Chapitre V
SYSTEMES DE TRANSMISSION SUR FIBRES OPTIQUES
Pr. A.TEMMAR
INTTIC
V.I. Techniques de transmission optique
I. 1 Organisation d’une liaison numérique sur fibre optique:
1.1Introduction
Bien que des liaisons analogiques sur fibres optiques existent en vidéo ou en télémesure, surtout
à courte distance, les transmissions numériques constituent l’essentiel des liaisons sur fibres
optiques.
La faible atténuation et la grande bande passante des fibres optiques permettent en effet de tirer
tout le parti des transmissions numériques, ce qui permet de distinguer plusieurs catégories de
réseaux ou de télécommunications numériques sur fibre optique à savoir:
Toutes ces liaisons sont structurées selon le schéma bloc donné ci-après
Elles ont hérité des systèmes de transmission par câble.
Pour des distances supérieures à 80 ou 100km, , on utilise des amplificateurs
optiques à fibre dopée
a) Terminaux :
Ils contiennent principalement :
• Les interfaces optiques d’émission (laser) et de réception (photodiode)
• A la réception, les circuits de récupération d’horloge et de régénération
• Les circuits de transcodage pour passer à la jonction au code en ligne et
inversement
a-1 Transcodage
Il permet la récupération de l’horloge en réception, en introduisant des
transitions fréquentes dans le signal transmis, et l’élimination des composantes
continues et basse fréquence, en général mal transmises, ce qui facilite en outre
la régulation des émetteurs
Certains codes permettent une mesure du taux d’erreur moyen
2.3 Remarque :
Pour les débits moins élevés, on utilise les codes biphasés (exemple : sur Ethernet
10Mbit/s) ou CMI (jusqu’à 34Mbit/s),
Pour les débits plus élevés, et afin de limiter l’encombrement spectral, on utilise, les
codes de blocs nBmB.
Les systèmes à haut débit tel que FDDI (Fiber Distruted Data Interface; interface de
donnés répartie à fibre optique) ou SDH (synchronous digital hierarchy), ethernet
100Mbit/s et plus utilisent ces codes.
Le format RZ est utilisé pour les liaisons très longues distances à très haut débit
(surtout sous-marines)
I.3 Modulations
Suivant le type de transmission, on utilisera différents formats de modulation, il
faut distinguer entre les modulations analogiques et les modulations numériques.
a) Modulation analogique :
Une modulation analogique consiste à transmettre sans
déformation un signal de forme souvent complexe.
Ces modulations peuvent être :
•D’amplitude AM
•De fréquence FM, ou de phase ФM
La plus utilisée en optique est la modulation
d’amplitude (ou modulation d’intensité) (en bande base)
où le signal analogique module directement l’intensité
lumineuse de l’émetteur (laser) par le courant laser ou en
externe à l’aide de modulateurs électro-optiques.
b Modulation numérique :
L’information est maintenant discrète (bits) modulant un signal porteur de type
sinusoïde, et on distingue deux grandes classes de modulation:
Les modulations linéaires, pour lesquelles l’enveloppe complexe du signal modulé dépend
linéairement du signal modulant :
Modulation d’amplitude discrète MAD ou ASK (Amplitude Shift Keying)
Modulation de Phase MPD ou PSK (Phase Shift Keying)
Modulation de phase différentielle DPSK (Differencial Phase Shift Keying)
Modulations combinées amplitude phase MAQ (Modulation Amplitude en Quadrature)
Remarque 1 : Remarque 2:
Les modulations les plus utilisées Nous avons aussi la modulation numérique où l’information
sur fibre optique sont aussi analogique est transformée en signal numérique puis codée
Modulation en amplitude ( ASK : (par l’application de la théorie de Shannon), dans ce cas on
relève les modulations suivantes :
Amplitude Shift Keying)
• PCM : modulation par impulsion codée (MIC)
• DPCM : modulation par impulsion différentielle
• ∆M : modulation delta
• A∆M : modulation delta adaptative
I.4. Transmission optique cohérente (hétérodyne)
Ces systèmes sont très intéressants car ils permettent d’augmenter la portée et la capacité des liaisons
numériques.
L’intérêt potentiel des transmissions cohérentes réside surtout dans la possibilité de multiplexage en longueur
d’onde d’un très grand nombre de porteuses.
Ces porteuses peuvent être séparées de moins de 10 GHz (0,08nm) en les sélectionnant par l’accord de l’oscillateur
local
a- L’émetteur :
Il est constitué d’une diode laser de grande pureté spectrale
(Δλ < à 3.10-6 nm), modulée soit:
En amplitude (ASK) par des modulateurs externes à
éléctroabsorption
En fréquence (FSK) par modulation interne
En phase (PSK) par l’intermédiaire d’un modulateur
externe en optique intégrée
b- Le récepteur :
Il utilise le principe classique de la détection hétérodyne
Un battement est effectué entre l’onde optique reçue et
l’onde créée par le laser stabilisé de l’oscillateur local.
Ce battement permet de transposer le signal modulé à une
fréquence intermédiaire de l’ordre GHz ; puis il est
démodulé.
Cette détection hétérodyne permet d’abaisser le seuil de
détection et de s’approcher de la limite quantique.
Par contre, elle est difficile à réaliser car il faut
parfaitement stabiliser le laser de l’oscillateur local.
I.4. CONCEPTION D’UNE LIAISON NUMERIQUE
4.1 Calcul de la Probabilité d’erreur et Taux d’erreur (critère de qualité):
1.1 Erreur :
L’origine de l’erreur est due à l’étalement de l’impulsion reçue, dû au traînage en dehors du
créneau de temps affecté à sa réception, d’une part et au bruit parasite aléatoire d’autre part.
Sous sa forme la plus élémentaire, l’erreur provient de la confusion entre un signal « lumière et
un signal « obscurité ».
En réception numérique, le récepteur effectue une détection et prend des décisions, à partir du
signal reçu, pour reconstituer une suite de données qui soit la plus ressemblante possible à celle
qui a été émise.
Le critère communément utilisé est la probabilité d’erreur, c’est à dire que la décision prise
par le récepteur soit erronée.
Les valeurs les plus importantes sont données par le tableau suivant :
Q 4,8 5 5,2 5,4 5,6 5,8 6 6,2 6,4 6,6 6,7
Pe 10-6 3 10-7 10-7 3 10-7 10-8 3 10-9 10-9 3 10-10 10-10 3 10-11 10-11
• Le paramètre Q est proportionnel au rapport signal sur bruit défini comme le rapport entre la
tension maximale de signal et la tension efficace de bruit.
• On peut calculer la probabilité d’erreur à partir du rapport signal sur bruit (vu en chapitre IV
partie II) en sortie du récepteur en admettant que la suite de la chaîne amplificatrice ne dégrade
plus ce rapport, et est linéaire :
u1-u0 est proportionnel à i1-i0 amplitude du photocourant (i0 correspondant au symbole 0,
étant nul ou négligeable devant i1)
σu est proportionnel avec la même constante, au courant efficace de bruit iB2 d’où
u u
Q2 ( 1 0 )2 Si im2
2
2 u Br iB
im étant le courant moyen dans la photodiode, donné par : im= M.S.Pm
Pm, puissance optique moyenne reçue
(S.Pm )2
Q 2 2
Pour une photodiode PIN, M=1 iB
Remarque :
Ce résultat est peu simplifié, car il suppose que le bruit est indépendant du signal, ce qui
n’est pas le cas du bruit quantique.
L’approximation est cependant correcte, surtout quand le bruit de fond est prépondérant.
On peut alors tracer la fonction Pe en fonction de Pm pour donner un ordre de grandeur
4.2 Puissance minimale détectable :
Définition:
La puissance minimale détectable (Pmind).permet de mesurer la performance d’un récepteur optique, Sa valeur est
essentielle pour la conception de la liaison optique
a- Détermination de Pmind :
Le calcul peut se faire en fonction du rapport Q, pour une probabilité d’erreur donnée
(typiquement 10-9),
a-1 Cas d’une photodiode PIN :
Le bruit quantique est négligeable (le bruit se réduit au bruit de fond du récepteur <i F2> (valeur moyenne
quadratique du courant de bruit de fond), qui ne dépend pas de la puissance reçue), le calcul est simple :
(S.Pm )2 Q 2
Q 2
2 D’où Pm Pmin d i
iF S F
Avec la Puissance équivalente de bruit thermique PEB :
c) La limite quantique:
•La limite quantique est la valeur théorique de Pmind dans le cas «idéal», en l’absence de :
tout bruit de la source,
bruit de l’amplificateur,
l’excès de bruit de PDA (alors F(M)=1),
Courant d’obscurité de la photodiode, D’où
on obtient alors: ( S .Pmin d ) 2
Q 2.q 2
Pmin d .Q .F
2
•Remarque :
Ce minimum théorique, proportionnel au débit donné par la figure précédente, est inférieur de plus de 30dB à
ce que détecte un récepteur à photodiode PIN, et d’environ 15dB à ce que détecte un récepteur à PDA.
L’utilisation de la détection hétérodyne ou d’une préamplification optique permet de s’en rapprocher, mais
ces techniques génèrent aussi leur propre excès de bruit
4. 3 Bilan de puissance de Liaison
Pour faire la conception d’une liaison à un débit donné et connaissant les performances des
composants disponibles, on établit le bilan de liaison,
c’est un calcul qui détermine la répartition des puissances optiques au long de la liaison.
Ces puissances sont habituellement exprimées en dBm (10log de la puissance en mW), ce qui
donne souvent une quantité négative en dBm
La puissance moyenne à l’émission est en principe égale à la moitié de la puissance crête.
Le bilan énergétique consiste à évaluer tous les affaiblissements (atténuations) optiques entre
émetteur et récepteur (fibre, connecteur, épissures, ect…) dont la somme doit rester inférieure à
Amax (affaiblissement tolérable pour une liaison optique), compte tenu d’une marge de sécurité.
Amax=10log (Pem/Pmind)
Pem : puissance de l’émetteur
Pmind : puissance minimale détectable
Le bilan énergétique permet d’assurer que le rapport signal sur bruit optique à la
réception est suffisant pour respecter la probabilité d’erreur Pe tolérée.
L’atténuation disponible A divisée par l’atténuation de la fibre (A/α) permet de
calculer la portée (distance max entre émetteur et récepteur)
Cette atténuation permet aussi de calculer le nombre maximal de terminaux dans
le cas d’une liaison multi terminaux
Il faut aussi après avoir déterminé la portée, vérifier la bande passante suffisante
Remarque:
Le choix des composants peut se faire aussi à partir de l’atténuation disponible en
fonction du débit pour différentes configurations suivantes :
4.4 Bilan de bande passante
La bande passante de la liaison est affectée lorsque le système est dispersif ( dispersion
de la fibre optique)
Le bilan de bande passante consiste à comparer la bande passante du signal transmis Bs
à la bande passante de la fibre Bf (ou de réception Br), on doit avoir: Bf ≥ Bs (ou
Br≥ Bs)
En tenant compte du critère de Nyquist (Bs = O.5Fr), en pratique on prend:
Bs = 0.7Fr ou Bs=0.7 R
Fr=R étant la fréquence rythme ou la rapidité de modulation (Baud).
Connaissant la bande passante d’une fibre monomode soit: 0,441
Bf
Dc . .L
0,441
La condition de bande passe devient: 0,7 R
Dc . .L
Si on un signal codé NRZ où la fréquence rythme est égale au débit R=Db
0,441
LMAX
Dc . .07 Db