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pour le soustitrage
Cinémas d’Amérique latine
20 | 2012 :
Varia
Les métiers du cinéma
L’adaptation pour le soustitrage
PASCALINE ROSNET
p. 7481
Traduction(s) :
La adaptación en subtitulación
Résumés
Français Español
Rapide tour d’horizon du monde du soustitrage pour présenter les différentes facettes de la
profession, les principaux enjeux et difficultés d’une traduction qui doit faire cohabiter le texte
avec les dialogues originaux. Le but étant de faire prendre conscience au public cinéphile et aux
différents acteurs du monde de l’image de l’importance de l’adaptation cinématographique.
Vuelo de pájaro sobre el mundo del subtitulado con el objeto de presentar las diferentes facetas
de la profesión, los principales riesgos y dificultades de una traducción forzada a la convergencia
del texto con los diálogos originales. Como objetivo, la toma de conciencia del público cinéfilo y de
los diferentes protagonistas del mundo de la imagen de la importancia de la adaptación
cinematográfica.
Entrées d’index
Motsclés : soustitrage, traduction audiovisuelle, adaptation cinématographique, transfert
linguistique, relation texteimage, registres de langue, exigence de lisibilité, règle de discrétion
Palabras claves : subtitulado, traducción audiovisual, adaptación cinematográfica,
transferencia lingüística, relación textoimagen, registros lingüísticos, exigencia de legibilidad,
regla de discreción
Texte intégral
https://cinelatino.revues.org/503 1/7
3/7/2016 L’adaptation pour le soustitrage
1 Les cinématographies d’Amérique latine présentent une grande diversité de genres,
de styles, mais aussi linguistique. En effet, elles nous offrent un aperçu des multiples
variantes de la langue espagnole parlées dans le monde, ainsi que des expressions,
tournures idiomatiques et références culturelles propres à chaque pays. La diffusion de
ces œuvres hors de leur espace linguistique d’origine impose donc de recourir à des
modes de traduction audiovisuelle tels que le soustitrage ou le doublage. Le sujet étant
très vaste, cet article traitera exclusivement de la pratique du soustitrage,
particulièrement prisée par les festivals ou les cinémathèques, et plus spécifiquement
du soustitrage interlinguistique1, dans lequel s’opère le passage d’une langue à une
autre.
2 Bien que le soustitrage se soit considérablement développé ces 20 dernières années,
les métiers de la traduction cinématographique demeurent peu connus, sinon ignorés,
et aujourd’hui la majorité des professionnels expriment leur inquiétude. C’est pourquoi
j’aimerais rappeler à quel point une adaptation peut aussi bien “servir” un film que lui
porter préjudice, mais aussi mettre en lumière les conditions indispensables à
l’élaboration de soustitres au service de l’œuvre originale.
De l’invisibilité du soustitrage
3 Rencontre intime entre l’oral, l’écrit et l’image, le soustitrage présente de nombreux
défis et contradictions lors de son élaboration. De par leur nature, les soustitres
doivent en premier lieu répondre à certaines règles de temps et d’espace. Même si cela
semble évident, rappelons que l’objectif du soustitrage est de permettre à tout
spectateur, indépendamment de son âge et de sa capacité de lecture, de saisir le
message tout en pouvant suivre le déroulement de l’action, sans être gêné par les sous
titres. Sans entrer dans des détails techniques, rappelons juste que pour respecter
l’intégralité de l’image, la vitesse de lecture moyenne (estimée entre 12 et 15 caractères
par seconde) implique l’omission d’éléments du message original (une perte minimale
de 10 à 20 %), puisqu’il faut respecter la synchronie spatiale, c’estàdire l’espace
disponible à l’écran (qui varie généralement entre 32 et 40 caractères par ligne, sur un
maximum de deux lignes).
4 Un bon soustitrage doit donc tendre vers une subtile harmonie entre image, son et
parole, de sorte qu’on ne le remarque pas, qu’on ait l’impression de suivre le film sans le
lire. Les soustitres doivent disparaître pour se fondre à l’image. En général, on ne
remarque les soustitres que pour en signaler les erreurs. Par ailleurs, ces limitations
d’espace et de temps génèrent souvent une certaine frustration pour l’adaptateur.
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3/7/2016 L’adaptation pour le soustitrage
Souvent il doit renoncer à la formule “parfaite” pour une autre plus synthétique, ou
choisir entre deux informations en cas de simultanéité de dialogues.
5 Ces contraintes de forme, conjuguées à d’autres exigences de lisibilité (relatives au
découpage des soustitres, au respect des changements de plans, etc.), nous amènent à
considérer la traduction cinématographique davantage comme une adaptation que
comme une traduction. Il ne s’agit pas uniquement de transcrire littéralement des
dialogues, mais aussi de les remanier, les adapter, pour les rendre lisibles. Le terme
d’adaptation risquant toutefois de prendre une connotation péjorative et d’alimenter
les critiques de la part de noninitiés la considérant dès lors comme un transfert
linguistique déficient, on préférera employer celui d’“adaptation audiovisuelle”, qui
présente l’avantage de prendre en compte la dimension sémiotique de la traduction.
6 L’un des grands défis de l’adaptation audiovisuelle consiste à restituer les dialogues
le plus fidèlement possible, tout en respectant les contraintes déjà évoquées. Bien que
l’adaptation mérite d’être plus largement développée, soulignons juste quelquesunes
de ses particularités, qui constituent ses principales difficultés. La principale
caractéristique du soustitrage est de passer d’un langage oral à un langage écrit, avec le
plus de naturel possible et tout en respectant le registre de langue. Le traducteur doit
restituer l’oralité du discours, sans pour autant tomber dans le style télégraphique ni
alourdir le texte par un excès de tics de langage, d’interjections ou de formules
argotiques. La traduction audiovisuelle se distingue aussi d’autres modes de traduction
par la diversité terminologique abordée, qui exige du traducteur une vaste culture
générale et une certaine élasticité mentale. Il va par exemple passer de la traduction
d’un documentaire sur le Candombe à l’adaptation de poèmes de Pablo Neruda, ou
encore au parlache colombien2. Le traducteur est donc constamment amené à effectuer
des recherches, à changer de registres, à puiser dans des jargons spécifiques.
7 Une autre caractéristique de l’adaptation audiovisuelle réside dans la difficulté
inhérente aux transferts de références culturelles. L’humour, les proverbes, les allusions
à des personnages célèbres, les jeux de mots et autres tournures idiomatiques, sont
autant d’éléments d’identité culturelle particulièrement résistants à la traduction qui
sollicitent l’imagination et tous les neurones du traducteur. Contrairement à d’autres
modes de traduction, le soustitrage ne permet pas de recourir aux notes du traducteur3
et contraint celuici à apporter des solutions concrètes et immédiates. Dans certains
cas, il doit même se résoudre à “perdre” des nuances, des subtilités, ou des références
culturelles qui se révèlent intraduisibles.
8 Véritable spécialiste du jonglage langagier, le traducteuradaptateur est alors
confronté à divers défis : non seulement trouver des solutions d’équivalence se
rapprochant des intentions de l’auteur, mais aussi traduire des émotions, des
sensations. Pour cela, il doit se détacher de sa propre langue afin de s’imprégner de la
réalité culturelle (géographique, sociale, idéologique) qui enveloppe de film. Il ne suffit
pas de l’aborder de façon purement linguistique, il faut explorer tout ce qui
l’accompagne, tout ce qui prolonge les dialogues. Ce n’est qu’en appréhendant
pleinement ce contexte qu’il parvient à entrer dans la peau des personnages pour
trouver la réplique qui sonnera le plus juste. Il doit également s’appuyer sur la valeur
sémiotique de l’image, ce qui lui permet de supprimer le superflu (répétitions, tics de
langage, etc.) pour alléger au maximum l’écrit. Il est de mise de ne pas traduire ce que
l’image explicite.
9 La spontanéité et la fluidité des dialogues sont conditionnées par les choix du
traducteuradaptateur et sa capacité à prendre en compte les évolutions sémantiques,
les emprunts, dans un souci permanent de cohérence. Ses partis pris, ainsi que son
intelligence de l’image, s’avèrent à la fois délicats et décisifs, puisqu’ils contribuent en
grande partie à la réception du film soustitré.
10 Enfin, comme dans toute démarche traductive, l’adaptateur remplit le rôle de porte
parole de l’auteur, au point d’être considéré par certains comme son coauteur,
indépendamment de ses goûts personnels. Par déformation professionnelle, un
traducteur a rarement une vision objective d’un film qu’il a traduit ; il l’évalue en termes
de difficulté de traduction ou d’adaptation.
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Un marché en explosion et
contradictions
11 Si le soustitrage repose sur le traducteur, celuici n’est pas le seul créateur de sous
titres ni le seul garant de leur qualité. Le terme soustitrage, dans son acception la plus
large, désigne un ensemble d’opérations : le repérage, qui définit le temps d’affichage à
l’écran de chaque soustitre ; la traduction de toute information d’intérêt (dialogues,
mais aussi voix off, chansons, titres, pancartes, lettres…) ; l’adaptation, qui consiste à
ajuster les dialogues traduits au nombre de caractères autorisés ; la relecture, pour
vérifier l’orthographe, la frappe et l’adéquation de la traduction ; et enfin, la simulation
finale avec le client, avant l’incrustation dans l’image (s’il y a lieu), pour visualiser le
résultat et effectuer d’ultimes modifications.
12 En théorie, ces tâches se succèdent chronologiquement et correspondent à des
professions distinctes. En réalité, certaines étapes sont omises ou volontairement
supprimées pour des raisons de délais ou de budget, ce qui se répercute sur la qualité de
la traduction. Il arrive par exemple qu’un traducteur (peu consciencieux, il est vrai)
traduise un film sans même l’avoir visionné. En outre, l’apparition de nouveaux outils
permet désormais au traducteur de gérer luimême toutes les étapes du soustitrage au
moyen de logiciels sophistiqués. Ce qui présente l’avantage de réduire le nombre
d’intermédiaires et par conséquent, le coût du travail pour le client. Le traducteur, pour
sa part, bénéficie d’une large marge de liberté lui permettant de transposer plus
aisément le “vouloir dire” du réalisateur, en jouant avec le découpage. De même, pour
des raisons essentiellement économiques, l’intervention d’un relecteur ou correcteur
tend à disparaître, ce qui fait reposer d’autant plus de responsabilité sur les épaules du
traducteur.
13 Sans entrer dans les détails, soulignons juste que le soustitrage électronique est une
modalité à part, car la synchronisation (étape qui consiste à faire coïncider les sous
titres avec l’énoncé) s’effectue en instantané, au moment de la projection. Ce procédé
présente de nombreux avantages sur les festivals ou événements ponctuels, car plus
adapté aux situations d’urgence et engendrant de moindres coûts. En revanche, il
représente une certaine fragilité du fait que le traducteuradaptateur dispose
généralement de délais plus courts, doit faire face à un rythme de travail accéléré et que
le soustitreur4 est soumis aux aléas du direct.
14 Alors que l’on assiste à l’essor et la diversification du marché de la traduction
audiovisuelle et à une familiarisation du public avec le soustitrage, ce dernier soulève
de nombreuses inquiétudes et interrogations liées notamment à la dégradation des
conditions de travail et de la qualité des soustitres produits. La première
contradiction est la suivante : tous les acteurs du secteur (du commanditaire au
traducteur, en passant par les prestataires techniques et distributeurs) aspirent à
atteindre un résultat professionnel de qualité, en exigeant aux traducteurs/adaptateurs
rapidité d’exécution et bas tarifs.
15 Lorsque des sociétés se vantent de pouvoir offrir des soustitrages de qualité à des
prix défiant toute concurrence et dans des délais record, on peut se demander quel est
leur secret. Auraientelles trouvé des perles rares ? Existeraitil des traducteurs qui ne
dorment pas et ne mangent pas ? Cette primauté de l’argument économique se ressent
également lors du lancement commercial d’un film. Celuici débute généralement par
une version soustitrée pour le cinéma, suivie d’une autre pour la vidéo, pour le DVD, et
idéalement une autre pour la télévision. Les normes de chaque support sont légèrement
différentes, notamment en raison du nombre d’images par seconde qui varie
légèrement. Cependant, en raison du raccourcissement des délais de commande et par
souci d’économie, il est de plus en plus courant d’utiliser les mêmes soustitres
indépendamment du canal de diffusion. De cette façon, le rythme de lecture est
accéléré, ce qui joue sur la lisibilité des soustitres. De même, pour un film destiné à être
traduit en plusieurs langues, les studios ont tendance à utiliser le même découpage
pour chacune d’elles, alors que certaines (comme le chinois) sont beaucoup plus
synthétiques que d’autres (comme le français ou l’espagnol). Il est également fréquent
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que la traduction pour le doublage (qui, rappelonsle, doit coïncider avec les
mouvements des lèvres) soit réutilisée pour le soustitrage, d’où les incohérences
flagrantes qui peuvent surgir. L’économie prend le dessus sur le culturel et pour
répondre aux nécessités de la concurrence, certaines firmes installent des filiales dans
des pays à faible coût salarial, tels que l’Inde.
16 En dehors de ces considérations d’ordre économique, notons que s’agissant d’une
profession intimement liée à la technologie, les avancées sur ce terrain ont eu un impact
immédiat sur son organisation professionnelle. L’apparition de nouveaux outils s’est
traduite par un gain de temps, la multiplication d’échanges entre traducteurs (forums,
plateformes), ainsi que par une démocratisation des outils de soustitrages. Ces
évolutions, a priori positives, ont néanmoins affecté le marché de la traduction
audiovisuelle dans la mesure où on demande de plus en plus au traducteuradaptateur
d’effectuer luimême la phase de repérage, voire d’incrustation (confiées auparavant à
un technicien). Cette fusion des tâches a eu pour conséquence l’application de tarifs
forfaitaires (à la minute, ou au film) ne rendant compte ni du nombre de soustitres
(pouvant varier du simple au double) ni du degré de complexité de la traduction. Ce
mode de fonctionnement a également contribué à discréditer le travail de création du
traducteur.
17 Si la traduction audiovisuelle est contrainte de se plier aux aléas du marché, elle reste
un petit monde passionnant et convoité, où les possibilités d’entrer et d’évoluer
demeurent réduites. La multiplication des formations en traduction et l’augmentation
des personnes bilingues ont conduit à une réelle professionnalisation, garantissant le
maintien de standards de qualité, mais aussi à une dégradation des conditions de
travail, notamment perceptible au niveau des tarifs pour les traducteurs travaillant
dans des combinaisons de langues très courantes. Par ailleurs, la démocratisation des
outils de soustitrage permet désormais à toute personne disposant d’un programme
adéquat de “fabriquer” des soustitres comme bon lui semble, sans avoir pour autant
appris les règles du métier. C’est ainsi qu’on peut voir des soustitres “artisanaux”
complètement illisibles, mal découpés, ou plein de fautes. Internet et l’apparition de
fansubs (copies de films ou de séries soustitrés par des amateurs) ont participé à la
confusion du spectateur, qui tend à assimiler tous les types de soustitrage. Tendance
qui contribue en partie au manque de reconnaissance dont souffre la profession. Bien
que l’objectif des fansubbers soit louable, puisqu’ils rendent accessibles à leur public
des œuvres indisponibles dans leur pays, il faut souligner qu’ils traitent le soustitrage
comme un passetemps, alors que pour les professionnels de la traduction
audiovisuelle, il constitue une activité à part entière, un art exigeant un savoirfaire
linguistique, technique, ainsi qu’une certaine connaissance cinématographique.
18 Le fait que l’adaptation audiovisuelle soit considérée bien souvent comme une
traduction imparfaite, puisque non intégrale, contribue également à cette
dévalorisation de la profession. Se substituant à une traduction littérale rendue
impossible, l’adaptation donne l’impression d’une grande marge de liberté et, de ce fait,
n’est pas intellectuellement reconnue comme une vraie traduction. Alors que le
doublage donne l’impression de transmettre plus d’informations, le soustitrage
confronte en permanence le spectateur à deux sources linguistiques (langue lue et
langue entendue) et l’effort de synthèse du soustitrage peut être perçu comme une
déficience. Quel que soit son degré de compréhension de la langue source (langue
originale du film), toute personne peut aisément remarquer la suppression de certaines
informations dans la langue cible (celle des soustitres), qu’elle aura tendance à
interpréter comme des lacunes de traduction. Alors que l’adaptateur se présente comme
le trait d’union entre l’œuvre et le public, il est invisible et son activité créatrice est
souvent perçue comme subalterne. Pour preuve, son nom ne sera connu que par les
quelques cinéphiles qui scrutent l’écran jusqu’à la dernière ligne du générique, au
désespoir des projectionnistes.
Rentabilité versus qualité
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19 Au vu de toutes les contraintes énumérées, des rémunérations à la baisse, des
conditions de travail précaires et de la dévalorisation constante du métier, on peut se
demander quelles sont les perspectives d’avenir pour les traducteurs du monde de
l’image et comment préserver la qualité des soustitres.
20 Même si une traduction parfaite n’existe pas et qu’aucun traducteur n’est infaillible,
en revanche, le soustitrage parfait existe : c’est celui qui donne au public l’impression
d’avoir compris le film dans sa langue originale, grâce à la fluidité de l’adaptation. La
qualité d’un soustitrage est conditionnée par des éléments aussi simples que logiques.
Son créateur doit dans un premier temps disposer de bons outils (et savoir en tirer
profit), de délais corrects lui permettant d’effectuer les recherches nécessaires, de
prendre un minimum de recul et de laisser libre cours à sa curiosité. Parfois confronté à
un doute terminologique, le traducteur méticuleux ira consulter un spécialiste du
domaine en question. Or cette démarche méthodologique n’est pas toujours possible
pour des questions de temps. Enfin, aussi évident que cela puisse paraître, “quatre yeux
voient mieux que deux”, c’est pourquoi la relecture devrait être une étape indispensable.
21 Cependant, la réalité est bien loin de ces conditions idéales. Le statut des
traducteursadaptateurs reste précaire ; la plupart sont des travailleurs indépendants.
Souvent amenés à travailler la nuit, les weekends, à rester concentrés des heures
durant devant un ordinateur, ils réalisent un travail de fourmi qui sera souspayé. De
fait, peu d’entre eux parviennent à se consacrer exclusivement à la traduction
audiovisuelle et la profession se retrouve quelque peu désertée par des gens
extrêmement compétents qui cherchent ailleurs une rémunération plus juste et un
minimum de reconnaissance. Nombreux sont ceux qui envisagent aujourd’hui de se
reconvertir, de faire du soustitrage comme passetemps ou comme activité secondaire.
22 Pour continuer d’exercer cette activité de façon sereine, le traducteuradaptateur doit
tenter de contribuer à la revalorisation de sa profession et de son propre travail. Le
premier pas est de savoir refuser des projets “non rentables” et de privilégier les clients
misant avant tout sur la qualité, quitte à moins travailler. Pour cela, il doit faire valoir
son expérience, ses compétences particulières. Car la traduction audiovisuelle permet
non seulement à un “produit” de traverser les frontières, d’être compris et apprécié à
juste titre, mais elle lui procure une véritable valeur ajoutée, qui repose sur la créativité
du traducteur. C’est pourquoi une adaptation audiovisuelle doit être considérée comme
un travail de création intellectuelle et son auteur comme un artisan au savoirfaire
exceptionnel transmis par des “maîtres” expérimentés et exigeants.
23 Malgré l’existence d’associations qui tentent de fédérer les traducteursadaptateurs,
d’assurer des conditions de travail décentes, une rémunération correcte et une certaine
homogénéisation du soustitrage, le secteur n’est régi par aucun contrôle de qualité.
Bien qu’on observe des disparités suivant les supports et les pays, ce manque de
réglementation menace sérieusement la profession, encourage les pratiques amateurs et
nuit à la qualité du soustitrage. C’est pourquoi il est important de sensibiliser tous les
acteurs du monde du cinéma pour leur fournir les outils d’analyse et de critique
constructive afin de continuer à défendre la qualité, le respect de l’œuvre et du public.
Notes
1 Contrairement au soustitrage intralinguistique, qui s’opère au sein d’une même langue
(notamment pour les sourds et malentendants).
2 Argot qui s’est développé dans la banlieue de Medellín pour s’étendre à tout le pays.
3 Une note explicative qui figurerait sous le soustitre.
4 Ici entendu comme le technicien qui projette les soustitres.
Table des illustrations
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Pour citer cet article
Référence papier
Pascaline Rosnet, « L’adaptation pour le soustitrage », Cinémas d’Amérique latine, 20 | 2012,
7481.
Référence électronique
Pascaline Rosnet, « L’adaptation pour le soustitrage », Cinémas d’Amérique latine [En ligne],
20 | 2012, mis en ligne le 17 avril 2014, consulté le 03 juillet 2016. URL :
http://cinelatino.revues.org/503
Auteur
Pascaline Rosnet
Titulaire d’une maîtrise de langues et littérature espagnoles et latinoaméricaines et d’un
master de traduction, elle se consacre depuis 2006 à l’adaptation audiovisuelle, tant pour le
cinéma que pour le DVD. Elle travaille également ponctuellement comme technicienne de
soustitrage électronique sur des festivals pour le compte de FILA 13.
Droits d’auteur
Cinémas d’Amérique latine est mis à disposition selon les termes de la licence Creative
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