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Au-delà du formalisme, une architecture

complexe et contradictoire
Peter Eisenman, Cardboard Architecture, 1969
nora perarnaud-Faculté D’Architecture ULB-2012/2013
Sous la direction de Jean-Didier Bergilez et Denis Derycke
1
Au-delà du formalisme, une architecture
complexe et contradictoire

Peter Eisenman, Cardboard Architecture, 1969

Durant les années 1960, le climat


architectural est caractérisé par la com-
plexité et la diversité des débats en réaction
au contexte socio-politique de l’époque.
Dans la pluralité des positions, certains des
architectes réagissent au présupposé Form
Follows Function. Cette vision de l’architec-
ture avait mené certains architectes à attri-
buer aux formes architecturales le rôle de
représenter une fonction et d’incarner un
programme. Au sein de ces débats, Peter
Eisenman, architecte américain, s’inté-
resse à la forme architecturale et tente de
dépasser le postulat du fonctionnalisme.
Peter Eisenman construit son lan-
gage architectural sur le déclin du Style
International et le rejet des présupposés
fonctionnalistes. Dans la lignée de Colin
Rowe, il s’intéresse à la forme du bâti et aux
principes de génération de l’architecture.
Pour lui, l’architecture est « par essence le
don de la forme » 1 . Il refuse de s’encombrer
de la plupart des éléments extérieurs à cette
Fig.1: Axonométrie de la House II, dernière. Ainsi, il ne se préoccupe pas de
Peter Eisenman, 1969 (1) l’aspect social, politique et fonctionnel de
l’architecture. Il la considère telle un objet

1
KORMOSS, Bernard, Peter Eisenman, Theories and Practices,
(2007 Faculteit bouwkunde)
2 3
autonome. Nous nous intéresserons ici à
son travail, et plus particulièrement à ses
Cardboard Architectures 2 présentées pour la
première fois lors de l’exposition les New
York Five, au MOMA à New York en
1967 3 . (Fig.1)
Les Cardboard Architectures mon-
trées lors de l’exposition sont réunies
dans le livre New York Five qui parut
deux ans plus tard. La House II y est
présentée par une succession de dia-
grammes prenant la forme d’axonomé-
tries filaires. (Fig.2) A travers les différents
schémas juxtaposés, des transformations
spatiales se succèdent jusqu’à arriver
à l’objet final. La House II fait partie
d’un ensemble de treize maisons rassem-
blées sous le pseudonyme des Cardboard
Architectures. On peut définir deux
grandes phases importantes dans ce tra-
vail. La première est composée des mai-
sons de la House I à la House IX. Dans
ces dernières, il opère des séries de trans-
formations géométriques à partir de la
forme élémentaire du cube : translation,
rotation, symétrie, dédoublement…

Fig.2: Diagrammes de la House II, Peter Eisenman, 1962 (2)

2
EISENMAN, GRAVES, GWATHMEY (…), Five Archi-
tects : Eisenman, Graves, Gwathmey, Hejduk, Meier,
Museum Of Modern Art, (New York, NY), (Oxford Univer-
sity Press, New York)

3
IDEM,p 17

4 5
Les procédés de transformations deviennent
progressivement de plus en plus complexes
dans les projets. A partir de la House X, il
abandonne son processus de déformation
linéaire du cube et développe un procédé de
Dé-composition 4 .
Nous nous intéresserons ici
particulièrement à la House II car elle nous
paraît représentative de la première phase
de travail de Peter Eisenman. De plus, ayant
été construite, elle permet d’appréhender
l’entièreté du processus de création et de
révéler le paradoxe qui habite cette mai-
son. Bien qu’il rejette les postulats liés à
l’architecture moderniste – l’aspects so-
Fig.3: Photographie de la Casa del Fascio,
cial, fonctionnel et structurel de l’archi-
Giuseppe Terragni,1936, Come,Italie(3) tecture- Peter Eisenman intègre dans
ses projets des références formelles
propres aux archétypes de cette dernière.
Effectivement, la House II est réalisée
en référence à la Casa Del Fascio 5 (Fig.3) de
Giuseppe Terragni qui conçoit ce bâtment
entre 1932 et 1936 sur la Piazza del Popolo,
à Côme, en Italie. Peter Eisenman est inté-
ressé par la forme et les procédés spatiaux
qu’utilise Terragni. En 1963, lors de

4
A partir de la House X, Peter Eisenman adopte le procédé de
décomposition.« La décomposition propose une conception non
unitaire de l’objet et ainsi un processus dans lequel les étapes
ne sont ni clairement prévisibles, ni reliées logiquement de la
cause à l’effet. Il n’est pas certain que l’objet « final » soit la
description de sa propre histoire ». Architecture et complexité,
Alain Farel, p.159
5
TERRAGNI Attilio, LIBESKIND Daniel, ROSSELLI Paolo,
The Terragni Atlas, Built Architectures, (Skira, Geneva-Mi-
Fig.4: Diagrammes de la Casa del Fascio, Peter lan,2004)p 146,215
Eisenman, 1963(3)
6 7
l’écriture de sa thèse, The Formal Basis Of en exergue. De ce fait, ils sont différents
Modern Architecture 6 , il exécute une série d’un plan ou d’un dessin : ils permettent de
de diagrammes analytiques (Fig.4) qui lui mettre à jour des structures latentes non ré-
permettent de mettre en avant les procédés vélées. Dans sa thèse, Peter Eisenman utili-
spatiaux à l’œuvre dans la Casa del Fascio. sera des diagrammes analytiques pour enfin
Chacun des diagrammes met en exergue les intégrer dans le processus de conception
un aspect de la composition du projet. Le de ses Cardboard Architectures.
bâtiment est formé d’un cube qui subit Son travail a parfois été critiqué
des divisions tantôt additives et tantôt pour son « formalisme névrotique » et son
soustractives. C’est par ces deux procédés « manque de substance philosophique ». 8
spatiaux que le projet se construit. Cependant, il nous semble qu’à travers ses
Ces transformations serviront de fon- Cardboard Architectures, Peter Eisenman
dement dans le processus de concep- révèle des procédés spatiaux intéressants et
tion de ses Cardboard Architectures. soulève des questions de représentations in-
A l’aide de schémas axonométriques, hérentes à la production architecturale. Son
Peter Eisenman soutient que Terragni travail manifeste « de la complexité et de la
développe une ambiguïté conceptuelle en contradiction mais appliquée à des proto-
superposant deux conceptions de l’espace: types révérés du mouvement moderne
d’une part des stratifications additives et (…) ». 9
d’autre part des soustractions de volumes. Par le biais de l’analyse de la House
Aucun des systèmes n’est dominant, ils II, nous mettrons en évidence dans ce texte
coexistent et créent ainsi une ambigüité les spécificités d’utilisation du diagramme
spatiale. 7 Dans sa lecture du projet, Peter par Peter Eisenman. Nous constaterons
Eisenman utilise les diagrammes comme un d’une part que ce qui caractérise son tra-
outil d’analyse : ce sont des représentations vail est l’utilisation d’un processus dia-
graphiques permettant de mettre en avant grammatique et, d’autre part, le large em-
des caractéristiques propres à un objet ou à ploi d’idées théoriques liées au diagramme.
une idée. Ils révèlent un aspect formel Ensuite, nous nous intéresserons aux enjeux
de l’objet éventuellement insaisissable et formels qui caractérisent la House II et nous
n’ont pas forcément la forme de la chose examinerons en quoi elle est source de com-
représentée. Les diagrammes s’articulent et plexité et de contradictions spatiales mais
s’organisent selon ce qu’ils veulent mettre également représentationnelles.

6
EISENMAN, Peter, dans The Formal Basis Of Modern Archi- 8
CURTIS William J.R, « Extension et Critique dans les années
tecture, (2006 Lars Muller Publishers, original submitted in 1960 », L’architecture moderne depuis 1900, (Première Edition
August 1963) Française 2004, Phaidon, Paris), p 557
7
R.E Somol, « Dummy Text, or the Diagrammatic Basis Of 9
IDEM, p 557
Contemporary Architecture », dans Diagram Diaries, (1999
8 Universe Publishing, New York), p6, 43 9
Diagramme et théories

L’approche diagrammatique de Peter


Eisenman se singularise dans ses Cardboard
Architectures. Contrairement à ce que nous
avons énoncé précédemment, le diagramme
n’est plus uniquement un outil d’analyse.
Il devient un élément actif dans le proces-
sus de conception. En tant que générateur
du projet, le diagramme est intégré dans le
développement de l’idée. Bien qu’il reste
une forme de représentation, il devient un
médium qui permet de faire le lien entre
l’objet fini et son procédé de création 10 .
Dans les Cardboard Architectures, ce mé-
dium prend la forme d’axonométries filaires
qui se succèdent. (Fig.5) On retrouve ces dif-
férentes étapes intermédiaires dans le pro-
cessus de conception de la House II. Les
diagrammes disposés les uns à la suite des
autres sont dissemblables. Ils retracent les
différentes étapes de transformation. C’est la
lecture simultanée de ces schémas qui donne
naissance au processus diagrammatique.

10
Peter Eisenman, « Diagram : An Original Scene of Writing »,
dans Diagram Diaries, (1999 Universe Publishing, New York),
p26,35
Fig.5: Diagrammes de la House II, Peter Eisenman, 1969(5)

10 11
Contrairement à ce procédé, l’histo-
rien Rudolf Wittkower 11 (Fig.6) fait quelques
années auparavant une analyse des villas de
Palladio. Les schémas qu’il réalise sont des
diagrammes filaires synthétisés à l’extrême.
Chaque villa s’en voit attribuer un qui
représente l’aspect compositionnel des
projets. Ce type de représentation est
nommé la « grille à neuf cases» 12 , car c’est
l’aspect structurel redondant que l’on re-
trouve dans les différents bâtiments. Peter
Eisenman sera influencé par ce type
d’approche dans sa thèse de 1963, ce-
pendant, il spécifiera que le travail de
Wittkower n’est pas inscrit dans un
processus de création. Selon lui, les
diagrammes des villas nous révèlent une
structure compositionnelle sous-jacente aux
villas de Palladio, mais ne nous expliquent pas
la façon de procéder de ce dernier. Avec son
processus diagrammatique, il souhaite nous
révéler les étapes de création de ses projets.
Peter Eisenman théorise ainsi diffé-
rents concepts liés aux diagrammes. Selon
lui, les divers schémas qui composent le
processus diagrammatique représentent les
différentes étapes de conception du projet.
En général, ces étapes ne sont pas visibles
à la fin du dispositif. Mais à travers son
Fig.6: La «grille à neuf cases»,Les Villas de Palla- processus diagrammatique, il les met à
dio, Rudolf Wittkower, 1949(6)
jour. Ainsi, chaque diagramme incarne
« les traces » de ces différentes phases
qui normalement resteraient implicites.

11- WITTKOWER Rudolf, Les principes de l’architecture à la


Renaissance, traduit de l’anglais par Claire Fargeot,( Edition
Passion, Paris, 1996,p 203)
12- IDEM,p 68
12 13
Ce sont des lignes invisibles, sources un élément expérimental. Elle est
des projets qu’Eisenman révèle grâce à manipulable. C’est par le maniement du
l’utilisation de ce processus. Comme nous diagramme que Peter Eisenman souhaite
l’avons dit auparavant, un diagramme mettre en évidence « l’intériorité de l’
montre un aspect de l’objet que nous architecture ».
n’aurions pas vu de prime abord. Dans En outre, c’est par des schémas
le processus diagrammatique, les divers influencés par des concepts issus de la
schémas deviennent une chose en soi et linguistique que Peter Eisenman transforme
ne sont plus à la merci d’une définition, la « syntaxe » architecturale. Cette volon-
d’un objet ou d’une idée. Ici, chaque dia- té de s’approprier des idées linguistiques
gramme représente une phase du proces- singularise son œuvre. Influencé par la
sus : les « traces ». Les schémas font le grammaire générative de Noam Choms-
lien entre l’objet fini et les « traces » qui ky 14 , il utilise les concepts de « structure
les composent, ou ce qu’Eisenman qualifie profonde» et « structure de surface » de
d’« intériorité de l’architecture ». Les manière métaphorique dans son travail. En
diverses marques sont inscrites dans la effet, pour Peter Eisenman, la relation qui
« syntaxe » de l’architecture. existe entre la forme physique de l’objet et
En effet, dans les Cardboard la structure conceptuelle est définie par la
Architectures, l’architecte américain « structure profonde » et la « structure de
s’intéresse à l’aspect « syntaxique » de surface ». La « structure profonde » est
l’architecture (c’est-à-dire les règles) et non conceptuelle, elle peut être définie comme
pas à la « sémantique» (le sens que pour- la «syntaxe», c’est-à-dire les ensembles
rait avoir les éléments qui la compose). Par de règles qui régissent la composition en
le concept « d’intériorité de l’architecture architecture. Elle résulte de chaque étape du
», son travail explore des procédés spa- processus de conception. La « structure de
tiaux. Cette recherche se fait à travers diffé- surface », quant à elle, est la structure qui
rentes transformations spatiales successives. nous est donnée à voir. C’est la structure
Face à cette utilisation du diagramme, il formelle perceptible. Elle est produite à
renforce les divergences qui existent entre travers la « structure profonde » et est
son approche et celle de R. Wittkower. Selon marquée par les traces successives dues
Eisenman, ce dernier est, à travers la « grille aux transformations de cette dernière. 15
à neuf cases», à la recherche d’une « grille
idéale ». 13 Contrairement à lui, il veut par 14- CHOMSKY Noam, Structures Syntaxiques, traduit de l’an-
glais par Michel Braudreau, L’ordre Philosophique, (Edition du
l’utilisation du diagramme faire de la grille Seuil,Paris,1969)
15- Thomas Patin, « From Deep Structure to an Architecture in
R.E Somol, « Dummy Text, or the Diagrammatic Basis Of
13 Suspense : Peter Eisenman, Structuralism, and Deconstruction
Contemporary Architecture », dans Diagram Diaries, (1999 », dans Journal of Architectural Education, (1984), Vol. 47, No.
Universe Publishing, New York), p6, 43 2 (Nov., 1993),Blackwell Publishing on behalf of the Associa-
14 tion of Collegiate Schools of Architecture,Inc, pp 88-100 15
La «syntaxe» est un élément
générateur dans ses Cardboard Architectures. représente une transformation.
Dans la House II, elle remplace les éléments Dans ses Cardboard Architectures,
traditionnels « externes » ou « sémantiques» Peter Eisenman conceptualise et théorise
qui normalement engendrent la forme des termes comme « intériorité de l’archi-
architecturale : le corps humain, l’échelle, tecture », « Structure de Surface », « Struc-
la fonction… 16 Comme nous l’avons ture Profonde »… Cependant, ce qui nous
énoncé précédemment, Peter Eisenman semble plus fondamental, c’est la façon
souhaite décharger l’enveloppe phy- dont il manipule l’espace. En effet, la House
sique de toutes les fonctions qui lui sont II révèle deux niveaux de lecture : d’une
normalement attribuées et de toutes les part, une lecture théorique, nourrie des
significations liées aux éléments qui la différents termes définis par Peter Eisenman
composent. Ainsi, une colonne ne devrait et, d’autre part, une lecture spatiale qui se
pas être perçue comme un élément struc- réfère aux différentes relations formelles que
turel. La construction de la House II ques- le projet comprend. Par ces différents niveaux
tionne la matérialité de l’architecture, elle de lecture, l’œuvre de Peter Eisenman se
semble « irréelle », conçue telle une ma- caractérise comme étant un travail complexe.
quette géante. La matérialité abstraite de
l’objet accentue l’intérêt formel de Peter
Eisenman pour l’architecture. De plus, elle
permet d’appréhender la House II dans sa
spatialité la plus pure, sans autres contin-
gences extérieures. L’utilisation du terme
Cardboard Architecture prend alors tout
son sens : c’est une métaphore d’intention
pour Peter Eisenman 17 . Il est captivé par
les principes générateurs qui créent l’archi-
tecture et la House II manifeste cet inté-
rêt. Le passage de la « structure profonde
» à la « structure de surface » se fait selon
des procédés de transformation limités par
des règles simples : rotations, compres-
sions, redondances… Chaque axonométrie
16
Thomas Patin, « From Deep Structure to an Architecture in Fig.7: Croquis Axonométriques de la House II, Peter Eisenman, 1969(7)
Suspense : Peter Eisenman, Structuralism, and Deconstruction
», dans Journal of Architectural Education, (1984), Vol. 47,
No. 2 (Nov., 1993),Blackwell Publishing on behalf of the Asso-
ciation of Collegiate Schools of Architecture,Inc, pp 90
17
IDEM, p.91
16 17
Diagrammes de diagrammes?18

Les diagrammes d’Eisenman sont


inspirés des schémas spatiaux modernistes:
d’une part de la « structure Dom-ino
» 19 (Fig.8) et, d’autre part, du « nine square
problem » 20 (Fig.9) . Mais avant de dévelop-
per le rapprochement qui existe entre ces
sujets, il est important d’opérer une distinc-
tion. Un diagramme et un processus dia-
grammatique sont deux choses différentes.
Bien qu’un processus diagrammatique soit
composé de diagrammes, un diagramme
n’est pas un processus diagrammatique.
Fig.8: «Structure Dom-ino», Peter Eisenman,
1963(8) Comme énoncé précédemment, un dia-
gramme est une représentation graphique
qui permet de mettre en avant des caracté-
ristiques propres à un objet ou une idée. Il
est à la merci de l’objet qu’il dénote. Le pro-
cessus diagrammatique quant à lui est bien
évidemment composé de diagrammes, mais
c’est l’ensemble et la succession de ces der-
niers qui compose le processus. De plus, ce
procédé mène à une finalité phy-
sique et ne se cantonne pas à la
seule représentation graphique.

18
Le titre est en référence au texte d’Anthony Vidler, « Dia-
Fig.9: «The nine square problem», John grams of Diagrams : Architectural Abstraction and Modern Re-
Hejduk, 1964(9) presentation », dans Representation 72, Fall 2000, the Regents
of the University of California, ISSN 0734-6018, p 1-20
19
LE CORBUSIER, STONORON Oscar, Le Corbusier et Pierre
Jeanneret : Œuvre Complete de 1910-1929, publiés par W. Boe-
siger et O. Stonorov, introduction et textes par Le Corbusier,
(Edition d’Architecture Erlenbach, Zurich, 1946), p21
20
HEJDUK John, Mask Of Medusa, edited by Kim Shkapich,
introduction by Daniel Libeskind,( published in the United
States of America in 1985 by Rizzoli International Publica-
18 tions), p47 19
Revenons maintenant à Le
Corbsier et à la « structure Dom-ino » réa-
lisée en 1914 21 . Elle est composée d’un
système poteau-poutre. Ce système de
construction permet une certaine liberté
spatiale. Les fonctions sont complètement
indépendantes de la structure. La composi-
tion des espaces n’est plus totalement sou-
mise aux impératifs structurels. La « struc-
ture Dom-ino », et plus particulièrement
l’image mentale et graphique que nous avons
d’elle, peut être qualifiée de diagramme.
Elle est avant tout une structure et une
avancée technique majeure pour l’époque
et elle incarne une nouvelle façon d’envi-
sager l’espace. Dans sa thèse de doctorat 22 ,
Peter Eisenman reprend le développement
compositionnel de Le Corbusier de ses Four
Compositions 23. (Fig.10) Ces dernières sont des
instances issues des avancées constructives
de la « structure Dom-ino », c’est grâce à
cette dernière que de telles conceptions spa-
tiales sont possibles. Dans son texte sur les
Cardboard Architectures 24 ,Peter Eisenman
débute en rappelant que ce sont les pro-
grès issus des technologies modernes qui
ont permis de concevoir l’espace autrement
que par des contraintes constructives ou
fonctionnelles. L’espace n’est plus limité par
21
LE CORBUSIER, STONORON Oscar, Le Corbusier et Pierre
Jeanneret : Œuvre Complete de 1910-1929, publiés par W. Boe-
siger et O. Stonorov, introduction et textes par Le Corbusier,
(Edition d’Architecture Erlenbach, Zurich, 1946), p21
Fig.10: Four Composition, Peter Eisenman, 1963(10) 22
EISENMAN, Peter, dans The Formal Basis Of Modern Archi-
tecture, (2006 Lars Muller Publishers, original submitted in
August 1963)
23
IDEM,p 106
24
EISENMAN Peter, « Cardboard Architecture : House II »,
dans Five Architects : Eisenman, Graves, Gwathmey, Hejduk,
Meier, Museum Of Modern Art, (New York, NY), (Oxford Uni-
20 versity Press, New York) 21
ces contingences ; un mur ou une colonne
ne sont plus nécessairement la résolution
d’un problème tectonique. Peter Eisenman
se nourrit des avancées de son époque. Ces
dernières ont été mises au point théori-
quement et conceptuellement par les pères
fondateurs du modernisme. La House II
est donc un projet dérivé de la « structure
Dom-ino ».
Quant au «nine square problem»,
il est connu en tant qu’outil pédago-
gique dans les écoles d’architecture améri-
caines. C’est un exercice enseigné par John
Hejduk lorsqu’il était professeur à la
Cooper Union dès 1964 25 . Ce diagramme 26
suppose que l’architecture peut être
fondée sur une articulation de dialectique.
Ces oppositions se définissent en tant que
conflit entre des concepts tels que : centre
et périphérie, vertical et horizontal, plan et
volume… A travers son utilisation, les élé-
ments constitutifs de l’architecture sont mis
en exergue: grilles, trames, poutres, plans
27
… La composition architecturale s’assume
ici comme une logique de contradiction et
d’ambiguïté spatiale. Cette même complexi-
té se retrouve dans la House II (Fig.11 et 12) . La
structure de base du projet est le «nine square
problem». En effet, à travers l’examen des
croquis de conception du projet, on perçoit
cette structure. Elle est la base spatiale
Fig.11: Croquis des plans de Fig.12: «The nine square problem», John
la House II, Peter Eisenman, Hejduk, 1964(12)
1969(11) 25- John Hejduk enseignera à la Cooper Union à partir de 1964
jusqu’à la fin des années 1990. Il inculquera aux étudiants une
approche de l’architecture à travers le nine square problem.
26- HEJDUK John, Mask Of Medusa, edited by Kim Shkapich,
introduction by Daniel Libeskind,( published in the United
States of America in 1985 by Rizzoli International Publica-
tions), p 37
22 27- IDEM, p 37 23
de la House II. Au cours du processus
diagrammatique, le conflit entre les diffé-
rentes conceptions spatiales se révèle. Le
processus de transformation est construit sur
ces oppositions. Ainsi, à travers son utilisa-
tion, les Cardboard Architectures s’assument
en tant qu’exercice et recherche spatiale.
L’œuvre diagrammatique de Pe-
ter Eisenman se réfère directement aux
avancées modernistes. La « structure
Dom-ino » et le «nine square problem» sont des
archétypes de ce mouvement architectu-
ral. Ce sont des modèles de conception de
l’architecture et des figures spatiales et
structurelles. Avec l’utilisation de ces
diagrammes dans son travail,Peter Eisenman
intègre l’essence spatiale du modernisme.
Il expérimente, manipule, transforme et
altère ces archétypes. Le processus diagram-
matique lui permet de tester ces concepts
jusqu’à leur paroxysme.

24 25
références formelles

Les références aux œuvres moder-


nistes ne se cantonnent pas à l’appro-
priation et à l’expérimentation de leur
diagramme. Il existe clairement des liens
formels entre la House II, la Casa del
Fascio de Terragni 28 et la villa à Garches de
Le Corbusier 29 . En effet, on retrouve dans
le projet de la House II des conceptions
d’espaces opposés caractéristiques de l’ana-
lyse de 1963 de Peter Eisenman du projet
de Terragni 30 . (Fig.13) Certains schémas de la
House II (Fig.14) sont élaborés à partir d’une
lecture de l’espace soit en plan, soit en
volume. Tout au long du processus dia-
grammatique, ces conceptions entrent en
conflit. Une dialectique est créée à travers
une compréhension additive et soustractive
de l’espace. Dans les nombreux diagrammes
utilisés, les quatre premiers permettent d’en
illustrer la logique. Les deux premiers sché-
mas sont deux cubes respectifs superposés
de manière décalée. La vision de l’espace est
perçue en tant que volume. Ces deux paral-
lélépipèdes sont ensuite subdivisés en une
grille de neuf à l’aide de plans verticaux.
L’espace est désormais appréhendé en plan.
28
TERRAGNI ATTILIO, LIBESKIND Daniel, ROSSELLI
Paolo, The Terragni Atlas, Built Architectures, (Skira, Geneva-
Milan,2004)p 146,215
29
LE CORBUSIER, STONORON Oscar, Le Corbusier et Pierre
Jeanneret : Œuvre Complete de 1910-1929, publiés par W. Boe-
siger et O. Stonorov, introduction et textes par Le Corbusier,
(Edition d’Architecture Erlenbach, Zurich, 1946), p42
Fig.13: Diagrammes de La Casa del Fascio, 30
EISENMAN Peter, Giuseppe Terragni Transformations Decom-
Peter Eisenman, 1963(13)
positions Critiques, with texts by Giuseppe Terragni and Man-
fredo Tafuri,( the Monacelli Press, New York, 2003)
26 27
Il y a une alternance de jeux volumé-
triques et d’opérations de stratifications des
instances du processus diagrammatique.
De plus, le procédé de conception
du projet s’opère selon les principes de
stratifications spatiales horizontales et ver-
ticales, caractéristiques de la description
de la villa à Garches de Le Corbusier par
Colin Rowe et Robert Slutzky. Dans leur
essai Transparence Réelle et Virtuelle 31 , ils
entreprennent de définir le concept de
« transparence ». Selon eux, il en existe deux
types : « la transparence peut être une pro-
priété inhérente au matériau, comme dans
le cas d’un mur rideau par exemple, ou bien
la transparence est une qualité particulière
du mode d’organisation. Il est donc possible
de distinguer une « transparence réelle » ou
« figurée », et une « transparence virtuelle
» ou « transposée ». 32 Ils rendent compte de
la problématique à atteindre la « transpa-
rence virtuelle » en architecture, en effet,
elle devient forcément « réelle » étant donné
que le bâtiment est une réalité physique.
Cependant, suite à l’exemple de la Vil-
la à Garches (Fig.15) de Le Corbusier, ils vont
Fig.14: Diagrammes de la House II, Peter Eisenman, 1969(15) montrer comment la « transparence virtuelle
» est plausible en architecture. Dans cette
villa, Le Corbusier réalise une ambiguïté
spatiale propre à cette dernière. Elle est créée
par le jeu des stratifications horizontales et
verticales des plans qui composent le projet.

31
ROWE Colin et SLUTZKY Robert, Transparence Réelle et Vir-
tuelle, Droits de Regards, (les Editions du demi-cercle, Paris,
1992)
32
IDEM, p 60
28 29
Ainsi, l’originalité de Le Corbusier est de
créer à travers le jeu des trois niveaux de
profondeur des plans de la façade la
« transparence virtuelle ».Rowe et Slutzky
confrontent ce procédé avec la composi-
tion du tableau les Trois Faces de Fernand
Léger. 33 (Fig.16) On retrouve dans cette
œuvre les jeux d’aplats qui se « super-
posent, se combinent, se contiennent et
s’excluent en alternance 34 ». On distingue la
même ambigüité spatiale dans House II. Le
projet reprend le procédé de conception
qui « tend, en une même opération, à croi-
ser deux systèmes de coordonnées 35 ». Le
croisement de ces deux systèmes crée une
ambigüité visuelle. De ce fait, dans la
Fig.15: Photographie de la «villa à Garches», Le Corbusier, 1927(15) House II, « la réalité de l’espace profond
est confrontée en permanence à la virtua-
lité de l’espace sans profondeur. La tension
qui en résulte enchaîne lecture sur lecture.
Les « quatre » couches d’espaces qui arti-
culent chacune des dimensions verticales du
volume du bâtiment, et les quatre plans qui
le coupent horizontalement, retiennent l’at-
tention tour à tour. Cette trame spatiale est
la résultante d’interprétations changeantes
et ininterrompues 36 ». (Fig.17)
A travers les différents schémas
de son processus diagrammatique, Peter
Eisenman utilise ces « deux systèmes de
coordonnées » de manière complexe et contra-
dictoire. En effet, la House II est composée
Fig.16: Peinture les Trois Faces, Fernand Léger, 1932(16)
33- ROWE Colin et SLUTZKY Robert, Transparence Réelle et
Virtuelle, Droits de Regards, (les Editions du demi-cercle, Paris,
1992),p 37
34- IDEM, p 38
35- IDEM, p 60
36- IDEM, p 60
30 31
d’une redondance structurelle; d’une part
une structure portante et d’autre part une
structure non portante. Tout au long du
processus transformationnel, la matérialisa-
tion de la seconde structure disparaît, seules
subsistent les traces de cette dernière. A
travers les marques laissées visibles,
Eisenman souhaite rendre manifeste la
seconde structure. Il souhaite inci-
ter le spectateur qui déambule dans la
House II à recréer la maison conceptuelle.
Rosalind Krauss 37 explicite l’usage
des deux structures précitées. L’utilisation
d’une structure redondante fait appel, selon
elle, à deux niveaux de lecture. Le spectateur
qui déambule dans la House II est confronté
à ces deux systèmes, alors que le premier se
réfère à la structure portante, le deuxième
agit comme un signal dans l’espace. La
deuxième structure fait appel à un autre
niveau de lecture. En effet, une colonne
qui ne supporte rien, par sa position et son
aspect non structurel, se rapporte à d’autres
éléments. Elle fait référence à un bâtiment
conceptuel qui existe à travers les diffé-
rentes traces visibles dans l’objet réel. De
Fig.17:Zoom Axonométrie de la House II, Peter
Eisenman, 1969(17) plus, ce système révèle les règles de trans-
formation qui ont généré le bâtiment. Peter
Eisenman souhaite que le spectateur qui
se trouve dans la House II puisse recompo-
ser dans son esprit le bâtiment conceptuel.
Finalement, c’est cette recomposition men-
tale par le spectateur qui importe le plus à
Eisenman.
37
KRAUSS Rosalind, « Death of a Hermeneutic Phantom :
Materialization of the Sign in the work of Peter Eisenman »,
Peter Eisenman and Houses of Cards, (Oxford University Press
32 New York Oxford, 1987), p 177 33
ambiguité représentationnelle

La House II est complexe à plusieurs


niveaux ; premièrement par les procédés
spatiaux qu’elle développe, ensuite, par
les choix des représentations graphiques
qui composent son processus de genèse.
En effet, le projet est présenté à travers
différents médiums : diagrammes, plans,
coupes, élévations, maquettes et photogra-
Fig.18: Plan de la House II, Peter phies de l’objet fini (Fig. 18,19,20,21,22) . Ces
Eisenman, 1969(18)
représentations sont singulières : elles sont
abstraites. Par exemple, les plans, coupes et
élévations ne donnent aucun renseignement
quant à l’échelle du bâtiment. Les photo-
graphies de la House II relèvent cette même
abstraction ; elles sont soit frontales, soit
obliques. Elles mettent en exergue tantôt
les notions de « transparence virtuelle »,
tantôt celles de la complexité spatiale issue
du processus diagrammatique. De plus,
elles sont en noir et blanc, ce qui renforce
Fig.19: Elévation de la House II, Peter
Eisenman, 1969(19) l’aspect abstrait de ces dernières. Il y a une
ambivalence entre tous ces divers do-
cuments. Le diagramme final issu du
procédé de conception et l’objet construit
sont identiques : le diagramme est l’objet.
Selon Eisenman, à l’instar des dessins,
plans et maquettes, ces représentations
incarnent l’objet construit. Nous avons à
faire à une sorte « d’auto architecture ».

Fig.20: Coupe de la House II, Peter


34 Eisenman, 1969(20)
35
Sa représentation est l’objet, l’objet est sa
représentation. 38 Cette ambivalence entre
représentation graphique et objet fini
contribue à manifester une ambiguïté de
lecture.
De plus, l’utilisation de l’axonomé-
trie dans le processus diagrammatique est
significative. L’axonométrie est une repré-
sentation graphique qui permet de voir
simultanément la totalité de l’objet. Les
rapports de proportions sont respectés.
Ce médium est considéré comme porteur
d’objectivité ; le point de vue est renvoyé
à l’infini et n’inclut pas le spectateur. Par
le choix de cette représentation graphique
Eisenman confirme et renforce sa volonté
de proposer une architecture autonome.
L’axonométrie se réfère totalement à l’ob-
jet et exclut le spectateur. Elle permet de
se concentrer sur les paramètres composi-
tionnels de la House II et ses déploiements
formelles. Il existe cependant un paradoxe
dans l’utilisation de ce médium. Alors que
par l’utilisation de l’axonométrie il exclut
un spectateur, l’objet construit inclut, lui,
un usager. A travers la construction du pro-
jet, nous sommes finalement englobés dans
le processus de conception. En définitive,
Fig.21: Photographies de la House II, Fig.22: Croquis des plans de la House
Peter Eisenman, 1969(21) la diversité des médiums utilisés et l’unité
II, Peter Eisenman, 1969(22)
visuelle qui en émane sont à l’origine de
l’ambiguïté de la House II.

38
Thomas Patin, « From Deep Structure to an Architecture in
Suspense : Peter Eisenman, Structuralism, and Deconstruction
», dans Journal of Architectural Education, (1984), Vol. 47, No.
2 (Nov., 1993),Blackwell Publishing on behalf of the Associa-
tion of Collegiate Schools of Architecture,Inc, pp 88-100

36 37
Comme énoncé précédemment, politiques. Le projet est une introspection
à travers l’utilisation de ses représenta- formelle, il explore les questions inhérentes
tions graphiques et son processus dia- à sa propre composition. Eisenman se foca-
grammatique, Eisenman revendique lise sur les opérations transformationnelles
l’autonomie de l’objet architectural. L’abs- des éléments constitutifs de la House II.
traction que l’on retrouve dans sa Cardboard Cependant, la profusion de défini-
Architecture permet de mettre une distance tions telles que « structure profonde »,
entre la réalité physique et l’objet. Elle « structure de surface », « absence de la
ouvre un vaste champ d’expérimentation présence » 39 … rend parfois son travail
sur les processus spatiaux. Il est cependant « hermétique » à la compréhension. «Cette
intéressant de remarquer qu’à un moment, prose indigeste» 40 complexifie le propos
Eisenman se retrouve confronté à la réa- jusqu’à le rendre parfois inintelligible. Or,
lité physique. Il ne peut échapper com- la matérialisation de la House II par des re-
plètement à la réalité matérielle du projet. présentations graphiques abstraites et com-
plexes nous paraît souvent plus enrichissante
que la justification qu’il en donne. Peter
Dans la House II, l’utilisation du Eisenman instrumentalise le diagramme
diagramme se singularise. Il n’est plus pen- au service de son processus de création. Il
sé en tant qu’outil d’analyse mais participe crée un lien entre des concepts issus de la
entièrement à la conception du projet : c’est linguistique et l’architecture. Influencé par
le processus diagrammatique. Peter Eisen- ces derniers, il a permis le développement
man construit une théorie architecturale de l’intérêt pour la forme indépendamment
inspirée des concepts de linguistique de de la fonction. L’objet architectural devient
Noam Chomsky. A travers une métaphore autonome et se construit, il évolue et fonc-
du langage appliquée à l’architecture, il tionne en dehors de toutes contingences
manipule et explore les archétypes du extérieures.
modernisme. La House II est ainsi caractéri-
sée par le maniement de concepts spatiaux
modernistes, ainsi que la volonté de revendi-
quer son statut en tant qu’objet autonome. 39
EISENMAN Peter, « Cardboard Architecture : House II »,
Dans le contexte des Etats-Unis dans Five Architects : Eisenman, Graves, Gwathmey, Hejduk,
Meier, Museum Of Modern Art, (New York, NY), (Oxford Uni-
des années 1960, la House II est l’affirma- versity Press, New York)
tion d’une position face à l’architecture de 40
Evans Robin, « Translations From Drawing To Buildings And
Other Essays », dans Opposition, (1979),n.17, Published For
l’époque. En effet, Peter Eisenman renie The Institute For Architecture And Urban Studies by The MIT
la multiplicité des facteurs qui composent Press, Cambridge, p6-29
l’architecture : il refuse de s’encombrer des 41
IDEM, p 18
questions fonctionnelles, sociales et
38 39
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