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Dans le livre de la Genèse, au chapitre de la descendance des fils de Noé1, Nimrod est un fils de

Koush, qui lui-même est le fils aîné de Cham et le petit-fils de Noé. Nimrod est le premier héros sur la
terre, et le premier roi après le Déluge.

« Kouch engendra aussi Nemrod, celui qui le premier fut puissant sur la terre. Il fut un puissant
ravisseur devant l'Éternel ; c'est pourquoi l'on dit : « Tel que Nemrod, un puissant ravisseur devant
l'Éternel ! » Le commencement de sa domination fut Babel ; puis Érec, Akkad et Kalné, dans le pays
de Sennaar. De cette contrée il s'en alla en Assur, où il bâtit Ninive, Rehoboth Ir (en) et Kélah ; puis
Résen (en), entre Ninive et Kélah, cette grande cité. »

— Genèse 10,8-12 (traduction de la Bible du Rabbinat)

Le premier livre des Chroniques reprend l'idée de la Genèse qui fait de Nimrod le premier roi
postérieur au Déluge (1Ch 1,10). Dans le livre de Michée, le pays de Nimrod est identifié à l'Assyrie.

Le personnage de Nimrod s'inspire vraisemblablement d'un héros ou d'un personnage


mésopotamien. Parmi les identifications les plus souvent proposées, on trouve soit des divinités
mésopotamiennes telles que Marduk ou Ninurta, soit des souverains comme Sargon d'Akkad ou
l'assyrien Tukulti-Ninurta Ier. Moins souvent, des rapprochements ont été établis avec le kassite Nazi-
Maruttash ou avec le pharaon Amenophis III (nom de règne Neb Maât Rê). Le nom « Nimrod » est
souvent mis en relation avec la racine hébraïque marad signifiant « se rebeller ». Il peut s'interpréter
comme une première personne du pluriel (« nous nous rebellerons »). C'est ainsi qu'il a été compris
dans la tradition juive qui fait de Nimrod le prototype de l'orgueil et de la rébellion contre Dieu. Cette
étymologie apparaît cependant artificielle. Le nom de Nimrod peut plutôt dériver du dieu guerrier
sumérien Ninurta, même si le glissement de « Ninurta » vers « Nimrod » n'est pas expliqué
linguistiquement. L'image et les fonctions de Ninurta présentent des parallèles avec la figure de
Nimrod. Dans la littérature mésopotamienne, Ninurta est un dieu de la guerre et de l'agriculture, qui
défend la terre arable contre les monstres du chaos. Pendant la période médio-assyrienne, Ninurta
est attesté comme un dieu de la guerre et de la chasse. Pendant la période néo-assyrienne, il devient
le principal dieu de la capitale Kalkhu (Calah ou Kélah dans la Bible, aujourd'hui Nimroud). Une
différence importante est que dans la Bible, Nimrod est un héros humain. Contrairement à Ninurta,
son identité n'a rien de divine. On ignore de quelle manière ces traditions mésopotamiennes ont
atteint les scribes judéens2.

Dans le récit de la Genèse, Nimrod est présenté comme le fils de Koush et le petit-fils de Cham. Selon
la description biblique de l'humanité, Nimrod appartient donc à la branche africaine. Il est pourtant
clairement ancré dans le paysage mésopotamien. Il est le roi des principales villes de Babylonie et a
étendu sa domination à l'Assyrie au nord. Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer cette
situation. Certains chercheurs supposent une erreur scribale, d'autres l'expliquent par une confusion
avec un hypothétique personnage nommé Koush et qui serait un ancêtre éponyme pour les Kassites
de Babylonie (kaššu en akkadien). Nimrod est décrit comme un chasseur « devant YHWH » (en
hébreu lifnē yhwh). Dans le récit, cette expression ne présente pas la connotation négative que la
tradition postérieure y a vu, en interprétant lifnē comme « contre, en opposition à ». La relation
entre YHWH et Nimrod s'apparente plutôt à la relation entre le grand dieu sumérien Enlil et son fils
Ninurta2.

Traditions et légendes

La tradition rabbinique présente Nimrod comme le prototype du rebelle, son nom pouvant être
interprété comme "celui qui rend le peuple rebelle contre Dieu"3, mais la tradition protestante le
décrit comme un « chasseur héroïque devant Dieu »4.

Le titre de « chasseur devant Dieu », donné à Nimrod, est peut-être péjoratif. En effet, le mot hébreu
liphné, « à la face de », peut signifier « contre » ou « en opposition avec ». Bien que, dans ce cas,
certains spécialistes prêtent à la préposition hébraïque le sens favorable, « en face de », les
Targoumim juifs, ainsi que les Antiquités juives de l'historien Flavius Josèphe, mais aussi le contexte
du chapitre 10 de la Genèse lui-même laissent entendre que Nimrud était un puissant chasseur qui
provoquait Dieu.

Selon la tradition juive, Nimrod, le « roi-chasseur » régnant sur les descendants de Noé, eut l'idée de
construire à Babel (Babylone) une tour assez haute pour que son sommet atteigne le ciel (Talmud de
Babylone Avoda Zara 53b). Flavius Josèphe écrit :

« [Nimrud] peu à peu, transforme l'état de choses en une tyrannie. Il estimait que le seul moyen de
détacher les hommes de la crainte de Dieu, c'était qu'ils s'en remissent toujours à sa propre
puissance. Il promet de les défendre contre une seconde punition de Dieu qui veut inonder la terre :
il construira une tour assez haute pour que les eaux ne puissent s'élever jusqu'à elle et il vengera
même la mort de leurs pères. Le peuple était tout disposé à suivre les avis de [Nimrod], considérant
l'obéissance à Dieu comme une servitude ; ils se mirent à édifier la tour […] ; elle s'éleva plus vite
qu'on eût supposé. »

— Antiquités juives, livre I 114-115 (chapitre IV 2-3)

Nimrod meurt d'une façon humiliante. Un moustique s'est introduit dans son nez, provoquant
d'atroces migraines[réf. nécessaire]. Il demande à tous les passants de lui donner une tape sur le
crâne dans l'espoir de faire tomber le moustique. C'est ainsi que celui qui se prenait pour un Dieu
meurt victime d'un moustique. Dans le Talmud, la mort du « méchant Titus » qui a détruit le Temple
de Jérusalem est décrite par un midrash identique. Selon les sources juives, Nimrod a été tué après
avoir été provoqué en duel par Esaü, frère de Jacob[réf. nécessaire].

Nimrod appartient également au domaine légendaire arabe et persan[réf. nécessaire].

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