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40 Serge Mouraviev
Avant-Propos
Cet article fait suite à « Doctrinalia Heraclitea I et II. Âme du monde
et Embrasement universel »1 et complète en même temps ma vieille
étude (restée inédite entre 2003 et 20082) sur le contexte (T 271) du
fragment F123. Il est le fruit de la lecture, hélas ! un peu tardive, d'un
article qui, comme ceux que j'ai examinés dans «DH» I et II (2008),
occupera sans conteste une place digne de lui dans la reconstruction
de la physique et de la psychologie héraclitéennes. Si l'article
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DOCTRIN ALI A HERACLITEA III 41
chaque texte juste après le numéro et, secundo, un des buts de l'édition était
précisément de réunir toute l'information pertinente sur un espace restreint et
dispenser le lecteur de la nécessité d'aller chercher les textes originaux dans
des dizaines de livres.
4. Finkelberg Aryeh, « On cosmogony and ekpyrosis in Heraclitus »,.
American Journal of Philology 119 (1998) 1-34 (infra : Finkelberg 1998);
cf. SM «DH» I-II, 337-356.
5. Betegh Gâbor, « On the physical aspect of Heraclitus' psychology »,
Phronesis 52 (2007) 3-32 (infra : Betegh) ; cf. SM «DH» I-II, 318-337.
6. Buchheim Thomas, « Feuer und Flüsse. Überlegungen zum Prinzip des
Lebens nach Heraklit » : Rechenauer Georg (cur.), Frühgriechisches Denken
(Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 461 p.) 174-202 (infra : Buchheim). II
ne sera toutefois pas question ici de son ch. 4 qui ne répond pas de par son
contenu au principal critère de sélection des «DH» (idées proches des mien
nes). Il ne sera pas non plus question ici, pour la raison que j'indiquerai plus
loin (infra, n. 26), de l'article de Roman Dilcher, « Im-Fluss-sein (Heraklit,
Β 12) » publié dans le même recueil, p. 203-216. [Ces notes de lecture, com
muniquées à Th. Buchheim quatre mois avant la lecture des épreuves (décem
bre 2008), n'ont suscité aucune réaction de sa part : qui tacet consentit ?]
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42 Serge Mouraviev
7. Betegh 18-24; cf. «DH» I-II (2008) 321-323. 11 est évident que. tout
comme moi, Betegh ne connaissait pas en 2006 l'article de Buchheim.
8. Année de parution de: H. Cherniss, Aristotle's criticism of presocratic
philosophy (Baltimore). Cf. la saine réaction de K.W.C. Guthrie, « The
Characteristics and effects of Presocratic philosophy ». Journal of tlte History
of Idecis 12. 1951, 319-45 = D.J. Furley & R.E. Allen (cur.). Stiulies in
Presocratic philosophy, I (London/NewYork, 1970) 1-28.
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 43
sens historique : bien que le terme même ίΐ'άρχή 'principe' fût proba
blement attesté depuis Anaximandre (cf. 12 Β 1 DK), le concept
d'« élément premier et substrat matériel » qu'il implique et recouvre
chez Aristote ne semble pas être apparu au mieux avant Anaximène et
n'avoir été clairement utilisé que par Diogène d'Apollonie9. Il est
donc dangereux de l'attribuer à Héraclite without qualifications.
D'autant plus que selon Buchheim lui-même le mot 'feu', tant chez
Héraclite que chez Aristote, aurait désigné non une matière (ein Stoff),
mais un processus de transformation (de combustion) des autres
matières sous l'effet du chaud, lequel serait le vrai feu-élément
d'Aristote, celui de sa sphère du feu.
Plus généralement, Buchheim est enclin à faire confiance aux
sources, et s'il est parfois obligé soit d'accepter sans examen critique
des conclusions sceptiques antérieures, soit de recourir, pour en prou
ver la fausseté, à des démonstrations philosophiques abstrues et poin
tues - et partant peu convaincantes - que j'omettrai, c'est souvent,
qu'il leur fasse ou non confiance, à cause de ses collègues philologues
et philosophes qui mettent systématiquement en doute les données
philologiques les plus évidentes - telles que la fiabilité foncière de
l'information de Théophraste sur les exhalaisons d'Héraclite ou le
Zusammenhang des deux phrases de F 12 - et se privent ainsi, en
détruisant les textes mêmes sur lesquels ils s'appuient, de la possibili
té d'accéder au sens. Malheureusement - et c'est là sans doute le
défaut principal qui hypothèque dangereusement la fin de son article
- il ne semble pas non plus se rendre assez compte du profond fossé
en matière de catégorisation conceptuelle qui sépare Aristote d'Héra
clite et du danger que présente toute « rétrojection » without qualifi
cations, à un siècle et demi de distance, des opinions du second sur la
doctrine du premier. Car, soulignons-le, la source principale de
Buchheim c'est Aristote.
Il n'en reste pas moins que son article marque un formidable pas
en avant des recherches héraclitéennes, en montrant combien grande
peut avoir été la dette contractée par le Stagirite vis-à-vis de l'Éphé
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44 Serge Mouraviev
0.2 Quel est le sujet que traite Buchheim ? Ni le titre de son article,
ni son propre énoncé (p. 174-175) ne sont assez explicites. La liste
des sujets abordés dans chaque chapitre (p. 176) est plus éloquente
(cf. § 0.4, mais n'est qu'une énumération. Je le définirais comme
ceci : L'anathymiasis, principe vital (âme chez l'un, mécanisme du
métabolisme organique chez l'autre) chez Héraclite et Aristote. Et ce
que cela impliquerait pour les notions de fleuve, d'âme et de feu et
l'interprétation de F12 chez ce dernier.
Partant du fameux et négligé passage d'Aristote sur Yanathymia
sis ou âme, principe d'Héraclite [T 189, D 24, D 97] Buchheim le
compare à tout ce qu'Aristote nous apprend sur son propre concept
correspondant et aboutit aux conclusions suivantes - conclusions que,
selon les cas, j'accepte sans réserve, ou dubitativement, ou qui susci
tent en moi des objections sérieuses : (1) Aristote avait de bonnes rai
sons de qualifier l'âme d'Héraclite d'exhalaison ou de principe : il en
faisait lui-même un grand usage ; (2) Aristote avait lui-même emprun
té cette notion à l'astrométéorologie et à la psychologie d'Héraclite et
l'avait systématiquement appliquée à sa propre météorologie sublu
naire, en l'étendant de surcroît à son interprétation des phénomènes
biologiques ; (3) L'exhalaison héraclitéenne [Buchheim n'en reconnaît
qu'une] et les exhalaisons aristotéliciennes étaient identiques [une
identité qu'à mon avis il serait dangereux d'absolutiser] ; (4) Ce que
nous savons des secondes permet de confirmer l'unité et l'appartenan
ce à Héraclite des deux phrases de F 12 et d'expliquer tant ce frag
ment d'Héraclite que les réminiscences dont il fait l'objet dans les
Météorologiques, les Parties des animaux et le De la jeunesse et de la
vieillesse; (5) Le concept d'exhalaison désignait en fait chez Aristote,
et donc chez Héraclite aussi, un flux de matière gazeuse à la fois mû
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 45
11. C'est un sujet qu'il n'ignore pas puisqu'il cite (p. 198, n. 49) l'article
de Finkelberg qui lui est consacré (Finkelberg [1998]).
12. Une alternance qu'Aristote connaît bien et reconnaît notamment chez
Héraclite et Empédocle (De caelo A 10, 279bl 2-17 = Τ 170. D 31), mais dont
il n'a cure.
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46 Serge Mouraviev
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 47
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48 Serge Mouraviev
n'explique pas la spécificité de l'âme qui, d'une part, lui vaut d'être
appelée exhalaison, mais, d'autre part, ne lui interdit pas pour autant
d'être identifiée ou substituée au principe feu. Nous verrons toutefois
plus loin que Buchheim, sans la donner, nous rapproche peut-être de
l'explication cherchée.]
16. Ainsi que nous verrons à la fin (§ 4.2 pt. A), cette dernière et fréquen
te façon d'utiliser le mot est source de confusion.
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 49
17. Abstraction faite d'un facteur sémantique dont Buchheim n'a pas
conscience : que chez Héraclite le verbe (άνα)Ηυμιάσθαι dénote ou connote
non l'e.v-halation. mais Γόι-halation, l'absorption de matière volatile ascen
dante. Cf. «F 12» § 6 (supra, p. 22).
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50 Serge Mouraviev
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 51
d'en avoir un, et tertio, qu'il n'ait pas fait de distinction entre πυρ et
άναθυμίασις, autant de questions que Buchheim n'aborde pas ; cf.
infra, § 2.4 B.] En effet, selon Aristote, ce qu'en appelle feu durable
0andauerndes Feuer) est en réalité de 1'άναθυμίασις. Or Aristote
identifie le principe d'Héraclite à 1'άναθυμίασις. Donc c'est Héra
clite qui aurait découvert et expliqué avant Aristote que le feu est une
άναθυμίασις ou fonctionne anathymiastisch, et qu'Aristote le savait.
De là la conclusion probable que lorsqu'Héraclite parle de feu, il
sous-entend non une matière (ein Stoff), mais une combustion réelle
{ein effectives Brennen) [à condition, encore une fois, qu'il ait eu
conscience de la distinction], (179-180)
Le feu visible et la flamme ne sont pour Aristote que des cas par
ticuliers d'àvaOupiaoïç en écoulement, et leurs causes (flambantes
ou éteintes) sont ce qui crée et entretient l'ordre des sphères globales
[= terre et mer ?] et la vie. [Suit citation de Meteor. II, 3,
357b24-358a3, texte décrivant les transformations réciproques des
éléments, qui n'en conservent pas moins chacun sa forme, et conte
nant une réminiscence indéniable de F 12 : άεί άλλο καΐ άλλο
γίγνεται... καθάπερ τό τών φεόντων υδάτων ; cf. D 202.] Si on
applique les mêmes définitions à Héraclite, alors on est obligé de
comprendre les πυρός τροπαΐ de Β 31 non comme des transforma
tions de la matière feu {Feuerstoff), mais comme une "transforma
tion" mutuelle active des autres matières que le feu suscite [en note
12: cf. Β 64] pour se libérer in anathymiastischer Form (τροπή peut
avoir un sens actif, cf. n. 13). Héraclite aurait donc supposé un feu
actif {ein Agieren von Feuer) partout où il y a transformation produi
te par la chaleur [mais cf. infra, § 2.4 C], Ce qui suggère qu'Aristote
fut effectivement le premier à distinguer entre divers types
d'àvaôupiaotç. [À condition d'accepter tout ce qui précède, de reje
ter le témoignage de la doxographie et de réduire les αναθυμιάσεις
au seul feu, cf. infra. § 2.3 Α.] (180-181)
Aristote a réduit tous les processus analogues {gleichmäßigen) de
transformation dans l'atmosphère (entre air et feu, chaud et froid,
nuages et éclair, brouillard et rosée, vents secs et humides) à ses
deux formes d'àvaôupiaoïç [la sèche et l'humide, ou « vapeur » :
άτμίς, cf. Mete. 340b27] et construit des cycles d'échange de matiè
re et de chaleur permettant à la chaleur dispensée par le soleil de
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52 Serge Mouraviev
rejoindre sa source (ihren Weg nach Hause [nehmen]). [Suit une cita
tion de Mete. 346b23-347a8, concernant les cycles de la « vapeur »,
notamment celui de l'eau, et contenant une réminiscence de l'image
du fleuve et de F 60 ώσπερ ποταμόν ρέοντα κύκλψ άνω και κάτω ;
cf. D 88, D 205]. Aristote corrigerait donc la tradition doxographique
qui fait des deux chemins vers le haut et vers le bas [de F 60] un cycle
de transformations incluant le feu et appliquerait ce cycle à 1'άνα
θυμίασις sous l'action du feu (181-182).
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 53
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54 Serge Mouraviev
21. Thaies ap. Dox. I, 3, 1 (omis dans DK), Anaximen. 13 A 7 (5), Xenoph.
21 A 38 Les éditeurs et commentateurs d'Aristote (Webster, Louis) renvoient,
eux, à Platon (Tim. 56 D), mais c'est une erreur : Platon y parle d'émanations
provenant de Y élément terre et non du globe terrestre (cf. n. préc.).
22. Cf. par exemple David Wiggins, « Heraclitus' conceptions of flux,
fire and materia! persistence» : Malcolm Schofield & Martha Craven
Nussbaum (cur.), Langtiage and logos (Cambridge, 1982) 15-16. Wiggins
nomme Gregory Vlastos. Charles Kahn et J.L. Mackie en tant que pré
curseurs.
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 55
23. Déjà analysé dans SM «DH» I-II (2008) 346-349. Je ne tiens pas
compte des explications que Buchheim donne dans sa note 15 en raison de
mon incapacité à les comprendre: « Une conception active des τροπαί en
tant que tournants effectifs non régis (nicht erlittene) [= spontanés ?] du feu,
atténuera la discordance ( ?) si on comprend que là, comme pour les solstices,
il s'agit des trajectoires des astres et des points où ils font demi-tour ».
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56 Serge Mouraviev
3.2 Rien d'étonnant donc après cela, s'exclame Buchheim, que chez
Héraclite « l'anathymie des âmes » soit comparée à des fleuves en
écoulement, comme dans F 12. Suivent : une présentation du frag
ment, une traduction de la totalité de Τ 261, une brève mais pertinen
te analyse (cf. en particulier les notes 22, sur l'ambiguïté syntaxique
de la citation, et 23, contre Tarân sur l'objet de la comparaison entre
Héraclite et Zénon, leurs points communs et leurs divergences) qui
aboutit à la conclusion : (a) les deux phrases de la citation doivent
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 57
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58 Serge Mouraviev
Pour moi, cette preuve a déjà été faite au moins trois fois dans ce
qui précède. Mais avant de l'énoncer, j'aimerais récapituler ce que
nous avons acquis grâce à Buchheim et ce qui malgré lui demande
vérification.]
3.3 Si Buchheim a démontré irréfutablement quelque chose, et une
chose très importante, c'est qu'il existe un rapport direct étroit entre
les exhalaisons d'Héraclite et d'Aristote. Il est désormais à peu près
certain que la météorologie (sublunaire) aristotélicienne a une origi
ne héraclitéenne, sinon dans ses explications concrètes (nous
connaissons mal celles d'Héraclite), du moins dans sa « mécanique »
fondamentale : les phénomènes célestes sont provoqués par les exha
laisons qui montent des eaux et de la terre (et la chaleur qui descen
dent du feu céleste [?]). Buchheim a également montré qu'Aristote
avait étendu ce mécanisme à sa biologie. Comme, dans l'un et l'autre
cas, le Stagirite fait appel à l'image héraclitéenne du fleuve en des
termes qui rappellent clairement F 12, il confirme aussi par là l'exis
tence, chez Héraclite, d'un rapport étroit entre les fleuves et les
exhalaisons. Cela seul suffit déjà pour conforter - aux yeux de ceux
qui en douteraient - l'unité des deux phrases de F 12.
Aristote a toutefois rejeté les exhalaisons en tant qu'explication -
qu'aliment - du feu des astres : pour lui, leur incandescence résulte
rait du frottement, dû à la rotation de leurs sphères respectives dans
la zone astrale, entre eux et l'air immobile qui se trouve sous eux.
Aristote n'a pas non plus accepté l'identification héraclitéenne âme
= exhalaison dont il nous informe lui-même dans son De anima.
Mais le seul fait qu'il nous signale cette identification suffit pour
conforter - aux yeux de ceux qui en douteraient - la pertinence du
contexte non-aristotélicien de F 12 qui lui aussi prête la même iden
tification à Héraclite.
Cela dit, je ne pense pas qu'à elle seule l'analogie entre les exha
laisons d'Héraclite et d'Aristote, voire le lien génétique qui les unit,
nous autorise à transposer telle quelle la notion aristotélicienne d'ex
halaison chez Héraclite et à affirmer, comme le fait Buchheim, que
(1) l'exhalaison héraclitéenne et les exhalaisons aristotéliciennes
étaient identiques, (2) que le concept d'exhalaison désignait en fait
chez Aristote, et donc chez Héraclite aussi., un flux de matière gazeu
se à la fois mû et métamorphosé sous l'effet de la chaleur (du feu),
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 59
II
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60 Serge Mouraviev
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 61
F12
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62 Serge Mouraviev
(Ι)περίδέ ψυχής
(15)1άναθυμίασιν1 μένούν
( 16)όμοίως τώι Ήοακλείτωι
( 17) τήν ψυχήν άποφαίνει Ζήνων
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 63
26. De ces trois, la seconde est universellement admise et c'est elle que j'ai
utilisée en analysant la source du fragment ; la troisième a été identifiée par
Rivier (1952) 9-10 et Kahn (1979) 167-168 et reprise par Petit (1988) 209,
Sider David, « Word-order and sense in Heraclitus » : K. Boudouris (cur.),
Ionian philosophy (Athens, 1989) 365-366, et Buchheim (2005) 186 η. 22,
188 s.; j'étais le seul à avoir proposé la première (III.3.A, 2003, 355), avant
que Dilcher (2005) 212 ne la reprenne, mais seulement comme le fruit d'une
première lecture qui serait démentie par la suite du texte. L'ordre dans lequel
elles sont énumérées reflète l'ordre naturel de leur identification par un lecteur
attentif non prévenu. L'article tout juste mentionné de Dilcher (cf. supra, n. 6)
propose une très fine analyse (déjà amorcée par Sider, loc. cit.) de la structure
dialectique des multiples sens contradictoires créés par la plurivocité de la pre
mière phrase si on prend la peine de développer jusqu'au bout les implications
de chacune des interprétations possibles. Malheureusement, il ignore totale
ment la seconde phrase et le contexte de F 12 et croit avoir affaire non à un
texte dédié au flux et à la nutrition des âmes, mais au seul fragment héraclitéen
authentique attestant de la permanence du fleuve malgré le flux de ses eaux.
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64 Serge Mouraviev
Vers les mêmes (êtres/choses) qui entrent dans les fleuves d'aut
res et autres eaux affluent ;
Les modernes sont maintenant unanimes à voir là une ambiguïté
délibérée, c'est-à-dire une polyphonie.
• le rythme syllabotonique27 de la deuxième phrase est bancal : ο ο
XoooooXooooX
C. Comparons entre eux les résultats de ces deux analyses sur le plan
sémantique.
L'absence d'équivalent de νοεραι άεί γίνονται (segment 9) et
l'absence de rythme dans le segment 14 (cf. schéma) permettent de
supposer que l'une et l'autre absences sont le fruit d'un même acci
dent : l'omission d'un mot après δέ dans 14 : σοφαί, νοεραι ou,
dans un autre régistre, ξηραί. Mais comme νοεραι ne rétablirait pas
le rythme, mieux vaut choisir entre les deux autres (ou trouver un
troisième candidat). Cf. encore supra, p. 24 et Heraclitea III.3.B/Î et
ii ad fr.
L'identité des έμβαίνοντες demeure problématique. Le contexte
suggère fortement les âmes (le tertium comparationis identifié par
Buchheim). La première lecture syntaxique autorise deux genres - les
thymoi ou daimones (masc.), ou les psychai (fém.) - et exclut les
pneumata (n.). La seconde et la troisième, au contraire, excluent le
féminin et autorisent le neutre : alors daimones ou pneumata. Toutes
les trois lectures autorisent aussi, bien sûr, leur identification avec les
humains (porteurs d'âmes)
Mais s'il faut choisir entre les trois syntaxes et ces trois sujets, on
a l'embarras du choix. Autrement dit, on est très embarrassé. Et quoi
qu'on choisisse, on n'avance pas.
Or les ambiguïtés délibérées d'Héraclite sont presque toujours
polyphoniques, parlantes. Pour les comprendre, il faut les assumer
comme telles. Pour les assumer et les saisir en bloc, il faut les « dé
compresser », les analyser et les « recompresser » mentalement. Au
lieu de lire la phrase une fois, il faut la lire trois fois, et en l'intonant
chaque fois différemment. Et il faut disposer ces différentes lectures
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DOCTRINALIA HERACLITEA II] 65
1. Dans les fleuves les mêmes ils (elles) entrent. D'autres et aut
res flots affluent.
2. Pour les entrants, dans les mêmes fleuves, d'autres et autres
flots affluent.
3. Pour les fleuves, dans les mêmes entrants, d'autres et autres
flots affluent
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66 Serge Mouraviev
Âmes = exhalaisons ?
28. ϋυμιώνται. Cette leçon de F 98 est argumentée dans notre édition des
fragments H II1.3.B/i-iii (2006) ad fr.
29. Cf. aussi D 97 et D 98 où sont cités cinq commentaires de Τ 179 (de
Thémistius à Thomas d'Aquin) et deux témoignages, l'un de Piutarque et
l'autre de Sextus, qui nous fournissent un contexte eschatologique collant
parfaitement au texte et au contexte de F 12.
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 67
même, dans la seconde phrase de F 12, indique que les âmes (suppo
sément sages, ou sèches, accédant à l'intelligence) se nourrissent άπό
ton υγρών.
La solution s'impose: il faut distinguer les âmes des exhalai
sons. Celles-ci ne sont que la nourriture des âmes. L'âme indivi
duelle pouvait être elle-même humide ou sèche, sage ou stupide,
selon les cas, et se nourrir d'exhalaisons sèches ou humides. Mais à
proprement parler elle n'était pas elle-même exhalaison. Elle était,
disons, lumière (cf. F 118 αυγή , F 85A άστραπή, F 70A scintilla),
elle avait la même nature que le feu, 1'άναμμα νοηρόν, des astres
(D 72). Ce qui chez les astres dépendait des exhalaisons dont ils se
nourrissaient, de leur pureté ou impureté, c'était leur éclat. La nature
des âmes ne dépendait donc pas directement de leur nourriture, mais
aussi d'autre chose. Lorsque le doxographe (T 462, D 105) dit que
l'âme du cosmos est une exhalaison, lorsqu'Aristote dans le De anima
(T 189, D 97) dit la même chose de l'âme tout court, mais en son
geant certainement à l'âme du monde (sinon comment aurait-il pu
dire d'elle έξ ής τ&λλα συνίσησιν?)Μ, lorsque Cléanthe fait de même
dans le contexte de F 12, ils prêtent à Héraclite l'erreur qu'Aristote
critiquait lui-même dans son De part. anim. 652b13 (T 186) à propos
du feu : « Dire que l'âme c'est du feu revient à affirmer que la scie
ou la tarière sont le charpentier ou le métier de charpentier... ». Ou,
plus prosaïquement, ils ne distinguent pas clairement la matière initia
le du processus lui-même, ou le processus du produit final.
Héraclite n'a sans doute jamais dit de l'âme qu'elle était du feu,
sinon Aristote ne se serait pas abstenu de lui prêter cette opinion ;
mais il n'a sans doute jamais dit non plus qu'elle était une exhalaison.
Et il n'en a probablement nulle part défini la nature physique. Ce qu'il
a certainement dit c'est qu'elle se nourrissait d'exhalaison. Et que
tout l'espace entre le ciel et la terre, l'Ambiant, était sillonné par des
fleuves d'exhalaison alimentant les astres et les âmes. Point.
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68 Serge Mouraviev
Β. Après tout ce que nous avons établi, il semble indéniable que F12,
le seul « fragment du fleuve » auquel une majorité de modernes
concède un droit partiel à l'existence31, n'a que peu de choses à voir
avec la célèbre « théorie héraclitéenne du flux universel » et énormé
ment avec sa doctrine de l'âme. Et pourtant... Si Aristote dit de l'âme
d'Héraclite qu'elle pourrait avoir été son principe (ce à partir de quoi
tout provient, ce en quoi tout se résoud et ce de quoi tout consiste),
alors les « courants d'exhalaisons » pouvaient fort bien avoir eu une
portée universelle. Ou, pour le dire autrement, si Buchheim a raison
de croire qu'une exhalaison était, pour Héraclite comme pour
Aristote, un processus de transformation durable des matières sous
l'action du chaud (du feu), alors la comparaison avec les fleuves est
non seulement pertinente, mais s'applique encore pratiquement à la
totalité des changements observables dans l'univers... La question est
seulement de savoir dans quelle mesure pareille universalisation du
flux des exhalaisons est imputable à Héraclite lui-même ou a été
déduite de sa doctrine par d'autres... Sujet immense qui exige qu'on
prenne en considération toute la documentation existante et qu'il ne
nous appartient donc pas d'examiner ici.
Autre sujet connexe immense que nous ne pouvons qu'effleurer :
le rapport chez Héraclite entre exhalaison et feu. Quand il parle du
principe d'Héraclite en tant que tel, Aristote n'hésite pas à dire que ce
principe c'est le feu (T 171, Τ 172, Τ 182). Quand il parle du principe
d'Héraclite en tant que matière de l'âme, il suggère que ce principe
est exhalaison (T 189) et « oublie » de nommer Héraclite chaque fois
qu'il parle de l'âme en tant que faite de feu (Τ 185-T 188). Mais si, à
la suite de Buchheim, nous acceptons que l'exhalaison d'Héraclite
n'est pas un Stoff, mais un Prozess impliquant une action du chaud,
autrement dit d'une forme de feu, et si tout ce qui se produit dans le
monde peut être expliqué en terme d'Anathymierung, alors la contra
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 69
En guise de conclusion
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70 Serge Mouraviev
Τ 261
SVFI nr. 141 = 519, FDS II fr. 423 (Hülser), ap. Ar. Didym. Ζήνωνος και
τών λοιπών Στω ικών δογμάτων έπιτομή, fr. 39 ( Dox. p. 470-1 Diels),
ap. Euseb. Praep. evang. XV, 20,2 (Όπως δοξάζουσιν ot Στωικοί περί
ψυχής) (II, p. 384,15 Mras, GCS VIII/1) [<- Τ 257-, ->T 324°, Τ 851°]
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DOCTRIN ALI A HER ACLITEA III 71
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αίσθητικήν Zeller PG 2ΙΠ/2 ( 1865) 1803 et Wellmann ( 1872) fere omnium consensu :
del. Serra ap. DS (1980) 155 : αΰστησιν (sic!) Garcia Calvo 118 νοεραί] νεαραί ci.
Meerwaldt «Cl» (1951) 53-4, acc. Marcovich alii: ετεραι ci. Diels (Dox. ad loc., conl.
<- Τ 189) : νοτεραί seu νεώτεροι ci. Lebedev : del. Serra [ νοεραί άεί] άεί νοεραί
transp. Festa (SA II, 120)1 τοις <έν τοΐς> ποταμοίς ci. Schleiermacher 118-19
ποταμοίς <έμβαίνουσιν> λέγων ci. Mansfeld «HSR» (1967) 16119 έμβαίνουσιν
del. Rivier EAA (1952) 9-39, acc. H. Frankel WF (1955) 78j, Bames «SCS» (1997)
80: έμβάλλουσιν Holwerda STH (1978) 89120 καί - άναθυμιώνται] de hac senten
tia non tractau. pler. recc. ante Dielsum, Heraclito trib. Diels (Dox, H, FVS) et alii, def.
Rivier, ut alteram Heracliti citationem non cum priore cohaerentem praeb. v. Arnim,
acc. Festa, Zenoni trib. Byw, Heraclito abrog. Zeller ZN 7972, Kirk p. 367-9,
Marcovich : I *] lac. hic suspicor I <άεί> άπό τών ci. CapelleW «H» (1924) 1214, acc.
Cleve GPP (1965) I 59: άπό <άπλή> των Holwerda 911 άναθυμιώνται <έτεραι καί
έτεραι> ci. Η. Gomperz ap. Diels (FVS4 I p. XXIII,32 & DK ad fr.) : άναθυμιώνται
<νεαραί> ci. Meerwaldt: άναθυμιώμεναι ci. J. Woltjer 141 (teste DK ad fr.), acc.
Fejta, aliter Wilamowitz «LF» (1927) 276122 γε codd. ret. Wismann: τε DielsΙτό
μέγεθος ut variant lectionem marginaliam del. Vigerus, ret. Wismann 113 παραόέ
χεσθαι codd.: περιέχεσθαι ci. Diels (Dox)
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72 Serge Mouraviev
BIBLIOGRAPHIE
Ne sont indiquées que les éditions (a) reproduisant une partie ou la tota
lité du contexte ou (b) contenant des leçons inédites et/ou des remarques
relatives à la critique du texte (citation incluse). Lorsque le n° du frag
ment n'est pas précisé, l'éditeur utilise la numérotation de Diels
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 73
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74 Serge Mouraviev
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DOCTRINALIA HERACLITEA III 75
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