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Ingénierie tissulaire et endodontie


S. SIMON, J.-M. SAUTIER

D I - Principes biologiques
ans les années 1980, le chimiste Robert Langer et le
chirurgien Joseph Vacanti émettaient l’hypothèse qu’il
était possible de régénérer un tissu ou un organe en de l’ingénierie tissulaire
cultivant des cellules spécifiques sur un matériau biodégra-
dable (Langer et Vacanti, 1995). C’est ainsi qu’est née l’ingénie- Essentiel : pour imaginer pouvoir reconstruire un système
rie tissulaire. Cette approche interdisciplinaire de la médecine vivant et remplacer chez l’homme une structure détruite
fait appel aux principes de l’ingénierie de la science du vivant ou détériorée, il est primordial de connaître les principes
fondamentaux à partir duquel ce tissu s’est formé initiale-
et des effets biologiques qui permettent de restaurer, main-
ment. C’est la raison pour laquelle une connaissance par-
tenir ou améliorer la fonction d’un tissu (Skalak et Fox, 1998). faite de l’embryologie ou du développement initial est
La première application d’ingénierie tissulaire a été publiée nécessaire pour pouvoir créer de nouvelles thérapeutiques.
en 1990 et démontrait la possibilité de régénérer un tissu car-
tilagineux en forme d’oreille humaine dans le dos d’une souris
(Cao et al., 1997). Cette application très spectaculaire a réel- On reconnaît actuellement deux applications principales à la
lement fait prendre conscience à la communauté scientifique médecine régénératrice :
de l’intérêt de cette nouvelle approche médicale. Depuis, le - le traitement des maladies dégénératives (par exemple la
nombre d’applications d’ingénierie tissulaire n’a cessé de maladie de Parkinson), dans lesquelles la destruction des
croître et celles-ci permettent aujourd’hui d’avoir une cellules ou d’organes est à l’origine du développement de la
approche thérapeutique différente. La régénération de la pathologie ;
peau pour les grands brûlés et la reconstruction d’os dans les - la régénération partielle ou complète d’un organe détruit
cas de perte sévère sont des exemples de stratégies médi- par la maladie ou un accident.
cales qui sont dorénavant couramment utilisées en méde- Sur le plan pratique, il existe deux stratégies :
cine. - la thérapie cellulaire, qui consiste à transplanter des cellules
La demande médicale est parallèlement de plus en plus forte, directement dans l’organe receveur afin de permettre le
puisque le manque d’organes humains s’aggrave chaque développement ou la régénération d’un tissu ou d’un organe.
année. En 20 ans, la liste d’attente aux États-Unis pour les Cette approche permet de prévenir ou de traiter des patho-
transplantations a quadruplé (selon l’United Network for logies humaines en administrant des cellules qui ont été
Organ Sharing). sélectionnées, voire modifiées pharmacologiquement en
dehors de l’organisme à traiter ;
La découverte de niches de cellules souches adultes au - l’ingénierie tissulaire vraie qui consiste à implanter des subs-
sein de la plupart des organes, ainsi que leurs possibles tituts biologiques précédemment générés in vitro. Ces
applications thérapeutiques ont largement participé à techniques appliquent les principes de l’ingénierie et des
l’émergence de la médecine régénérative. sciences de la vie afin de créer des substituts biologiques
L’odontologie et, plus récemment, l’endodontie n’ont pas qui vont restaurer, maintenir ou améliorer la fonction du
été épargnées par l’engouement pour cette nouvelle tissu.
conception de la médecine ; l’innovation et l’intérêt crois- En odontologie, pour des raisons évidentes d’ordre écono-
sant pour cette discipline justifient à elles seules la place mique et éthique, la thérapie cellulaire trouve encore peu
de ce chapitre au sein de d’un ouvrage consacré à l’endo- d’indications. L’ingénierie tissulaire quant à elle, qui permet
dontie.
d’améliorer ou de remplacer des fonctions biologiques par la

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combinaison de cellules, de biomatériaux et de facteurs bio- thélium et le mésenchyme dérivé des cellules des crêtes
logiques, constitue un champ d’investigation pluridiscipli- neurales (ectomésenchyme). Ces signaux permettent égale-
naire qui trouve tout son intérêt dans cette discipline et qui ment de guider le positionnement des cellules le long du
fait appel à de nombreux domaines de la recherche, notam- front de minéralisation et de sécréter de nouvelles molé-
ment : cules. Ces protéines de la matrice extracellulaire vont partici-
- aux biomatériaux employés pour diriger l’organisation, la per au processus de minéralisation de la dent. L’implication
croissance et la différenciation des cellules. Ils se com- notamment des BMP (bone morphogenetic protein) et du
portent comme un support physique permettant la crois- TGF-β (transforming growth factor beta) au cours de ces
sance du tissu et, grâce à la chimie, une signalisation phases précoces ont été décrits dans le chapitre 1er de cet
physique ou biochimique peut être envisagée ; ouvrage. Ce sont ces voies de signalisation qui sont utilisées
- aux cellules. La source de cellules utilisées peut provenir de pour les approches d’ingénierie tissulaire en odontologie,
l’organisme du malade (source autologue), d’un autre indi- que ce soit pour régénérer aussi bien le complexe pulpo-
vidu de la même espèce (source allogénique) ou encore dentinaire qu’un tissu pulpaire, voire une dent entière.
d’un individu d’une espèce différente (source xénogénique) ;
- aux aspects biomécaniques qui permettent d’étudier les Cette signalisation moléculaire spécifique à l’organe den-
propriétés des tissus originaux et d’identifier les propriétés taire reste également un modèle d’étude de la signalisa-
minimales requises pour assurer la fonction de l’organe à tion épithélio-mésenchymateuse dans les autres organes.
régénérer. Ces connaissances permettent d’assurer l’effica-
cité et la sécurité des tissus néoformés ;
- aux biomolécules, regroupant les facteurs de croissance, les Quotidiennement, le chirurgien-dentiste doit gérer des
morphogènes, les facteurs angiogéniques, les facteurs de pertes tissulaires. La destruction de l’émail par la carie, d’une
différenciation et toute autre molécule qui permet d’in- part, et de la dentine, d’autre part, l’oblige à user de subter-
duire, d’inhiber ou de contrôler une signalisation cellulaire ; fuges qui doivent permettre à la fois de stopper la progres-
- au « design » tissulaire, qui permet d’envisager une expan- sion de la maladie carieuse et de restaurer la fonction sans
sion cellulaire en deux dimensions et une croissance tissu- nuire au reste de l’organe. Pendant très longtemps la mise au
laire en trois dimensions. Ces amplifications cellulaires font point de matériaux et de systèmes adhérant aux structures
appel à des bioréacteurs et à des conditions de stockage et dentaires a représenté la quasi-totalité du domaine de la
de distribution de cellules dans les tissus ; recherche en odontologie. Néanmoins, les cliniciens savent
- à l’informatique utilisée pour le séquençage génétique et pertinemment qu’aucun matériau n’est capable de mimer
protéomique des tissus. Elle est également sollicitée pour la complètement la structure dentaire sur les plans physique,
modélisation des cellules et des tissus et, évidemment, mécanique, esthétique et biologique. Si ces matériaux ne
comme outil de gestion des données. représentent pas la panacée, il convient cependant de recon-
naître qu’ils restent encore aujourd’hui les seuls moyens
fiables et stables à long terme pour remplir les missions
II - Ingénierie tissulaire imposées.

et odontologie Pour autant, il ne faut pas négliger les nouvelles voies de la


Depuis plusieurs années, les chercheurs en odontologie ont recherche qui permettent aujourd’hui d’imaginer une den-
commencé à explorer le potentiel de l’ingénierie tissulaire tisterie différente, biologique et probablement beaucoup
pour réparer les structures dentaires manquantes et éven- plus proche de la régénération que de la restauration.
tuellement imaginer le remplacement d’une dent entière ; les
stratégies d’ingénierie tissulaire conventionnelle associée
aux nanotechnologies et aux cellules souches ont considéra-
blement fait progresser la recherche en dentisterie au cours III - Ingénierie tissulaire et endodontie
des 20 dernières années. Dans le premier chapitre de cet ouvrage, il a été démontré
comment la biologie pouvait permettre d’imaginer une régé-
Important ! Les principes de régénération sont fondés sur la nération pulpo-dentinaire localisée. Le coiffage pulpaire
reproduction des voies de signalisation moléculaire mises représente effectivement un exemple d’ingénierie tissulaire,
en place au cours de l’odontogenèse précoce et de forma- exploité depuis presque 80 ans maintenant (Zander, 1939). La
tion des tissus dentaires.
complexité du processus de cicatrisation et l’absence d’un
certain nombre de facteurs (notamment cognitifs mais égale-
Les signaux morphogénétiques responsables de la différen- ment en termes de matériaux) restreignent encore considéra-
ciation et de la fonction des odontoblastes sont bien connus. blement le domaine d’application de ces thérapeutiques.
Ces échanges moléculaires commencent très tôt au cours du Si la régénération locale est de plus en plus indiquée et clini-
développement, dès le stade de lame dentaire, notamment quement reproductible, qu’en est-il d’une régénération plus
par des interactions séquentielles et réciproques entre l’épi- large intéressant l’intégralité d’un canal ?

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Depuis quelques années, l’ambition n’est plus de régénérer
Ce n’est qu’à partir de 2001 que les avantages et les objec-
une petite surface dentinaire mais bien d’aller au-delà et tifs attendus de la revascularisation d’un canal ont connu
d’envisager la régénération complète d’un tissu pulpaire ou un regain d’intérêt.
pseudo-pulpaire au sein d’un canal préalablement vidé de
son contenu.
Depuis, de nombreux cas cliniques de revascularisation cana-
Bien que les procédures de traitement endodontique per- laire sur des dents immatures nécrosées ont été publiés
mettent d’obtenir des résultats prévisibles et reproduc- (Iwaya et al., 2001 ; Banchs et Trope, 2004 ; Thibodeau et al.,
tibles, il apparaît que la régénération de novo d’un tissu 2007 ; Thibodeau et Trope, 2007). La papille apicale présente
conjonctif au sein du système endodontique est une solu- à l’apex d’une dent immature pourrait être un réservoir de
tion plus appropriée que le remplissage canalaire avec un
cellules souches d’origine dentaire susceptibles de recoloni-
matériau inerte.
ser un canal lorsque cette papille est désorganisée avec une
lime endodontique passée au-delà de l’« apex ». Ces fameuses
cellules souches, appelées SCAP (stem cells of apical papilla,
Le traitement d’un canal « vide » avec une stratégie de régé-
cellules souches de la papille apicale) (voir chapitre 1),
nération pose un certain nombre de difficultés qui doivent
auraient la particularité de rester vivantes même en présence
être surmontées telles que :
d’une infection majeure du système endodontique, et leur
- le recrutement de cellules ;
rôle éventuel dans le processus de régénération a été pro-
- la mise au point de matériaux permettant la croissance et
posé (Huang et al., 2008). À partir de ce principe, un proto-
l’organisation du tissu néoformé ;
cole clinique « standardisé » en deux étapes peut être
- le choix et l’utilisation de molécules de signalisation ;
appliqué (fig. 3.1 à 3.14).
- la vascularisation du tissu néoformé.
La première séance comporte :
- anesthésie péri-apicale et pose du champ opératoire ;
Remarque : le problème de la revascularisation en endo- - accès au canal par une cavité d’accès respectant tous les
dontie est difficile à gérer dans la mesure où la seule voie critères requis ;
de pénétration des capillaires est le foramen, dont le dia- - irrigation abondante du canal avec du sérum physiologique,
mètre est en général inférieur à 200 µm.
le canal n’étant pas instrumenté ;
- séchage du canal ;
Néanmoins, partant du principe que la vie d’un tissu est asso- - application d’une couche d’adhésif sur les parois dentinaires
ciée à la circulation sanguine, les premières expérimentations de la cavité d’accès et photopolymérisation ;
de revascularisation ont été réalisées dès les années 1960. À
cette époque, les opérateurs tentaient d’induire un saigne-
ment dans le canal, considérant que le caillot sanguin lui-
même pouvait se comporter comme un réservoir de facteurs
de croissance nécessaires au processus de régénération
(Ostby, 1961). Mais finalement, la régénération d’un tissu vas-
culaire s’est révélée très limitée, de l’ordre d’une hauteur de
0,1 à 1 mm en moyenne dans un canal qui, quant à lui, mesu-
rait de 14 à 16 mm (Myers et Fountain, 1974). Le second pro-
blème posé est que la régénération était induite à partir d’un
saignement issu du ligament parodontal, permettant le
recrutement de cellules osseuses ou du ligament mais en
aucun cas d’origine dentaire. Dans l’état des connaissances de
l’époque, l’origine du recrutement de ces cellules était
incompatible avec le processus escompté. Un peu plus tard,
une nouvelle approche a consisté à utiliser un polymère bio-
dégradable comme support de produits pharmacologiques
susceptibles d’induire la régénération (Buurma et al., 2004).
Alors que les résultats ex vivo étaient très concluants, les
recherches cliniques menées dans un second temps ont dû
être rapidement stoppées à cause de l’intensité des douleurs
postopératoires rapportées par les patients (Rutherford,
2007). À nouveau, le manque de connaissances de l’époque
sur les cellules souches et, notamment, sur les niches den- Figure 3.1 Radiographie préopératoire d’une 11
taires s’est avéré être un facteur limitant l’élaboration d’autres immature, dont la pulpe est nécrosée et qui pré-
approches thérapeutiques. sente une lésion apicale, d’un garçon de 8 ans.

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Figure 3.2 Situation clinique. En rouge est Figure 3.3 La cavité d’accès permet d’accéder
schématisée la papille apicale contenant les au canal. Il est nettoyé sans instrumentation,
SCAP (stem cells of apical papilla). simplement avec un rinçage au sérum physio-
logique.

Figure 3.4 Une application d’adhésif sur les parois dentinaires Figure 3.5 Le gel contenant les trois antibiotiques est mis en
de la cavité d’accès permet de limiter les risques de coloration place directement dans le canal après séchage avec des pointes
de la couronne de la dent inhérente à la technique. de papier stériles.

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Figure 3.6 Schématisation de la dent traitée, Figure 3.7 Vue clinique de la médication antibiotique en place
médication en place. dans le canal.

Figure 3.8 Schématisation du canal désinfecté Figure 3.9 Création d’un saignement intraca-
au bout de 2 semaines, prêt à être traité. nalaire avec un instrument endodontique
manuel passé au-delà du foramen de la dent.
La papille apicale est désorganisée.

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Figure 3.10 Vue clinique du canal rempli de sang. Figure 3.11 Schématisation du canal rempli
d’un caillot sanguin, surmonté par une obtura-
tion au ProRoot MTA® blanc, et de la cavité
d’accès obturé avec une restauration collée.

Figure 3.12 Vue clinique du bouchon de ProRoot MTA® placé au Figure 3.13 Radiographie de contrôle à 10 mois
contact du caillot sanguin intracanalaire. postopératoires. Noter la cicatrisation de la
lésion apicale osseuse, l’élargissement des
parois radiculaires et la probable légère édifi-
cation canalaire, laissant suspecter une apexo-
genèse en cours.

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Note : un contrôle radiographique à chaque séance permet
de suivre l’évolution de la lésion osseuse péri-apicale, d’une
part, et d’observer une éventuelle fermeture du canal par
un tissu minéralisé d’autre part (fig. 3.15 et 3.16).

Certains auteurs ont rapporté que les dents ainsi traitées


pouvaient à nouveau répondre aux tests de vitalité, notam-
Figure 3.14 Reconstitution coronale de la dent traitée issue d’un ment au test électrique.
examen CBCT à 32 mois postopératoire. Noter la fermeture api-
cale de la dent initialement immature à pulpe nécrosée.

- mise en place dans le canal d’une pâte composée de trois


antibiotiques (voir tableau 3.1 pour les modalités de prépa-
ration) ;
- obturation provisoire de la cavité d’accès.
La seconde séance (2 à 3 semaines après la précédente) se
déroule comme suit :
- anesthésie péri-apicale sans vasoconstricteur ;
- élimination de la pâte antibiotique intracanalaire ;
- rinçage au sérum physiologique. Le canal doit pouvoir être
séché sans ambiguïté ;
- avec une lime endodontique stérile de 15/100, passage au-
delà du foramen pour induire un saignement apical et laisser
le sang remonter dans le canal jusqu’à la jonction amélo-
cémentaire ; Figure 3.15 Patiente âgée de 14 ans au moment de la consultation,
- attente de la formation d’un caillot sanguin ; rapportant un accident infectieux récent avec cellulite et hospi-
talisation. À l’examen clinique, un abcès en regard de la 11 est
- obturation de la partie coronaire du canal avec du ProRoot
encore présent. Les dents 11 et 12 ne répondent plus aux tests de
MTA® ; vitalité. Il est décidé d’entreprendre un traitement endodontique
- obturation de la cavité d’accès avec un composite étanche. conventionnel avec temporisation à l’hydroxyde de calcium sur
Le patient est ensuite suivi tous les 3 mois. la 12, et un traitement par revascularisation sur la 11 immature.

Tableau 3.1 Préparation de la médication intracanalaire à partir d’antibiotiques.


Composants Antibiotiques :
• ciprofloxacine 200 mg
• métronidazole 200 mg
• minocycline 100 mg
Gel :
• propylène glycol
• pommade à base de macrogol (excipient)
Préparation Éliminer les éventuels enrobages des comprimés avec une lame de bistouri ou vider les contenants des gélules en fonction
des formes galéniques et écraser les comprimés séparément dans un mortier avec un pilon. Les réduire à l’état de poudre
très fine
Mélanger en quantité égale (1/1) les poudres d’antibiotiques
Préparer le vecteur en mélangeant en quantité égale (1/1) le propylène glycol et la pommade à base de macrogol
Mélanger le mix d’antibiotiques au mélange précédent, en quantité de 1/5 pour une consistance crémeuse, voire 1/3 pour
une consistance plus compacte
Conservation Les poudres d’antibiotiques doivent être conservées séparément dans des récipients en porcelaine, à l’abri de l’humidité
Le propylène glycol et la pommade à base de macrogol doivent être conservés séparément
Ne pas conserver si le mélange est transparent (contamination évidente par l’humidité)

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Malgré toutes ces controverses, l’utilisation de la pâte


contenant des antibiotiques en guise de médication désin-
fectante semble pour le moment être la plus appropriée.

À ce sujet encore, une controverse existe. Pour certains, l’as-


sociation des 3 antibiotiques semble présenter le spectre
d’action le plus approprié, tandis que pour d’autres l’utilisa-
tion de l’association amoxicilline-acide clavulanique en
application topique constituerait la meilleure option. Il
convient de noter que dans le mélange proposé, l’utilisation
d’un antibiotique de la famille des tétracyclines n’est pas sans
risque, notamment dans ce type d’indications qui concerne
souvent une population jeune.

Figure 3.16 Contrôle à 24 mois postopératoires. La régénération


osseuse est quasiment complète et on note la présence d’une C - Que se passe-t-il sur le plan biologique ?
barrière calcifiée entre le matériau d’obturation coronaire et le
tissu régénéré. Néanmoins, aucun signe de radiculogenèse ni Important ! La cicatrisation quasi systématique des lésions
d’apexogenèse n’est notable, contrairement à ce qui est parfois apicales confirme la pertinence de ce genre de traitement.
décrit dans la littérature médicale. En effet, l’objectif d’un traitement en endodontie consiste à
replacer la dent dans un contexte biologique favorable, per-
mettant d’induire secondairement la cicatrisation d’une
lésion et d’éviter sa récidive.

A - Indications Cliniquement, il est impossible de définir la nature du tissu,


À ce jour, seules les dents immatures à apex larges peuvent probablement conjonctif, formé à l’intérieur du canal. Cer-
être traitées de cette façon. S’il est démontré dans les années tains auteurs ont rapporté, en plus de la cicatrisation osseuse,
à venir que les cellules progénitrices sont recrutées à dis- la possibilité d’une apexogenèse qui jusqu’ici était stoppée,
tance de la dent et non de la papille apicale, cette procédure voire même un épaississement des parois radiculaires. Ces
pourra être adaptée au traitement des dents matures en observations permettraient de confirmer la formation d’un
modifiant les protocoles d’instrumentation du canal. tissu ayant des capacités dentinogénétiques et, donc, proche
de la pulpe. Pour d’autres, il s’agirait uniquement de la forma-
tion d’un tissu conjonctif quelconque, assurant une vitalité
B - À propos de la désinfection au sein de la dent mais dépourvu de toute propriété dentino-
Il est important de désinfecter le canal avant d’envisager sa génétique. Par ces considérations différentes, les uns parlent
revascularisation : la persistance de bactéries compromet- de procédure de « régénération pulpaire » (Huang et Lin,
trait la survie du tissu conjonctif. Néanmoins, il a été 2008) alors que pour d’autres, il s’agirait d’une simple « revas-
démontré récemment que la contamination de la dentine cularisation » du canal (Trope, 2008).
canalaire par de l’hypochlorite de sodium limite, voire Si, sur le plan cognitif, connaître la nature du tissu néoformé
empêche, l’adhésion cellulaire (Ring et al., 2008). Un simple est intéressant, il s’avère que pour le clinicien, le fait d’obtenir
rinçage du canal avec cette solution suffirait à limiter, voire une « revitalisation » du canal marque déjà le franchissement
à empêcher, la régénération tissulaire à suivre. Ce point fait d’une étape importante.
actuellement l’objet d’une controverse et d’autres auteurs
ne voient pas d’inconvénient à l’utilisation d’hypochlorite Important ! Le remplissage du canal avec un tissu conjonctif
de sodium à faible concentration (1 %) pour désinfecter le permet d’obtenir une excellente obturation endodontique
canal. biologique assurant, en plus des rôles conventionnels de
L’hydroxyde de calcium, quant à lui, est déconseillé à cause tout autre matériau d’obturation, une action de défense
de ses propriétés de dissolution des matières organiques. d’origine vasculaire et cellulaire contre les micro-orga-
nismes.
L’application de cette médication en interséance provoque-
rait une destruction des cellules de la papille apicale et
empêcherait le recrutement de cellules progénitrices lors L’origine du recrutement des cellules reste également contro-
de la seconde séance. Cette observation est également versée. Une étude récente a clairement montré la présence
controversée, certains auteurs ayant décrit des situations de cellules souches mésenchymateuses dans le sang obtenu
cliniques où la revascularisation avait été possible malgré lors du remplissage du canal (Lovelace et al., 2011). Cette
une désinfection du canal à l’hydroxyde de calcium (Cotti étude est importante car elle est la première à démontrer
et al., 2008). qu’il ne s’agit pas d’un simple caillot sanguin. Il est intéressant

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de noter que ce qui posait un problème aux chercheurs dans En cas d’échec, le traitement endodontique par apexification
les années 1970 (l’origine des cellules recrutées) devient pour sera toujours possible, à condition de pouvoir éliminer le
les équipes contemporaines une véritable aubaine. bouchon de MTA sur la partie coronaire. Tout praticien se
sentant « apte » à effectuer ce type d’intervention pourra
alors envisager la technique de revascularisation ; il devra
D - Limites… néanmoins se tenir informé de l’évolution des connaissances
Malgré la publication de nombreux cas cliniques dans la litté- afin de pouvoir appliquer et mettre en œuvre les nouvelles
rature endodontique, très peu de chose est connu sur les recommandations issues des travaux de la recherche.
processus biologiques et physiologiques impliqués. Ces
lacunes représentent la limite majeure de la généralisation de
cette approche thérapeutique. De nombreuses recherches IV - Évolution future
sont actuellement en cours pour améliorer la technique et
Si, cliniquement, nous sommes encore techniquement limi-
optimiser la compréhension du processus.
tés, il faut rester conscient que recréer de la pulpe in vivo
repose sur les principes de base de l’ingénierie tissulaire (Lan-
L’Association américaine d’endodontie a récemment
ouvert un site Internet pour collecter les cas cliniques trai- ger et Vacanti, 1993 ; Kaigler et Mooney, 2001 ; Nakashima et
tés de cette façon, par des spécialistes de la discipline ou Reddi, 2003).
non, afin d’évaluer les implications en termes de santé En complément de la recherche sur les signalisations molé-
publique à court, moyen et long termes. Les quelques ana- culaires, l’équipe de Nör s’est particulièrement intéressée à
lyses épidémiologiques publiées sur ce sujet sont encou- l’angiogenèse, étape primordiale et préalable à toute régéné-
rageantes, mais l’absence de connaissance sur les processus ration tissulaire. Les facteurs pro-angiogéniques et, notam-
biologiques engagés doit inciter à une certaine réserve sur ment, le vascular endothelial growth factor (VEGF) jouent un
le développement de ce type de thérapeutique. rôle prédominant dans la différenciation des cellules en cel-
lules endothéliales et la génération de nouveaux vaisseaux
À la question « Peut-on mettre en œuvre cette procédure sanguins. Cette molécule reste à ce jour une cible préféren-
dans son cabinet dentaire ? », nous pouvons répondre tielle de recherche pour le travail sur la néovascularisation
« oui », à condition que le suivi du patient à long terme soit (Nör et al., 1999 ; Ferrara, 2004). Plus récemment, il a été mon-
possible, tant au niveau de l’organisation du cabinet que de tré que les protéines matricielles de la dentine (DMP, dentine
la motivation du patient et de son entourage. Le patient (ou matrix proteins), décrites dans le chapitre 1er, présentaient
ses représentants) devra être informé du caractère novateur également un pouvoir angiogénique sur les cellules pulpaires
de la thérapeutique mais également des risques encourus. Le (Zhang et al., 2011). D’autres auteurs, quant à eux, ont démon-
noircissement de la couronne est par exemple une compli- tré qu’il était tout à fait possible de régénérer un tissu
cation fréquente (fig. 3.17) même si elle est diminuée par conjonctif lâche vascularisé au sein d’une racine complète à
l’application de l’adhésif dans l’intrados de la cavité d’accès partir de SCAP et d’un support collagénique (Huang et al.,
(fig. 3.4). 2010). Enfin, de façon encore plus surprenante, des auteurs se
sont intéressés à un autre processus de recrutement, celui de
cell homing. Avec le même modèle de laboratoire (implanta-
tion d’une dent humaine dans le dos d’une souris), cette
équipe a montré qu’en plaçant uniquement des facteurs de
croissance (VEGF en l’occurrence) dans le canal d’une dent
mature, le recrutement cellulaire se faisait simplement, sans
nécessité de l’induire par un acte mécanique (Kim et al., 2010a
et 2010b). Outre le fait que cette équipe a pu montrer qu’il
était possible de s’affranchir du problème d’implantation cel-
lulaire pour régénérer le tissu manquant, il faut noter qu’elle
a travaillé avec des dents matures et non immatures. Ce
concept de cell homing pourrait clairement ouvrir de nou-
velles voies thérapeutiques et, surtout, élargir les indications
jusqu’ici limitées au traitement des dents à apex ouverts.
On comprend alors que la régénération d’un tissu vivant soit
complexe et que de nombreuses recherches complémen-
taires soient nécessaires. Il devient impératif de comprendre
quelles associations de biomolécules seront nécessaires et
Figure 3.17 Noircissement de la couronne d’une dent traitée par
revascularisation. Pour éviter ce désagrément, il est conseillé
idéales pour induire cette régénération sans pour autant
d’appliquer une couche d’adhésif dans l’intrados de la cavité créer de processus pathologiques induits. Si les spéculations
d’accès avant l’application de la médication intracanalaire et la sont nombreuses, le processus complet permettant d’imagi-
création du saignement (voir fig. 3.4). ner une telle thérapeutique reste encore à définir.

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Si la recherche est particulièrement active et fournit de nom- Idéalement, le remplacement d’une dent absente ou détruite
breux résultats sur les précurseurs et progéniteurs susceptibles devrait se faire par une dent autologue. Depuis quelque
d’intervenir dans le processus de cicatrisation, l’évolution est temps, cette stratégie thérapeutique est envisageable grâce,
cependant plus lente dans la mise au point des matériaux qui encore une fois, à l’ingénierie tissulaire et aux progrès faits
permettraient de recruter les cellules et de se comporter dans le domaine du développement et de la biologie des cel-
comme un environnement favorable à leur développement et lules souches. La première publication démontrant la faisabi-
à la régénération proprement dite. La création de nouveaux lité d’une régénération d’une dent avec de la pulpe, de la
biomatériaux qui présenteraient les qualités idéales pour l’in- dentine et de l’émail date des années 2000 (Young et al.,
génierie tissulaire de la pulpe a commencé il y a de nombreuses 2002 ; Duailibi et al., 2004). Ces auteurs démontraient que
années. Les matrices synthétiques fabriquées à partir de fibres non seulement la régénération d’une dent à partir d’une
d’acide polyglycolique ont été les premiers matériaux propo- biopsie autologue était possible mais également que le pro-
sés et restent à ce jour les plus utilisés. Les cellules sont cessus de régénération mimait de très près celui du dévelop-
capables d’adhérer à ces fibres, de proliférer et de se différen- pement initial comme cela avait été suggéré depuis des
cier, fournissant à terme un tissu conjonctif lâche dont la den- années. La première régénération dentaire in vitro à partir de
sité est proche de celle de la pulpe. D’autres matériaux, tels cellules souches a, quant à elle, été démontrée par Paul
que les hydrogels à base de collagène et d’alginate, ont été Sharpe et son équipe en 2005 (Sharpe et Young, 2005). Et
également utilisés, mais avec des résultats plus aléatoires. c’est finalement en 2009 qu’Ikeda et son équipe sont parve-
Enfin, d’autres biomatériaux plus rigides, tels que des phos- nus à régénérer et réimplanter une dent dans une mâchoire
phates de calcium, semblent avoir un comportement compa- murine. Cette implantation s’est avérée être viable et asso-
tible avec l’utilisation de cellules pulpaires. En présence de ce ciée à un recouvrement de la physiologie pulpaire et desmo-
matériau, les cellules sont capables d’induire des processus de dontale (Ikeda et al., 2009). Pour certains, le rêve était donc
minéralisation en sécrétant des vésicules matricielles (Wang devenu réalité, pour d’autres les choses sérieuses pouvaient
et al., 2006). Cordeiro et al., (2008) ont, quant à eux, utilisé de commencer !
l’acide polylactique (PLA, polylactic acid) pour ensemencer
des cellules souches pulpaires (DPSC et SHED) dans des
tranches de dents secondairement implantées en sous-cutané
dans le dos de souris. En 28 jours, ils ont observé la présence V - Conclusion
d’un tissu conjonctif dont la nature histologique était très
proche de celle de la pulpe. L’ingénierie tissulaire est une discipline particulièrement
excitante et l’odontologie ne sera pas épargnée par cette
évolution. Le coiffage pulpaire et la revascularisation
Toutes ces études suggèrent la possibilité de régénérer de canalaire de la dent immature représentent les premières
la pulpe dentaire avec des caractéristiques morpholo- illustrations de l’évolution de l’endodontie dans les années
giques proches de celles du tissu physiologique. Cepen- à venir. D’ores et déjà, nous devons prendre conscience de
dant, beaucoup de travail reste à faire avant d’obtenir des la tournure que vont prendre les événements, tout en
résultats cliniquement reproductibles. acceptant également l’idée que la biologie est particuliè-
rement complexe et ne nous permettra probablement pas
S’oriente-t-on vers une régénération complète de l’organe de faire autant d’erreurs que celles qui étaient tolérées
avec l’approche mécanique.
dentaire ?

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