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Introduction au droit fiscal Pr. B.

Yelles Chaouche 2018-2019

UNIVERSITE ORAN 2
FACULTE DE DROIT
ET DES SCIENCES POLITIQUES

I NTRODUCTION
A U D ROIT F ISCAL

C OURS
D E L ICENCE
D ROIT P UBLIC E CONOMIQUE
P R . B ACHIR Y ELLES C HAOUCHE

A NNEE UNIVERSITAIRE
2018-2019

1
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

SOMMAIRE

INTRODUCTION
TITRE I
LES REGLES RELATIVES AUX SOURCES
DU DROIT FISCAL ET A L’ETABLISSEMENT DE L’IMPOT

CHAPITRE 1ER : LES SOURCES DU DROIT FISCAL


Section 1 : Les sources juridiques
Sous-section 1 : La Constitution
Sous-section 2 : Les actes législatifs
Sous-section 3 : Les actes réglementaires
Section 2 : Les sources infra juridiques
Sous-section 1 : Les circulaires et instructions de service
Sous-section 2 : Le rescrit fiscal
CHAPITRE 2 : L’ETABLISSEMENT DE L’IMPOT
Section 1 : L’assiette de l’impôt
Sous-section 1 : La détermination de la matière imposable
Sous-section 2 : L’évaluation de la matière imposable
Section 2 : La liquidation de l’impôt
Section 3 : Le recouvrement de l’impôt

TITRE II
PRESENTATION DU SYSTEME FISCAL ALGERIEN

CHAPITRE 1ER : STRUCTURE DU SYSTEME D’IMPOSITION


Section 1 : Les impositions codifiées
Sous-section 1 : Le code des impôts directs et taxes assimilées
Sous-section 2 : Le code des impôts indirects
Sous-section 3 : Le code des taxes sur le chiffre d’affaires
Sous-section 4 : Le code de l’enregistrement
Sous-section 5 : Le code du timbre
Section 2 : Les impôts institués en dehors des codes fiscaux
Section 3 : Les procédures fiscales
CHAPITRE 2 : ORGANISATION DE L’ADMINISTRATION FISCALE
Section 1 : Structure de l’administration fiscale avant la réforme
Section 2 : La restructuration des services extérieurs

2
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INTRODUCTION
INTRODUCTION

Les pouvoirs publics financent leur politique économique et sociale au moyen de la


fiscalité. Si aujourd’hui la fiscalité pétrolière représente une grande partie de financement,
cette ressource n’est pas faite pour exister durablement. C’est la fiscalité ordinaire, celle qui
s’applique à l’activité économique et à la richesse produite par la société qui est
nécessairement appelée à la remplacer. La libéralisation de l’économique et son ouverture sur
le privé national et les investissements étrangers engendrent une modification dans la
structure même de la catégorie des contribuables, on passe de petits contribuables, surtout
forfaitaires, aux gros contribuables que sont les grandes entreprises. Et des entreprises
économiques, essentiellement publiques, aux grandes entreprises privées nationales et
entreprises à capital étranger dont le nombre ne cesse de croitre1.
L’administration fiscale se trouve, donc, face à une nouvelle catégorie de
contribuables qui évolue tant du point quantitatif que qualitatif et qui exige d’elle un
comportement plus rationnel, plus transparent et surtout plus sécurisant. Il s’agit pour
l’administration fiscale de faire face à de nouveaux défis : la mise à niveau de sa fiscalité par
rapport aux standards internationaux, la restructuration de ses organes en fonction des
nouvelles exigences, et le renforcement des moyens de lutte contre la fraude fiscale.
Après l’indépendance, et pour éviter tout vide juridique, un décret du 31 décembre
1962 est venu reconduire la législation antérieure, dont celle relative à la fiscalité. La
législation qui était en vigueur tirait son origine du décret du 31 juillet 19482. Elle demeura en
vigueur avec quelques aménagements jusqu’à la parution en 1976 des nouveaux codes fiscaux
qui sont au nombre de cinq : le code des impôts directs et taxes assimilées3, le code des
impôts indirects4, le code des taxes sur le chiffre d’affaires5, le code de l’enregistrement6 et

1
- Le directeur général des impôts fait le constat suivant : « le paysage qui prévalait à la veille de la réforme
fiscale de 1992 présentait un système complexe peu rentable sur le plan budgétaire et en retrait par rapport
à l’évolution économique », Discours de bienvenue au séminaire de lancement du jumelage entre la DGI et la
DGFIP, Alger le 22 février 2011.
2
- Le décret du 31 juillet 1948 uniformisa le régime fiscal en Algérie, il comportait les impositions suivantes : la
contribution foncière sur la propriété bâtie et non bâtie, l’impôt sur les bénéfices de l’exploitation agricole,
l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux, l’impôt sur les bénéfices des professions non
commerciales et l’impôt sur les traitements et salaires. A ces impositions s’ajoutait un impôt complémentaire
sur l’ensemble du revenu. Voir à ce sujet : Jacques GARELICK et Georges DEPUYDT, Fiscalité algérerienne,
SNED, SNED, Alger, 1972 ; Jean ALEXANDRE, Droit fiscal algérien, OPU, Alger, 1984 ; Abdelkader
BOUDERBAL, La Fiscalité à la portée de tous, La Maison des Livres, Alger, 1984.
3
- JORA n° 102 du 22/12/1976.
4
- JORA n° 70 du 2/10/1977.
5
- JORA n° 103 du 26/12/1976.
6
- JORA n° 81 du12/1977.

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enfin le code du timbre1. Ce système dura jusqu’en 1991 date à laquelle le code des impôts
directs ainsi que celui des taxes sur le chiffre d’affaires vont connaître une réforme
substantielle. A partir de 2005, l’administration fiscale connaitra également une
restructuration profonde.

Section 1 : La notion de l’impôt


Sous-section 1 : Définitions
- Définition du droit fiscal : Le droit fiscal est l’ensemble des règles
juridiques régissant les impôts applicables aux contribuables personnes
physiques et morales.
- Définition de l’impôt : L’impôt se définit comme une contribution
obligatoire de toute personne dans le financement des charges de l’Etat. Il se
caractérise par trois critères :
- le caractère pécuniaire ;
- le caractère obligatoire ;
- Une prestation sans contrepartie ;
- Une prestation qui est perçue au profit des collectivités publiques que
sont : l’Etat et les wilayas et communes ;
- le caractère législatif.

Sous-section 2 : Distinctions à faire :


Il est nécessaire de distinguer l’impôt d’un certain nombre de
prélèvements qui pourraient présenter les mêmes apparences ; ce sont
notamment : les taxes fiscales, les taxes parafiscales et les redevances.
La taxe : elle s’analyse également comme un prélèvement obligatoire
mais perçu à l’occasion de la prestation d’un service rendu par la collectivité
publique. Elle constitue une contribution symbolique dans le financement du
coût de la prestation servie.
La redevance : elle est le prix d’un service rendu par un organisme public
au client qui en fait la demande. Elle se distingue de la taxe par son mode de
création, elle est créée par un règlement, alors que la taxe par une loi. De même
qu’elle s’en distingue par le fait qu’elle est proportionnelle au service rendu, ce
qui n’est pas le cas de la taxe.
La taxe parafiscale : elle est définie par l’article 15 de la loi relative aux
lois de finances. Elle est perçue dans un but d’intérêt économique et social, mais
au profit d’une personne morale de droit public ou privé autre que l’Etat, la
wilaya ou la commune. Ces taxes sont instituées par une loi, les organismes
autorisés à les percevoir figuraient traditionnellement dans un état annexé à la
loi de finances. Depuis 2007, les lois de finances ne reprennent plus cet état. Les
1
- JORA n° 39 du 15/051977.

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taxes parafiscales comprennent notamment les cotisations sociales perçues au


profit des caisses de sécurité sociale, des entreprises portuaires…
Section 2 : Les buts de l’impôt
Sous-section 1 : Les missions de l’impôt
L’impôt remplit une mission principalement financière et deux autres
accessoires.
- Une mission financière : La mission essentielle de l’impôt est d’ordre
financière, la collecte des fonds nécessaires à l’accomplissement des missions de
l’Etat (défense, sécurité, santé, éducation…). Le prélèvement de l’impôt est un
attribut essentiel de l’Etat, un acte de souveraineté.
- Une mission de redistribution sociale : l’Etat prélève sur les
contribuables riches pour d’une part limiter leur enrichissement et d’autre part
pour financer les dépenses sociales en vue d’améliorer la situation des citoyens
économiquement faibles ce qui permettrait de réduire les écarts des revenus.
- Un rôle de régulation : L’impôt participe à la régulation des grands
équilibres : stimuler l’activité économique, lutter contre le chômage.
Sous-section 2 : Impôt et économie
L’impôt est actuellement utilisé comme instrument d’incitation à
l’investissement pour créer des emplois (lutter contre le chômage) et augmenter
la production nationale des biens (pour satisfaire les besoins et réduire
l’importation). C’est alors que la législation fiscale algérienne prévoit des
avantages fiscaux au profit des opérateurs économiques, ils consistent dans des
exemptions ou des réductions d’impôts.
§1 - Les exemptions de l’impôt sur les bénéfices
Elles sont prévues en raison de considérations économiques ou sociales et
sont classées en fonction de leur durée. Elles sont essentiellement temporaires et
rarement permanentes.
- Exonérations pour une période de 3 ans. Les jeunes promoteurs
d’investissements éligibles à l’aide du fonds national de soutien à l’emploi des
jeunes bénéficient d’une exonération totale de l’impôt sur le revenu global
(IRG) pendant une période de trois ans à compter de la date de mise en
exploitation. Cette période est portée à six ans si les activités de ces promoteurs
sont implantées dans les zones à promouvoir. Cette période est prorogée de 2
années lorsque les promoteurs d’investissements s’engagent à recruter au moins
03 employés à durée indéterminée. Le non-respect de cet engagement entraîne le
retrait de l’agrément et le rappel des impôts qui auraient dû être acquittés.

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- Exonération de l’IRG et l’IBS pour une durée de 5 ans. Elle s’applique


aux produits et aux plus-values de cessions des actions et des obligations cotées
en bourse d’une échéance minimale de 5 ans émis au cours d’une période de 5
ans à compter du 1er janvier 2014 (art. 63 LF 2003).
- Exonération pour une période de 10 ans. Elle concerne :
- les artisans traditionnels ainsi que ceux exerçant une activité
d’artisanat d’art ;
- les activités jeunes promoteurs d’investissements implantées dans
une zone bénéficiant de l’aide du Fonds spécial de développement
des régions du sud (art. 2 LF 2014) ;
- les entreprises touristiques créées par les promoteurs nationaux ou
étrangers ainsi que les sociétés d’économie mixte exerçant dans les
secteurs du tourisme ;
- les opérations de vente et les services destinés à l’exportation à
l’exception des transports terrestres, maritimes et aériens, les
assurances et les banques.
3 - Exonérations permanentes
L’exonération permanente s’applique aux entreprises relevant des
associations de personnes handicapées agréées ainsi que les structures qui en
dépendent. Elle s’applique également aux montants des recettes réalisées par les
troupes théâtrales et aux revenus issus des activités portant sur le lait cru destiné
à la consommation en l’état (art. 2 LF 2011).
En matière d’impôt sur la consommation, sont exemptées de la taxe sur la
valeur ajoutée (TVA), les affaires de ventes et de façon qui portent sur les
marchandises exportées, les opérations de vente portant sur le pain, les farines
panifiables, céréales semoules, lait et crème de lait non concentrés ni
additionnés de sucres et d’autres édulcorants, ainsi que les produits
pharmaceutiques1.

§2 - La réduction des taux d’imposition.


L’avantage fiscal peut pendre également la forme de taux réduits
d’imposition en faveur de certaines opérations.
- Privilégier les activités de production par rapport aux activités de
commerce. Les bénéfices des sociétés étaient soumis à un taux unique 25%

1
- Voir l’article 9 du code des taxes sur le chiffre d’affaires. Voir également : DE n° 11-223 du 21 juin
2011 fixant les équipements et matériels sportifs bénéficiant de l’exonération de la TVA, JORA, n°
35, 2011.

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quelle que soit l’activité ayant généré ces bénéfices. Cependant la loi de finances
pour 2008 a introduit pour la première fois une discrimination entre :
- d’une part, les bénéfices tirés des activités de commerce et de service qui
restent soumis au taux de 25% ;
- et d’autre part, les bénéfices des activités de production de biens, de
bâtiment des travaux publics et des activités touristiques, soumis aux taux
réduit de 19%.
La loi de finances pour 2015 a supprimé cette différenciation des taux pour assujettir
les bénéfices des sociétés relevant de l’IBS à un taux unique de 23 % ce qui fait que les
sociétés engagées dans la production perdent le privilège fiscale qu’elles avaient1.
La loi de finances complémentaire pour 2015 a restauré la différenciation
des taux en fonction de la nature de l’activité :
- 19%, pour les activités de production de biens ;
- 23%, pour les activités de bâtiment, de travaux publics et
d’hydraulique ainsi que les activités touristiques et thermales à
l’exclusion des agences de voyages ;
- 26%, pour les autres activités.
En cas de l’exercice concomitant de plusieurs activités, les personnes
morales assujetties à l’IBS doivent tenir une comptabilité séparée pour ces
activités, permettant de déterminer la quote-part des bénéfices pour chaque
activité à laquelle le taux de l’IBS approprié doit être appliqué. Le non-respect
de la tenue d’une comptabilité séparée entraîne systématiquement l’application
du taux de 26%.
Par cette discrimination, le législateur entend avantager fiscalement les
activités de production en réduisant le taux d’imposition de 26% à 19%. Pour
l’application de cette disposition, le législateur détermine ce qu’il entend par
activité de production de biens : c’est l’extraction, la fabrication, le façonnage
ou la transformation de produits. Il exclue de ce régime de faveur les activités de
conditionnement ou de présentation commerciale en vue de la revente ainsi que
les activités minière et d’hydrocarbures. S’agissant des activités touristiques, il
vise la gestion des complexes touristiques ainsi que les stations thermales, à
l’exclusion des agences de voyages.
- L’entrée en bourse : les sociétés dont les actions ordinaires sont cotées
en bourse bénéficient d’une réduction de l’impôt sur le bénéfice des sociétés
égale au taux d’ouverture de son capital social en bourse pour une période de 05
ans (Art. 66 LF 2014).

- Les activités de collecte du papier usager et déchets ménagers ainsi que


les autres déchets recyclables effectués par des personnes physiques sont

1
- Art. 12 LF 2015 modifiant art. 150-1 du CIDTA)

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soumises au régime fiscal de l’impôt forfaitaire unique (IFU) au taux de 5% et


bénéficient d’exonération et d’allégement fiscaux comme suit :
- les deux premières années : exonération ;
- 3ème année : réduction d’impôt de 70% ;
- 4ème année : réduction d’impôt de 50% ;
- 5ème année : 25% (art. 32, LF 2014).
- L’encouragement du transfert du savoir-faire du partenaire étranger.
Tout investissement étranger en partenariat qui contribue au transfert du savoir-
faire vers l’Algérie et/ou produit des biens dans le cadre d’une activité déployée
en Algérie avec un taux d’intégration supérieur à 40%, bénéficie d’avantages
fiscaux et parafiscaux décidés par le conseil national de l’investissement (art. 55
LF 2014).
- La contrepartie des avantages fiscaux et sanctions
En contrepartie des avantages fiscaux, le contribuable qui en bénéficie est
tenu de réinvestir la part des bénéfices correspondant aux exonérations ou
réductions d’impôts dans un délai de 4 ans. Le non-respect de cette obligation
entraîne le reversement de l’avantage fiscal et l’application d’une amende fiscale
de 30% (art. 5 LF 2014, LFC 2009, art. 57 LF 2013, art. 40).
- La sur-taxation de certains produits :
Le législateur peut surtaxer certains produits notamment quand il s’agit de
produits d’importation. La loi de finances complémentaire pour 2018 a institué
la taxe additionnelle provisoire sur les produits d’importation avec un taux qui
varie entre 30% et 200%. La détermination périodique de la liste des
marchandises et les taux correspondants sont renvoyés au règlement. C’est par
un arrêté du ministre du commerce du 26 janvier 2019 que cette liste a été
arrêtée, elle comprend 1095 produits.

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TITRE I
LES REGLES RELATIVES AUX SOURCES
DU DROIT FISCAL
ET A L’ETABLISSEMENT DE L’IMPOT

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CHAPITRE 1ER
LES SOURCES DU DROIT FISCAL

Parmi les sources du droit fiscal on distingue à titre principal des sources
juridiques (constitution, conventions internationales, actes législatifs et
réglementaires) et, à titre subsidiaire, des sources infra juridiques (doctrine
administrative).

Section 1 : Les sources juridiques


Ces sources sont hiérarchisées : la constitution, les conventions et accords
internationaux, les actes législatifs et les règlements.
Sous-section 1 : La constitution1
En tant que texte fondamental ayant pour objectif de déterminer les droits
et obligations des citoyens, la constitution pose les principes sur lesquels doivent
se fonder les différents prélèvements obligatoires auxquels les textes législatifs
ou réglementaires ne peuvent y déroger. Ainsi trois grands principes sont
proclamés par le constituant dans l’article 78.
- La compétence législative en matière fiscale : le principe de la légalité
de l’impôt :
L’article 78 dispose : « Nul impôt ne peut être institué qu’en vertu de la
loi ». Cette disposition est renforcée par l’article 140-12 de la constitution qui
place dans la compétence de la loi (du Parlement) la création, la détermination
de l’assiette, ainsi que le taux de tout prélèvement obligatoire2 ; ce qui signifie
que les règles internationales ne peuvent avoir pour effet de créer des
impositions ou de modifier les impositions déjà existantes. Ce principe n’est pas
toujours respecté. La loi de finances complémentaire pour 2010 a institué une
taxe forfaitaire sur les superprofits réalisés dans des conjonctures particulières
hors du secteur des hydrocarbures, son taux varie entre 30% et 80%, (art. 22) et
les modalités d’application sont renvoyées au règlement. La même loi institue
une taxe applicable sur le blé dur importé à un prix inférieur au prix de
régulation. Elle est due par les importateurs du blé dur. Le taux de la taxe et les
modalités de son application sont renvoyés au règlement (art. 23) ce qui est
contraire au principe de la légalité de l’impôt.

1
- Loi n° 16-01 du 6 mars 2016 portant révision constitutionnelle, JORA n° 14, 2016.
2
- Article 140-12 de la constitution : « Le Parlement légifère dans les domaines suivants : …les règles
concernant la création, l’assiette, le taux des impôts, contribution, taxes et droits de toute nature ».

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- L’égalité devant l’impôt :


L’article 78 de la constitution dispose également que « Les citoyens sont
égaux devant l’impôt ». Ce principe pose problème dans la pratique, car il ne
s’agit pas de réaliser l’égalité numérique entre contribuables en les faisant payer
les mêmes montants d’impositions. Mais d’introduire une équité fiscale qui
commande une inégalité dans le traitement des contribuables en fonction de
leurs facultés contributives. Il s’agit donc de réaliser l’égalité dans le sacrifice
fiscal. Il est proclamé dans la constitution que « Chacun doit participer au
financement des charges publiques en fonction de sa capacité contributive ».
Pour réaliser ce principe, il est fait application de la progressivité de l’impôt qui
tend à moduler le sacrifice consenti par chaque contribuable en fonction de sa
situation économique, c’est le cas l’impôt sur le revenu global et l’impôt sur le
patrimoine1. L’atteinte à ce principe d’égalité est sanctionnée par la loi (art. 78).

- La non rétroactivité de l’impôt :


« Nul impôt, contribution taxe ou droit d’aucune sorte, ne peut être
institué avec effet rétroactif ». Autrement dit un impôt ne peut être institué pour
être appliqué à des opérations qui lui sont antérieures.

- Le caractère supra législatif des conventions :


La constitution place les conventions internationales dûment ratifiées au-
dessus de la loi. Tel est le principe énoncé l’article 150 de la constitution 2016 :
« Les traités ratifiés par le Président de la République, dans les conditions
prévues par la Constitution, sont supérieurs à la loi ». Il est à rappeler que les
conventions internationales en matière fiscale sont surtout bilatérales et qu’elles
n’ont pas pour vocation de créer de nouvelles impositions.

- La constitutionnalisation du principe de la sanction de l’évasion fiscale


et la fuite de capitaux :
La réforme constitutionnelle de 2016 a complété l’article 64 de la
constitution, devenu article 78, par un paragraphe visant à constitutionnaliser la
répression de « toute action visant à contourner l’égalité des citoyens et des
personnes morales devant l’impôt ». Une telle action est, selon le constituant,
constitutive d’une « atteinte aux intérêts de la communauté nationale ». Elle est
réprimée par la loi. Selon le même paragraphe, la loi sanctionne l’évasion fiscale
et la fuite de capitaux.
Sous-section 2 : Les conventions et les accords internationaux

1
- Le champ d’application de l’impôt progressif a tendance à se rétrécir de plus en plus. Voir à ce propos notre
étude : Les mutations du droit fiscal algérien, Ouvrage collectif Sous la direction de Walid LAGGOUNE,
« Algérie cinquante ans après. La part du droit », Editions AJED, Alger, 2013, Tome II, p. 729 à 780.

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Les conventions en matière fiscale sont essentiellement bilatérales, elles


tendent à éviter les doubles impositions. Elles se sont développées sous l’égide
de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE)
en vue de faciliter les échanges économiques internationaux. Beaucoup de ces
conventions reprennent les dispositions de la convention-modèle de l’OCDE.
L’Algérie a signé plus d’une trentaine de conventions bilatérales dont 12 sont
conclues avec des pays arabes1 et onze avec des pays européens2.
§1 - Le but des conventions fiscales
Le but initial de ces conventions était simplement d’éviter les phénomènes
de double imposition résultant de la confrontation entre deux législations
fiscales nationales. En effet, en matière d’impôt sur le revenu si chaque Etat
impose aussi bien ses résidents que les non-résidents au titre de l’ensemble de
leurs revenus, le contribuable non résident sera imposé deux fois : la première
fois auprès de son Etat de résidence, la seconde auprès de l’Etat dont il est le
ressortissant. Une seconde ambition est venue se rajouter à la première, celle de
lutter contre l’évasion fiscale.
§2 - Le domaine des conventions
Elles traitent des impôts sur le revenu des personnes physiques ainsi que
de l’impôt sur le bénéfice des entreprises. Parfois des droits de mutations et
l’impôt sur la fortune.
S’agissant de la TVA, en revanche, les conventions l’ignorent du fait que
la plupart des Etats applique la même règle selon laquelle la marchandise
exportée quitte hors taxes l’Etat d’exportation, elle ne subit l’imposition sur la
consommation qu’à l’arrivée dans l’Etat de destination finale.

§3 - Les moyens utilisés par les conventions pour éviter la double


imposition :
Ces moyens sont au nombre de trois :
L’admission d’un principe commun, le principe de territorialité : Il est
admis désormais que le lien de la nationalité est inefficace quand le citoyen
réside ou exerce son activité économique dans un autre pays que le sien. Dans ce
cas c’est une méthodologie commune qui est définie à partir de la territorialité.
Cette méthodologie permet de déterminer dans chaque cas le pays auquel

1
- UMA (23/07/1990) ; Syrie (14/09/1997) ; Jordanie (16/09/1997) ; Qatar (25/08/1998) ; Sultanat d’Oman
(9/04/2000) ; Bahreïn (11/06/2000) ; Egypte (17/02/2001) ; E.A.U. (24/04/2001) ; Yémen (29/01/2002) ;
Liban (26/03/2002) ; Soudan (06/2003) ; Koweït (31/05/2006). Voir à ce propos Aïs Souhila, Les
conventions internationales en droit fiscal, Mémoire de magister, Oran, 2011.
2
- Italie (03/02/1991) ; Belgique (15/12/1991), Roumanie (28/06/1994) ; Turquie (02/08/1994) ; Bulgarie
(25/10/1998) ; France (17/10/1999) ; Pologne (31/03/2000) ; Espagne (07/10/2002), Autriche (17/06/2003) ;
Portugal (02/12/2003) ; Russie (10/03/2006). Voir mémoire précité.

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l’assiette de l’impôt sera attribuée. Autrement dit, la convention détermine pour


chaque impôt les critères qui permettront d’éviter la double imposition.
- Pour l’impôt sur le revenu, c’est à l’Etat de résidence du
contribuable ou l’Etat de la source de son revenu que sera attribué le
droit d’imposer ;
- Pour l’impôt sur la fortune c’est à l’Etat d’implantation des
immeubles ;
- Pour l’impôt sur les successions ce sera à l’Etat ou a été ouverte la
succession (le lieu du dernier domicile en principe).
Cependant, le critère de résidence n’est pas toujours facile à déterminer.
La convention s’emploie alors à le cerner, elle considère comme résident d’un
Etat :
- le contribuable qui a dans cet Etat le centre de ses intérêts affectifs (son
foyer) ;
- s’il dispose d’un centre d’intérêt affectif dans chacun des pays, la
convention considérera comme résident de l’Etat dans lequel il a le
centre de ses intérêts vitaux ;
- puis à défaut, son lieu de séjour principal ;
- si ce dernier est indéterminable parce que le contribuable est un grand
voyageur, la convention prendra en considération sa nationalité.
Pour l’imposition des bénéfices d’une entreprise, la convention retient le
critère de l’établissement stable (usine, chantier ou magasin de vente).
Il est à rappeler que les normes de droit international (traités,
conventions…) sont, selon les termes mêmes de l’article 132 de la constitution,
supérieures à la loi ; ce qui implique que les lois et règlements édictés doivent
être conformes aux conventions et traités engageant l’Etat algérien. Toutefois
une convention ne sert jamais à créer directement une imposition.

Sous-section 3 : Les actes législatifs


Parmi les actes législatifs source du droit fiscal, on distingue : la loi
organique relative aux lois de finances, les codes des impôts, les lois de finances
et les ordonnances.

§1 - La loi organique relative aux lois de finances (article 141 de la


constitution)
En raison de l’importance des matières qu’elles traitent, les lois
organiques créées par la constitution de 1996 sont soumises à des règles de

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procédures spécifiques1. Elles sont adoptées à la majorité absolue des députés et


à la majorité des trois quarts des membres du conseil de la nation ; de même
qu’elles sont obligatoirement soumises au Conseil constitutionnel pour contrôler
leur conformité à la constitution2. Dès 1996, le Constituant a placé la loi relative
aux lois de finances dans la catégorie des lois organiques. Il est à préciser,
cependant, que les lois de finances ont été régies jusqu’à présent par une loi
ordinaire du 7 juillet 19843. La loi organique relative aux lois de finances n’a vu
le jour qu’en septembre 2018 et qu’elle ne commence à prendre effet
progressivement qu’à partir de 2021.
Cette loi confirme le principe de la légalité de l’impôt en disposant
que : « seules les lois de finances prévoient des dispositions relatives à
l’assiette, aux taux et aux modalités de recouvrement des impositions de toute
nature ainsi qu’en matière d’exonération fiscale » (art. 18 LO relative aux lois
de finances).

§2 - Les lois fiscales : les codes fiscaux


La loi constitue la source essentielle du droit fiscal selon les termes
mêmes de l’article 122-13 de la constitution : « Le Parlement légifère dans les
domaines suivants : les règles concernant la création, l’assiette, le taux des
impôts, contribution, taxes et droits de toute nature ». Le système fiscal algérien
connaît cinq codes, chaque code étant consacré à une catégorie d’impositions :
- Le code des impôts directs et taxes assimilées, il est promulgué pour la
première fois sous forme d’ordonnance en 1976. Après la réforme fiscale de
1990, il a été remplacé par le code de 1990 paru à l’intérieur de la loi de finances
pour 19914
- Le code des taxes sur le chiffre d’affaires, promulgués également pour la
première fois en 1976, il concerne l’impôt sur la consommation qui prenait deux
formes : la taxe unique globale sur la production (T.U.G.P.) et la taxe unique
globale sur les prestations de service (T.U.G.P.S.). Il est remplacé en 1990 par
un nouveau code instituant la taxe sur la valeur ajoutée en remplacement des
deux anciennes impositions.
- Le code des impôts indirects institue des impositions spécifiques qui
viennent soit s’ajouter à la TVA : les droits de circulation des alcools, vins et

1
- Voir art. 123 constitution de 1996 devenu art. 141 dans la constitution de 2016 : « Relèvent également de la
loi organique les matières suivantes : l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics ; le régime
électoral ; la loi relative aux partis politiques ; la loi relative à l’information ; les statuts de la magistrature
et l’organisation judiciaire, la loi relative aux lois de finances et la loi relative à la sécurité nationale ».
2
- Art. 141 Const.
3
- Loi n° 84-17 du 7 juillet 1984 relative aux lois de finances, JORA n° 28, 1984, modifiée et complétée par la
loi n° 88-05 du 12 janvier 1988, JORA n° 2/1988, modifiée et complétée par la loi n° 89-24 du 31 décembre
1989, JORA n° 01/1990.
4
- L’article 38 de la loi de finances pour 1991 institue un impôt sur le revenu global (IRG) et un impôt sur les
bénéfices des sociétés.

14
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

liqueurs, droits de garantie et d’essai sur les métaux précieux, soit en


remplacement de la TVA : la taxe sanitaire sur les viandes…
- Le code de l’enregistrement qui renferme d’une part les droits
d’enregistrement des actes portant notamment sur les propriétés et, d’autre part
la taxe de publicité foncière.
- Le code du timbre, il prévoit les impositions payées sous la forme d’un
timbre fiscal devant être obligatoirement apposé sur un certain nombre de
documents : les quittances, les affiches, les permis, le passeport ou la carte
d’identité…
Enfin, en 2002, le système fiscal algérien est venu s’enrichir par un
nouveau code, le code des procédures fiscales, il contient les procédures suivies
pour déterminer la matière imposable, calculer, contrôler et recouvrer l’impôt,
de même qu’il renferme les garanties et les voies de recours accordés aux
contribuables.

§3 - Les lois de finances


1. Définition de la loi de finances
La loi de finances annuelle est, jusqu’à présent, régie par la loi relative
aux lois de finances du 7 juillet 1984. A partir de 2021, elle sera régie par la loi
organique relative aux lois de finances du 2 septembre 2018. L’article 3 de cette
loi définit la loi de finances comme suit : « La lois de finances détermine pour
un exercice, la nature, le montant et l’affectation des ressources et des charges
de l’Etat, ainsi que l’équilibre budgétaire et financier qui en résulte, en tenant
compte d’un équilibre économique défini ».
Ont le caractère de loi de finances :
- la loi de finances de l’année
- les lois de finances rectificatives ;
- la loi de règlement budgétaire.
La loi de finances de l’année prévoit et autorise, pour chaque année civile,
l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat destinées à la réalisation des
programmes de l’Etat, conformément aux objectifs définis et aux résultats
attendus et faisant l’objet d’une évaluation (art. 6).
La loi de finances rectificative a pour objet de modifier ou de compléter,
en cours d’année, les dispositions de la loi de finances de l’année (art. 7).
La loi de règlement budgétaire constitue le dernier acte du cycle
budgétaire. « Elle est l’acte par lequel il est rendu compte de l’exécution d’une
loi de finances et, le cas échéant, des lois de finances rectificatives» (art. 8). Elle

15
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

constitue le compte de résultat de l’année devant être approuvé par le


Parlement1.
Mais en quoi la loi de finances constitue-t-elle une source pour le droit
fiscal ? C’est en examinant sa structure qu’on peut découvrir son apport au droit
fiscal.

2. Structure de la loi de finances


La loi de finances comporte d’une part les dispositions législatives dont
les plus importantes concernent la fiscalité, les autres dispositions se rapportent
au budget de l’Etat, à la parafiscalité et aux comptes spéciaux du trésor2.
Parmi l’ensemble de ces dispositions qui retiennent notre attention parce
que en rapport avec le droit fiscal, les dispositions de l’article 1er de la loi de
finances qui autorise le gouvernement à prélever les recettes d’une part et, à
dépenser les crédits votés par le Parlement3.
Mais ce sont les dispositions du Chapitre II, intitulé : « Dispositions
fiscales » qui constituent une source non négligeable du droit fiscal. C’est, en
effet, par le biais des dispositions de ce chapitre que le législateur apporte les
modifications et les compléments à l’ensemble des codes fiscaux nécessaires à
la mise en œuvre de la politique économique et sociale du gouvernement. Ce
chapitre est constitué de 7 sections, chacune est consacrée à l’un des six codes
fiscaux en plus d’une section pour dispositions fiscales diverses :
Section 1 : Impôts directs et taxes assimilées ;
Section 2 : Enregistrement ;
Section 3 : Timbre ;
Section 4 : Taxes sur le chiffre d’affaires ;
Section 5 : Impôts indirects ;
Section 5 bis : Procédures fiscales ;
Section 6 : Dispositions fiscales diverses.

1
- Articles 5 et 77 de la loi relative aux lois de finances.
2
- Les dispositions législatives de la loi de finances sont suivies d’annexes suivantes :
Etat A : Recettes définitives appliquées au budget général de l’Etat ;
Etat B : Répartition par département ministériel des crédits ouverts au titre du budget de fonctionnement ;
Etat C : Répartition par secteur des dépenses à caractère définitif du plan national.
3
- Ainsi l’article 1er de la loi de finances dispose chaque année : « Sous réserve des dispositions de la présente
loi, la perception des impôts directs et taxes assimilées, des impôts indirects, des contributions diverses, ainsi
que tous les autres revenus et produits au profit de l’Etat continuera à être opérée pendant l’année….
conformément aux lois et textes d’application en vigueur à la date de publication de la présente loi au
JORA».
« Continuerons à être perçus en 20…, conformément aux lois, ordonnances, décrets législatifs et textes
d’application en vigueur à la date de publication de la présente loi au JORA, les divers droits et revenus
affectés aux comptes spéciaux du Trésor, aux collectivités territoriales, aux établissements publics et
organismes dûment habilités ».

16
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Le Chapitre III traite des Autres dispositions relatives aux ressources et


comporte 4 sections : Dispositions douanières ; Dispositions domaniales ;
Fiscalité pétrolière ; Dispositions diverses.
Par ailleurs, il est à signaler que si la loi de finances annuelle a pour
vocation d’instituer des dispositions à caractère fiscal et financier pour
compléter ou modifier la législation déjà existante ; la pratique révèle que son
domaine s’étend souvent à d’autres matières qui n’ont aucun rapport avec les
finances. Tel est le cas des cavaliers budgétaires qui consistent dans des
modifications apportées à des législations sans rapport avec la fiscalité ou les
finances1.

§4 - Les ordonnances
Jusqu’à une date récente, les ordonnances constituaient une source de droit importante
en matière fiscale. Ce sont des actes à caractère législatif émis par le Président de la
République dans un domaine qui relève initialement de la compétence du Parlement en cas de
vacance de l’APN ou dans les périodes d’intersession du Parlement (art. 124 de la constitution
de 1996). Le texte ainsi pris doit être soumis à l’approbation du Parlement à sa prochaine
session. La technique des ordonnances est utilisée notamment quand il s’agit de loi de
finances complémentaires. Les premiers codes fiscaux ont été pris par voie d’ordonnance, il
en été ainsi également pour les lois de finances complémentaires (de 2000 à 2015, sur les 11
lois de finances complémentaires, neuf ont été établies par voie d’ordonnance).
La réforme constitutionnelle de 2016 est venue donner à cet instrument un caractère
exceptionnel. L’article 124 ne permet au Président de la République de légiférer par voie
d’ordonnance que sur des questions urgentes, et après avis du Conseil d’Etat et seulement
« en cas de vacances de l’APN ou durant les vacances parlementaires».

1
- Plusieurs exemples peuvent être apportés à ce propos. La loi de finances pour 1988 apporte dans son article
165 une modification aux dispositions de l’article 517 du code de commerce relatif au chèque. La loi de
finances pour 1991 modifie dans son article 123 l’article 103 relatif aux assurances instituant l’obligation
pour les importateurs et les producteurs de produits alimentaires de contracter une assurance contre les
dangers que pourraient subir les consommateurs. La loi de finances complémentaires pour 1992 a modifié
trois législations : la loi sur la comptabilité nationale, la loi sur le plan annuel et la loi de 1981 relative à la
cession des biens de l’Etat. La loi de finances pour 1996 modifie l’ordonnance n° 71-81 du 29 décembre
1971 relative à la condition d’exercice de la profession de conseil fiscal ; modifié et complétée encore une
fois par l’article 54 de la LF 2010. La loi de finances pour 2001comporte dans son article 40 l’abrogation de
la loi du 7 février 1981 portant cession des biens de l’Etat. La loi de finances pour 1995 prévoit la restitution
des salles de cinéma nationalisées en 1964 à leurs propriétaires ou ayant droits. La loi de finances pour 2003
réserve dans son article 95 les activités d’importation aux sociétés commerciale dont le capital social dépasse
10.000.000 DA. La loi de finances pour 2004 interdit dans son article 46 l’importation des vins, une
interdiction qui est abrogée par la loi de finances pour 2006. La loi de finances pour 2005 complète dans son
article 65 la loi relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique par un article 12 bis par lequel elle
autorise l’administration expropriante à procéder à la prise de possession immédiate pour les opérations de
réalisation des infrastructures d’intérêt général après avoir consigné le montant des indemnités alloués au
profit des intéressés auprès du Trésor public. La loi de finances complémentaire pour 2009 apporte de
sérieuses modifications à l’ordonnance de 2001 relative au développement de l’investissement. Cette
ordonnance avait déterminé les garanties devant être accordées aux investisseurs, notamment étrangers : la
liberté d’entreprendre, l’égalité entre investisseurs, la liberté de cession, la garantie de transfert du capital
investi et des revenus... Ces garanties vont connaître en 2009 une révision à la baisse. La même loi n’autorise
les banques à accorder des crédits aux particuliers que dans le cadre des crédits immobiliers, les crédits à la
consommation sont ainsi interdits (art. 75).

17
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Toutefois, cette source du droit fiscal subsiste toujours en cas de non-approbation par
le Parlement de la loi de finances dans un délai de 75 jours (art 138-10).

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Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Tableau I : Lois de finances initiales et complémentaires


durant la période 2000-2011
Loi de finances Loi de finances
initiales complémentaires
Année
Nature du Nombre Nature du Nombre
texte d’articles texte d’articles
2000 Loi 102 Loi 21
2001 Loi 71 Loi 40
2002 Loi 235 Ordonnance 11
2003 Loi 135 - -
2004 Loi 73 - -
2005 Loi 88 Ordonnance 33
2006 Loi 82 Ordonnance 31
2007 Loi 100 Ordonnance 14
2008 Loi 85 Ordonnance 67
2009 Loi 66 Ordonnance 112
2010 Loi 77 Ordonnance 77
2011 Loi 83 - -
2012 Loi 90 Ordonnance 06
2013 Loi 63 - -
2014 Loi 95 - -
2015 Loi 129 Ordonnance 86
2016 Loi 95 - -
2017 Loi 140 - -

Source : Les lois de finances initiales et complémentaires.

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Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Sous-section 4 : Les actes réglementaires


Le règlement en matière fiscale est pris essentiellement pour fixer les
modalités d’application de la législation fiscale. Souvent c’est la loi qui renvoie
aux règlements d’application la définition des modalités de sa mise en vigueur.
Ces règlements prennent la forme soit d’un décret exécutif émanant du Premier
ministre1 soit d’un arrêté interministériel2 ou ministériel.

Section 2 : Les sources infra-juridiques : La doctrine administrative


La doctrine administrative est constituée par l’ensemble des circulaires et
instructions de service et autres documents administratifs par lesquels
l’administration fiscale explique commente et surtout interprète les dispositions
fiscales. Elle est qualifiée d’infra juridique dans la mesure où elle ne doit pas
produire de nouvelles normes. Cette source a été enrichie en 2012 par une
nouvelle mesure : le rescrit fiscal.
Sous-section 1 : Les circulaires et instructions de service
§1 - Définitions
Dans le langage administratif, il existe toute une série d’expressions qui se
rapprochent, et parfois se confondent avec la circulaire ou l’instruction de
service3 ; ce sont les lettres4, les notes de service5, les ordres de service6 ou

1
- Décret exécutif n° 93-250 du 24 octobre 1993 fixant les conditions de réévaluation des immobilisations
corporelles amortissables figurant au bilan des entreprises et organismes régis par le droit commercial ;
décret exécutif n° 92-270 du 6 juillet 1992 fixant la liste des investissements immobiliers et ouvrant droit au
taux réduit sur les bénéfices réinvestis ; décret exécutif n° 93-271 du 10 novembre 1993 fixant es modalités
d’évaluation des biens immeubles, bâtis et non bâtis, ainsi que les revenus fonciers pour l’établissement de
l’assiette fiscale en cas d’insuffisance de déclaration ; décret exécutif n° 2005-470 du 12 décembre 2005
fixant les modalités de mise en œuvre des avantages fiscaux et douaniers accordés aux investissements
réalisés par les chômeurs promoteurs âgés de 35 à 50 ans.
2
A.I. du 4 juillet 1993 définissant les activités des secteurs dans lesquels les salaires des personnels techniques
et d’encadrement de nationalité étrangère employés par les sociétés étrangères sont soumis à une retenue à la
source mensuelle de l’impôt sur le revenu global au taux de 20%.
3
- La différence entre les circulaires et les instructions de service se situe à deux niveaux. L’instruction de
service qui est plus contraignante que la circulaire consiste essentiellement dans des prescriptions
impératives. Quant à la circulaire, elle peut contenir également ce genre de prescriptions, mais sa fonction de
documentation et d’exposition des questions qu’elle traite reste cependant dominante. L’autre distinction
consiste dans le fait que la circulaire sert souvent de forme ou de contenant à une instruction, et que le
contraire ne peut pas se produire.
4
- La lettre administrative est un document au moyen duquel un administrateur adresse personnellement une
communication à un ou plusieurs destinataires appartenant ou non à l’administration. Elle s’identifie à la
circulaire dans la mesure où elle s’adresse à une pluralité d’agents administratifs.
5
- La note de service constitue un document qui traite des affaires courantes, elle est le mode normal de
transmission des instructions suivant une hiérarchie descendante. Elle peut être utilisée dans les relations
interservices.
6
- Le mot ordre éveille l’idée d’un mandement à teneur à la fois plus précise et plus stricte et, ensuite en une
injonction ou prohibition adressée à l’agent. Si, par un ordre, l’administration ordonne, commande ou défend,
par une instruction elle se limite à analyser, renseigner, rappeler, avertir ou tout simplement suggérer. Dans le
même sens, on peut dire que l’instruction permet aux inférieurs de bien comprendre la loi pour mieux
l’appliquer ; alors que l’ordre est plutôt une injonction impérative d’un supérieur à un inférieur, F. Vincent,
Le pouvoir de décision unilatérale des autorités administratives, LGDG, 1966, p. 214.

20
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

encore les directives1. Cette foule d’expressions constitue une terminologie


ambiguë et imprécise ; aucun de ces termes n’a de signification précise et arrêtée
une fois pour toute et qu’il existerait quelques différences entre eux, mais qui
restent floues. Cependant sur le plan du droit, ces mesures sont regardées
comme étant synonymes du fait qu’elles répondent à une même définition : elles
émanent d’un chef de service et sont adressées à plusieurs agents pour leur
indiquer la manière d’appliquer un texte, ou la conduite à tenir. Elles sont, selon
une jurisprudence constante, non créatrices de règles de droit et, en
conséquence, elles sont soustraites au contrôle juridictionnel.

§ 2 - Objet de la circulaire fiscale


La circulaire peut jouer une fonction de diffusion d’informations. Elle
tend à informer les personnes auxquelles elle est adressée, de la tenue d’une
réunion ou d’une conférence, de l’ordre du jour d’un conseil de l’organisation
d’un concours, etc. Ces circulaires ne soulèvent aucun problème, ni en droit, ni
en fait. Mais c’est quand le ministre use de son pouvoir de commandement pour
mettre en œuvre les textes légaux et réglementaires que la circulaire revêt une
importance considérable.
C’est donc l’administration fiscale par l’intermédiaire de ses agents qui
est chargée de mettre en application la législation fiscale. Cette législation qui
est de portée générale, peut être précisée et concrétisée d’une façon progressive,
successivement par le décret, l’arrêté, la circulaire et enfin la décision
individuelle d’application. Mais il faut souligner que c’est par la circulaire que
l’agent administratif est le plus souvent concerné, elle s’adresse à lui pour porter
à sa connaissance, soit le texte à appliquer, soit encore l’interprétation donnée à
celui-ci.
Nous arrivons ainsi à cette constatation étonnante : si la loi fiscale entre en
vigueur généralement dés sa publication au journal officiel, son application ne
sera, en revanche, effective et réelle, que quand certaines mesures d’ordre
technique surtout, auront été prises par l’administration. La pratique très
courante actuellement, est qu’un texte de loi n’est appliqué par un agent, que s’il
en a reçu l’invitation de ses supérieurs hiérarchiques.
La circulaire nous met dans ce cas là en présence de deux pouvoirs : le
pouvoir législatif qui élabore et vote la loi, et le pouvoir administratif représenté
par le ministre qui met en application cette loi par voie d’arrêtés ou de
circulaires.

1
- L’objet de la directive consiste dans l’organisation de l’action des fonctionnaires subordonnés disposant d’un
pouvoir discrétionnaire. Elle leur indique la manière d’exercer la compétence discrétionnaire que la loi leur a
accordée. La directive constitue, donc, un des objets que peut avoir la circulaire.

21
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

La circulaire joue dans ce cadre une triple fonction : le déclenchement de


l’opération de mise en exécution effective des textes ; l’interprétation de ces
textes ; ou encore leur d’adaptation.

- Le déclenchement de l’opération de mise en exécution effective


La pratique nous montre qu’une loi n’est jamais appliquée aussitôt qu’elle
est votée et publiée, elle restera toujours ignorée des agents chargés de son
exécution tant qu’elle ne sera pas transmise par leur supérieur avec ordre de
l’appliquer.
L’application de la loi est tributaire de l’action ministérielle ; chaque
ministre dispose d’un pouvoir de mise en application des textes relatifs à son
département. Chef hiérarchique de son administration, il ordonne à ses
subordonnés de mettre en œuvre les textes qu’il leur communique par voie de
circulaire. Le ministre s’interpose, donc, entre la loi ou le décret d’une part et les
agents administratifs d’autre part. Ces derniers, en effet, ne se sentent pas
concernés par l’édition de ces textes, ils ne les appliquent que quand le ministre,
en les reprenant à son compte, les invitent expressément à le faire.
- La circulaire dans sa fonction d’interprétation des textes à appliquer :
Les textes législatifs et réglementaires se caractérisent le plus souvent par
leur aspect général et abstrait. Le législateur en particulier ne légifère pas in
concreto du fait même que les situations individuelles qu’il est appelé à régir
sont nombreuses et très diverses.
Vu son caractère général et abstrait, la loi ne s’applique pas d’elle-même,
elle nécessite toute une série de mesures (décret, arrêté, circulaire) qui se
chargeront de préciser son contenu et fixer les modalités de son application.
L’application d’un texte qui est un passage de l’abstrait au concret,
nécessite, donc, au préalable un effort de précision et de concrétisation des
dispositions du texte à appliquer. Cet effort se fait progressivement et
successivement par le décret, l’arrêté et la circulaire avant d’être finalement
appliqué à chaque particulier par des décisions individuelles. C’est donc la
circulaire qui doit achever cet effort de précision et de concrétisation d’un texte
avant que n’intervienne la décision individuelle d’application.
Il faut remarquer, cependant, que l’application d’un texte ne suit pas
toujours le même schéma, la circulaire peut être la seule mesure par laquelle un
texte fiscal, notamment, est mis en œuvre. Elle s’attache alors à préciser,
clarifier et même l’adapter aux réalités. En un mot, elle tend à lui procurer une
interprétation qui faciliterai sa traduction des les faits.
L’interprétation tend à préciser, expliquer ou commenter un texte sans en
modifier le contenu. Mais la pratique administrative actuelle lui donne un
contenu plus riche puisqu’elle s’étend à toute mesure d’adaptation des textes aux

22
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

faits, ce qui entraîne souvent des modifications dans le contenu du texte initial.
La double qualité du ministre, membre du gouvernement et chef de
l’administration de son ministère, lui permet d’élaborer une interprétation
uniforme des textes et qu’il impose à tous les agents relevant de son
département.
Les textes nécessitant une interprétation sont les textes qui sont d’un
contenu confus, ésotérique ou technique. Expliquer un texte c’est le rendre
intelligible. Mais le commenter, est une opération par laquelle le ministre essaie
de convaincre les agents de l’importance de la législation qu’ils sont appelés à
mettre en œuvre, et à l’objectif qu’elle poursuit. Un fonctionnaire pour qui la
législation paraît claire et convaincante ne montrera aucune résistance pour la
mettre en application.
On peut dire, en conclusion, que la circulaire interprétative doit traduire
avec fidélité la volonté de l’auteur du texte à appliquer ; elle ne doit modifier ni
en plus, ni en moins son contenu. Un travail de clarification nécessaire avec la
prolifération et la complexité des textes notamment fiscaux, car il n’est pas
toujours aisé de saisir la volonté précise du législateur.
Mais il faut avouer que ceci n’est pas toujours le cas, car il arrive que la
circulaire ajoute ou retranche des dispositions nouvelles à la législation à
appliquer, sous prétexte de l’adapter aux faits.
- La circulaire d’application et sa fonction d’adaptation
Entre les faits et le droit existe souvent un écart ou un décalage en raison
du caractère général et abstrait de la règle de droit. Dans les faits, l’agencement
et l’activité de l’administration comportent un décalage plus ou moins sensible
par rapport aux règles qui les régissent, lequel décalage a amené l’administration
à procéder à l’adaptation de la règle aux faits, mais ceci ne va sans modifications
dans le contenu de cette règle.
Cette attitude de l’administration à prendre une certaine liberté vis-à-vis
des textes pour les adapter aux faits trouve son fondement dans les impératifs de
nécessité ; elle permet « d’éliminer une partie de la contradiction fatale entre
les textes, par définition rigide, et la fluidité de la vie sociale »1 . Cette fonction
d’adaptation de la règle de droit aux faits est attribuée à la circulaire. Elle peut
s’effectuer de deux manières : soit par l’extension du champ d’application de la
règle de droit, soit par sa restriction. Dans l’hypothèse où la circulaire retreint le
champ d’application d’une loi en soustrayant certaines situations à cette loi, on
tombe dans le domaine des dérogations administratives.
La dérogation est la faculté pour une autorité administrative déterminée
agissant dans le cadre d’une mission d’exécution et d’adaptation de la règle de

1
- P. LECOQ, Le pouvoir de dérogation de l’administration, thèse Lille, 1971, p. 194.

23
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

droit, d’écarter partiellement ou totalement l’application de cette règle générale


dans certains particuliers afin d’assurer la satisfaction de l’intérêt général ou tout
au moins sans porter atteinte à l’intérêt général.
Il faut distinguer l’exception de la dérogation. L’exception a un caractère
automatique et inéluctable que ne possède pas la dérogation. Lorsque l’on crée
des exceptions on prédétermine au départ les cas qui ne seront pas soumis à la
règle commue. « C’est au moment de l’élaboration de la règle de droit que la
liste des exceptions est dressée. En revanche, il n’y a rien d’automatique,
d’inéluctable, dans la dérogation dont l’utilisation est prévue au niveau de
l’administration… Il faut une réflexion pour savoir si l’on doit écarter
l’application de la règle, un acte de volonté qui consiste à aller se placer en
dehors d’elle… »1.
§ 3 - Sur l’opposabilité de la doctrine administrative
Les circulaires, instructions et lettres de l’administration fiscale sont
constitutives de la doctrine administrative, une doctrine qui s’impose à
l’administration et qui peut être invoquée par le contribuable. Une des
dispositions de la charte du contribuable vérifié dispose qu’« aucun
rehaussement d’imposition ne peut être effectué lorsque le contribuable établit
qu’il s’est conformé, de bonne foi, à une interprétation d’un texte fiscal
formellement admise à l’époque par l’administration centrale, soit par une
mesure d’ordre général, soit par une décision le concernant personnellement ».
L’application de cette disposition suppose que certaines conditions soient
remplies :
Il faut qu’il y ait d’abord interprétation au sens du texte. Le fait de
reconnaître à ses agents de faire preuve de bienveillance ne constitue pas une
interprétation. Pour qu’il y ait interprétation, il faut que la doctrine
administrative contienne des prescriptions contraignantes à l’égard des agents du
service et que l’administration analyse le texte fiscal pour en dégager des
conséquences.
Il faut, donc, qu’il y ait une prise de position qui doit réunir les conditions
suivantes :
- elle doit être d’abord formelle, c'est-à-dire qu’elle ne peut résulter que
d’une décision écrite et signée par un fonctionnaire qualifiée pour engager
l’administration et non d’une attitude passive du service ou de réponses
verbales. Ne constituent pas des interprétations opposables à l’administration les
assurances verbales ou renseignements verbaux donnés par les services fiscaux,
ou le simple fait que le vérificateur se soit abstenu de procéder à certains

1
- P. LECOQ, op, cit, p. 93.

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Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

redressements lors d’une précédente vérification ou encore les positions prises


en ce qui concerne un autre contribuable ;
- la prise de position doit émaner de l’administration centrale ;
- la prise de position doit être antérieure à la date de dépôt de la
déclaration ou, en l’absence d’obligation déclarative, à celle du paiement ;
- enfin, la prise de position doit concerner le contribuable lui-même, ce
dernier ne peut se prévaloir pour son cas personnel de l’appréciation d’une
situation de fait concernant d’autres contribuables.

Sous-section 2 : Le rescrit fiscal


L’article 47 de la loi de finances pour 2012 a créé au sein du code des
procédures fiscales un titre VII bis intitulé »le rescrit fiscal »1. Par cette
procédure, le contribuable peut désormais consulter par écrit l’administration
fiscale à propos d’une difficulté ou d’un montage juridique envisagé. La réponse
de l’administration apporte au contribuable une garantie contre tout
redressement fiscal ultérieur.
Pour être recevable, la demande doit être écrite, précise et complète.
L’administration doit prendre position dans un délai de quatre mois. Elle est
considérée avoir pris position même en cas au cas où elle n’aurait pas répondu
dans ce délai.
L’intérêt du rescrit réside essentiellement dans le fait que l’administration,
après avoir donné son accord ou son avis formel ou implicite, elle ne pourra
procéder à aucun redressement d’imposition par la suite. Cette procédure
connait cependant une limite, elle reste réservée aux contribuables relevant de la
direction des grandes entreprises2.

1
- Les modalités de mise en œuvre de cette procédure du rescrit sont fixées par le décret exécutif n° 12-334 du 8
septembre 2012, JORA n) 50, 2012.
2
- Ce sont les entreprises exerçant dans le domaine des hydrocarbures, les sociétés de capitaux et les
groupements de sociétés dont le chiffre d’affaires est égal ou supérieur à 100.000.000 DA (art. 106 du CFP).

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Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

CHAPITRE 2
L’ETABLISSEMENT DE L’IMPOT

L’établissement de l’impôt passe par trois étapes :


- l’assiette de l’impôt ;
- la liquidation de l’impôt ;
- et son recouvrement.

Section 1 : L’assiette de l’impôt


Cette opération comporte deux phases successives : la détermination de la
matière imposable, puis l’évaluation de son montant.

Sous-section 1 : La détermination de la matière imposable


Pour établir un impôt il faut d’abord déterminer la matière qui va servir de
base pour calculer cet impôt. L’impôt est avant tout assis sur la richesse qu’il va
falloir détecter. Cette richesse se révèle au moment où elle se met en
mouvement, c'est-à-dire soit au moment de son acquisition par le contribuable,
soit au moment de son utilisation.

§1 - L’imposition au moment de l’acquisition d’une richesse


Le contribuable acquiert une richesse imposable quand il perçoit un
revenu ou bénéficie d’un capital. Dans le premier cas c’est l’impôt direct sur le
revenu ; dans le second c’est l’impôt sur le capital.
Les sources de revenu sont très diversifiées : (bénéfices industriels et
commerciaux, bénéfices non commerciaux (professions libérales notamment),
revenus agricoles, revenus fonciers, revenus des capitaux mobiliers, plus values
des cessions immobilières, traitements et salaires. Le système fiscal algérien, en
ce qui concerne l’impôt sur le revenu, se présente comme suit :
- Pour les personnes physiques : l’impôt sur le revenu global (IRG) ;
- Pour les personnes morales : l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS).
L’impôt sur le capital : il est prévu sous différentes formes dans la
législation fiscale algérienne : l’impôt foncier (taxe foncière sur les propriétés
bâties et la taxe foncière sur les propriétés non bâties), l’impôt sur le patrimoine
et les droits d’enregistrement sur les mutations de capital.

§2 - L’imposition au moment de l’utilisation de la richesse : l’impôt


indirect sur la consommation ou la dépense

26
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Le système fiscal algérien comporte deux types d’impositions : l’impôt


général sur la consommation (TVA) et les impôts particuliers sur la
consommation.
L’impôt général sur la consommation : la taxe sur la valeur ajoutée (la
TVA) : c’est un impôt général dans la mesure où il s’applique à l’ensemble des
produits et services qui sont mis en vente, il est assis sur le chiffre d’affaires. Il
connaît deux taux : un taux normal de 19% et un taux réduit de 9%.
Les impôts particuliers sur la consommation : ils sont prévus
essentiellement dans le code des impôts indirects : Ce sont des impositions
spécifiques applicables à certains produits et qui viennent soit s’ajouter à la
TVA, soit la remplacer. On y distingue notamment :
- les droits de circulation des boissons alcoolisés, liqueurs et vins,
- les droits de garantie et d’essai sur les métaux précieux,
- la taxe sanitaire sur les viandes (ex. la taxe à l’abattage),
- la taxe sur l’usage des appareils récepteurs de radiodiffusion et de
télévision.
Sous-section 2 : L’évaluation de la matière imposable
Evaluer une matière imposable, un revenu ou un chiffre d’affaires, c’est
déterminer son montant. C’est l’opération la plus délicate. Plusieurs méthodes
sont utilisées.

- La méthode indiciaire qui prévalait au XIXe siècle


Elle permettait à l’administration de déterminer l’impôt à partir
d’éléments extérieurs et incontestables : les portes et les fenêtres. Cette méthode
privilégie les signes extérieurs sans se préoccuper de la situation personnelle du
contribuable ni de son aptitude à produire une richesse à partir de ces éléments.
C’est l’imposition de l’apparence.

- L’évaluation forfaitaire
Elle est prévue pour les contribuables, à revenu modeste, exerçant une
activité à caractère commercial, industriel ou artisanal (quand le chiffre
d’affaires annuel ne dépasse pas 30.000.000 DA pour les vendeurs de biens et
pour les prestataires de services. Elle est appliquée pour l’impôt forfaitaire
unique qui réunit trois impositions : l’IRG, la taxe professionnelle et la TVA.
Cette méthode cherche davantage à approcher la vérité d’une situation
économique du contribuable mais sans pour autant l’atteindre. L’administration
fiscale propose au contribuable une imposition qu’elle fixe selon des moyens
empiriques. Cette méthode est moins coûteuse pour l’administration et
généralement souple et moins contraignante pour le contribuable du fait qu’il est
affranchi de l’obligation de tenir une comptabilité. Il doit cependant tenir un

27
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

registre coté et paraphé par les servies fiscaux récapitulant le détail de ses achats
et ventes appuyé des factures et pièces justificatives.
- L’évaluation au réel ou la méthode déclarative
Elle est socialement juste et économiquement efficace. Elle est applicable
aux contribuables dont le chiffre d’affaires dépasse 30.000.000 DA. Sont
également assujettis à ce régime : les grossistes, les concessionnaires, les
exportateurs et les réalisateurs de travaux publics… quel que soit le montant de
leur chiffre d’affaires. Cette méthode part d’une présomption que le contribuable
est de bonne foi et que par conséquent l’impôt sera calculé sur la base des
déclarations qu’il fournit. Toutefois, l’administration conserve le droit d’exercer
un contrôle a posteriori pour s’assurer de la sincérité de ses déclarations.
Cette méthode exige du contribuable la tenue d’une comptabilité régulière
et des documents prévus aux articles 8 et 9 du code de commerce (le livre-
journal, le bilan et le compte de ses résultats)1.
Par ailleurs, il doit souscrire avant le 30 avril de chaque année auprès de
l’inspecteur des impôts directs une déclaration du montant du bénéfice
imposable se rapportant à l’exercice précédent, ainsi que le montant du chiffre
d’affaires réalisé, le numéro d’inscription au registre de commerce, le nom et
l’adresse du comptable ou experts comptables chargés de tenir la comptabilité
ou d’en déterminer ou d’en contrôler les résultas généraux.
Le contribuable soumis au régime du bénéfice réel doit fournir en même
temps que la déclaration une multitude de renseignements consignés sur les
imprimés fournis par l’administration fiscale :
- les extraits de comptes des opérations et notamment un résumé du
compte de résultats ;
- une copie du bilan,
- le relevé par nature des frais généraux,
- le relevé des amortissements et provisions constitués par
prélèvement sur les bénéfices avec l’indication précise de l’objet de
ces amortissements et provisions,
- un état des résultats permettant de déterminer le bénéfice imposable ;
- le cas échéant, l’engagement de réinvestir ;
- un relevé des versements en matière de taxe sur l’activité
professionnelle.

- Le régime simplifié (abrogé)


Toutefois, les contribuables exerçant des activités à caractère commercial, industriel
ou artisanal qui ne relèvent pas de l’impôt forfaitaire unique et dont le chiffre d’affaires
n’excède pas 30.000.000 DA sont soumis à l’évaluation de leur revenu selon un régime

1
Art. 20 et 152 du code des impôts directs et taxes assimilées.

28
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

simplifié introduit par la loi de finances de 20081. Ces contribuables sont tenus de souscrire
avant le 30 avril de chaque année, une déclaration du montant de leur bénéfice imposable de
l’année ou de l’exercice précédent. De même qu’ils doivent fournir en lieux et place des
documents prévus pour les contribuables soumis au réel les documents suivants sous une
forme simplifiée :
- un bilan abrégé,
- un compte simplifié de leur résultat fiscal faisant apparaître le
bénéfice brut ainsi que les frais et charges,
- un tableau des amortissements, le relevé des provisions,
- un tableau de variation des stocks.
Ces tableaux sont fournis par l’administration fiscale.

- L’évaluation selon le régime de la déclaration contrôlée

Pour les professions non commerciales (les professions libérales


notamment), la détermination des recettes est soumise à un seul régime, celui de
la déclaration contrôlée2. Le contribuable soumis au régime de la déclaration
contrôlée doit tenir un livre journal coté et paraphé par le chef de l’inspection
des impôts retraçant le détail de ses recettes et dépenses professionnelles.

Section 2 : La liquidation de l’impôt


Liquider un impôt c’est fixer le montant de la cotisation fiscale, elle se
réalise par l’application du taux d’imposition qui est fixé par le législateur sur le
montant de la matière imposable. Il existe plusieurs méthodes pour fixer le taux
d’imposition :
Sous-section 1 : Impôts à taux spécifiques et impôts à taux ad valorem.
Le taux spécifique est un taux exprimé en unités monétaires par unités
d’assiette. Autrement dit, l’impôt est calculé en multipliant un poids, un volume,
une surface de matière imposable par une somme déterminée par les textes
fiscaux3 (la taxe sanitaire sur les viandes, ex taxe à l’abattage, est fixée à raison
de 10 DA par kg de viande, la taxe intérieure de consommation sur le tabac brun
est de 1040 DA/kg, elle est de 3.610 DA/HL pour les bières…).
Le taux ad valorem qui est un taux moderne, il est exprimé en
pourcentage de l’assiette. Tel est le cas de l’impôt sur les bénéfices des sociétés
qui est de 26%, 23 ou de 19 des bénéfices réalisés.

Sous-section 2 :L’impôt fixe et l’impôt à taux proportionnel ou progressif


L’impôt fixe est constitué par un montant fixe quelle que soit la valeur de
la matière imposable. En matière d’enregistrement, on peut citer comme
exemples :
1
- Art. 3 de la loi de finances pour 2008, JORA n° 82.
2
- Le régime de l’évaluation administrative a été abrogé par la loi de finances pour 2003.
3
- BACCOUCHE Néji, Droit fiscal, Sfax, 2008, p. 80.

29
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

- les actes soumis à un droit fixe de 500 DA : les cessions et


résiliations de baux de toute nature, les actes de mariages reçus par
les notaires…,
- les actes soumis à un droit fixe de 3.000 DA : les actes de dissolution
de sociétés qui ne portent aucune transmission de biens entre les
associés,
- les actes soumis à un droit fixe de 100.000 DA : l’agrément en vue
de l’ouverture d’un bureau de liaison des sociétés étrangères.
L’impôt proportionnel : c’est un impôt dont le taux reste constant quelle
que soit la valeur de la matière imposable. Exemples : l’impôt sur les bénéfices
de sociétés qui est de 25%, ou encore l’impôt sur les revenus fonciers (le taux
d’imposition du loyer qui varie entre 7% et 15%).
L’impôt progressif : c’est un impôt dont le taux augmente au fur et mesure
que le montant de la matière imposable augmente. Ainsi la matière imposable
n’est pas soumise à un taux unique, mais à une multitude de taux qui vont dans
un sens croissant. Cette forme d’imposition est applicable à l’impôt sur le
revenu global (IRG) et à l’impôt sur le patrimoine.
La progressivité de l’impôt sur le revenu global1

Fraction du revenu imposable (en DA Taux d’imposition


N’excédant pas 120.000 0%
De 120.001 à 360.000 20 %
De 360.001 à 1.440.000 DA 30 %
Supérieur à 1.440.000 DA 35 %

La progressivité de l’impôt sur le patrimoine2

Fraction de la valeur nette taxable du Taux applicable


patrimoine (en DA
Inférieure ou égale à 100.000.000 DA 0%
De 100.000.001 à 150.000.000 DA 0,5 %
De 150.000.001 DA à 250.000.000 DA 0,75 %
De 250.000.001 DA à 350.000.000 DA 1%
350.000.001 DA à 450.000.000 DA 1,25 %
Supérieure à 450.000.000 1,75 %

Sous-section 3 : Les taux discriminatoires

1
- Art. 104 du CID..
2
- Art. 281 noniès du CID.

30
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Ils s’appliquent aux impôts sur la consommation notamment quand les


produits et services ne sont pas assujettis à un même taux, certains sont
exonérés, d’autres sont soumis au taux normal (TVA de 19%), d’autres encore à
un taux réduit (TVA de 9%) et d’autres produits encore se voient appliqués des
impositions supplémentaires qui viennent s’ajouter à la TVA, c’est le cas des
produits assujettis aux impôts indirects.

Section 3 : Le recouvrement de l’impôt


Le recouvrement c’est le paiement en espèces du contribuable de ses
droits au Trésor. Autrement dit c’est l’encaissement par le Trésor du montant de
l’imposition qui a été liquidée. Cet encaissement se réalise par des procédures
qui peuvent varier d’un impôt à un autre. On distingue trois modes de
recouvrement.
Sous-section 1 : Le versement direct
L’impôt est, en principe, portable, c’est le contribuable lui-même qui est
chargé de se déplacer vers l’administration fiscale (la recette) pour payer ses
droits. Le paiement doit se faire spontanément parce que la loi met à la charge
du redevable l’obligation de liquider lui-même son imposition et de procéder à
son paiement (IRG, TBS, TVA et TAP).
S’agissant de l’impôt sur le revenu, il est payé par deux versements
d’acomptes, le premier du 20 février au 20 mars, le second du 20 mai au 20 juin
de l’année suivant celle au cours de laquelle sont réalisés les revenus
imposables. Le montant de chaque versement est égal à 30 % des cotisations
mises à la charge du contribuable dans le rôle concernant la dernière année, le
reste doit être payé avant le 30 avril de l’année suivante. En cas de non-paiement
dans les délais, une majoration de 10 % est appliquée aux sommes non réglées.
Sous-section 2 : La retenue à la source
L’impôt est recouvré au profit du Trésor par une tierce personne pour les
sommes qu’il verse au contribuable. La technique de la retenue à la source est
utilisée pour les revenus suivants :
- les revenus versés par des débiteurs établis en Algérie à des
bénéficiaires ayant leur domicile fiscal hors d’Algérie (art. 33 et
108),
- les distributions des revenus des valeurs mobilières (art. 121),
- les revenus des créances, dépôts et cautionnements (les intérêts et
arrérages) (art. 122),
- les traitements, salaires, pensions et rentes viagères. L’employeur est
tenu de prélever l’IRG sur les salaires qu’il verse à ses employés
(art. 128).

31
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Sous-section 3 : Le timbre fiscal.


Le paiement de l’impôt se réalise également par l’achat de timbres fiscaux
devant être apposés sur certains documents officiels.
Le paiement de l’impôt doit se faire dans des délais déterminés. Le
dépassement de ces délais rend le contribuable passible de pénalités de retard.
Dans le cas où le contribuable ne s’exécute pas, le receveur peut engager contre
lui les procédures de recouvrement forcé qui consistent dans la fermeture
temporaire des locaux professionnels, la saisie mobilière et immobilière, ou
encore l’émission de l’avis à tiers détenteur (l’ATD) …

32
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

TITRE II
PRESENTATION DU SYSTEME FISCAL ALGERIEN

33
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

CHAPITRE 1ER
STRUCTURE DU SYSTEME D’IMPOSITION

Le système fiscal algérien est régi par cinq codes :


Le code des impôts directs et taxes assimilées ;
Le code des impôts indirects ;
Le code des taxes sur les chiffres d’affaires ;
Le code de l’enregistrement ;
Le code du timbre.
A ces cinq codes s’ajoute un sixième, le code des procédures fiscales paru
en 2002. Il détermine les procédures d’évaluation de la matière imposable, du
contrôle fiscal et des procédures contentieuses.

Section 1 : Les impositions codifiées


Ce sont les impositions qui sont prises en charge par les cinq codes
fiscaux.
Sous-section : Le code des impôts directs et taxes assimilées :
Le premier code des impôts directs est paru en 1976. Il appliquait le
système des impôts cédulaires ou analytiques. Le nouveau code, a été introduit
par l’article 38 de la loi de finances pour 1991. Les impôts et taxes qu’il
renferme sont classés en fonction des personnes publiques qui en bénéficient :
les impôts perçus au profit de l’Etat, ceux qui sont perçus au profit des
collectivités locales ou encore ceux qui sont perçus au profit exclusif des
communes et enfin les impositions à affectation particulière.
§1 - Impôts perçus au profit de l’Etat
1) L’impôt sur le revenu global
C’est un impôt à taux progressif qui s’applique essentiellement aux
personnes physiques réalisant un ou plusieurs de ces revenus :
- Bénéfices Professionnels (englobant les bénéfices industriels et
commerciaux ainsi que les bénéfices non commerciaux ;
- Revenus agricoles ;
- Revenus fonciers ;
- Revenus des capitaux mobiliers ;
- Traitements et salaires, pensions et rentes viagères ;
- Plus-values de cession à titre onéreux de biens immobiliers.

34
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

2) L’impôt sur les bénéfices des sociétés


Il s’applique aux personnes morales (les sociétés de biens notamment)
réalisant un bénéfice, un taux unique de 25% lui était applicable. La loi de
finances complémentaire pour 2008 a introduit pour la première fois une
discrimination entre, d’une part, les bénéfices tirés des activités de production de
biens, de bâtiment, des travaux publics et des activités touristiques et des autres
activités d’autre part :
- 19%, pour les activités de production de biens ;
- 23%, pour les activités de bâtiment, de travaux publics et
d’hydraulique ainsi que les activités touristiques et thermales à
l’exclusion des agences de voyages ;
- 26%, pour les autres activités.

§2 - Impositions directes perçues au profit des collectivités locales


- Taxe sur l’activité professionnelle, c’est une imposition qui est assise sur
le chiffre d’affaires réalisé, son taux est de 2% du montant du chiffre
d’affaires.

§3 - Impositions perçues au profit exclusif des communes


Elles comprennent les impositions suivantes :
- la taxe foncière sur les propriétés bâties ;
- la taxe foncière sur les propriétés non bâties ;
- la taxe d’assainissement. Les taxes d’assainissement englobaient à
l’origine deux taxes : la taxe d’enlèvement des ordures ménagères et la taxe de
déversement à l’égout.
- Taxe d’enlèvement des ordures ménagères (263 à 263 ter). Elle est
établie au profit des communes dans lesquelles fonctionne un service
d’enlèvement des ordures ménagères sur les propriétés bâties. Son
montant varie entre 500 et 1.000 DA pour les locaux à usage
d’habitation, puis entre 1.000 et 10.000 DA pour les locaux à usage
commercial ou industriel et entre 5.000 DA et 20.000 pour les terrains
aménagés pour les campings et caravanings, et 10.000 DA et 100.000
pour les locaux commerciaux ou industriels produisant des quantités de
déchets supérieures à celle des catégories précitées.
- Taxe de déversement à l’égout (abrogée par la loi de finances de 2002)
mais intégrée dans la facture d’eau).
§4 - Divers impôts et taxes à affectation particulière
- L’impôt sur le patrimoine (art. 281bis CID)

35
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

C’est un impôt qui est perçu sur les biens immobiliers et mobiliers tels
que les véhicules particuliers d’une cylindrée supérieure à 1.800 cm3, les yachts,
bateaux de plaisance, les avions de tourisme et les chevaux de course. C’est un
impôt progressif dont le taux varie entre 0 et 1,5 % selon les tranches. Le
montant de cette imposition est affecté à raison de 60% au budget de l’Etat, 20%
aux budgets communaux et 20% au Fonds national du logement.

Sous-section 2 : Le code des impôts indirects


Ce code a été institué par l’ordonnance n° 76-104 du 9 décembre 1976, il
prévoit cinq impositions.
1 - Le droit de circulation de certains produits : Il est exigible lors de la
mise à la consommation des alcools, boissons et liqueurs, vins, vinaigres. Par
consommation il faut entendre, notamment, toute livraison à titre gratuit ou
onéreux sur le territoire national faite par un entrepositaire à une personne
n’ayant pas cette qualité. C’est une imposition à taux spécifiques. Le code fixe
un montant déterminé par hectolitre (art. 47 du code des impôts indirects)

2 – Les taxes sur les sucres et glucoses servant à la préparation


d’apéritifs à base de vins et produits assimilables. Ce droit est assis sur les
quantités mises à la consommation.

3 – les droits de garantie et d’essai sur les métaux précieux.


Droits d’essai : Les ouvrages d’or, d’argent et de platine doivent être
conformes aux titres légaux ou renfermer la quantité de fin exprimée en
millièmes. Il existe trois titres légaux pour les ouvrages en or : 920 millièmes,
840 millièmes et 750 millièmes. Deux pour les ouvrages en argent : 950 et 800.
Un pour les ouvrages en platine : 950. Donc pour vérifier ces titres,
l’administration fiscale procède à des essais sur ces métaux et qu’à cette
occasion, elle perçoit une imposition dite droit d’essai.

Droits de garantie : Ces ouvrages sont soumis à un droit de garantie fixé


par hectogramme à : 16.000 DA pour les ouvrages d’or, 40.000 DA pour les
ouvrages en platine et 500 Da pour les ouvrages en argent. La garantie du titre
de ces ouvrages est assurée par les poinçons appliqués sur chaque pièce à la
suite d’un essai. Les ouvrages sont marqués par deux poinçons : celui du
fabricant et de celui du bureau de garantie. Le poinçon de garantie est apposé
après essai des ouvrages dont il garantit le titre, il atteste également le paiement
du droit de garantie.

4 - Taxe sanitaire sur les viandes (ex. taxe à l’abattage)


Elle porte sur l’abattage des animaux équidés, camelins, bovidés, ovidés
et caprins ainsi que sur les viandes importées. Elle est due par le propriétaire de

36
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

la viande et assise sur le poids de la viande nette des animaux abattus. Son tarif
est de 10 DA par kg de viande.
5 - Taxe pour usage des appareils récepteurs de radiodiffusion et de
télévision.
Sous-section 3 : Le code des taxes sur le chiffre d’affaires (CTCA)
Le nouveau code des taxes sur le chiffre d’affaires a été introduit par
l’article 65 de la loi de fiances pour 1991. Il comprend la taxe sur la valeur
ajoutée et la taxe intérieure de consommation et la taxe sur les produits
pétroliers.

1 - La taxe sur la valeur ajoutée (TVA)


La TVA s’applique aux opérations de ventes, aux travaux immobiliers et
les prestations de services revêtant un caractère industriel, commercial ou
artisanal réalisés en Algérie, à titre habituel ou occasionnel. De même qu’elle
s’applique aux opérations d’importation. Elle connaît deux taux : un taux normal
de 19% et un taux réduit de 9%.

2 - Taxe intérieure de consommation (art. 25 à 28 CTCA)


Elle concerne les bières, les produits tabagiques et allumettes de
fabrication locale ou d’importation, ainsi qu’un certain nombre de produits
d’importation dont la liste est fixée par le code TCA (exemple : bananes fraiches
saumon, véhicules tous terrains...). Cette taxe est intégrée dans la base
imposable à la TVA.
3 - Taxe sur les produits pétroliers (28-2 à 28-8 CTCA)
Elle est appliquée aux produits pétroliers : essence, fuel oil, gas oil,
propane etc.

Sous-section 4 : Code de l’enregistrement


Il a été édicté par l’ordonnance n° 76-105 du 9 décembre 1976. Il prévoit
deux types d’imposition : les droits d’enregistrement et la taxe de publicité
foncière.
§1 – Les droits d’enregistrement. Ils s’appliquent aux baux et locations,
échange d’immeubles, partage, rentes, sociétés, transmission à titre onéreux ou
gratuit, mutation par décès, coffres-forts loués/plis et cassettes remis en dépôt.
§2 – La taxe de publicité foncière. Elle est perçue à l’occasion de
l’accomplissement de la formalité de publicité dans les conservations foncières.
Sous-section 5 : Code du timbre

37
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Les impositions qui prennent la forme d’un timbre fiscal sont prévues par
l’ordonnance n° 76-103 du 9 décembre 1976. Les actes soumis au timbre sont
notamment :
- les effets négociables et non négociables,
- les quittances,
- les affiches,
- les contrats de transport,
- les passeports,
- le permis de chasse,
- les permis de construire,
- les cartes d’identité et de séjour,
- les actes consulaires,
- la conduite des véhicules automobiles et engins roulants,
- la taxe annuelle pour la possession de bateaux de plaisance et droit
de timbre gradué sur les attestations d’assurances automobiles,
- le registre de commerce,
- la vignette sur les véhicules automobiles.

Section 2 : Les impôts et taxes institués en dehors des codes des


impôts
Malgré leur nombre, les codes fiscaux ne renferment pas l’ensemble des
prélèvements qui sont actuellement en vigueur. En effet, les lois de finances
créent des impositions en dehors des codes ce qui donne au système fiscal
algérien un caractère

Sous-section 1 : Les droits de douanes


L’administration des douanes est chargée de percevoir, à l’importation ou
à l’exportation en plus de la TVA et la taxe intérieure de consommation, les
droits de douanes selon un tarif douanier. Les taux du tarif de droit commun sont
fixés comme suit : exemption : 0% ; réduit : 5% ; intermédiaire : 15% ; majoré :
30%1.

Sous-section 2 : Les taxes écologiques (écotaxes)


Elles sont nombreuses et on y distingue notamment :
- la taxe sur les activités polluantes ou dangereuses pour
l’environnement : créée par l’article 117 de la loi de finances pour
1992. Cette taxe est perçue sur les activités polluantes ou
dangereuses pour l’environnement. La tarification de cette
imposition est fixée en fonction de la nature de l’activité et du degré

1
- Ord. n° 01-02 du 20 août 2001 instituant un nouveau tarif douanier, JORA n° 47, 2001.

38
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

de pollution qu’elle engendre. Son montant varie entre 9.000 DA et


120.000 DA ;
- la taxe complémentaire sur la pollution atmosphérique, créée en
2002, Cette taxe est prélevée et versée comme en matière de taxe sur
les produits pétroliers, son produit est affectée à raison de 50% au
fonds national routier et autoroutier et 50% au fonds national sur
l’environnement et la dépollution ;
- la taxe complémentaire sur les eaux usées industrielles ;
- la taxe d’incitation au déstockage de déchets industriels spéciaux et
ou dangereux ;
- la taxe d’incitation sur les déchets liés aux activités de soin des
hôpitaux et cliniques, le montant de cette taxe est versée au Fonds
national pour l’environnement et la dépollution ;
- la taxe sur les carburants, créée en 2002, elle est assise sur l’essence
super ou normale chargée de plomb. Son montant est de un dinar par
litre d’essence ;
- La taxe sur les pneus neufs (art. 60 de la loi de finances pour
20056), elle est de 10 DA par pneu destiné pour les véhicules lourds
et 5 DA par pneu destiné aux véhicules légers. Le produit de cette
taxe est affecté à raison de 10 % au profit du fonds national du
patrimoine culturel, 15 % au profit du trésor, 25 % au profit des
communes et 50 % au profit du fonds national de l’environnement et
de la dépollution ;
- La taxe sur les huiles, lubrifiants et préparations lubrifiantes, elle
est fixée à raison de 12.500 DA par tonne (art. 61 de la loi de
finances pour 2006).

Sous-section 3 : Diverses taxes


- La taxe d’habitation (LF 1997 et 1999), Son montant annuel est de 300
DA pour les locaux d’habitation et de 1.200 pour les locaux
professionnels, son produit est affecté au fonds de réhabilitation du
parc immobilier. Pour faciliter son recouvrement, le montant de la taxe
est intégré dans la facture d’électricité. Le produit de cette taxe est
versé dans un compte spécial du trésor appelé le fonds spécial de
réhabilitation du parc immobilier des communes de la wilaya1 ;
- La taxe de séjour, créée pour la première fois par le code communal de
1967 puis supprimée, elle est réintroduite par la loi de finances pour
1998 dans son article 59. Cette taxe est instituée au profit des

1
- Art. de la loi de finances pour 2003

39
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

communes ou groupements de communes classées en stations


touristiques, climatiques, hydrominérales, balnéaires ou mixtes ;
- Les droits de fêtes, la taxe sur les fêtes familiales est de 500 DA à 800
DA par jour lorsque la durée de la jouissance ne va au-delà de 19 heurs
et de 1.000 à 1.5000 DA par jour lorsque la jouissance se prolonge au-
delà de 19 heures (art. 36 de la loi de finances pour 2001).
- Redevance d’économie d’eau (art. 50 LF 2010 );
- Redevance de la protection de la qualité d’eau (art. 51 LF 2010) ;

- une taxe spécifique applicable à l’achat des yachts et bateaux de


plaisance fixée à 300.000 DA (LF 2010 art. 30) ;
- Une taxe applicable aux chargements prépayés d’un taux de 5% (LFC
2009 art. 32) ;
- Un prélèvement de 5% assis sur le bénéfice net des importateurs et des
distributeurs en gros de médicaments importés pour la revente en l’état
(LF 2010 art. 33) ;
- La taxe forfaitaire sur les superprofits réalisés dans des conjonctures
particulières hors du secteur des hydrocarbures. Cette taxe est assise sur
les marges exceptionnelles par application d’un taux qui varie entre
30% et 80%. Les modalités d’application sont définies par voie
réglementaires (LFC 2010 art. 22). La même loi institue une taxe
applicable sur le blé dur importé à un prix inférieur au prix de
régulation. Elle est due par les importateurs du blé dur. Le taux de la
taxe et les modalités de son application sont renvoyés au règlement
(LFC 2010 art. 23). LFC 2010 institue également une taxe de publicité
de 1% applicable au chiffre d’affaires réalisé dans le cadre de l’activité
publicitaire (LFC 2010 art. 63) ;
- La taxe additionnelle sur les produits tabagiques (art. 43 LF 2010) son
tarif est de 6DA par paquet, bourse ou boîte ;
- La taxe de formation professionnelle continue et taxe d’apprentissage :
le prélèvement de chacune est de 0,5% de la masse salariale, son
produit est versé au Fonds de la promotion professionnelle continue et
au Fonds de promotion de l’apprentissage (art. 55 et 56 LF 1998)1 ;
La loi de finances pour 2017 a créé d’autres impositions :
- La taxe spécifique sur les contrats de production ainsi que de diffusion
de la publicité dont la réalisation est effectuée à l’étranger ;
- la taxe d’efficacité énergétique ;

1
- Voir décret d’application n° 98-149 du 13 mai 1998, JORA n° 31, 1998.

40
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

- la taxe de réciprocité applicable aux ressortissants et ou leurs véhicules


des Etats qui appliquent la taxe d’entrées du territoire à des
ressortissants algériens.
OMC
LF 2018 :
- La taxation des véhicules
- Les recharges de portables (nouveau gisement)
- Taxe spécifique sur l’octroi et du renouvellement par le ministère de la
justice, du sceau de l’Etat, aux officiers publics (art. 100). C’est une
taxe de 50.000 DA, exigible à l’occasion de l’octroi et du
renouvellement par le ministère de la justice, du sceau de l’Etat, aux
officiers publics (notaires, huissiers, commissaires-priseurs (art. 100).
Droits de douanes sur les lampes (taux de 30%) (art. 101). « Sont
soumises au taux de 30 % des droits de douane, les lampes à diode
électroluminescente (LED) ».

- Timbre d’avocat (art. 119 LF 2018). Il est institué un droit


professionnel dénommé « timbre d’avocat » ; il est dû par chaque
avocat qui a l’obligation de l’apposer sur les requêtes juridiques et les
requêtes introductives sous peine d’irrecevabilité. Le produit de ce
timbre est distribué comme suit : 99,5 % au profit de la caisse de
prévoyance sociale, (art. 107 de la loi n 13-07 du 29 octobre 2013
portant organisation du métier d’avocat) et 0,5 % au profit du Trésor
public. Le montant du timbre d’avocat et les modalités de son
acquittement, sont fixées par voie réglementaire (le caractère
constitutionnel de cette du timbre taxation est discutable)1.
- La contribution de solidarité au profit de la Caisse de retraite (art. 109
LF 2018). Cette contribution est instituée au taux de 1% applicable aux
opérations d’importation de marchandises mises à la consommation en
Algérie. Son produit est perçu au profit de la caisse nationale des
retraites.
- Droit additionnel provisoire de sauvegarde applicable aux opérations
d’importation de marchandises mises à la consommation en Algérie
(taux entre 30% et 200%. La liste des produits imposables est
déterminée périodiquement par voie réglementaire (art. 119 LFC 2018,
JO n° 42, 2018)

1
- DE n° 18-185 du 10 juillet 2018 fixant le montant du timbre d’avocat et les modalités de son acquittement,
Jora n° 42, 2018.

41
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Section 3 : Les procédures fiscales


Le code de procédures fiscales prévoit trois types de procédures liées à
l’acte d’imposition :
- les procédures relatives à la détermination forfaitaire et d’évaluation
administrative de la matière imposable (pour activités industrielles et
commerciales (forfait), pour les professions non commerciales (professions
libérales notamment), et pour les activités agricoles ;
- les procédures de contrôle de l’impôt (en déterminant les différents
modes de contrôle : contrôles des déclarations, les vérifications fiscales (qui sont
au nombre de deux : la vérification de comptabilité et la vérification approfondie
de la situation fiscale d’ensemble), le droit de visite, le droit d’enquête… Les
procédures de redressement ;
- et enfin, les procédures contentieuses : le contribuable qui s’estime lésé
par l’administration fiscale au cours d’une opération d’imposition, il peut ouvrir
un contentieux contre celle-ci. Il existe deux types de contentieux : le
contentieux de l’assiette et le contentieux du recouvrement. Dans les deux cas le
recours préalable auprès de l’administration fiscale est obligatoire avant de saisir
le juge administratif qui est juge de l’impôt.

CHAPITRE II
ORGANISATION DE L’ADMINISTRATION FISCALE

Les affaires fiscales relèvent du ministère des Finances qui est composé
de huit directions générales dont la direction générale des impôts1. Cette
direction générale comporte une inspection générale et neuf directions dont deux
ont été introduites dans le cadre de la réforme de 2007 : la direction des relations
publiques et de la communication et la direction de l’information et de la
documentation2.
La direction des relations publiques et de la communication a été créée
pour mettre en œuvre une nouvelle approche des relations administration fiscale
– usagers. Elle a pour mission de mettre en place une nouvelle stratégie de
communication, de développer une politique de communication en direction des

1
- Décret exécutif n° 95-55 du 15 février 1995 modifié et complété portant organisation de l’administration
centrale des finances ; DE n° 06-476 du 14 décembre 2006. Il se compose de huit directions générales : la
DG des études et des prévisions ; la DG du trésor ; la DG des finances ; la DG des Douanes ; la DG des
domaines de l’Etat ; la DG des relations financières avec l’étranger ; la DG de la comptabilité ; et la DG des
impôts.
2
- Ces directions générales sont : l’inspection générale des services fiscaux ; la direction de la législation et de la
réglementation fiscale ; la direction des opérations fiscales et du recouvrement ; la direction du contentieux ;
la direction de l’informatique et de l’organisation ; la direction de l’administration et des moyens ; la
direction des recherches et vérification. (JORA n° 75 du 2 décembre 2007).

42
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

médias, des associations et des organismes et de promouvoir l’image de marque


de la direction générale des impôts (DGI). Elle doit également élaborer des
supports de communication. Dans ce cadre, la DGI a mis sur son site et publié
sur support papier plus d’une dizaine de guides ainsi que les codes fiscaux.
Cependant, ce sont les services extérieurs de l’administration fiscale qui
vont connaître une restructuration profonde.

Section 1 : Structures des services extérieurs avant la réforme1


Les services extérieurs de l’administration fiscale se composaient avant la
réforme, des directions régionales, des directions des impôts de wilaya, des
services régionaux des recherches et vérifications, des inspections et des
recettes. S’agissant des directions régionales, elles sont au nombre de neuf, elles
constituent le prolongement au niveau local de l’administration centrale. Leur
rôle essentiel est de dynamiser et de superviser l’action des directions des impôts
de wilaya relevant de leur compétence territoriale. Quant aux directions des
impôts de wilaya, elles sont chargées essentiellement de rechercher la matière
imposable, d’effectuer les contrôles sur place, de définir les programmes de
vérification… Les inspections assurent le contrôle des différentes déclarations,
les recettes assurent le recouvrement de différents impôts. La réforme de 2006
va apporter de nouvelles structures.

Section 2 : La restructuration des services extérieurs


La réforme a consisté à passer d’une administration de l’impôt de type
vertical, c'est-à-dire par fonction : immatriculation, évaluation, recouvrement,
contentieux, contrôle, etc.), à une administration de type horizontal par catégorie
de contribuables. D’où la nécessité de créer de nouvelles structures adaptées aux
nouvelles exigences, elles consistent dans une structure nationale et des
structures régionales2.

Sous-section 1 : Une structure nationale : la direction des grandes


entreprises.
Cette direction est chargée des dossiers fiscaux des sociétés exerçant dans
le domaine des hydrocarbures, des sociétés de capitaux et des groupements de
sociétés dont le chiffre d’affaire est égal ou supérieur à 100.000.000 DA 3. Elle
est chargée des missions d’assiette, de recouvrement, de contrôle et de
contentieux des impôts et taxes dus par les contribuables relevant de sa

1
- Décret exécutif 02-303 du 28 septembre 2002 modifiant et complétant le décret n° 91-60 du 23 février 1991
déterminant l’organisation et les attributions de l’administration fiscale, JORA n° 64, 2002).
2
- Décret exécutif n° 06-327 du 18 septembre 2006 fixant l’organisation et les attributions des services
extérieurs de l’administration fiscale, JORA n° 59, 2006 ; Arrêté interministériel du 21 février 2009 fixant
l’organisation et les attributions des services extérieurs de l’administration fiscale.
3
- Art. 160 du code des procédures fiscales.

43
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

compétence quelle qu’en soit la forme juridique et quel que soit le lieu de leur
principal établissement, de leur direction effective ou de leur siège social1.
Sous-section 2 : Les structures régionales
En plus de la direction régionale des impôts et la direction des impôts de
wilaya qui sont maintenues, deux nouvelles structures sont créées au niveau
local : le centre des impôts et le centre de proximité des impôts.
§1 - Le centre des impôts (CDI). Relèvent de ce centre, les contribuables
exerçant des activités à caractère industriel et commercial soumis au régime
simplifié dont le chiffre d’affaires est supérieur à 10.000.000 DA, ainsi que les
contribuables exerçant des professions libérales. La création des CDI répond à la
nécessité d'améliorer la gestion et le contrôle des entreprises de moyenne
importance, des personnes physiques relevant du régime du réel ou du régime
simplifié ainsi que des membres des professions libérales. La particularité du
centre des impôts réside dans le fait qu’il soit l’interlocuteur fiscal unique des
contribuables. Il prend en charge, notamment les travaux d'immatriculation, le
suivi des obligations déclaratives et de paiement, la comptabilisation des
recettes, le contrôle et l'action en recouvrement.
Les services principaux de gestion sont : le service de la fiscalité du
secteur industriel ; le service de la fiscalité du secteur du bâtiment et des travaux
publics ; le service de la fiscalité du secteur commercial, le service de la fiscalité
du secteur des prestations de services, et enfin le service de la fiscalité du
secteur des professions libérales2.

§2 - Le centre de proximité des impôts3. C’est une structure qui gère les
dossiers des contribuables qui ne relèvent pas du périmètre de compétence de la
DGE et du centre des impôts. Ce sont notamment les entreprises individuelles
suivies au régime du réel ou au régime simplifié, exerçant les activités

1
- Art. 3 du décret exécutif n° 06-327 du 18 septembre 2006 précité. La direction des grandes entreprises est
composée de 5 sous directions :
- la sous-direction de gestion chargée de la gestion des dossiers fiscaux des entreprises régies par le droit
commun et les entreprises non résidentes, l’assiette et le suivi du recouvrement des impôts et taxes et le
traitement des dossiers de remboursement de la TVA ;
- la sous-direction du contrôle et des fichiers, elle est chargée notamment de l’exécution et du suivi des
programmes de vérification de comptabilité, la réalisation d’enquêtes et d’investigation ;
- la sous-direction du contentieux : l’examen et l’instruction de toute réclamation et recours relevant de la
compétence de DGE, la formalisation et le suivi des dossiers contentieux portés devant les instances
judiciaires ;
- la sous-direction des moyens : la gestion des carrières du personnel, l’établissement du budget annuel, le
mandatement des dégrèvements…
- la recette des impôts : elle est chargée notamment des règlements effectués par les contribuables spontanés
ou de rôles généraux ou individuels ainsi que le suivi de leur situation en matière de recouvrement et
procéder au recouvrement forcé le cas échéant.
2
- Les centres des impôts sont classés en trois types selon l’importance des dossiers gérés : CDI type 1 doivent
gérer plus de 8000 dossiers ; les CDI type 2 doivent gérer entre 4000 et 8000 dossiers et les CDI type
3 gèrent moins de 4000 dossiers.
3
- DE n° 06-327 du 18 septembre 2006 et arrêté interministériel du 21 février 2009 précités.

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Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

suivantes : les opérations faites en gros ; les opérations de vente faites par les
concessionnaires ; les distributeurs des stations-services ; les contribuables
effectuant des opérations d’exportation ; les lotisseurs, marchands de biens
assimilés ainsi que les organisateurs de spectacles, jeux et divertissements de
toute nature ; les fabricants et marchands d’ouvrages en métaux précieux.
Relèvent également du CPI les sociétés non éligibles à la DGE et les membres
des professions libérales.
Les impôts et taxes concernés sont : l’IRG sur bénéfices industriels et
commerciaux et bénéfices non commerciaux, la taxe sur l’activité
professionnelle (TAP) et la taxe sur la valeur ajoutée.
La principale caractéristique du centre de proximité des impôts est d’être,
lui aussi, l’interlocuteur fiscal unique des contribuables pour l’accomplissement
de l’ensemble de leurs obligations fiscales. S’agissant de ses missions : il est
compétent en matière d’assiette, de contrôle, de recouvrement et du contentieux
des impositions relevant de sa compétence.
Le centre des impôts ainsi que le centre de proximité des impôts
accomplissent leurs missions sous l’autorité hiérarchique de la direction des
impôts de wilaya1. Il reste à préciser que ces deux structures ne sont pas encore
toutes opérationnelles ; en attendant leur mise en place, ce sont les inspections et
les recettes qui continueront à exercer leurs attributions réciproques.
Cette modernisation du système fiscal et la restructuration de
l’administration fiscale sont conçues pour favoriser le développement
économique et social du pays.

1
- Art. 17 du décret exécutif n° 06-327 précité.

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Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages généraux :
- La fiscalité à la portée de tous, A. BOUDERBAL, La maison du livre ;

- Droit fiscal des entreprises, T. ZITOUNE, F. GOLIARD, Berti, 2008 ;


- Droit fiscal général, N. BACCOUCHE, 2008 ;
- Fiscal 2007, Moménto pratique, Francis LEFEVBRE, 2007 ;
- Droit fiscal, BIENVENU (J.J.), Lambert (T), Puf, 3ème édition ;
- Droit fiscal général, J. GROSCLAUDE, Ph. MARCHESSOU, Dalloz, 2007 ;
- Précis de fiscalité des entreprises, M. COZIAN, Litec Fiscal, 2007-2008.

Codes des impôts :


- Code des impôts directs et taxes assimilées ;
- Code des taxes sur le chiffre d’affaires,
- Code des impôts indirects ;
- Code de l’enregistrement ;
- Code du timbre ;
- Code des procédures fiscales.

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Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Textes
- Loi n° 07-11 du 25 novembre 2007 portant système comptable financier, JORA n°
74, 2007 ;
- Décret exécutif n° 08-156 du 26 mai 2006 portant application des dispositions de la
loi n° 07-11 du 25 novembre 2007 portant système comptable financier, JORA n°
, 2008
- Arrêté du 26 juillet 2008 fixant les règles d’évaluation et de comptabilisation, le
contenu et la présentation des états financiers ainsi que la nomenclature et les
règles de fonctionnement des comptes, JORA n° 19, 2008 ;
- Arrêté du 26 juillet 2008 fixant les seuils de chiffres d’affaires, d’effectif et
l’activité applicables aux petites entités pour la tenue de la comptabilité financière
simplifiée, JORA n° 19, 2008.

47
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

IMPOT FIXE, IMPOT PROPORTIONNEL ET IMPOT PROGRESSIF

Impôt fixe : 3.000 DA


Revenu : 20.000 DA/mois – 3.000 DA = 17.000DA
Revenu de 100.000 DA/mois – 3.000 DA reste 97.0000 DA
Revenu de 200.000 DA/mois – 3.000 DA reste 197.000 DA

Impôt proportionnel de 20%


20.000 DA X 20% = 4.000 DA, le revenu net sera de : 16.000 DA
100.000 DA X 20% = 20.000 DA revenu net sera de : 80.000 DA
200.000 DA X 20% = 40.000 DA revenu net sera de : 160.000 DA

Impôt progressif
1) Revenu de 20.000 DA : Il se compose de deux tranches
Jusqu’à 10.000 DA 0% = 0 impôt
De 10.001 DA à 20.000 DA = 10.000 DA X 20% = 2.000 DA
Total à payer : 2.000 DA
2) Revenu de 100.000 DA : il se compose de trois tranches
1ère tranche jusqu’à 10.000 DA 0% = 0 impôt
2ème tranche : de 10.001 DA à 30.000 DA = 20.000 DA X 20% = 4.000 DA
3ème tranche : de 30.001 DA à 100.000 DA = 70.000 DA X 30% = 21.000
Total à payer : 25.000 DA
3) Revenu de 200.000 DA : il se compose de quatre tranches
1ère tranche jusqu’à 10.000 DA 0% = 0 impôt
2ème tranche : de 10.001 DA à 30.000 DA = 20.000 DA X 20% = 4.000 DA
3ème tranche : de 30.001 DA à 120.000 DA = 90.000 DA X 30% = 27.000 DA
4ème tranche : de 120.001 DA à 200.000 DA = 80.000DA X 35% = 28.000 DA
Total à payer : 59.000 DA

On peut résumer la différence entre les différents systèmes d’imposition par le tableau
suivant :

Taux
Revenu mensuel proportionnel Taux progressif
20%
20.000 DA 4.000 DA 2.000 DA
100.000 DA 20.000 DA 25.000 DA
200.000 DA 40.000 DA 59.000 DA

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Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Enregistrement dans le journal


Article 20 de la loi n° 07-11 portant sur le système comptable financier :
« Les entités soumises à la présente loi tiennent des livres comptables qui comprennent un
livre journal, un grand livre et un livre d'inventaire, sous réserve des dispositions spécifiques
concernant les petites entités ».

Le journal :

Le journal est un registre comptable sur lequel le commerçant enregistre, par ordre
chronologique, les opérations de son commerce.
L’entreprise doit avoir une trace de tous les flux qui ont pris naissance soit au cours
d’opérations entre elle et les différents agents économiques, soit à l’intérieur d’elle-même1.
Art. 9.- Toute personne physique ou morale, ayant la qualité de commerçant, doit tenir un
livre journal enregistrant jour par jour les opérations de l'entreprise ou récapitulant au
moins mensuellement les résultats de ces opérations à la condition de conserver, dans ce cas,
tous documents permettant de vérifier ces opérations jour par jour2
Article 20 de la loi n° 07-11 portant sur le système comptable financier :
« Le livre journal enregistre les mouvements affectant les actifs, passifs, capitaux
propres, charges et produits de l'entité. En cas d'utilisation de journaux auxiliaires, le livre
journal ne comprend que la centralisation mensuelle des écritures portées sur les journaux
auxiliaires (totaux généraux mensuels de chaque journal auxiliaire) ».
Contenu du journal :

Chaque opération donne lieu à la création d’un article comprenant :

- la date de l’opération ;
- le nom du ou les comptes crédités ;
- le nom du ou des comptes débités ;
- le libellé explicatif (résume sous une forme concise l’opération enregistrée).
Choix des journaux auxiliaires
L’entreprise ouvre les journaux auxiliaires qu’elle juge nécessaires, en fonction des
opérations de la même nature qui se répètent fréquemment.
Les journaux auxiliaires qui se répètent souvent dans les entreprises

- Les journaux de la trésorerie : Tel que le journal banque et le journal caisse, ces
journaux enregistrent toutes les opérations monétaires de l’entreprise comme les
dépenses et les recettes.
- Les journaux de tiers : Ces journaux contiennent toutes les opérations effectuées par
l’entreprise avec les tiers tels que les achats dans le journal des achats, et le journal
des ventes qui contient toutes les opérations de ventes.

1
- Initiation a la comptabilité, Edition OPU, Alger
2
- Le Code du commerce l’article 9,10,..,18 la page 5,6 d’édition BERTI 2009.

49
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

- Les journaux des stocks : sont réparti en deux, l’un pour les entrées de marchandises
et matières et fournitures (journal auxiliaire des entrées) et l’autre pour les sortie
(journal auxiliaire des sorties)

Pour les opérations les plus rares, il est ouvre un journal des opérations diverses pour ce
dernier il n’est pas question d’article type, le choix des colonnes de ventilation est plus
hasardeux, c’est pour cette raison qu’il est généralement tenu comme un journal classique.

Forme du tracé des journaux Art. 11. - Le livre journal et le livre d'inventaire sont tenus
chronologiquement sans blanc, ni altération d'aucune sorte ni transport en marge. Ils sont
cotés et paraphés par un juge du tribunal dans la forme ordinaire23

x auxiliaire:

Le journal auxiliaire est un journal spécialisé par type d’opérations. Son tracé est par
conséquent adapté aux écritures à enregistrer.

Le journal centralisateur
Le centralisateur regroupe les différentes écritures des journaux auxiliaires, c’est une
récapitulation mensuelle des totaux de chaque compte. L’organisation du système
centralisateur comprend ainsi, l’établissement du journal général ou centralisateur à partir des
totaux des journaux auxiliaires.

Le Grand livre
Le grand livre regroupe l’ensemble des comptes utilisés par l’entreprise pour le suivi de
ses comptes en concordance avec les totaux des écritures des journaux auxiliaires. Lorsqu’une
opération a été inscrite au journal auxiliaire, elle doit ensuite être reportée sur le grand livre1.
Il est utilisé pour classer, récapituler les opérations et pour réparer les états financiers2

Le modèle du grand livre


N de date N libelle montant cumul
ligne journal Débit Crédit Débit Cr

Total

Balance
Elle est la résultante de toutes les écritures des écritures des exercices éléments de base
du bilan. Il est donc de la plus haute importance qu'elle soit rigoureusement juste. Dans cette
balance, on doit trouver tous les comptes d'actif et de passif du bilan d’ouverture, les comptes
des mouvements de la période ainsi que les comptes de gestion (charges et produits) tenus dans
les livres de l'entreprise. Elle rassemble les sommes de tous les mois précédents et est dits
cumulée.

1
www.becompta.be
2
Comptabilité et analyse des états financiers, 2e Edition de boeck 2008 /Karine Cerrada/ Yves de rongé /Michel
de Wolf/ Michel Gatz

50
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Pour établir la balance, nous devons tout d’abord totaliser les débits, les crédits des
comptes des grands livres, ensuite calculer leurs soldes, sans oublier de reporter les à nouveau
des comptes sur les grands livres1.

Le modèle de la balance

Mouvement de la Mouvements cumulés


Solde d'ouverture (1) Soldes
N° cmpt Libellé période (2) (1+2)
Débit crédit Débit crédit Débit crédit Débit crédit
Fonds propres
Résultats
Investissements
Stocks
Tiers
Charges
Produits
TOTALE

Le livre d’inventaire
Article 20 de la loi n° 07-11 portant sur le système comptable financier :
➢ Les actifs et les passifs des entités soumises la présente loi doivent faire l'objet, au
moins une fois par an, d'inventaires en quantité et en valeur sur la base d'examens
physiques et de recensements de documents justificatifs.
➢ Le livre d'inventaire reprend le bilan et le compte de résultats de l'entité.
➢ Le livre journal et le livre d'inventaire sont cotés et paraphés par le président du
tribunal du siège de l'entité.
➢ La comptabilité est tenue manuellement ou au moyen de systèmes informatiques.

Art. 10.- Elle doit également faire tous les ans un inventaire des éléments actifs et passifs
de son entreprise et finir tous ses comptes en vue d'établir son bilan et le compte de ses
résultats ce bilan et le compte de résultats sont copiés sur le livre d'inventaire.9

Bilan
C’est la « photographie » de l’entreprise sous forme de tableau ou la partie gauche
contient les soldes débiteurs des comptes patrimoniaux l’actif et du passif 1, 2, 3, 4, 5 de
l’année actuelle et précédente et donne un solde final.
Ainsi que les soldes créditeurs des comptes d’amortissements et de provisions pour
dépréciation, la partie droite les soldes créditeurs des autres comptes patrimoniaux2.
Bilan est un document de synthèse et un état récapitulatif des actifs, et passifs (externe
= dettes) et des capitaux propres de l’entité à la date de clôture sans numéro de comptes3.

2
Cours de comptabilité financière selon les normes IAS/IFRS et le SCF 2007
3
Arrêté du 26 juillet 2008 fixant les règles ….. , Journal officiel n° 19 du 25 mars 2009.

51
Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Le bilan doit contenir les éléments suivants :


- Ecarts d’acquisition (ou goodwill) ;
- les immobilisations corporelles ;
- les immobilisations incorporelles ;
- Immobilisations en cours ;
- les immobilisations financières ;
- les stocks et en cours ;
- Créances et emplois assimilés ;
- Disponibilités et assimilés ;
- Emprunt et dettes financiers ;
- Provision ;
- Fournisseurs et compte rattaché ;
- Impôt ;
- Trésorerie passif .
Bilan actif
Un actif est une ressource contrôlée par l’entreprise du fait d’événements passés et dont des
avantages économiques futurs sont attendus par l’entreprise. L’avantage économique futur
représentatif d’un actif est le potentiel qu’a cet actif à contribuer, directement ou
indirectement, à des flux de trésorerie ou d’équivalents de trésorerie au bénéfice de
l’entreprise.
Son objectif est clair, c’est de résumer la richesse de l’entreprise à un instant précis qui
regroupe tous les comptes de la balance de la classe 2, 3,4 et 528.
L’actif courant comprend :
- les actifs que l’entité s’attend à pouvoir réaliser (ou vendre, ou consommer) dans le
cadre du cycle d’exploitation normale. Le cycle d’exploitation est une période s’écoulant
entre l’acquisition des matières premières ou des marchandises entrant dans le processus
d’exploitation, et leur réalisation sous forme de trésorerie.
- les actifs détenus essentiellement à des fins de transaction ou pour une durée courte
que s’attend l’entité à réaliser dans les douze mois,
- les actifs qui constituent la trésorerie dont l’utilisation n’est pas soumise à des
restrictions.

L’actif non courant comprend :


- les actifs qui sont destinés à être utilisés d’une manière continue pour les besoins des
activités de l’entreprise tels que les immobilisations corporelles ou incorporelles,
- ou les actifs détenus à des fins de placement à long terme ou qui ne sont pas destinés à
être réalisés dans les douze mois à compter de la date de clôture. 1
Les 5 conditions de comptabilisation des actifs
- Avantages économique future : dividendes, intérêt, profil, produit,
- Contrôle : gestion, location, donation, prêt ;
- Cout : juste valeur, peut être évalué ;
- Intension : de ne pas vendre ;

1
- Arrêté du 26 juillet 2008 fixant les règles ….. , Journal officiel n° 19 du 25 mars 2009.

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- Durée : plus d’un an ;


- Pour les immobilisations financiers C/26 et 27 une condition se rajoute à ce dernier la
propriété.
• Si une des 5 conditions manque a l’immobilisation elle se comptabilise en charge
• Si on ne l’utilise pas, on doit le mentionner en annexe1.

1
- travail fait dans le bureau de stage comptabilité 2010/2011
«

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Comptabilité simplifiée
(Arrêté du 26 juillet 2008, JORA n° 19, 2009)

L’Arrêté du 26/07/2008 relatif à la comptabilité simplifiée a déterminé dans son article 2


les personnes soumises à la comptabilité simplifiée : « Peuvent tenir une comptabilité
financière simplifiée, les petites entités dont le chiffre d’affaires, d’effectif et l’activité ne
dépassent pas l’un des seuils suivants, durant deux exercices successifs :
1-Activité commerciale :
- chiffre d’affaires : 10 millions de dinars ;
- effectif : 9 salariés à temps plein.

2-Activité de production et artisanale :


- chiffre d’affaires : 6 millions de dinars ;
- effectif : 9 salariés à temps plein.

3-Activité de prestation de services et autres :


- chiffre d’affaires : 3 millions de dinars ;
- effectif : 9 salariés à temps plein.

Le chiffre d’affaires englobe l’ensemble des activités principales et/ou accessoires. »1

1
La loi n° 07 du 25/11/2007 portant système comptable financier Art 2

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L’ORGANISATION de l’administration fiscale

I - L’administration centrale
1) Ministère de Finances
Décret exécutif n° 95-55 du 15 février 1995 modifié et complété portant organisation
de l’administration centrale des finances
DE n° 06-476 du 14 décembre 2006
Il se compose de sept directions générales :
- La DG des études et des prévisions ;
- La DG du trésor ;
- La DG des finances ;
- La DG des Douanes ;
- La DG des domaines de l’Etat ;
- La DG des relations financières avec l’étranger ;
- La DG de la comptabilité ;
- et la DG des impôts.

2) La direction générale des impôts


Elle comporte une inspection générale et de deux directions :
L’inspection générale des services fiscaux ;
La direction …..
La direction des opérations fiscales qui comporte
La sous direction du suivi du recouvrement
La sous direction des statistiques et des synthèses
La sous direction de la garantie et des régimes fiscaux particuliers

II - Les services extérieurs de l’administration fiscale :


Décret exécutif 02-303 du 28 septembre 2002 modifiant et complétant le décret n° 91-
60 du 23 février 1991 déterminant l’organisation et les attributions de l’administration fiscale,
JORA n° 64, 2002).
Voir également DE n° 06-327 du 18 septembre 2006 fixant l’organisation des services
extérieurs de l’administration fiscale, JORA n° 59, 2006.
Les services extérieurs de l’administration fiscale se composent comme suit :
Des directions régionales ;
De la direction des grandes entreprises ;
Des directions des impôts de wilaya ;
Des services régionaux des recherches et vérifications ;
Des inspections ;
Des recettes.

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Introduction au droit fiscal Pr. B. Yelles Chaouche 2018-2019

Le code de procédures fiscales prévoit trois types de procédures :


Les procédures relatives à la détermination forfaitaire et d’évaluation administrative de la
matière imposable (pour activités industrielles et commerciales (forfait), pour les professions
non commerciales (professions libérales notamment), et pour les activités agricoles.
Les procédures de contrôle de l’impôt (en déterminant les différents modes de contrôle :
contrôles des déclarations, les vérifications fiscales (qui sont au nombre de deux : la
vérification de comptabilité et la vérification approfondie de la situation fiscale d’ensemble),
le droit de visite, le droit d’enquête… Les procédures de redressement
Les procédures contentieuses : le contribuable qui s’estime lésé par l’administration fiscale au
cours d’une opération d’imposition, il peut ouvrir un contentieux contre celle-ci. Il existe
deux types de contentieux : le contentieux de l’assiette et le contentieux du recouvrement.
Dans les deux cas le recours préalable auprès de l’administration fiscale est obligatoire avant
de saisir le juge administratif qui est juge de l’impôt.

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