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L’INDEPENDANT
Vercruysse au presque parfait « Pas pris de haut »
ÉMOTION
Jean Vercruysse, 20
ans, ancien
pensionnaire du
centre de formation
de Montpellier
jusque l’été dernier a
réalisé, face à son
ancien club, un
match XL. Manquait
que la qualification.
I
l aurait pu être l’un des
héros de la soirée
« Coupe » de mardi, clô-
turée sur un revers face
au MHSC (1-2). Pour autant,
Jean Vercruysse, qui embras-
sait là son premier quart de
finale (pour sa première par-
ticipation...) de Coupe de
France, dans la lumière de
Gilbert-Brutus, a bien reçu
une ovation digne des plus
grands gladiateurs, de la part
de la poignée de spectateurs
autorisée à être dans l’arène,
après sa sortie à la 65e mi-
nute de jeu. « Ça fait plaisir,
c’est certain, même si à froid,
c’est vraiment dommage, car
nous sommes conscients que
nous aurions pu aller chercher
cette qualification, avouait «
Jeannot ». Mais bon... arriver à
ce stade de la compétition, c’est
quelque chose d’incroyable ».
■ Un avenir à tracer
Et si les Maritimes se sont vir-
tuellement retrouvés en de-
mies pendant près de qua-
rante-minutes, c’est en partie
grâce au natif d’Hazebrouck.
Oppressant sur les Pailladins,
il s’était alors lancé dans une
course folle avec le « chefe »
de la défense héraultaise, Hil-
ton, de plus de deux fois son
aîné (43 ans !). « J’hérite du
ballon, et je vois qu’il revient
dans mon dos... je décide de lui
passer devant, pour lui laisser
deux options : soit il me fauche,
soit il me laisse tirer ». Et au fi-
nal, le Brésilien coupera la
course du milieu relayeur ca-
nétois en pleine surface, éco-
pera du rouge, et verra Tou-
fik Ouadoudi profiter de
l’aubaine, de sang-froid. «
C’était tout bénef pour nous,
tourner à la pause à 1-0 avec un
carton rouge... nous étions bien.
Par la suite, en deuxième pé-
riode, nous n’avons pas assez
◗ 92e : Bertaud, le gardien héraultais félicite Cozza qui vient de con-
trer la frappe de MBimba, évitant l’égalisation canétoise.
◗ Jean Vercruysse a retrouvé ses potes du centre de formation où il jouait encore l’an dernier.
conservé le ballon, et nous pre-
nons ce but sur une erreur d’in-
attention qui nous mine. Et ce
penalty en fin de match qui nous
est fatal ».
Ce second but d’Andy Delort
qui le privait, lui et ses co-
pains, d’un aller simple pour
le paradis en compagnie de
Rumilly, autre club de Natio-
nal 2 encore engagé à ce
stade de la compétition. Mais
ce diable de Delort a pris un
malin plaisir à éparpiller les
songes catalans. Toutefois,
au moment de débriefer sur
une soirée forcément parti-
culière pour lui, qui croisait
le fer avec son ancien club,
le supporter de Lyon ne pou-
vait s’empêcher d’afficher un
large sourire. Ce fut l’occa-
sion de voir ses vieux potes
de « promo » Joris Chotard
et Clément Vidal, qu’il avait
côtoyé sous le maillot «
orange et bleu ». « Avant la
rencontre, nous avons discuté,
nous nous sommes chambrés, «
est-ce que tu joues, est-ce que tu
joues pas »... c’était cool. Mal-
heureusement, Joris est rentré
en fin de match, et j’étais sorti.
Sinon, je l’aurai eu dans ma zone
». Mais surtout, l’occasion
pour le jeune homme de se
prouver à lui-même qu’il était
capable de grandes choses.
« Je ne tire que du bon de cette
magnifique épopée. De disputer
des gros matches, contre des
grosses équipes, engranger un
maximum d’expérience... et puis,
nous avons fait quelque chose
d’immense, nous avons marqué
l’histoire du club. C’est tout ce
◗ Le coup de sifflet vient de retentir et l’attaquant canétois Raphaël
Pioton s’écroule alors que Maxime Ferry semble sonné.
qui compte ». En parlant du
CRFC, il se trouve que le fan
de Leo Messi n’avait signé
que pour un an sur les bords
de la Côte Radieuse. Alors,
partira, partira pas ?
« Pour l’instant, je ne me pose
pas la question de mon avenir.
Je vais récupérer, décompresser
de toutes les émotions emmaga-
sinées, et y réfléchir d’ici quel-
ques semaines ». Au final, l’is-
sue somme toute pleine de
dramaturgie dans cette
Coupe de France ne laissera
pas trace de traumatisme
dans l’esprit de Jean Ver-
cruysse, au contraire. Et au
passage, le garçon nous a
prouvé une chose. C’est que
rien n’est impossible, à 20
ans...
Mickaël Gumiel
JEUDI
22 AVRIL 2021
INTERVIEW
Entraîneur adjoint à Montpellier, le
Catalan Pascal Baills, 56 ans,
revient sur l’élimination de Canet.
◗ Le Catalan Pascal Baills, adjoint de Michel Der Zakarian, aux cô-
tés du président Laurent Nicollin. Photos Michel Clementz
Avec le recul, êtes-vous soulagé d’avoir franchi l’écueil canétois ?
Nous savions que ça allait être difficile. A aucun moment, nous
n’avons pris Canet de haut. Une demi-finale, la première depuis
1997 (défaite à Guingamp) nous tendait les bras, nous ne
voulions pas laisser passer cette chance. Canet nous a mené la
vie dure une mi-temps même si nous ne sommes pas trop mis en
danger avant l’expulsion (Hilton, 24e). Remarquez, nous non plus
nous ne sommes pas vraiment menaçants en évoluant trop
latéralement. Oui, nous étions performants dans la conservation,
mais bon, c’était stérile.
Avez-vous douté dans le match ?
Oui forcément, lorsque vous êtes menés 1-0 à la mi-temps, que
votre adversaire a déjà prouvé contre Marseille et Boulogne qu’il
savait tenir un résultat. Et puis vous savez, vous n’êtes pas à
l’abri d’un coup franc, comme celui de Posteraro contre l’OM par
exemple. A la mi-temps, il nous a fallu modifier quelques petites
choses comme notre façon d’attaquer car nous aurions pu jouer
trois jours sans pour autant marquer. Je n’oublie pas non plus
que Nicolas Cozza sauve l’équipe à la toute dernière minute.
La double occasion de Canet à la 45e (Posteraro puis Ouadoudi
face au gardien) n’est-elle pas le tournant du match ?
Peut-être oui. Mais notre gardien (Dymitri Bertaud) réalise deux
parades importantes. Comme sur la frappe de Martin en
deuxième période…
Et puis Andy Delort a fait le reste…
Il leur a fait mal oui. Gaetan Laborde et Stephy Mavididi étaient
un peu émoussés après leur match à Lille, les rentrées de Petar
Skuletic et Elye Wahi ont dynamisé l’équipe.
Quel jugement portez-vous sur l’équipe de Canet ?
Ils ont vécu une belle aventure. J’ai bien aimé leur organisation
avec un milieu de terrain supplémentaire par rapport à nous. Le
coach savait que nous aimons avoir la balle avec nos joueurs
techniques. L’ensemble était bien en place et ça a bien
fonctionné jusqu’au moment où nous avons davantage joué en
profondeur. Mais en face, il y a des joueurs de qualité. J’ai bien
aimé Pioton, l’attaquant, et leur côté droit, l’association Martin-Baï.
Recueilli par A.H.
LE TWEET
◗ Fin du match, les joueurs de Montpellier font une haie d’honneur
aux Canétois qui quittent, tête haute, la compétition.