COMPTABLES
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La lecture financière
de la comptabilité
L’information comptable
La plupart des systèmes comptables nationaux peuvent être répartis en deux
catégories :
une zone traditionnelle d’influence fiscale (France, Allemagne, Espagne, Italie,
Belgique). L’administration fiscale n’admet comme charges déductibles que les
charges constatées dans les comptes et taxe les produits enregistrés
comptablement. D’où l’utilisation de méthodes comptables visant à minimiser
le résultat publié afin de minimiser l’impôt à payer. L’administration fiscale
joue alors un grand rôle dans la fixation des règles comptables ;
une zone traditionnelle d’influence des marchés de capitaux (Royaume-Uni,
Pays-Bas, États-Unis) où la loi fiscale n’a qu’une influence extrêmement
limitée sur la pratique comptable. Les comptes publiés sont donc établis non
pas dans un objectif fiscal, mais avec le but de transcrire une true and fair
view de la réalité économique, principalement à destination des actionnaires.
Aussi bien en France que dans les pays anglo-saxons, trois autorités influencent la
législation en matière de comptabilité :
l’autorité fiscale (plus particulièrement en France, Italie, Espagne) ;
les associations professionnelles comptables ;
les autorités boursières pour les sociétés faisant appel public à l’épargne.
En France, l’Autorité des normes comptables (ANC) est l’entité unique chargée
d’établir les règlements comptables généraux et sectoriels de la comptabilité privée,
en particulier le Plan comptable général (PCG) qui s’impose à toutes les entreprises
françaises, a minima pour leurs comptes sociaux, et de prendre position sur les
normes comptables internationales (IFRS).
Aux États-Unis, les normes comptables1 sont fixées par le Financial Accounting
Standards Board (FASB).
Les impératifs de publication des comptes peuvent varier d’un pays à l’autre.
Cependant, on retrouve des constantes dans la présentation des états financiers.
L’information comptable se compose en effet au minimum des éléments suivants :
le compte de résultat, qui analyse le résultat de l’activité de l’entreprise
pendant une certaine période (l’exercice). Les normes IFRS laissent l’option
entre présenter un compte de résultat, mais qui doit alors être complété par un
tableau permettant d’appréhender les autres écritures comptables ayant eu un
impact sur les capitaux propres (other comprehensive income), ou substituer
au compte de résultat un tableau de comprehensive income (état du résultat
global) dans lequel le résultat net n’est qu’un solde intermédiaire ;
le bilan, qui présente la situation de l’entreprise à un moment donné (à la
date de clôture de l’exercice). Il est parfois appelé en normes IFRS « État de la
situation financière » ;
l’annexe, qui complète et commente l’information donnée par le bilan et le
compte de résultat. Elle met en évidence les principes comptables et les faits
pouvant avoir une incidence significative sur le jugement du lecteur.
Les commissaires aux comptes sont nommés pour 6 exercices avec pour objectif
principal de vérifier la régularité, la sincérité et l’image fidèle des comptes qu’ils
attestent dans un rapport soumis aux actionnaires ou associés qui approuvent les
comptes en assemblée générale.
Les sociétés par actions et les SARL cotées ou non cotées ont l’obligation de
déposer leurs comptes au greffe du tribunal de commerce dont elles dépendent dans
le mois suivant l’approbation des comptes par les actionnaires ou les associés. Ces
comptes sont mis à disposition du public par les greffes des tribunaux de commerce 2.
2 Bien que l’amende (1 500 € et 3 000 € en cas de récidive) imposée aux dirigeants ne déposant pas leurs comptes
reste faible, la possibilité d’y ajouter une astreinte fixée par le tribunal de commerce incite plus de sociétés à ne
pas courir le risque de la confidentialité…
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SECTION 2 : LES PRINCIPES COMPTABLES
La sincérité est, selon le Plan comptable, « l’application de bonne foi de ces règles
et procédures en fonction de la connaissance que les responsables des comptes
doivent normalement avoir de la réalité et de l’importance des opérations,
événements et situations ». Des comptes sincères résultent donc d’une parfaite
connaissance des règles et de leur application, de la situation de l’entreprise et de la
perception extérieure des comptes ainsi présentés, afin que leur contenu ne soit pas
perçu de manière déformée.
La notion d’image fidèle n’a donc pour objet que de servir de référence à ceux qui
établissent les comptes de la société.
Les règles comptables peuvent varier d’un pays à l’autre ; cependant, certains
principes comptables sont internationaux et ont été repris par l’IASB.
Par rapport aux principes français, les principes des IFRS se traduisent par :
une préférence accordée au point de vue des actionnaires. L’IASB estime en
effet que puisque les actionnaires apportent les capitaux à risque de
l’entreprise, la production d’états financiers qui satisfont leurs besoins satisfait
de ce fait ceux de la plupart des autres utilisateurs des comptes ;
une information plus économique avec l’application plus systématique du
principe de prééminence de la réalité sur l’apparence, et une orientation nette
vers la mesure de la performance ;
une information plus transparente par la réduction des choix comptables
possibles, par l’inscription quasi systématique au bilan d’éléments figurant en
hors-bilan et par une information plus détaillée.
Les principes français et internationaux (pour certains d’entre eux) sont les
suivants :
Ce principe veut que, pour l’établissement des comptes, l’entreprise soit considérée
comme devant poursuivre normalement son activité dans un avenir prévisible. On se
place donc dans la perspective d’une continuité de l’exploitation et non d’une
liquidation, sauf bien entendu pour les éléments du patrimoine qu’il a été décidé de
liquider, ou si l’arrêt ou la réduction de l’activité est prévisible, qu’elle résulte d’un
choix ou d’une obligation.
Ce principe veut que les biens acquis par l’entreprise soient inscrits à son bilan pour
leur coût d’acquisition appelé valeur historique et qu’ils soient maintenus à ce prix
au cours du temps, sauf à être amortis ou dépréciés. Le nominalisme est également
appliqué pour la comptabilisation des dettes.
Ce principe est appliqué assez strictement dans les comptes sociaux où les
réévaluations sont rares. En comptes consolidés en revanche, les actifs peuvent être
réestimés, notamment lors de la première consolidation d’une filiale, pour aboutir à
une valeur économique qui reflète la durée de vie résiduelle des actifs.
d) Le principe de prudence
C’est un grand principe de la comptabilité qui veut que les charges soient prises en
compte dès que leur réalisation est probable, voire éventuelle, mais que les produits
ne soient comptabilisés que lorsqu’ils sont réalisés. Le principe de prudence conduit à
déprécier, mais à ne pas faire apparaître les plus-values latentes. Il est destiné à
protéger en particulier les prêteurs contre des comptes établis avec trop d’optimisme.
Ce principe veut que les mêmes règles et procédures comptables soient appliquées
chaque année afin que les informations comptables soient comparables.
Toute exception à cette règle doit être justifiée par la recherche d’une meilleure
information, les modifications devant alors être décrites et justifiées dans l’annexe.
Les entreprises retraitent alors les comptes de l’exercice précédent pour les rendre
comparables aux comptes de l’exercice durant lequel a eu lieu le changement de
méthode.
Ce principe indique que face à une opération complexe, il ne faut pas s'arrêter à la
seule lecture superficielle ou juridique de cette transaction mais rechercher sa réalité
économique. Il correspond au principe international de substance over form.
Ce principe a pour objet d’apporter aux utilisateurs des documents comptables une
information suffisante et significative pour interpréter ceux-ci. On retrouve la notion
de true and fair view des comptes anglo-saxons.
i) Le principe de non-compensation