont des (6) ;
mains sûres » (1). - L’avis du CTIN du 5 décembre 2001 sur
L’hygiène des mains nécessite la la place de la friction hydro alcoolique
connaissance des méthodes de lavage dans l’hygiène des mains lors de soins
et/ou de désinfection, la sensibilisation (7) stipule que : « une friction des
et la formation des équipes, la mise en mains avec une SHA est recommandée
disposition de produits et équipements en remplacement du lavage des mains
adaptés aux besoins. traditionnel par un savon doux ou une
solution désinfectante lors des soins et
dans toutes les circonstances où une

43
désinfection des mains est processus infectieux surtout si le patient
nécessaire » ; présente un déficit immunitaire.
- En Tunisie, une circulaire du MSP D’une façon générale, les antiseptiques
portant sur la stratégie Nationale de ont une action limitée sur cette flore.
promotion de l’hygiène des mains dans
les établissements sanitaires a été LA FLORE TRANSITOIRE
diffusée le 8 /4/2002.
La flore transitoire ou superficielle
TRANSMISSION MANUPORTEE ET IMPACT est composée de bactéries pathogènes
issues de patients colonisés ou infectés,
DU LAVAGE DES MAINS de matériel contaminé, ou le plus
souvent de bactéries saprophytes issues
L’écosystème cutané comporte
de l’environnement. Cette flore a les
habituellement deux types de flore : la
caractéristiques suivantes :
flore résidente et la flore transitoire (8).
La flore de la main varie au cours de - Elle ne se multiplie pas à la surface
la journée en fonction des activités. La des mains et ne parvient pas à survivre
transmission manuportée de bactéries, longtemps sur la peau à cause de
se fait d’un malade à un autre par l’effet protecteur de la flore résidente
contact direct entre patients, entre et d’un environnement peu favorable ;
patients et soignants, ou indirect par - Elle varie au cours de la journée, selon
l’intermédiaire de dispositifs médicaux les activités et en fonction des
ou matériel de soins. Selon les études variations de l’environnement
20 à 40% des infections nosocomiales extérieur. Elle reflète l’écosystème
sont dues à une transmission microbien hospitalier en particulier les
manuportée de bactéries (9). bactéries multirésistantes ;
L’impact du lavage des mains sur la - Elle est essentiellement constituée de
réduction du taux des infections bacilles à Gram négatifs de type
nosocomiales est retrouvé dans entérobactéries (Klebsiella…), de
plusieurs études (10). Pseudomonas, et de Cocci à Gram
positifs comme Staphylococcus
LA FLORE RESIDENTE aureus, Streptococcus et de Candida
Albicans ;
Cette flore regroupe des germes - Le nombre moyen de colonies de
commensaux, se situant au niveau des germes pathogènes retrouvé sur les
couches superficielles ou dans les mains est considérable (11). Les gîtes
couches profondes. Ils sont composés bactériens se situent essentiellement
de bactéries aérobies principalement de au niveau des plis palmaires, des
Cocci à Gram positif : Staphylococcus espaces interdigitaux, des ongles et au
epidermidis, Corynébactéries sapro- niveau des paumes des mains ;
phytes / Propionibacterium acnes - Contrairement à la flore résidente, la
présents dans les follicules pilo-sébacés. flore transitoire a un rôle important
Cette flore varie qualitativement et dans la survenue d’infections
quantitativement d’un site à un autre et nosocomiales. Cela tient à la virulence
d’un individu à un autre. Elle joue un rôle particulière des germes mais surtout à
important dans la résistance à la l’importance de la charge
colonisation : elle prévient la colonisation contaminante (10) ;
par d’autres micro-organismes poten- - Les antiseptiques ont une action
tiellement plus pathogènes. Elle a une rapide et efficace sur cette flore.
faible virulence, toutefois un geste En 1990, une étude de Bauer et coll.
invasif peut la modifier et induire un a montré que les germes colonisant les

44
patients sont identiques à ceux retrouvés transmission des micro-organismes
sur les mains des personnels (11). multirésistants (2). En outre, le
développement de l’hygiène permet de
lutter contre les épidémies dans les
OBSERVANCE DES PRATIQUES établissements de santé.
De nombreuses études ont montré
Les frais d’acquisition de produits
que le taux de « compliance » au lavage
destinés à l’hygiène des mains sont
des mains avec de l’eau et du savon
souvent l’objet de discussion surtout
était de moins de 50% (12 , 13).
avec les responsables des
Plusieurs études observationnelles ont
établissements, en particulier lorsqu’il
montré le mauvais respect sur le plan
s’agit de remplacer un savon par une
qualitatif et quantitatif des
SHA. En fait, pour évaluer les retombées
recommandations établies pour le
économiques des programmes de
lavage hygiénique des mains (exemple la
promotion des bonnes pratiques
durée moyenne de friction des mains
d’hygiène des mains, il faut tenir compte
avec un savon est rarement supérieure à
des économies réalisées grâce à la
10 secondes au lieu des 30 secondes
diminution des infections associées aux
recommandées); ou une mauvaise
soins (2). Plusieurs études ont été
observance liée à des contraintes de
menées dans ce sens :
structure, comme le trop faible nombre
ou la localisation inopportune des
o A Genève où l’expérience de promotion
lavabos, ou le recours à un savon non
de l’hygiène des mains a été
adapté.
documentée par une amélioration
Parmi les paramètres clés associés à
durable de l’observance des règles
la mauvaise observance du lavage des
d’hygiène des mains coïncidant avec
mains, le temps à disposition pour sa
une réduction des infections à
pratique semble y constituer le principal
transmission croisée (à Staphylocoque
facteur. L’exemple a été démontré pour
doré), la campagne de la promotion
une infirmière en réanimation, qui
des produits hydro alcooliques (PHA) a
devrait recourir à un geste d’hygiène pas
été largement rentable : le coût total
moins de 20 fois par heure de soins en
de la promotion de l’hygiène des mains
moyenne. Appliquant avec rigueur la
a correspondu à moins de 1% des
technique conventionnelle de lavage des
dépenses imputables aux infections
mains à l’eau et au savon, elle devrait
elles-mêmes.
passer au moins 30 minutes par heure
de soins au seul geste d’hygiène des
o Dans une unité de soins intensifs de
mains. La conséquence redoutable
néonatologie en fédération de Russie,
serait l’association surcharge en soins et
le coût d’une seule septicémie liée aux
mauvaise observance de l’hygiène des
soins équivaut à l’utilisation
mains entraînant un risque accru
d’antiseptiques pour 3265 journées
d’infections croisées (13).
d’hospitalisation. L’usage de PHA dans
ce service est jugée largement
L’HYGIENE DES MAINS CONTRIBUE A rentable : 8,5 pneumonies et 3,5
REDUIRE LA FREQUENCE DES INFECTIONS septicémies sont évitées par année.
LIEES AUX SOINS
o Au Royaume- Uni, une analyse
Une relation temporelle est observée économique de la campagne nationale
entre l’amélioration des pratiques « clean your hands », a conclu que la
d’hygiène des mains et la diminution des
infections associées aux soins et de la

45
campagne serait rentable même si la bactérien. Elle comprend globalement le
fréquence des infections associées aux lavage et la désinfection hygiénique des
soins ne diminuait que de 0,1%. mains.

Compte tenu que la charge des LAVAGE DES MAINS AU MOYEN D’UN SAVON
infections associées aux soins est plus
lourde dans les pays en développement L’efficacité du lavage des mains au
ou en transition, les bénéfices de cette moyen d’un savon est influencée par de
promotion pourraient être encore plus nombreux facteurs (15) :
importants que ceux observés dans les
pays industrialisés (2). - les savons antiseptiques ont une
action qui dépend de la dose
administrée (une quantité de 3 à 5
ml est recommandée) ;
PROCEDURES D’HYGIENE DES MAINS - la durée du lavage : outre l’action
mécanique, le temps de contact doit
DEFINITIONS
être suffisant pour que l’agent
désinfectant agisse (10 à 15
 Hygiène des mains : il s’agit d’un
secondes) ;
traitement des mains par un produit
(savon liquide ou gel ou solution) ayant - la qualité du rinçage est importante,
un spectre d’activité antimicrobien ciblé car d’une part l’effet mécanique de
sur les micro-organismes de la flore l’eau élimine les micro-organismes et
cutanée afin de prévenir leur d’autre part les résidus de savon
transmission (1). peuvent, à long terme, abîmer la
 Lavage simple des mains : opération peau des mains.
ayant pour but d’éliminer les salissures
et de réduire la flore transitoire par FRICTIONS HYDRO-ALCOOLIQUES
action mécanique, utilisant de l’eau et
du savon « doux », uniquement détergent La friction des mains au moyen d’un
(14). produit hydro-alccolique est une
 Lavage hygiénique des mains et alternative au lavage des mains lorsque
traitement hygiénique des mains par les mains ne sont pas souillées par des
frictions : opération ayant pour but secrétions, du sang ou tout autre liquide
d’éliminer ou de réduire la flore biologique. En effet, l’alcool perd une
transitoire, par lavage ou par friction en partie de son activité désinfectante en
utilisant un produit désinfectant. présence de matières organiques (15).
Le lavage permet en plus d’éliminer les Cette alternative au lavage des mains a
salissures présentes sur la peau (14). l’avantage de :
 Désinfection chirurgicale des mains - pouvoir être réalisée rapidement,
par lavage et désinfection chirurgicale sans déplacement, en l’absence de
des mains par frictions : opération ayant lavabo ;
pour but d’éliminer la flore transitoire et - permettre d’épargner le temps
de réduire la flore résidente de façon nécessaire au déplacement, au
prolongée, par lavage chirurgical ou par rinçage et au séchage des mains.
frictions chirurgicales en utilisant un
produit désinfectant. INDICATIONS ET RECOMMANDATIONS
Le lavage permet, en plus, d’éliminer les
salissures présentes sur la peau (14). - Les procédures citées permettent de
En pratique, une procédure d’hygiène réaliser une désinfection des mains de
des mains doit réduire l’inoculum niveau différent, correspondant à des

46
situations de soins de niveau de risque PREALABLES AUX TECHNIQUES
inégal (14).
D’HYGIENE DES MAINS
- Les niveaux de risque doivent être
- La tenue doit être à manches
définis en accord avec l’équipe
courtes ;
médicale de chaque unité en fonction
- Les ongles doivent être courts et
du type de malades, des situations
dépourvus de vernis ;
spécifiques et de l’environnement des
- Les mains et avant-bras doivent être
patients (tableau 1).
dépourvus de bijoux (support potentiel
de germes) ;
- Ne pas porter de faux ongles ou
d’objets contendants (ex : bijoux) au
cours de contacts directs avec les
patients ;
- Pour l’hygiène des mains par friction,
les mains ne doivent ni être poudrées
par les gants ni souillées ni
mouillées ;
- D’après certains fabricants, il
semblerait qu’au bout d’un certain
temps d’utilisation de produit hydro
alcoolique, les mains deviennent
collantes, nécessitant alors un lavage
avec de l’eau.
Tableau 1 : Indications selon le niveau de risque
Niveau de Objectifs Procédures Indications Technique de friction préférée
risque possibles (à titre d’exemples)
infectieux
Lavage
simple ou - Prise de service/fin de
Réduire la Dans toutes les situations si
traitement service
Bas flore mains non mouillées, non
hygiénique - Retrait des gants
transitoire poudrées, non souillées
des mains - Gestes de la vie courante…
par friction
- Avant réalisation d’un geste - Préférable au lavage
invasif (CVP, sonde hygiénique en routine.
Traitement urinaire..) - Fortement recommandée :
Eliminer la hygiénique - Après contact avec un • en situation d’urgence
Intermédiaire flore par friction patient infecté • si accès impossible à un
transitoire ou lavage - Après contact avec patient poste de lavage
hygiénique en isolement septique (ambulance, SAMU)
- Avant ponction lombaire, • en situation épidémique
d’ascite, articulaire… • en cas d’infection fongique
- Friction chirug. (variante1)
préférable en routine
- Avant tout acte chirurgical, - Variante 2 lors d’une
Désinfection
Eliminer la d’obstétrique, de radiologie intervention :
chirurgicale
flore interventionnelle • entre 2 procédures chrg.
par friction
transitoire - Avant tout geste pour lequel de courte durée, de classe
Haut ou
et réduire une asepsie de type Altemeier de
désinfection
la flore chirurgical est requise : contamination 1
chirurgicale
résidente pose de cathéter central, (condition : gants non
par lavage
rachidien, drain pleural… poudrés)
• dans un véhicule
d’urgence
47
TECHNIQUES POUR L’HYGIENE DES MAINS

Figure 1 : Etapes de la friction hydro-alcoolique des mains

Figure 2 : Technique pour le lavage simple des mains avec eau et savon

48
CHOIX ET MANIPULATION DES PRODUITS visiblement souillées, contaminées ou
souillées par des matières protéiques,
POUR L’HYGIENE DES MAINS (TABLEAU 2) du sang ou d’autres liquides biologiques
, ou si une exposition à des micro-
Il est impératif de fournir au personnel
organismes sporulés est fortement
des produits efficaces et faiblement
suspectée ou avérée ou après être allé
irritants. Il conviendra en accord avec
aux toilettes.
l’équipe opérationnelle d’hygiène
On peut avoir recours à une friction
hospitalière (EOHH), le CLIN et la
des mains avec un produit hydro-
pharmacie de :
alcoolique pour l’antisepsie de routine
- Définir des critères de choix
comme alternative au lavage des mains
concernant l’activité et la tolérance. La
dans les situations décrites ci-dessous :
SFHH diffuse tous les ans « la liste
- avant et après le contact direct avec
positive de désinfectants » précisant le
un patient ;
nom commercial du produit, le
fabricant ou distributeur, les principes - après avoir retiré des gants non
actifs de base, la dose et la durée talqués ;
d’application recommandées, les - avant de manipuler un dispositif
spécificités (tel que l’activité sur C. invasif ;
albicans, Poliovirus ou Adénovirus) ; - au moment de passer d’un site
- Evaluer les besoins ; contaminé à un site propre sur le
- Conduire des essais pour apprécier la corps d’un même patient au cours
tolérance. des soins qui lui sont prodigués ;
Lors de l’approvisionnement en savon - après avoir touché des objets
liquide, il convient de ne pas ajouter de (matériel médical compris) à proximité
savon à un distributeur partiellement immédiate du patient ;
vide. En cas de réutilisation de ces On lavera les mains au savon
distributeurs, il y a lieu de respecter les ordinaire ou antiseptique et à l’eau ou
techniques recommandées pour les frictionnera avec un produit hydro-
l’entretien. alcoolique avant de manipuler des
médicaments et de préparer des
aliments ;
INDICATIONS POUR LE LAVAGE ET Il est inutile de frictionner les mains
L’ANTISEPSIE DES MAINS avec un produit hydro-alcoolique après
un lavage au savon antiseptique.
Le lavage des mains au savon et à
l’eau est indiqué lorsque celles-ci sont

49
Tableau 2 : Produits, matériel et techniques des différentes procédures d’hygiène des mains (14)

PROCEDURE Produits/matériel Technique


Lavage simple - Savon liquide non désinfectant - Mouiller les mains
- Eau du réseau - Savonner ≥ 15 secondes
- Essuie-mains à usage unique - Rincer
non stériles - Sécher
Lavage hygiénique - Savon liquide désinfectant - Mouiller les mains
- Eau du réseau - Savonner 30 à 60 sec selon les indications
- Essuie-mains à usage unique du fabricant
non stériles - Rincer
- Sécher
Désinfection - Savon liquide désinfectant - Mouiller les mains et avant-bras
chirurgicale des - Eau bactériologiquement - Savonner les mains et avant-bras, 1 minute
mains par lavage maîtrisée pour chaque côté
- Brosses à ongles stériles - Brosser les ongles 1 minute (30 sec /
- Essuie-mains stériles main)
- Rincer les mains, poignets, avant-bras
- Savonner les mains, poignets, avant-bras 1
mn
- Rincer les mains et les avant-bras
- Sécher
Durée maximale : 6 minutes (avec
rinçage)
Traitement Produit désinfectant pour friction - Frictionner jusqu’à séchage complet des
hygiénique des hydro-alcoolique mains
mains par frictions - Temps 30 sec. ou 60 sec en fonction des
indications du fabricant
Variante 1 - Laver les mains et avant-bras (lavage
- Savon liquide non désinfectant simple)
- Brosses à ongles - Brosser les ongles 1 minute (30 sec /main)
- Eau du réseau - Rincer
- Essuie-mains à usage unique - Sécher soigneusement
Désinfection - Produits désinfectants pour - 1re friction des mains aux coudes inclus,
chirurgicale des friction hydro-alcoolique jusqu’à séchage complet, temps ≥ 1 min
mains par frictions - 2e friction hydro-alcoolique des mains aux
avant-bras (coudes exclus), jusqu’à
séchage complet, temps ≥ 1 min
Variante 2 - 1re friction hydro-alcoolique des mains aux
- Produit désinfectant pour coudes inclus jusqu’à séchage complet,
friction hydro-alcolique temps ≥ 1 min
- 2e friction hydro-alcoolique des mains aux
avant-bras (coudes exclus), jusqu’à séchage
complet, temps ≥ 1 min

50
UTILISATION DES GANTS et aux installations nécessaires pour se
laver les mains ;
Le port de gants ne dispense pas du - Procurer aux soignants des produits de
lavage ou de la friction hydro alcoolique friction des mains facilement
des mains. Il est essentiel de : accessibles aux lieux dans lesquels les
o Porter des gants lorsque l’on peut soins sont dispensés ;
anticiper un contact avec du sang, des - Faire en sorte que l’amélioration de
matières potentiellement infectieuses, l’hygiène des mains constitue une
des secrétions, des muqueuses ou une priorité institutionnelle et lui donner
peau lésée ; l’impulsion nécessaire, assurer l’appui
o Enlever les gants après avoir soigné un administratif et allouer les ressources
patient. Ne pas porter la même paire financières qui en découlent.
de gants pour soigner plus d’un
patient ; PROGRAMMES D’EDUCATION ET DE
MOTIVATION DES SOIGNANTS
o Changer ou retirer les gants au cours
des soins dispensés à un patient,
Il s’agit notamment de :
lorsque l’on passe d’un site contaminé
- Associer les professionnels de la santé,
à un site propre du corps ou avant de
en leur donnant le temps et la formation
toucher l’environnement ; nécessaires aux activités de prévention
o Éviter de réutiliser les gants. Au cas où,
et contrôle des infections de
pour des raisons d’économie, les gants
l’établissement, parmi lesquels la mise
devraient être réutilisés, mettre en
en œuvre d’un programme de promotion
œuvre des méthodes de recyclage
des bonnes pratiques d’hygiène des
garantissant l’intégrité des gants et
mains ;
leur décontamination biologique ;
- Elaborer un programme diversifié,
pluridisciplinaire et multimodal pour
RECOMMANDATIONS COMPLEMENTAIRES améliorer le respect des règles des
bonnes pratiques d’hygiène des mains
MISE EN ŒUVRE D’UNE POLITIQUE par les soignants.
D’ETABLISSEMENT
AUTORITES NATIONALES
La mise en œuvre de ces
recommandations nécessite une réelle Elles sont appelées à :
politique d’établissement pour une - Etablir une priorité nationale pour les
promotion de l’hygiène des mains. Elle bonnes pratiques d’hygiène des mains et
comprend des mesures techniques envisager l’instauration, le financement
(équipement et choix des produits), mais et la coordination d’un programme
aussi des campagnes de formation et adapté ;
des mesures incitatives dans les unités - Soutenir le renforcement des moyens
de soins. de lutte contre les infections dans les
établissements.
EQUIPEMENTS
En France, dans le cadre du
programme national de lutte contre les
L’utilisation des produits pour friction
infections nosocomiales 2005-2008 et
permet de réduire le nombre de points
concernant l’amélioration de
d’eau à installer dans les unités de
l’organisation des soins et les pratiques
soins. La politique de l’établissement
professionnelles ayant un impact sur le
portera alors sur les points suivants :
risque infectieux, il a été prévu de :
- Permettre aux soignants d’accéder en
- renforcer la prévention de la
permanence à une eau de qualité (au
transmission croisée des BMR par les
minimum salubre) dans tous les locaux

51
précautions « standard » (hygiène des
mains et en particulier utilisation de REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
PHA) ;
- développer l’évaluation des pratiques 1. OMS ; Recommandations OMS pour l’hygiène
professionnelles, notamment par le des mains au cours des soins (version
développement de programmes avancée) : Synthèse ; 2005.
d’audit. 2. C CLIN Paris Nord. ; Hygiène des mains- Guide
La consommation de PHA est l’un de bonnes pratiques ; Décembre 2001 ; 3me
édition
des 5 indicateurs prévus dans le tableau 3. Nightingale F.; Introductory notes on lying-in
de bord qui seront obligatoires avant institutions. London, Longmans, Green and
2008. L’un des objectifs quantifiés : Compagny; 1871
100% des établissements ont une 4. Lister J.; An a new method of treating
consommation minimale de 20 l /1000 compound fractures, abscesses, etc; Lancet
1867; 1: 326, 357, 387, 507.
jours d’hospitalisation. 5. Larson E.; A causal link between handwashing
En Tunisie, la circulaire du 8/4/2002 a and risk of infection? Examination of the
incité à la mise en place d’une stratégie evidence. Ifect control Hosp Epidemiol ;1988;
de promotion de l’hygiène des mains 9: 28-36
dans les établissements de soins (16). 6. Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de
France ; Comité Technique National des
infections nosocomiales ; 100
recommandations pour la surveillance et la
CONCLUSION prévention des infections nosocomiales.
BEH ; 1992, numéro spécial, 1ere édition
7. Direction générale de la santé ; Avis du
L’objectif de réduire la fréquence des Comité technique national des infections
infections associées aux soins s’appuie nosocomiales du 5 décembre 2001 sur « la
sur la mesure de base des bonnes place de la friction hydro-alcoolique dans
pratiques d’hygiène des mains laquelle l’hygiène des mains lors des soins » ; Bulletin
constitue le pilier de la prévention de la officiel no 2002-1
8. Fleurette J. ; Les flores microbiennes
transmission des agents pathogènes. En commensales de la peau et des muqueuses-
effet l’observance de l’hygiène des antisepsie et désinfection ; Ed Eska ; 1995.
mains au cours des soins est la première 9. REANIS ; Guide pour la prévention des
mesure de prévention des infections infections nosocomiales en réanimation.
nosocomiales et de la propagation des Paris : Ed Arnette ; 1994. p 93-112
10. Ministère de la santé publique de Tunisie,
résistances bactériennes aux Direction de l’hygiène du milieu et de la
antibiotiques. L’hygiène des mains par protection de l’environnement. ; L’hygiène des
friction hydro alcoolique est actuellement mains en milieu de soins : Guide du
reconnue comme étant une procédure formateur ; 2002
efficace, garantissant une amélioration 11. Bauer T.M et al.; An epidemiological study
assessing the relative importance of air bone
de l’observance des soignants, et par and direct contact transmission of micro-
conséquent recommandée comme organisms in medical intensive care unit. J
alternative au lavage « classique ». Hosp Inf 1990; 15: 301-9
La promotion de l’hygiène des mains 12. Assistance Publique- Hôpitaux de Paris ;
doit être une priorité institutionnelle et Service Etudes, Hygiène et Prévention,
Maîtrise de la diffusion des germes
les stratégies utilisées multimodales. hospitaliers multi résistants ; 1993
L’amélioration des pratiques d’hygiène 13. Larson E. et al.; An organizational climate
des mains est associée à une réduction intervention associated with increased
des infections à transmission croisée, handwashing and decreased nosocomial
dont l’impact économique dépasse infections; International Journal of Behavioral
Medecine; 2000; 26: 14-22
largement les frais liés à l’acquisition des 14. Société Française d’Hygiène Hospitalière; ;
agents d’hygiène des mains. Recommanda-tions pour l’hygiène des
mains;2002

52
15. Pittet D. ; Hygiène des mains : nouvelles
recommandations ; Swiss-Noso vol 8 No 4 ;
Décembre 2001
16. Ministère de la santé publique ; Direction de
l’hygiène du milieu et de protection de
l’environnement ; Circulaire No 30 du
8/4/2002 : Stratégie Nationale de la
promotion de l’hygiène des mains dans les
établissements sanitaires.

53
TENUES PROFESSIONNELLES EN MILIEU DE SOINS
KAWTHER MRABET TANAZEFTI

INTRODUCTION
TENUE PROFESSIONNELLE ET HYGIENE
La fidélisation de la clientèle passe
obligatoirement aujourd’hui par A l’heure actuelle, on ne dispose pas
l’amélioration de la qualité des soins de source bibliographique attestant du
dans les hôpitaux moyennant entre rôle de la tenue professionnelle des
autres la promotion de l’hygiène soignants dans la survenue d’infections
hospitalière. Certes l’hygiène ne suffit associées aux soins. De ce fait,
pas à elle seule à guérir le malade mais l’élaboration de recommandations
elle évite les conséquences de l’infection s’appuie sur l’évaluation du risque
qui sont causées le plus souvent par infectieux lié aux patients, aux actes
l’absence de rigueur plus que par le pratiqués et aux zones d’activités (4).
manque de moyens (1). Ainsi tout acteur de la communauté
L’hygiène vestimentaire des hospitalière doit revêtir obligatoirement
personnels soignants occupe une place une tenue avant de prodiguer un soin si
de choix parmi les mesures préventives minime soit-il. La contamination croisée
à entreprendre dans le cadre de la entre l’extérieur et l’intérieur de l’espace
prévention des infections associées aux hospitalier doit être diminuée grâce à un
soins et la préservation de l’image de port de vêtement spécifique, entretenu
marque des hôpitaux (1). La tenue au quotidien par l’établissement (1).
vestimentaire et l’hygiène au travail La tenue doit représenter une barrière
contribuent à promouvoir l’image et la
contre l’infection. Elle doit être pratique
réputation de l’institution (2). Cette
à mettre, agréable à porter en toute
tenue, a pour but de remplacer la tenue
saison, facile d’entretien et adaptée en
de ville afin de limiter le risque infectieux
fonction de l’activité professionnelle
lié à la transmission des micro-
exercée. Elle doit être claire afin d’en voir
organismes omniprésents dans
les salissures (1).
l’environnement, et protéger ainsi selon
En général les tenues
les circonstances le patient et le
professionnelles sont fournies par
personnel soignant (3).
l’institution au personnel ayant un
La tenue ne doit donc ni provoquer,
contact direct avec les patients ou
ni choquer. A cet effet, il convient
selon les besoins spécifiques des divers
d’éviter une tenue qui pourrait être
services de l’établissement. Leur
jugée indécente ou inappropriée (3).
entretien est assuré par l’institution.
Une tenue de travail irréprochable
Dès lors :
permet de nouer des relations de
ƒ Chaque soignant doit appliquer
confiance entre le personnel soignant
scrupuleusement les standards
et le patient ; elle devra donc répondre
vestimentaires prescrits par
à des règles établies concernant la
l’institution dans le cadre de sa
forme, la matière et l’entretien ainsi
fonction ;
que la circulation des personnels (2).
ƒ Le soignant veille à changer
En outre, les règles essentielles
régulièrement ses habits de travail,
d’hygiène corporelle et d’hygiène
conformément aux règles
hospitalière doivent impérativement
d’hygiène hospitalière;
être respectées (3).

54
ƒ Les habits de travail (blouse, casaque) de soins. Elle se compose en
doivent être portés fermés lors général d’une blouse ou tunique
d’activités en contact direct avec les pantalon ;
patients et/ou le public. Les habits - La tenue intermédiaire est une
civils ne doivent pas dépasser le tenue standard avec en plus des
vêtement de travail lors de soins aux accessoires nécessaires à une
patients (notamment les manches situation particulière (masque,
longues) ; surblouse, lunettes) ;
ƒ Les vêtements de travail spécifiques à - La tenue spécifique est la tenue
certains secteurs (tels que les tenues préconisée pour un secteur
et sabots de couleur réservés aux d’activité particulier (ex : bloc) ou
blocs opératoires) ne doivent, en pour des gestes particuliers.
aucun cas, franchir les limites du
secteur ; Des accessoires peuvent
ƒ Tant que le personnel est en activité accompagner la tenue professionnelle
professionnelle, il est interdit de selon les circonstances. Il peut s’agir de
quitter les limites de l’institution avec sabots ou bottes ou sur chaussures, de
ses vêtements de travail ; coiffe, de gants ou lunettes.
ƒ Le soignant est personnellement
responsable des vêtements de travail CARACTERISTIQUES DE LA TENUE
qui lui sont confiés.
PROFESSIONNELLE
Comme pour l’hygiène des mains,
La tenue professionnelle est
l’hygiène vestimentaire a aussi des pré-
caractérisée de façon synthétique par :
requis. Une hygiène corporelle
• Sa forme (tunique, pantalon, blouse,
quotidienne est indispensable. Les
etc…) ;
cheveux doivent être retenus de
manière à éviter tout contact avec le • Sa confection (col ouvert ou fermé,
patient ou avec du matériel stérile. poches, manches courtes ou
Pour tout le personnel en contact longues, etc…) ;
avec les patients, la barbe doit être • Son tissu :
taillée de manière à ne pas être en o composition (tissu
contact avec les vêtements de travail polyester/coton) ;
(2). o Armure (toile, sergéa piqué,
L’hygiène des mains avant de etc…) ;
revêtir une tenue et après l’avoir retirée o masse en m2.
est aussi requise, sans oublier de o traitements particuliers.
respecter les préalables du lavage des • Son usage :
mains (pas de bijoux, ni vernis ou faux o recyclable ;
ongles, et ongles courts) (4). o usage unique.

LA FORME
COMPOSITION DE LA TENUE
PROFESSIONNELLE L’ensemble tunique pantalon, se
révèle être le plus adapté à toutes les
Trois catégories de tenues morphologies (1). Elle dépend surtout
professionnelles peuvent être de l’utilisation.
distinguées en milieu de soins :
- La tenue vestimentaire standard Tenue vestimentaire standard
(ou de base) est la tenue
professionnelle réservée à l’activité - La forme doit être sobre, confortable,
ergonomique à manches courtes ;

55
- La longueur doit être adaptée à la − Coiffe la plus couvrante possible (pas
personne ; de frange sur le front) de type cagoule
chirurgicale en non tissé ou charlotte ;
- Les emmanchures doivent être de type
− Gants stériles ;
« Kimono » (sans couture) pour pouvoir
faciliter le lavage des mains ; − Chaussures spécifiques ;
− Lunettes de protection ou masque à
- Les poches doivent être droites visière (si nécessaire) ;
plaquées pour éviter de s’accrocher et
− Masque chirurgical couvrant le nez, la
empêcher la surcharge inutile ;
bouche, le menton.
- Les fermetures doivent être sans
boutonnières classiques, ni revers TISSU
pour ne pas accumuler les «
poussières contaminantes ». La Un tissu est constitué de
fermeture se fera à l’aide de boutons- l’entrecroisement de fils. La
pression ; composition d’un tissu correspond aux
- Les couleurs doivent être différentes fibres utilisées pour sa réalisation.
selon les catégories de personnel. Dans les établissements de santé, les
tissus limitant le relargage particulaire
Tenue intermédiaire seront préférés. Les articles en 100%
coton seront déconseillés. Les tissus
Il s’agit d’une tenue de base avec : standards utilisés pour les
− Une surblouse protectrice ou tablier à établissements de santé sont réalisés à
usage unique (sans poche, manche base de mélange polyester/coton (65%
courte) ; polyester /35% coton ou 50% polyester
/50% coton ou 60% polyester /40%
− Des chaussures propres et spécifiques
coton) (4).
au secteur ;
L’armure du tissu, façon dont les fils
− Une coiffe enveloppante et légère sont entrecroisés, peut être la toile, le
(type charlotte non tissée à usage sergé ou le piqué.
unique) ; Le sergé est le tissu de référence des
− Un masque chirurgical couvrant le nez, vêtements de travail en milieu
la bouche, le menton. hospitalier (blouse, tuniques et
pantalons, …) (4).
Tenue spécifique La masse en m2 varie en règle
générale de 180 à 220 grammes au
Contrairement à la tenue de base, une m2. Le choix s’effectue en fonction de
tenue de bloc est conçue pour réduire critères comme la transparence, le
la contamination de l’air de la salle confort ou la résistance du tissu (4).
d’opération par le personnel. Il s’agit
d’une tenue de base renforcée par des USAGE
éléments spécifiques :
− Pyjama (tunique à manches courtes) Le terme usage unique est souvent
rentrée dans le pantalon, sans poches, associé au terme de non tissé. Il s’agit
ni revers, ni ceinture, ni boutons. Les d’un produit qui, une fois utilisé, est mis
bas du pantalon sont resserrés ; dans le circuit des déchets. Ce type de
− Casaque chirurgicale stérile à tissu peut constituer les tenues
manches longues serrées aux spécifiques et notamment celles du
poignets et couvrant les chevilles ; bloc obstétrical.
− Cagoule chirurgicale ;

56
LES ACCESSOIRES - Lors de préparations spécifiques
(nutrition entérale, cytostatiques…) ;
Les gants, les masques, les - Lors de certaines opérations de
surblouses et les coiffes sont des désinfection (haut niveau).
tenues destinées à réaliser une
protection complémentaire. Elles ont
Dans tous les cas :
pour objectif, dans certaines situations,
de protéger le patient lors d’actes
- Les gants doivent être changés entre
invasifs ou le personnel lorsqu’il est
deux patients et deux activités
exposé à un risque infectieux. Le choix
- Le port de gants ne dispense pas du
de ces tenues doit être effectué en
lavage des mains avant et après le
fonction des activités pratiquées dans
soin
les différents secteurs des
établissements de soins.
- Les gants à usage unique ne se
LES GANTS lavent pas
Un gant = Un soin
Le port de gants est indiqué dans - Aussitôt l’acte effectué, le ou les
certaines situations à risque pour la gants sont enlevés et jetés
protection du personnel et des patients L’utilisation des gants est
(personnel des unités de soins et des déterminée en fonction de plusieurs
services de stérilisation, du bloc facteurs : efficacité (barrière aux virus),
opératoire, du laboratoire…) conservation de la dextérité, solidité,
Le port des gants est impératif durabilité et enfin innocuité (certains
chaque fois qu’il existe un risque de matériaux comme le latex peuvent être
contact avec du sang ou tout autre responsables d’allergies).
produit d’origine humaine, les Il est important de choisir une
muqueuses ou la peau lésée du patient, hauteur de manchette adaptée au type
notamment : de protection souhaitée.
- A l’occasion de soins à risque de Le coût de certaines matières peut
piqûre (hémoculture, pose et dépose orienter vers certains choix. Les
de voie veineuse, champs différents types de gants rencontrés
implantables, prélèvements sont en :
sanguins…) ; - latex ;
- Lors de la manipulation de tubes de - vinyle ;
prélèvements biologiques, linge et - néoprène ;
matériel souillés… ; - polyéthylène ;
- nitrile ;
- Lors d’opérations de nettoyage et de - polychlorure de vinyle (PVC) ;
désinfection ; - caoutchouc (gants de ménage) ;
- En présence d’une lésion cutanée - matériaux spécifiques pour
même minime, le soignant doit porter assurer la sécurité (services
des gants dans toutes les situations. techniques).

Pour la protection des patients, les LES MASQUES


gants utilisés lors des actes suivants
doivent être stériles : Le port du masque est indiqué dans
- Lors de la réalisation d’actes invasifs certaines situations à risque pour la
ou de type chirurgical ; protection :

57
- Du personnel des unités de soins et conformes aux prescriptions du service.
des services de stérilisation, bloc Les chaussures de travail doivent être
opératoire, laboratoire … : fermées et silencieuses.
- lorsqu’il est atteint d’une Les surchaussures appartiennent
infection rhino-pharyngée ; plus à un rituel de l’asepsie qu’à une
démonstration scientifique. L’utilisation
- lors de la réalisation de routinière de surchaussures dans les
pansements septiques ; secteurs hospitaliers à haut risque
- lors d’un isolement protecteur infectieux est largement répandue.
(patient brûlé, L’extension fréquente de cette dernière
immunodéprimé..) ; mesure à d’autres services à risque
- lors d’un isolement respiratoire infectieux moins élevé, et/ou lors de la
(tuberculose, varicelle, zona…) ; mise en place d’isolement, ou à
d’autres secteurs interpelle encore
- lors de préparations spécifiques davantage. Les surchaussures ne
(nutrition entérale, protègent pas les sols, n’ont pas
himiothérapie…) ; d’influence sur l’aérobiocontamination,
- lors d’examens et de soins à et n’ont jamais fait diminuer les taux
risque de projections ou d’infections associées aux soins.
d’aérolisation (opérations de L’utilisation des sur- chaussures est un
désinfection ; endoscopie, rituel inutile et coûteux.
aspirations…).
- Des visiteurs, lors d’un isolement de LES SURBLOUSES
type « air » (respiratoire) ou d’un
isolement protecteur ; Si les soins ou manipulations
exposent à un risque de projection de
- Des patients en cas de sortie du
sang ou d’autres produits d’origine
secteur d’isolement septique de type
humaine, le port d’une sur blouse est
« air » (respiratoire).
requis
Le textile et la longueur des
Plusieurs critères vont déterminer le
manches devront être spécifiés. Les
choix d’un masque en fonction de
surblouses seront changées
l’usage souhaité et des risques
systématiquement.
encourus.
Les différents types de masque
LES COIFFES
utilisables en établissements de soins
sont :
Elles sont portées dans tous les
- Les masques standards : de soins et
secteurs à risque et lors de la
de chirurgie (à visière, anti-buée, sans
réalisation d’actes à risque. Le choix
visière…). Ils filtrent respectivement
doit porter sur une coiffe de type
des particules de 4 µm et 3 µm et ne cagoule chirurgicale ou charlotte à
sont pas imperméables aux liquides. usage unique recouvrant l’ensemble de
- Les masques anti-projections : la chevelure (pas de frange sur le front).
équipés d’un filtre en polyéthylène
sont imperméables aux liquides et NB : La surblouse, le masque, la coiffe
filtrent les particules de 1micron. font partie de la tenue à revêtir lors de
visites ou d’interventions techniques
LES CHAUSSURES ET LES SURCHAUSSURES dans les secteurs à risques (bloc
opératoire, stérilisation, cuisine…) (5).
Les chaussures doivent être
adaptées aux conditions de travail et

58
RECOMMANDATIONS GENERALES - Choisir un masque (capacité de
filtration/forme) adapté aux risques
- Cheveux courts ou attachés ; encourus ;
- Avant d’enfiler la tenue, ne pas oublier - Pratiquer un lavage des mains avant la
de se laver les mains ; pose du masque ;
- Pas de bijoux , ni d’effets personnels - Saisir le masque par la partie centrale
quels qu’ils soient (bagues, montres (ne pas toucher la partie inférieure),
au poignet, boucles d’oreilles , foulard, - Pratiquer un lavage des mains après
sous vêtements à manches longues la pose ;
ou avec col doivent être enlevés à la - Ne jamais repositionner le masque
prise de service…) ; après l’avoir baissé au niveau du cou,
- Ongles courts et sans vernis ; - Ne pas le manipuler après sa mise en
- L’accès à une douche doit être place ;
possible en fin de poste ; - Renouveler le masque toutes les trois
- Après avoir retiré la tenue, ne pas heures ou immédiatement en cas de
oublier de se laver les mains ; projection, de souillure ou s’il est
- La tenue doit être changée mouillé ;
quotidiennement et chaque fois que - Mettre le masque en place dès
souillée ; l’entrée dans la chambre et le jeter à
- Utiliser les gants adaptés à l’acte la sortie ;
pratiqué ; - En cas de risque de projection,
- Choisir des gants à la bonne taille, ni préférer l’utilisation du masque à
trop larges ni trop serrés aux visière et/ou le port de lunettes de
poignets ; protection ;
- Ajuster les gants à la base des doigts ; - Il est hautement souhaitable que le
personnel administratif respecte
- Eviter un étirement excessif des
l’hygiène vestimentaire ;
gants ;
- Les étudiants ne peuvent être
- Changer de gants dès qu’ils sont
autorisés à participer aux activités de
endommagés ;
l’hôpital que dans les mêmes
- Ne pas utiliser de crème émolliente à conditions vestimentaires que le
base de vaseline ou de paraffine qui personnel hospitalier ;
peut rendre les gants poreux ;
- Pour éviter ou limiter le risque de
- Réduire les risques de déchirure ou contamination, les placards dans les
de perforation en gardant les ongles vestiaires doivent être à double
courts, en enlevant tous bijoux ; compartiment (un côté pour la tenue
- Procéder à un lavage simple des civile, un côté pour la tenue
mains avant le port de gants non hospitalière). Ces placards métalliques
stériles ; doivent être nettoyés et désinfectés
une fois par semaine ;
- Procéder à un lavage antiseptique des
mains avant le port de gants stériles ; - Éviter d’effectuer le nettoyage de ses
tenues de travail à son domicile.
- Laisser toujours les masques dans
leur conditionnement d’origine ;
- Bien connaître l’indication du port du
masque ;

59
CONCLUSION
Porter une tenue professionnelle
propre, adaptée et fonctionnelle, c’est
se rappeler à soi-même les grandeurs et
servitudes de nos métiers, les bonne
pratiques quotidiennes qui sont à la
base de la prévention des risques
infectieux, de sécurité des patients, de
la propre sécurité du personnel.
Enfin le bon choix des vêtements
professionnels (tenue de base et
équipements de protection individuelle)
pour répondre aux différentes
situations, est une dimension
importante d’une démarche qualité et
de promotion de l’hygiène.

REFERNCES BIBLIOGRAPHIQUES
DHMPE-MSP, 2007, Procédures concernant
l’hygiène vestimentaire des personnels
soignants ; Volume 5 :
1. CCLIN Sud-Ouest ; 1998 ;Recommandations
pour une tenue vestimentaire adaptée des
personnels soignants en milieu hospitalier ;
Version 1
2. CHUV/DG/DRH/DI-DG ;Hospices- Personnel–
Tenue- Hygiène. V 1.0 ; 2006
3. CCLIN Sud-Ouest ;2008 ; Les tenues
professionnelles dans les établissements de
santé.
4. CCLIN Sud Ouest. ; Les tenues de protection.
In : Guide pour la formation de nouveaux
professionnels en établissements de soins ;

60
ISOLEMENT HOSPITALIER : TYPES, INDICATIONS ET MESURES
PRATIQUES
SAMIR ENNIGROU

INTRODUCTION contact qui survient lors de toutes les


activités de soins ou de nursing,
L'hygiène hospitalière comprend un comportant un contact physique direct
ensemble de mesures visant à éviter le entre deux surfaces corporelles, l’une
développement et la transmission des appartenant à un sujet infecté ou
infections hospitalières ou colonisé, et l’autre à un sujet sensible ou
« nosocomiales ». Les techniques de indirect par l’intermédiaire d’un objet
l'isolement sont indissociables des inanimé qui sert de relai entre la source
mesures d'hygiène générale, dont elles et le sujet réceptif ; la transmission par
ne sont qu'une extension. L’isolement les gouttelettes contenant l’agent
des malades et les précautions infectieux (salive, sécrétions des voies
particulières, qui ne sont nécessaires aériennes respiratoires), quand elles
que pour 2 à 5% des malades admis à sont transportées sur une courte
l’hôpital, visent à établir des barrières de distance et déposées sur les muqueuses
niveaux variables pour limiter ou conjonctivales, buccales ou nasales d’un
supprimer la transmission des micro- hôte susceptible ; la transmission
organismes à partir des sources de aérienne par inhalation de micro-
contamination. Celles-ci ont organismes disséminés par un hôte
principalement trois origines : les susceptible (2).
patients infectés ou colonisés, les
personnels hospitaliers et LES FORMES D’ISOLEMENT
l’environnement. Etant donné qu’il est
plus difficile de maîtriser les facteurs liés Les mesures d’isolement vont
à l’agent et à l’hôte, les efforts pour s’appliquer lorsqu’un malade est suspect
briser la chaîne des infections d’être atteint d’une maladie
nosocomiales sont principalement axés transmissible, ou lorsqu’un malade est
sur la transmission. L’isolement des susceptible d’héberger des germes
malades et les précautions particulières potentiellement pathogènes ou
préconisées repose sur ce concept (1, particulièrement résistants, il s’agit d’un
2). Les efforts d'enseignement dans ce isolement septique et inversement
domaine doivent être constants, car lorsqu’un malade, en raison d’une
seule une bonne compréhension des affection sous-jacente, d’un traitement
motifs pour lesquels telle ou telle ou d’une moindre résistance à
mesure est prise permet d'en assurer l’infection, doit être protégé de
l'application. Cet enseignement doit être l’environnement microbiologique
mutuel, et concerne chacun. extérieur, il s’agit d’un isolement
protecteur. Les deux formes d’isolement
supposent des mesures différentes. Pour
LES MODES DE TRANSMISSION l’isolement septique les mesures
La codification des mesures barrières concernent surtout les sorties
d’isolement est fondée sur la de la chambre venant du malade isolé
connaissance des voies de transmission. pour protéger l’environnement et les
Il existe 3 voies principales de autres malades. Pour l’isolement
transmission : la transmission par protecteur les protections s’exerçent

61
surtout sur les entrées dans la chambre dont les patients sont porteurs connus
pour protéger le malade isolé (3). ou présumés :
Certaines pathologies offrent des Lavage des mains :
exemples particulièrement complexes - avec un savon antiseptique ;
d’isolement où les deux problèmes se - selon une technique codifiée ;
posent. C’est le cas notamment des - avant et après tout contact avec un
grands brûlés qu’il faut absolument patient ou après manipulation d’un
protéger de tout risque infectieux par des produit biologique ;
règles d’isolement et d’asepsie - même en cas de port de gants, immé-
draconiennes, mais qui sont malh- diatement après leur enlèvement.
eureusement très souvent colonisés et Gants :
infectés, ne serait-ce que par leur propre - non stériles pour tout contact avec le
flore, après quelques semaines et qu’il sang et les produits biologiques
faut mettre en isolement septique au (prélèvements, déchets) ;
sein de l’unité de brûlés (4). - stériles au contact des plaies et pour
Pour y parvenir, des mesures strictes les soins aseptiques ;
s’imposent et des fiches techniques - toujours changés entre chaque
d’isolement seront établies par le comité patient ;
de lutte contre les infections noso- - ôtés dès après usage et suivis d’un
comiales (CLIN) et mises en place dans lavage des mains.
l’ensemble des services concernés (3). Masques, lunettes :
- portés par les soignants en cas de
ISOLEMENT SEPTIQUE (3 , 5) risque de projection lors des soins et
actes médicaux ;
L’isolement est l’ensemble des
- indiqués également (masques) pour la
mesures barrières visant à maîtriser la
transmission aéroportée (tuberculose)
diffusion des germes dont le malade est
ou par gouttelettes ;
porteur. Il comporte une mesure
- parfois nécessaires (masques) chez
d’isolement géographique en chambre
certains patients lors de leurs
individuelle et un ensemble d’autres
déplacements (tuberculose).
mesures techniques définies en fonction
Blouses
du risque infectieux.
- une surblouse peut être nécessaire en
L’actualisation des recommandations en
cas d’exposition à des projections de
matière d’isolement septique conduit à
sang ou de liquides biologiques. Les
distinguer :
propriétés des textiles sont précisées
- les précautions d’isolement standard ;
en fonction des usages ;
- les précautions universelles ;
- l’isolement septique ne fait a priori pas
- les précautions pour la transmission
appel à des blouses stériles ;
aéroportée ;
- les blouses sont, en cas d’isolement
- les précautions pour la transmission
septique, changées entre chaque
par gouttelettes ;
patient.
- les précautions pour la transmission Matériels médicaux et déchets
par contact.
- les matériels potentiellement
contaminés après usage doivent être
Précautions d’isolement standard
transportés ou éliminés selon des
filières définies et des conditions de
Il s’agit de mesures d’hygiène
sécurité pour l’environnement ;
générale (mesures de base) qui visent à
- les déchets des patients en isolement
prévenir les risques de transmission des
septique suivent une filière spécifique
germes, pathogènes ou commensaux,
à risque infectieux.

62
Isolement sanguin et précautions récipients lavables et désinfectables
universelles ou à usage unique, hermétiquement
clos.
Il s’intègre dans les « précautions
standard » visant à éviter une Isolement respiratoire : précautions
transmission, à partir du sang d’un pour la transmission aérienne
patient, au personnel ou à autre patient,
lors d’un accident exposant au sang Il est destiné à éviter la transmission
(AES). Un AES est défini par tout contact par voie aérienne de micro-organismes,
avec du sang ou un liquide contenant du transmis par les gouttelettes de
sang et comportant une effraction condensation qui peuvent rester en
cutanée (piqûre ou coupure) ou une suspension dans l’air pendant une
projection sur une muqueuse ou une longue période et être dispersées dans
peau lésée (plaie, eczéma...). la pièce et dans d’autres zones plus
La prévention des AES consiste à : éloignées selon la ventilation.
- se laver les mains avant et après L’objectif est de protéger les autres
chaque soin et les désinfecter ensuite patients et le personnel de l’inhalation
en cas de souillure avec du sang ; des particules infectieuses.
- porter des gants s’il existe un risque de Les précautions pour la transmission
contact avec du sang ou des liquides aérienne consistent à réaliser :
biologiques. Le port de gants sera - un isolement du malade en chambre
systématique pour tout soignant atteint individuelle avec pression négative,
de lésions cutanées des mains ; entre 6 et 12 renouvellements d’air par
- panser et couvrir toute plaie particuliè- heure ;
rement au niveau des mains ; - une élimination de l’air à l’extérieur ou
- faire attention pour éviter les blessures filtration si recyclage, porte de la
en cas d’utilisation d’aiguilles, de chambre fermée ;
bistouris et autres instruments - le port de masque à usage unique pour
piquants ou tranchants pendant tout entrant dans la pièce pour
l’utilisation, après et pendant les certaines affections, masque à pouvoir
phases de nettoyage et d’élimination; filtrant en cas de tuberculose ;
- ne jamais recapuchonner les aiguilles - une limitation des déplacements du
usagées; patient au strict nécessaire.
- ne jamais manipuler les aiguilles et
instruments tranchants usagés à deux Isolement respiratoire: précautions pour
mains, ne pas désadapter à la main; la transmission par gouttelettes
- utiliser des techniques à « une main »
pour protéger l’aiguille usagée, ou des Il est indiqué pour les maladies dont
dispositifs de sécurité qui protègent les agents infectieux sont disséminés sur
l’aiguille usagée; des gouttelettes plus grosses que les
- déposer immédiatement après usage précédentes (> 5 µm), à l’occasion de
les objets piquants ou tranchants dans toux ou d’éternuement.
des conteneurs de sécurité adaptés; Les précautions sont du même ordre que
- porter une surblouse et/ou un masque celles définies pour la transmission
étanche et/ou des lunettes lorsque les aérienne mais s’appliquent selon le CDC
soins ou les manipulations exposent à (Atlanta/USA) seulement pour les soins
des projections de sang ou de liquide à proximité (moins de 1 mètre) du
sanglant : endoscopie, accouchement, patient, et non dès l’entrée dans la
stomatologie, aspiration bronchique… ; chambre (6).
- transporter les prélèvements dans des
sacs plastiques jetables et/ou des

63
Précautions pour la transmission par comme la mesure clé pour limiter la
contact diffusion des germes multirésistants

Elles requièrent avant tout des


ISOLEMENT PROTECTEUR (7)
mesures barrières : le port de gant et le
lavage des mains sont primordiaux ainsi Il a pour objectif de protéger le
que l’usage d’une surblouse avant malade de tout apport de germes venant
l’entrée dans la chambre. Les de l’extérieur. Les indications sont
déplacements du patient doivent être strictement limitées à des malades
évités. hautement réceptifs à l’infection du fait
Les matériels utilisés doivent être d’une pathologie ou d’un traitement
réservés à l’usage exclusif du patient en induisant une immunodépression sévère
situation d’isolement. Le recours au (aplasie médullaire spontanée ou
matériel à usage unique sera privilégié. thérapeutique; greffe de moelle ou
transplantation d’organe; grands brûlés;
Mesures barrières et traitement des grands prématurés; déficit immunitaire
patients infectés ou colonisés par des congénital) et chez lesquels une
germes multirésistants contamination par un microorganisme
extérieur peu ou non pathogène chez un
Ces mesures concernent avant tout sujet normal peut avoir des
les porteurs de Staphylocoques résitants conséquences redoutables.
à la méthicilline (SARM) et les Klebsielles L’isolement géographique fait appel à
productrices de bêtalactamase à spectre une chambre individuelle avec sas qui
élargi (KBLSE). Elles peuvent être limite la circulation des personnes,
étendues aux Pseudomonas, aux facilite le contrôle du traitement de l’air
Acinetobacter ou aux entérocoques pour les chambres en surpression et qui
vanco-R selon les programmes de lutte permet au personnel de revêtir une
vis-à-vis de germes résistants. tenue spécifique avant d’entrer dans la
Les stratégies de maîtrise de la chambre.
diffusion de ces germes comportent 3 L’utilisation d’un système de
étapes : traitement de l’air consiste à faire
- identification des malades colonisés ou bénéficier la chambre de surpression par
infectés (dépistage des malades rapport au couloir et au sas c’est-à-dire
connus ou suspects dans les unités à lors de l’ouverture des portes c’est l’air
haut risque et signalisation claire, de la chambre qui passe à l’extérieur et
simple et visible sur la porte de la non l’inverse (porte toujours maintenue
chambre du malade et sur son dossier fermée).
permettant à chaque soignant Au mieux, les malades bénéficient
d’adopter les mesures de prévention) ; d’une mise sous flux laminaire qui
- isolement géographique et technique constitue une mesure validée pour les
des malades colonisés ou infectés greffés de moelle durant la durée de
(recours à une chambre individuelle ou l’aplasie.
le regroupement des malades Le lavage des mains est toujours un
colonisés par un même germe dans lavage antiseptique et les matériels
une même unité géographique ; médicaux (tensiomètre, stéthoscope,
précautions standard et précautions thermomètre) doivent être réservés à
de la transmission par contact) ; une seule chambre et un seul malade.
- traitement éventuel de l’infection ou de Le linge doit être stérile pour les unités
la colonisation. de greffe de moelle. Les vaisselles feront
Le lavage des mains avant et après l’objet d’une procédure de désinfection.
chaque soin et chaque geste apparaît

64
Les visites sont supprimées ou en chambre individuelle implique une
strictement réglementées. bonne information au niveau du patient,
L’eau doit faire l’objet d’une grande des visiteurs et du personnel sur les
vigilance. Si elle est filtrée, le raisons pour lesquelles une chambre
changement des filtres doit être régulier. individuelle est nécessaire. Cependant,
des contrôles bactériologiques l’isolement d’un malade n’implique pas
trimestriels sont nécessaires. nécessairement qu’il soit seul dans une
La décontamination, voire la chambre, mais les gestes doivent être
stérilisation des apports alimentaires codifiés en fonction de la source de
sont des mesures proposées dans des l’infection et les voies de transmission.
cas de réceptivité importante comme les Par exemple, si un patient présente une
aplasies médullaires post- infection gastro-intestinale, on peut
chimiothérapiques ou certaines greffes envisager de l'hospitaliser dans une
d’organe. chambre à plusieurs lits, en appliquant
strictement les "précautions standard", à
ISOLEMENT ABSOLU OU STRICT (5) condition qu'il soit coopératif, qu'il se
lave les mains consciencieusement et
C’est une combinaison de l’ensemble
qu'il ne souffre pas d'une diarrhée
des techniques d’isolement septique et
sévère ou d'une incontinence fécale
protecteur. Il a pour objectif d’empêcher
rendant très aléatoires les moyens
la transmission de maladies très
d'éviter des contaminations grossières.
contagieuses par voie aérienne, mais
Dans une structure hospitalière qui,
aussi par contact direct avec le sang et
malgré tout, ne comporterait que des
divers excréta ou sécrétions. Voici
chambres multiples, il serait alors capital
quelques exemples de maladies
que chaque lit soit à une distance
imposant l’isolement absolu : rage ,
suffisante des autres afin de limiter la
variole, peste pulmonaire, fièvres
contagion directe à courte distance et de
hémorragiques virales, rubéole
permettre au personnel de soins de
congénitale, zona très étendu,
travailler sans gêne en respectant les
tuberculose miliaire, coqueluche du
règles d’hygiène des soins. Néanmoins,
nourrisson, brûlures infectées (> 20% ),
l’isolement d’un malade et les
herpès congénital.
précautions particulières qui sont prises
comportent souvent certains
COMMENTAIRES inconvénients tant pour l’hôpital que
Pour réduire au minimum le risque pour le malade : augmentation de la
de transmission des infections, il faut charge de travail du personnel et du coût
faire une évaluation complète de l’état de l’hospitalisation du malade; difficulté
du malade au moment de son admission à prodiguer des soins aussi rapidement
à l’hôpital (et régulièrement pendant son et fréquemment qu’il est parfois
séjour), afin de déterminer s’il souffre nécessaire; monopolisation d’un espace
d’une infection ou est porteur d’un agent précieux qui, autrement, pourrait être
infectieux. Cette mesure est le moyen le occupé par plusieurs malades; de plus la
plus efficace de se protéger contre les solitude forcée prive le malade de
infections. L'indication d’une chambre relations sociales normales pouvant être
individuelle dépend non seulement du préjudiciables sur le plan psychologique,
type d'infection dont souffre le patient et en particulier dans le cas des enfants.
du danger potentiel représenté par les En général, en ce qui concerne
agents infectieux en cause, mais l’isolement, il vaut mieux se montrer trop
également du degré d'hygiène, de l'état prudent que pas assez surtout si le
général et des possibilités de diagnostic est incertain et que plusieurs
coopération du patient. L'hébergement maladies sont sérieusement envisagées.

65
Il permet de sensibiliser le personnel, de fonction des maladies ou des sites
le rendre attentif au fait qu’il y a danger; colonisés. Elles permettent de définir
il reste encore le moyen le plus efficace des modalités d’isolement adaptées au
d’enrayer l’extension d’une épidémie. risque de diffusion des germes.
L’efficacité des mesures d’isolement L’isolement ne doit pas ainsi être
disparaît si parallèlement un lavage des entendu comme une mesure d’exclusion
mains entre chaque soin n’est pas ou de rejet, mais comme un ensemble
réalisé. Trop souvent, on ne songe à de règles déterminant la qualité et la
l’isolement que dans les cas graves sécurité des soins lors de la prise en
d’infections comme les septicémies, charge des malades, visant à protéger
mais absolument pas dans les cas tous les patients, les personnels, la
d’infections urinaires, respiratoires et communauté dans son ensemble, sans
encore moins pour les plaies infectées rupture de proximité ou de relation
ou les diarrhées. thérapeutique. Ce sont souvent les
Tout le personnel hospitalier participe détails de chaque geste qui font la valeur
à la prévention des infections, en des mesures préventives, et il est du
appliquant le plus consciencieusement devoir de chacun de rendre les autres
possible les directives concernant les attentifs à ces détails.
mesures d'hygiène générale, "les
précautions standard", les techniques de
soins, ainsi que les techniques
d'isolement. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Les médecins devraient observer les
mesures d’isolement en tout temps et 1. Rey M., Beytout J. ; Prévention des maladies
donner l’exemple. infectieuses ; Encycl Med Chir. Paris.
Maladies infectieuses 8005, M10, 4 ; 1984.
Pour que ces mesures soient efficaces,
2. Vachon F. ; Maladies contagieuses et
on ne doit pas les imposer aux membres isolement hospitalier ; Med Mal Infect ;
du personnel de l’hôpital, mais plutôt 1985 ; 15 , 1, 28-34.
faire appel à leur sens des 3. Comité Technique National des Infections
responsabilités. Si certains commettent Nosocomiales ; Société Française d’Hygiène
Française ; Recommandations d’isolement
des infractions au protocole d’isolement,
septique en établissement de soin ; 1998;
ils peuvent réduire à néant les efforts 51 p.
consciencieux de tous les autres, comme 4. Artru F., Brun Y., Firholz P., Deleuze R. ;
le veut l’expression bien connue : « une Prevention de l’hospitalisme infectieux.
chaîne n’est pas plus forte que le plus Efficacité des mesures d’isolement dans une
unité de soins intensifs ; La nouvelle presse
faible de ses maillons ».
médicale ; 1979 ; 8, 13 : 1065-1089.
L’accord n’est pas unanime sur l’intérêt 5. Bouvet E., Brucker G. ; L’isolement en
de généraliser les mesures les plus pratique hospitalière ; Med Mal Infect ;
drastiques et les plus coûteuses. Le 1998 ; 28, Spécial : 485-91.
niveau d’isolement et de protection doit 6. CDC ; (Centers for Disease Control and
Prevention, Atlanta/USA); Guidelines for
être adapté à chaque situation
isolation precautions in hospitals. Am J of
particulière. Cette dernière sera analysée Infection Control ; 1996; 24 : 24-52.
par le CLIN et l’équipe opérationnelle 7. République Française-Direction Générale des
d’hygiène hospitalière. Services et de la Promotion de la Santé. ;
Guide de prévention des infections ;
Techniques d’isolement et précautions ;
CONCLUSION 1990.
Les mesures d’isolement tiennent
compte des modes de transmission des
agents infectieux par les malades en

66
TRAITEMENT DES DISPOSITIFS MEDICUAX
MOHAMED SALAH HADDAD
MOHAMED HABIB GUIZANI

L’environnement inanimé tels que Tableau n°1 : Classification des DM selon la nature
du tissu avec lequel il entre en contact lors de son
les dispositifs médicaux (DM), surfaces, utilisation.
air… constitue un réservoir ou une
source de micro-organismes qui peuvent Site Classe Type de Exemples
être à l’origine d’infections anatomique du DM procédé
de
nosocomiales. La transmission de destination
l’infection est soit directe dans le cas des des DM
instruments contaminés, soit indirecte Stérilisation ou Instruments
lorsqu’elle est aéro ou manuportée à Cavité stérile Critique à chirurgicaux
partir de surfaces contaminées. Système défaut Arthroscopes
vasculaire désinfection Matériel de
L’infection nosocomiale peut toucher les de haut niveau coeliochirugie
patients mais aussi le personnel exposé Muqueuse Semi Désinfection Endoscope
à cet environnement contaminé. La Peau lésée critique de digestif ou
réduction de ce risque infectieux repose superficielle niveau bronchique
sur la mise en œuvre, par du personnel ment intermédiaire
formé, de procédures d’entretien Contact avec Non Désinfection Pousse-
une peau Critique de bas niveau seringue
rigoureuses et validées. Parmi ces saine sans Garrot
procédures, la stérilisation et la contact avec Appareil à
désinfection représentent deux moyens le patient tension
efficaces pour l’élimination des micro-
organismes pathogènes présents sur le
matériel médicochirurgical et évite leur D’autres éléments viennent moduler
transmission par ce matériel. Le critère cette règle et qui représentent les
de choix entre la stérilisation et la situations particulières. En effet, le choix
désinfection repose sur l’évaluation du du procédé de traitement du matériel
risque infectieux. En effet, les méthodes doit tenir compte également d’autres
de traitement des dispositifs médicaux critères dont le niveau d’asepsie de
avant le conditionnement tiennent l’environnement où le matériel va être
compte des risques liés à la nature du utilisé, la contamination du matériel par
dispositif médical, au type de le sang et les liquides biologiques et la
contamination, au circuit, à son faisabilité des procédures (2).
utilisation et de l’environnement (1).
NIVEAU D’ASEPSIE DE L’ENVIRONNEMENT OU LE
MATERIEL VA ETRE UTILISE
RISQUE INFECTIEUX
On distingue la zone aseptique où un
Trois niveaux de risque infectieux greffé de moelle est souvent accueilli,
sont définis en fonction de la nature du donc le matériel doit être stérile même
tissu avec lequel le DM entre en contact s’il n’est pas destiné à une cavité stérile.
lors de son utilisation, auxquels Le bloc opératoire est divisé à son tour
correspondent des niveaux de traitement en fonction de la proximité des
précis. (Tableau n°1). dispositifs et équipements avec la zone
d’incision opératoire en trois zones
différentes (2) :

67
− Zone 0 : incision chirurgicale : La survenue de cas iatrogènes de la
stérilisation (à défaut désinfection à haut maladie de Creutzfeldt Jakob complique
niveau). désormais singulièrement les procédures
− Zone 1 : espace occupé par l’équipe de traitement des DM en raison de la
opératoire, la table d’instruments et le résistance élevée que présentent les
champ opératoire : stérilisation ou agents transmissibles non
désinfection de haut niveau ou conventionnels, appelés couramment les
protection stérile à usage unique. ATNC ou prions, aux agents chimiques et
− Zone 2 : salle d’intervention : physiques habituellement utilisés (3). La
désinfection de niveau intermédiaire ou procédure de traitement du matériel
protection à usage unique. diffère selon le niveau de risque des
patients et des tissus concernés par
l’acte et elle peut donc être habituelle,
renforcée ou maximale. Le tableau n°2
montre les conduites à tenir avec le
matériel vis-à-vis du risque ATNC.
Tableau n°2 : Conduite à tenir avec le matériel vis-à-vis du
risque ATNC.

Niveau de risque de l’acte (et tissus concernés)

Niveau de
risque des Non à risque A risque Sur tissus à
patients inféctiosité
faible
Figure 1 : Représentation schématique des Tissus autres Formation SNC (y Reins, fois,
différentes zones d’asepsie au bloc que: lymphoïde compris poumons,
- SNC (contact > LCR, dure- placenta,
opératoire - Formation 1h ou mère et tissus
lymphoïdes effraction) hypophys neuro-
CONTAMINATION DU MATERIEL PAR DU SANG ET e, œil nerf vasculaires
optique) et
DES LIQUIDES BIOLOGIQUES dentaires
Patients
Lorsque le matériel est contaminé sans
caractéris-
A
procédure
B
Procédure renforcée A
par du sang et des liquides biologiques, il tique habituelle Procédure
est impératif d’effectuer un pré particulière habituelle
Patients
traitement (2). présentant
des B C
facteurs de Procédure Procédure
FAISABILITE DES PROCEDURES risque renforcée renforcée
individuel
de MCJ
Selon la nature des matériaux Patient
composant les dispositifs médicaux, on suspect ou D
atteint de Procédure maximale
distingue les DM thermosensibles MCJ
fabriqués généralement en matière ne
supportant pas la chaleur, et les DM A chacune de ces procédures
thermorésistants qui sont sensés habituelle, renforcée et maximale
supporter des températures élevées. désignées respectivement A, B/C, et D,
Il faut aussi tenir en compte les moyens correspondent des modalités de
technologiques disponibles pour leur nettoyage - désinfection du matériel
stérilisation ou leur désinfection (2). thermorésistant ou thermosensible. Une
fois le risque infectieux ainsi que la
RISQUE INFECTIEUX VIS-A-VIS DES AGENTS catégorie du dispositif médical sont
TRANSMISSIBLESNON CONVENTIONNELS
(ATNC)
évalués, on doit procéder soit à une
désinfection soit à une stérilisation.

68
On commence par la pré désinfection les paramètres déterminant le niveau de
appelée encore pré traitement, par la désinfection d’un dispositif médical. .
suite, un nettoyage par un produit
désinfectant convenable est réalisé. Tableau n°3 : Paramètres déterminant le niveau de
désinfection du DM.
Dans le cas où le matériel est classé
parmi les DM à risque ATNC, une
approche particulière plus exigeante doit Site anatomique Niveau Classe Type de
être effectuée qui est l’inactivation des de destination de du DM procédé
ATNC. Le procédé d’inactivation des des DM risque
ATNC varie lui-même selon le niveau de
résistance de la flore bactérienne Cavité stérile Haut Critique Stérilisation
existante sur le matériel à traiter (2). Système risque ou à défaut
La figure 2 représente vasculaire désinfection
schématiquement les différentes étapes de haut
de traitement du matériel utilisé. niveau.

Muqueuse Risque Semi Désinfection


Peau lésée médian critique de niveau
superficiellement intermédiaire

Contact avec Risque Non Désinfection


une peau saine bas critique de bas
Sans contact niveau
avec le patient

La désinfection doit faire appel à des


produits désinfectants répondant à des
normes précises, en privilégiant les
produits ne fixant pas les protéines et en
respectant les concentrations et les
temps de trempage définis par le
fabricant. Au niveau de chaque risque
infectieux critique, semi critique et non
critique correspondent des niveaux de
traitement requis. En effet, la
désinfection de bas niveau utilisera des
produits au minimum bactéricides et
sera réservée aux DM non critiques. La
désinfection de niveau intermédiaire
Figure 2 : Procédures disponibles utilisera des produits bactéricides,
virucides, fongicides, et tuberculocides
DESINFECTION DES DISPOSTIFS MEDICAUX voire mycobactericides. En fin, la
désinfection de haut niveau utilisera des
NIVEAU DE DESINFECTION ET TRAITEMENT produits bactéricides, virucides,
REQUIS: fongicides, mycobactéricides et
sporicides.
Le site anatomique de destination
des DM détermine le niveau de risque et Les désinfections de niveau
permet de les classer en trois intermédiaire et de haut niveau doivent
catégories : critiques, semi critiques et être strictement réservées aux dispositifs
non critiques (2). Le tableau n°3 résume médicaux réutilisables thermosensibles
destinés aux actes invasifs ne

69
supportant pas la stérilisation à la Tableau n°4 : Choix du produit désinfectant.
vapeur d'eau.
Environnement Réalisation
Tout matériel désinfecté après une
microbiologique à avec un produit
procédure de haut niveau ou de niveau traiter désinfectant
intermédiaire, et stocké pendant une Bactéries Bactéricide (EN
durée supérieure ou égale à 12 heures 1040*)
doit subir une nouvelle procédure de Champignons Fongicide (EN 1275*)
désinfection avant d’être réutilisé (1). Virus Virucide (NFT 72-180*)
Mycobactéries Mycobactéricide (NFT
DESINFECTION A HAUT NIVEAU
72-170/171
spectre 5*)
Elle est impérative pour le matériel Spores Sporicide (NFT 72-
critique thermosensible tel que le bactériennes 230/231*).
matériel d'arthroscopie, de
coeliochirurgie..., car les spores peuvent
entraîner des infections gravissimes DESINFECTION A NIVEAU INTERMEDIAIRE
lorsqu'un acte invasif les introduit dans
un site stérile. En revanche, elle n'est L'objectif de la désinfection est
pas requise pour les endoscopies d'éliminer les micro-organismes qui
digestives et respiratoires, dans ce cas, présentent des niveaux de résistance
une désinfection de niveau intermédiaire variés. Elle consiste à immerger un
est suffisante, car les cavités où sont dispositif préalablement pré désinfecté
introduits les endoscopes ne sont pas et nettoyé dans un bain de produit
stériles ce qui les classes parmi le désinfectant. En pratique, il est possible
matériel semi critique. La désinfection d’utiliser le même produit que pour la
de haut niveau se fait obligatoirement désinfection de haut niveau, mais
par immersion. Le temps d'immersion souvent la durée du trempage pourra
doit être précisé pour chaque produit, et être raccourcie selon les indications du
strictement respecté pour l'obtention de fabricant et les objectifs à atteindre. La
l'effet sporicide. Par la suite un rinçage à désinfection de niveau intermédiaire
l'eau stérile en flacon versable, est intéresse les DM qui entrent en contact
indispensable. Le port de gants stériles avec les muqueuses et qui font partie
est fortement recommandé (2). des DM semi critiques.
La traçabilité des opérations de La mise en œuvre des différentes
désinfection de haut niveau doit être étapes doit être rigoureuse. En effet, la
mise en œuvre. Le produit utilisé doit désinfection elle-même doit être
être choisi soigneusement pour précédée par une étape de
présenter les qualités requises et être prétraitement et de nettoyage, et suivie
conforme aux normes en vigueur. Ces par un rinçage abondant à l’eau
produits et leurs normes sont résumés courante, par la suite, un séchage
dans le tableau n°4. soigneux doit être effectué. Enfin, le
matériel désinfecté sera stocké dans un
local approprié (2).

DESINFECTION A BAS NIVEAU

Plusieurs études effectuées sur


certains gestes très fréquents comme la
prise de tension, l'utilisation du
stéthoscope ou la pose d'un garrot pour
prise de sang, ont prouvé que ces actes

70
qui semblent à priori non contaminants,
peuvent représenter un certain risque
infectieux. Ce risque, bien que jugé
comme étant « bas », doit être sans
doute pris en considération. Il est donc
impératif, que le matériel avec lequel ces
actes de soin simples sont réalisés, doit
subir une désinfection à bas niveau.
La désinfection à bas niveau
concerne les DM qui entrent en contact
avec la peau saine et qui entrent dans la
catégorie des DM non critiques. Elle peut
se faire soit par immersion dans un Figure 2 : cycle de stérilisation
produit désinfectant, soit par
l’application d'un désinfectant par LA PRE DESINFECTION
essuyage humide à l’aide de lingettes ou
de lavettes désinfectantes ou bien par Problèmes causés par la création d'un
vaporisation d'un spray hydro alcoolique biofilm
si le DM ou la surface est parfaitement
propre. Il est à noter que le produit utilisé L'adhésion des micro-organismes à la
pour la désinfection doit être conforme surface des matériaux est un
aux normes en vigueur (2). phénomène assez rapide. Les micro-
organismes ainsi fixés sécrètent un
ensemble d'exo polymères, pour aboutir
STERILISATION
à la colonisation du matériau, jusqu'à
constitution d'un biofilm d'aspect
DEFINITION
muqueux qui se stabilise plus lentement.
Selon la définition de l'AFNOR , la La formation de biofilm est un
stérilisation est la mise en œuvre d'un phénomène très général (4).
ensemble de méthodes et de moyens
visant à éradiquer tous les micro-
organismes vivants, de quel nature que
ce soit, portés par un objet parfaitement
nettoyé.
La stérilisation s'applique aux
dispositifs médicaux critiques
réutilisables, et est considérée comme
un procédé spécial, c'est-à-dire un
Figure 3 : Création de biofilm
procédé dont le résultat ne peut être
vérifié par des contrôles sur le produit
Le biofilm peut être défini comme un
fini. Il est donc nécessaire de maîtriser
ensemble de cellules isolées ou
toutes les étapes préliminaires pour
associées en colonies, incluses dans une
assurer la qualité de l'état stérile (4).
matrice constituée d'exo polymères
bactériens, de matières organiques et de
La stérilisation au sens large
macromolécules du milieu environnant.
comporte plusieurs étapes. D’une façon
Le biofilm constitue une couche
très schématique, la stérilisation forme
protectrice dans laquelle les bactéries
un circuit fermé dont le respect de
sont à l'abri de l'action des produits
l’ordre des étapes constitue la condition
chimiques et des désinfectants.
essentielle pour garantir une stérilité
Certaines de ces bactéries sont
parfaite du produit traité.

71
susceptibles de libérer des endotoxines détériorés et de choisir le mode de
responsables de chocs septiques. Le nettoyage adapté à chaque DM. Il s’agit
seul moyen de prévenir la formation d'un tout simplement de séparer le matériel
biofilm sur les dispositifs médicaux défectueux de celui en bon état (4).
souillés est de procéder à un pré
traitement le plus rapidement possible NETTOYAGE
après utilisation suivi d'un nettoyage
rigoureux (4). Le nettoyage est une étape
indispensable au traitement des
Pré désinfection proprement dite dispositifs médicaux qui doit permettre
d'éliminer les salissures et d'atteindre le
La pré désinfection appelée encore le minimum de contamination avant la
pré traitement, est le premier traitement stérilisation. Un nettoyage de mauvaise
à effectuer sur les objets et matériels qualité peut compromettre l'efficacité de
souillés, dans le but de diminuer la l'ensemble du traitement. Cette efficacité
population de micro-organismes et de du nettoyage dépend en effet de la
faciliter le nettoyage ultérieur. Il permet combinaison de plusieurs actions dont
aussi d’assurer une meilleure protection l’action physico-chimique du détergent,
du personnel ainsi que d’éviter la l’action mécanique par aspersion et
contamination de l’environnement. Le brossage dans une machine ou brossage
pré traitement est effectué par manuel et l’action thermique par le
immersion de tous les dispositifs chauffage de la solution de lavage et de
médicaux dans une solution détergente rinçage. Il est essentiel de ne pas
et bactéricide. La pré désinfection doit utiliser à ce stade du glutaraldéhyde qui
être effectuée le plus près du lieu va fixer les protéines (et l’inféctiosité du
d'utilisation et le plus rapidement prion) rendant inefficace la suite de cette
possible. Le tableau n°5 montre les sites procédure. Le détergent ne peut pas être
d’utilisation impliquant la désinfection réutilisé et doit être changé à chaque
(4). utilisation. Le nettoyage peut être
manuel à l’aide d’irrigateurs, de brosses
Tableau n° 5 : Désinfection et site d’utilisation souples ou d’écouvillons adaptés,
comme il peut être automatisé dans des
Lieu d’utilisation Lieu de la
bacs à ultra sons ou des machines à
pré désinfection
laver adaptées à différents types de
Bloc opératoire Dès la sortie de la salle
dispositif médical (14).

Salle de soins Bac dans la salle ou Nettoyage manuel


l'office attenant
Lit du malade Bac posé sur le chariot Le principe est simple et consiste à
de soins à l'extérieur de utiliser un produit détergent ou détergent
la chambre bactéricide avec lequel le matériel est
bien frotté et brossé. Il est préférable
En cas de risque prion, il est d'utiliser de l'eau chaude qui renforce
impératif d’utiliser un détergent sans l'action détergente. Il peut être utile de
aldéhyde, car l'aldéhyde fixe l'inféctiosité disposer d'un bac à ultrasons rempli
des ATNC. d’eau déminéralisée et de solution
détergente ou détergente désinfectante
RECEPTION ET TRI (4). L’action mécanique des ultrasons
facilite énormément le nettoyage (3). Par
Ce premier tri doit permettre de la suite, il est impératif d’effectuer une
mettre de côté les instruments irrigation soigneuse des canaux internes,

72
des cavités et des articulations ou Le contrôle soigneux des instruments
parties creuses et elle doit être réalisée est nécessaire afin de stériliser
sous pression. Le matériel bien nettoyé uniquement des instruments propres et
doit subir un rinçage abondant à l'eau fonctionnels. Il est impératif de vérifier la
potable du réseau ou mieux à l'eau qualité du nettoyage, en d’autres termes,
osmosée si l'on en dispose au robinet. s’assurer de l’absence de souillures ainsi
Finalement, le séchage du matériel à que des traces d'adhésifs. Il faut
l'aide d'air médical ou d'un tissu propre également vérifier l'état de surface des
non pelucheux est essentiel pour éviter instruments concernant l’absence de
les risques de récontamination (4). rouille, de tâches de corrosion et de
piqûres. La vérification de la
Nettoyage en machine fonctionnalité est aussi indispensable,
par exemple, il faut s’assurer que les
Le lavage en machine est préférable tranchants et les instruments articulés
au nettoyage manuel car il assure la fonctionnent normalement. Tous les
reproductibilité du traitement et permet instruments non conformes sont isolés
la traçabilité des opérations. pour être nettoyés à nouveau, réparés ou
Pendant la phase de nettoyage, l'eau est éliminés (4).
chauffée et additionnée d'une dose de
produit détergent. Le lavage est réalisé LE CONDITIONNEMENT DES DISPOSITIFS
par immersions répétées du matériel MEDICAUX
dans le liquide de lavage. Ces machines
permettent également le rinçage et le Le conditionnement est une étape
séchage du matériel. Bien que très essentielle dans la préparation des
efficaces, elles sont cependant peu dispositifs médicaux à stériliser.
utilisées car le chargement est long et L'emballage constitue une barrière
impose d'immobiliser le matériel sur les microbienne autour du dispositif
plateaux. De plus leur capacité est médical. Avant la stérilisation, le
limitée (4). conditionnement permet de protéger le
DM propre d'un risque de
LE SECHAGE recontamination. Pendant la stérilisation,
il permet le passage de l'agent stérilisant
Après le nettoyage et le rinçage, le (la vapeur d’eau). Après la stérilisation, il
dispositif médical doit être séché assure la conservation de l'état stérile
puisque les micro-organismes se des DM et permet la mise à disposition
reproduisent rapidement dans l'eau (4). aseptique. Le fabricant assure la qualité
Le séchage permet donc d’éviter la des matériaux et l'utilisateur doit les
multiplication microbienne ce qui va mettre en œuvre selon les
optimiser l’efficacité d’une stérilisation recommandations données par celui-ci
ultérieure (5). Le séchage est réalisé pour assurer la qualité du
avec un support propre absorbant non conditionnement final. Actuellement, il
tissé ou avec un champ propre non existe deux catégories de
pelucheux. Pour terminer le séchage, on conditionnement (4).
peut utiliser un jet d'air médical appelé
encore soufflette. En revanche, pour les Emballage à usage unique
tuyaux ou le matériel d'anesthésie, une
armoire séchante peut être utile (4). Le papier crêpé et le papier lisse

LA VERIFICATION DES INSTRUMENTS Pour la fabrication du papier


d’emballage de stérilisation, on utilise de
la cellulose blanchie de première

73
utilisation, constituée majoritairement de DM dans un stérilisateur conforme à la
fibres longues pour une bonne norme EN 285. Il joue le rôle
résistance mécanique. Les fibres de d'emballage primaire et d'emballage
cellulose, de nature hydrophile, sont secondaire pour le conditionnement. Le
enchevêtrées pour former une nappe (4). conteneur est formé d'une cuve et d'un
couvercle muni d'un joint qui assure
l'étanchéité de la fermeture. Il est équipé
d'un système de filtre constituant le seul
passage possible pour la vapeur d'eau et
l'air et assurant la rétention des micro-
organismes (4).
Figure 4 : Papier crêpé

Le non tissé

Il présente une très grande


résistance mécanique et de bonnes
Figure 7 : Les conteneurs métalliques
propriétés de barrière microbienne (4).
On préfère actuellement les
conteneurs munis d’un filtre qui laisse
passer la vapeur sous pression. Le filtre
en place protège de la contamination
secondaire. Il faut cependant contrôler le
Figure 5 : Le non tissé bon positionnement et l’intégrité du
filtre. Les conteneurs sont adaptés pour
Les sachets thermo-soudés
le conditionnement de l'instrumentation
chirurgicale (6).
Ce sont des sachets en papier semi- Le système de boîtes et sachets
perméable dont les bords sont soudés. permet une conservation pendant au
Une face est constituée par une moins 3 mois. Il est donc nécessaire
enveloppe plastique transparente et d’afficher la date de stérilisation et celui
imperméable, permettant de visualiser le de péremption. En fait, plusieurs travaux
contenu, l’autre face est constituée d’un montrent que l’état stérile dans de tels
papier semi-perméable opaque. Il faut emballages peut se conserver pendant
normalement un double emballage et au moins six mois.
bien vérifier qu’il n’y a pas de déchirures,
ni de défaillance au niveau de la LA STERILISATION PROPREMENT DITE
soudure. Ces emballages sont ensuite
placés dans l’autoclave pour la
stérilisation (6).

Figure 6 : Les sachets thermo-soudés

Emballage réutilisable

Le conteneur est un dispositif de


conditionnement, rigide et réutilisable,
pour la stérilisation à la vapeur d'eau des Figure 8 : Passage à la vapeur

74
Tous les échanges gazeux entre Le cycle de stérilisation peut varier
l'intérieur et l'extérieur du conteneur se selon le type de matériau autoclavé en
font à travers le dispositif d'admission de ce qui conçerne les paramètres
la vapeur (4). physiques. Cependant, le cycle de
stérilisation peut être divisé en trois
PROCEDES DE STERILISATION phases essentielles (6):

STERILISATION A LA VAPEUR D’EAU


1ère phase : le pré traitement
La stérilisation par la vapeur d’eau
sous pression, appelée encore chaleur Pour obtenir la température requise
humide, est la méthode de référence pour stériliser, il est nécessaire d’enlever
pour les dispositifs médicaux l’air présent dans la cuve et le remplacer
réutilisables. Elle n’est utilisable que par la vapeur d’eau. Pour être efficace,
pour les dispositifs médicaux cette opération est réalisée par une
thermorésistants. La stérilisation par la succession de vides et d’injections de
chaleur humide convient à des vapeur permettant d’obtenir dans la
dispositifs médicaux de nature différente cuve de la vapeur d’eau de moins en
tels que les textiles, les dispositifs en moins mélangée à l’air résiduel jusqu’à
acier inoxydable, le plastique et le verre atteindre 100% de vapeur à la fin du pré
(1). Elle est obtenue dans l’autoclave ,le traitement. Le cycle de textile peut être
principe en est simple. On obtient de la légèrement différent de celui des
vapeur d’eau en faisant bouillir de l’eau instruments car il suppose plus de
dans une enceinte fermée, sous résistance à la pénétration de la vapeur.
pression, pour augmenter la température
de la vapeur. Cette vapeur d’eau va agir 2ème phase : le plateau de stérilisation
en hydrolysant la coque bactérienne,
mais pour cela il faut qu’elle arrive à son Lorsque l’injection de la vapeur a
contact (4). permis d’atteindre la température de
La chaleur et l’humidité entraînent la consigne, l’automate déclenche le
destruction des germes par coagulation décompte de la durée de stérilisation.
et hydrolyse des protéines cellulaires. Pendant cette phase, la température doit
Cette destruction suit une loi correspondre à la pression de vapeur
logarithmique, ce qui fait que le nombre saturée, soit 2 bars pour 134°C et une
ne peut jamais atteindre zéro (6). durée d’au moins 18 minutes pour
inactiver les prions (ATNC). A la fin du
plateau, l’ouverture d’une vanne permet
l’évacuation de la vapeur hors de la
chambre, la courbe de pression chute
rapidement et la température baisse
également (6).

3ème phase : le séchage

Au début du cycle de stérilisation, la


vapeur se condense sur la charge froide
et mouille les objets. A la fin du cycle, il
Figure 9 : Evolution de la destruction des germes en est nécessaire de re-vaporiser l’eau
fonction du temps
condensée dans la charge pour arriver à
la siccité qui est le retour à la pression
atmosphérique, permettant de conserver

75
l’état stérile. Lorsque la pression dans la • La durée d’exposition : 18 minutes au
chambre est revenue au voisinage de moins pour les mêmes raisons ;
zéro, le dispositif de mise sous vide se • La qualité de la vapeur : il faut une
met en route afin d’évacuer la vapeur de vapeur saturée (100%) d’humidité. La
la charge (6). vapeur sous saturée a une valeur
stérilisante inférieure ;
• L’absence de poche d’air dans la cuve :
qui empêche une bonne diffusion de la
vapeur ;
• La qualité de l’eau utilisée : des
substances en suspension dans l’eau
(sels minéraux, cuivre …) peuvent être
transportées par la vapeur et se
déposer sur le matériel.

STERILISATION A L’OXYDE D’ETHYLENE


Figure 10 : Cycle de stérilisation

Elle ne peut être utilisée que pour le


Il existe actuellement trois grands types matériel thermosensible qui ne supporte
d’autoclaves pas la stérilisation à la vapeur telle que
Les autoclaves à déplacement d’air par
gravité le matériel plastique, les matériaux
Ils utilisent le fait que l’air soit plus fragiles y compris les vêtements et les
lourd que la vapeur et que ces deux gaz objets personnels des malades en
ne se mélangent pas. L’air va se aplasie. La technique est simple, elle est
concentrer au fond de l’autoclave. On basée sur les propriétés bactéricides,
injecte la vapeur au sommet de virucides, sporicides et fongicides que
l’autoclave et on évacue l’air par le fond possède l’oxyde de l’éthylène.
(6). Cependant, il reste inefficace vis-à-vis
Les autoclaves avec vide préalable des ATNC et c’est entre autre son point
Ce sont les plus utilisés et ils donnent faible. L’oxyde d’éthylène est un gaz
une bonne sécurité. Le principe est de toxique, d’une part, pour le personnel
faire au début de la procédure deux ou par inhalation ou par contact direct, et
trois cycles de vide pour aspirer l’air, puis d’autre part, pour le patient par voie
d’injecter la vapeur une fois le vide parentérale. En effet, un matériel
obtenu (6). insuffisamment désorbé peut causer des
Les autoclaves à pression positive phénomènes hémolytiques, des
Ils utilisent une injection de vapeur sténoses trachéales, des collapsus
préalable sous pression pour chasser cardiovasculaires et des phénomènes
l’air. Il n’y a pas d’aspiration par le vide, allergiques. Donc ce gaz doit être
mais l’efficacité obtenue est comparable toujours employé avec précaution. En
aux autoclaves à vide préalable (6). Il revanche, l’oxyde d’éthylène est un gaz
faut cependant respecter certains explosif et inflammable, son installation
paramètres : exige donc d’obéir à des instructions
• La durée de stérilisation : comptée à officielles visant à protéger le personnel
partir du moment où la température et et le public. La toxicité de l’oxyde
la pression choisies sont atteintes ; d’éthylène exige un temps de désorption
• La température : actuellement 134° après stérilisation pour éliminer les
pour être efficace également sur les résidus de ce gaz des matériels
prions ; plastiques et ramener le taux inférieur
aux limites déterminées en fonction du
temps de contact avec l’organisme. La

76
durée de désorption nécessaire varie activité sporicide, et bactéricide (6).
selon le matériau (6). Cependant ce procédé a de nombreuses
limitations :
AUTRES PROCEDES DE STERILISATION • Il faut un conditionnement spécial
car la cellulose absorbe le peroxyde
Stérilisation au Poupinel d’hydrogène rendant le procédé
inefficace ;
Elle s’obtient dans un four appelé • Il en est de même de l’humidité et le
encore le Poupinel. Elle est moins matériel doit être parfaitement séché ;
efficace que la chaleur humide, car sa • le plasma diffuse mal dans les
diffusion se fait moins bien et il faut cavités creuses de petit diamètre comme
globalement des températures plus les canaux opérateurs des fibroscopes
élevées et des temps d’exposition plus ou de grande longueur ;
longs pour atteindre l’état stérile (6). • Absence d’action sur le prion.
Les paramètres de stérilisation à
respecter sont le temps et la STERILISATION PAR LES RAYONS IONISANTS
température. Dans les conditions de
référence, il faut 160°C pendant 2 Les rayons ionisants entraînent une
heures au minimum. Cependant, le ionisation des protéines et des lésions
Poupinel a beaucoup d’inconvénients : de l’ADN qui ont un effet létal très rapide
• Les objets à stériliser sont placés pour les bactéries. Deux types de rayons
dans une enceinte contenant de l’air, sont utilisés ; les rayons gamma et les
mais l’air est un mauvais conducteur de faisceaux d’électrons. On peut par ce
la chaleur ; procédé stériliser en continu de gros
• Les charges sont inhomogènes, avec volumes. Mais le coût et la complexité de
des métaux différents, qui conduiront l’installation, le fait réserver à l’industrie,
différemment la chaleur. On tente de essentiellement pour le matériel à usage
pallier ces deux inconvénients par des unique (6).
systèmes de ventilateurs intégrés mais
les résultats restent aléatoires, et l’on a CONTROLE DE LA STERILISATION A LA VAPEUR
pu mettre en évidence des différences
de 30° entre deux zones de l’enceinte ; D’EAU
• De plus les températures supérieures
La stérilisation fait partie des
à 150° détrempent le matériel en acier
procédés spéciaux pour lesquels les
et abîment considérablement les objets
résultats ne peuvent pas être
piquants ou tranchants ;
entièrement vérifiés par un contrôle final
• Les temps d’exposition sont plus du produit. Le simple fait d’ouvrir la boîte
longs car la montée en température est va aussitôt déstériliser le matériel. On
lente ; peut seulement prouver qu’il a subi une
• Le Poupinel est inefficace vis-à-vis procédure propre à le rendre stérile. Il
des ATNC. faut pour cela être certain que chaque
étape de la procédure a été
STERILISATION AU GAZ PLASMA correctement réalisée (assurance
qualité) et des audits réguliers doivent
C’est un procédé innovant utilisant le être réalisés afin de vérifier la bonne
peroxyde d’hydrogène (H2O2) à basse exécution des procédures (6).
température. Dans un vide poussé, il est
transformé en plasma par un champ CONTROLE AVANT STERILISATION
éléctro-magnétique générant outre des
ions et des électrons libres, de nombreux Le test de Bowie et Dick
radicaux libres (HO-, H O2) à très forte
77
Ce test va permettre de contrôler la stérilisateur à l’endroit où il est
bonne diffusion de la vapeur dans positionné. Il ne permet cependant pas
l’enceinte de l’autoclave, il doit être fait à lui seul, de prouver le succès de
chaque jour avant de commencer la l’opération de stérilisation (1)
première charge d’autoclave. Il va
contrôler la diffusion de la vapeur à
l’intérieur de l’autoclave en faisant virer
un indicateur coloré (6).

Figure 12 : Indicateur physico-chimique

Indicateurs biologiques

Constitués par des échantillons


Figure 11 : Test de Bowie et Dick
microbiens, il s’agit tout simplement de
s’assurer de la destruction des spores de
CONTROLE PENDANT LA STERILISATION Bacillus Stéarothermophilus, mais le
résultat dans ce cas n’est pas immédiat,
Il est impératif de s’assurer du bon car il faut mettre les bandelettes
fonctionnement de l’autoclave en termes supports à l’étuve pendant 24 h au
d’alimentation électrique, thermomètre, moins (6).
minuterie et joint de porte. Il faut
également, vérifier le diagramme de
stérilisation ou le ticket d’enregistrement
pour s’assurer du bon déroulement du
cycle c'est-à-dire que les différents
paramètres physiques dont la pression, Figure 13 : Indicateurs biologique
la température et la durée ont atteint les
valeurs attendues (4). TRAÇABILITE

CONTROLE APRES LA STERILISATION La stérilisation faisant partie des


procédés spéciaux, il est nécessaire d'en
Indicateur de passage effectuer la traçabilité afin de garantir la
sécurité des patients et du personnel. La
L’indicateur de passage qui traçabilité est un élément essentiel de la
existe sous forme de ruban adhésif ou démarche qualité. Elle concourt à la
d’encre auto-virante sur les matériovigilance. La traçabilité en
conditionnements papiers, permet de stérilisation permet, par l'enregistrement
vérifier par un changement de couleur et l'archivage de documents écrits,
qu’un dispositif médical a subi une d'identifier et de suivre les dispositifs
stérilisation, sans en garantir la qualité médicaux, de la phase de réception à la
(1). phase de livraison (4).
Selon les Bonnes Pratiques de la
Indicateur physico-chimique stérilisation, le dossier de stérilisation
comporte en particulier des éléments
Il existe sous forme de bandelette, démontrant le respect des procédures
anciennement appelé intégrateur, il des différentes étapes de la préparation
change de couleur si les paramètres de des DM stériles. Actuellement, la
stérilisation sont atteints dont la traçabilité concerne essentiellement le
température, la durée, et la saturation de suivi des procédés. Le descriptif de la
la vapeur d’eau dans la chambre du charge, l'enregistrement des contrôles et

78
l'étiquetage peuvent être gérés La traçabilité des DM stériles dans
manuellement ou de préférence par des leur emballage est complétée par la
logiciels informatiques (1). traçabilité des procédures et la
traçabilité des maintenances préventives
Traçabilité des dispositifs médicaux et curatives des appareils.
stérilisés
STOCKAGE APRES STERILISATION OU
Elle est facilitée par le choix d'un DESINFECTION
appareil de stérilisation éditant un
document relatif aux paramètres Le matériel stérilisé ou désinfecté est
(température, pression, temps) rangé dans un endroit propre, sec et à
enregistrés à chaque cycle. Le dossier de l’abri des contaminations. Le matériel
stérilisation, qui est conservé au moins 5 désinfecté doit être protégé, soit par un
ans, permet la traçabilité du procédé et champ textile ou non tissé propre, soit
comporte (1) : dans un emballage pour la stérilisation.
• La liste des dispositifs stérilisés par Les conditions de stockage ne doivent
chaque cycle ; pas détériorer les emballages de
• Le type de cycle programmé s’il y a stérilisation (serrage, humidité,
plusieurs possibilités ; rayonnement solaire direct, etc.) dont
• Le numéro de cycle, la date et l’heure seule l’intégrité garantit la pérennité de
de stérilisation ; l’état stérile.
• Le nom de la personne qui a assuré le
cycle de stérilisation et sa signature ; MATERIOVIGILANCE
• Les documents démontrant le respect
des procédures des différentes étapes L'utilisation d'un DM n'est jamais
de la préparation des dispositifs exempte de risque. Le plus souvent les
médicaux stériles pour autant qu’ils incidents mettent en cause soit le
soient disponibles ; dispositif lui-même, soit les conditions
• Le résultat des contrôles effectués ; d'utilisation du dispositif.
• Le document de libération de la charge La matériovigilance a pour objet la
signé par la personne habilitée. surveillance des incidents ou des risques
d'incidents pouvant résulter de
Traçabilité des dispositifs médicaux l'utilisation des DM après leur mise sur le
désinfectés marché. La matériovigilance est
organisée autour d’un échelon national
La traçabilité des dispositifs (Commission et Sous-commission
médicaux s’effectue sur un cahier de Technique) et d’un échelon local
désinfection qui comporte (1): (correspondant de matériovigilance).
• La liste des dispositifs médicaux Toute personne (fabricant, utilisateur
désinfectés ; ou tiers) ayant connaissance d'un
• La date et heure de désinfection (début incident ou d'un risque d'incident
- fin) ; mettant en cause un DM, doit le déclarer
• Le nom et le numéro de lot du produit auprès du correspondant local de
désinfectant utilisé ; matériovigilance (1).
• Le nom de la personne qui a assuré la
désinfection et sa signature ; MAINTENANCE CURATIVE ET PREVENTIVE
• Le numéro du cycle en cas d’utilisation
d’un laveur désinfecteur. Le décret n°2001-1154 du 5
décembre 2001 en France, relatif à
l'obligation de maintenance et au

79
contrôle de qualité des dispositifs
médicaux donne obligation à tout
exploitant ou utilisateur de dispositif
médical de maintenir en bon état de
fonctionnement le matériel qu'il utilise et
de le soumettre à un contrôle de qualité.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. Gilles Brücker ; Infections nosocomiales et


environnement hospitalier : Traitement des
dispositifs médicaux ; 1998 :177-186
2. Conseil Supérieur d’Hygiène ;
Recommandations en matière de stérilisation;
Edition, Service Public Fédéral de la Santé
Publique, de la Sécurité de la Chaîne
Alimentaire et de l’Environnement ; 2006 :
14-16.
3. Gilles Brücker ; Infections nosocomiales et
environnement hospitalier : Stérilisation ;
1998 : 135-142 ;
4. Vasselle Alain ; Rapport sur la politique de
lutte contre les infections nosocomiales
Edition, Office Parlementaire d’Evaluation des
Politiques de Santé ; 2006 : 17-20.
5. Institut Suisse des Produits Thérapeutiques
(ISPT) ; Société Suisse d’Hygiène Hospitalière
(SSHH) ; Bonnes pratiques de retraitement
des dispositifs médicaux stériles ;
2004 :11-16
6. Comité de Formation Continue, Comité
d’Evaluation en collaboration avec le comité
d’infectiologie ; Stérilisation et désinfection
des instruments ; 2004 : 1049 - 1060

80
POLITIQUE DE BON USAGE DES ANTIBIOTIQUES A L’HOPITAL
___________________________________________________________________________

NOURREDINE BOUZOUAIA

INTRODUCTION • Faire appel à un référent pour une


validation de la prescription de certains
La prise en charge d’un patient par le antibiotiques ;
personnel de la santé est soumise à une • Réévaluer, entre le 3ème et le 5ème jour,
obligation de moyens. Cette prise en la prescription, ce qui contribue au bon
charge doit tenir compte aussi des usage, en particulier, dans le cadre des
intérêts de la collectivité. Ce double antibiothérapies probabilistes. La
impératif s’applique parfaitement à la poursuite du traitement est soumise à
prescription des antibiotiques en raison l’avis d’un médecin senior (médecin du
de la prévalence croissante de la service, infectiologue ou référent
résistance bactérienne et de la désigné).
prescription injustifiée voire abusive
(coût). REGLES GENERALES DE PRESCRIPTION D’UNE
Ceci nous a amené à mettre en ANTIBIOTHERAPIE CURATIVE
application des règles de bonne pratique
thérapeutique ou de « bon usage » des ƒ Classer les antibiotiques disponibles à
antibiotiques à l’hôpital. l’hôpital :
- Groupe I : AB à prescription libre, sans
justification. Toute antibiothérapie
ANTIBIOTHERAPIE CURATIVE supérieure à 10 jours doit être
justifiée ;
DIFFERENTES TECHNIQUES PERMETTENT
- Groupe II : AB très actifs mais toxiques
D’AMELIORER LE CHOIX INITIAL DE
L’ANTIBIOTHERAPIE ou chers, réservés aux infections
sévères ou à germes multirésistants. Le
Les modalités d’application d’une traitement de première intention ne
politique antibiotique peuvent être doit pas dépasser 72h. Au-delà, une
envisagées selon deux modèles : justification doit être fournie
• l’un libéral, le plus souhaitable ; (antibiogramme et/ou approbation d’un
• l’autre faisant appel à certaines référent) ;
mesures d’encadrement de la - Groupe III : AB à indications précises,
prescription, modèle qui a fait la délivrés d’emblée sur justification par
preuve de son efficacité dans antibiogramme ou après avis d’un
certains hôpitaux. référent.
ƒ Limiter l’antibiothérapie aux infections
Ce modèle d’encadrement de la dont l’origine bactérienne est
prescription consiste à : documentée ou probable et pour
lesquelles d’autres mesures ne
• Rédiger des recommandations en
suffisent pas ;
fonction des types d’infection ;
ƒ Respecter les posologies et les rythmes
• Lister les antibiotiques réservés à
d’administration de nature à assurer
certaines indications et délivrés sur
des concentrations appropriées au site
justification écrite (comportant des
de l’infection et faire attention à éviter
renseignements cliniques et/ou
le sous dosage ;
bactériologiques simples, par exemple
ƒ Préférer, pour les antibiotiques à
l’antibiogramme) ;
activité comparable, ceux dont l’impact

81
sur la flore commensale est le plus o Durée le plus souvent limitée à
faible, c'est-à-dire que le recours à un celle de l’acte opératoire, parfois de
antibiotique à spectre spécifique du 24 heures et ne dépassant jamais
germe en cause est hautement 48 heures.
recommandé ;
ƒ Limiter la durée totale du traitement CONDITIONS D’UNE BONNE PRATIQUE D’UNE
par une réévaluation du choix initial ANTIBIOTHERAPIE PROPHYLACTIQUE
entre le 3ème et le 5ème jour et par la
justification du bien fondé de sa • Révision des protocoles pilotes
prolongation au-delà de 10 jours ; existants dans les services de
ƒ Respecter les durées totales de chirurgie ;
l’antibiothérapie, qu’elle soit curative • Evaluation des résultats préliminaires
ou prophylactique ; de l’application de ces protocoles ;
ƒ Eviter de prescrire des antibiotiques • Création de fiches de saisie
devant le simple isolement d’un germe informatisées communes pour tout
au niveau d’un site quelconque. l’hôpital (fiche bleue) ;
L’antibiotique n’est utile qu’en cas • Analyse des résultats de l’application
d’infection et non d’une colonisation ; des protocoles élaborés, d’une façon
ƒ Faire des prélèvements périodique avec une mise à jour
bactériologiques chaque fois que c’est continue ;
possible, avant tout traitement • Création d’un groupe d’élaboration
antibiotique ; qui établira un protocole
ƒ Ne choisir un antibiotique d’un groupe d’antibioprophylaxie spécifique à
que lorsqu’aucun autre antibiotique du l’écologie et à l’option chirurgicale de
groupe précédent n’est actif sur le chaque unité ;
germe isolé ou présumé responsable • Création d’un groupe d’application de
de l’infection ; l’antibioprophylaxie qui comprend, en
ƒ L’association d’antibiotiques est plus de celui de l’élaboration, les
préconisée en cas : procédures d’anesthésie et les
• germes multirésistants ; surveillants des pavillons. Ce groupe
• sujets immunodéprimés ; serait responsable de la saisie et de
• prescription de certains l’analyse périodique et continue des
antibiotiques (Rifampicine, protocoles ;
Fquinolones, Fosfomycine, • Tenue d’au moins une réunion
acide fusidique). annuelle regroupant les différents
utilisateurs des AB avec le groupe
ANTIBIOTHERAPIE PROPHYLACTIQUE d’élaboration ;
• Révision des protocoles pilotes
REGLES GENERALES DE PRESCRIPTION D’UNE existants dans les services de
ANTIBIOTHERAPIE PROPHYLACTIQUE chirurgie, après leur évaluation.

- Respecter les indications et schémas MESURES COMPLEMENTAIRES


validés ;
- Respecter les règles d’administration : • Renforcer la surveillance
o Injection intra-veineuse 1 à 2 h épidémiologique bactérienne et de
avant l’incision cutanée, en l’état de la résistance (bactério-
pratique au moment de l’induction vigilance), à l’échelle de
anesthésique ; l’établissement avec informatisation
o Dose unitaire adéquate et jamais du laboratoire de microbiologie, en
inférieure à la dose thérapeutique mentionnant, chaque fois que c’est
standard ;

82
possible, l’origine hospitalière ou dans la fréquence d’isolement d’un
communautaire de l’infection ; pathogène donné.
• Evaluer les économies dégagées
suite à l’application de cette politique ROLE DES SERVICES CLINIQUES
de prescription ;
• Impliquer le CLIN qui doit veiller à • Collaborer avec le comité des
l’application rigoureuse des règles antibiotiques pour élaborer des
d’hygiène et d’asepsie ; protocoles écrits d’antibiothérapie,
• Faire figurer le coût journalier du adaptés aux situation cliniques les plus
traitement et la posologie moyenne courantes et celles nécessitant le
de l’AB avec les résultats de recours à des antibiotiques à large
l’antibiogramme. spectre (urgences, services, grands
consommateurs d’antibiotiques,
ROLE DE LA PHARMACIE services à risque d’y rencontrer des
germes résistants) ;
• Le rôle de la pharmacie est important • Veiller à l’application des
pour veiller à l’application de ces recommandations du comité
mesures surtout dans les services gros antibiotique.
consommateurs d’AB et ceux
consommateurs d’AB appartenant au ROLE DU SERVICE D’HYGIENE ET DU CLIN
groupe 3 ;
• Une rétro-information dont le support Ce « bon usage » des antibiotiques
serait un bulletin édité à l’échelle de n’a de pertinence que s’il participe à une
l’établissement est à étudier ; politique de santé intégrant la
• Les antibiotiques doivent faire l’objet prévention, la lutte contre les IN,
d’une prescription nominative datée et l’hygiène hospitalière, la lutte contre la
signée lisiblement, mentionnant le nom transmission épidémique des BMR,
du malade et la durée prévisionnelle l’architecture hospitalière…
d’administration, et transmise à la L’application des mesures d’hygiène
pharmacie ; dans tous les secteurs de l’hôpital
• Pour des raisons de traçabilité, de permet de diminuer la fréquence des IN.
surveillance et d’analyse des On est tous tenus à participer à l’effort
consommations, l’informatisation de la de vigilance vis-à-vis de certains
prescription et de la dispensation est pathogènes (BMR…) afin de prendre les
indispensable. mesures nécessaires (isolement
fonctionnel…).
ROLE DU LABORATOIRE
• Le laboratoire de microbiologie s’est Il ne doit échapper à personne qu’un
engagé à mettre sous surveillance tel système ne sera ni contraignant, ni
(bactério-vigilance) certaines espèces sanctionnel mais demande la
bactériennes (Acinetobacter, compréhension et la collaboration
Pseudomonas, Klebsiella, Entero- active de tous les prescripteurs afin
bacter, Serratia, Stapylocoque aureus de comprimer les dépenses, de
Méthi-R, Entérocoques) et d’en ménager l’écologie bactérienne
informer le Service d’hygiène en cas hospitalière et de préserver l’activité
d’isolement de l’une d’entre elles ; antibactérienne des antibiotiques mis
• Il est tenu, aussi, d’informer le Service à notre disposition.
d’Hygiène pour toute augmentation

83
CONCLUSION
Aucune politique antibiotique ne peut
prétendre à la vérité absolue.
Son mérite est d’amener le prescripteur
à se référer à des arguments objectifs
d’ordre épidémiologique, clinique et/ou
microbiologique lors de son choix
antibiotique.

CLASSIFICATION DES ANTIBIOTIQUES A L’EPS DE MONASTIR


Groupe I : AB à prescription libre, sans justification.

Benzathine -pénicilline) ; Pénicilline A (Amoxicilline, Ampicilline ) ; Pénicilline M


(Oxaclline) ; C1G : Céfazoline, Céfapirine (Cefalogect) et Céfalotine (Keflin) ;
Macrolides : Erythomycine, Spiramycine (Rovamycine) ; Gentamicine ; Cyclines
(Oxytéracline) ; Acide nalidixique (Negram) ; Nitrofurantoïne ; Colimycine
(Colistine) ; Métronidazole (Flagyl) ; Sulfaguanidine

Groupe II (Fiche verte) : AB très actifs mais toxiques ou chers, réservés aux
infections sévères à germes multirésistants. Le traitement de 1er intention ne
doit pas dépasser les 72 heures. Au-delà, une justification doit être fournie
(antibiogramme et/ou approbation d’un référent).

Amoxiclline – acid clavulanique (Augmentin) ; C3 G : Cefotaxime (Sefotak,


Claforan) ; Ofloxacine (Oflocet) ; Ciprofloxacine (Sifloks, Ciprodar) ; Amikacine
(Amiklin) ; Cotrimoxazole (Cotrim) ; Clindamycine (Dalacine)
Groupe III (Fiche rouge) : AB à indications précises, délivrés d’emblée, sur
justification par antibiogramme ou après avis d’un référent.

C 3 G : Cefsulodine (Pyocefal) ; Ceftazidime (Fosfocine) ; Glycopeptides :


Vancomycine (Vancocine), Teïcoplanine (Targocid) ; Levofloxacine ( Tavanic) ;
Rifampicine (Rifadine) ; Rifamycine SV (Rifocine) ; Pristinamycine (Pyostacine) ;
Acide fusidique (Fucidine) ; Phénicolés (Chloramphénicol) ; Sulfadiazine.

84
FORMATION EN HYGIENE HOSPITALIERE
C H E D I A A R FA O U I , R I D H A H A M Z A , B E C H I R Z O UA R I

INTRODUCTION formation de base ou initiale en hygiène


hospitalière est un préalable
La gestion du risque infectieux en indispensable pour tous les
milieu de soins est une mission professionnels de santé. Ainsi, la
horizontale qui implique chaque formation en hygiène hospitalière doit
professionnel exerçant dans un être incluse dans la formation de base
établissement de soins. De ce fait, il est des spécialistes en hygiène (c’est une
indispensable que tout professionnel de évidence) et des soignants. La formation
santé bénéficie d’une formation continue vient en complément de la
adéquate, régulièrement renouvelée en formation de base. On se limitera dans
matière d’hygiène hospitalière et de lutte cet article à ce deuxième type de
contre les infections associées aux soins formation.
(1). Ainsi, garantir la formation en
hygiène hospitalière des personnels LA NECESSITE D’UNE FORMATION
dans les établissements de soins doit CONTINUE EN HYGIENE HOSPITALIERE
être une priorité institutionnelle et une
telle formation doit être individualisée de La formation continue en hygiène
façon spécifique dans chaque hospitalière n’est plus considérée
établissement. La formation représente aujourd’hui comme un luxe mais plutôt
en effet, un axe majeur de la maîtrise du comme une nécessité dans la mesure où
risque infectieux nosocomial dans la elle permet aux personnels d’acquérir le
mesure où la mise en œuvre de mesures complément de connaissances d’ordre
de prévention et de gestion d’un tel pratique et théorique dont ils ont besoin
risque nécessite une capacité pour continuer à s’acquitter
d’expertise et l’utilisation d’outils convenablement de leurs fonctions et
spécifiques. d’améliorer leurs compétences compte
Les effets attendus de la formation tenu de l’explosion technologique et
sont une organisation des soins scientifique spectaculaire et d’une
rationnelle et adaptée et le respect des exigence accrue en matière
protocoles établis relatifs à la prévention d’amélioration de la qualité des soins
de l’infection tant en ce qui concerne les (2). De ce point de vue, la formation
techniques de soins que l’entretien de continue permet l’actualisation du
l’environnement et le respect des savoir, du savoir faire et du savoir être.
activités et des tâches de chaque Par ailleurs, la formation continue est de
fonction (2). A cet effet, elle doit prendre nature à permettre l’acquisition par les
en compte l’ensemble des aspects personnels d’un langage commun
cliniques microbiologiques et garantissant une meilleure
épidémiologiques des infections communication au sein de l’équipe
associées aux soins mais également hospitalière. Ainsi, même si la formation
l’organisation des soins, la maintenance de base demeure indispensable, elle doit
des équipements hospitaliers, la gestion être relayée par une formation « post
de l’environnement, la protection des graduate » qui est à même de donner les
personnels. compétences opérationnelles, au début
On distingue deux types de de la carrière professionnelle, et de les
formation : la formation de base ou renforcer et les actualiser tout le long de
initiale et la formation continue. La celle-ci.

85
avec les tâches à accomplir par les
LES BENEFICIAIRES POTENTIELS personnels à former (2). Il s’agit alors de
se rapprocher le plus possible des
Toutes les catégories profession- conditions réelles de l’exercice
nelles sont concernées par la formation professionnel d’où l’intérêt de
continue en hygiène hospitalière dans la l’apprentissage en milieu professionnel.
mesure où l’hygiène hospitalière est Il s’agit également de favoriser la mise
l’affaire de tous (3). Cependant deux en situations réelles ou simulées. Il est
populations cibles sont à privilégier : essentiel de tenir compte des besoins
celle ‘’des spécialistes’’ en hygiène des apprenants que l’on identifiera au
hospitalière, lesquels doivent être des préalable dans la mesure où la formation
professionnels techniciens mais aussi doit répondre à un besoin (4). On évitera
des ‘’pédagogues’’ et celle des soignants par ailleurs d’utiliser du matériel
et des techniciens (restauration, pédagogique élaboré pour une catégorie
propreté, etc…) que sont les acteurs de de personnel donnée pour la formation
terrain directement impliqués dans d’une autre catégorie. On tiendra compte
l’hygiène. lors de la formation des groupes des
intérêts de chaque membre, de son
LES PRINCIPES ET METHODES expérience et de son poste de travail. On
optera pour des groupes hétérogènes ou
Certes, la formation continue vient en homogènes selon le cas et
complément de la formation de base, préférentiellement de petite taille. On
elle doit cependant comprendre des optera dans la mesure du possible pour
rappels pour aplanir la diversité des l’organisation de séances espacées dans
formations antérieures et tenir compte le temps et renforcées par des
de l’évolution des connaissances dans le répétitions périodiques de manière à
temps en vue de les actualiser. permettre à l’apprenant de travailler sur
La formation continue ne doit pas son propre rythme. En effet, la
être un ‘’feu de paille’’ mais bien ‘’un feu réalisation d’une formation intensive
continu’’ dans la mesure où les rendrait difficile l’assimilation du
techniques évoluent, les personnels contenu par les participants. Pour
changent, les transmissions s’effritent et garantir le maximum d’efficacité, on
les habitudes finissent par reprendre le privilégiera les méthodes qui mettent
dessus. Bref, ‘’La seule chose qui ne l’apprenant en situation active. L’intérêt
changera jamais est que tout est de l’approche participative et interactive
toujours en train de changer’’ n’est plus à démontrer. La supériorité
(yiking : science millénaire chinoise). des méthodes pratiques aux méthodes
Pour être efficace, la formation théoriques est largement admise de nos
continue en hygiène hospitalière doit jours. La majorité des études a montré
user de méthodes et moyens que les formations théoriques ont peu
d’apprentissage appropriés aux adultes d’impact, ou tout du moins un impact
(4). Il s’agit en particulier de procéder à limité dans le temps sur le respect de
un choix méticuleux des messages, en l’hygiène à l’hôpital. Une formation
évitant les messages normatifs. Elle doit pratique aux gestes, techniques et
être adaptée au public concerné et méthodes est donc nécessaire. Mais elle
notamment aux types d’activités et aux serait insuffisante, même si elle venait
missions des personnels visés. On en complément à la formation théorique,
évitera dans la mesure du possible de si elle n’était pas basée sur une
dispenser un enseignement standard formation en matière de savoir être,
et/ou un programme type. La formation c'est-à-dire des attitudes. Une telle
dispensée doit être en relation directe formation est en effet indispensable à

86
l’intériorisation de comportements
corrects. Enfin, on prendra en compte LES MODALITES D’ORGANISATION
lors de la programmation d’actions de
formation, les ressources matérielles On dispose d’un large choix
disponibles et les organisations d’approches possibles. Le choix sera
spécifiques à chaque service et à orienté par plusieurs éléments dont
chaque établissement. l’effectif des personnels à former et leurs
profils, le pré-requis et l’expérience
LE CHOIX DES ANIMATEURS pratique des bénéficiaires potentiels, la
disponibilité des apprenants et leur
Ne peut pas être un véritable motivation, les aides et les supports
formateur, celui qui le veut. Les pédagogiques disponibles, la capacité
formateurs seront choisis en fonction de d’accueil des locaux mis à disposition et
critères précis. Il s’agira notamment de leur accessibilité, les domaines de
personnels exerçant dans un service compétence, l’expérience, la motivation
d’hygiène ou d’un secteur de soins, et la disponibilité des formateurs et enfin
suffisamment expérimentés, initiés aux les ressources financières disponibles.
méthodes et techniques de On optera alors pour une ou
communication, possédant des qualités plusieurs modalités parmi les suivantes :
relationnelles, ayant manifesté jusque là
un investissement dans l’amélioration de LES CYCLES ET SESSIONS DE FORMATION
la qualité des soins et particulièrement
dans la lutte contre les infections Une telle modalité permet aux
associées aux soins et enfin ayant participants de se consacrer à la
bénéficié auparavant d’une formation formation et de s’éloigner du milieu
solide en hygiène hospitalière (1). professionnel garantissant une meilleure
assimilation. Cependant, de tels cycles
LES CONDITIONS DE DEROULEMENT ne peuvent toucher que de faibles
effectifs de personnels. Leur durée
Un cadre agréable et convivial doit (parfois longue) et leur caractère
être assuré lors de toute formation en (souvent intensif) peuvent être
dehors du lieu de travail. On favorisera responsables d’essoufflement, de
alors une atmosphère de nature à lassitude voire d’abandon. Les
faciliter l’apprentissage permettant connaissances et aptitudes acquises à
notamment d’encourager le participant à l’issue d’un cycle de formation ont
être actif, reconnaître le droit à l’erreur tendance à s’estomper rapidement si
et tolérer l’imperfection, d’encourager elles ne sont pas entretenues.
l’ouverture d’esprit et la confiance en L’organisation de tels cycles nécessite
soi, de garantir le respect et des moyens matériels, humains et
l’acceptation de l’apprenant et de financiers importants et est par
confronter et échanger les expériences conséquent lourde à gérer. Enfin, ce type
et les idées. Le recours à des aides ou de formation oblige à sacrifier pendant
supports pédagogiques appropriés est la période du cours un cota du personnel
fortement recommandé en vue de en exercice entravant parfois la bonne
permettre d’entretenir l’attention et la marche des unités de soins (2).
participation des bénéficiaires. La remise Pour pallier aux inconvénients de
d’une documentation à l’issue d’un cette modalité de formation, on optera
cycle, d’une séance de formation volontiers pour des cycles courts et
continue est de nature à permettre périodiques ou des séances espacées et
l’enrichissement des connaissances répétées. Une décentralisation de la
acquises et est de ce fait souhaitable. formation (réalisation en intra-muros sur

87
le lieu de travail) est de plus en plus discussion d’articles scientifiques
privilégiée dans la mesure où une (lecture commune), l’analyse d’évène-
formation centralisée et exhaustive de ments indésirables (épidémie
tous les personnels n’est jamais d’infections associées aux soins),
possible (effectifs, hétérogénéité des l’enseignement à distance, les ateliers,
profils,…). les études de cas, l’élaboration de
procédures, de protocoles, de guides et
LES COLLOQUES ET JOURNEES SCIENTIFIQUES de fiches techniques….

De telles manifestations permettent LES ETAPES DE LA PLANIFICATION ET DE


surtout l’échange d’expériences et
d’informations. Elles représentent plutôt LA MISE EN ŒUVRE DE LA FORMATION
des forums de spécialistes et d’experts.
Pour réussir un programme de
LA SUPERVISION formation continue, différentes étapes
doivent être respectées.
La supervision a un but
essentiellement formateur et de soutien. PREMIERE ETAPE : L’évaluation initiale
Elle fait partie intégrante de la formation
continue puisqu’elle permet d’une part Il ne s’agit pas tant d’évaluer les
d’évaluer régulièrement les connaissances du personnel en matière
compétences du personnel et d’assurer d’hygiène hospitalière mais plutôt
ainsi un complément de formation sur le d’évaluer les techniques et surtout les
terrain (lors de la visite) et d’autre part attitudes. Pour pouvoir définir les
d’identifier les besoins complémentaires activités de formation adaptées à la
de formation. Elle reste cependant pratique et aux besoins des personnels,
insuffisamment développée dans le il faut établir une veille des besoins en
domaine de l’hygiène hospitalière. formation continue (être à l’écoute de
l’équipe), établir un inventaire des
LA FORMATION D’ACCUEIL programmes existants, analyser les
résultats de toute évaluation antérieure
C’est la formation dispensée au profit des pratiques professionnelles (2).
du personnel nouvellement recruté ou
affecté à un nouveau poste. Elle vise à DEUXIEME ETAPE : Le choix des priorités
familiariser ce personnel avec le milieu
professionnel dans lequel il va exercer, On privilégiera dans le choix des
l’informer des méthodes et procédures priorités les insuffisances les plus faciles
de soins, l’impliquer de manière à corriger de manière à pouvoir obtenir
progressive dans toute activité relevant un succès rapide garant d’une
de sa compétence, l’imprégner des motivation pour la poursuite des actions
modalités de gestion de l’unité, du de formation. On priorisera également
service …(1). surtout les insuffisances dans le
domaine des attitudes. On tiendra
LES AUTRES MODALITES compte par ailleurs dans le choix des
priorités de la vulnérabilité des
D’autres modalités d’organisation de problèmes aux actions de formation. Il
la formation continue en hygiène s’agit de s’assurer de l’absence de
hospitalière existent. Sans prétendre les solutions alternatives plus efficaces (ne
cerner de manière exhaustive, on peut pas oublier que la formation n’est pas
en citer à titre d’exemple l’auto une panacée).
apprentissage, la présentation et la

88
TROISIEME ETAPE : La formulation des suite à donner à la formation, sera
objectifs négocié avec les participants.

Les objectifs doivent être précis, SEPTIEME ETAPE : L’évaluation


réalisables et leur réalisation mesurable.
Ils mentionnent avec précision les Il s’agit d’une étape essentielle qui
résultats visés et le comportement final doit être menée selon ‘’les règles de
attendu par le professionnel de santé en l’art’’. Une évaluation à ‘’chaud’’ ou à
matière d’hygiène hospitalière. Il est court terme n’est pas très utile d’autant
préférable d’associer les personnels à la qu’elle portera sur le processus ou les
formulation des objectifs. On veillera à connaissances. L’évaluation portera
se défier des objectifs trop ambitieux et alors sur l’impact de la formation, sur le
non réalisables en optant plutôt pour un changement des attitudes et des
équilibre entre réalisme et rêverie. comportements. Tout succès, même
modeste doit être relevé avec
QUATRIEME ETAPE : Le choix des méthodes enthousiasme de manière à encourager
et des supports de formation et à motiver à la fois les responsables,
les bénéficiaires de la formation et les
La réussite de la formation est formateurs.
largement tributaire des méthodes et
supports utilisés. Ainsi, le choix des DE LA HUITIEME A LA NIEME ETAPE : La
méthodes et des supports de formation relance
revêt une importance capitale. On
privilégiera, comme mentionné plus Il s’agit de revenir constamment à la
haut, les méthodes actives de manière à charge tenant compte des résultats de
faire participer les apprenants et non l’évaluation en vue de renforcer et de
pas les faire assister, on favorisera ainsi pérenniser les acquis, de réviser
les études de cas, les jeux de rôle…. éventuellement ou d’approfondir
certaines notions.
CINQUIEME ETAPE : La programmation dans
le temps LES FACTEURS DE REUSSITE
Il est nécessaire de mettre en place L’apprentissage sera plus efficace s’il
un calendrier précis d’exécution du est basé sur des besoins réels, identifiés
programme de manière à ce que les et analysés à partir d’une situation
personnels puissent en avoir concrète. Le contenu de la formation doit
connaissance suffisamment à l’avance. être pertinent par rapport aux activités
On fixera alors l’horaire, la durée, le lieu professionnelles. La formation doit être
de déroulement de la formation (2). assurée en temps utile et opportun, au
moment où les bénéficiaires en ont
SIXIEME ETAPE : La mise en œuvre de la réellement besoin. Le formateur et la
formation qualité des supports pédagogiques sont
des atouts pour la réussite d’une
Le jour J, le responsable de formation. En effet, un formateur
l’exécution du programme doit veiller au enthousiaste, motivé, convainquant et
bon déroulement de la formation. A bien documenté est la clé du succès
l’heure H, le formateur doit s’efforcer à d’une formation continue (2).
faire passer ses massages moyennant
des recentrages et des synthèses
partielles. A l’issue de la séance de
formation un contrat programme pour la

89
LES CONTRAINTES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
__________________________________
Les obstacles et les contraintes sont
de plusieurs ordres : difficultés d’accès à 1. CCLIN Sud-Ouest ; Guide pour la formation
la formation pour certaines structures et de nouveaux professionnels en
établissements de soins ; 2000
pour certaines catégories 2. Service Régional d’Hygiène de Bizerte ; Série
professionnelles, manque de motivation des manuels de gestion des activités
des responsables et/ou du personnel, d’hygiène à l’échelle des circonscriptions
surcharge et/ou mauvaise organisation sanitaires – Manuel 8 : Programmation, suivi
du travail, horaire inadéquat pour et évaluation des activités de formation
continue en matière d’hygiène à l’échelle
certaines équipes (équipes de nuit et d’une circonscription sanitaire ; 2006
agents ayant un système de garde), 3. Comité Technique National des Infections
absence ou insuffisance de l’évaluation, nosocomiales. Ministère de l’emploi et de la
limites du bénévolat et du volontariat (2). solidarité ; 100 recommandations pour la
surveillance et la prévention de l’infection
nosocomiale ; 1999,
CONCLUSION 4. CCLIN Sud Ouest ; La formation des
correspondants en hygiène ; 2005
L’optimisation de la prévention
des infections associées aux soins passe
obligatoirement par la formation
continue en hygiène hospitalière qui doit
être perçue comme une nécessité et non
comme une activité subalterne ou un
luxe. Cette formation doit s’intégrer dans
une perspective de ‘’qualité globale de
l’hygiène hospitalière’’. Pour être efficace
elle doit associer les personnels à toutes
les étapes, faire appel à des stratégies
multimodales, recourir à des méthodes
adaptées aux participants. Elle doit être
constamment renouvelée usant à
chaque fois de nouvelles méthodes et de
nouveaux supports. Des efforts soutenus
sont nécessaires pour obtenir un succès
durable et la persévérance est requise.
Au total, les mots d’ordre sont :
former aux attitudes, former les
spécialistes et les soignants, former tout
au long de la vie professionnelle et
récompenser l’effort et la réussite.

90
QUALITE DES SOINS ET HYGIENE HOSPITALIERE
___________________________________________________________________________
THOURAYA ANNABI ATTIA

PREAMBULE d’infections nosocomiales à


Staphylococcus aureus résistant à la
Une question m’a été posée par un pénicilline (1950) que l’épidémiologie
collègue mordu par l’hygiène hospitalière regagna tout son intérêt (1).
hospitalière, à savoir existe-t-il des liens On peut dater la naissance de
entre la discipline classique d’Hygiène l’hygiène hospitalière moderne par la
Hospitalière, objet de toutes nos structuration proposée par MAISONNET.
préoccupations et la discipline Ainsi la définit-il en 1966: « Cette
naissante, parfois ressentie comme discipline traite de multiples problèmes
concurrente de Management de la posés par la prévention de l'infection et
Qualité des soins. A travers cet article, de la surinfection à l'hôpital, mais aussi
j’essaye de répondre à cette question, s'intéresse à tous les aspects sociaux et
souvent en en posant d’autres, moraux qui découlent de toute
auxquelles je ne réponds pas toujours. hospitalisation » ajoutant ainsi, à
l’objectif princeps de lutte contre les
infections nosocomiales, la dimension
HISTORIQUE DE L’HYGIENE humaine et rejoignant par ce biais le
HOSPITALIERE concept de qualité des soins non encore
clairement conceptualisé à l’époque.
Les premières bases d’une
épidémiologie hospitalière -digne de ce
nom- ont probablement été posées par NOTIONS DE QUALITE DES SOINS
Ignaz Semmelweis (1818-1865)
S’il est communément admis que la
obstétricien à Vienne, qui à partir
qualité des soins peut se définir comme
d’observations épidémiologiques
étant la conformité des dits soins à des
rigoureuses et de déductions logiques,
normes pré-établies, couvrant aussi bien
élabora les règles d’hygiène (notamment
les aspects techniques qu’humains et
le lavage des mains à l’eau de chaux
respectant les intérêts de toutes les
chlorée) (1).
parties prenantes, cette définition ne
Cependant depuis la préhistoire, des
peut être concrétisée que par la mise en
notions d’hygiène hospitalière étaient
place de programmes détaillés et
véhiculées par la médecine
opérationnels.
mésopotamienne en Assyrie et à
Ainsi, en Tunisie, a été adoptée « La
Babylone. Ces notions dont a hérité la
stratégie nationale de l’amélioration
médecine hébraïque, apparaissent dans
continue de la qualité des soins et des
l'Ancien Testament qui met l'accent sur
services de santé (SNAQS) » qui
la prévention en parlant du rôle de la
comprend cinq grands objectifs :
sage femme, de l'hygiène féminine, de la
ƒ Une orientation client (satisfaction
mise à l'écart des malades et de la
des besoins et attentes des
désinfection du matériel pouvant
bénéficiaires) ;
transmettre les germes pathogènes…
ƒ Une orientation processus
La fin du 19ème siècle marque un
(surveillance active des systèmes et
tournant important suite au
développement spectaculaire de la procédés de travail) ;
bactériologie et des armes de lutte ƒ Une implication du personnel ;
contre l’infection hospitalière. Mais ce
n’est que suite à une pandémie
91
ƒ Un management par les faits intègre l’hôpital dans l’environnement et
(décision basée sur l’analyse des dans la société.
données recueillies) ; Cependant chaque «discipline» garde
ƒ Un environnement favorable (leader- ses concepts et son jargon !
ship, cadre légal, partenariat). Les activités d’hygiène hospitalière
se basent sur la surveillance des
Cependant, la mise en œuvre des infections nosocomiales; cependant faut-
principes établis par cette stratégie, est il le préciser, une surveillance des
encore en gestation. infections nosocomiales n'est justifiée
En France, la politique de qualité des que si elle débouche sur des mesures
soins ayant précédé, plusieurs étapes de correctives ou de prévention (3). Ceci
mise en œuvre ont déjà été franchies. implique que la surveillance est
C’est ainsi due je me propose de suivre indissociable d'un programme global
comme référence le MANUELS dont elle n'est qu'un des composants, les
D’ACCREDITATION DES ETABLISSEMENTS DE autres comprenant les aspects liés à
SANTE, dans sa deuxième procédure de l'enseignement, aux éventuelles
septembre 2004 (2). En effet, ce enquêtes épidémiologiques
document se base dans son chapitre complémentaires et aux mesures de
« FONDEMENTS ET PRINCIPES » sur les prévention spécifiques à chaque type
principes suivants: d'infection nosocomiale. Cette activité
ƒ La place centrale du patient ; devra donc satisfaire à des conditions
ƒ L’implication des professionnels pour être fiable :
(attentes et besoins) ; ƒ Les personnes pratiquant la
ƒ La sécurité (résultat de démarches surveillance doivent être spécialement
internes) ; formées (techniciens, infirmiers et
ƒ Une démarche pérenne ; médecins spécialisés) ;
ƒ Une démarche évolutive. ƒ Ces personnes ne doivent pas
dépendre du service où s'effectue la
L’énoncé même de ces principes de surveillance mais être rattachées à la
base constitue une excellente approche direction ou à une unité spécifique de
pratique pour la mise en œuvre de l'hôpital ;
programmes de qualité de soins. ƒ La surveillance ne doit constituer
qu'une partie de leur cahier des charges
LIENS ENTRE HYGIENE HOSPITALIERE ET (30-40%), le reste de leur temps devant
être consacré à d'autres activités de
QUALITE DES SOINS prévention des infections (enseignement
et formation, révision et contrôle des
D’après PH. HARTEMANN, l’hygiène « est
procédures, résolution de problèmes) ;
la discipline qui s'attache à maintenir les
ƒ Le temps et les moyens alloués
relations entre l'homme et son
doivent être suffisants ;
environnement dans un état tel que
C’est pour cela que des approches de
l'homme bénéficie de la meilleure santé
«normalisation» ont débuté depuis de
possible et que l'environnement ne
nombreuses années, en voici quelques
souffre pas de la présence de l'homme».
exemples :
Cette définition ajoute aux notions
classiques, la notion d’environnement - Les CDC recommandaient dans les
«large» propre aux référentiels « Qualité ». années 80 un poste d'infirmière
Le lien entre hygiène hospitalière et spécialisée à 100% pour 250 lits aigus
qualité des soins se trouve ainsi introduit pour la réalisation d'un programme
par la définition moderne de l’hygiène complet de prévention des infections
hospitalière qui ajoute la dimension nosocomiales … ;
humaine (malade, personnel soignant) et
92
- Des critères d’utilisation de l’indicateur autres structures de soins,
‘’infection nosocomiale’’ ont été participation aux réseaux) ;
établis … ; • L’établissement accorde une place
- Des procédures concernant les primordiale au patient et à son
l’application des programmes de entourage (droits et information du
prévention ont été écrites. patient, politique hôtelière, les
Ces exemples, montrent clairement représentants des patients participent
le glissement « historique » de l’hygiène à l’évaluation et à l’amélioration des
hospitalière vers une approche services rendus par l’établissement) ;
normalisée, soit une approche ‘’Qualité’’. • La politique des ressources humaines
Mais la question peut être posée est en conformité avec les missions et
inversement. L’approche ‘’Qualité’’ peut- les orientations stratégiques de
elle satisfaire l’hygiène hospitalière? Une l’établissement (projet social, gestion
ébauche de réponse peut être tentée par prévisionnelle, amélioration des
la revue du MANUEL QUALITE français. conditions de travail et prévention des
De prime abord, la réponse peut déjà risques, motivation des personnels) ;
être positive car la « logique du manuel » • L’établissement définit la politique du
satisfait « la logique de l’hygiène système d’information et du dossier du
hospitalière » puisque: patient (manuel et informatique) ;
ƒ Les exigences (références) sont • L’établissement définit et met en
formulées en objectifs à atteindre ; oeuvre une politique de
ƒ Pour chaque objectif des critères communication (interne et externe) ;
sont spécifiés (le critère étant un • L’établissement définit une politique
élément plus fin, et plus ciblé, d’amélioration de la qualité et de
permettant de satisfaire la référence. gestion des risques intégrés aux
Il est exigible, mesurable et objectif). orientations stratégiques (y compris
En second lieu, examinons plus en l’évaluation des pratiques
profondeur le contenu du manuel, par professionnelles et les responsabilités
une revue critique des principaux qui en découlent) ;
chapitres d’intérêt :
• L’établissement met en oeuvre une
politique d’optimisation de ses
CHAPITRE I: POLITIQUE ET QUALITE DU
ressources et de ses moyens
MANAGEMENT
(planification financière et des
réalisations).
Ce chapitre concerne la définition
Au total de cette revue, aucune
d’orientations stratégiques et d’une
contradiction avec les principes de
politique d’établissement claires et
l’hygiène hospitalière n’est décelable
partagées, tenant compte notamment de dans cette politique qui intègre :
l’environnement de l’établissement, ce
ƒ La dimension sociale et de médecine
qui constitue un préalable à la mise en
du travail pour les personnels de
oeuvre d’une politique d’amélioration de
santé ;
la qualité et de la sécurité des soins ; ƒ La responsabilité professionnelle ;
cette politique accordant une place
ƒ L’environnement de soins
primordiale au patient.
(hôtellerie) ;
La politique résumée en 7 points peut
ƒ L’hôpital comme partie d’un
être énoncée comme suit : ensemble (la commune, la société) ;
• L’établissement définit et met en ƒ La gestion financière de l’hôpital.
oeuvre des orientations Cependant, un bémol, cette
stratégiques (besoins de la population profession de foie ne cite pas
desservie, complémentarité avec les spécifiquement l’hygiène hospitalière, la

93
composante « infection nosocomiale » y • Un système de gestion
est pudiquement intégrée dans les documentaire ;
notions de « Risque » et de « Sécurité ».
• Un dispositif d’accompagnement
méthodologique à la disposition des
différents acteurs.
CHAPITRE II : RESSOURCES TRANSVERSALES
Sachant que la gestion des risques,
elle-même, repose sur cette approche
ƒ Ressources humaines, dont la gestion
managériale (visant à définir et mettre
répond aux principes suivants :
en oeuvre une politique de sécurité) et
• Adéquation des personnels avec les sur une approche technique visant à
besoins de l’établissement ; maîtriser les risques c’est-à-dire à
• Maintien du niveau des compétences réduire les risques évitables par des
des personnels ; mécanismes de prévention et de
• Dialogue social ; protection (la maîtrise d’un risque
reposant sur l’identification, l’analyse et
• Maîtrise de la gestion (le
le traitement de ce risque).
recrutement, l’accueil et l’intégration,
La démarche technique quant à elle,
la formation continue, l’évaluation
est mise en place et suivie grâce à des
des personnes, la gestion
dispositifs de recueil et d’analyse des
administrative).
informations :
ƒ Fonctions hôtelières et logistiques, qui ƒ Les informations relatives aux
comprennent : risques sont rassemblées et
• Les conditions d’hébergement (y organisées ;
compris celles spécifiques aux ƒ Des dispositions sont en place pour
handicapés) se faisant dans le identifier et analyser à priori les
respect de la dignité et de l’intimité risques ;
du patient ; ƒ Des dispositions sont en place pour
• La prestation restauration prenant en identifier et analyser à posteriori les
compte aussi bien l’Hygiène que les risques.
besoins nutritionnels spécifiques,
voire les préférences et les Ainsi un dispositif de veille sanitaire
convictions du patient (intégrant devra être opérationnel : il permet
même les solutions de restauration l’identification, le signalement interne et
pour les accompagnants) ; externe, l’enregistrement, l’investigation
• La blanchisserie ; et le traitement des événements
indésirables et la réponse aux alertes
• Le transport du patient (intra &
sanitaires (la gestion d’une éventuelle
extra) ;
crise est organisée à froid). Ce dispositif
• La maîtrise de la fonction veillera à assurer :
approvisionnement. ƒ La traçabilité des produits de santé ;
ƒ Organisation de la qualité et de la ƒ La coordination des vigilances entre
gestion des risques, par la mise en elles et avec le programme global de
place d’un système de management de gestion des risques ;
la qualité qui comprend : ƒ Une coordination régionale et
• Un processus d’écoute des patients ; nationale.
• Un programme d’amélioration de la
qualité ; On veillera par ailleurs à la qualité et
• Un programme de formation des à la sécurité de l’environnement.
professionnels à la qualité ; L’environnement comprend, outre les
infrastructures (bâtiments, installations,
espaces de circulation et les espaces
94
extérieurs tel que parkings et jardins), toutes les préoccupations qui y sont
l’air, l’eau, les équipements, mais aussi inscrites, sont soit du ressort strict de
les personnes. Les principaux axes l’hygiène hospitalière, soit compatibles
d’action se focaliseront sur : avec les activités d’hygiène hospitalière.
ƒ La réduction du risque infectieux ;
ƒ L’hygiène des locaux ; CHAPITRE III : PRISE EN CHARGE DU PATIENT
ƒ L’élimination appropriée des
déchets ; Ce chapitre concerne le coeur de
ƒ La qualité de l’air et de l’eau ; métier des professionnels de santé ; les
ƒ La sécurité des infrastructures, références y sont regroupées en deux
ƒ Le fonctionnement et la sécurité des sections :
équipements ; • Les orientations stratégiques et le
ƒ La sécurité des biens et des management du secteur d’activité (le
personnes. management s’organisant autour de
cinq fonctions déclinées sous la forme
Ainsi le programme de surveillance et de critères: prévoir, organiser, décider,
de prévention du risque infectieux, motiver et évaluer.
comprendra principalement : • Le parcours du patient
ƒ Des protocoles et des procédures de La prise en charge du patient y est
maîtrise du risque infectieux, tel que regroupée en cinq types (les références
ceux spécifiques à l’hygiène des étant identiques pour chacun) :
mains, usage des solutions hydro- ƒ Soins de courte durée (médecine
alcooliques, bonne utilisation des chirurgie- obstétrique) ;
antiseptiques, prévention et gestion ƒ Psychiatrie et santé mentale ;
des accidents liés à l’exposition au ƒ Soins de suite ou de
sang, pose et gestion des dispositifs réadaptation ;
intra-vasculaires, de sonde urinaire, ƒ Soins de longue durée ;
préparation cutanée de l’opéré, ƒ Hospitalisation à domicile.
prévention des pneumopathies, Si on prend l’exemple des « Soins de
isolement, etc ; courte durée » comme illustration du
ƒ Le bon usage des antibiotiques, dont MANUEL, le référentiel y afférent tiendra
l’antibioprophylaxie ; compte du rôle des responsables des
ƒ Un programme de prévention et de secteurs (prévisions, organigrammes,
prise en charge des infections planification…) concernant la première
touchant les professionnels ; section. Pour la seconde section, le
ƒ Le signalement des infections référentiel reposera sur l’accueil, la prise
nosocomiales ; en charge, l’évaluation de l’état initial, le
ƒ Un dispositif d’alerte (identification et projet thérapeutique, l’information du
gestion d’un phénomène patient, la continuité des soins, la
épidémique) . traçabilité, la prescription d’examens
Le système d’information se base en complémentaires, le circuit des
particulier sur le dossier du malade, et médicaments et des dispositifs
se focalise sur: médicaux, les activités inter-
ƒ L’importance d’une identification ventionnelles, d’éventuels dons
fiable et unique des patients; d’organes, la rééducation ou éducation
ƒ Les règles de gestion auxquelles doit du patient et de son entourage ainsi que
obéir ce dossier et qui seront définies de la continuité des soins à la sortie du
pour l’ensemble des secteurs patient.
d’activité. En conclusion, on peut dire que le
Au total, suite à la revue détaillée de chapitre III permet de « normaliser » les
ce chapitre II, il apparaît évident que performances professionnelles ; il ne

95
présente en cela aucune contradiction PROFESSIONNELS DES ETABLISSEMENTS DE
avec les concepts d’hygiène hospitalière SANTE»(4).
au contraire par la standardisation des L'enquête vise à tester trois
actes, il permettra d’intégrer les hypothèses sur les pereptions de la
procédures préventives dans toute qualité chez les professionnels des
démarche concernant le patient et établissements de santé :
touchera des domaines ƒ Le statut juridique des
complémentaires concernant la établissements ;
responsabilité des personnels et leur ƒ L’appartenance à une catégorie
évaluation dans l’exercice de leur art. professionnelle ;
ƒ Le niveau d’engagement dans une
CHAPITRE IV : EVALATIONS ET DYNAMIQUES démarche qualité.
D’ORGANISATION La méthodologie repose sur l’analyse
de discours recueillis à partir
La base de tout système de d’entretiens auprès des professionnels
management de la qualité étant des établissements de santé et de
l’amélioration continue par le biais des visites d’évaluation des établissements.
résultats de l’évaluation, la consécration Au total, 145 personnes ont été
d’un chapitre aux mécanismes y interrogées parmi le personnel soignant,
afférent, est nécessaire. médecins, personnels administratifs,
Ce dernier chapitre est également en médico-techniques, et des services
complète concordance avec la gestion logistiques. Parmi les résultats qui
des programmes d’hygiène hospitalière, semblent les plus intéressants, on peut
qui ont dans leur évolution, très vite retenir :
intégré cette notion de correction ƒ L'absence de définition unique de la
continue par l’analyse du feed-back. qualité ; la variable «catégorie
A la fin de cette revue détaillée du professionnelle» paraissant être la plus
MANUEL et en le prenant pour référence, déterminante dans la différenciation
une conclusion s’impose : les systèmes des types d’expression de la qualité. En
de management de la qualité semblent effet :
non seulement satisfaire les préceptes • Pour les soignants : la qualité est
d’hygiène hospitalière, voire les englober inscrite dans une pratique collective
(les objectifs « Qualité » tendent à aller professionnelle ;
plus loin).
• Pour les médecins, il s’agit avant tout
Ceci, pour le concept, mais qu’en est
d’un référentiel technique ;
il lors de l’application?
C’est en effet une question que nous • La logique administrative des
avons le droit de nous poser, étant responsables reprend les textes
donné le hiatus qui existe souvent entre officiels ; dans le sens qu’il s’agit plus
la théorie et les faits ; sachant que d’un discours que d’une démarche !
l’hygiène hospitalière reste une ƒ Concernant l’analyse des actions
discipline très pragmatique et pour engagées au nom de la qualité : Dans
laquelle le recul est important, les établissements visités, l’enquête a
contrairement aux programmes de identifié les lignes de fond suivantes :
‘’Management de la Qualité’’ dans le • Un engagement volontariste affiché,
domaine des soins. mais des actions managériales en
Pour répondre à cette question ; il décalage ;
sera utile de passer en revue les • La mobilisation des acteurs autour
résultats de l’enquête française des actions engagées semble pour la
d’évaluation (Avril 2003) : « LES plupart des établissements (et
PERCEPTIONS DE LA QUALITE CHEZ LES

96
notamment des établissements Au total, bien que cette enquête a
accrédités) difficile à maintenir. évalué l’ancienne version du manuel
ƒ La fragilité des actions en faveur de la (2003), elle montre un décalage entre le
qualité est un autre résultat de concept et le vécu, ce qui est souvent
l’enquête, qui met en valeur : remarqué pour la mise en œuvre des
• La problématique du maintien de la ‘’Systèmes Qualité’’ dans d’autres
mobilisation dans les actions en secteurs. Ce décalage est un argument
faveur de la qualité ; qui marque une différence avec la
discipline hygiène hospitalière, par
• La sensibilité de ces actions aux essence pratique.
changements de direction, est un Cependant, d’autres questions restent
second indicateur de leur fragilité ; posées :
• Un autre indicateur de cette fragilité : ƒ Même si toute la démarche a été
le constat de l’absence d’un remaniée (2ème édition) sera-t-elle
diagnostic et d’un vécu commun plus fonctionnelle?
autour de la qualité dans la plupart ƒ Cette démarche est érigée avec des
des établissements : chacun a son structures propres à elle (responsable
idée sur la question. Qualité, etc.) et qui sont parallèles aux
L’enquête a aussi démontré (à partir structures d’hygiène hospitalière : ce
du discours des professionnels mais double système est-il viable?
aussi des divers documents récoltés au ƒ L’accréditation nécessaire à la
moment des visites), que les actions reconnaissance des systèmes qualité
menées consistent principalement en joue-elle un rôle positif en matière
une formalisation des pratiques d’hygiène hospitalière?
professionnelles des services de soins
(bien que cela ne permette pas
CONCLUSION
d’affirmer que seules ces actions sont
développées dans les établissements, ce Les concepts de ‘’Qualité’’ semblent
sont celles que les acteurs associent le satisfaire totalement ceux d’hygiène
plus souvent, aux « démarches qualité » hospitalière, voire les inclure dans un
mises en oeuvre dans les cadre plus général qui fait appel à des
établissements). Quant aux actions spécialités complémentaires tel que la
transversales (lavage des mains par ex), médecine du travail hospitalière, la santé
même si elles existent dans un certain mentale du patient, l’économie de la
nombre d’établissements, sont souvent santé, l’évaluation des pratiques de
en cours de réalisation et non intégrées soins. Cependant et dans le fond,
dans les pratiques de travail des l’hygiène hospitalière s’inscrit dans le
professionnels. Les professionnels ont domaine de l’obligatoire (domaine légal
également fait part du faible impact des de la sécurité sanitaire) mais la
actions engagées au nom de la qualité ‘’Qualité’’ est de nos jours reste incluse
sur les pratiques professionnelles. dans le domaine du volontaire !
Enfin, l’enquête a noté l’absence de En Tunisie, le programme national de
processus évaluatif des démarches ‘’Qualité’’ est à ses débuts, l’hygiène
entreprises dans les établissements. Si hospitalière est certes plus ancienne,
quelques professionnels ont mentionné mais cependant non encore structurée
l’évaluation comme principe de base des (absence de cadre légal, de formation
démarches qualité, dans aucune des spécifique généralisée aux personnels
organisations visitées les enquêteurs de santé, etc…). Il serait judicieux de
n’ont repéré la mise en oeuvre d'une profiter de l’expérience des pays qui
évaluation des actions engagées en nous ont précédé ; dans le sens qu’en
faveur de la qualité. France par exemple, où toutes sortes de

97
« vigilances » ont vu successivement le 4. Claveranne JP., Vinot D., Fraisse S., Robelet
jour, le problème de la coordination M., Candel D., Dubois D., Marchaudon P. ;
Les perceptions de la qualité chez les
entre elles se pose. (5) professionnels des établissements de santé.
Une approche transversale intégrant Note de synthèse d’une enquête nationale
tous les types vigilances reste française ; 2003.
envisageable, au sein d’une démarche 5. Hartemann Ph. ; Introduction à la gestion des
‘’Qualité’’, faisant ainsi « profiter » de risques hospitaliers; In : Livre des résumés
de la Xème journée d’hygiène hospitalière de
l’exigence d’une accréditation, la Bizerte ; 2005.
prévention des risques liés à l’hôpital !

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La fréquence des infections nosocomiales
comme indicateur de la qualité des soins.
Swiss-NOSO ; 2001; XIII (1).

98
GESTION DES RISQUES HOSPITALIERS
___________________________________________________________________________
MANSOUR NJAH

INTRODUCTION meilleur modèle de l’hygiéniste est sans


nul doute celui de l’HACCP appliqué en
La gestion des risques est une restauration hospitalière et qui trouve de
démarche née dans les secteurs de nombreuses autres applications en
l’assurance et de l’industrie. Cette hygiène (stérilisation, risque lié au
démarche tend à s’étendre à tous les cathéter veineux, etc..)
secteurs de la société et notamment au
monde médical (1). Pour l’hôpital, il RAISONS D’ETRE DE LA GESTION DES
s’agit d’un enjeu d'avenir dans la mesure RISQUES EN MILIEU HOSPITALIER
où cette démarche vise à :
- Améliorer la sécurité des patients et du Pour l’hygiéniste, plusieurs raisons
personnel ; doivent justifier l’importance d’une
- Préserver l'image de l'établissement ; bonne gestion du risque infectieux.
- Diminuer les conséquences directes Parmi celles-ci :
des risques et les coûts qui s'y - l’importance de la sécurité des
rapportent ; patients, qui doit conduire les
- Protéger les professionnels face à un hôpitaux à se préoccuper de
risque de contentieux (2). prévention au travers d’une meilleure
gestion de leur risque ;
Le risque peut se définir comme tout - le coût de prise en charge des
événement susceptible de perturber la conséquences associées à ces
réalisation des objectifs de risques. Dans plusieurs pays, les
l’organisation, et plus particulièrement hôpitaux payent une prime
en milieu de soins tout événement d’assurance et celle-ci est de plus en
susceptible d’aboutir à une rupture de la plus chère (5).
continuité des soins, avec une Ainsi, d’un point de vue médico-légal ,
dégradation plus ou moins importante de en France , la jurisprudence présume la
la qualité des soins (3). faute de l’hôpital lorsqu'une infection
En milieu hospitalier, c’est le cas de nosocomiale est découverte dans ses
l’infection nosocomiale qui est classée locaux mais autorise ce dernier à
parmi les risques hospitaliers liés à la apporter la preuve qu'il a mis tout en
prise en charge du patient (L’ANAES œuvre pour éviter la contamination (6).
classe le risque infectieux nosocomial Il est donc important qu'à tout
parmi les risques spécifiques aux moment un établissement hospitalier
activités médicales et de soins) (4). puisse présenter un dossier complet
Par rapport aux démarches qualité, la relatif aux méthodes de stérilisation et
gestion des risques est la première des plus généralement aux dispositifs mis en
démarches de la qualité des soins. Si la place pour contrôler voir éradiquer les
gestion de la qualité vise une sorte de infections nosocomiales. Il va de soi que
perfection des soins, la gestion des le comité de lutte contre les infections
risques a un objectif moins ambitieux nosocomiales est, dans ce genre de
mais plus concret. Elle vise simplement à situation, un outil de première main.
obtenir une réduction des
dysfonctionnements susceptibles de
créer un dommage au patient. Le

99
DEFINITIONS ET TERMINOLOGIE (il ne s’agit cependant nullement de faire
peur aux soignants car les infections
La gestion du risque infectieux doit nosocomiales ne sont pas
correspondre à une démarche obligatoirement imputables à une faute).
institutionnelle qui visera à En pratique, le terme management
responsabiliser l’ensemble des acteurs du risque nosocomial recouvre deux
hospitaliers. En fait, il n’existe pas entités : la gestion du risque et la
aujourd'hui de consensus sur la promotion de sa prévention.
définition de la gestion des risques en La gestion du risque est l’ensemble
établissement de santé. Certains des activités destinées à prendre en
emploient le terme de maîtrise des charge précocement l’accident afin
risques défini comme «un effort organisé d’éviter les conséquences néfastes
pour identifier, évaluer et réduire, (décès, handicap…), la survenue de cas
chaque fois que possible les risques secondaires et l’apparition ultérieure
encourus par les patients, les visiteurs et d’événements comparables.
le personnel» (norme ISO 8402). La démarche de gestion du risque
D’autres appellent gestion des risques nosocomial repose sur l’analyse des
"un processus régulier, continu et risques et l’intervention (8). Les
coordonné, intégré à l’ensemble de méthodes d’analyse des risques
l’organisation, qui permet l’identification, comportent, entre autres, un système
le contrôle, l’évaluation des risques et d’alerte et de vigilance (infectio-
des situations à risques qui ont causé ou vigilance) pour l’identification précoce
auraient pu causer des dommages aux des cas et l’investigation (investigation
patients, aux visiteurs, aux épidémiologique des cas groupés,
professionnels, aux biens de analyse d’incident critique, des
l’établissement" (7). événements singuliers).
On s’accorde cependant à considérer La promotion de la prévention du
que la gestion des risques est réactive et risque comporte l’ensemble des activités
préventive. Elle combine en effet : coordonnées destinées à assurer à tous
- Une approche réactive qui s’intéresse le maximum (et le peu ?) de mesures,
a posteriori aux événements qui ont prouvé scientifiquement leur
indésirables survenus ou avérés. Elle efficacité.
vise à limiter le nombre des En fait, on considère que les
événements (incidents, accidents) ou définitions actuelles de la gestion des
à réduire les conséquences risques reflètent mal ses trois
dommageables de ceux-ci par la mise dimensions : culturelle (créer un état
en place d'actions correctives ; d’esprit nouveau : ne pas considérer la
- Une approche préventive ou survenue d'un événement indésirable
anticipative, qui identifie à priori les comme le fruit de la fatalité, penser qu'il
événements redoutés ou aurait pu être évité, ne pas banaliser
évènements indésirables par une l’incident ou l’accident, ), managériale
analyse du système et de ses (la maîtrise de l’organisation doit
dangers. impliquer la responsabilisation de
chaque professionnel comme acteur
On peut ainsi dire que cela principal de la sécurité et à sa formation
correspond à un modèle de gestion de la , ce qui doit permettre de dépasser une
qualité et de la sécurité du patient. Dans approche purement réglementaire et
ce dernier cas la gestion du risque se normative de la sécurité et surtout
traduit dans les faits par des actions qui conduire à intégrer la sécurité aux
visent à montrer que l’institution prend objectifs de gestion de l’hôpital) et
ses responsabilités vis-à-vis de ce risque technique (savoir utiliser des méthodes

100
et outils spécifiques de la gestion des LES ETAPES DE LA DEMARCHE
risques ) (1).
Gérer les risques ne signifie pas
L’APPROCHE ET LES PRINCIPES DE LA éliminer tous les risques. Cela consiste à
GESTION DU RISQUE INFECTIEUX définir la meilleure stratégie permettant
de les prévenir ou de faire face à leurs
L'infectio-vigilance qui a pour objet conséquences. Ceci est d’autant plus
l'alerte sur les risques infectieux majeurs évident à considérer que différents
afin de prévenir toute infection travaux laissent à penser qu’au moins
nosocomiale, contribue à la lutte contre 20 à 30 % des infections nosocomiales
les infections nosocomiales et fait ainsi peuvent être prévenues moyennant des
partie de la démarche de sécurité et de actions appropriées et surtout continues
qualité des soins (9, 10). (12).
L'infectio-vigilance ne se substitue La démarche de gestion des risques
pas au dispositif de surveillance des comporte les étapes suivantes :
infections nosocomiales dont l'objectif - L’identification des risques ;
est d'obtenir des informations - L’analyse des risques ;
épidémiologiques. Ces données sont - La hiérarchisation des risques ;
indispensables pour mesurer le niveau - L’élaboration et la mise en oeuvre
de risque dans un établissement, définir des plans d’action ;
la politique de prévention du comité de - Le suivi et l’évaluation ;
lutte contre l’infection nosocomiale et du
service d’hygiène et évaluer l'efficacité La gestion du risque correspond de
de cette prévention (indicateurs). ce fait globalement à une démarche
Il faut aussi préciser que la gestion qualité qui permet d’identifier trois types
du risque infectieux est un élément d’actions : reconnaître (recognize),
important de la démarche d'accrédita- expliquer ou analyser (explain) et agir
tion. Le comité de lutte contre l’infection (act).
nosocomiale, par sa structure La surveillance épidémiologique du
transversale et pluridisciplinaire est une risque infectieux est ainsi un élément
instance qui joue un rôle important dans fondamental de toute stratégie de lutte
la politique d'amélioration de la qualité contre l’infection nosocomiale. Telle que
des soins. A titre d’exemple, le chapitre reconnue par l’étude SENIC (12), cette
III-3 du manuel d'accréditation surveillance nécessite néanmoins des
"Surveillance, prévention et contrôle du moyens et une organisation (personnels
risque infectieux (SPI)" regroupe la qualifiés, comité de lutte, service
plupart des références relatives au d’hygiène hospitalière, système
risque infectieux (4). d’enregistrement voire tableau de bord,
L'infectio-vigilance s'inscrit en même système d’évaluation type benchmarking
temps dans le cadre plus large de la ou autre etc..), or ces deux aspects ne
maîtrise du risque infectieux et dans la semblent pas suffisamment acquis dans
politique globale de gestion des risques notre pays où la lutte contre l’infection
de l'établissement (pharmacovigilance, nosocomiale, malgré certains progrès,
hémovigilance, matériovigilance, tarde à se développer.
biovigilance, anesthésiovigilance, etc...) Si l’on considère l’aspect sécurité
(11). des patients, gérer le risque infectieux
Au sein de chaque établissement, il consiste principalement à veiller à
paraît souhaitable de regrouper toutes responsabiliser les différents acteurs de
les vigilances dans un pôle unique soins en insistant à tous les niveaux de
"vigilance et gestion des risques". décisions autant sur les aspects

101
médicaux que légaux de la prise en une approche très convaincante (c’est
charge du risque infectieux (5, 13). l’approche utilisée par Semmelweis qui
Un dernier point à considérer : parmi en mesurant la mortalité maternelle chez
les outils de gestion du risque infectieux, les parturientes a pu imposer l’hygiène
il y a ceux classiques comme de solides des mains comme principale mesure de
connaissances en microbiologie et en maîtrise du risque infectieux). Cependant
épidémiologie et plus récemment une en raison de la rareté de certains
maîtrise des outils de la démarche résultats ou de la difficulté de les
qualité. Il faut néanmoins insister sur les mesurer, il semble plus facile d’analyser
approches d’analyse et de changement des données relatives à la structure et
de comportements car en définitive aux processus menant au risque (dans
beaucoup de problèmes sont associés à ce cas, il faut néanmoins être sûr de la
des pratiques inappropriées de soins, relation entre ces différentes
donc des problèmes de comportements. composantes).
L’hygiéniste s’inscrit dans ce cadre La maîtrise du risque suppose
comme un véritable agent de l’existence d’un système de signalement
changement et il doit être outillé pour qui doit être simple à gérer (une fiche
cela (14, 15). simple à remplir par tout professionnel et
Enfin, parmi les approches récentes, adresser à une unité de coordination,
on n’oubliera pas de mentionner les qui peut être le service d’hygiène, quant
actions d’information et de il existe, ou le comité de lutte contre
sensibilisation des citoyens usagers des l’infection nosocomiale).
institutions de soins. Ainsi l’éducation du Dans le domaine de la lutte contre le
grand public fait partie de la gestion risque infectieux, on peut prendre
scientifique et sociale du risque comme modèle, les points relevés dans
nosocomial infectieux (16). le manuel d’accréditation (1 ère et 2 ème
version française) (4, 5).
INFORMATIONS GEREES PAR LES
SYSTEMES DE GESTION DU RISQUE L’HYGIENISTE EN TANT QUE
GESTIONNAIRE DU RISQUE DANS LE
Partant du principe que la gestion du CONTEXTE TUNISIEN
risque correspond à une démarche de
gestion de la qualité, on peut adopter le L’hygiéniste en général, est un grand
modèle de Donabedian qui précise que gestionnaire du risque. En effet, son
les données à recueillir peuvent être travail s’adapte parfaitement au profil de
classées selon qu’il s’agit d’informations poste d’un gestionnaire du risque dont
en rapport avec la structure, les les activités incluent les éléments
processus ou les résultats (17). suivants : évaluer les risques de
Ainsi, on peut gérer le risque en l'établissement, sensibiliser et former
considérant la structure (améliorer les personnels à la gestion des risques
l’architecture des locaux), les processus et à la nécessité du signalement,
(veiller à mettre en place et appliquer coordonner les vigilances et la sécurité
des protocoles) ou les deux, c'est-à-dire sanitaire, assurer une veille
la structure (rendre disponible un réglementaire et technologique, assurer
personnel compètent et le processus un rôle de conseil et d'expertise auprès
(informer les équipes de soins des de la direction de l'établissement (18).
résultats de la surveillance Toutes ces activités nécessitent
épidémiologique) comme c’est le cas de néanmoins d’assurer des tâches
l’étude SENIC aux états unis (1). spécifiques et parfois délicates tel que:
Néanmoins, la gestion du risque par centraliser les données existantes,
les mesures de résultats reste toujours
102
élaborer un support d'entretien, conduire donc ne pas s’inscrire dans une
des entretiens avec tous les référents démarche qualité ; les plaintes sont
thématiques (vigilants, correspondants instruites dans un cadre plutôt
hygiène, responsable risque chimique, administratif et ne sont pas utilisées
personne compétente en radio comme un moyen d’alerte. D’où
protection…), afin de repérer les risques, l’importance de dépasser une culture
lister l'ensemble des risques repérés et de la faute pour essayer de
hiérarchiser les risques avec la direction. développer une culture de la
L’application en pratique du modèle sécurité ;
de gestion du risque infectieux peut se • L’insuffisance de la collaboration
heurter à plusieurs difficultés. Parmi entre les professionnels, que ce soit
celles-ci on peut analyser plusieurs à l’échelle d’un même établissement
facteurs que l’on classera schém- (hygiénistes, infectiologues, micro-
atiquement par rapport aux trois biologistes, pharmaciens, ingénieurs
dimensions de la gestion des risques. bio médicaux, soignants, etc..), ou
entre établissements ;
DIMENSION TECHNIQUE DE LA GESTION DES • Les difficultés inhérentes aux
RISQUES
changements de comportements (au
niveau hospitalier, les hygiénistes
• Manque de connaissances : dépendent très souvent du corps
concernant l’usage des méthodes et administratif ou la culture du risque
outils spécifiques de la gestion des peut être différemment perçue) ;
risques ;
• Les difficultés reliées à la possibilité
• Absence d’éléments de surveillance de développer une culture positive de
épidémiologique. Il s’agit au moins l’erreur et de la sécurité ;
de cibler les infections les plus en
• L’usager (patient ou personnel) est
cause et celles qui ont le plus de
insuffisamment pris en compte dans
chance de répondre à des
les domaines qui le concernent.
programmes de prévention
(infections urinaires, bactériémies DIMENSION MANAGERIALE DE LA GESTION DES
sur cathéter, infections pulmonaires RISQUES
associées aux soins de ventilation).
• S’attaquer à trop de problèmes en
DIMENSION CULTURELLE DE LA GESTION DES même temps et ne rien faire à la fin ;
RISQUES
• L’ordre de priorité qu’un hôpital peut
• Difficulté d’accéder aux données accorder à la gestion du risque
(insuffisamment recueillies, confi- infectieux (par rapport aux nombreux
dentialité, peur de l’évaluation, etc...), autres types de risques). Il est ainsi
rendant l’identification des objectifs parfois difficile de trancher entre la
un travail ardu (quels risques, quels sécurité des patients, la gestion de la
patients, quelles stratégies, etc..). productivité (personnel) et l’achat de
Ainsi, il apparaît difficile de concevoir matériels lourds et coûteux. Il est par
un système de gestion du risque si ailleurs important que le niveau
on ne dispose pas d’un dispositif de national se prononce. En France,
signalement fonctionnel ; l’infection nosocomiale a été reconnue
comme problème de santé publique
• Attitudes : pour certains (hygiénistes
depuis 1973 (création des comités de
et autres) , la gestion des risques
lutte contre l’infection nosocomiale),
peut être perçue comme une
en Tunisie (création récente du comité
contrainte plutôt réglementaire (faire
technique national d’hygiène) ;
des prélèvements systématiques) et

103
• La multiplicité des actions et des règles de fonctionnement du dispositif).
intervenants. Ainsi, outre les classiques Il ne faut pas oublier que tous les
médecins et soignants, d’autres soignants sont conscients que des
partenaires, souvent non imprégnés de efforts sont à faire en permanence, la
culture médicale, participent, d’une nuit, le jour, les week-ends, sous
manière ou une autre à la gestion du conditions de moyens en matériels et
risque infectieux (personnel technique, personnels. Les soignants ont aussi
ouvriers de maintenance, besoin de confiance et de
gestionnaires), d’où l’importance de la reconnaissance leur permettant de
coordination ; montrer leur action et leur engagement
• Le manque de moyens et l’absence de dans la qualité des soins. Les hygiénistes
cadre réglementaire, ce qui rend les de leur côté doivent mieux connaître les
actions très personnalisées et donc mécanismes des infections
l’évaluation et les comparaisons très nosocomiales, leurs facteurs et les
hypothétiques ; conséquences comme les décès ou les
• L’absence de normes accessibles de préjudices et surtout l’évitabilité. Et à ce
soins et l’insuffisance des procédés niveau, de nouveaux messages sont à
visant à évaluer l’application des règles inventer afin que l’hygiéniste puisse
de bonnes pratiques (audit, etc..) ; participer efficacement aux
• L’absence de système changements nécessaires à la mise en
d’enregistrement fiable des données place d’une véritable culture de gestion
des patients (dossier unique, dossier du risque. Il est probable aussi que cela
infirmier) ; passera par une étude dont les objectifs
• L’absence de rétro information et le seraient d'identifier les représentations
fait de ne pas savoir tirer des leçons des professionnels sur les risques
des expériences passées ; hospitaliers et d'identifier les freins et les
moteurs pour le développement d'une
• Le risque d’une information erronée
gestion collective des risques.
voire mal interprétée des citoyens ;
• Les contraintes financières auxquelles
sont de plus en plus soumis les
établissements de soins. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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HEALTH&CO.
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