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BIOGRAPHIE DE JEAN MICHEL JARRE

Une enfance entre Lyon et Vanves.


Jean-Michel Jarre est né le 24 août 1948 à Lyon. Il passe son enfance à
Vanves dans la banlieue parisienne. France Pejot-Jarre élève seule son petit
"jamie" et il ne profite donc pas de la renommée de son père le compositeur
Maurice Jarre, comme on l'a dit trop souvent. En effet ses parents divorcent alors
qu'il n'a pas encore 4 ans.
Jean-Michel poursuit des études brillantes au lycée Michelet de Vanves.
Après avoir obtenu son bac en 1966, il entreprend des études supérieures et réussit
une licence de lettres à La Sorbonne avec notamment un essai sur le Faust de
Gounod (ou de Berlioz selon les souvenirs fluctuants de JMJ) comparé à celui de
Goeth.

Lycée Michelet
Jean-Michel fait sa première rencontre avec la musique à l'âge de huit ans.
Cette rencontre se déroule dans la contrainte puisque comme beaucoup d'enfants de
son âge, on asseoit le petit Jamie derrière un piano sans lui demander son avis.
Dégoûté, il abandonne cet instrument jusqu'au jour de ses dix ans. Le 24 août
1958, sa mère l'emmène à Paris dans une boîte de Jazz : "Le chat qui pêche",
tenue par une de ses amies : Mimi Ricard (rencontrée dans la Resistance
Lyonnaise). Les jazzmen Archie Shepp, Don Sherry et Chet Baker, initient le petit
Jean-Michel à la musique au point de l'en rendre amoureux. France se charge
d'organiser la nouvelle passion de son fils. Il prend donc des cours d'harmonie et de
contrepoint au Conservatoire de Paris, avec Jeanine Rueff.
L'adolescence et les premiers groupes.
Puis comme beaucoup d'adolescents, à 15 ans il monte des groupes. Le
premier s'appelle les "Mystères IV" avec lesquels il gagne le tremplin de la foire
de Paris. Jamie monte une deuxième formation qu'il intitule les "Dustbins". Avec
ce groupe, Jarre interprète les succès des Shadows et des Spotnicks. C'est d'ailleurs
avec les Dustbins que Jean-Michel Jarre enregistre son premier 45 tours en 1968.
Ce disque est sans doute la pièce la plus rare pour tous les colectionneurs car elle
n'existe qu'à quelques exemplaires. Il s'agissait d'un disque auto-produit et distribué
pour les copains de Jamie.

45 tours des "Dustbins"


Entretemps Jarre a fait une courte apparition dans le film d'Etienne Perrier :
"Des garçons et des filles" sorti en 1967. Avec le groupe "Dustbins" il interprète
2 chansons : "Let me take your hands" et "I feel so down" une troisième
chanson étant interprètée par un autre membre du groupe.

45 tours "Des garçons et des filles"


Premières recherches musicales : La Cage et Aor.
En janvier 1969, Jean-Michel entre au Groupe de Recherche Musicale où
il rencontre son maître : Pierre Schaeffer qui emploie les premiers synthétiseurs : le
VCS 3 et le Moog. JMJ profite du GRM pour faire la connaissance des grands
compositeurs de musique electro-acoustique : Parmegiani et Stockausen. A la fin
de son stage au GRM, il écrit une musique de cinq minutes pour la MJC Saint-
Exupéry de Reims qu'il intitule "Hapinness is a sad song".
En 1969 également, Jean-Michel compose "La Cage", un titre qui ne sortira
en 45 tours qu'en 1971 chez Pathé-Marconi. Sur ce disque figure un deuxième
titre : "Erosmachine", il s'agit d'une belle mélodie dont une partie sera reprise
dans "Chronologie 2". "La Cage", cet opus antediluvien est une musique étrange
mêlée de sons divers : scie musicale, guitare électrique enregistrée à l'envers,
batterie, crécelle, cuiller à bois, synthés et cris féminins. Le deuxième 45 tours de
Jamie, vendu à 117 ou 17 exemplaires (selon les interviews) a vu son stock détruit
par Pathé Marconi devant son insuccès commercial. Jarre lui-même ayant perdu
son exemplaire lors d'un déménagement n'en avait plus trace jusqu'à ce que l'auteur
de ces lignes lui en fasse cadeau. Ce fut lors d'une journée mémorable dans la
propriété de JMJ à Croissy.

Fort heureusement, les bandes de "La Cage" ont été conservées. Ainsi, une
réédition de cette musique a été intégrée en 1978 sur une compilation intitulée
"Made in France".
Revenons à 1971, période pendant laquelle Jarre est appelé par le
chorégraphe Norbert Schmucki. Il lui commande une musique pour son ballet
"Aor", la lumière en hébreu. Le thème d'Aor est la danse des sept voiles exécutée
par Salomée pour subjuguer Hérode. Chaque musique représente une couleur de
l'arc-en-ciel. Cette oeuvre n'est pas mélodique car elle est constituée de sons de
VCS 3 et de souffles plus rythmiques qu'harmonieux. On pourrait la comparer au
bruit d'un moteur de mobylette. Une séquence d'Aor a été utilisée dans Révolution
Industrielle 1, il s'agit du son de règle métallique que l'on peut entendre au bout
d'1 mn 50.
Avec ce ballet, Jarre devient le plus jeune compositeur à voir une de ses
oeuvres jouées à l'opéra. C'est l'occasion pour Jean-Michel de voir sa carrière
commencer là où bon nombre de musiciens la terminent. Ce premier essai est
rapidement suivi de 2 autres : "Le Labyrinthe" et "Dorian Gray" qui sera
retransmis partiellement à la télevision. Les chercheurs peuvent consulter
l'enregistrement de « Dorian » à l'Inathèque de France ainsi qu'une collection
intéressante de deux cents émissions dans lesquelles Jean-Michel a été invité (voir
la liste au chapitre Archives : http://www.multimania.com/toutjarre/tv1.html).
C'est ensuite une longue période de travail où Jean-Michel Jarre écrit des
musiques de publicité pour Nestlé, Pepsi-Cola et l'Autoroute A4. Cette dernière
réalisation deviendra plus tard Oxygène IV. Il compose également des musiques
d'aéroport pour la société étasunienne Underground Muzaks, des génériques pour
RTL, la musique de l'émission de télé "sport en fête" présentée par Michel
Drucker et aussi la bande originale du film "Les granges brûlées" avec Alain
Delon et Simone Signoret.
Par ailleurs, Jarre participe ardemment à la musique de son époque car il
travaille avec le groupe Triangle sur deux chansons intitulées "récréation" et "Le
matin du premier jour" en 1972. En 1973, il compose la musique de Lady, une
chanson interprétée par le groupe Bill & Buster et écrit la chanson Jolly Dolly
pour le groupe Blue Vamp. Son travail est remarqué par le magicien Dominique
Webb avec lequel il travaille pour un spectacle à l'Olympia, un disque en résulte,
il est intitulé : Hypnose.
Jarre parolier.
Parallèlement Jarre devient un auteur à succès à partir de 1973 en écrivant
les paroles de Christophe pour les albums les Paradis Perdus et Les mots bleus et
pour Patrick Juvet avec les albums Love et Mort ou vif.
En 1975, il peaufine deux textes et une musique pour le 45 tours de
Françoise Hardy "Que vas-tu faire ?/Le compte à rebours. Il écrit quatre chansons
pour Gérard Lenorman : La Belle et la Bête (qui deviendra 2è Rendez-Vous), La
fille que j'aime, Parade et La mort du cygne (qui deviendra 3è Rendez-Vous).
Toujours en 1975, Jarre compose la musique d'une émission réalisée par
Rémy Grumbach intitulée Sétyricon en hommage au comique Gérard Séty.
Jean-Michel Jarre a tous les talents : auteur,compositeur mais aussi metteur
en scène pour le spectacle de Christophe à l'Olympia en 1975 dans lequel on peut
voir un piano voler.
Premiers albums : Deserted Palace et Les granges Brûlées.
Tout cela ne l'empêche pas de continuer sa propre carrière discographique.
En 1973, Jarre a réalisé son premier album avec la musique des "Granges brûlées"
lequel sera rapidement suivi d'un deuxième regroupant les musiques composées
pour Underground Muzaks et intitulé "Deserted Palace". Cet album de promotion
est distribué dans les mediathèques aux Etats-Unis et au Canada. Il est très
dépouillé et composé avec un orgue Farfisa et un VCS 3. On peut y entendre des
musiques néo-classiques (Music box concert et Deserted Palace), de la musique
contemporaine (Free floating anxiety) et des sons déja utilisés dans les Granges
Brûlées se retrouvent dans Wind swept Canyon.

Les granges brûlées (pressage italien)

Deserted palace (1973)


Sous la pression de la maison de disques Motors, Jarre réalise une reprise du
tube planétaire Pop-Corn avec en face B "Black-Bird" qui est en fait une musique
de Deserted Palace légèrement différente. D'autres 45 tours suivent :
Cartolina/Helza sous le pseudonyme "1906". La pochette reprend l'affiche d'un
cabaret appelé "Le Chat Noir". Il y a aussi "zig-zag" qui constitue le premier
succès de Jarre. Cette musique est reprise par de nombreux groupes de part le
monde et sert de générique à la télévision. La seule version jouée par Jarre est celle
qui porte le nom de "Foggy Joe". Samuel Hobo chante la partie vocale de Zig-Zag
et chantera aussi sur le 45 tours "Freedom day/Synthetic man" un blues moderne
qui aurait pu être intéressant sans la voix irritante du blues man.

45 tours "zig-zag" (pressage allemand)

45 tours "Freedom day/synthetic man" (pressage italien)


Succès international avec Oxygène.
En 1976, le succès mondial d'Oxygène survient à la surprise générale, il sort
chez Motors, la maison de disques de Francis Dreyfus. Jarre a rencontré ce
producteur par l'intermédiaire d'Hélène Dreyfus avec laquelle il suivait les cours du
GRM.
Le troisième album de Jean-Michel Jarre s'est vendu à ce jour à dix millions
d'exemplaires dans le monde. Oxygène a été composé sur un magnétophone huit
pistes avec seulement huit claviers dans l'appartement parisien de Jarre, rue de la
Trémoille. Oxygène est une musique d'un genre nouveau bien loin de l'abstraction
musicale allemande de Tangerine Dream et de Klaus Schultze car les sons de JMJ
touchent l'auditeur par leur harmonie.
Les médias s'emparent d'Oxygène. Antenne 2 utilise « Oxygène IV » pour
son journal télévisée et « Oxygène II » pour l'émission « Récré A2 ». Europe 1 a
choisi « Oxygène IV » pour le générique de l'émission "Basket", présentée par
Jean-Loup Lafont. Ce qui nous vaut deux pochettes de 45 tours, toutes les deux
dessinées par Granger, l'une est identique à la couverture de l'album, l'autre
représente bien évidemment une basket.
L'album se classe n° 2 dans les charts britanniques, ce qui constitue un
événement sans précédent pour un artiste français.
En 1977 Jarre redevient parolier pour les albums Paris by night de Patrick
Juvet et La Dolce Vita de Christophe. Préférant peut-être les claviers, Jarre
attendra l'album "Métamorphoses" avant de reprendre la plume,
Equinoxe : la consécration .
Le succès d'Oxygène est confirmé par l'album Equinoxe en 1978. Le
quatrième album de Jarre est un disque aquatique. En effet, les sons de vagues
alternent avec ceux de la pluie. Jean-Michel s'est amusé à clapoter dans des bacs
lors de l'enregistrement d' Equinoxe III. Il a aménagé un studio d'enregistrement
dans sa superbe maison de Croissy qu'il s'est offerte avec les droits d'Oxygène.
Equinoxe est certifié disque de platine dès sa sortie avec deux millions de
précommande et il atteint aujourd'hui le score des huit millions de copies vendues.
La popularité de Jean-Michel Jarre en Angleterre devient énorme, ainsi le
légendaire groupe instrumental : les Shadows reprend en 1980 le morceau
Equinoxe V sur son album "Change of address", cette reprise est également
éditée en 45 tours.
Jean-Michel Jarre est le musicien français le plus connu dans le monde et il
est élu "homme de l'année 1978" par le magazine étasunien "People". Ses disques
sont distribués dans 65 pays, totalisant le chiffre prodigieux de 55 millions
d'albums vendus.
La Concorde : premier spectacle.
La concrétisation du triomphe de Jean-Michel a lieu lors de son premier
spectacle, Place de La Concorde, à Paris le 14 juillet 1979. Il y est ovationné par
1 million de personnes, alors que l'on en attendait 100 000 tout au plus. Le
spectacle est assez court puisqu'il ne dure que cinquante deux minutes. Jarre
éblouit son public et l'émeut grâce aux musiques d'Oxygène et d'Equinoxe qu'il
interprète malheureusement en "play-back" car il est seul sur scène.
Jean-Michel Jarre devient un personnage populaire, il plait pour sa musique
mais aussi pour son goût du spectacle et de l'événement. Chacun de ses concerts
transforme l'environnement et l'on ne regarde plus du même oeil la Place de La
Concorde à Paris, la colline de Fourvières à Lyon où la Tour Eiffel après son
passage.
En 1980, le premier concert de Jean-Michel à Paris est immortalisé par une
vidéo qui reprend quelques images du spectacle dans un clip de 30 minutes. Ce clip
a été composé avec un synthétiseur d'images qui rappelle ce que faisait Jean-
Christophe Averty à la télévision. Jarre reproduira la même ambiance picturale dix
huit ans ans plus tard dans son CD-ROM intitulé « Odyssey through O2 ». La
Concorde sert aussi d'inspiration pour un 45 tours qui reprend les titres "Equinoxe
7 et 8". Ce premier spectacle a la force d'un choc musical international. Il a été vu
par cent millions de téléspectateurs dans le monde. Du coup, les étasuniens et les
japonais veulent que Jean-Michel vienne donner un concert aussi grandiose chez
eux. Mick Jagger, présent à La Concorde déclare à Jean-Michel : "je n'ai jamais vu
ça de ma vie !" et il lui propose même de participer au nouvel album des Rolling
Stones "Emotional Rescue" mais Jean-Michel est obligé de refuser par manque de
temps.
Les Chants Magnétiques rythment les concerts en Chine.
En 1981 sort le troisième volet du tryptique naturaliste : Les Chants
Magnétiques. Après l'air et l'eau, voici la terre. Il entre directement dans les dix
premières places des hits français et britanniques, et se vend sur la longueur à près
de six millions d'exemplaires dans le monde.

45 tours "la dernière rumba" (Pays-Bas)


Les boîtes à rythme cassent l'ambiance célèste qu'il y avait dans Oxygène et
Equinoxe. Pour ce disque Jean-Michel a fait l'acquisition d'un nouveau clavier : le
Fairlight CMI, la Rolls Royce de l'échantillonneur. Cet instrument lui permet de
transformer à volonté les sons de la nature et du quotidien, mêlant des bruits de
trains, d'avions et voix humaines aux mélodies.
1981 marque également la sortie du film "Gallipoli" réalisé par Peter Weir
avec Mel Gibson. La bande originale emprunte des titres d'Oxygène.

45 tours "Gallipoli" (Australie)


Cette même année Jean-Michel transporte ses synthés en Chine pour cinq
concerts à Beijing et Shanghaï où l'accompagnent trois musiciens dont deux
avaient travaillé avec Christophe : Dominique Perrier et Roger Rizitelli. L'album
qui découle de ces concerts s'appelle tout simplement "Les concerts en Chine", il
est publié en mai 1982 et comporte 45 minutes de musique inédite. Il s'en vendra
cinq millions d'exemplaires en près de vingt ans.

33 tours "Les concerts en Chine" (pressage chinois)


Un album unique : Musique pour supermarché.
1983 marque ensuite un grand choc dans le monde discographique. En effet,
Jean-Michel annonce que son nouveau disque sera vendu aux enchères à un seul
exemplaire. Cela se passe à l'hôtel Drouot. Les journalistes relatent la présence de
nombreux curieux, de fans, de collectionneurs et bien sûr l'épouse de Jean-Michel
Jarre : Charlotte Rampling. Intrigué par l'événement, le chanteur Christophe est
venu lui aussi .
Jean-Michel a composé très sérieusement l'album Musique Pour
Supermarché de février à mai 1983. Michel Geiss a enregistré les sons
d'ambiance dans un supermarché à Montesson près de Croissy et, anecdote
amusante, pendant qu'il enregistrait Equinoxe 4 était diffusé dans le magasin. On
peut entendre la rythmique de ce morceau en écoutant très attentivement la face A
de l'album.
Musique pour Supermarché est une musique en huit parties qui accompagne
l'exposition Orrimbe où de jeunes peintres présentent leurs tableaux dont le thème
est le supermarché. Tous ces jeunes artistes ont décidé de vendre leurs oeuvres à
l'hôtel Drouot. Pour suivre les jeunes peintres, Jean-Michel a l'idée de créer un
disque unique, comme un tableau, pour revaloriser ce support bien peu respecté de
nos jours.
Il est 22 h 10 quand la vente commence en ce 6 juillet 1983, la mise à prix
est fixé à 50 francs (le prix d'un disque normal à l'époque) et elle va monter assez
vite jusqu'à 69 000 francs. Le disque est adjugé à un certain monsieur Gérard qui
est administrateur de biens. En fait, cet homme n'est pas un inconnu pour Jean-
Michel Jarre puisqu'il l'a déja rencontré (quel hasard !) à Saint-Tropez où il
possède chacun une villa. Ils se connaissaient donc bien avant la vente.
Une semaine avant les enchères RTL lance une formidable opération
médiatique avec Jean-Michel Jarre dont le slogan est régulièrement matraqué sur
les ondes : "piratez -moi !". De nombreux fans suivent le conseil et ne
manqueraient pour rien au monde la diffusion de Musique Pour Supermarché et sa
présentation par Max Meynier.
La face A passe à 22 h 15 et la face B à 23 h 10, l'album dure 34 mn 06 mais
il est coincé entre le journal et les pubs, le présentateur se permet même de parler
pendant les deux premières minutes de la face B ! Cela n'empêche pas les amateurs
d'écouter et d'enregistrer l'événement jusqu'au bout. Aujourd'hui il existe des
milliers de cassettes pirates vendues à prix d'or par quelques fans profiteurs. Une
consolation, pour ceux qui auraient manqué la diffusion de l'album unique. Jean-
Michel Jarre a repris trois des huit parties de Musique Pour Supermarché. Il s'agit
de Blah blah café, Diva et 5è Rendez-Vous mais le reste est inédit pour toujours.
Zoolook : le chef-d'oeuvre sonne l'apogée de la musique jarrienne.
Le 12 novembre 1984, après un an et demi de voyages et de recherches, JMJ
publie ce qui restera sans doute son plus bel album : Zoolook. Les critiques sont
unanimes à ce sujet : Zoolook est un chef d'oeuvre. Jarre a changé de registre et
utilisé des voix humaines, on peut entendre vingt quatre langues du français au
sioux en passant par l'eskimo. Lui même parle sur certains morceaux, on peut
l'entendre dire "dansez sur cette chanson obsedante" dans Blah blah café.

Clip de "Zoolookologie"
Aidé par l'ethnologue Xavier Bellanger, il a choisi des langues parlées et
chantées pour les remodeler à sa façon. "Le plus dur, avoue-t-il, aura été de
transformer les voix en instrument de percussions". Pourtant, Jarre a réussi
brillamment cet exercice difficile. On remarque par exemple la voix d'Arlette
Laguillers transformée en son de Charleston !
Pour ce disque, Jean-Michel est accompagné des meilleurs musiciens de
New-York : Marcus Miller (basse de l'orchestre de Miles Davis), Yogi Horton
(batterie), Adrian Bellew et Ira Siegel (guitares électriques) et Laurie Anderson qui
prête sa voix pour Diva. Laurie est d'ailleurs elle aussi reconnue comme l'une des
grandes vedettes de la musique électronique. Avec cet album, Jean-Michel
retrouve les techniques de collages de sons qu'il utilisait pour ses premières
compositions au GRM. A l'époque il devait découper aux ciseaux les bouts de
bandes magnétiques des différents sons qu'il désirait obtenir, puis les recoller pour
créer la sonorité originale voulue. En 1984, les possibilités techniques incroyables
du Fairlight remplacent l'utilisation des ciseaux. Malheureusement, Zoolook n'a
pas l'impact commercial des albums précédents. Ce changement est trop brusque et
surprend le grand public ainsi que les fans de Jarre. La pochette est également
avant-gardiste, elle représente une photo de Jean-Michel déformée par ordinateur,
ce qui choque et casse l'ambiance des superbes pochettes de Michel Granger.

clip de zoolook (Jeunet et Caro)


Néanmoins, l'album se vend sur la longueur à deux millions d'exemplaires
dans le monde et deux de ses musiques et chants ethniques mixés aux synthés sont
repris comme génériques : le premier pour "Zénith", émission de Michel Denisot
sur Canal + qui reprend Zoolookologie et Ethnicolor qui est utilisé dans la B.O. de
"Dangereuse sous tous rapports". Jean-Michel reçoit des mains de Daniel
Balavoine la Victoire de la Musique (
http://www.multimania.com/dbalavoine/index.html )pour le meilleur album
instrumental un an après la sortie de Zoolook. Pour l'anecdote, il est bon de
rappeler que Michel Geiss, le bras droit de Jarre avait aidé Daniel Balavoine à
manipuler le Fairlight pour la réalisation de son dernier album : « Sauvez l'amour
».
En 1985 Dreyfus édite la compilation "The Essential" regroupant les succès
des derniers albums, éliminant par conséquent Deserted Palace, Les Granges
Brûlées et Musique pou supermarché ( la matrice de ce dernier ayant été brûlée le
jour de la vente aux enchères, il n'existe plus aucun moyen de le ressortir).
Rendez-vous avec les Etats-Unis à Houston.
Avril 1986 marque le retour de Jean-Michel Jarre sur scène. Depuis un an il
prépare un concert aux Etats-Unis à Houston, la cité où se trouvent la base de la
NASA. Ce sont en effet les autorités municipales qui ont commandé à Jean-Michel
un spectacle pour le 150è anniversaire de Houston et le 25 è de la NASA. A cette
occasion, Jarre compose rapidement un nouvel album (en deux mois) sous le titre
de Rendez-Vous. Six musiques dont trois existaient déja sous une autre forme
(voir plus haut), sont au menu de ce nouveau disque. Cette fois la recherche sonore
a été abandonnée par manque de temps. Le morceau le plus beau (1er Rendez-
Vous) n'est lui-même qu'une version ralentie de Rendez-Vous 2 dans sa partie
harpe laser. Quant au succès le plus retentissant : 4è Rendez-Vous, on y dénote une
certaine ressemblance avec une chanson très populaire des années 70 : La Chenille
de la Bande à Basile. Rendez-Vous 2 est sans doute le thème le plus symphonique
de tout le répertoire de Jarre. Les choeurs de Radio France le rendent grandiloquent
et propre à l'interprétation sur scène. Jean-Michel emploie un instrument
spectaculaire pour jouer Rendez-Vous 2 : la harpe laser, qu'il emmène avec lui à
Houston. Un français : Bernard Szajner est à l'origine de cet instrument. Créé en
1981, la harpe a été modifiée par un autre français Philippe Guerre. Le principe en
est simple : le clavier du synthé est remplacé par des lasers, en plaçant sa main sur
un rayon, Jean-Michel déclenche le circuit de la cellule photo-électrique qui
commande le synthé Synthex relié à la Harpe. L'apparition du saxophone dans la
musique de Jarre donne un peu de relief à Rendez-Vous. L'originalité de Dernier
Rendez-Vous est de démontrer que le son des synthés se marie très bien avec
n'importe quel instrument. La dernière musique de l'album Rendez-Vous peut être
perçue comme un hommage à John Coltrane grâce à son aspect « Jazzy ».
Enfin, ce disque laisse entrevoir une troisième génération de musiciens dans
la dynastie Jarre. En effet David Jarre, huit ans, joue une partie de 5è Rendez-
Vous sur son Baby Korg. "4è Rendez-Vous" est un véritable succès, le chiffre "4"
est le porte-bonheur de JMJ puisqu'il doit sa célébrité aus tubes "oxygène 4" et
"Equinoxe 4". Rendez-vous ne s'est pourtant pas arrêté à quatre millions de copies
mais à cinq millions, à ce jour.
Mais revenons à Houston. Le concert débute à 22 h en ce 5 avril 1986. Pour
Jean-Michel Jarre, il s'agit d'un pari de plus car il doit réussir à s'imposer dans le
pays du protectionnisme. L' essai est transformé et de belle manière par une entrée
fracassante dans le Livre des Records. Jarre a réuni 1 300 000 spectateurs.
L'essentiel du spectacle est basé sur les anciens morceaux de JMJ, il joue la moitié
des musiques d'Oxygène et et la moitié de l'album Equinoxe, quelques musiques de
Rendez-Vous et une version ré-orchestrée de Souvenir de Chine. La présence de
Joe Hammer (ancien batteur de Daniel Balavoine) permet de dynamiser les
musiques. Pour s'amuser, Jean-Michel fait jouer de la musique country par son
groupe pendant les rappels. Les projections d'images sur les écrans géants
recouvrant les gratte-ciel retracent l'histoire de la NASA. Jean-Michel évoque
même l'épisode tragique de la navette Challenger, à bord de la quelle l'astronaute
Ron Mac Nair devait jouer Dernier Rendez-Vous sur son saxophone. Si cette
performance avait pu être enregistrée et projetée sur les écrans géants, l'oeuvre de
Jean-Michel serait devenue la premiere à avoir été jouée dans l'espace. Pour
l'anecdote, il est intéressant de souligner que Jean-Michel Jarre a rencontré de
multiples problèmes dès son arrivée aux Etats-Unis, à la douane. En effet toutes les
disquettes sur lesquelles étaient enregistrées les séquences et les accompagnements
d'orchestre ont été effacées par les rayons X. Par conséquent, Jarre a dû tout
retravailler à Houston, dans des délais très courts. Un autre retard a été provoqué
par la déchirure du plus grand des écrans. Tout ceci marque le talent ave lequel
Jean-Michel Jarre sait se sortir des situations inextricables.

Maxi 45 tours "4è Rendez-Vous" (pressage anglais)


Jarre joue les papes du synthé à Lyon.
Le 5 octobre 1986, Jean-Michel Jarre récidive à Lyon, sa ville natale. Cette
fois, les problèmes portent sur la visite du pape Jean-Paul II, des journalistes ayant
mis en évidence les prophéties de Nostradamus selon lesquelles le pape devait être
assassiné "entre Rhône et Saone". La vigilence de la police est doublée à tel point
que le soir du concert, les agents cherchent la moindre trace de bombe sous la
scène. Après la bénédiction du pape, Lyon est embrasée pendant une heure et dix
minutes par les sons de Jean-Michel Jarre. Il interprète un programme allégé par
rapport au concert de Houston mais avec des projections d'images différentes. Sur
les façades, on peut voir des références à la religion : Mère Thérésa en l'occurrence
mais aussi le pape lui-même et dans un tout autre style : des yeux, des poings levés
et des lettres.
L'épopée des concerts de Houston et de Lyon est gravé sur un même album
paru en 1987 appelé "Jean-Michel Jarre en concert : Houston/Lyon", lequel a
été acheté par deux millions de fans de part le monde. Une biographie de JMJ par
J.L. Remilleux suit de peu la sortie du disque « live ». Il existe une version
allongée de cett album avec deux morceaux supplémentaires. Il a été publié dans
un coffret de huit CD et portant le titre de "cities in concert : Houston/Lyon".
Révolutions au pays d'Elisabeth II.
En septembre 1988, Jean-Michel Jarre sort son nouvel album studio
"Révolutions" qui annonce une nouvelle démarche. En effet, Jarre utilise des sons
plus épurés, non retraités à la console de mixage, sans échos et dans un registre
plus élargi avec des morceaux rythmés comme London Kid ou Révolutions. Une
des musiques est même chantée par une chorale de maliens : September (en
hommage à la militante anti-apartheid Dulcie September assassinée à Paris en
1988).
Cette édition coïncide avec la création d'un nouveau spectacle à Newham
dans la banlieue de Londres. Mais ce concert initialement prévu le 24 septembre
1988 est annulé, le Newham Council jugeant les précautions de sécurité
insuffisantes. Il est vrai qu'au cours du concert de Mickael Jackson, quelques jours
auparavant, la police a dû relever des blessés. Pourtant les concerts de Jarre se sont
toujours déroulés sans heurts. Pour cette raison, le compositeur ne comprend pas
l'attitude du Newham Council. Déçu, il se voit obligé de chercher un autre lieu
d'accueil.
Finalement, les autorités de Newham reviennent sur leur décision et
autorisent même deux spectacles au lieu d'un afin de diviser la foule. Les deux
concerts se dérouleront les 7 et 8 octobre. Le premier dans la bourrasque et le
deuxième sous une pluie typiquement britannique. Des conditions terribles qui
n'effraient pourtant pas le public qui a payé sa place dix livres pour assister au
concert debout ou trente livres assis. Cent mille spectateurs sont au rendez-vous
pour chaque concert dans les zones payantes et certainement plus aux alentours.
Parmi le public Jarre compte une fan de renom : Lady Diana qui lui a même
accordé une danse lors d'une réception. Jean-Michel rend hommage à sa princesse
préférée en projetant le visage de son fils William sur les façades des Docklands de
Newham.
Les concerts sont essentiellement basés sur le dernier album "Révolutions",
sur lequel on peut entendre une face concept traitant de la révolution industrielle. «
Révolution industrielle » est magistralement orchestrée avec un rythme
particulièrement soigné qui évoque les coups de marteaux des ouvriers dans
l'ouverture. Dans cette musique on peut également entendre les "tic-tac" d'une
machine à écrire mécanique.
Si Jean-Michel a intitulé son album "Révolutions" au pluriel, c'est bien-sûr
pour coller à la commémoration du Bicentenaire de la Révolution Française mais
également pour donner son impression sur les révolutions qui ont marqué le siècle :
celle dite "industrielle", celle des années soixante et celle des ordinateurs. Et il en
profite pour poétiser en déclarant : "il n'y aura jamais qu'une seule révolution, celle
que les enfants portent dans leurs têtes".
Sur la deuxième face, on découvre deux musiques plus médiatisées que les
autres : Révolutions et London Kid. Le formidable regain d'intérêt de Jean-Michel
pour le jazz est perceptible avec la musique Tokyo Kid dont la partie de trompette
ressemble délicieusement à un thème de Miles Davis. Les "révolutions" jarriennes
ont bouleversé près de cinq millions de personnes à ce jour.
La révolution française n'aura pas lieu !
Les deux spectacles de Londres sont immortalisés sur l'album "Jarre live"
paru en septembre 1989. Cette même année donne l'occasion à Jean-Michel de
retracer sa carrière scènique, s'étalant sur 10 ans, dans une exposition intitulée
"Concert d'images". Dans celle-ci on trouve des photos de tous les spectacles, des
plans de scènes, des videos et des instruments dont la fameuse harpe laser sur
laquelle le visiteur peut s'essayer à jouer quelques notes. Une musique d'ambiance
accompagne l'exposition et la maison de disques Dreyfus a l'idée de sortir cette
musique sur un CD tiré à cinq cents exemplaires. Le disque serait vendu 2 500
francs. Néanmoins ce projet avorte et la musique est présentée sur l'album "En
attendant Cousteau". L'année 1989 n'aura pas été rose pour Jean-Michel Jarre car
deux de ses projets de concerts auront été refusés. Le premier étant le projet que lui
avait commandé Michel Baroin ex-Grand Maître du Grand Orient de France (il fut
remplacé par Edgar Faure à la suite d'un accident mortel) et responsable des
célébrations du Bicentenaire. Ce devait être un concert situé à Paris avec plusieurs
points de vue étalés stratégiquement dans la ville.
L'autre projet était un concert pour la destruction de la cité des Minguettes
dans la banlieue de Lyon, il fut refusé par les autorités municipales car jugé trop
dangereux.
En attendant Cousteau, "le monde du silence" n'est pas celui de La
Défense.
1990 marque l'arrivée de l'album "En attendant Cousteau". La musique
éponyme occupe toute la deuxième face de l'album. En attendant Cousteau est une
musique d'environnement qui pourrait durer dix minutes ou dix heures, comme si
elle était en en expansion. Cet album de Jean-Michel Jarre, sans avoir l'excellence
de Zoolook ou d'Equinoxe, dénote une certaine originalité de part son aspect
hétéroclite. En effet, les synthés se fondent aux steels drums (instrument de
Trinidad fabriqués avec des bidons de pétrôle). Jean-Michel Jarre a voulu rendre
hommage au commandant Cousteau et à son oeuvre qui, plus qu'un personnage, est
une attitude, un comportement écologique, tourné notamment vers les mers du
globe dont les ressources ne sont pas inépuisables. Le nom de Cousteau pourrait
devenir, selon Jean-Michel Jarre, un nom commun synonyme de défenseur de
l'environnement. Cousteau et Jarre ont pour point commun l'universalité, ce qui se
traduit par une diffusion de la cuvée jarrienne 1990 à 4 millions de galettes.
Le 14 juillet 1990, Jarre embrase La Défense, le compositeur du futur
rencontre la ville du futur. A cette occasion, il interprète ses plus grands succès
d'Oxygène à Révolutions en plus des morceaux de son dernier album. Le spectacle
est grandiose. Outre les lasers et les projections d'images, les spectateurs ont la
chance d'admirer des dessins animés extrait du clip Calypso. Un groupe est venu
de Trinidad pour jouer des steel drums : les Amoco Renegades (dont le nom est
une allusion à la firme étasunienne responsable de la catastrophe de l'Amoco
Cadiz). Jarre a également invité les choeurs des Hauts de Seine et un ensemble de
chant arabe.
Le concert réunit 2 400 000 spectateurs ce qui vaut à Jarre une nouvelle
entrée dans le Livre des Records. C'est une fête internationale vécue avec un plus
grand enthousiasme que lors du défilé de Jean-Paul Goude, l'usurpateur qui avait
pris la place de Jarre pour la fête du 14 juillet 89.
Le concert filmé pour Antenne 2 par Mike Mansfield sort en video un an
plus tard mais malheureusement, il ne donne pas lieu à la publication d'un disque.
Au Mexique, la bonne étoile de Jarre s'éclipse !
1991 est à nouveau une année à problèmes pour JMJ. Le concert qu'il avait
prévu de donner au Mexique à l'occasion de l'éclipse de soleil est annulé pour
cause de sécurité. De plus, le gouvernement mexicain ne pouvait assurer aucune
participation financière. Ce concert devait avoir lieu à Téotihuacan célèbre site
archéologique aztèque.
La scène devait être placée entre la pyramide de la lune et la pyramide du
soleil. Jarre aurait joué pendant les dix minutes de l'eclipse, en plein après-midi
(une première pour lui) et pendant une heure trente, le soir. Trois inédits étaient
prévus : un rap tiré d'un poème mexicain, "Eldorado" et "Globe-Trotter", seuls
les deux derniers morceaux seront présents sur la compilation "Images" sortie en
octobre 1991 avec quelques remixages intéressants également.
L'exposition "concert d'images" renaît à Mexico la même année pour
compenser la déception du public mexicain.
Enfin l'année 1991 permet à Jarre de réaliser un projet qui lui tenait à coeur :
composer une musique pour un film de Cousteau. Ce sera la B.O. du film
"Pallawan le dernier refuge" qui contient un remix d'oxygène 1 et deux inédits.
En 1992, Jean-Michel signe un contrat avec la Lyonnaise des Eaux qui lui
achète les droits d'une mini-compilation regroupant des morceaux de l'album "En
attendant Cousteau" et intitulée "Rémanences". Jarre se produit à Zermatt, en
Suisse, à l'occasion de la sortie de la 100 millionième swatch. Ce spectacle est plus
un son et lumière qu'un concert mais c'est l'occasion d'entendre Chronologie 4 et 5
en avant première sous le titre Une allarme qui swingue. Ces morceaux sont joués
par Jarre et le guitariste Patrick Rondat. En décembre 1992, Jarre se produit dans la
tristement célèbre cité pour millionaires blancs "Sun city" en Afrique du Sud.
Jarre voit là une aventure artistique et esthétique avant tout mais il est
difficile de comprendre pourquoi le compositeur de "September" s'est produit en
Afrique du Sud deux ans avant l'arrivée de Mandela au pouvoir qui réussit la fin
politique de l'Apartheid.
Un ambassadeur européen.
Jarre avait toujours déclaré qu'il ne ferait pas de tournée. Pourtant, il
annonce "Europe en concert" en mai 1993 au moment où l'UNESCO le nomme
ambassadeur de bonne volonté. A cette occasion, il sort un nouvel album
"Chronologie" dont la première face reprend des thèmes déja existants (Equinoxe
1, Erosmachine) et la face B reprend le filon de la musique "top cinquantée" : la
"dance" et la techno. Après bien des annulations et des difficultés financières, la
tournée s'achève en octobre 1993. Jarre a effectué trois mois de voyage dans
plusieurs grandes villes européennes : Berlin, Budapest, Barcelonne, Bruxelles,
Wembley et bien sûr le Mont Saint-Michel, spectacle qui a provoqué tant de
critiques pour sa mauvaise organisation.

Oeuvre originale de Michel Granger


Tout au long de cette tournée, les journalistes ont mis en avant les difficultés
plus que l'esthétique, ils n'ont pas retenu ce qu'ils appréciaient à La Défense ou aux
Docklands : l'émotion. Jarre a quand même réussi à obtenir une Victoire de la
musique pour avoir réalisé le spectacle le plus suivi en Europe (650 000
personnes). De plus, il a réussi la promotion de son dernier opus puisque l'album
"Chronologie" a été acheté par quatre millions de personnes.
En 1994, Jarre joue à Hong-Kong pour inaugurer un nouveau stade. Là
encore les problèmes sont au rendez-vous et tout le matériel qui avait servi pour la
tournée n'est pas complètement opérationnel. Les feux d'artifices sont annulés pour
raison de sécurité. Le seul fait intéressant est le retour de deux morceaux
d'anthologie : Souvenir de Chine et Jonque de pêcheurs au crépuscule. Jarre
interprète ces morceaux avec un orchestre chinois. Un album souvenir sort, il est
tout simplement appelé "Honk-Kong". En réalité, ce disque a été enregistré en
grande partie lors du concert de Wembley. On peut regretter l'absence d'un
morceau inédit joué au Mont Saint-Michel avec une flute électronique. Il reste
quand même un autre inédit "Digiséquenceur" initialement intitulé "sequencer
song" et joué avec un appareil conçu par Michel Geiss. Le disque ne sort qu'en
France ce qui limite sa diffusion à 300 000 exemplaires.
Un voeu pour le prochain siècle : la Tolérance.
1995, les fans de Jarre attendent toujours un nouvel album de leur artiste
préféré mais Jean-Michel se contente de sortir une compilation techno, reflet
inverse de son vrai talent. L'album intitulé "Jarremix" n'offre que l'intérêt d'une
belle pochette. On se consolera avec un concert superbe, réalisé une fois encore un
14 juillet, devant la Tour Eiffel. Le Concert pour la Tolérance met en scène des
artistes de talent comme Khaled qui chante sur "Révolutions" et Rondat qui joue
"l'été" de Vivaldi.
Des images sérieuses et dramatiques sont diffusées ce qui change des
concerts précédents. C'est ainsi que Jarre met en avant son titre d'ambassadeur de
l'UNESCO. Les musiques jouées sont parmi les plus belles : Ethnicolor,
Révolution industrielle et Souvenir de Chine, ainsi qu'Equinoxe VII et les Chants
Magnétiques 1. Le concert est entièrement retransmis sur TF1.
Oxygène le retour !
1996 est une année de travail et d'isolement pour Jarre. Il peine dans son
studio pour trouver l'inspiration mais à la fin de l'année il annonce la sortie de son
nouvel album : "Oxygène II". A l'instar de Mike Oldfield et de ses "Tubular bells
II", Jarre a voulu composer la suite de son plus gros succès. Il a réalisé six
morceaux qui prendront naturellement le relais des six premiers avec pour titres
oxygène 7 à 12.
Finalement, l'album "Oxygène II" qui était annoncé pour novembre 96 sera
repoussé à février 97. Jarre suit l'avis de Francis Rimbert qui lui conseile de
composer un septième morceau et de changer de titre de l'album.

Photo JMJ : copyright Thierry Rouault-Le Nan (1997)


Le 19 février marque la sortie d'Oxygène 7-13. L'album est rapidement suivi
d'une tournée européenne. Elle commence le 3 mai à Toulon (municipalité FN)
ville plongée dans les ténèbres qui accueille pour un soir la lumière. La tournée
s'achève en octobre 97 par la visite de quelques villes françaises : Caen (où les
places seront vendues 50 francs pour remplir la salle !), Orléans et Paris. Le succès
de la tournée a été important à l'Etranger mais pas en France où Jarre n'est plus
apprécié autant qu'à l'époque d'Oxygène et d'Equinoxe ce qui se traduit par un
chiffre de vente assez faible pour l'album "Oxygène 7-13" (300 000 exemplaires en
France).
Cette tournée était une nouvelle expérience pour Jarre qui inaugurait les
concerts en salle. Le concept de "ville en concert" ne fut pas abandonné pour
autant puisque Jarre joua à Moscou le 6 septembre devant 3 500 000 spectateurs à
l'occasion du 850 è anniversaire de la ville. La tournée « Oxygène Tour » n'est pas
immortalisée par un disque. En revanche, Jarre s'adonne à nouveau à la
"technomania" avec une suite de la face B de Chronologie et de Jarremix intitulée
"Odyssey through O2". Le CD donne lieu à une "Rave" au champ de Mars le 14
juillet (une fois encore !) et à un spectacle au Parc des expositions le 18 septembre.
Le spectacle du 18 septembre 1998 est remarquable car il est essentiellement
composé d' images en relief. Le programme musical est constitué de remixes
technos tiré de l'album Odyssey O2.
Métamorphoses : de la musique à la chanson.
Le nouvel album de Jarre prévu pour le 25 octobre 1999 vient seulement de
sortir. Il est vrai que le compositeur du futur se devait de sortir un album en l'An
2000 : symbole de l'avenir depuis des décennies. Jarre avait annoncé la sortie de
cet album récemment en précisant qu'il serait composé à partir des "techniques de
la techno". En réalité, l'album Métamorphoses est une suite de chansons
interprétées par Natacha Atlas, Laurie Anderson et Jarre lui-même. JMJ, n'étant
pas un vrai chanteur, a utilisé sa voix pour réaliser des séquences à l'aide du
Vocoder. Métamorphoses fait penser aux disques de chansons de Mike Oldfield
mais également à « Zoolook » grâce à la participation de Laurie Anderson sur le
titre Je me souviens (qui devait être le premier extrait de l'album
Métamorphoses). Le nouvel album de Jean-Michel Jarre est un virage à 180
degrés et risque de déboussoler les fans. Malgré tout, les mélodies accrocheuses de
certains titres pourraient bien permettre à JMJ de commencer une nouvelle
carrière. De plus, les nostalgiques de la période "Oxygène/Equinoxe" trouveront de
quoi se satisfaire avec "Millions of stars" qui reprend les nappes fluides
d'Oxygène I et avec "Rendez-vous à Paris" qui intègre dans sa mélodie les trilles
de vcs3 tirées du morceau "Equinoxe IV". Le premier extrait de l'album : « C'est
la vie » est interprété par Natacha Atlas qui avait repris « Mon ami la rose »,
chanson de Françoise Hardy. Les titres « Hey Gagarine », et « Je me souviens »
ne devraient pas laisser les critiques indifférents. En effet, ils reprennent les
ingrédients et les ambiances des morceaux Zoolook et Diva qui avaient tant plus
aux journalistes en 1984. Le morceau "Miss Moon" révèle l'admiration que Jarre
voue à Peter Gabriel. On retrouve dans ce morceau des similitudes avec
l'atmosphère et la mélodie de "Zaar" composée par le chanteur britannique en
1989 pour l'album "Passion". Peter Gabriel n'est pas la seule influence britannique
de Jarre. En effet, JMJ voulait que "Give me a sign" soit interprété par la belle
Kate Bush mais celle-ci a dû se décommander au dernier moment. Elle vient
d'avoir un enfant mais il est question qu'elle sorte "Give me a sign" sur un CD
single dans le courant de l'année 2000 (aux dernières nouvelles les prochains
singles seraient "Tout est bleu" remixé par Eiffel 65 et Hey Gagarine). Jarre a
composé vingt-quatre morceaux à l'origine et certains devraient sortir sous diverses
formes comme "The sun" sur le CD single de "C'est la vie" en Angleterre ou
"Crazy Sunday" qui apparaîtra sur le site officiel de Jarre et dans le single "Tout
est bleu".
Les chanteurs invités par Jarre sur Métamorphoses sont célèbres sur le plan
international. Laurie Anderson a déjà réalisé huit albums, elle a connu le succès
avec "O superman" en 1981 et avec "This is the picture" en 1986 avec Peter
Gabriel. Sharon Corr et ses soeurs sont une des valeurs sur de la chanson anglo-
saxonne et Natacha Atlas est la nouvelle diva orientale lancée sur les traces de
Oum Kalssoum. L'interprète de "Tout est bleu" : Franck Noël est moins connu.
Pourtant, ce n'est pas un novice car il a déjà enregistré un 45 tours en 1982. Le
disque "Comme sur un fil/Quelque part" a été arrangé et dirigé par Daniel
Balavoine.

On remarque de nombreux points communs dans les biographies de Jarre et


de Daniel Balavoine. Tous deux ont écrit pour les mêmes chanteurs : Juvet,
Christophe, Franck Noël. Ils ont également travaillé avec les mêmes techniciens ou
musiciens : Joe Hammer, Andy Scott, Michel Geiss. Les albums qui se sont le plus
vendus en France en 1985 ont été composé à l'aide du Fairlight, il s'agissait de
"Zoolook" de JMJ et de "Sauvez l'amour" de Balavoine. Il était donc normal que le
chanteur regretté remette au compositeur la Victoire de la musique pour le meilleur
album instrumental de l'année 1985.
Devant les pyramides, Jarre émerveille le monde !
Jarre vient de fêter la fin des années 1900 et la naissance des années 2 000 au
Caire, devant les pyramides de Gyzeh. Le 31 décembre, Jarre a joué ses plus
grands succès et la plupart des morceaux de « Métamorphoses ». Le spectacle fut
moins impressionnant que prévu car les autorités égyptiennes avaient revu à la
baisse les frais de productions. La malchance semble attiréé par l'aura de Jarre car
en plus de ces problèmes financiers, un dangereux islamiste a annoncé l'apocalypse
pour le 31 décembre. Il a même qualifié le concert de Jarre de programme «
maçonnique et sioniste ». Selon ce fou, des messes noires devaient avoir lieu le
soir du concert. On pourrait en rire mais il ne faut pas oublier que la haine
antisémite et antimaçonnique a provoqué des millions de morts.
Tout ne fut pas noir dans ce concert. Si les projections furent gachées par le
brouillard, les nouvelles musiques furent appréciés par les 120 000 spectateurs.
Jarre avait fait de gros efforts pour la réorchestration des anciens morceaux. Il les
avait retravaillés avec Francis Rimbert mi-décembre dans un studio de Vanves. Le
résultat fur fort impressionant surtout pour les morceaux Souvenirs de Chine et
Oxygène IV. Le musicien français tint à ce que ces musiques soient joués avec
l'orchestre classique et traditionnel du Caire. Jarre ne fut pas un "touriste
méprisant" et prouva qu'il respectait la culture et les coutumes des Egyptiens. Il
leur rendit hommage en faisant jouer "Salma ya Salama" : célèbre chanson
égyptienne immortalisée par Dalida. Il fit projeter le visage de la diva Oum
Kalsoum sur une pyramide ce qui provoqua les acclamations des spectateurs ravis.
Jarre avoua avoir voulu se marier avec Oum Kalsoum dans sa petite enfance. Et
c'est en partie grâce à cette passion enfantine que le compositeur français voulut
jouer devant l'une des sept merveilles du monde. Un phonographe joua la chanson
Sallou Qabi puis la jeune chanteuse Amal Maher, 14 ans, présentée comme la
nouvelle Oum Kalsoum interpréta le poème Chams al-Assil (le soleil du
crépuscule) d'Ahmed Rami.
Jarre sut modérer l'ardeur des quelques fans occidentaux présents au Caire et
rassura en-même temps les Egyptiens qui tenaient à respecter le calme lors de la
période du Ramadan. On peut être un artiste international adulé par les foules et
savoir garder la tête sur les épaules au moment le plus opportun. Jarre a su se
montrer digne de la mission que lui avait confiée Fédérico Mayor, président de
l'UNESCO. En effet, celui-ci voulait que Jarre organise un concert en Egypte pour
redorer le blason de ce pays meurti par les attentats terroristes de novembre 1997.
On regrette seulement que la météo ait gaché la projection des images. On
peut également déplorer la réduction du spectacle à trois heures dans sa partie
nocturne et cinquante minutes lors de la première aube des années 2000. Rappelons
qu'il était question de fêter l'an nouveau par un concert étalé entre le dernier couché
de soleil des années 1900 et la première aube des années 2 000.
Un show... qu'est-ce ?
Le 31 janvier 2000, Jarre organisait un "show case dînatoire", derrière ce
vocable ésotérique se cache en réalité un dîner concert. Le public, trié sur le volet,
était limité à trois cents personnes. Les mets servis étaient somptueux (roll-mops,
saumon, sushis, boules de cocos, choux à la crème de noisettes, le tout arrosé de
Brouilly et de Bordeaux) et comblèrent les professionnels du coktail mondain. Les
quelques fans présents purent côtoyer l'acteur Pascal Légitimus, l'ex-ministre Jack
Lang, les producteurs Camus et Dreyfus, le styliste Kenzo ou encore David et
Emilie Jarre.

Carton d'invitation de la soirée privée


Mais l'aspect le plus intéressant de cette soirée fut évidemment le spectacle.
Le concert eut lieu dans le restaurant parisien de Johnny Depp : le Man Ray, près
des Champs Elysées. Jarre avait convié Natacha Atlas, Deirdre Dubois, Sharon
Corr et un ensemble de violonistes pour interpréter en direct complet l'album
"Métamorphoses". Deux morceaux furent écartés du programme : "Love love
love" et "Silhouette". Jarre joua les partie électroniques avec Francis Rimbert et
"chanta" sur "Give me a sign" et "Gloria Lonely Boy" (il avait même posé une
"antisèche" sur son clavier). Le mini concert fut diffusé partiellement sur la radio
parisienne FG.
photo : Thierry Rouault - Le Nan (2000)
Les projets de JMJ sont d'ordre scènique avec la tournée "métamorphoses" et
d'ordre discographique avec la sortie d'un live du "métamorphoses tour" incluant
des morceaux joués au Caire. La tournée aura lieu à partir d'octobre 2000.
Parallèlement à ces projets, Jarre se bat pour que "Métamorphoses" soit intégré
dans les quotas de musique francophone diffusés à la radio et à la télé. Il est
intervenu dans ce sens le 8 février dans l'émission "Exclusif". JMJ a appelé
Catherine Trautman, ministre de la culture (remplacée par Catherine Tasca
récemment), à réfléchir sur la définition complexe de la francophonie. Enfin, le
compositeur va redevenir acteur trente-trois ans après son mini rôle dans le film
"Des garçons et des filles". Il a joué une courte scène dans le film belge "Le dernier
plan", réalisé par les célèbres Peeters et Schuyten (l'équivalent de nos Jeunet et
Caro). Jarre envisage de jouer à l'Olympia vers octobre 2000 et devrait organiser
un concert virtuel sur internet avec Arthur C. Clarke, l'auteur de "2001 l'odysée de
l'espace" à l'occasion de la naissance du 21è siècle : le 31 décembre 2000. Il est
question que Jarre réalise un remix "dance" du tube disco planétaire de Patrick
Juvet : "Où sont les femmes", affaire à suivre...
"Tout est bleu" vient de donner lieu à un clip tourné à Prague. Les scènes de
cette vidéo sont quelque peu sexistes pour ne pas dire mysogines. En effet, la
femme est présentée comme un vulgaire objet sexuel. Le scénariste (espérons que
ce ne soit pas Jarre) a cru bon d'exhiber une jeune femme à moitié nue en train de
passer l'aspirateur !!! Triste spectacle, peu respectueux de la condition féminine et
contraire à la mission de bonne volonté confiée à Jarre par l'UNESCO.
Jean Michel Jarre organise une exposition de juillet à septembre dans le
cadre du festival d'Avignon. Il a créé une vidéo spécialement pour ce festival. il
s'agit d'un clip de huit minutes inspiré des auto-portraits photographiques que l'on
pouvait trouver dans le livret de "Métamorphoses". La musique de ce clip est
totalement inédite et s'intitule tout simplement "Métamorphoses".
THIERRY ROUAULT-LE NAN (mai 2000)
Cet article est un résumé de la biographie officielle que j'ai écrite et dont la
publication en 31 volumes a commencé en octobre 1992. Cette biographie contient
300 pages d'informations inédites, vous pouvez l'obtenir par abonnement ou la
consulter à la Bibliothèque Nationale de France. Cette biographie, tout comme la
revue Globe-Trotter, est protégée par la loi du 11 mars 1957 relative au code de la
propriété intellectuelle. Toute reproduction partielle ou totale de ce texte est donc
interdite. Numéro d'ISSN de cette biographie : 1273-2117.

Photo JMJ : copyright Thierry Rouault-Le Nan (1997)


LA SYMBOLIQUE MACONNIQUE DANS L'OEUVRE DE JARRE
(article publié en août 1998 dans Globe-Trotter 26)
De tous temps, les artistes ont aimé insérer des messages cachés dans leurs
oeuvres pour instaurer une certaine complicité avec leur public le plus "initié".
Au 19 è siècle les poètes symbolistes usèrent abondamment de ce procédé.
Ils donnèrent un sens ésotérique à leurs vers et peu sont les lecteurs qui trouvèrent
la clé pour percer les mystères de ces poètes.
Le "verba hermetica" (mot caché) était le nom du procédé employé par les
écrivains du 19è. Par la suite le système se développa et en plus des mots certains
artistes employèrent des images en guise de symboles cachés.
Vous n'aviez peut-être jamais entendu parler de sens caché dans les oeuvres
artistiques auparavant mais vous avez pu remarquer la présence récurrente de
cetaines images dans l'oeuvre de Jarre comme les "yeux" ou la typographie
futuriste employée pour les pochettes de disques avec des " A " et des " E " bien
particuliers. Eh bien ce n'était qu'une petite partie des symboles utilisés par Jarre.
JMJ apprécie la symbolique maçonnique depuis longtemps, il a été marqué
par la Franc-Maçonnerie dès son enfance comme il l'avoua lors d'une interview
pour le journal Libération en septembre 1986 : Le petit Jarre apprend à épier le
silence pour en extraire les chuchotements. Chez lui, parfois, on parle et les mots
deviennent fantasques : "la ville de Lyon est un peu secrète, un peu liée à la
Franc-Maçonnerie. Quand j'étais petit on parlait souvent de ça chez nous. J'avais
un oncle franc-maçon. Pour moi les francs-maçons, c'étaient des maçons plus
grands que les autres. Il y avait deux sortes d'ouvriers du bâtiment, les maçons et
les super-maçons. C'était toujours lié à quelque chose de très intéressant car
quand les gens parlaient, ils disaient : "non ce n'est pas pour les gosses.
Jarre évoquait la Maçonnerie la même année dans le magazine Music video
system :
On connaît mal cette ville (Lyon) et les Français l'aiment peu, en dehors de
la bouffe et de Guignol. Parce que c'est une ville qui ne se livre pas, tout en
ombres et lumières. Lumières, il y a des traditions d'illuminations : la Vierge a
sauvé la ville et depuis, tout les 8 décembre, la cité s'illumine de partout... Ville
d'ombre car ville des francs-maçons, de l'occultisme... C'est un passé et un passif
formidable pour faire un spectacle !
Mais alors me direz vous "C'est quoi la Franc-Maçonnerie ?" et quel est le
rapport entre JMJ et cette institution ?
http://www.multimania.com/francsmacons/index.html
La Franc-Maçonnerie est une institution qui est née au début du 18è siècle
en Angleterre et s'est développée dans tous les pays démocratiques petit à petit.
C'est une institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive
qui a pour objet la recherche de la verité, l'étude de la morale et la pratique de la
solidarité. Elle travaille à l'amélioration matérielle et morale et au
perfectionnement intellectuel et social de l'humanité.

Les symboles maçonniques : on reconnait l'équerre présente sur la pochette


de "Chronologie", le delta lumineux projeté lors du concert pour la Tolérance et
dans le spectacle des Pyramides. En bas à gauche se trouve le niveau présent sur la
couverture du livre "Europe en concert".
Elle a pour principes la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-
même et la liberté absolue de conscience. Vaste programme donc. Pour travailler
les francs-maçons utilisent des symboles en rapport avec le métier de bâtisseur :
héritage des maçons "opératifs" qui construisaient les cathédrales.
Ainsi le symbole le plus connu des francs-maçons est une équerre surmontée
d'un compas. Regardez la pochette de l'album Chronologie vous constaterez que
les "A" de "Jean" et de "Jarre" sont des équerres

45 tours de Chronologie 4
L'équerre pour les francs-maçons est l'emblème de la rectitude et du droit.
Jarre devait posséder une certaine dose de rectitude pour accepter la mission que
lui confiait l'UNESCO en 1993. On note également que Jean-Michel se pronnonça
pour la paix entre les peuples dans son concert pour la "Tolérance" valeur
maçonnique essentielle.
Dans la tournée "Europe en concert" d'autres symboles maçonniques furent
utilisés. Souvenez-vous du visage féminin tracé au laser. Cette femme posait
plusieurs questions dont celle-ci : "Quel âge avez-vous ?". Il s'agit d'une question
d'ordre symbolique qui est posé par le président d'une loge (groupe de francs-
maçons) à un de ses assistants pour ouvrir les travaux.
Dans le final des concerts on remarquait la présence du sceau de Salomon :

Le sceau de Salomon est un des symboles les plus importants de la Franc-


Maçonnerie. C'est le mariage fécond de l'eau et du feu tels qu'ils sont représentés
par les signes traditionnels de l'alchimie (deux triangles inversés), l'un de ces
triangles étant masculin-actif, l'autre féminin-passif. Par conséquent, l'union des
opposés conduit à la paix. C'est exactement dans ce sens que Jarre employa le
sceau de Salomon lors de sa tournée européenne. Ce symbole se trouvait entre des
signes religieux antagonistes (croix catholique, croissant musulman et croix
égyptienne).
Dans le clip de "Chonologie 4", on pouvait voir le pentagramme et le crâne
humain qui sont également des symboles maçonniques. Ces symboles étaient à
peine perceptibles puisqu'ils étaient diffusés à toutes vitesse dans les premières
secondes du clip.
En 1994 Jarre publia un album souvenir de la tournée européenne, cette fois-
ci les "A" en équerre de "Jean" et de "Jarre" furent remplacés par des "A" en forme
de niveau.

Le niveau est un outil essentiel chez les francs-maçons, il est symbole de


l'égalité sociale, base du droit naturel. En aucune façon, il ne représente le
nivellement des valeurs. Il ne peut faire disparaître les nombreuses inégalités de la
nature, les différences profondes existantes. Mais on peut réaliser une certaine
égalité sociale, afin que les droits des hommes, à la vie, à l'instruction, au bonheur,
à la justice, soient les mêmes. C'est ce qui ressort à travers les textes et les images
du livre "Europe en concert". En effet, quelques soient les pays traversés par Jarre
en 1993, on note qu' il a toujours voulu présenter les mêmes images au public.
Pourtant celles-ci pouvaient paraître choquantes pour les autorités de certains pays.
Jarre a su, à sa façon, "niveler" la société. La méthode qu'il emploie pour
rapprocher les peuples est souvent originale et courageuse. Jarre utilise des
messages accessibles aux personnes dotées d'une grande sensibilité
Enfin, lors du concert pour la Tolérance Jarre fit installer trois écrans de
formes différentes. Le public se trouvait en face d' un rond, d'un carré et d'un
triangle. Jarre ne pouvait manquer d'insérer un oeil dans ce fameux triangle
(comme on le voit dans la vidéo du "concert pour la Tolérance") car l'oeil dans le
triangle appelé soleil d'Egypte ou Delta lumineux est le symbole maçonnique le
plus connu avec l'équerre surmontée d'un compas. Ce Delta lumineux est
l'emblème de la science qui éclaire et éclairera de plus en plus les hommes. L'oeil
ouvert figure la Conscience qui dirige, la Sagesse qui observe et qui prévoit le
principe du Bien qui fixe le Mal pour le vaincre. Il évoque la Lumière qui doit un
jour dissiper les ténèbres dans lesquels se débat encore la douloureuse Humanité.
photo : J.P. Thomas
Voilà un petit parcours de la symbolique maçonnique employée par Jarre
dans son oeuvre entre 1993 et 1995. Alors ? me direz-vous, est-ce que Jarre est
franc-maçon ? Est-il nécessaire d'être Maçon pour s'intéresser à la franc-
maçonnerie ? Disons que Jarre est poussé par une certaine curiosité concernant
cette institution. Il semblait intéressant de développer des pistes induites dans la
presse par JMJ (Libération MVS et Bild) et à la télé (Grand public sur TF1). <voir
suite de cet article dans Globe-Trotter n°27 (clip "chronologie 4) et 28 (concert de
Hong Kong)>

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