Historique

David Buhl
90 ans
André DAIRE
Pédagogie

N° 19

LIVE
Éric LACHAUD
Maynard Project
N°19 deuxième trimestre 2011

Tony Amouroux Patrick Bailly Fabrice Disla

. . . et retrouvez toute l’actualité des

N° 19 II > page 1sur gazettedescuivres.fr
Cuivres
/ 2011
 Nouvelle trompette haut de gamme YTR-8335SEU Série .
Conçue Polyvalente et confortable, la YTR-8335SEU est une excellente synthèse des
pe
en Euro exigences demandées par les artistes européens. Elle vous apportera tout ce

urope dont vous aurez besoin en termes de sonorité, de réponse et d’intonation, aussi
pour l’E
bien en orchestre, qu’en ensemble de cuivres ou en soliste.
L’esprit européen
 Toujours
du nouveau à présenter
On continue
V S
ous avez été nombreux à me témoigner vos encourage- téphane Labeyrie y succède à Mel Culberston qui
ments après la lecture de l’éditorial paru dans le numéro a été son professeur. Stéphane avait déjà rem-
précédent. placé au Conservatoire de Lausanne (Suisse), un
En effet, il semble nécessaire de maintenir entre les passion- autre prestigieux tubiste et éminent professeur, le tu-
nés que nous sommes des instruments et de la musique pour biste américain Roger Bobo. Rappelons que Stéphane
cuivres un lien d’information. Quoi de mieux qu’un magazine Labeyrie est tuba solo de l’Orchestre de Paris et artiste
papier, que l’on peut à nouveau consulter des années plus soliste Yamaha.
tard. La rédaction de la Gazette des Cuivres prépare pour la
Je me souviens d’un numéro de La Gazette des Cuivres paru rentrée des articles de présentation des classes de cui-
dans les années 1990 où la rédaction présentait un tout jeune vres de l’enseignement supérieur en France - CNSMD,
musicien français, tubiste à nouveaux Pôles supérieurs - Parcours de licence profes-
peine sorti des “études” et sionnelle d’interprète... Nous en reparlerons.
déjà prometteur. Il s’agis-
sait de Stéphane Labeyrie Autres motifs de satisfaction et de motivation pour con-
qui venait d’être remarqué tinuer à publier chaque trimestre : l’enthousiasme et
aux USA à l’initiative de Ro- la passion qui perdure chez des collègues qui ont lar-
ger Bobo et Mel Culberston, gement dépassé l’âge légal de la retraite. En exemple,
au Congrès International de André Daire qui à près de 90 ans, né en août 1921,
Tuba à Chicago. Stéphane, continue quotidiennement de s’exercer à la trompette
né en 1975, avait à peine et souhaite transmettre le fruit de ses recherches pé-
20 ans. Je sais qu’il a été dagogiques.
touché que la Gazette évo-
que cet événement. Nous en D’autres exemples aussi au-delà de l’actualité des con-
avons récemment parlé lors cours de brass bands ou de solistes avec des personna-
du Concours International lités qui continuent de s’affirmer comme le tromboniste
de Tuba de Ville d’Avray/Pa- Nicolas Moutier, lauréat au Concours de Prague, des
ris où il était venu entendre nouveaux visages et inspiration musicale comme celle
et supporter les finalistes. du trompettiste Éric Lachaud qui fait revivre sur scène
Je suis satisfait aujourd’hui d’annoncer sa nomination au pos- l’esprit du grand Maynard Ferguson.
te de professeur de tuba du Conservatoire National Supérieur
de Lyon, le CNSMD. Le 20 juin, nos amis Guy Touvron, Bernard Soustrot,
Thierry Caens se sont retrouvés en trio de trompettes,
invités à se produire en prime time au théâtre antique
d’Orange en direct sur
Parution trimestrielle. France Télévision.
Editeur : Association Studio des Arts Interprètes d’un medley
12, rue Plantin 37270 Montlouis sur Loire sur les airs d’opéras à
Directeur de publication : Frédéric Casado la manière des “Trois
Directeur de la rédaction : Yves Rémy ténors” et de “Bugler’s
Dépôt légal : N° 19 - deuxième trimestre 2011 Holiday” écrit en 1954
Juin 2011 par Leroy Anderson,
I.S.S.N. 0996-5122 nos amis ont démontré
Commission paritaire : CPPAP N° 0114G88792 qu’un répertoire moderne populaire pour cette formation
Gazette des Cuivres 49, bld Paul Langevin 37700 de trompettes reste à créer.
Saint Pierre des Corps - France
Tel: +33 (0)2 22 06 85 77 Fax: +33 (0)9 55 39 92 64 Dans les nouveautés, nous sommes également heureux
email : gazettedescuivres@yahoo.fr de présenter le travail et les nouveaux ensembles de
http://gazettedescuivres.fr cuivres formés par les collègues des pays francophones
Imprimerie : PRINT 24 SARL limitrophes, comme l’Ensemble de Cuivres de Belgique
12/14, Rond-Point des Champs-Elysées et celui de la Principauté de Monaco, le Monaco
75008 Paris Brass.
Prix de vente au numéro : 6 Euros -
Nous continuerons donc, puisque l’esprit d’équipe est
> Par courrier
bien présent, à vous tenir régulièrement informés, amis
> Par paiement Paypal abonnés, fidèles lecteurs.
Sur le site gazettedescuivres.fr Yves Rémy
International
Nouveaux Ensembles de cuivres
Dans le N°18 de La Gazette des Cuivres paru en mars
dernier, nous avons présenté un jeune tubiste belge Jean
Xhonneux, premier prix du Concours International de Ville
-d’Avray/Paris. La rédaction a souhaité suivre ce jeune
et brillant tubiste et nous le retrouvons dans le nouvel
Ensemble de Cuivres de Belgique animé par le trompettiste
Antoine Acquisto.
> TROMPETTES
ANTOINE ACQUISTO
Trompette solo, chef de pupitre à
l’Opéra Royal de Wallonie et Pro-
fesseur de trompette à l’IMEP.
SÉBASTIEN LEMAIRE
Trompettiste à l’Orchestre Phil-
harmonique de Liège et au Char-
lemagne Chamber orchestra for
Europe.
MICHAEL TAMBOUR
Soliste du corps de trompettes de
l’Orchestre Royal de la musique
des Guides. Fondateur du trio «La-
mibé Tromba»
JULIEN LENTZ
Professeur de trompette au Con-
servatoire de Charleroi, aux acadé-
mies de Nivelles, Liège et Fleurus.
> CORS
PASCAL MOREAU
Cor solo à l’Orchestre Royal de la
Force Aérienne
ETIENNE MAILLÉ
Corniste à l’Opéra Royal de Wallonie.
Ensemble
de Cuivres
deBelgique
> TROMBONES
GÉRALD EVRARD
Trombone solo à l’Orches-
tre Philharmonique de Liège
et chargé de cours de Trom-
bone et Tuba au Conservatoire
Royal de Musique de Liège.
THIERRY ISTAS
Tromboniste à la Musique Royale
de la Force Aérienne Belge.
Etudiant en «Master» au Conserva-
toire Royal de Musique de Liège.
ROBIN RINCHARD
Tromboniste à l’Orchestre Royal
de la Musique des Guides.
JOSQUIN CHUFFART
Tromboniste à la Musique Royale
de la Force Aérienne Belge.
Master didactique de trombone.
> TUBA / JEAN XHONNEUX
Lauréat du Concours International
de la ville d’Avray.
Etudiant au Conservatoire
de Maastricht avec Hans Nickel.
N° 19 II / 2011 >
L’E.C.B
Composé de quatre trompettes, qua-
tre trombones, deux cors, d’un tuba et
de deux percussions, I’ECB réunit des
musiciens professionnels issus des
grands orchestres et conservatoires
belges. Aujourd’hui, leur amitié et leur
motivation les incitent à se renouveler
constamment et à créer de nouveaux
projets artistiques afin de promouvoir
la musique et les cuivres. C’est aussi,
un formidable tremplin pour l’inser-
tion de jeunes étudiants comme Jean
Xhonneux.
L’ECB, ensemble à géométrie variable,
permet de composer avec les richesses
de nuances, la palette sonore variée
du quintette de cuivres, du quatuor de
trombones ou du grand ensemble de
cuivres.
Le répertoire très diversifié s’étend de
Bach à Chostakovitch en passant par
la musique d’Astor Piazzolla et les ar-
rangements des musiques de films. En
concert, l’ECB présente un programme
musical qui satisfait les goûts et la cu-
riosité de tous les publics.
www.ensembledecuivresdebelgique.be
ENTRETIEN avec
Antoine
Acquisto
et Robin
Rinchard
D’où vient l’idée de créer cet
ensemble ?
R.Rinchard : De retour en
Belgique après mes études
passées en France et en
Suisse, je voulais créer un
ensemble de cuivres compo-
sé de personnalités avec les-
quelles j’avais toujours eu envie de travailler… On a formé
une équipe puis on a commencé nos répétitions et de suite
nous avons trouvé un son et une technique de travail…
Aujourd’hui, nous sommes toujours super content de nous
retrouver et de répéter ensemble…
A. Acquisto :Avec mon poste de trompette solo à l’Opéra,
de professeur de trompette à Namur, participer à la mu-
sique de chambre était essentiel pour moi, cela compléte
page 4
 Principauté de Monaco

bien mes activités… En plus en grand ensemble

de cuivres ! C’est vraiment une formation fantas-
tique …
Quels sont les projets de l’ECB ?
R.Rinchard : Pas mal de concerts sont program-
més dans toute la Belgique l’année prochaine
(Verviers, Mons, Namur, Malmédy…). En novem-
bre, nous enregistrons notre premier CD avec un
programme très varié. La création de cet ensem-
ble de cuivres a également pour objectif d’en-
richir son répertoire. Nous enregistrerons deux
nouvelles compositions, une comande spéciale
au français Jean Louis Petit et une d’Antoine
Acquisto qui en plus d’être notre première trom-
pette est également un excellent compositeur ...
Sur notre cd nous allons avoir la grande chance
de travailler avec Michel Becquet qui interpré-
tera l’Oraison Funèbre d’Hector Berlioz … une
magnifique pièce pour trombone solo et ensem-
ble de cuivres arrangée par Thierry Caens.
Antoine, comment conciliez-vous vos multiples obli-
gations, trompette solo de l’opéra, enseignement su-
périeur, soliste, musique de chambre, compositeur ?
Avec un bon agenda (en papier) et pleins de
notes et pos-it partout !…. et aussi une épouse
tolérante.
Vous pratiquez le yoga, cela vous aide pour la ges-

tion du stress ?
Toutes les démarches qui permettent de mieux
se connaître sont bonnes et profitables dans tous
les milieux !
Quel est votre travail avec la marque Stomvi ?
A. Acquisto : je joue leurs instruments depuis plus
de 17 ans, c’est une équipe fantastique toujours
à l’écoute et surtout avec une image du son qui
me correspond.
Vous être très à l’aise dans le registre aigu, com-
ment le travaillez-vous ?
A. Acquisto : Aux USA, il y a une grande diffé-
rence entre les « Masterclass » et les « clinic ».
On peut d’une part travailler les concerti et leur
interprétation ou bien se pencher de manière très
F
LORIAN COUTET, premier prix du Concours International de tuba de
Brno a fait les titres du N°18 de La Gazette des Cuivres. Nous le
retrouvons à l’euphonium au sein du nouvel Ensemble de Cuivres,
MONACO BRASS.
Autour de GÉRALD ROLLAND, Cornet solo et Trompette solo et de
SAMUEL TUPIN, deuxième trompette de l’OPMC (Orchestre Philharmonique de
Monte-Carlo) se sont réunis leurs collègues cuivres et percussionnistes pour
la plupart membres ou invités de l’Orchestre de Monaco, les trompettistes
MATTHIAS PERSSON, RÉMY LABARTHE, les cornistes PATRICK PEIGNIER, DIDIER
FAVRE, LAURENT BETH, DAVID PAUVERT, les trombonistes GILLES GONNEAU,
ETIENNE SERVES ET LAURENT CABARET, Trombone solo à l’Opéra de Marseille,
le tubiste ROBERT COUTET et les Percussionnistes, JULIEN BOURGEOIS, PATRICK
MENDEZ BENOÎT PIERRON.

précise sur le corps et les mécanismes qui gèrent
les éléments techniques de l’instrument. Il suffit
juste de savoir quoi et comment travailler…
Avez-vous un projet phare ?
A. Acquisto : Oui, l’organisation d’un grand con-
cours et festival International à Namur en Mars
2012. Cela va être un super événement. Le con-
cours sera ouvert aux jeunes cuivres de moins de
23 ans et le festival international se déroulera
les 28-29-30 Mars 2012 à l’IMEP de Namur. Il
complétera le concours avec des masters classes
et concerts de cuivres. Sont invités, le Spanish
Brass, Michel Becquet, Urban Walzer, Trombama-
nia, l’Ensemble de Cuivres de Belgique… .
Le concours consacrera 3 catégories d’élèves :
“
ET
À ce jour en Région PACA, il n’existait pas de grand ensemble de
cuivres et percussions permanent. Nous avons souhaité apporter une offre
innovante et complémentaire au travail que mène à Antibes Gérard Hostein
avec la dynamique du Brass Band Méditerranée.
Le répertoire du Monaco Brass est très large, des Danses de Gervaise
aux double-choeurs de Gabrieli et des adaptations des grands classiques.
Nous jouons également Wiener Philharmoniker Fanfare et Feierlicher Einzug
Fanfare de Richard Strauss comme les standards de musique populaire
sans oublier la découverte de jeunes compositeurs comme André Telman
(Les Mondes Parallèles). Nous avons également la chance en interne du
Monaco Brass d’avoir deux arrangeurs et compositeurs de grands talents,
Samuel Tupin et Didier Favre.
Le jeudi 2 juin dernier le Monaco Brass s’est produit à Nice à la
Cathédrale Sainte-Réparate aux côtés de l’Orchestre Philharmonique de

”
Catégorie 12-14 ans
Catégorie 15-17 ans Nice dans le cadre du Festival de Musique Sacrée.
Catégorie 18-23 ans
Les éliminatoires se dérouleront en Belgique, Les membres de Monaco Brass
France, Espagne, Suisse, Etats-Unis. La finale Contacts et agenda de concerts
aura lieu à l’IMEP à Namur. http://www.monacobrass.com
À suivre...
N° 19 II / 2011 > page 5
Concours International - Printemps de Prague
Trombone - Mai 2011
1er Prix : non décerné
2e Prix ex aequo : Nicolas Moutier (France)
Lukas Mot’ka (République Tchèque)
3e Prix ex aequo : Alexey Lobikov (Russie)
Karol Gajda (Pologne)

Le comité a sélectionné sur les 95 candidatures venues

de 26 pays, 58 candidats. Le jury se composait de Gabriel
Madas, Austriche – président, Heinz Fadle, Allemagne,
Gustáv Höna, Hongrie, Robert Kozánek, Jirí Sušický, Ré-
publique Tchèque, Jean Raffard, France, Jörgen van Rijen,
Pays Bas.
Les finalistes ont interprété accompagné par l’Orchestre de
Le jury et les lauréats
Chambre de Prague, dirigé par Zbynek Müller, Sonata for
Karol Gajda, Lukas Mot’ka, Alexey Lobikov et Nicolas Moutier
Trombone and Strings de Josef Matej et par cœur le Concerto
de G. Ch. Wagenseil.

Nicolas Moutier est Trombone Solo

à l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg.
Professeur au CRR de Strasbourg.
Membre du Feeling Brass Quintet.
“Artiste Yamaha“.

A Prague, le premier prix de trombone n’a pas été dé-

cerné depuis 23 ans.
La rédaction de La Gazette des Cuivres s’est toujours élevé
contre le fait que trop souvent les jurys de concours, natio-
naux ou internationaux, ne décernent pas de premier prix
quand il classe les finalistes. Si le niveau espéré de l’inter-
prétation technique et artistique n’est pas atteint ; que le
jury ose alors ne décerner aucun des prix. Mais si un clas-
sement est proclamé, alors il y a forcément un premier.
Dans n’importe quelle discipline sportive ou même cultu-
relle (prix littéraires) quand les jurys sélectionnent des fina-
listes, tous les prix sont attribués par classement. Sauf en
musique où l’on confond souvent concours et examen !
J’ai toujours pensé que le niveau des concours était re-
présenté par la valeur des candidats présents. Et non par
une certaine idée du niveau hypothétique attendu par les
membres du jury ! Surtout que, d’évidence, certains ont
connu les mêmes expériences d’être troisième sans qu’il
n’y ait de deuxième et de premier. Je pense à Jean Raffard,
troisième Prix à Prague en 1992 et à l’ARD de Munich en
1995. Je suis certain que Jean Raffard, jury à Prague, a du
défendre l’idée de décerner l’ensemble des prix. Mais un
certain snobisme des jurés en a décidé autrement.
Afin de respecter les candidats, la solution serait de décer-
ner ou non un grand prix exceptionnel au finaliste qui sort
vraiment du « lot » en plus d’un classement hiérarchique
en partant du premier.
Yves Rémy
N° 19 II / 2011 > page 6
 Trombonissimo à New-York
Avril 2011
En Avril,
«TrombonissimO», quatuor de
trombones français, était invité aux USA pour
une série de concerts à la Manhattan school
of music, à la United Nation School of Music,
au lycée français et à la Juilliard School of
Music devant la classe de Joe Alessi. Ils ont
créé Scènes de Flandres du compositeur
américain Eric Ewazen, dédicacé à Yves
Bauer et au quatuor.

Scènes de Flandres
I. Festival de Danse de Géants
II. Café des Orgues
III. Champs de Guerre, Champs-de-Paix
IV. Victoire! (Paris-Roubaix)
Le premier mouvement rappelle la Danse des
Géants de Flandres, du Festival de juillet est ins-
piré de des airs folkloriques anciens.
Le 2ème mouvement dépeint le «Café des Orgues» à
TROMBONISSIMO à New York
Herzeele, avec ses trois orgues magnifiques de mar-
Yves Bauer, Nicolas Castelin, Mathias Desferet et Janusz Grebiak
que Mortier, remplacent un orchestre complet.
3ème mouvement, «Champs de Guerre, Champs-de-
Paix». La musique sombre, digne dépeint les champs de bataille et les cimetières avec leurs rangées et des rangées de croix du
Nord de la France. Citation du mouvement Agnus Dei du Requiem de Fauré
Dernier mouvement est un retour à la vie et la célébration, avec des mouvements presto qui rappelle l’ambiance de la course
cycliste du Pris à Roubaix
Yves Bauer
http://trombonissimo.free.fr

N° 19 II / 2011 > page 7

Brass Band Bands
Les Brass
Avril 2011
L’O.C.A.
Orchestre de Cuivres d’Amiens
au pays des kangourous
L’O.C.A., Orchestre de Cuivres d’Amiens
était l’invité des autorités culturelles
et politiques de l’Australie Méridionale
pour représenter la France lors des céré-
monies de l’Anzac Day et au “National
Band Championships” à Adelaide, du 21
au 24 avril.
Pour la première fois, un Brass Band Euro-
péen se confrontait aux meilleures forma-
tions de ce pays, très habituées de part
leurs racines britanniques à ce genre de
compétitions.
Le championnat regroupe traditionnel-
lement le concours d’excellence pour
tous les instruments à vent et percussion,
le concours de musique de chambre, et les
épreuves pour les Harmonies et les Brass
Bands. Soit plusieurs milliers de musiciens
convergeant chaque année, de tout le
continent Australien et Néo-Zélandais,
vers les salles d’examens et les salles
de concert, pour donner le meilleur d’eux-
mêmes.
Les Brass Bands sont classés en divisions
comme en France : A-Honneur, B-Excel-
lence, C-1ère et D-2ème divisions. Les
Brass Bands juniors se classent comme les
classes d’orchestres en trois cycles de pro-
gression pédagogiques. L’O.C.A classé en
division d’Excellence en France, a choisi
de se présenter en niveau B.
Douze Brass Bands étaient en lice dans
cette catégorie, et devaient présenter en
premier lieu une œuvre imposée et une
hymne à choisir dans une liste de pièces à
caractère religieux.
Le lendemain, pour la suite du concours,
une pièce au choix et une marche de con-
cert proposées dans une liste au choix.
Le programme musical présenté par l’O.
C.A se composait de la SUITE GOTHIQUE
de Léon Boëllman dans l’arrangement
d’Eric BALL. L’Hymne, THE DAY THOU
GAVEST de C.C. Scholefield, arrangement
de Philip Wilby et comme pièce au choix
ENGLISH HERITAGE de George Lloyd. La
marche choisie était MERCURY de Jan Van
Der Roost. La participation à l’épreuve de
marche était obligatoire pour chaque brass
band ou harmonie.
La particularité du championnat Austra-
lien réside dans la notation indépendante
de chaque épreuve. La moyenne donne le
classement général. Un seul juré, derrière
paravent, enregistre en direct ses commen-
taires, pendant les prestations des Brass
Bands. Les CD des commentaires, ainsi
que le DVD « live » sont remis à chaque
participant à l’énoncé du palmarès.
N° 19 II / 2011 > page 8
A
nimé par Éric Brisse depuis sa
création en 1989, l’Orchestre
de Cuivres d’Amiens est un mo-
dèle d’intégration de jeunes élèves et
amateurs formés par le Conservatoire
d‘Amiens. L’O.C.A. continue son par-
cours, favorisant les rencontres et les
échanges lui permettant ainsi de par-
courir le monde.
Après des concerts en Allemagne, en
Suisse et en Espagne, en juillet 2001,
son horizon international s’est même
étendu aux antipodes, avec une tour-
née de concerts en Australie. Il a été
accueilli par trois Brass Band locaux de
Canberra, Sydney et Gosford.
En octobre 2004, l’O.C.A. a effectué
une tournée de 7 concerts dans le ca-
dre de l’Année culturelle de la France
en Chine, lors de festivals d’instru-
ments à vent.
En avril 2011, ils sont de retour en
Australie pour participer à des commé-
morations, des concerts et à l’Austra-
lian National Band Championships
“National Band Championships”
Adelaide - Australie
Total des points obtenus par l’O.C.A.
Imposé : 182/200 6ème place
Hymne : 42/50 10ème place
Pièce au choix : 194/200 2ème place
Marche de concert 48/50 3ème place
Total général : 466/500
L’O.C.A. 5ème meilleur Brass Band
d’Australie, catégorie B sur 12 brass bands !
Pour le concours de défilé, après avoir
appris à marcher au pas en jouant, nous
étions prêts à affronter les meilleurs Mar-
ching Bands Australiens !
Nous avions choisi une marche militaire
francaise, « Le Rêve Passe » sous les
ordres du tambour major donnés en fran-
cais. L’épreuve consistait en une inspec-
tion complète des habits, de la tenue, des
instruments, des distances etc... après la
mise en place par le tambour major.
Pendant le défilé, il fallait réaliser un tour-
nant à droite à angle droit, et bien sûr, le
respect de la musique était particulière-
ment attendu. 5 jurès militaires étaient
disposés le long du parcours pour noter la
performance de chaque groupe.
Éric Brisse
Concours de Marche
Résultat de l’O.C.A : 116/160
l’O.C.A. 5ème meilleur Marching Band
d’Australie.
Palmarès sur
www.sabandassociation.org/nationals
 NOUVELLES PARUTIONS
TUBA ET EUPHONIUM
Retrouvez plus de 150 titres pour tuba et euphonium

PÉRIPLE DES PICARDS

sur notre site internet avec des extraits PDF et MP3.
www.editions-bim.com
AUX ANTIPODES
THIERRY THIBAULT
Sept heures du matin, le dimanche 17 Avril, les 36 picards de l’OCA,
Musiciens et accompagnants avaient le sourire aux lèvres en dé- FRÈRES DE LA BRUME
collant pour rejoindre l’autre côté de l’équateur. Pour 8 musiciens saxhorn (euphonium), tuba et piano
c’était la seconde édition après leur participation à l’Australian-Tour
en 2001 de l’OCA. Durée: 8’
Dès la sortie d’avion, il n’y a pas de temps à perdre, 2 heures Niveau: moyen
après, voilà nos musiciens en répétition de défilé, un exercice auquel
l’orchestre a dû s’exercer, peu habitué à ce genre de performance,
mais avide de défis. Mike Lee, tubiste souriant rencontré il y a dix ans
à Canberra, remplaça le chef Eric Brisse avec toute la rigueur requise. ROLAND SZENTPALI
Concours, Concerts, visites, l’emploi du temps fut chargé. CARMEN FANTASY
Ce n’est pas un hasard si l’OCA a été choisi pour entreprendre ce tuba et harmonie ou piano ou orchestre
voyage à l’invitation des Australiens. Chaque année, ce brass band
participe à Amiens aux cérémonies commémoratives en souvenir de Durée: 9’
tous les soldats d’Australie et de Nouvelle Zélande venus combattre Niveau: avancé
en Europe lors de la première guerre mondiale.

Voyage en Australie
ANTHONY PLOG
L’ANZAC DAY, est bien entendu commémoré sur leur sol natal. C’est 3 PROFILES
pour le célébrer sur place le 25 avril que les picards ont fait le dé-
4 euphonium et 4 tubas
placement.
La cérémonie, le Dawn Service, commence à six heures précises
du matin. L’office religieux précède le grand défilé devant 50 000 Durée: 8’
personnes. Quel honneur pour nos Picards de représenter la France Niveau: moyen / avancé
et accompagner pour le Grand Anzac Day Concert dans la mairie
d’Adelaide, l’Adelaide Philharmonia Chorus, des chanteurs solistes
professionnels en tenue militaire de la 1ère guerre, dans des chants
ROLAND SZENTPALI
de la première guerre mondiale, tels que « Roses de Picardie ».
Sitôt terminée cette longue journée, les musiciens montent dans PEARLS II
l’avion pour deux heures de vol, direction Sydney, qu’ils quittent euphonium et piano
aussitôt le lendemain matin pour la ville de Gosford.
De nouveau, un concert les attend, en commun avec le Gosford City Durée: 11’
Brass Band. Puis dès le lendemain matin, en route pour Gunnedah et Niveau: moyen / avancé
le concert aux côtés du Gunnedah Shire Band.
Retour à Sydney, visite du légendaire opéra, et promenade à Darling
Harbourg et dans Chinatown. Dernier concert, dans la magnifique
cathédrale Saint Andrew aux côtés du Warringah Concert Brass, ARON ROMHANYI
après une réception à l’Alliance Française à l’invitation de la com- PARALLELS
munauté Française et du Consul de France.
Retour en France, après 20 heures d’avion avec pour tous des sou- tuba et piano ou orchestre
venirs de paysages sublimes, des images fortes en émotion, des no-
tes pleins les oreilles, et surtout persuadés que ce langage universel Durée: 10’
qu’est la musique permet, au delà de la traduction, bel et bien d’unir Niveau: avancé
les individus.
Justine Cantrel
Percussionniste de l’O.C.A.
FRANÇOIS THUILLIER
GROOVE IN TOURS
tuba solo

Durée: 4’30
Niveau: moyen / avancé

C.P 300 • CH-1674 Vuarmarens, Suisse

Tél. +41 (0)21 909 1000 • Fax +41 (0)21 909 1009

N° 19 II / 2011 > page 9

 BRASS BAND - Amboise 2011
Auparavant au Royaume Uni, la vision de ‘La Musique pour tous’ était la
force d’impulsion de son éducation musicale. Vu les changements des
vingt dernières années, il a fallu lutter de toutes nos forces pour maintenir
cette vision. A L’inverse, en France pendant la même période, l’ambi-
tion de mettre la musique au cœur de la vie de la cité s’est développée.
C’est en tout cas le constat que l’on peut faire d’évidence après l’Open de
France 2011 à Amboise.
Déjà à Amiens au concours national 2011, de nouveaux venus comme les
brass bands de Paris et de Toulouse participaient pour la première fois.
Deux de plus à Amboise : les brass bands de La Gorgue et Concordia. Ces
derniers, avec A Tout Vent, sont essentiellement des brass bands venant
des villes et des villages de la région de Lille
formés par des membres clés du brass band
Nord-Pas de Calais : le cornet soprano William
Houssoy (A Tout Vent), Rémi Leconte (eupho-
nium solo de La Gorgue) et le cornettiste Hervé
Deux jeunes anglaises du Blackley Band Priem (Concordia).
deuxième de la 4ème division Les brass bands de jeunes fleurissent de plus en
plus en France. Comme celui dirigé par Gérard Hostein, chef du Brass Band Méditerranée, au Conser-
vatoire d’Antibes. Récemment ils ont participé au festival de cuivres au CRR de Nice composant un
brass band de 100 jeunes musiciens de cuivres – élèves de Grasse, Antibes, Valbonne et de Monaco.
A Amboise, vingt-cinq élèves d’une école élémentaire locale sont venus au théâtre samedi écouter
les brass bands, surtout les brass band junior, comme celui du Conservatoire de Tours. Ces vingt-cinq
éléves apprennent un instrument de cuivre au programme de l’Orchestre à l’Ecole – rendant l’appren-
tissage musical plus accessible en utilisant le système collectif qui était autrefois si fort au Royaume
Uni. À Amboise, A. Courtois prête les instruments à l’école. Rendant visite à l’école lundi matin, un
inspecteur et un conseiller pédagogique sont venus m’y accueillir – tous les deux s’intéressent beau-
coup au projet. Voilà que le virus brass band se répand à travers le pays entier.

L’OPEN de FRANCE D’AMBOISE

Plus qu’un concours - Un véritable FESTIVAL ville, en 2002, de créer son propre brass
Le Championnat d’Amboise
Quatrième division
Les trente-cinq musiciens du Brass Band
Junior du Conservatoire de Tours sont ve-
nus à Amboise pour la deuxième fois. Diri-
gés par Gildas Harnois, ils se sont montrés
forts en attaque, précis dans les passages
rapides et avec beaucoup de délicatesse.
Un peu de fatigue les a placés en 3ème po-
sition après les anglais du Blackley Band
et le Brass Band de la Gorgue (premier) :
La qualité de cette formation fournie par
Rémi Leconte est évidente et ils gagnent
en énergie et plans sonore – résultat de
sa façon de développer un bon mélange
dans chaque section du groupe. Bien que
certains aspects de leur technique restent
à développer, cela reste une bonne pres-
tation musicale. A Malvern Suite (Philip
Sparke) était bien structuré et dépeint
– surtout agréable à entendre. Le cornet
principal Arnaud Péri était à l’aise dans
Danse Russe (Bohme). Ayant gagné le
premier prix, ils rejoignent directement la
troisième division.
Troisième Division
Depuis plusieurs années, la petite ville de
Lesquin (où se trouve l’aéroport de Lille)
organise un festiva, Open Brass, dans les
premiers temps dévolu aux brass bands
avec des solistes européens distingués.
Ceci a décidé l’Ecole de musique de la
band, Concordia, composé d’élèves. Am-
bitieusement, ils se sont présentés dans
la troisième division du concours, jouant
A Little Light Music (Philip Wilby).
Première Division
Le Brass Band Brassage (Mathias Char-
ton) de Paris est venu à Amboise avec les
atouts d’avoir laissé une forte impression
au concours national d’Amiens. Leur com-
mencement hésitant leur a valu des points
en moins. Ce n’est jamais une bonne idée
de jouer le morceau avec soliste en premier
car le soliste n’a pas le temps d’être con-
fortablement en condition. Ce n’est qu’au
milieu de Flowerdale de Phillip Sparke
que le soliste Célestin Guérin, cornet so-
prano, fut entièrement à l’aise. Une fois
bien ‘en route’ ce brass band a montré de
quoi il était vraiment capable dans le mor-
ceau imposé The Essence of Time (Peter
Graham). C’était une prestation virtuose,
bien disciplinée, claire, nette, brillante au
niveau du championnat – avec un contrôle
des dynamiques excellent. Leur morceau
final, leur choix, Barbarian Horde, n’a pas
convaincu. Après avoir créé un sens effec-
tif de mauvais augure dans le commen-
cement atmosphérique, il n’y avait plus
grand’ chose à démontrer dans la partie
frénétique du reste du morceau sauf de
persévérer pour conclure.
Le morceau à choix des concours est tou-
N° 19 II / 2011 > page 10
jours le talon d’Achille des brass bands
français. Un vrai dilemme : prendre le
temps d’acquérir une connaissance pro-
fonde du répertoire ou sélectionner une
pièce qui présentera le brass band sous
son meilleur avantage ?
Brass Band Borgiaq de Bordeaux est le
résultat du brass band que Pierre Dutot a
formé au CRR de Bordeaux pendant qu’il
était professeur de trompette. C’est un
bon exemple d’un brass band communau-
taire qui réunit professionnels, semi-pro-
fessionnels et amateurs. Des 35 membres
il y a 16 cornets et 6 tubas. Comme le
montre la tradition de l’Armée du Salut,
ce n’est pas un nombre excessif, tant que
le chef réduit judicieusement les parties
dans l’accompagnant des solos. Le res-
pect de cette consigne leur aurait beau-
coup aidé à garder plus de clarté. Ils sont
restés près de Brassage, placé deuxième
avec 1,5 point de différence. Un élément
clé de la générosité de Pierre Dutot est
qu’il encourage les jeunes chefs. Cette
année Pierre a dirigé le morceau à choix,
Purcell Variations (Kenneth Downie), tan-
dis que Kevin Durez, étudiant en direction
au CRR de Bordeaux, a dirigé le morceau
imposé. Pierre sait comment organiser
un programme pour divertir et ils ont ga-
gné avec mérite l’un des deux prix pour
les concerts en plein air ; leur cornettiste
Bruno Bielsa a aussi gagné l’un des prix
pour solistes.
 Chronique de Roy Terry

Concert de Gala
Frans Violet et le Willebroek
la grande classe
Ayant participé au concours de marche comme au concours
au théâtre Beaumarchais, Willebroek a présenté ce qui doit
compter comme un des concerts de gala le plus inspiré de-
puis longtemps. Certainement, la grande classe – le meilleur
entendu à Amboise depuis le début du concours il y a dix-
sept ans. C’était au dessus de ce qu’on a entendu au con-
cours européen, également depuis très longtemps.
Le concert débuta non
pas avec un banal et
agressif morceau, mais
avec le refrain folklo-
rique réflectif de The
Water of Tyne (Philip
Frans Violet et le Willebroek
Harper) – Frans Violet annonçant les principes de base sur lesquels il a formé son ‘nouveau’
band Puis ce fut directement Music for Battle Creek (Philip Sparke), prestation maitrisée, éli-
minant toute idée que les morceaux imposés échappent à l’attention du grand public, ici plus
d’un millier d’auditeurs).
Imposant virtuosité sur virtuosité, le jeune français de cuivres, Fabrice Millischer, a joué Rhapsody
for Trombone (Gordon Langford) d’une manière qui a fixé l’attention.
Du commencement jusqu’à la fin, le programme proposé par Frans Violet était l’archétype de
ce que doit être un concert de ‘brass band’ – sans faux semblant. Willebroek nous a montré les
maintes possibilités musicales que les compositeurs peuvent trouver dans ce domaine : c’était
un peu comme le festival du Royal Northern College of Music à Manchester dans une seule soi-
rée à Amboise. Chapeau.
A coté des morceaux plus traditionnels comme Serenade (Derek Bourgeois), Bravura (Peter Gra-
ham), et The Father’s Blessing (Kenneth Downie), nous avons entendu le soliste tuba Stefan
Moeskops jouer Gospel de Salt of the Earth (Andy Scott), Penlee (Simon Dobson), Cartoon Music
(Peter Graham) et Whirlegigg (Kenneth Hesketh). Penlee en particulier était interprété d’une fa-
çon très effective. Frans Violet avait choisi son programme d’une telle manière que, ayant établi

International
la complicité du public, on était d’accord de le suivre fasciné par tant de chemins musicaux
différents.
Voici un brass band qui n’a pas vendu son âme. En même temps,
Division Championnat il ne cède pas un centimètre en terme de véritable puissance et de
Les trois brass bands de la division championnat étaient bien virtuosité, sans parler de résistance. A minuit moins le quart, ils ont
séparés. Lockwood Brass (Angleterre) a choisi l’adaptation de répondu aux appels d’un bis dans une prestation scintillante de la
la Fugue en ré mineur de Bach, Over the rainbow, Harold Arlen, marche Jubilee (Paul Drury). Vraiment le Philharmonique de Berlin
arrangé par Alan Morrison suivi du morceau imposé The Year of des brass bands en train de se produire !
the Dragon, en présence du compositteur Philip Sparke, meme- Postscriptum
bre du jury. Ce programme lui a valu la seconde place. Me rendant de la place Michel Debré, lieu du concours de mar-
Le brass band de Coutray (Belgique) eut la chance de ne pas être che, au Théâtre Beaumarchais, j’ai entendu chanter en chœur des
« sanctionné » pour le temps très long passé à accorder chaque musiciens sur le kiosque en bord de Loire. C’était les membres de
musicien individuellement sur scène. Leur premier morceau au Brassage qui répétait pour la dernière fois The Essence of Time en
choix, une petite marche de Prokofiev, était délivré fraichement, chantant leurs partitions !
et leur euphonium solo a donné une prestation avec une bonne C’était absolument fantastique. Ils pourront aller très loin comme
technique dans le premier mouvement d’Euphonium du Con- les Swingle Singers des brass bands !
certo de Philip Wilby. Apres un commencement très contrôlé, Roy Terry
leur façon de jouer le morceau imposé The Year of the Dragon The Sun Will Rise Again
(Philip Sparke) n’était pas à la hauteur de leurs compatriotes de hommage aux victimes du tremblement de terre et du tsumani au
Willebroek. Japon en mars dernier.
Frans Violet a reconstruit le Brass Band Willebroek dans quelque
chose qui s’approche de la classe ‘Rolls Royce’. Dans The Year
Philip Sparke, membre du jury à Amboise, a annoncé
qu’à la pensée de ses amis japonais des Orchestres à Vent et
of the Dragon sa nouvelle équipe était totalement en accord avec
notamment Yutaka Nishida, il a dédié une œuvre destinée à
la musique, jouant avec une grande subtilité, et avec une qualité
de son qui passait de la délicatesse fuyante à des forte rugissant collecter des fonds pour venir en aide aux personnes affectées
comme les Grandes Orgues. Dans le mouvement lent, ils ont dé- par ce cataclysme. Basée sur Cantilena (une œuvre pour Brass
montré une véritable qualité émotionnelle, véritablement ‘brass Band récemment commandée par le Grenland International Brass
band’. Dans le final, Ils ont conclu avec une virtuosité épous- Festival, en Norvège), Philip Sparke a écrit un arrangement pour
touflante. On pouvait voir que Frans Violet écoutait la musique Orchestre d’Harmonie, titrée en hommage à ses amis du Pays
et accordait leur façon de jouer, moulant ici et là sur-le-champ du Soleil Levant : The Sun Will Rise Again (Le soleil se lèvera à
plutôt que de compter exclusivement sur ce qu’ils avaient pré- nouveau). Les droits d’auteur seront intégralement reversés à la
paré en répétitions. Sans surprise – le virtuose à l’euphonium Croix-Rouge japonaise. Le distributeur De Haske s’associe à ce
Stef Pillaert a gagné le prix du soliste. geste généreux.
N° 19 II / 2011 > page 11
 BRASS BAND European Brass Band Association - EBBA

L
On dit que nous habitons un monde imparfait, et
’organisation de l’EBBA le monde des concours de brass bands connaît lui
s’est imposée trois tâches
dont l’une est d’encourager
aussi pas mal d’imperfections. Mais à Montreux,
la présentation de nouvel- le Pangloss (Candide de Voltaire) des brass bands
les compositions musicales. contemplant la vue incomparable sur le lac, dé-
Cette année le concours l’a couvrant le mythique Auditorium Stravinski et un
pleinement accomplie. L’élément compétitif était évident public nombreux et enthousiaste aurait trouvé ‘le
mais se trouvait en deuxième place face au festival de musi-
que de haute qualité.
meilleur des mondes possibles’.
Cet accent sur la qualité se voyait dans la première partie
du premier événement du weekend avec la finale du con-
cours des chefs. Les œuvres pour Brass Band d’Elgar, de
Holst et d’Ireland sont le parallèle des grandes symphonies
de l’école de Vienne pour les orchestres symphoniques. Pour
tester les trois chefs finalistes, les organisateurs avaient judi-
cieusement décidé d’imposer des classiques du brass band
: A Severn Suite, A Moorside Suite et A Downland Suite. A
la conférence du vendredi matin, les orateurs ont souligné la
distinction de ces compositeurs qui ont apporté leur génie
au monde des brass bands – C’étaient de véritables maîtres
de la composition et non des musiciens de brass bands qui
aspiraient à devenir compositeurs.
Dans la deuxième partie du premier concert, le Brass Band
Européen des Jeunes sous la direction de Philippe Bach a
renoué avec l’orientation trouvée à Stavanger et malheureu-
sement perdue à Ostende. Cela est dû à la volonté de chaque
jeune participant et dans le choix entreprenant du répertoire. Les jeunes français membres du BBEJ et Roy Terry
Ce BBEJ est allé à la rencontre du répertoire de la nouvelle génération en découvrant
les compositeurs comme Oliver Waespi, Peter Meechan, Kenneth Hesketh et Simon Dobson. Saluons la présence de trois mem-
bres français impliqués chacun dans leur brass band respectif : Leila Picart (Mediterranée), Audrey Puvilard (Savoie) et Nicolas
Cunin (Champagne).

Championnat Européen Catégorie A

Dans la première partie du concours le
vendredi soir, on avait la chance d’écou-
ter un des meilleurs morceaux imposés de
ces dernières années. Audivi Media Nocte
(‘J’entends à minuit’) d’Oliver Waespi.
Si ce compositeur suisse a suivi la mode
en choisissant comme point de départ
un thème d’un autre compositeur, Oliver
Waespi utilise cette source, un motet par
l’Anglais Thomas Tallis du seizième siècle,
pour nous proposer un voyage tout à fait
satisfaisant.
Le thème de minuit nous emmène dans
des endroits sombres – aspects d’expérien-
ces décrits notamment dans la musique du
compositeur célèbre Peter Maxwell Davis
avec qui Waespi a étudié. Dans les mots
du compositeur, la musique oscille entre
le passé et le présent, la contemplation et
la frivolité, la prière et la folie. Une œuvre
imposée exigeante pour les musiciens et
les chefs qui devrait avoir une bonne place
dans le répertoire de concert. Le monde
des brass bands a la chance d’avoir trouvé
quelqu’un comme Olivier Waespi dont la
réputation est établie dans le monde sym-
phonique après ses collaborations avec
l’Orchestre Philharmonique de la BBC, le
Quatuor Brodsky, BBC Singers etc.
Les quatre lauréats
Manger Musikklag (Norvège), qui a gagné
cette compétition de la catégorie A, a com-
mencé avec élan, prenant des risques qui
ont réussi musicalement. Dans les pas-
sages contemplatifs, ils ont montré énor-
mément de délicatesse et de sensibilité,
beaucoup de clarté dans les lignes de con-
trepoint et de la transparence de texture. Il
y avait aussi beaucoup de définition dans
les moments plus dramatiques de la par-
tition, avec une distinction précise entre
l’arrière et le premier plan de la musique
de ce concerto grosso.
Manger Musikklag fut également impres-
sionnant dans le morceau au choix, inter-
prétant une pièce nouvelle écrite par Tors-
tein Aagard-Nilsen, Old Licks Bluesed Up
– deux toccatas virtuoses séparées par un
ritornello dans une atmosphère évanescen-
te. Leur connaissance de la musique leur Manger Musikklag, les vainqueurs
permet d’aller au delà de la compétence Le pupitre de trombone avec Camilla
pour présenter un ensemble souple grâce à Søderstrøm Tveit, Christian D. Larsen et
la direction d’un chef imposant, Peter Szil- Birgitte Bruget, tous trois instituteur. Bir-
vay. Des applaudissements assourdissants gitte Bruget, trombone solo est institutrice
saluèrent ce choix audacieux. à l’école primaire de Lindas.
N° 19 II / 2011 > page 12
 Mai 2011 - MONTREUX Chronique de Roy Terry

Cory Band. Ce merveilleux ensemble a était
remarquable dans la pièce au choix arri-
vant en tête du classement avec un point
de plus. Pourtant, leur chef Robert Child
a choisi un morceau beaucoup moins in-
téressant sur le plan musical, le morceau
imposé en 2009, From Ancient Times de
Jan Van der Roost. Néanmoins comme
d’habitude leur son était merveilleux. Pla-
cé seulement cinquième pour le morceau
imposé, le Cory Band laisse donc la pla-
ce de premier aux norvégiens de Manger
(meilleure note pour le morceau imposé et
deuxième pour le morceau à choix).
Deux autres brass bands ont montré de la
consistance. Schoonhoven, qui a gagné
le quatrième prix, grâce à la brillance et
au raffinement exposé dans le morceau
imposé et a donné une prestation puis-
sante dans leur morceau au choix Music
of the Spheres (Philip Sparke). Tredegar
a gagné le troisième prix, ayant été placé
quatrième pour le morceau imposé et troi-
sième pour celui au choix. Récemment,
les musiciens ont joué sous la direction
d’Ian Porthouse. Pour la partie libre, ils
ont donné la création mondiale de Destroy,
Trample as Swiftly as She du jeune compo-
siteur Anglais Gavin Higgins, actuellement
en résidence au Ballet Rambert. Dans ce
morceau très créatif, basé sur La Philoso-
phie du Boudoir du Marquis de Sade (idée
assez surprenante !), Higgins a trouvé de
nouvelles possibilités pour le brass band,
prenant un tout nouveau chemin créatif.
Cette voie est vraiment une des plus ori-
ginales et cette contribution à la musique
d’avant-garde a reçu des applaudissements
enthousiastes du public.
Pour les créations musicales, une grande
partie du mérite doit être attribuée à Paul
Hindmarsh, journaliste et directeur de
collection pour brass band de la maison
Faber Music, aussi bien pour le morceau
de Gavin Higgins de cette édition que pour
Elegy de Kenneth Hesketh, Symphony of
Colours de Simon Dobson, et Titan’s Pro-
gress d’Hermann Palhuber.

Bert van Thienan, cornet soprano

du Cory Band, Meilleur soliste,
impressionnant !

La section B
Un autre objectif important de l’EBBA est de soutenir le dévelop-
pement des brass bands dans de nouveaux pays. C’est la vocation
de la compétition en Section B du concours. Pour la France, le
Brass Band Normandie a été pionnier en remportant le premier
prix à Bergen en 1996 puis en 2000 à Birmingham, suivi par le
BBNord Pas de Calais à Bruxelles en 2002. Ces deux formations
ont préparé le chemin pour que la France soit enfin représentée
au niveau du championnat européen. Ce fut le cas avec la par-
ticipation du BBNPC au championnat EBBA en 2010 à Linz en
Membres d’Euphonia, vainqueur de la section B
Autriche avec une huitième place honorable.
Débois Mathieu, bugle, historien et Zoppas Andreas, alto
Avec des formations comme Æolus et le BBNPC, plusieurs fois
solo, gestionnaire de ventes en entreprises sont comme
champion de France et présent en compétition en catégorie A, la
une grande majorité de membres de brass bands Suisses
France n’est plus considérée comme un pays « émergent » dans
des musiciens amateurs.
le monde des Brass Bands européens.
D’où l’interrogation sur la participation des Français à Montreux,
comme de la présence des Suisses en Section B ? France dans la division B, mais malheureusement, les musiciens
La raison est que les critères de participation à la Section n’étaient pas en pleine forme et semblaient souffrir d’une cer-
B sont devenus très flous et créent une certaine confusion et taine fatigue. Ils sont devancés dans le classement par les italiens
frustration. du Messina Brass venus de Sicile et les Allemands du Brass Band
Oberschwaben-Allgäu.
Quels sont les pays émergents, qui doit-on inviter en section B,
pour que chacun ait ses chances ? Cet excellent festival s’est conclu avec un superbe concert de
La réponse reste posée. Bien que la règle ne soit pas écrite, la gala donné par le Cory et le Swiss Brass Consort et d’un concert
pratique s’est développée d’accepter la présence d’un brass band de clôture donné par le Brass band Européen des Jeunes et le
du pays ‘hôte’ – et en principe ce dernier gagne le premier prix. Brass Band Burgermusik Luzern.
Cela s’est passé cette année avec la victoire des Suisses d’Eupho- L’Assemblée Générale de l’EBBA a présenté une vision de l’ave-
nia. Nous le regrettons car le brass band placé le plus haut d’un nir en forme de projets pour 2012 à Rotterdam, 2013 à Oslo et
pays en voie de développement les Autrichiens du Conservatoire 2014 à Perth en Écosse. La Belgique accueillera le concours en
de Graz - Austrian Brass Band of the University of Music and Per- 2017 dans le cadre du centenaire de leur association. En revan-
forming Arts - ont du se contenter de la deuxième place et d’un che, l’EBBA cherche des pays candidats pour présenter leur pro-
bugle comme lot de consolation plutôt que de l’euphonium offert jet pour 2015 et 2016. On peut regretter qu’aucun représentant
aux Suisses ! français n’ait été mandaté pour faire une proposition d’accueil à
En l’absence de Nord Pas de Calais dans la division du cham- Paris ou dans une autre grande ville française.
pionnat, EXO Brass de Tours a été invité pour représenter la Roy Terry
N° 19 II / 2011 > page 13
La longévité
chez le trompettiste André Daire
A 90 ans, André Daire pratique
toujours au quotidien la trompette.
Malgré des lésions aux lèvres après un
accident en 1945 et l’usure du temps,
grâce à sa technique mise au point à
partir de 1977, le S.T.M.-CAR, André
Daire entretient une résistance sur
un registre de plus de quatre
octaves assurant contre-sol
et au delà...
Il nous livre
une partie de
sa théorie qu’il
développera avec
l’édition prochaine
d’une méthode pour
trompette.

Q
uand on voit l’état des lèvres d’André Daire, avec des lésions occasionnées lors d’un acci-
dent en août 1945 on se demande comment un monsieur de 90 ans peut encore prendre
du plaisir à souffler quotidiennement dans une trompette. Mais justement, c’est qu’André
Daire refuse le terme de souffler. Son maître mot : souffler n’est pas jouer. Depuis les
prémices de ses recherches débutées en 1977 et parfaitement assimilée depuis 1998
sa technique de jeu, le STM-CAR lui permet de s’économiser et de concentrer l’énergie
efficacement.
André Daire a connu une double carrière, comme Kinésithérapeute INS et à France
Soir, et comme premier trompette de l’orchestre de l’Olympia (1952 à 1956), de différents orchestres
de variétés de l’ORTF et professeur de trompette des conservatoires (Rennes, Paris X° et XX°) et de
l’Ecole Normale de Musique de Paris. Sportif de haut niveau, champion de France (1950 et 1951)
de judo par équipe, dans les années 1950 il a été professeur ceinture noire 3ème Dan.
Ses diverses qualités, compétences et expériences lui ont servi pour réfléchir et déterminer la meilleure ma-
nière par la voie physico-physiologique d’émettre les sons avec cet instrument redoutable qu’est la trompette.

Pourquoi attendre 2011 et l’âge de 90 ans

pour présenter le fruit de son travail ?
Déjà en 1998, André Daire annonçait dans un numéro de La Gazette des Cuivres la parution de sa pre-
mière Méthode intitulée : TRIBULATIONS ET TRIBUT d’un trompettiste. Cette méthode volumineuse se
terminait par 35 pages d’exercices inédits et 12 études de niveau D. E et supérieur.
Cet ouvrage était préfacé par Pierre PETIT, premier grand prix de Rome, Directeur Général de l’Ecole
Normale de Musique... Malgré un accord avec un éditeur parisien, André Daire refusa de présenter son
ouvrage au Comité de lecture pour l’épreuve finale de formalité. Un membre de ce Comité ne lui con-
venait pas. “J’ai repris mon ouvrage qui a gagné un tiroir bien fermé. Je ne l’ai jamais ressorti jusqu’à
aujourd’hui, où je me décide à en livrer les grandes lignes”.

N° 19 II / 2011 > page 14

 S. T. M. – CAR d’André DAIRE

Méthode Moderne S.T.M -CAR

Système de Transmission
d’Enseignement de la des Modulations de
Trompette par la voie Compression d’Air sur les
Résonateurs frontaux et
physico-physiologique sinusaux
Ce système a pour but d’octroyer aux instrumentistes les possibilités physiques pour élargir la tessiture de 4 à 5 octaves
(Do double – pédale – Contre-sol à Bi-contre Ut, sur la trompette sib).
Mon système intéressera évidemment les professeurs et leurs élèves, les pratiquants de musique de variété, de jazz.
Quant aux professionnels de la musique classique, hautement chevronnés, qui ont à assurer par exemple dans les
œuvres de R. STRAUSS, G. MALHER, I. STRAVINSKI, sur la trompette en UT, le plus souvent, les notes du registre
aigu avec toutes les nuances, c’est-à-dire au dessus du contre-UT, jusqu’au Ré#, ils doivent se garantir une marge de
sécurité très accessible, allant jusqu’au contre-mi dans le travail personnel. Avec le S.T.M.-CAR « qui pourra le plus,
fera encore plus facilement le moins ».

Personnellement, j’avais jusqu’en 2005, parcouru cette étendue de 5 octaves, très souvent, mais j’ai dû subir au mi-
lieu de cette année-là une opération cardiaque, et mon chirurgien-cardiologue me recommanda vivement de ne plus
utiliser les surpressions nécessaires pour jouer les bi-contre-UT dont je lui parlais, à un âge « fragilisable », car je
risquais les pires avatars. J’avais compris que les A.V.C., rupture d’anévrisme, pneumothorax et « tutti quanti » étaient
du cortège. J’ai donc promis de ne plus faire de Bi-Ut, et j’ai tenu parole jusqu’au début janvier 2011 où j’ai commis
une imprudence. Je me suis laissé aller sur des Contre-la et si b. En désembouchant, j’ai ressenti un sifflement de
l’oreille gauche qui fut tenace pendant plus d’un quart d’heure. C’est maintenant fini, je me suis juré de ne plus faire
« joujou » avec la tierce périlleuse qui mène à l’Annapurna !

Cependant à 90 ans, je fais encore chaque

jour 30 à 40 contre-sol, m’y sentant à l’aise,
au cours des 2 heures de travail quotidien.

J
e vais commencer par vous dire qu’au long de ces pa-
ges constituant un volumineux exposé, (un synopsis
était impossible), vous allez trouver parfois, parmi un
amalgame de données pourtant justificatives, des arguments de
complément, des ajouts inattendus, voire peut-être des genres
de « coq à l’âne ». Je serais incomparablement plus à l’aise à
l’oral qu’à l’écrit. J’espère un tout petit peu pouvoir réaliser un
jour l’optima, à une certaine considération épisodique.

Bien qu’au milieu des années 1990-2000, j’ai, dans le TRI-

BUT de ma première méthode, exposé des conditions majeures
pour une nouvelle utilisation de notre instrument, pour une pro-
gression de l’étendue de la tessiture (alors admise) donnant les
moyens de jouer plus facilement, pour être à l’aise dans les aigus,
économisant l’énergie, réduisant totalement les efforts superflus,
je ne pensais pas qu’à 90 ans, je pourrais « naviguer » sur 4
octaves+une quinte, ou une sixte (do double-pédale au contre-sol
ou la) sur une trompette en si b évidemment.
Je n’imaginais pas que je ne ressentirais aucune fatigue des lè-
vres après 2h30 de travail, alors que par le passé, plus ou moins
lointain, je souffrais énormément des meurtrissures causées par
les bords d’embouchures qui, s’imprimant en sillons profonds sur
ma lèvre supérieure, réduisaient mon tissu muqueux et conjonctif
à l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette.
N° 19 II / 2011 >
La lèvre supérieure abimée par un accident
en août 1945, André Daire ne pensait pas
rejouer. Dès 1950, grâce à une minuscule
prothèse qu’il confectionne, il reprend l’étude
de la trompette parallèlement à ses études de
Kiné et à ses entrainements sportifs de haut
niveau. Ce n’est qu’à partir de 1977, grâce
à sa nouvelle technique de trompettiste, le
STM- CAR qu’il franchit les hauts paliers avec
une technique totalement différente de celle
acquise antérieurement.
page 15

A
ujourd’hui, je peux donc vous dire que l’enseignement
antérieur est devenu complètement obsolète et je vous
expliquerai pourquoi. Je n’accable personne, nous étions
tous « à côté de la plaque » sur bien des sujets. L’aver-
tissement des anciens, le « souffler n’est pas jouer » s’était perdu
dans les abysses de l’ignorance et de l’entêtement, parce qu’on
n’en dépouillait pas bien le sens. La porte était seulement en-
tr’ouverte, parce que les exigences de l’écriture n’imposaient
pas des recherches paraissant aléatoires ou fallacieuses sur la
limite des registres, bien connue des compositeurs, non pas sur
les barrières quant aux performances physiques des instrumen-
tistes, mais sur les possibilités intrinsèques de l’instrument par
lui-même. Ainsi en allait-il avec les trompettes en UT, en Ré, en
Fa. Ainsi en fût-il de l’évolution avec la musique de jazz, avec
sa naissance à la Nouvelle Orléans. Du côté classique, la petite
trompette Piccolo est venue, par notre ami Maurice ANDRE, son
génie et son immense talent, innovée par lui-même, palier aux
difficultés d’exécution instrumentale de certaines œuvres.
L’application du S.T.M.-CAR ne peut être atteinte si je ne vais
pas assez loin dans les explications préliminaires et condition-
nelles de préparation à l’accès du système, si je ne rappelle pas
assez les raisons des fausses routes empruntées antérieurement,
en faisant de la « revue de détail », en donnant des exemples
convaincants.
Composition du programme
1) L’abolition totale de la syllabe TU et de sa prononciation
2) La conception DAIRE sur la colonne d’air
3) Le diaphragme avec lequel il n’y a pas photo
Premier volet
langue, rééducation, exercices correcteurs.
A. Constatation : Est-ce que les instrumentistes étrangers, améri-
cains, anglais, allemands, russes, scandinaves, mexicains, etc…
sont des pratiquants de la syllabe TU « à la française » pour pro-
duire un son par l’ « attaque », (sic), grossière parfois rude, voire
brutale, ou par diverses émissions indélicates ? Évidemment non !
Alors, élèves de tous degrés, surtout débutants, si l’on vous parle,
comparativement de l’éjection de pépins de pomme, de grains de
tabac ou de raisin, crachez-les, plutôt que de les envoyer dans
votre embouchure pour en prononcer le « TU » (qui tue ! ont dit
certains avec humour). Dans ma méthode, je détaillerai tous les
mécanismes associatifs d’une consonne et d’une voyelle. Je ne
peux le faire ici, à cause de la longueur du sujet. Brièvement,
je vous signale que le T est la plus dure des consonnes en pro-
nonciation, et que le U est une voyelle « ouverte » vers l’avant,
(certes moins que le O dans TO (évidemment inutilisable) mais
trop quand même pour ce qui est relatif à l’adaptation instru-
mentale. La voyelle est une « dépenseuse inconséquente » d’air,
et cela est absolument contraire à l’application du S.T.M.-CAR.
D’ailleurs, notez bien par vous-même que c‘est la même position
de lèvres lorsqu’on cherche à éteindre une bougie. Lorsque vous
écoutez les trompettistes mexicains et leur vitesse de staccato
(la plus élevée dans l’ensemble au monde, (Raphaël MENDEZ en
étant le grand exemple) vous vous rendez compte qu’il n’y a pas
de PRONONCIATION mais ARTICULATION avec le Té-Ké du coup
de langue binaire qui est articulé « sur place » (glosso-secousse).
N° 19 II / 2011 >
S. T. M. – CAR
Faites vous-même la différence entre le TU-KU (distance pointe
de la langue entre les 2 lèvres et le milieu du palais). Ce qui ap-
paraît maintenant est capital. Retenez bien ceci. Puisque nous
avons « parlé » d’une prononciation exercée par un couple com-
posé d’une consonne « dure » (le T qui est le meilleur exemple) et
d’une voyelle interchangeable, il faut bien s’attacher à l’élément
qui la produit. C’est bien sûr la langue, notre organe principal aux
fonctions innombrables : tous avalements, mastication, ingurgita-
tion, la phonétique, le langage et bien d’autres.
Détaillons-la. La langue est un organe érectile composé de 17
muscles : 1 impair, 8 pairs. Retenons tout de suite l’impair et
deux pairs (pair veut dire 1 de chaque côté, comme nous avons
deux hémisphères cérébraux). Ces trois muscles vont être les
grands correcteurs et éducateurs nécessaires pour neutraliser ce-
lui qui est l’auteur d’une action perverse, (le « TU »). Les grands
correcteurs sont : le lingual supérieur (impair), le lingual inférieur
(pair), le génio-glosse (pair). Ces trois muscles ont pour fonction
d’aplatir, d’abaisser la langue sur le plancher buccal et en même
temps de la rétracter. Ils vont contrer l’action la plus élevée d’un
muscle pair : le transverse, qui occupe la plus grande partie de
notre organe. En diminuant sa largueur lors de sa contraction,
il déclenche son érectibilité au maximum. La langue s’allonge,
grossit, s’épaissit, se durcit, requérant un gros volume dans la
cavité buccale. Le Transverse est le détenteur des plus grandes
fonctions et propriété de notre cher organe, mais hélas ! pour
nous et nos actions trompettistiques, c’est un « perturbateur ». Il
nuit à l’obtention d’une langue plate, souple et légère. Il s’oppose
aux modulations de la compression d’air du S.T.M-CAR, réduisant
totalement l’espace glosso-palatin (langue-palais) et la caisse de
résonance, alourdissant aussi la vitesse d’exécution des « stac-
cati », paralysant les facultés de souplesse. Et puis… et puis,
notre ami Maurice ANDRE, n’a-t-il pas dit un jour, à la ronde,
s’agissant de certains de ses élèves : “ils ont un « pavé » dans la
bouche, que pouvons-nous y faire ? Peut-être ont-ils été « initiés,
pilotés » par des enseignants qui les exhortaient à « mettre de
l’air dans l’instrument ! à souffler ! et à prononcer le TU qui est
à proscrire.”
Voici un petit test : faites vous une langue épaisse, contractée,
bombée, très proche de votre palais, en émettant un son avec
votre prononciation habituelle, et vous constaterez que vous obte-
nez un son « sourd » non « timbré ».
page 16
 d’André DAIRE
Venons en maintenant à la méthode de correction pour neutra-
liser l’action du transverse. J’ai écrit une série d’exercices dans
la nouvelle méthode pour remédier au « pavé » buccal si han-
dicapant. Il va falloir concéder une grande priorité de fonction
aux trois muscles « rétracteurs » et « aplatisseurs » déjà précé-
demment cités : le lingual sup. (1), le lingual inf. (2) et le génio-
glosse (2). Avec le S.T.M.-CAR et ses obligations annexes, cela
est forcément réalisable. Vous allez donc vous appliquer, instru-
ment « embouché », lèvres jointes, à aplatir votre langue en lui
donnant une forme de « cuillère » (2 cm en arrière de la pointe
donc concave vers le haut), touchant le milieu de vos incisives
supérieures, ce qui va avoir pour effet d’éviter le bombage fâ-
cheux de l’ensemble de l’organe. Attention : cette forme à adop-
ter ne sera valable qu’en fonction correctrice ou provisoirement
pour l’assimilation primaire lente, surtout pour relever la pointe
de votre langue. Vous ne devrez pas prendre une inspiration dite
« forcée », mais simplement celle que vous prenez en vous pré-
parant à monter un escalier de quelques marches. Vous allez en-
suite faire subir à votre langue un léger recul, (non rapide, sans
contraction des muscles du visage). J’appelle ce que l’on dit de
l’expression, le « rire moqueur », comparable au demi sourire figé
de M. FARKAS, sauf les muscles des coins de bouche (les risorius
de Santorini) simplement plaqués contre les prémolaires, et qui, pour la reproduire. Les temps de vibrations longs ne peuvent être
avec les Buccinateurs (muscle du sifflet et de la succion chez que profitables. La rééducation spécifique à laquelle je me suis,
le bébé), sont les moteurs de la compression d’air, (les Risorius pour moi-même employé, reposait donc sur l’intention de vou-
sont seulement « bloqueurs »). La contraction admise n’est qu’à loir « booster » l’action des 3 muscles correcteurs, et cela m’a
« minima », sans durcissement. En accomplissant le recul non demandé du temps. Les exercices spéciaux sont loin d’être fasti-
rapide de votre langue, vous allez penser à émettre un son, en dieux à accomplir, et vous en constatez rapidement les effets bé-
veillant bien à ce que votre air intra-buccal, non compressé, ne néfiques par la « touche » d’émission articulée. Maître FOVEAU,
dépasse pas ce qui lui est accordé au minimum pour faire vibrer excellent joueur du Billard Club de Clichy, (avec lequel je jouais
vos deux muqueuses labiales. Maintenant, pendant un bon quart souvent) disait « touchez délicatement la bille en tête » ou encore
d’heure, essayez-vous à obtenir des sons P et PP entre Do grave « caressez l’encolure ! » à la plupart de ses élèves. Vous pouvez
et Sol, puis en progressant entre Sol et Mi avec maintien du son 6 trouver par vous-même, des mélodies appropriées. Dans les va-
secondes et plus. Pour le travail des articulations, j’ai employé de leurs longues vous décomposerez en noires le plus souvent.
nombreuses mélodies : The Man In Love, Lady Be Good, Stormy Autre chose de très important. La souplesse ne peut s’acquérir
Weather, Rose de Picardie, ou la Barcarolle d’Offenbach en rem- qu’en consacrant de longues séquences de travail sur les nuances
plaçant valeurs longues par courtes. P et en mouvements lents. Je me souviens que jadis, en soufflant,
les longues liaisons arpégées par exemple ne « passaient » pas
Si j’insiste beaucoup sur les nuances Pianissimo imposées, c’est toujours facilement. Aujourd’hui, et quotidiennement après une
parce qu’en jouant sur les Mezzo Forte et MF+, instinctivement, mise en lèvres, même courte, j’atteins la montée, (le sommet)
vous écoutez le rendement, sonorité, timbre, consistance, densité Do grave-contre-Mi en une seconde, et dans le même temps si
du son. Ce n’est pas la meilleure écoute. Avec les nuances P, vous grave-contre-fa # en une seconde 2/10ème, en passant par tou-
intégrez un moyen, vous vous imprégnez avec beaucoup plus d’at- tes les intermédiaires de l’accord en si majeur et en liaisons. La
tention, de méticulosité, au but recherché, et vous développez souplesse à laquelle je suis parvenu, me permet de « chuchoter »
mieux une sensibilité tissulaire et la sensation qui en découle des mélodies à 10 centimètres de l’oreille d’une personne bien

N° 19 II / 2011 > page 17


entendante, à l’ouïe intacte, sans que celle-ci éloigne son oreille
de mon pavillon d’instrument.
L’AIGU et le SUR-AIGU !
A propos des « chorus men » de tous bords, des temps antérieurs
ou présents, la plupart « truffent » leurs improvisation de notes
« météoriques » dans l’Aigu ou d’essais dans le Sur-Aigu. Il faut
les deviner ces notes dans un fouillis inextricable, car elles n’ont
généralement pas la moindre consistance. Ces instrumentistes
ne peuvent donc revendiquer la possession de l’Aigu, qui, pour
être réalisé, ne peut admettre ni « bluff », ni approximation. Les
« détenteurs » du sur-aigu, ne peuvent s’en prévaloir que les ins-
trumentistes qui ne « sifflent pas les notes, c’est-à-dire ceux qui
possèdent un son « plein », timbré, tenu plus ou moins long et en
nuances Forte. Pour bien comprendre le sujet, je vous conseille
de vous procurer les enregistrements de Maynard FERGUSON.
LA COLONNE D’AIR
Cette appellation n’est valable que si l’air qui part du socle
diaphragmatique est expulsé jusqu’au bord du pavillon de l’ins-
trument ! par le soufflage intempestif habituel, qui rappelle
l’épreuve spirométrique. Or la trompette n’est pas un spiromètre
mais un convertisseur de sons émis par la vibration labiale. Avec
le S.T.M.-CAR et son air de conservation buccale pour obtenir
les modulations de compression, la « colonne » (sic), est com-
plètement décapitée. Certains diront qu’il faut bien de l’air pour
réaliser la vibration. Bien sûr, mais cet air n’est pas mesurable,
il est infime, pour ainsi dire nul. Il faudrait jouer plus d’une heu-
re en continu pour en perdre 1/3 de litre au plus. Cet air n’est
donc pas propulsé, il n’est pas soufflé. Le concernant, il faut bien
préciser qu’en soufflant inconsidérément dans l’embouchure, il
est rapidement « dépensé », qu’il faut donc le renouveler assez
souvent, tandis qu’avec l’air de conservation intra buccale, ce-
lui-ci se renouvelle parce qu’utilisé pour la compression, il s’est
appauvri, avec le temps, en Oxygène (0), tout en se chargeant de
CO2 (gaz carbonique). En conclusion, ne soufflez plus, conservez
N° 19 II / 2011 >
S. T. M. – CAR
votre air, ne le projetez plus dans le grain de votre embouchure et
la branche de votre instrument. C’est à cause de cette fâcheuse
manie du « TU », que vous mobilisez trop d’air inutilement, que
vous vous soumettez à faire des efforts superflus. En plus, je vous
signale que votre air chaud soufflé, se condense dans la branche
de votre trompette, et forme une accumulation de gouttelettes qui
transformées en millilitres vont fatiguer vos clés d’eau !
Le 3ème volet (le diaphragme), sera traité pour faire jonction Air-
Diaphragme, le sujet très important concernant la modulation de
compression d’air. Cela nécessite un graphisme représentant l’ap-
plication de la technique, (ou vice-versa), inclus dans la future
méthode.
Le S.T.M.-CAR permet évidemment d’économiser un volume d’air
important. Personnellement, je considère qu’en 60 ans j’ai perdu
1/3 de ma capacité vitale, (volume d’air pulmonaire disponible).
Cela veut dire que je suis passé d’un peu plus de 5 litres, (ce
n’était pas vraiment performant) à 3,350 litres. J’en profite en
plus, pour argumenter sur mes déficits. Le matin, quand je me
regarde devant la glace en me rasant, je trouve un visage très
fripé, les tissus avachis, délabrés, flasques, (insoutenable marque
du temps !). Le Collagène, (non ! celui-là ne s’achète pas), la
Kératine, l’Elastine sont portés disparus. Ce sont des scléro-pro-
téines, élément nutritifs indispensables pour l’intégrité du tissus
conjonctif, soutien de la plate forme qui reçoit l’embouchure par-
tout où vous la placez, et c’est l’endroit surtout où les muqueu-
ses labiales souffrent de l’appui parfois « meurtrissant », (cela
dépend du degré de résistance du tissu dermo-épidermique des
individus), des bords qui s’impriment trop rudement. Ce fût mon
cas en 1945, irrémédiable pendant de longues années, et qui
« décapita » complètement une carrière que mon maître, Mon-
sieur Eugène FOVEAU, envisageait brillante.
La cause : onze services par semaine au Théâtre Music-Hall
l’Européen, plus les matins, soit enregistrements Musique de
Films, ou autres, soit services à l’O.R.T.F., tout cela exécuté dans
des séances de « soufflage intempestif ».
page 18
 d’André DAIRE
Tradition

& excellence
Jadis, les Anciens utilisaient un mot pour illustrer la pathologie
des « accidentés » de la lèvre supérieure, (surtout les « petits
buglistes » de l’époque), c’était la « courbature des lèvres ».
En pathologie médicale, ce terme est faux (dixit corps médi-
cal). J’ai traduit en atonie myo-fibrillaire localisée (terme ap-
prouvé). Allez ! N’y pensons plus, il n’y a plus de courbature !
On ne rencontre plus, heureusement, de nos jours la moindre
affection de ce genre (à part les poussées herpétiques pos-
sibles). Mais il n’y a plus à présent de surcharge d’activités
démentielles comparables à celles de cette époque. On peut
cependant signaler à l’opposé, la chance qu’ont les gens de
couleur d’être prémunis du danger de subir de tels avatars, par
la solidité, la tonicité, la résistance de leurs tissus muqueux
labiaux imprégnés de collagène, de kératine, d’élastine déjà
cités. Je rapporte souvent le cas d’un jeune Ivoirien, M. KONE,
19 ans qui pour sa première leçon avec une embouchure BACH
1C sort un contre-sib (à vide), tenu au moins 4 secondes. Il ne
pût jamais jouer un sol grave avant plus d’un mois, et le do
grave difficilement. Il n’arrivait pas à maitriser les sensations
relatives devant s’intégrer, (malgré mes nombreux exemples
d’intonation qui lui parvenaient à l’oreille) et s’exprimer pour
faire la différence tonale d’une note à une autre. Par exemple
une liaison sol-ré médium devenait sol-la-b ou sol-sib.

LE DIAPHRAGME
Muscle en forme de dôme, de coupole. C’est une cloison
qui tapisse la face inférieure du thorax, et sépare ce dernier
de l’abdomen. Cette coupole est mince, sorte de membrane
« trampoline » qui présente en son milieu le centre phréni-
que, centre nerveux qui commande la fonction inspiratrice du
diaphragme. Il est synergique, (associé) du muscle transverse
de l’abdomen, qui lui, est expirateur. Ce dernier est le muscle Prestige
ceinture ou corset, large, (7 à 10 centimètres) qui se tend ou &
se distend, selon les variations de courbure imposées par le
diaphragme. Quand la courbure diminue, le centre phrénique Sovereign
s’abaisse, la cage thoracique s’élargit, les côtes s’écartent les
unes des autres, les poumons se gonflent, se remplissent d’air,
et le transverse se distend. Lorsque ce dernier se tend, il aide
le centre phrénique à s’élever, et à augmenter la courbure de
la coupole et donc l’expiration.
Que d’inepties ont été écrites ou proférées sur l’action de notre
diaphragme, ainsi que sur une « colonne d’air » chez les ins-
trumentistes à vent. Je le dis pour certains pratiquants infor-
més « à contrario ». Il est insensé d’essayer de faire descendre
le centre phrénique à 10 centimètres sous le nombril, autant
que de le faire remonter vers les amygdales !
Tenons compte surtout de la 3ème fonction du transverse en de-
hors de celles de tension et de distension. C’est la contraction
isométrique ou statique, (bloquées, figée pour mieux compren-
dre) et qui en fait un socle immobile sur lequel va s’appuyer le
diaphragme, augmentant sa courbure pour faire remonter l’air
dans la cavité buccale, pour y organiser les modulations de
compression du S.T.M.-CAR. Il faut bien noter que les sujets
air et action diaphragmatique s’imbriquent, mais ne nécessi-
tent pas, tout au moins pour jouer de la trompette, d’efforts
particuliers, spécifiques. Comme je l’ai déjà dit précédem-
ment, ce n’est jamais une inspiration véritablement forcée que
vous devrez prendre.
Je vous donne un autre exemple : c’est « comme si », alors que
vous êtes dans en groupe, vous vous préparez à prendre la pa-
role pour une longue phrase, et que soudain vous vous trouvez www.b e sso n .co m
interrompu avant de sortir le moindre mot, par une personne
qui vous devance en prononçant déjà le sien. Vous êtes « blo- B u f f e t Cr a m p o n S A S
qué », bouche fermée, eh bien ! vous êtes dans la position de 5, rue Maurice Berteaux - 78711 Mantes-la-Ville - France
la prise d’air convenable pour exécuter le S.T.M.-CAR. Tél. : +33 (0)1 30 98 51 30 - Fax : +33 (0)1 34 78 79 02
E-mail : info@buffetcrampon.fr
N° 19 II / 2011 > page 19
 S. T. M. – CAR
Une anecdote explicite concernant le
diaphragme.
Dans les années 1970, un ami, Ludovic
VAILLANT (28 ans trompette-solo de l’Or-
chestre National de France, professeur
au C.N.S.M. de Paris, choisi par Henri
TOMASI pour être le premier trompettiste
à enregistrer son concerto), me dit un jour
: « André ! Toi qui est féru d’anatomie par
ta seconde profession, pourrais-tu me dire
ce que je dois écrire sur le diaphragme, car
je dois présenter à mon éditeur un ouvrage
sur la trompette, et je ne sais pas quoi dire
sur le sujet, tout le monde en parle, j’en
suis complètement ignorant car moi tu
comprends, je respire et je joue naturelle-
ment ! ». Admirable, non ?
Conclusion Ludovic VAILLANT n’était pas
obnubilé ni par sa « colonne d’air » con-
duite naturellement sans y penser, ni par
son diaphragme qui s’auto-régulait.
Modulations de compression
Plus ardu est maintenant le problème des
modulations de compression lorsque l’air a
été emmagasiné. Le graphisme indispen-
sable à une bonne compréhension illustre-
ra la méthode. L’air retenu dans la cavité
buccale n’est pas une bulle. Introduisons
une manière subjective. Représentez-vous
plutôt la forme d’un dirigeable, donc ova-
laire. La poussée de compression n’est
pas verticale sur le plat de la langue, mais
longitudinale vers l’avant, dirigée au plus
haut de l’arrière des incisives, vers les ré-
sonateurs comme dans CAR (S.T.M.-CAR).
Après l’appui, (comme en “butée“ ), sur
les résonateurs, l’air suit en arrière la voû-
te du palais, c’est-à-dire sur l’ensemble de
la caisse de résonance, et la compression
redevient circulaire. Notez bien, (cela se
déroule dans le millième de seconde), que
l’air, au passage vers l’arrière des incisi-
ves, a fait vibrer les muqueuses (supé-
rieure et inférieure), des deux lèvres, sans
perdre d’air au milieu de ces dernières, ou
tellement infinitésimale, non mesurable,
comme je l’ai déjà dit.
Un jour que nous discutions sur le registre
aigu, mon ami Pierre THIBAUD a prononcé
un terme évocateur, en vulgarisant, mais
avec justesse. Parlant des instrumentistes
américains, (non la plupart des « chorus-
men » mais généralement les « leaders »
de pupitre qui doivent assurer l’aigu et sou-
vent « toucher « le sur-aigu », il me dit :
« les « ricains » jouent « sous l’pif » ».
Pierre THIBAUD me demanda en 1999
un devoir « scientifique » sur la question,
un « exposé scientifique » selon ses pro-
pres mots, sur le système technique que
nous utilisions, m’avouant que lui, en
empirique, n’arrivait pas à se faire com-
prendre, d’ailleurs moins en France qu’en
d’André DAIRE
Allemagne et en Espagne. A l’époque
où je me rendais chez lui, à St De-
nis, nous nous amusions à élargir la
Petit jeu
tessiture, comme il disait. Il faut dire
qu’il « élargissait » dans tous les re- Qui veut gagner
des tons ?
gistres !
J’ai encore en pensée, notre dernière
conversation téléphonique à midi, le
28 octobre 2004, veille de sa dispa- 1) Pouvez-vous penser qu’un ex-cham-
pion, grand coureur, jadis, du 100 mètres,
rition au petit matin. Pierre avait dû
quitter l’appareil, atteint d’une crise amputé totalement d’un membre inférieur,
de toux irrépressible, me promettant à la suite d’un accident, donc entièrement
de me rappeler le lendemain. appareillé, puisse, à 70 ans, courir le 100
Je reste imprégné d’une grande ad-
mètres en moins de 10 secondes ?
miration pour Pierre, quand j’écoute
entre autre la Messe en Si-mineur de
Non ! bien sûr, vous avez gagné.
J.S.BACH, dirigé par Karl RICHTER.
La partie de première trompette est
jouée d’une manière éblouissante 2) Pouvez-vous prétendre qu’un trompet-
sur la trompette Piccolo. Ce n’est tiste, handicapé, meurtri de la lèvre supé-
d’ailleurs plus le timbre de la petite rieure puisse à 90 ans vous articuler (sic),
trompette (assez pointu), c’est d’une bien plus de 10 contre-sol Forte en moins
amplitude ! D’un volume sonore ex- de 10 secondes.
traordinaire, comme celui d’une trom-
pette en UT, d’une beauté et d’une C’est évidemment non ! C’est impossible.
perfection qui vous figent ! Et Pierre Eh ! bien ! Vous avez perdu, faute de ne
tient sa trompette complètement ho- pas avoir découvert le S.T.M.-CAR !
rizontale, c’est d’une précision ! C’est
« chaud devant », quelle maîtrise,
quelle sécurité !
André Daire
Juin 2011
Comme annoncé, André Daire souhaite que soit pu-
bliée sa Méthode Moderne d’Enseignement de la
Trompette par la voie physico-physiologique abou-
tissement de la première version TRIBULATIONS ET
TRIBUT d’un trompettiste ainsi préfacée :
J
e viens de terminer la lecture de l’Ouvrage
magistral qu’André DAIRE a consacré à son
cher instrument, la trompette. C’est là une
somme quasi incontournable de connaissances, de
réflexions, de conseils, qui s’appuie sur un savoir
étonnamment divers, car la culture d’André DAIRE
n’est pas seulement musicale. Elle se veut égale-
ment artisanale, au plus noble sens du terme, mais
elle est aussi, et merveilleusement anatomique et
pour ainsi dire médicale.
Personne, avant André DAIRE n’avait eu l’audace
et le courage, de s’attaquer à un travail aussi gi-
gantesque. Je suis heureux et fier de lui consacrer
ces quelques lignes en guise d’ouverture, avec mon
admirative amitié.
Janvier 1998
PIERRE PETIT
Directeur Général de l’Ecole
Normale de Musique de Paris
Critique musical du FIGARO
Premier Grand Prix de Rome
N° 19 II / 2011 > page 20
 The Maynard Project
Entretien avec Eric Lachaud
Comment arriver à monter un tel projet
autour des thèmes et solos si difficiles de
Maynard Ferguson ?
Cette formation, voilà des années que je
voulais la monter. Après la disparition de
Maynard en août 2006, plusieurs tributes,
des hommages ont été réalisés dans de
nombreux pays mais pas en France.
Pour moi, un hommage à un grand trom-
pettiste comme Maynard Ferguson était
plus que nécessaire en France. Je pense
que Maynard est un de ceux qui nous ont
tous fait rêver, au moins une fois dans no-
tre vie (comme Arturo Sandoval, Cat An-
derson etc.......).
La difficulté était de réussir à trouver
des musiciens qui voulaient aller dans le
même sens.
J’ai la chance d’habiter depuis deux ans
dans un petit village dans le Sud de la
France. La Région PACA est très dynami-
que et de nombreux musiciens profession-
nels y vivent. Les orchestres de variétés
sont encore bien présents. C’est pourquoi
j’ai pu constituer un quatuor de trompet-
tes avec mes amis professionnels qui tra-
avec Éric Lachaud
vaillent aussi bien sur Paris qu’en Pro-
vince, Tony Amouroux, Patrick Bailly et
Fabrice Disla.
Mon but, même si je lance les thèmes,
est de mettre en avant un travail collec-
tif de pupitre et donc de présenter une
véritable équipe.
Vous avez tous des emplois du temps
chargé ?
Tony et Patrick sont des habitués du petit
écran et jouent notamment dans l’orchestre
de René Coll. Tony joue régulièrement avec
CAP HORN et dans beaucoup d’orchestres.
Patrick est le trompette lead de l’orchestre
du Cirque d’Hiver de Paris et moi-même
après avoir connu la “vie parisienne” et
de nombreuses rencontres intéressantes
comme lors de mes passages télé dans
One Shot Not de Manu Katché, la Grosse
émission sur la chaine Comédie avec Jean-
Claude Borelli, je décide de m’installer avec
ma famille en Provence… Ce qui me mo-
tive, c’est de transmettre ma passion pour
la musique à travers la trompette, de Jazz
ou ce que l’on n’ose plus communément
appeler «la musique de variétés».
N° 19 II / 2011 > page 21
Trompette Lead
Tony Amouroux
Patrick Bailly
Fabrice Disla
Éric Lachaud présente sur scène
et bientôt en DVD un homma-
ge au trompettiste de légende
Maynard Ferguson dont le re-
gistre stratosphérique atteignait
dans ses improvisations le triple
contre-ut (do7). Entouré des
meilleurs musiciens de variétés
Éric Lachaud se lance à la con-
quête du CONQUISTADOR.
Mon univers musical a débuté par la Salsa,
musique rythmée où les cuivres sont plei-
nement mis en avant. J’ai découvert Irakere
avec Paquito D’Rivera et Arturo Sandoval,
Jorge Varona, ou encore ce trompettiste
mythique Félix Chappottin.
La Salsa demande un jeu très spécifique,
très brillant dans l’aigu.
C’est en effet poussé par cette musique
que je me suis dirigé vers le travail du su-
raigu.
Comment et avec qui avez vous travaillé
ce jeu trompettistique spécifique. Débu-
tant, étiez-vous déjà doué sur une tessiture
aiguë ?
J’ai eu la chance d’avoir comme premier
professeur de trompette au conservatoire
d’Evry, Yves Prutot* qui m’a enseigné les

bases solides pendant trois ans.
A l’adolescence, j’ai abandonné la trom-
pette que je n’ai reprise qu’à 23 ans, il y
a douze ans. Et depuis je ne l’ai plus lâ-
chée. J’ai repris les cours avec Yves Prutot
puis j’ai suivi les cours à l’ARPEJ (école de
musique Afro-américaine de Paris) où j’ai
rencontré Christian Martinez. Ces derniè-
res années, j’ai rencontré Stéphane Rollin
qui m’a orienté vers «un chemin» de re-
cherche.
Rapidement, j’ai pu réaliser mon rêve en
accompagnant les grands musiciens de la
Salsa tels que Ray Barreto, Chéo Féliciano,
Tony Vega, Mariano Civico, Luisito Carrion,
Pedro Conda, Camillo Azuquita, Ray de la
Paz, José Bello, Nancy Murillo, Raul Paz,
Los Hermanos Lebron...
Un article publié dans cette gazette par
André Daire (trompettiste de 90 ans) ex-
plique que la langue doit être placée en
arrière avec l’abolition totale de la syllabe
TU et de sa prononciation ainsi que la con-
servation buccale de l’air pour obtenir les
modulations de compression : autrement
dit «souffler dans l’instrument, n’est pas
jouer». Est-ce cette technique que vous
employez ou avez-vous une autre indica-
tion ou précision pour le registre aigu ?
Effectivement, mes recherches personnel-
les me font affirmer comme «André Daire»
l’abolition du TU. Je pense aujourd’hui
que le plus favorable pour développer les
registres extrêmes de cet instrument est de
faire au plus simple. Après je dirais, pour
accéder du plus aigu au plus aigu, qu’il
faut pratiquer. Voilà 10 ans que je travaille
mon instrument avec ce registre : salsa,
timba, funk ........
Pour jouer aigu, il faut jouer aigu. Et sur-
tout ne pas se décourager, c’est un travail
quotidien, de longue haleine. Lorsqu’un pa-
lier est atteint, il faut faire comme lorsque
nous montons à une échelle, continuer à
grimper les barreaux pour avancer. Je con-
sacre une partie de mon travail principa-
lement à la musculation et à la souplesse
* Yves Prutot
- voir gazette des cuivres N°9 - 2008.
Trompettiste qui a commencé la pratique de la trompette avec Jean-Jacques Greffin qui lui a enseigné l’émission et l’articulation selon les
préceptes que lui a transmis son père Jean Greffin dont on retrouve en partie les explications cliniques dans l’article présenté par André Daire.
afin de ne pas rigidifier les muscles.
Vous participez comme leader à de nom-
breux ensembles de variétés : récemment
avec qui a-t-on pu vous entendre ?
Je joue actuellement dans des orchestres
de variétés et principalement «Cocktail de
Nuit» où un travail très précis est demandé
surtout en étant deux au pupitre de cui-
vres. Je joue encore régulièrement sur Paris
dans des formations de salsa, son cubain
et timba. Surtout avec la formation «Boris
Caceido» dont je suis première trompette
avec laquelle nous accompagnons toutes
les stars de la salsa en Europe. Et bien sûr
cette année, j’oriente mon travail sur mon
projet «The Maynard Project».
Quelles musiques de variétés ou de films
avez vous enregistrées dernièrement ?
J’ai enregistré cette année 5 albums de
musiques du monde et salsa : La contra-
banda, Deldongo, Leila Négrau, Léo et su
Rica salsa, Ruben Paz et son Chévéré.
Demande-t-on régulièrement des pupitres
de cuivres pour la variété. On a l’impres-
sion que cela revient davantage, les chefs
d’orchestres et orchestrateurs de variétés
y sont-ils plus sensibles que ces dernières
années. L’aigu de la trompette est-il une
exigence des compositeurs ?
Effectivement, les arrangeurs réclament de
plus en plus un travail très précis dans le
registre aigu dans les formations de varié-
tés, Salsa et funk ou musiques actuelles.
Le Maynard Project a-t-il déjà une forte
programmation ?
Dans le live que nous avons filmé à Sé-
nas, j’essaie de rester fidèle à ce que May-
nard a créé et tellement bien fait, tout en
y mettant une touche personnelle. Il est
difficile de reproduire ses solos à l’identi-
que sachant que lui-même les improvisait
en partie. Je lui rends hommage en jouant
tout ses thèmes et j’essaie de rester dans
son style.
Il n’y a qu’un Maynard et reproduire ses
solos en plus de ses thèmes serait un
copier-coller difficile. Alors je reste moi
N° 19 II / 2011 > page 22
même tout en respectant l’œuvre.
Aviez-vous rencontré Maynard ou l’avez
vous entendu sur scène ?
Malheureusement je n’ai pas eu la chance
de rencontrer Maynard Ferguson, je ne l’ai
entendu que par les dvd et cd que j’ai à la
maison.
Sur scène, dans Maynard Project, êtes-
vous pleinement fidèle aux solos et impros
de Maynard ou vous évadez-vous un peu ?
Dans le live que nous avons filmé à Sé-
nas, j’essaie de rester fidèle à ce que May-
nard a créé et tellement bien fait, tout en
y mettant une touche personnelle. Il est
difficile de reproduire ses solos à l’identi-
que sachant que lui-même les improvisait
en partie. Je lui rends hommage en jouant
tout ses thèmes et j’essaie de rester dans
son style.
Il n’y a qu’un Maynard, et reproduire ses
solos en plus de ses thèmes serait un
copier-coller difficile. Alors je reste moi
même tout en respectant l’œuvre.
Quand sort le DVD ? Avez vous une tournée
de prévue, quelles dates et villes.
Le DVD devrait sortir en Juillet, un gros tra-
vail de prise de son en direct a été réalisé
par Stéphane Gondran, ingénieur du son.
Il a exactement compris ce que j’attendais
de lui. Ce travail commun pour la vidéo
avec la chaine TLP (Télé Locale Provence)
a été efficace. Ce DVD, je l’espère sera à
l’image d’un vrai Tribute made in France.
Un décloisonnement entre apprentissage
de la trompette classique, variété et jazz
s’est engagé. Si un collègue enseignant
veut vous faire venir pour une master-clas-
se suivie d’une représentation comme à
l’EMM de Sénas, comment s’y prendre ?
J’ai la chance dans cette formation d’avoir
des musiciens qui viennent de tous les ho-
rizons, ce qui facilite l’encadrement quand
nous organisons des masters class comme
à Sénas. Cette première master classe a
rassemblé 34 participants, professionnels
et amateurs avancés et s’est clôturé par
un travail commun sur le titre phare de
Maynard Ferguson «Gonna fly now», titre
original du film Rocky. Les personnes in-
téressées par ce concept peuvent me con-
tacter par mail ou téléphone (des vidéos
sont disponibles sur Youtube en tapant
The maynard project).
Quelles personnalités de trompettistes ap-
préciez vous, français ou étranger ?
J’apprécie de très nombreux trompettistes
tels que Arturo Sandoval, Roy Hargrove,
John Fadis, Maurice André, les Brecker
Brothers… et tellement d’autres encore.
 The Maynard Project
J’aime tous les styles tant classique que jazz ou salsa.... Trompette lead : Éric Lachaud
En France, les instrumentistes de variétés reviennent un peu plus sur le Trompettes 1ère et 2ème :
devant de la scène, notamment les trompettistes, encore trop peu nom- Tony Amouroux et Patrick Bailly
breux si l’on compare à la période des années 70/80 où Georges Jouvin Trompette 3ème : Fabrice Disla
dominait. Pensez-vous réaliser des enregistrements en soliste ? Est-ce Sax Ténor : Laurent Velluz
d’actualité, l’espérez-vous ?
DVD Live Maynard Project Sax alto : Sébastien Trognon
Effectivement, j’envisage une col-
Sortie Juillet 2011 Trombone : Enzo Tosoni
laboration prochaine avec Fabrice
Infos Batterie : Patrick Bellanca
Delpech sur des compositions
www.ericlachaud.fr Bassiste et contrebassiste :
mettant en avant mon instru-
vidéos www.youtube.com/ Jeff Corallini
ment.
Éric Lachaud 06.15.34.73.82 Claviers: Stéphane Féraud
propos recueillis
ericlachaud@hotmail.fr Son: Stéphane Gondran
par Yves Rémy

The Maynard Project à Sénas, le 29 avril 2011

N° 19 II / 2011 > page 23

 Pour approfondir la connaissance du jeu de la
trompette au XIXème siècle, il convient d’étudier
les acteurs principaux de cet art : les trompettistes.
Nous débuterons cette série de biographies par le
premier trompettiste français ayant produit un ouvrage

David Buhl
pédagogique : David Buhl (1781-1860).
Christophe Rostang

Père de l’école française

de trompette ?
L
es sources permettant de connaître David Buhl sont limi-
tées. Il existe une biographie succincte dans la Biographie
universelle des musiciens et bibliographie générale de la
musique, publiée à Paris, entre 1834-1835 (2e édition : Paris,
Firmin-Didot, 1860) par F.J. Fétis1. La deuxième source nous
vient de F.G.A Dauverné2 (1799-1874), son neveu3 et peut-être
élève qui en parle dans son précis historique introduisant sa
méthode pour la trompette4. Nous avons déjà vu dans un pré-
cédent article5 que les informations présentes dans cet ouvrage
sont à prendre avec précautions. Le dernier moyen est d’éplu-
cher les périodiques si nombreux en cette période et d’arriver à
trouver les informations en recoupant.

Il me paraît important de situer la vie de David Buhl dans une

fenêtre historique plus large. Il convient donc d’étudier les évè-
nements ayant influé sur sa vie et donc ses choix, car “l’école
française” de trompette, concept souvent utilisé mais peu dé-
fini, n’a pu naître que dans un contexte particulier.
Commençons par une citation d’Éric Aubier, digne descendant,
s’il en est, de cette école: «L’histoire de France a façonné les
caractères, notre façon d’être [...] elle est une composante im-
portante des traits de caractère de l’école française des vents.
Ce sens si particulier d’être «Français», notre côté «individua-
liste» positif et notre manière de revendiquer notre existence
sont les marques spécifiques de notre école.»6

De l’Ancien Régime à la IIème République

Une période tumultueuse
L’époque où vit David Buhl connaît d’abord un bouleversant
renversement des valeurs d’une société. Une révolution où tout
fut possible, mais où les troubles furent permanents, avec un
climat d’insécurité omniprésent. La société passe ainsi d’une
organisation figée en ordre privilégié ou non, à un régime où
l’ascenseur social est théoriquement possible mais dans lequel
toute position est d’une instabilité extrême.
Cette chronologie montre à quel point les événements s’enchaî-
nent vite : en une vie David Buhl voit se succéder pas moins de
neuf régimes politiques. Inutile de dire que l’armée a eu un rôle
prépondérant dans ces revirements.
De tels bouleversements politiques
apprennent aux hommes ambi-
tieux à tracer un chemin situé au
“juste milieu”, permettant de gar-
der sa place lors des différents
revirements politiques. C’est de
ce genre d’attitude qu’ont dû naî-
N° 19 II / 2011 > page 24
DE LA TROMPETTE DES NOBLES À LA NOBLESSE DE LA TROMPETTE
tre l’individualisme positif chez David Buhl et le sens particulier
d’être français.
Enfin rappelons le rôle de la trompette au sein de l’institution
militaire : la transmission des ordres. Pas un français ne pouvait
ignorer le son de cet instrument, la moindre victoire provoquait
un concert de sonneries dans toute la France, chaque régiment
entrant dans une ville essayait d’impressionner ses habitants par
les qualités de sa musique et la beauté des uniformes. Écoutons
plutôt Stendhal (1783-1842) nous décrire ces scènes dans Lu-
cien Leuwen7 : «Ce fut sur les huit heures et demie du matin le
24 mars 183..., et par un temps sombre et froid, que le 27ème
régiment de lanciers entra dans Nancy. Il était précédé par un
corps [de musique] magnifique et qui eut le plus grand succès
auprès des bourgeois et des grisettes6 de l’endroit: trente-deux
trompettes, vêtus de rouge et montés sur des chevaux blancs,
sonnaient à tout rompre. Bien plus, les six trompettes formant le
premier rang étaient des nègres, et le trompette-Major avait près
de sept pieds...»
Cette situation entraîne conséquences : premièrement, il y eut
en ce changement de siècle un vivier immense de trompettistes
(on dit que David Buhl en a formé plus de 600, rien que pour la
cavalerie !), deuxièmement les facteurs de trompette ont produit
tellement d’instruments qu’ils ont pu prospérer et se livrer à de
multiples expériences en perfectionnant et innovant. La guerre
a vraisemblablement permis une évolution dans la facture des
cuivres.
Un enfant précoce
dans les tumultes révolutionnaires
C’est au château de Chanteloup près d’Amboise (Indre et Loire)
que Joseph David Buhl, issu d’une famille allemande, naquit le
21 février 1781. Son père était alors attaché au duc de Choiseul
(1712-1785) en qualité de musicien. Le duc, alors en disgrâce,
avait été ambassadeur de Louis XV et avait notamment arrangé
le mariage entre Louis XVI et Marie-Antoinette. Son exil à Chan-
teloup le pousse à recréer un “petit Versailles” avec un petit or-
chestre, un théâtre... Le père de David Buhl, Jean Louis David
Buhl9, né à Wurtzbourg, était un des musiciens de cet ensemble
constitué d’une dizaine d’élèments10, il devait être très actif car
les dépenses annuelles pour cette musique sont de 6000 livres
pour l’année 177611. La transition entre la mort de Choiseul et
la révolution est un peu flou mais les évènements ont sans aucun
doute accéléré et modifié la professionnalisation du jeune David
Buhl, notons tout de même que durant cette période entre 1789
et 1791, le procureur Paul12 s’inquiète que « presque tous les
enfants de cette municipalité (ndla Amboise) forment depuis peu
des bandes de plus en plus nombreuses, ayant un tambour à leur
tête et un porte drapeau au centre, que, quoique ces enfants
soient tous au-dessous de l’âge de la puberté, il n’en est pas un
seul qui ne soit armé... » Il y a donc toutes les chances que le
jeune David Buhl s’il était encore à Chanteloup, fut fasciné par
les défilés incessant des adultes, d’où ces engagements futurs et
sans doute sa participation dès son plus jeune âge à ses bandes.
1. François-Joseph Fétis compositeur, critique musical né à Mons le 25 mars 1784
mort à Bruxelles le 26 Mars 1871
2. Couturier, la Gazette des cuivres N° 16, p. 28
3. Dauverné fut en réalité le fils du parrain du frère de David Buhl, le parrain étant alors
un protecteur pouvant en cas de décès des parents de l’enfant subvenir aux besoins de
celui-ci, il n’y a donc à ma connaissance aucun lien de sang entre les deux hommes.
4. Méthode pour trompette de Dauverné, 1857 Publiée à Paris par G. Brandus, Dufour
5. Rostang, la gazette des cuivres N° 16 p. 30
6. Trouvé sur le site trompetteasso.fr
7. Œuvre posthume inachevée publiée en 1894
8. Jeunes filles de petites conditions (d’après le Littré)
9. Véronique Moreau, Chanteloup, 2007 catalogue du musée des Beaux Arts de Tours, p 337
N° 19 II / 2011 >
Vue du chateau de Chanteloup
Amboise
Un grand militaire
Heureusement doué de dispositions pour la musique, il se livre
fort jeune à l’étude du clavecin et de la trompette. Ses progrès
furent si rapides sur ce dernier instrument, qu’il put se faire en-
tendre comme virtuose à l’âge de onze ans. Cette précocité lui
permet d’être admis en 1792 dans la compagnie de musique de
la garde parisienne13 puis d’entrer comme élève à l’Institut Natio-
nal de musique14, vraisemblablement dans la classe de François
Guthman (1754?- ap. 1817). Plus tard, il intègre la musique
des grenadiers à pied de la garde des consuls créée en 1799.
Ce corps fût de toutes les grandes batailles Napoléoniennes et
faisait partie de la vieille garde dont les vétérans étaient consi-
dérés comme les soldats les plus valeureux de l’histoire militaire
française.
Une école de trompette pour la cavalerie ayant été instituée en
1805 à Versailles, David Buhl, alors “le plus habile trompettiste
de France”, d’après F.J. Fétis, y fut appelé comme professeur. Il y
continua ses fonctions jusqu’en 1811, époque de la suppression
de l’école. Le 1er juillet 1814, il reçut sa nomination de chef de
musique de l’état major des gardes du corps du roi Louis XVIII
(1755-1824) et dans la même année la décoration de la Légion
d’honneur lui fut accordée.
D’après Kastner15, Bonaparte lui confia la rédaction de l’ordon-
nance de Trompettes. Déjà remanié pendant les guerres de la
République, le répertoire des signaux de la Cavalerie Française
fut renouvelé sous le Consulat et l’Empire.
L’an XIII, une nouvelle ordonnance de trompettes pour les trou-
pes à cheval fut adoptée par le ministre de la guerre. Elle lui avait
été présentée par David Buhl. Admis à sonner lui même cette or-
donnance, devant une commission nommée par Louis Bonaparte
et dont les généraux Canclaux, Bourelier et d’Hautpoul faisaient
partie, il obtint un tel succès que Napoléon en entendant exécuter
la charge, ne put s’empêcher de s’écrier : “II me semble que j’y
suis !”. Cette exclamation échappée dans un moment d’enthou-
siasme est la meilleure preuve que la composition et l’exécution
10. J.L.D. Buhl, les frères Van Esch, Christophe Braun, une contrebasse et trois autres
musiciens
11. Vesoul, A.D., fonds privés.
12. Archives communales d’Amboise série I 141
13. Organisée vers 1791 par B. Sarrette elle était chargée des fêtes publiques
14. L’Institut national de musique, fut créé le 8 novembre 1793 (18 brumaire an II),par
décret de la Convention nationale et pourvu d’un budget distinct, sous la direction de Fran-
çois-Joseph Gossec (1734-1829), succédant à l’École royale de chant et de déclamation et à
l’école de musique municipale il constitue la première ébauche d’un établissement unique
consacré à la formation de musiciens.
page 25
 Hyppolite Bellange, un jour de revue sous l’empire 1810, la garde des consuls à pieds

de Buhl (malgré sa difficulté) avait parfaitement atteint son but.

L’Empereur, lui-même, daigna complimenter l’auteur de l’ordonnance, signalant
même comme parfaite la sonnerie « Pour faire éteindre les feux », ainsi que la
marche connue sous le nom de « La victoire est à nous ! », chœur fameux em-
prunté à La caravane du Caire de Gretry, demeurée célèbre jusqu’en 1830. Sous
le Premier Empire, cette fanfare était jouée après chaque victoire, par tous les
régiments ayant pris part à la bataille.
Aujourd’hui la plupart de ces ordonnances demeurent encore en usage.
Trompette circulaire en fa,
Musicien de l’opéra et du théâtre Italien Courtois frères (marque), Paris, vers 1820

En 1816, il fut nommé conjointement Première trompette de l’opéra et du théâtre

royal Italien ; pendant dix ans il en fit le service actif, il disparaît des listes en
1827.
Il commence d’abord comme second trompette avec comme premier François
Guthmann puis se retrouve premier secondé alors par F.G.A Dauverné, qui était
par ailleurs sous ses ordres dans le régiment ....
Il jouera16 entre autre Olympie de Spontini, Don Sanche d’aragon de Liszt, le siège
de corinthe de Rossini... Il est sans doute à l’origine de l’arrivée des trompettes
circulaires à l’opéra permettant une meilleure maîtrise des sons bouchées.

C’est finalement en 1826, qu’il reçut de Spontini17 (ainsi que son collègue F.G.A.
Dauverné), les premiers cornets à pistons fabriqués par Griesling et Schlott pour
jouer Macbeth de Chelard. Il sera par ailleurs invité par Habeneck18 (1781-1849),
alors violon solo de l’opéra puis chef d’orchestre, aux balbutiements de la so- Cornet Griessling et Schott
ciété des concerts du conservatoire le 22 novembre 1826 pour jouer l’héroïque envoyé par Spontini en 1826
de Beethoven.

15. Kastner,: Le Manuel général de musique Militaire édité à Paris en 1848, p 172 17. Pontécoulant, Organographie: La facture instrumentale depuis 1789 jusqu’en
16. Agnès Terrier, L’orchestre de l’opéra de Paris éditions la martinière pp 311- 312 1857 inclusivement édité par castel en 1861 p113

N° 19 II / 2011 > page 26

 DE LA TROMPETTE DES NOBLES À LA NOBLESSE DE LA TROMPETTE
Le sacre invalidant...
Son activité militaire l’obligeait à une présence dans toute les
cérémonies officielles, c’est ainsi qu’il se blessa gravement à
Reims, au sacre du roi Charles X, en 1825. Il fut heurté par une
voiture du cortège royal, et dût prendre sa retraite de l’armée. Il
poursuivit son activité à l’opéra mais se retrouve pensionné sur
les fonds de la liste civile et sur la caisse de l’opéra après 1827.
Un décret, paru dans le bulletin des lois de la République Fran-
çaise en 1839, lui alloue aussi une pension. Nous manquons
d’éléments sur son invalidité.
Intérêt pour la facture instrumentale
David Buhl travailla longtemps au perfectionnement de la grande
trompette droite, qu’il considérait comme la voix aiguë du trom-
bone. Cette vision lui venait sans doute de F.J. Gossec (1734-
1829) qui, dans sa messe des morts, compose une musique de
coulisse pour quatre trompettes et trois trombones... En 1823
il entreprit de faire adopter en France l’invention d’un facteur
de Hanau, nommé Haltenhof, qui avait appliqué à la trompette
la coulisse des trombones. Ce système eut alors peu de succès,
« parce qu’un ressort tourné en spirale et d’une grande énergie ra-
menait rapidement la branche mobile de la coulisse à sa position
première, et opposait une forte résistance qui gênait la main dans
ses mouvements, pour prendre diverses intonations. »
Débarrassée de ce ressort, la trompette à coulisse a été conservée
en France : quelques artistes la préfèrent à la trompette à cylin-
Trompette Courtois offert à Cerclier pour son prix en 1846
développée par Buhl et Dauverné
dres indique F.J. Fétis en 1860...
Le célèbre trompettiste anglais, Harper fils (1816-1898) jouait
exclusivement la trompette à coulisse.
Par ailleurs David Buhl est le chef de file des trompettistes fran-
çais dans l’utilisation de la trompette à boucher, la version fran-
çaise construite par Raoux était en sol et s’appelait la trompette
d’harmonie – en opposition à la trompette militaire en mi appelée
trompette d’ordonnance sur laquelle on n’utilisait pas la main.
Un pédagogue innovant !
David Buhl publie en 1825 une méthode de trompette, la premiè-
re méthode de trompette en France, adoptée dès sa sortie pour
l’enseignement dans l’école de trompette de la cavalerie établie
à Saumur, il la dédie d’ailleurs au Commandant de cette école,
le Marquis Oudinot.
L’introduction de la méthode insiste sur les différentes fonctions
du trompettiste : le premier de fanfare, munie d’une plus petite
18. Adam Carse,
The Orchestra from Beethoven to Berlioz, éditié par Broud en 1949 p 91
19. Fétis, 1860.
N° 19 II / 2011 >
embouchure doit être à l’aise dans l’aigu et doit se consacrer à
ce rôle, le deuxième possède un beau son, bien homogène, le
troisième doit être particulièrement familier des différents coups
de langue et sait jouer délicatement. La quatrième partie, la plus
facile doit être jouée avec fermeté et largeur.
Toujours dans l’introduction, il explique que le fa (le 11ème harmo-
nique) s’obtient sur tous les tons en bouchant le pavillon avec la
main sauf dans les traits rapides.
On trouve quelques remarques intéressantes sur la facture ins-
trumentale, quand il explique la manière de tenir l’instrument,
on comprend que la trompette est soit circulaire soit en forme de
demi-lune. Il donne aussi les plans d’embouchures suivant que la
trompette a une petite ou une large perce.
Les exercices proposés seront repris dans la méthode F.G.A. Dau-
verné (édition 1858) et laissent une large place au travail de
l’articulation (David Buhl insiste sur le travail de la langue dans
les trois types d’articulations qu’il propose : le coulé, le piqué et
le détaché classé du plus doux au plus sec !)
Cette méthode consacre la moitié des exercices aux duo, trio et
quatuor.
Automatisation de l’enseignement
Son intérêt pour la pédagogie le pousse aussi à développer avec
l’aide de Davrainville (1791- ?) une machine permettant de re-
produire les sonneries. La restitution de ses compositions ainsi
obtenues devaient être jouée en imitation par les élèves. Il en est
fait mention dans l’annuaire des artistes français de 1834 sous la
rubrique « instrument pour l’enseignement des trompettes ».
Voyons la description parue dans Nouveau manuel complet du
facteur d’orgues Marie Pierre Amel, édition Roret 1849 (p 418)
«Ce fut de 1817 à 1818 qu’il (nda Davrainville) fit les célèbres
trompettes d’omnibus, auxquelles il n’attachait aucune importan-
ce et dont il ne parlait même qu’en plaisantant, mais pourtant qui
lui donnèrent l’idée de faire quelque chose de mieux, c’est-à-dire
son métronome contenant les 32 sonneries d’ordonnance, pour
l’instruction des trompettes de cavalerie, qu’il présenta au minis-
tère de la guerre, et qui, après avoir été accepté, resta deux ans à
la caserne des Célestins à Paris. Il faut avoir entendu cet instru-
ment pour se faire une idée de l’éclat et de la pureté de ses sons,
de l’exactitude des coups de langue et de la vérité d’imitation. La
révolution de 1830 a laissé cette affaire a l’état de projet pour la
France, mais l’étranger s’en empara, et le général Ventura réunit
à Lahore18 deux cents trompettes qui n’eurent pas d’autre maître
que cet instrument, dont il
avait fait l’acquisition.»
Entendre cet instrument
serait un témoignage des
plus intéressants, sachant
l’attention que portait David
Buhl sur l’articulation, sur la
manière de détacher, la lon-
gueur des notes et le phrasé.
Il est possible que cet instru-
ment soit exposé au musée
des instruments de musique
de Bruxelles sous la référen-
ce M 458.
Nous espérons que le musée
métronome développé par
organisera bientôt une cam- Davrainville en partenariat
pagne d’enregistrement... avec David Buhl
20. En Inde.
page 27
DE LA TROMPETTE DES NOBLES À LA NOBLESSE DE LA TROMPETTE
Facture instrumentale
Engagement social et composition contemporaine
En 1836, il participe généreusement au sauvetage de l’éditeur
musical Pacini21 qui avait vu son fond de commerce périr par les
flammes. Parmi les compositeurs, ayant cédé gratuitement leurs
droits, outre David Buhl nous retrouvons Rossini, Chopin, Cheru-
bini, Meyerbeer. Témoignage de l’entraide et de la solidarité d’une
corporation en des temps où aucune assurance ou couverture so-
ciale n’était en vigueur. JoyKey…
Son activité de compositeur se limita à des œuvres visant à déve- Une clé d’eau révolutionnaire
lopper à la fois le répertoire des harmonies et celui de son instru-
ments. On trouve de nombreuses fanfares et marches pour ensem- pour tous les cuivres !
bles à vents allant de la formation en quatuor de trompette jusqu’à
la grande harmonie (avec clarinettes, flûtes...). Un paragraphe lui
est consacré dans l’ouvrage de Kastner édité à Paris en 1848 : Le
Manuel général de musique Militaire.

Épilogue

Après 1830, les traces sont rares, on trouve pourtant dans la Re-
vue et Gazette musicale de Paris du 3 novembre 1844 un article
relatant un concert où David Buhl a joué une grande fanfare de
cavalerie avec cors anglais l’ayant accompagné en grand orchestre, L’humidité s’accumule dans tous les cuivres
il dirige alors l’orchestre d’été de Baden (Allemagne). La revue le au niveau situé le plus bas. À cet endroit, le
présente comme un grand pédagogue sous l’Empire et le directeur
de la musique de Baden depuis quelques années.
JoyKey® permet à l’eau de s’écouler, tout en
jouant, continuellement hors de l’instrument.
David Buhl meurt à Versailles en 1860 âgé de 79 ans.
Le système permet de conserver une perce
La biographie de cet homme entamée ici soulève beaucoup de
questions. Quelle fut son activité après 1836, quels furent ses élè- débarrassée en permanence de toute
ves ? Nous avons les témoignages de musicologues mais pas de accumulation de liquide (condensation, salive).
compte-rendus de concerts...
Malgré ces interrogations, nous pouvons avoir une idée sur ce que
représente la trompette au début du XIXème siècle. Le JoyKey® est un produit de qualité fabriqué
La trompette, instrument martial et militaire omniprésent à cette en Allemagne. Le coeur du système est le filtre
époque, tend à s’adoucir vraisemblablement sous l’impulsion de WaterWick® remplaçable en métal.
David Buhl. L’introduction d’un instrument circulaire (rendant le
chromatisme, obtenu par bouchage du pavillon, plus aisé) à l’aca-
démie royale de musique, montre peut-être une envie de reconnais- En résumé, le WaterWick® de la JoyKey permet
sance parmi les musiciens alors que le statut de trompettiste avait à la colonne d’air de l’instrument d’être en
toujours était un peu à part et « en dehors de la musique ».
La quête du chromatisme obnubile les trompettistes de l’époque, permanence absolument impeccable.
d’abord par les essais avec le bouchage du pavillon expérimenté
par Michael Woeggel (1748-1811) vers 177420, puis le dévelop- Posée en atelier, la clé d’eau JoyKey® s’adpate
pement de la trompette à clefs initié par A. Weidinger (1767-1852)
dans les années 1790, l’adjonction d’une coulisse et enfin l’inven- facilement sur tous les cuivres, trompettes,
tion des pistons simultanément par H.Blühmel et par H. Stoelzel cornets, cors, trombones ou tubas.
vers 181723.

Enfin, le souci de la part d’un musicien de laisser une méthode

pour guider les élèves dans leur apprentissage montrent le début
de ce que nous appellerons l’école française dont Maurice André
est un aboutissement à la fois issu d’une classe sociale populaire,
hissé au sommet, et dont l’interprétation exemplaire a transcendé
le rôle et le statut musical de la trompette au rang le plus noble.

© Christophe Rostang
Amboise, juin 2011

61, rue de Rome 75008 Paris

21. Pacini, Livre musical des Cent-et-un édité à Paris en 1836
01 42 93 61 52
22. A. Baines, Brass instruments, Dover 1976, p 184
23. A. Baines, ibid, p207 www.feelingmusique.com

N° 19 II / 2011 > page 28

La Santé du trompettiste
UN CAS CLINIQUE par Michel Laplace

Heureuse
Les faits
issue pour une mauvaise expérience
Médecin en retraite mais trompettiste toujours actif depuis 45 ans, je me trouve brutalement avec une molaire su-
périeure qui se casse. Elle a été soignée trois ans plus tôt. Cela n’entraine aucune douleur ni de conséquence sur le jeu de
trompette. C’est par principe que je consulte une dentiste qui, bien qu’il n’y ait aucune gêne, me certifie qu’il faut enlever
cette dent. Une radiographie panoramique dentaire est faite et permet de constater que cette molaire supérieure gauche a
des racines en crochet dont une jouxte le sinus. La dentiste ne se sent pas en mesure d’extraire elle-même cette dent et je
m’adresse sur ses conseils à un stomatologue.
Après examen local et lecture du panoramique dentaire, la décision est la même. Malgré mon interrogation sur d’éventuelles
conséquences, on reste ferme sur l’indication d’extraire cette dent. Rendez-vous est pris pour l’ablation de cette molaire cassée.
Dès les premiers instants, non douloureux car sous anesthé-
sie locale, il est évident que la dent résiste. Bref, ça se passe
mal et l’ablation est « musclée ». Une deuxième radiographie
panoramique dentaire est pratiquée au décours de l’ablation. A
la relecture a posteriori, on y voit que le vide laissé par la racine
signalée ci-dessus est en contact avec le sinus.
L’évolution
Le soir même de l’intervention, le saignement s’écoule
dans la bouche et curieusement par la narine gauche. Quelques
jours plus tard, lors d’un éternuement au cours d’un bain de
bouche, celui-ci ressort par la narine ! Enfin, n’y tenant plus
au bout de 15 jours d’arrêt, je joue quelques notes de trom-
pette. Dès le fa du haut sur la portée, l’air exsufflé passe de la
bouche dans le sinus. Une expérience qui ne mérite pas d’être
vécue. Affolé, j’essaye la trompette basse croyant que les gros
cuivres nécessitent moins de pression. Même résultat. J’essaye
par curiosité la clarinette. Même effet. Eh oui, les instruments
à vent impliquent une pression d’air intra-buccale dont on ne
soupçonne pas l’importance. Désormais dès le sol dans la por-
tée le problème se répète. Il est clair qu’il y a une communica-
tion entre la cavité buccale et le sinus maxillaire secondaire à
cette extraction dentaire. Les trois signes décrits plus haut en
constituent une sémiologie que tout trompettiste devra garder
en mémoire. Le diagnostic est simple. Le remède moins. J’ai
utilisé du fixodent pour « boucher » le fin pertuis que l’on voit
sur le moulage post ablation.
L’effet salvateur marche environ 5 heures. Mais ce n’est
pas la solution car on “entretient” la brèche. Avec ma dentiste et
un prothésiste, on comprend qu’il faut inventer un appareil qui
recouvre hermétiquement la zone opérée. Après divers essais,
on parvient à mettre au point une prothèse avec deux crochets
de fixation. Cette plaque recouvre la zone opérée et il est possi-
ble de jouer. Certes, le détaché perd de la netteté (la prothèse
est encombrante). Mais au moins on peut faire des exercices en
legato et faire travailler l’embouchement. Enfin, la cicatrisation
de ce qui est l’équivalent d’une fracture, se fait entre quatre et
six mois. Si la cicatrisation ne se fait pas au bout de six mois, il
faut envisager un acte chirurgical pour colmater cette brèche.
En ce qui me concerne la fine communication entre ca-
vité buccale et sinus s’est naturellement fermée en quatre mois.
A ce terme, les essais de jeu sans la prothèse jusqu’au contre-ut
furent sans conséquences néfastes.
Moralité
Pour un trompettiste, il ne faut pas hésiter à faire et
conserver un moulage dentaire de référence. Votre dentiste ou
stomatologue avant tout acte doit, selon la législation, vous in-
former de tous les risques (s’ils les connaissent). Et vous laisser
le choix de la décision en toute connaissance de cause. Enfin,
si vous rencontrez le même problème de communication entre
la cavité buccale et un sinus, après une extraction dentaire su-
périeure, vous avez ici une solution palliative pour maintenir un
niveau de jeu instrumental pendant ce long temps de cicatrisa-
tion.
Michel Laplace
N° 19 II / 2011 > page 29
 Dispartions HOMMAGES
Ussel, 1955-Nice, 8 avril 2011 15 février 2011

François Jean-Claude
Chassagnite Verstraete
Le trompettiste et chanteur François Chassa- Le trompettiste Jean-Claude Verstraete est
gnite est décédé le 8 avril au matin d’une crise décédé le 15 février 2011.
cardiaque. C’est peu de dire que le monde du Fils du célèbre Fernand Verstraete (tp,
jazz a été bouleversé par cette triste nouvelle. accn), alias Trumpet Boy, Jean-Claude
Verstraete est né en octobre 1953.
François Chassagnite est décédé le 8 avril 2011 D’abord initié à la pratique du clairon
à l’âge de 55 ans. Selon François Biensan : « auprès de Louis Vezant père à Villeneuve-
il a joué la veille à Nice, comme tous les jeudis le-Roi, il suit les cours de Roger Delmotte
au Sézamo de Nice avec Sébastien Chaumont au conservatoire de Versailles. Grâce à son
puis il est rentré chez-lui et il a eu une crise père, Jean-Claude Verstraete débute dans
cardiaque foudroyante ; en quelques minutes, l’orchestre de fosse du théâtre du Châtelet
il est parti rejoindre le paradis des musiciens que dirige Francis Lopez. Il y succède à
». Né à Ussel en 1955, François Chassagnite a Serge Rollez, et il aura là l’occasion de
étudié le cornet à La Flèche en 1966-72. Il fait côtoyer Loulou Vezant puis Vincent Casino
ensuite des études de vétérinaire à Maisons Al- dans la section de trompettes.
fort (1973-75) avant d’opter définitivement Grâce à son père, il ne tarde pas à fréquen-
pour la musique. Il a débuté à Paris, en 1979, ter le big band de Claude Bolling, d’abord
au cornet, au sein du Old Fashioned Orchestra, comme remplaçant de Loulou Vezant. En
au Caveau de la Montagne. On l’entend aussi 1984, la section comprend Maurice Tho-
dans l’Octet et le Big Band de Jean-Loup Lon- mas, Christian Martinez, Michel Delakian
gnon. Nous l’avons personnellement remarqué et les Verstraete, père et fils. Jean-Claude
en 1981 au festival de jazz d’Angers au sein du a bénéficié des conseils de Maurice Tho-
Big Band de Dino Cagnasso comprenant aussi mas. Il a enregistré pour Claude Bolling,
Guillermo Fellové et Guy Bodet aux trompettes. notamment Live at the Méridien et Bolling
François Chassagnite joue dans l’EuroJazz Big Band à Londres (1981) et le Big Band plays Ellington vol.2 (1991), ainsi que
de l’Afdas. Il cesse à nouveau de jouer pendant 9 mois (1982-83), avant de réappa- l’abum avec Guy Marchand (1998).
raître avec Antoine Hervé (1984-85 aux côtés de Philippe Slominski), Steve Grossman Auparavant, nous l’avions remarqué à la
(février 1985), Jean-Marie Bellec (Le Mans, 1985) et l’Orchestre National de Jazz TV dans une version très swing de « Wed-
(1986-88 avec Christian Martinez, Eric Mula et Michel Delakian, trompettes). nesday’s Night Hop » de l’Orchestre Bob
François Chassagnite joue ensuite pour le Big Band Lumière dirigé par Gil Evans et Quibel pour le Thé dansant de Jacques
Laurent Cugny (film de Frank Cassenti en 1987), la Bande à Badault, la Super Swing Martin en 1982 et qui donnait lieu à un 4-
Machine de Gérard Badini, le Nonet d’Arnaud Mattéi. Nous l’avons entendu souvent au 4 de trompettes par Jean-Claude Naude,
festival Off de Jazz in Marciac, avec Nicoletta Manzini (1991) comme avec le Freedom Fred Gérard, Loulou Vezant et lui. Jean-
Jazz Band de Tonton Salut (2002, avec Abdu Salim, ts-fl, Philippe Renault, tb) ou bien Claude Verstraete fera partie de la deuxiè-
aussi son propre combo. me équipe de Bob Quibel pour la TV en
François Chassagnite a copieusement enregistré 1987 en compagnie de Maurice Thomas,
dans des contextes variés : pour Gérard Gustin, Kako Bessot et Guy Bodet (1987).
Andy Amler (1985), Jean-Loup Longnon (1986), Bon musicien de section, Jean-Claude
le Big Band de Rouen (1989) et bien sûr sous Verstraete est sollicité dans de nombreux
son nom de Chazzéologie (1994) à Jubilation big bands comme ceux de Dino Cagnas-
Tribute to Chet Baker (2006). Il a enseigné au so, Jean-Loup Longnon (1982, avec Guy
CIM et à partir de 1997 au Conservatoire National Bardet et Jean-Luc Cappozzo aux trom-
de Région de Nice. C’est Eric Le Lann qui lui fit pettes), puis de Sacha Distel (reprise des
découvrir Clifford Brown et Booker Little. Mais, Collégiens, en 1993), Ivan Jullien. Il joue
c’est le Miles Davis des années 1950-60 et Chet au Japon dans le Grand Orchestre de Paul
Baker (qu’il l’appréciait beaucoup !) qui furent Mauriat (2000) avec Tony Amouroux, Phi-
ses modèles. lippe Slominski et Patrick Artero. Jean-
Pour Patrick Artero, François Chassagnite « était Claude Verstraete a aussi accompagné
un poète ». Pour Lionel Belmondo : « François des chanteurs depuis Joe Dassin jusqu’à
Chassagnite était un être humain exceptionnel récemment Mickaël Modrany (en 2008),
comme on peut en trouver rarement aujourd’hui. en passant par Dick Annegarn (1997) et
Il m’a pris sous son aile quand j’ai débarqué en Benjamin Legrand.
1985 à Paris… J’ai traîné avec lui, et j’ai beau- Michel Laplace
(sources : Roger Delmotte, Fred Gérard, Loulou
coup appris… François était un musicien au fond Vezant et le CD-Rom Trompette, Cuivres & XXe
de son âme ». Siècles de Michel Laplace)
Michel Laplace

N° 19 II / 2011 > page 30

 Création
HOMMAGES
Annonces - Recrutement
2 avril 1926 – 29 avril 2011
David Mason, entré dans la légende des Beatles
David Mason, au centre du pupitre de trompette
du Royal Philharmonic Orchestra dans les années 1960
Arrivé avec neuf trompettes et «par un processus d’élimination», c’est la trompette piccolo qui a eu les faveurs. Rien n’était écrit
d’avance. Paul McCartney a chanté ce qu’il voulait entendre, Georges Martin l’a pris en note et David Mason l’a joué.
David Mason a également contribué à d’autres chansons des Beatles, notamment «A Day in the Life»,» Magical Mystery Tour «et» All
You Need Is Love ».
6 décembre 1930
19 août 2010
Michel Cuvit
Ses Débuts
Comme beaucoup de musiciens Suisses, Michel Cuvit a fait
ses premiers pas dans la fanfare de son village et ensuite a
intégré l’ensemble Romand de musique de cuivres (Brass
Band). Après un apprentissage et un premier métier comme
mécanicien de précision, Michel Cuvit se destine à la carrière
de trompettiste. Il se forme au Conservatoire de Genève auprès
de Paolo Longinotti et obtient en 1956 le premier prix de vir-
tuosité.
Dès 1958, il est engagé au pupitre de trompette de l’orchestre
de Bâle et en 1960, à l’Orchestre de la Suisse Romande.
C’est en 1962 qu’il accède au poste de professeur de trom-
pette du Conservatoire de Genève.
Le Professeur
Dès sa nomination au Conservatoire de Genève, les élèves se
sont rendu compte du cadeau qu’ils venaient de recevoir : un
professeur, avec un sens et un don de l’enseignement d’une
qualité au dessus de la moyenne. Un pédagogue génial, une
manière naturelle et simple d’expliquer, de convaincre et de
stimuler. Aucun stage pédagogique ne permet d’atteindre ce
niveau au début d’une carrière d’enseignant. Tous les étu-
diants qui ont fréquenté sa classe sont unanimes sur ses
qualités pédagogiques. Après seulement quelques années ses
Le trompettiste anglais David Mason est décédé le 29 avril 2011.
Trompette solo du Royal Philharmonic Orchestra, au Philharmonia
Orchestra, à l’Opéra de Covent Garden et de l’English Chamber Or-
chestra et professeur au Royal College of Music pendant de trente
ans, il entre dans la légende le 17 Janvier 1967 en enregistrant
aux studios EMI d’Abbey Road le solo de trompette piccolo de
Penny Lane pour les Beatles.
Paul McCartney avait entendu David Mason à la télévision jouer
le second Concerto brandebourgeois de Bach. Dès le lendemain
matin, le compositeur Georges Martin, producteur de Beatles le
convoque en studio.
«Je ne savais même pas qui étaient les Beatles quand on m’a
demandé de faire une séance d’enregistrement avec eux» souligne
David Mason (Chronique Bath -2003). «Pour moi, c’était juste une
séance d’enregistrement ». Un cachet de £27 10s, sans royalties.
M
ichel Cuvit a été trompette solo de l’Orchestre de
la Suisse Romande jusqu’en 1993 et professeur
au Conservatoire de Genève de 1962 à 1995.
Décédé le 19 août 2010, Il laisse auprès de ses anciens
collègues de pupitres d’orchestre et de ses nombreux élèves
Suisses et étrangers le souvenir d’un grand professionnel.
premiers étudiants sont devenus professionnels et engagés dans les
orchestres suisses. Ensuite, des élèves venant de toute l’Europe sont
venus garnir sa classe. Une réputation internationale commençait.
Le Musicien
Trompettiste d’orchestre exemplaire, premier soliste qui savait me-
ner son registre, motiver ses collègues et les réconforter dans les
moments délicats. Toujours à disposition pour aider et encourager
les nouveaux musiciens. Son comportement et ses qualités de mu-
sicien et d’homme lui ont permis de se faire respecter et apprécier
par tous ses collègues. Les chefs d’orchestre l’appréciaient et le
craignaient car il ne supportait pas l’agressivité de certains et leur
faisait savoir d’une manière ou d’une autre. Pour lui, un chef agres-
sif était un mauvais chef. L’expérience de chacun a prouvé qu’il
avait raison.
Sa carrière de concertiste était occasionnelle car le métier de musi-
cien d’orchestre ne permet pas de se consacrer souvent à cette dis-
cipline très particulière. Quelques disques et enregistrement nous
ont démontré qu’il avait aussi les qualités dans ce domaine.
Michel Cuvit avait une grande admiration pour Roger Delmotte et
c’était réciproque. Une grande amitié les liait. S’ils passaient peu de
temps ensembles, ces moments exceptionnels étaient intenses.
Roger Delmotte évoque le souvenir d’une journée passée chez Jean-
Jacques Rapin, chef de chœur, où ils avaient déchiffré des duos
aux cors des alpes. Roger Delmotte parle d’un homme d’une grande
modestie, d’une grande dignité et de grand talent.
Chacun d’entre nous se souviendra du pédagogue, du trompettiste
et de l’homme qui n’a jamais laissé son entourage indifférent. Une
personnalité avec ses qualités, sa jovialité et ses inquiétudes, un
homme qui fut tout simplement mon ami.
Michel Debonneville,
Un de ses premiers élèves
Ex-Trompettiste de l’Orchestre de la Suisse Romande
propos recueillis par Maurice Charinelli
N° 19 II / 2011 > page 31

Re-Créations
Le Quatuor de trombone Millière
Le quatuor, composé de Joël Vaïsse, Jean
Raffard, Gilles Millière et Guillaume Cottet
Dumoulin interprète des oeuvres originales de
Denis Leloup, Marc Lys, Mériadec Ruffet, Keiko
Takashima, Jean-Philippe Vanbeselaere.
CDs nouveautés
> Keiko Takashima,
compositrice japonaise.
• Furusato, composition inspirée de
chansons populaires pour enfants évo-
que les saisons.
> Jean Philippe Vanbeselaere
• La milice du phare
Court-métrage musical à l’instar des
musiques de films. Dans cette suite mu-
sicale de plusieurs tableaux descriptifs
d’un univers de contes fantastiques.
> Denis Leloup
• Paris en un jour
Suite de quatre pièces qui met en va-
leur les qualités de chaque personnalité
composant le quatuor, la projetant tour
à tour en soliste. L’idée du fil conduc-
teur tenu par un tromboniste virtuel un
jour de concert à Paris a aidé Denis
Leloup à illustrer musicalement ce qui
caractérise pour lui cette belle école du
trombone français.
On devinera dans les formes se rappro-
chant du thème et improvisation (sous
forme écrite) des réminiscences à la
manière des standards du jazz ou de la
musique ancienne.
> Marc Lys
• Messages
Quatuor en six mouvements, aboutis-
sement pour Marc Lys d’esquisses, jus-
qu’alors en sommeil.
- Bienvenue, intrada joviale
- Evocation, valse lente, nostalgique
- Tous pour un, véritable solo de pupitre
de big band sur un walking de trom-
bone basse.
- Choral, lyrique et méditatif
- La bossa du basse, style latin
- A la prochaine, Choral suivi d’un fast
swing.
> Mériadec Rufet
• Ar Mor Bihan, L’auberge du clou, Sur
les bords de Seine, Traversée à la Brass,
Un parfum de Caraïbes.
Co-production Antoine Courtois Paris

Around the Eu4nium

Shoichiro Hokazono, considéré comme l’un des leaders mondiaux de l’euphonium
solo, est né à Kagoshima, au Japon. Il est à l’initiative de la commande de
superbes oeuvres originales. Il a gagné le Prix Philip Jones à Guebwiller en
1997. Il est membre du Central Band of the Japan Air Self Defense Forces.
Son album Around the Eu4nium réunit les invités solistes T. Miura, A. Iwakuro, S.
Oyama, K. Kotëra, A. Saito, M. Shoji, K. Tsuyuki, K. Haraguchi, et J. Yamaoka.

Around the Eu4nium

Shoichiro Hokazono
• Danse du sabre tirée du ballet Gayane
- Khachaturian/arr. Maeda
• Six Arias from The Barber of Seville
- Rossini/arr. Hokazono, Tsuyuk
• Exhibitions, Op. 98
- David Uber
• Croisiere de Vin Mediterranee
- Masamicz Amano
• Euphoniums Parfait Suite for 4 Euphoniums
- Yasuhide Ito
• Tchaikovskiana for Euphonium quartet
- Yasuhide Ito
• Passacaglia in C minor, BWV 582
- J.S. Bach/arr. Hunsberger
 Brass Bands & Cuivres
SALT OF THE EARTH
Les Neish, tuba
claudecugis@free.fr
Foden’s Band – direction: Mike Fowles
Références: EGON
– SFZ 150
Disponible
chez Salvationist
Publishing
Accompagné soit par le piano, soit parle brass band
Foden’s Band, Les Neish nous propose une belle dé-
monstration de tuba. Un instrument à priori consi-
déré comme accompagnateur et qui prouve ici toutes
ses possibilités expressives et techniques.
Après la DANSE ROUMAINE de Dumitru IONEL, on
trouve l’ARIA du Français Eugène BOZZA, une pièce
qui me rappelle mes jeunes années de saxophoniste,
puis, ultérieurement, mon travail de professeur au
Conservatoire du Havre.
La SERENADE, extraite de The Student Prince de
Sigmund ROMBERG est un autre aria très musical
avec la participation du Foden’s Band.
Tout comme le concerto EPISODES AND ECHOES,
signé Peter MEECHAM, commandé et dédié à Les
Neish qui en assuma la création en 2005 avec Sein-
dorf Beaumaris Band.
Nous avons également droit à une séquence de mu-
sique contemporaine intéressante avec IN THE 90 %
de Jay ROZEN, pour tuba seul.
Enfin, nous abordons la seconde pièce conséquente
de cet enregistrement SALT OF THE EARTH de Andy
SCOTT qui a été écrite pour Les Neish et le Foden’s
Band. D’une durée de 15 minutes, elle comporte
trois mouvements qui permettent au soliste d’expri-
mer toutes ses potentialités en matière d’énergie,
d’expression ou de virtuosité. Le final rythmé et ani-
mé nous laisse une impression favorable d’un beau
Sélection Cuivres
CATALANOTTI – LIENARD - GUENEBAUT
MARCAL 091201
disponible chez
Marcal Classics
- à Paris –
C’est notre première incursion dans le monde de
la musique de chambre pour cuivres, avec le con-
cours de Daniel Catalanotti, cor, Bernard Liénard,
tuba, et Julien Guénebaut, piano.
Un programme éclectique nous permet de visiter
Chronique de Disques de Claude Decugis
THE CORNET HERITAGE
COLLECTION, vol.I
Richard Marshall, cornet
Black Dyke
Band
Nicholas
Childs
Références:
DOYEN – DOY
CD 266 - Dis-
ponible chez
Salvationist
Publishing
J’ai toujours autant de plaisir à écouter ou ré-
écouter un excellent cornettiste dans des œuvres
traditionnelles de style kiosque à musique.
Cela nous rappelle les éternelles pièces avec cor-
net du maitre Alexandre-Sylvain Petit toujours de
circonstance et, pourtant, un peu délaissées. Ri-
chard Marshall est un artiste à la technique im-
peccable. Mais surtout, il sait mettre sa virtuosité
au service de la musique.
Avec délicatesse et raffinement, il décline et
séduit dans des pièces d’Edward Sutton (1861-
1936): THE PARAGON, une polka stylée ou PAN-
DORA, une pièce du maitre et flûtiste français
Eugène DAMARE.
Des polkas encore; d’un genre raffiné comme AR-
BUCKLENIAN POLKA DE John HARTMANN né
en Ecosse en 1828 ou THE NIGHTINGALE du
tromboniste et chef britannique Harold MOSS.
On y trouve même un extrait du Barbier de Séville
de G.Rossini: Une Voce Poco Fa où le soliste ex-
celle dans ce qui ressemble à la voix humaine.
C’est un mélange harmonieux et cohérent de
quatorze compositions que nous propose donc Ri-
chard Marshall. Avec le soutien efficace et talen-
tueux du fameux Black Dyke Band, conduit par le
maestro Nicholas Childs, il réalise un enregistre-
ment de haute tenue qui conviendra certainement
aux nombreux amateurs de cornet, un instrument
en plein renouveau.
diverses époques musicales, à commencer par
les classiques: Jacques-François GALLAY (1795-
1964) et Frédéric DUVERNOY (1765-1838) qui
ont aussi été des cornistes talentueux.
Puis on arrive aux actuels, l’Américain Roger KEL-
LAWAY (1939) et les Français Jean-François LEZE
(1971) et Aubert LEMELAND (1932-2010).
Pour les premiers cités, c’est une musique forma-
tée par l’époque, parfois en duo de cuivres, d’autres
en trio. Toujours mélodieuse, elle nous entraîne sur
les traces des compositeurs français de la période
post-révolutionnaire.
Plus variées, les pièces des auteurs actuels nous
offrent plus de débouchés sur les plans techni-
ques, dynamiques ou brillants.
Le jeu des cuivres est bien dans l’esprit musique de
chambre, sans excès, très musical et homogène.
Et lorsque le piano transforme l’en semble en trio,
la balance sonore reste bien équilibrée, pour un
résultat très appréciable et qui réclame une suite.
MOTOPERPETUO
David Childs, Euphonium
Cory Band – direction: Ro-
bert Childs
Références: DOYEN – DOY CD
262 – Disponible chez Salvatio-
nist Publishing
Petit-fils, fils et neveu de brillants
musiciens britanniques, tous vir-
tuoses de l’euphonium, David
Childs a suivi la voie royale, celle
de l’artiste dans toute sa splen-
deur.
Accompagné par le Cory Band,
dirigé par Robert Childs (le papa),
David exprime un exceptionnel
potentiel technique et expressif
dans une série de pièces souvent
de très haut niveau.
A commencer par le MOTO PER-
PETUO écrit par Paganini pour le
violon. Et là, le soliste est épous-
touflant de virtuosité. Idem pour
l’EUPHONIUM CONCERTO DE
Karl JENKINS qui avec ses quatre
mouvements et ses 25 minutes
donne l’occasion à David Childs
de montrer une palette variée et
complète de son talent.
Merveilleuse prière, toute en dou-
ceur et en finesse, suivie d’un
presto déroutant, SPARTA de
Peter MEECHAN est un extrait,
spécialement repris pour cet en-
registrement, du Concerto pour
Euphonium du même Meechan.
Egalement bref, le LAMENT de
Karl JENKINS est tout en émo-
tion et en lyrisme, des qualités
innées chez David Childs.
Le FINALE GIOCOSO de Vladimir
COSMA est le dernier mouvement
du Concerto pour euphonium et
orchestre, révisé par John Mere-
dith.
C’est une musique fascinante
où le soliste domine technique-
ment son sujet et peut ainsi faire
ressortir la touche Roumaine et
Gypsy, régions d’origine du com-
positeur.
Il y a encore beaucoup d’autres
pièces enregistrées ici, mais l’es-
sentiel est résumé dans ce qui
précède.
 Chronique de Disques de Claude Decugis
EVERGREEN
Œuvres de Guy Luypaerts et de Guy-
Claude Luypaerts
Orchestre d’Harmonie de
la Musique de la Police Nationale
direction:
Pierre Bigot/Alexandre Jung
Références: CC874728
– Disponible chez Corelia
Ce disque est une exceptionnelle occasion de
rendre hommage à deux défenseurs incondi-
tionnels de la musique pour orchestre d’har-
monie.
Mon ami Pierre Bigot fut chef de la Musique
de la Police Nationale et soutint largement les
compositeurs français, dont Serge Lancen et
Guy Luypaerts.
Ici, une partie de l’enregistrement est
d’ailleurs l’oeuvre de Pierre Bigot et, en par-
ticulier, EVERGREEN que j’ai eu le plaisir de
diriger avec l’Harmonie Municipal du Havre,
en présence de Guy Luypaerts et de Madame.
Une pièce qui, en son temps, fut primée au
concours international de musique légère de
Castlebar en Irlande.
J’ai aussi beaucoup apprécié le travail de
compositeur du flûtiste Guy-Claude Luypaerts
(1949), surtout ses QUATRE DANSES DANS
LE STYLE ROUMAIN où il est un soliste ta-
lentueux.
En tant que saxophoniste, je me dois de vous
vanter UN BON PETIT DIABLE, avec Jacques
Desloges dans le rôle du gamin turbulent,
donc du soliste. Bravo Jacques !
Et je n’omettrai point l’ANDANTE ET ALLE-
GRO écrit par le père -Guy- et interprété ma-
gistralement par le fils, Guy-Claude.
Ah, quelle famille d’artistes !
Oui, j’ai eu énormément de plaisir à réécouter
Evergreen et autres compositions de qualité
dues à la plume qualifiée et imaginative des
Luypaerts.
Fanfares &
MYTHIQUE
Schweizer Armeespiel
et Koninklijke
Harmonie Sainte Cécile Eijsden
direction: Jan Cober
Références: Molenaar – MBCD 31.1103.72
Disponible aux éditions Robert Martin à Mâcon
Sous le titre de « Mythique « , nous avons le bonheur d’apprécier deux magnifiques
œuvres jouées par deux orchestres d’harmonie différents, mais sous une seule et unique
baguette, celle du Néerlandais Jan Cober.
Le maître hollandais n’est plus à un exploit près et nous enchante encore d’autant
qu’il aborde un répertoire exceptionnel. Transcrit par le spécialiste espagnol, Juan Vi-
cente Mas Quiles, SCHEHERAZADE de Rimsky-Korsakov est orchestré magistralement.
Et comme Jan Cober a un véritable pouvoir pour transmettre ses sentiments, on arrive
à un résultat où le mot de transcription n’existe plus. Seule la musique est là: délicate,
expressive, enthousiasmante et, finalement, superbe !
Elle est finement servie par la Musique de l’Armée Suisse, une formation de haut niveau
qui se réunit périodiquement.
Mais qui est donc ce KRIS ROEMERS qui a conçu la séduisante THESEUS’JOUR-
NEY ?
Elle est interprétée par l’Harmonie Royal Sainte Cécile d’Eijsden, dont le chef titulaire
-depuis 1995- n’est autre que Jan Cober.
C’est un poème symphonique biblique en trois parties où Thésée veut tuer le Minotaure,
gardien du labyrinthe. Il en ressort une musique riche en poésie, vigueur, puissance ou
virtuosité, avec de belles harmonies et des teintes sonores raffinées.
Une découverte étonnante, mais surtout très appréciée. Encore un enregistrement indis-
pensable dans votre discothèque !
THE GREAT SPIRIT
Musique de FERRER FERRAN
Banda Primitiva de Paiporta
Banda de la Federacion de Sociedades Musicales
de la Comunidad Valenciana direction: Ferrer Ferran
Références: IberMusica – Disponible chez De Haske France
Encore un enregistrement exceptionnel du compositeur espagnol Ferrer FERRAN (1966)
avec six nouvelles oeuvres interprétées par deux formations différentes, sous la même
baguette experte du maestro. Chef titulaire de la belle Banda Primitiva de Paiporta, Fer-
rer Ferran nous propose sa troisième symphonie THE GREAT SPIRIT écrite en hommage
au génial architecte espagnol Antoni Gaudi (1852-1926) et à sa Sagrada Familia, la
Cathédrale des Anges, construite à Barcelone.
Comme le monument, qui a nécessité un siècle de travaux, c’est superbe et on passe
par des sentiments nombreux et divers: mystérieux, enthousiaste, énorme, tranquille ou
bouillonnant. Et l’orchestre sait répondre aux moindres inflexions de son chef pour un
merveilleux résultat.
A côté de cette 3° Symphonie, l’ouverture symphonique IVAM et SALOMON, inspirée
par une légende africaine, va vous paraître plutôt terne. Il n’en est pourtant rien, car
le compositeur a mis toute sa science à bâtir une musique de qualité, autant en terme
d’animation que d’expression.
Quelle énergie, quelle noblesse se dégage du paso-doble de concert CONSOLAT DE
MAR qui nous enchante par sa marque de fabrique typiquement espagnole. Sur un
tempo à ¾, la fantaisie espagnole MONT SERRAT comporte deux solistes: saxo alto et
trompette pour une musique enthousiasmante qui conclut avec bonheur cet enregistre-
ment réalisé en 2007/2008.
N° 19 II / 2011 > page 34
Harmonies
ETOILE DE MER
Œuvres de Guy Luypaerts
et de Guy-Claude Luypaerts
Orchestre d’Harmonie de
la Musique de la Police Nationale
direction: Alexandre Jung
Références: Corelia – CC 74724
Distribution: SOCADIS Europe
Les LUYPAERTS père et fils sont de nouveau
réunis sur cet enregistrement grâce au talent
de la Musique de la Police Nationale conduite
par son jeune chef Alexandre Jung.
GUY, le père, est né en 1917 et fut le chantre
de la musique symphonique légère, du temps
où l’ORTF (Radio Française) diffusait nombre
de pièces de qualité qui faisaient l’enchante-
ment des auditeurs.
Plus tard, il se tournera tout naturellement vers
l’orchestre d’harmonie, y trouvant la matière
sonore qui n’existait plus ailleurs.
J’ai beaucoup aimé sa FANTAISIE CONCER-
TANTE pour saxophone alto. C’est une musique
fluide, poétique, à la souple dextérité qui bé-
néficie de l’admirable interprétation de Pascal
Bonnet.
Par contre, j’ai senti l’auteur moins à l’aise
dans le style jazz avec le CONCERTINO pour
trombone. Et même si Denis Leloup est un ex-
cellent défenseur de cette pièce, le contenu
ne correspond pourtant pas à la plume de Guy
Luypaerts.
Du fils, Guy-Claude, né à Paris en 1949, voici
SASKIA où le compositeur est également le so-
liste. Inspirée par la musique de l’Europe Cen-
trale, elle nécessite expression et virtuosité et
là, Guy-Claude est vraiment à la hauteur.
L’œuvre titre ETOILE DE MER est un poème
symphonique qui se divise en cinq tableaux.
Dans sa simplicité apparente, cette pièce est
magnifiquement conçue. C’est léger, gai, aé-
rien, doux et les différentes parties se complè-
tent et s’imbriquent dans un doux déferlement
marin.
Comme pour Guy, j’ai trouvé Guy-Claude moins
à l’aise dans l’approche de la musique de jazz.
Et pourtant Claude Egea tire le maximum de sa
trompette sans parvenir à me convaincre.
Pour conclure, j’estime que pour les amateurs
de musique française, les Luypaerts sont un mo-
dèle que beaucoup de compositeurs devraient
copier et je suis persuadé que nombre de chefs
voudront les inscrire à leur programme.
OUTBERZT
Rutgers Wind Ensemble
direction: William Berz
Références: 8652 MCD MARK
disponible chez Mark Masters
On retrouve régulièrement dans nos rubriques,
le Rutgers Wind Ensemble et c’est toujours le
même plaisir renouvelé d’autant que son réper-
toire est recherché et sort des sentiers battus.
Et cette fois encore, le maestro William Berz a
choisi de magnifiques oeuvres issues du réper-
toire international, ce qui donne une plus-value
à cet enregistrement.
Avec raffinement, technique, précision et en-
thousiasme, les jeunes musiciens américains
nous épatent par cet élan qu’ils donnent à leur
musique sous la baguette quasi magique de leur
chef d’orchestre.
J’ai plus particulièrement aimé l’AEGAN FESTI-
VAL OVERTURE du Grec Andreas MAKRIS, une
pièce débordant de légèreté et de gaité. Ecrite
en 1949, la SUITE FOR BAND est la première
pièce dédiée à l’orchestre d’harmonie par Alan
HOVHANESS, né en 1911 dans le Massachus-
sets. Constituée de six brefs numéros, elle exalte
le caractère religieux arménien dans le style de
la Renaissance. Ici , tout est noblesse , splen-
deur et richesse sonore. Personnage central de la
musique arménienne du 20° siècle, Aram KHA-
CHATURIAN a aussi pensé à l’orchestre d’har-
monie. Marche vive, entrainante, mélodieuse et
générant l’enthousiasme, TO THE HEROES OF
THE PATRIOTIC WAR fut composée en 1942 et
enregistrée pour la Radio, la même année.
Serge PROKOFIEV a également écrit plusieurs
marches pour l’orchestre d’harmonie, particu-
lièrement pour les Spartakiades qui étaient les
jeux olympiques des pays de l’Est.
Avec son tempo rapide et dynamique, la MARCH
op.99 (1943 est un modèle du genre en matière
de vivacité et de dextérité, le tout s’appuyant sur
des thèmes lyriques.
Les auteurs américains sont également pré-
sents sur cet enregistrement, notamment Roger
NIXON. Réalisée en hommage à Serge Proko-
fiev, ELEGY AND FANFARE-MARCH comporte
un premier volet avec des motifs pesants et nos-
talgiques.
D’un caractère opposé, la marche, vive et éner-
gique, nous a vraiment séduite par cette envie et
cet enthousiasme que le Rutgers Wind Ensem-
ble a mis dans son interprétation.
N° 19 II / 2011 > page 35
claudecugis@free.fr
AT THE LAKE
Musique de Itaru Sakai
Références: DHR 10-031-3 – Disponi-
ble chez De Haske France
Né à Osaka, Japon, en 1979, le pianiste
Itaru SAKAI a fait ses études de com-
position à l’Osaka College of Music et
écrit beaucoup de musique pour piano,
musique de chambre et orchestre d’har-
monie.
Dans cette compilation, réalisée en
2010, on retrouve sept orchestres d’har-
monie en provenance des Pays Bas,
Allemagne, Japon et Lituanie qui sont
tous de haut niveau et donc à même de
défendre ardemment la production du
maître japonais.
Commandé par une formation de Gifu
(Japon), ALPINE FLOWERS PARTI ! A
été créé en mars 2003 par Hida Wind
Orchestra sous la direction de Noriyuki
Kosaka. C’est une partition joyeuse et
légère à l’humeur optimiste, de plus
d’un effet auditif très agréable.
L’œuvre titre AT THE LAKE se base sur
une légende relative à l’esprit du lac.
Elle commence par des sons lointains,
l’éveil du lac dans une atmosphère pai-
sible. Le soleil se lève sous la forme
d’un Allegro brillant et expressif avant
le tumulte généré par la tempête. La se-
conde partie est puissante et vigoureuse
avant la fin grandiose où le thème est
déclamé par les cuivres.
Encore une pièce d’importance avec
THE SEVENTH NIGHT OF JULY, sous ti-
trée Tanabata. Encore une légende où se
retrouvent deux jeunes gens amoureux.
Elle se divise en trois séquences dont
l’Allegro initial animé. L’Andante est
romantique avec des solos au saxo alto
et à l’euphonium, une sorte de dialogue
amoureux.
Enfin, l’œuvre s’achève sur un second
Allegro marcato et allant. Composé en
août 1998, la très brève FANFARE OF
WAKAKUSA HILL a été commandée par
l’orchestre d’harmonie de Nara Prefec-
ture pour célébrer son 40° anniversaire.
Autre composition réalisée pour le même
événement : DAIBUTSU TO SHIKA allie
vivacité et joie de vivre, poésie et éner-
gie pour une musique de caractère, très
appréciée.
Ecrite en février 2005, sur commande
de la musique militaire Japan Maritime
Sellf Defence Force, LIGHT OF SWORD
est une marche solennelle et sonore au
Trio expressif, avec dans l’ensemble des
thèmes éclatants. La musique de Itaru
Sakai nous a paru très intéressante, gé-
néralement vivante et expressive, tradui-
sant bien des sentiments faits de fine
sensibilité et de bon goût.

Chronique - Claude Decugis
TALES AND LEGEND
The Royal Netherland Army Band Johan
Willem Friso
Direction : Henrie Adams
Références: Beriato – WSR 052
Disponible chez De Haske France
La Musique Militaire Royale des Pays Bas est plus con-
nue de nos lecteurs sous son ancien nom de Johan
Willem Friso Kapel et a une intense activité discogra-
phique et, surtout, officielle dans son pays.
Placée sous la direction d’Henrie Adams, un excellent
chef d’origine néerlandaise qui vit en Espagne où il
dirige une des plus belles harmonies européennes, à
Bunol.
La conjugaison de ces deux talents -orchestre+chef-
nous donne un résultat épatant et homogène pour les
huit œuvres enregistrées.
TALES AND LEGENDS du Suisse Etienne CRAUSAZ
trouve ses racines dans les histoires et légendes de la
région helvétique du Gruyère. Avec ses trois mouve-
ments, elle nous narre la vie parfois tumultueuse de
Catherine, la Catillon, la dernière femme de Suisse Ro-
mande accusée de sorcellerie.
On se prend au jeu, trouble et mystérieux, goguenard
et, parfois, romantique, cette suite nous révèle un com-
positeur de grand talent.
La Tour de Babel devait être la porte du ciel où nous en-
traine Wouter LENAERTS, avec sa ZIGGURAT. L’auteur
s’est inspiré du tableau de Pieter Brueghel l’Ancien et
a réalisé une toile musicale impressionnante.
C’est une pièce vive, remuante, parfois lyrique, avec un
aspect oriental évident qui s’achève sur un brillant et
monumental allegro.
Avec FRIENDS OF FREEDOM, nous découvrons le jeu-
ne compositeur belge Karel DESEURE qui nous épate
par la vitalité et la légèreté de son œuvre qui, bien sûr,
en appelle d’autres de la même veine.
Originaire de Singapour, Benjamin YEO nous livre les
secrets de la vie dans le sanctuaire de Gondwana,
avec AT THE BREAK OF GONDWANA, à travers des
couleurs et des sons primitifs. Une mélodie expres-
sive précède un final grandiose, conclusion heureuse
de cette pièce.
Citons encore FEBESA de Filip CEUNEN qui repose
sur les notes Fa-Mi-Sib-La, nimbé d’une atmosphère
mystérieuse et étrange qui en fait tout son charme.
Et n’oublions pas EL BATALLON où Bart PIQUEUR
sait combiner adroitement l’art du paso doble avec une
marche de chasseurs belges. Résultat surprenant !
Un magnifique orchestre, mené de main de maître par
Henrie Adams, qui se met au service de la musique et
d’un répertoire de qualité.
Voilà de quoi combler nos lecteurs les plus exigeants !
Sélection Fanfare
THE LOST LABYRINTH
Fanfarekorps Koninklijke
Landmacht « Bereden Wa-
pens »
direction: Tijmen Botma
Références: DHR 12-012-3
Disponible chez De Haske France
Avec cet enregistrement annoncé
comme « Music for Fanfare Band »,
nous continuons de visiter les divers
orchestres d’instruments à vent: har-
monie, brass band et donc, fanfare.
Dirigé par le Major Tijmen Botma,
l’orchestre de fanfare de l’Armée
Royale des Pays Bas est avant tout
utilisé pour les parades et cérémo-
nies officielles néerlandaises. Toute-
fois, il est très en pointe dans le do-
maine de la musique de concert et
le prouve ici en n’abordant que des
œuvres de musique originale. Chose
rare s’il en est et fort appréciée du
signataire de ces lignes.
Cela permet un rendement maximal
de l’orchestre, à commencer par
cette sonorité spécifique , à la fois
douce et puissante et qui en fait
tout son charme.
Commandé par la Fanfare Kempen-
bloei Achel, dirigée par Ivan Meyle-
mans, THE LOST LABYRINTH de
Kevin HOUBEN a été utilisé par
cette formation comme morceau au
choix pour le concours mondial de
Kerkrade en 2009.
Utilisant une voix de femme, il déve-
loppe le mystère du labyrinthe, avec
dynamisme ou indécision, vigueur
ou sérénité pour se terminer dans
une époustouflante cavalcade.
De Jacob DE HAAN, deux compo-
sitions et tout d’abord ELEGY I qui
passe par diverses émotions allant
de l’incertitude à l’agitation avec
un passage central, Rubato, qui est
plutôt instable. Comme souvent,
l’Allegro final est percutant et agité
et nous conduit à son terme par un
thème triomphal.
N° 19 II / 2011 > page 36
claudecugis@free.fr
L’autre œuvre est BLISS, une suite
d’orchestre en trois mouvements
décrivant la vie paisible, ou dynami-
que, de Dussen, un village néerlan-
dais du Nord Brabant.
Ici, aucun excès, mais plutôt un
tempo modéré et mélodieux, au dé-
but, avant que l’Andante ne nous
convie à un thème expressif tout en
douceur.
L’Allegro a du caractère et conduit
vers un tempo solennel qui corres-
pond tout à fait à la philosophie de
philosophie de Dussen.
Kevin HOUBEN a écrit CIRCE à la
demande de la Fanfare Musica Nova
(Belgique) et de son chef Sébastien
Lemaire. Puisant dans la mytholo-
gie, l’auteur s’exprime avec vigueur
et sensibilité tirant le meilleur de ce
bel orchestre. C’est aussi ça, la mu-
sique originale !
BELLUM ET PAX, en fait: Guerre et
Paix, de Stijn ROELS dit presque
tout dans son titre.
Le déferlement des troupes précède-
ra la marche triomphale, victorieuse
bien sûr, et les cloches sonnant le
bonheur de la paix retrouvée.
Encore et toujours la mythologie,
avec HERCULES de Ton DE HAES,
une pièce rythmée qui alterne avec
un calme expressif, avant un Presto
déchainé qui conclut avec force.
Un magnifique répertoire servi avec
raffinement et enthousiasme par la
Fanfare Royale Néerlandais et son
maestro Tijmen Botma. Bravo !
 Infos
« Petites Mains Symphoniques » à la Télé
L’aventure continue avec de merveilleux projets pour
l’année 2011-2012, à savoir le festival interceltique de
Lorient, festival à Brive Août 2011, festival Mars 2012 à
Rennes, concert à Pleyel, Lille, projet en cours à l’étran-
ger ... et le stage à Flaine du 20 au 30 juillet.
A noter que le ministère de la Culture a retenu quatre pro-
jets sur le plan national dont celui des «Petites Mains Sym-
phoniques».
Un rapport sera rendu prochainement quant à l’intérêt
porté à ce dernier.
Avec mes remerciements
Eric du Faÿ
www.facebook.com/associationpetitesmainssymphoniques
Académie de Larmor
Galinier Anthony - 06 82 32 75 85
8 rue du 24 mars 1852 69009 Lyon
anthony.galinier@larmor-cuivres.com
L’aventure continue
Les enfants musiciens sélectionnés après concours régionaux et
nationaux accèdent aux joies de l’orchestre symphonique.
France 3 a suivi l’évolution de cette formation, en stage, en concert
et en séance d’enregistrement…
L’émission « Ludo « sur France 3 a retransmis à 8h25 les 20, 21,
23 et 24 juin ce documentaire réalisé par Pierre-Nicolas Duran en
quatre épisodes de 13 minutes :
- Lundi 20 juin: «Le concours»
- Mardi 21 juin: «Les premiers pas»
- Jeudi 23 juin: «L’orchestre prend forme»
- Vendredi 24 juin: «La Symphonie des Petites Mains»
Au mois de Septembre le reportage de 52 minutes sera diffusé
dans son intégralité.
Lien pour voir les 2 premiers épisodes en streaming :
http://www.mon-ludo.fr/heros/les-petites-mains-symphoniques/les-
petites-mains-symphoniques-le-concours
Les enfants de l’orchestre ont enregistré au studio
malakoff deux titres du nouvel album du trompettiste
Nicolas Genest en Mai 2011
http://www.youtube.com/watch?v=jGG0bCo4Jqw
Du 23 au 30 Juillet
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et de Lyon. Cours individuels avec accompagnement au
piano et séances de travail en grand ensemble.
Sur un lieu privilégié de vacances, c’est le temps d’échange
de proximité entre jeunes musiciens passionnés, encadré
par une équipe pédagogique professionnelle.
Les académiciens se produiront en animations et concerts
public et lors d’évènements locaux.
Festival de cuivres et percussions.
Invités choisis parmi les meilleurs musiciens cuivres de la
nouvelle génération.
En guest star, le 27 juillet, Fabrice Millischer, vainqueur
des victoires de la musique classique 2011 et son
ensemble. Autre invité de marque, le 23 Juillet, le « Brass
Band de Bretagne sur du Pays de Lorient », direction
d’Adrien Ramon.
25 Juillet : « Le temps des Cuivres »
Vaste répertoire - baroque au moderne.
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N° 19 II / 2011 > page 37
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