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1 Pour un manifeste du Parti communiste

2 du XXIe siècle
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5 Préambule
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7 Notre 38e congrès est vital.
8 Au mois de juin 2017, les communistes décidaientnous décidions, à
9 l’issue de la séquence électorale de las présidentielles et des
10 législatives, de convoquer un congrès extraordinaire. Notre
11 affaiblissement électoral et notre perte de visibilité nationale étaient et
12 sont toujours au cœur des préoccupations des communistes qui
13 veulent reconquérir l’influence de notre parti et reconstruire une
14 organisation révolutionnaire de notre temps.
15 C’est au Parti communiste, français et internationaliste, d’assumer
16 cette ambition face à la force du capital qui se pare des atours de la
17 modernité, face à la profondeur de sa crise systémique, mais aussi face
18 à l’attraction des idées réformistes de conciliation, comme de celles
19 nationalistes et xénophobes désignant des boucs émissaires.
20 C’est d’autant plus nécessaire que Macron et son gouvernement
21 mettentÀ l’heure où le niveau inédit de connaissances et de techniques
22 de l’humanité place celle-ci dans la situation jamais connue de
23 répondre à ses besoins et aux défis du siècle, le capitalisme devient un
24 obstacle au développement de l’humanité. Pire, par sa course aveugle
25 au profit, il met en danger le devenir même de la vie humaine sur
26 Terre.

27 Ces contradictions prennent un relief tout particulier dix ans après le


28 déclenchement de la crise et tandis qu’une autre de plus grande
29 ampleur se profile. Alors qu’il prétend apporter des réponses aux défis
30 que celle-ci soulève, Emmanuel Macron entraîne la France vers un
31 alignement néolibéral, livrant le pays de la Grande Révolution, de la
32 Commune et de la Sécurité sociale aux appétits capitalistes
33 internationaux.

34 Il veut mettre à profit la confusion politique et l’absence d’alternative


35 progressiste crédible pour conduire à marche forcée la destruction
36 dud’un modèle social français. conquis de haute lutte. Ils cherchent à
37 faire de la France, à côté de l’Allemagne, le second un pilier d’une
38 Europe au service du capital, des marchés financiers et de l’ordre
39 mondial dont ils ont besoinla mondialisation capitaliste.

40 Macron prétend que ses options sont les seules à même d’arracher la
41 France et l’Europe à la crise très profonde d’un système capitaliste
42 qu’il entend sauver. En réalité cetteCette politique va
1 accentueraccentue les vulnérabilités de la France et les fractures
2 sociales dans un monde en crise alors que se prépare une nouvelle
3 aggravation des difficultés mondiales, plus brutale que la crise de
4 2007-2008 dont les forces du capital n’ont voulu retenir aucune leçon.
5 Dans notre monde pris dans les convulsions d’une crise systémique,
6 les courants réactionnaires s’emploient à dévoyer les colères.
7 AprèsEn France, après une période d’observation, des luttes
8 importantes se développent. Elles concernent les bases même du
9 modèle social français, qu’elles défendent et dont elles cherchent un
10 nouveau développement : services et entreprises publics, exigences
11 d’égalité, notamment entre femmes et hommes, refus du déclassement
12 et des discriminations, égalité des territoires et enjeux écologiques, la
13 protection sociale et son mode de financement à partir des richesse
14 produites, l’emploi, sa sécurité et sa promotion, l’augmentation des
15 salaires, toutes les batailles sur l’éducation et la formation, les droits et
16 pouvoirs des salarié·e·s sur les lieux de travail.

17 Les communistes sont de ces luttes mais, au-delà, ils veulent travailler
18 à ouvrir un siècle d’humanité, un siècle communiste conjuguant
19 démocratie poussée jusqu’au bout et orientation révolutionnaire visant
20 à sortir enfin de la société de classe, à relever jusqu’au bout le défi
21 écologique, à assurer la paix et le libre développement de la personne
22 humaine dans toutes ses dimensions.

23 Il n’y a jamais eu autant besoin de révolution, d’idées et de luttes


24 révolutionnaires ; d’un parti et d’un projet communistes pour
25 permettre au mouvement populaire de s’élargir et de se renforcer
26 jusqu’à contraindre le gouvernement à des reculs, imposer de
27 nouvelles conquêtes, ouvrir une issue politique. Leur absence dans le
28 champ politique laisse la voie libre à tous les récupérations
29 nationalistes, populistes, xénophobes, racistes ou
30 antisémitesdévoiements.
31 Quel défi pour le Parti communiste français !
32 Mais après son effacement en 2017 et son résultat désastreux aux
33 législatives, son pronostic vital est engagé.
34 Tout cela constitue un électrochoc. Avec notre 38e congrès, nous
35 voulons donner de la force à cette ambition communiste qu’appelle
36 notre époque ; nous voulons donner un nouvel élan à notre
37 organisation révolutionnaire, avec une mise en dynamique de notre
38 force militante qui compte toujours parmi les plus importantes.
39 C’est pour cela que les communistes ont voulu un congrès
40 extraordinaire pour une réorientation stratégique, une mobilisation
41 nouvelle dans l’action et le développement d’une ambition
42 communiste.
43 Un bilan stratégique et organisationnel est nécessaire pour permettre
44 un débat sans tabou et des décisions audacieuses.

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1 Nous considérons que la proposition de base commune votée le 3 juin
2 (par 49 voix sur 91 votants et 168 membres du CN) ne répond pas aux
3 exigences du débat, pas plus qu’elle ne permet d’analyser précisément
4 la situation du monde et celle de notre parti. Se refusant à formuler
5 clairement les termes du débat, elle ne permet ni la discussion sur la
6 réorientation et les changements que les communistes sont si
7 nombrreuses et nombreux à penser nécessaires, ni la prise d’initiatives
8 par celles et ceux qui aspirent à changer l’ordre existant.
9 Ce n’est pas d’un collage d’options et de synthèses habiles que notre
10 parti a besoin pour construire une unité réelle et agissante des
11 communistes.
12 Nous proposons une base commune qui permette de répondre à cette
13 question essentielle :
14 faut-il continuer dans l’effacement, dans une pratique du coup par
15 coup, dans une stratégie illisible, et dans le manque d’ambition et
16 d’incarnation ? Ou construisons-nous collectivement la voie d’un
17 renouvellement politique profond de notre organisation, à même de
18 renforcer notre influence et notre place au sein d’un rassemblement
19 efficace pour notre peuple ?
20 Pour le débat le plus conséquent des communistes et des choix clairs,
21 cette proposition de base commune entend apporter des éléments de
22 réponse précis aux questions centrales suivantes, en les conjuguant à
23 l’ambition d’un nouvel internationalisme :
24  nos difficultés actuelles résultent-elles d’une mauvaise mise en
25 œuvre des choix faits depuis une vingtaine d’années, ou bien
26 ces choix mêmes sont-ils à remettre en question ?
27  quel bilan faisons-nous, aux plans stratégique, organisationnel
28 et électoral ? Quel bilan de l’activité de la direction nationale ?
29  quelle place du marxisme vivant pour armer le combat et pour
30 la confrontation d’idées à tous les niveaux ?
31  une réorientation stratégique est-elle nécessaire ou suffit-il de
32 chercher à mieux tenir le même cap sous l’appellation
33 « nouveau front social et politique » ?
34  faut-il se résigner, aux élections européennes, à un nouvel
35 effacement du parti et de ses idées au nom du rassemblement
36 derrière une possible tête de liste issue d’une autre formation
37 politique ? Ne s’agit-il pas plutôt de construire une liste de
38 large rassemblement initiée et conduite par le PCF ?
39  comment définir l’objectif du communisme, les voies et
40 moyens de l’atteindre ? Quelle dialectique nécessaire entre nos
41 propositions, les luttes immédiates, les étapes indispensables et
42 la visée communiste qui se construit dans ce mouvement tout
43 en l’éclairant ?
44  un changement profond de la direction nationale est-il
45 nécessaire ? Quel engagement des dirigeantes et des dirigeants

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1 pour un effort de réorientation des idées, de la pratique et de
2 l’action ?
3
4 Nous voulons sortir le PCF de la spirale de l’effacement et de
5 l’affaiblissementconjurer le risque d’effacement.
6 Nous avons la conviction qu’il ne peut y avoir de transformation
7 révolutionnaire sans un Parti communiste fort et influent, porteur de
8 cette ambition.

9 C’est un défi pour le Parti communiste, pour être utile à notre peuple
10 et être à la hauteur des enjeux historiques du siècle.

11 Nous affirmons la nécessité d’un renouvellement de notre organisation


12 et d’une relance ambitieuse de notre travail politique, étroitement liés
13 à la mise en dynamique nationale de nos militant·e·s.
14 Nous y répondons en six chapitres :
15  Un bilan critique
16  Nos responsabilités face à la nouvelle phase de la crise du
17 capitalisme et de la société
18  Le communisme de notre temps : idéal éthique, visée
19 historique, chemin de lutte
20  Un nouvel internationalisme pour relever le défi de la
21 mondialisation capitaliste
22  Pour une nouvelle stratégie de rassemblement et d’unité
23 populaires
24  Pour un Parti communiste utile, agissant, audacieux et
25 novateur, internationaliste et révolutionnaire.
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1 1- Un bilan critique
2 [Cette partie a été réécrite en prenant en compte les vœux et
3 amendements issus des conférences fédérales.]
4 Un bilan critique est nécessaire pour évaluer les causes de la situation
5 actuelle du parti et pour redéfinir notre démarche stratégique.
6 Le PCF, bientôt centenaire, né du rejet de l'horreur de la Première
7 guerre mondiale et de la faillite de la section française de
8 l'Internationale ouvrière, puise ses racines dans plusieurs sources : la
9 Révolution française, la Commune de Paris, la Révolution
10 d’octobred’Octobre… Des luttes antifascistes et du Front populaire à
11 la résistance contre le nazisme, au programme du CNR et aux grandes
12 conquêtes de la Libération comme la Sécurité sociale, des luttes
13 anticoloniales à son rôle dans la solidarité internationale avec les
14 peuples opprimés, le PCF occupe une place essentielle dans ce qui a
15 façonné et continue de façonner la société française. Après le grand
16 mouvement de 1968, le PCF s’engage dans la construction du
17 Programme commun pour ouvrir une alternative à gauche qui
18 débouchera, avec ses contradictions sur un gouvernement à
19 participation communiste en 1981. Plus récemment, le PCF joue un
20 rôle décisif dans la victoire du non de gauche en 2005.
21 Durant toutes ces années, face à la crise politique, sociale,
22 démocratique et culturelle, les communistes n'ont pas ménagé leurs
23 efforts pour empêcher les régressions, gagner des mesures de progrès
24 et pour faire vivre leur organisation.
25 Malgré les importants revers, le PCF conserve une représentation
26 nationale, des élu·e·s locaux·les apprécié·e·s, des militant·e·s
27 actif·ve·s.
28 Pour autant, nous ne parvenons pas à enrayer notre affaiblissement,
29 qui comporte aujourd’hui un risque d’effacement du PCF du paysage
30 national.
31 Quelles sont les causes de la situation difficile dans laquelle nous nous
32 trouvons ? Que devons-nous changer de nous-mêmes ? Que devons-
33 nous inventer et faire de nouveau pour redonner un avenir à notre
34 combat ?
35 Nous voulons revenir sur les causes profondes et durables de cette
36 situation, ainsi que sur nos choix stratégiques des dernières années.
37 Lors des précédents congrès, nous avions déjà mis en évidence les
38 effets de la contre-offensive du capitalisme globalisé et financiarisé.
39 La classe ouvrière et plus largement le salariat sont précarisés, divisés
40 et confrontés à de nouvelles formes d’exploitation ; les grandes
41 concentrations ouvrières sont éclatées et des pans entiers de notre
42 industrie sont cassés et délocalisés ; les systèmes solidaires de
43 protection collective et les services publics sont attaqués et privatisés.
44 Le rapport de forces entre les classes se dégrade au détriment du
45 mouvement ouvrier.

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1 Durant cette même période, la fin de l’URSS et des « pays socialistes
2 » européens accrédite l’idée d’une absence d’alternative au
3 capitalisme et d’une « fin de l’histoire ». Une guerre idéologique
4 intense criminalise le communisme assimilé à un « totalitarisme ».
5 Sous cette pression dominante, les forces communistes sont partout
6 mises sur la défensive jusqu’à la disparition de certains partis
7 communistes.
8 Malgré des efforts importants de novation, le PCF a eu du mal à
9 prendre en compte pleinement dans son organisation, ses initiatives,
10 ses stratégies tous ces bouleversements de la société et du monde.
11 Affaiblis dans notre organisation et notre activité sur les lieux de
12 travail et dans les quartiers populaires, nous sommes en difficulté pour
13 travailler à unir le salariat dans sa diversité et faire progresser sa
14 conscience de classe, pour nourrir le mouvement populaire de nos
15 idées.
16 De plus, durant toute cette période nous avons été confrontés sur le
17 plan politique à la dérive sociale-libérale de plus en plus forte du Parti
18 socialiste et à la domination de plus en plus écrasante de l’élection
19 présidentielle sur la vie politique.
20 C’est dans ce cadre que, depuis 2002 et l’échec de l’expérience de la «
21 « gauche plurielle », avec l’élimination de la gauche du second tour de
22 la présidentielle et le score de notre candidat, inférieur pour la
23 première fois, à 5 % (sanctionnant notre accompagnement de fait des
24 renoncements gouvernementaux et une coupure avec le monde du
25 travail), nous avons cherché à construire diverses formes de
26 rassemblement, pour ouvrir une alternative réelle de changement à
27 gauche.
28 Mais, à chaque fois, nous avons été en échec dans cette ambition.
29 Il s’agit ici de faire le bilan de nos actes politiques et d’orientation
30 stratégique durant la période ouverte en 2002, pour en tirer des
31 enseignements pour la période qui s’ouvre à présent.
32 Ainsi, en 2005, nous sommes à l’initiative et moteurs dans la bataille
33 d’idées, la mobilisation populaire et le rassemblement qui permettent
34 la victoire du non au référendum sur le Traité constitutionnel européen
35 sur une base majoritairement progressiste ; pourtant, les « collectifs
36 antilibéraux » qui se constituent dans la foulée, avec notre
37 participation, ne réussissent pas à concrétiser ce rassemblement
38 majoritaire, nous enferment dans une « gauche radicale » et se divisent
39 finalement en chapelles.
40 Dans ces conditions, nous ne parvenons pas à rassembler autour de la
41 candidature proposée par le PCF, que nous avons rendue «
42 interchangeable » avec les autres candidatures issues du non, sans
43 travailler l’apport spécifique de son caractère communiste. Nous
44 abordons dans les plus mauvaises conditions l’échéance présidentielle
45 de 2007, avec au final, un score historiquement bas.
46 Le choc de notre score à la présidentielle de 2007 pose alors de
47 manière aiguë la question de l’existence même du PCF. Mais

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1 l’Assemblée nationale des délégué·e·s de section, puis le 34e congrès
2 en 2008, confirment « un choix unique et clair : le choix du PCF et
3 indissociablement de sa profonde transformation ».
4 Par ailleurs, lors de ce congrès, pointant la « crise d’alternative à
5 gauche » et tirant les leçons de l’échec des collectifs antilibéraux, nous
6 affirmons que « c’est par un processus démocratique d’amplification
7 de l’intervention du peuple, des citoyennes et citoyens, du monde du
8 travail, favorisée par un effort constant et des initiatives politiques de
9 notre parti, que nous voulons recréer les conditions d’une alternative
10 de changement, du rassemblement de la gauche sur un projet de
11 transformation mobilisateur. Notre objectif demeure une majorité, un
12 gouvernement, une présidence de la République, qui impulseraient
13 une politique de gauche porteuse de grandes réformes transformatrices
14 alternatives au capitalisme. »
15 Pour cela, nous nous donnons l’objectif de travailler à la constitution
16 d’un « front progressiste et citoyen » conçu comme « une construction
17 unitaire permanente avec des cadres, des fronts, des alliances adaptés
18 aux contenus portés et aux échéances affrontées » et « de créer partout
19 où c’est possible, dans les quartiers et sur les lieux de travail, dans les
20 ripostes engagées, des lieux de rencontre où, quelles que soient leurs
21 formes, les citoyen·ne·s, les salarié·e·s, avec toutes les forces
22 politiques et sociales qui le souhaitent, avec des intellectuel·le·s, des
23 créateurs·trices, les acteurs·trices du mouvement social, puissent se
24 rencontrer, s’informer, confronter leurs analyses et propositions pour
25 riposter et construire ensemble les fronts les plus larges possibles
26 visant des objectifs politiques précis. » Notre ambition affichée étant
27 « d’animer en permanence une dynamique populaire et citoyenne la
28 plus large possible pour construire les réponses aux questions posées,
29 dans la vie, par les luttes sociales et démocratiques… Et les imposer
30 dans le débat politique. »
31 C’est dans cet esprit que nous nous engageons dans la constitution du
32 « Front de gauche pour changer l’Europe », en vue des élections
33 européennes de 2009, qui devient peu à peu le « Front de gauche »,
34 Front de gauche qui crée un espoir et suscite une certaine dynamique à
35 gauche, en remobilisant des citoyennes et citoyens qui s’étaient
36 écarté·e·s de l’action politique.
37 Marqué·e·s par l’échec de 2007 et avec une forte volonté unitaire, les
38 communistes décident majoritairement de soutenir la candidature de
39 Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle de 2012, sur la base du
40 programme « l’Humain d’abord », reprenant largement nos
41 propositions et que nous diffusons activement. La campagne
42 présidentielle et le score du Front de gauche ouvrent un espoir de
43 changement, poussent le candidat du PS à bouger jusqu’au fameux «
44 mon ennemi c’est la finance » et contribuent à la défaite de Sarkozy.
45 Cependant, nous ne retrouvons pas cette dynamique lors des élections
46 législatives qui suivent, marquées par un vote utile pour les candidats
47 du nouveau président. Et, malgré une progression en voix et en
48 pourcentage par rapport aux précédentes législatives, nous perdons
49 des sièges.

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1 Après 2012, le Front de gauche s’éloigne de plus en plus d’une
2 démarche de « construction unitaire permanente avec des cadres, des
3 fronts, des alliances adaptés aux contenus portés et aux échéances
4 affrontées » que nous avions voulu porter. Il se réduit nationalement à
5 une construction à vocation essentiellement électorale, impulsant de
6 moins en moins la dynamique citoyenne initialement visée.
7 Dans le cadre de la présidentialisation de la vie politique française, le
8 Front de gauche est désormais dominé par la personnalité de Jean-Luc
9 Mélenchon. Celui-ci le tire vers une orientation annonçant le
10 populisme de gauche ; il vise à construire autour de lui une nouvelle
11 organisation à vocation présidentielle destinée à se substituer aux
12 partis existants à gauche, tandis que nous peinons à prendre des
13 initiatives.
14 Aux municipales de 2014, nous ne prenons pas suffisamment en
15 compte le discrédit du gouvernement et la montée du populisme. Nos
16 stratégies d’alliances sont brouillées par les divisions qui gagnent la
17 gauche et le Front de gauche. Dans ce contexte nous perdons un
18 nombre important de villes et d'élus.
19 Peu à peu, le Front de gauche se délite et laisse apparaître des
20 divergences de plus en plus fortes, jusqu’à l’éclatement lors des
21 régionales de 2015.
22 La droite s’empare de la plupart des régions, l’extrême droite se
23 renforce de façon importante, et nous enregistrons la perte d’un très
24 grand nombre d’élu·e·s, jusqu’à disparaître de plusieurs assemblées
25 régionales.
26 Durant cette période, marquée par le rejet de plus en plus fort de la
27 politique de Hollande et le discrédit qui rejaillit sur l’idée même de
28 gauche, cet éclatement du Front de gauche alimente encore plus l’idée
29 d’absence d’alternative à gauche ; affaiblis, nous ne parvenons pas à
30 reprendre l’initiative sur le plan national et cela nous place dans une
31 situation difficile à l’approche des la présidentielles de 2017, entre les
32 dérives libérales du PS d’un côté et la stratégie personnelle de notre
33 ancien candidat à la présidentielle.
34 Le 37e congrès tente, en juin 2016, tardivement, d’apporter une
35 réponse à cette situation : pour l’échéance présidentielle, nous
36 décidons d’une « consultation citoyenne », permettant « d'écrire à des
37 milliers de mains un mandat populaire pour 2017 et d’aboutir à la
38 rédaction d’un pacte national d'engagements communs avec toutes les
39 forces engagées dans sa construction », pacte soumis à une votation
40 citoyenne nationale, en vue d’un candidat commun à l'élection
41 présidentielle désigné à travers une primaire citoyenne. Le congrès
42 décide que « les communistes travaillent pleinement à un tel processus
43 et d’y engager un·e candidat·e pour y mettre en débat nos idées et y
44 porter notre conception du rassemblement. »
45 Malgré nos efforts, l'ensemble du processus n’ira pas à son terme. La
46 conférence nationale du PCF du 5 novembre décide d’engager un
47 candidat communiste à l’élection présidentielle, mais une majorité de
48 communistes décident finalement de soutenir la candidature de Jean-

8
1 Luc Mélenchon, dans le cadre d’une « campagne autonome » mais
2 sans accord mutuel, sans cadre de campagne collectif et sans accord
3 pour les législatives.
4 De fait, cette situation rend la voix du PCF largement inaudible durant
5 la campagne présidentielle, avec un candidat dont le discours
6 s’éloigne de plus en plus de notre programme de 2012 et nous place,
7 de fait, en position de faiblesse pour les législatives, avec le résultat
8 (2,72 % des exprimés) le plus mauvais de notre histoire.
9 En effet, dans le cadre d’une présidentialisation poussée à l’extrême et
10 face à France insoumise bénéficiant de l’identification nationale de
11 son candidat à la présidentielle, la concurrence s’est révélée mortifère
12 pour nos candidats dans la très grande majorité des circonscriptions.
13 Nous obtenons cependant 11 députés et maintenons un groupe à
14 l’Assemblée nationale.
15 Nous sommes confrontés à une situation politique nouvelle marquée
16 par une recomposition en cours visant à empêcher toute alternative
17 face à une attaque sans précédent du capital contre toutes les
18 conquêtes sociales et démocratiques.
19 Nos scores électoraux ne traduisent pas l’audience réelle du PCF dans
20 le pays, ni les potentialités de reconquête de notre influence. Mais ils
21 sont facteurs d’affaiblissement, de perte de visibilité nationale,
22 d’effacement de notre parti.
23 Cela nous impose de tirer pleinement les leçons des difficultés
24 récurrentes rencontrées dans la construction des rassemblements.
25 À chaque fois, après un premier temps marqué par une dynamique
26 positive, répondant à des aspirations unitaires, les rassemblements
27 initiés ont abouti à notre affaiblissement et ont échoué à ouvrir une
28 alternative.
29 Plusieurs facteurs sont à l’œuvre :
30  le renvoi du rassemblement au sommet dans des cartels à
31 vocation électorale et la difficulté d’appropriation et de
32 mobilisation populaire autour des contenus se conjuguent pour
33 faire obstacle au développement du mouvement populaire
34  la difficulté à articuler notre ambition indispensable de
35 rassemblement avec la nécessité d’une intervention autonome
36 permanente du PCF, porteuse du projet communiste ; à défaut,
37 la dilution de notre action dans le cadre commun conduit à
38 l’effacement de nos idées et du parti
39  ces éléments sont renforcés par la présidentialisation croissante
40 de la vie politique, aggravée par le couplage des élections
41 présidentielle et législatives.
42 Notre congrès doit permettre de répondre à ces défis et de surmonter
43 les difficultés rencontrées au regard de la situation politique présente
44 et de nos choix stratégiques.

9
1 Notre affaiblissement n’est pas une fatalité. Nous avons confiance en
2 notre capacité collective à tirer les leçons de notre bilan pour
3 aborder l'avenir rassemblés, déterminés et confiants.

10
1 2- Relever les défis de la crise et de notre temps
2 L’humanité est entrée dans une ère nouvelle de tous les dangers, y
3 compris celui de sa disparition, mais aussi de tous les possibles. Tout
4 est interconnecté et tout s’entrelace. Il est impossible de penser la
5 mondialisation capitaliste et sa crise, sans penser écologie,
6 démocratie, féminisme, luttes pour la liberté, droits sociaux,
7 émancipation et égalité. Plus que jamais nous devons agir et penser
8 indissociablement global et local.
9 Ce début de 21e XXIe siècle a commencé par une crise majeure du
10 capitalisme financiarisée qui n’en est qu’à ses premiers
11 développements. Cette crise se conjugue avec les grands défis que
12 sont l’urgence écologique, la révolution numérique et
13 informationnelle, les mutations démographiques mais aussi la
14 transition urbaine qui fait que plus de 70 % de la population mondiale
15 se concentre dans des métropoles.
16 Pour tous ces défis, le capitalisme n’a pas de solutions, pire : il est le
17 problème. Il l’est d’autant plus qu’il est devenu un adversaire farouche
18 à tout développement de la démocratie. Il est le mort qui tente
19 d’étouffer de vif. Il est celui qui sacrifie la jeunesse et l’avenir pour
20 perpétuer sa domination.
21 La société nouvelle capable de relever les défis de notre temps ne
22 pourra advenir sans la victoires des luttes émancipatrices contre le
23 patriarcat, le racisme, les LGBTIphobies et toutes les dominations qui
24 taraudent notre monde. La question du pouvoir et de son exercice
25 restent l’enjeu de toute transformation profonde de la société.

26 2.1 Rassembler pour une issue à la crise du capitalisme


27 financiarisé et mondialisé
28 Alors qu’une nouvelle catastrophe s’annonce, la crise du capitalisme
29 nous place au défi de rassembler pour ouvrir une issue.
30 En 2007-2008, c’est une suraccumulation de capitaux matériels et
31 financiers qui est venue à éclater dans l’ensemble des pays capitalistes
32 développés. Après le krach de 2000-2001, en effet, les États et les
33 institutions internationales avaient été mobilisés pour sauver le capital
34 et accroître la rentabilité financière : l’argent des profits, des fonds
35 publics et du crédit a servi à alimenter la flambée des cours et des
36 investissements ; les nouvelles technologies, génératrices d’économies
37 massives de travail humain, ont été monopolisées par les
38 multinationales. La suraccumulation des capitaux a alors été relancée,
39 et a débouché sur la crise financière de 2007-2008. Résultats : un
40 chômage et une surexploitation fortement aggravés, un prélèvement
41 colossal sur les finances publiques, une insuffisance accrue des
42 débouchés amplifiant la guerre économique mondiale, le prélèvement
43 de monstrueuses rentes néocoloniales sur les peuples des pays les
44 moins développés et des risques multipliés d’affrontements armés.

11
1 Cette crise a déstabilisé les schémas intellectuels dominants entraînant
2 dans le même temps la mise et mis en cause de la légitimité du
3 système capitaliste. L’idée qu’il est nécessaire de rompre avec ce
4 système peut grandir : encore faut-il dessiner les chemins d’une telle
5 rupture et mettre en avant l’idée d’un autre système.
6 À droite comme chez les socialistes, la réponse à la crise du système a
7 été d’accroître l’intervention publique en faveur des profits et d’un
8 marché prétendument « régulé ».
9 Pour sortir de la crise, il aurait fallu, comme nous le proposions, au
10 contraire une nouvelle intervention publique pour mettre l’argent, les
11 richesses produites et la monnaie créée, au service non pas de la
12 rentabilité du capital, mais du développement de chacune et chacun,
13 de toutes et tous, dans le respect de la planète. L’urgence était de faire
14 reculer la domination du capitalisme mondialisé en faisant progresser,
15 dans les luttes, les urnes et les institutions, l’exigence d’autres règles,
16 d’autres critères et en particulier de pouvoirs décisionnels nouveaux
17 pour les travailleuses et travailleurs sur tous les choix
18 d’investissement.
19 Ce défi n’a pas été relevé. La domination des idées de concurrence
20 pour le profit a persisté, malgré les résistances et les combats menés.
21 Si les forces politiques se réclamant de la . La domination des idées
22 social-démocratie sont en crise, l’idée que l’intervention de l’État
23 pourrait suffire à corriger les fléaux du capitalisme demeure forte dans
24 l’opinion publique. Dans cette situation, la mocrates sur toute la
25 gauche, insuffisamment combattue, a persisté elle aussi. Tout cela a
26 ouvert la voie à une réaction néolibérale, ultraréactionnaire et
27 autoritaire ainsi que les populistesqu’aux populistes qui ont ajouté au
28 désarroi et à la confusion.
29 Les contradictions entre la logique du capital et les besoins de
30 développement humain nouveaux ont ainsi été accentuées. Cette
31 situation engendre des inégalités sans précédent mais aussi des
32 batailles qui ouvrent vers une autre conception de l’organisation de la
33 société.
34 Avec la révolution numérique et informationnelle, une nouvelle
35 efficacité économique, fondée sur le développement des capacités
36 humaines et sur le partage des informations, devient possible. Les
37 aspirations aux savoirs et à la créativité sont de plus en plus vives ; la
38 place nouvelle des connaissances dans la société ouvre des possibilités
39 inédites d’émancipation ; mais les multinationales utilisent les gains
40 de productivité pour faire baisser le « coût du travail », précariser les
41 emplois, soumettre les formations à leurs exigences de rentabilité. Les
42 salarié·e·s dont l’emploi est supprimé sont rejeté·e·s dans le chômage.
43 Cette crise systémique du capitalisme a accéléré l’aggravation de la
44 précarité et de la pauvreté : aujourd’hui, 8,8 millions de personnes en
45 France vivent sous le seuil de pauvreté monétaire. La destruction du
46 code du travail, le démantèlement du statut de la fonction publique et
47 les attaques contre le droit syndical ouvrent la voie à la remise en
48 cause de l’emploi stable et changent la structure même du monde du

12
1 travail : en 25 ans, les CDD ont doublé et l’intérim a quintuplé. De
2 nouvelles formes d’emploi sans protection se développent
3 (plateformes, auto-entreprenariat, etc.) Elles apparaissent comme une
4 solution pour les plus en difficulté et les entraînent dans une
5 hyperexploitation. Le droit à une retraite digne est également menacé.
6 La révolution démographique, avec l’allongement de la durée de la vie
7 et les besoins de santé et de dignité associés, la possibilité pour les
8 femmes de maîtriser la procréation, les nouvelles relations qui
9 s’instaurent dans les couples et dans les familles, sont porteuses de
10 libertés nouvelles, mais le capitalisme les utilise pour marchandiser
11 l’ensemble des temps de la vie.
12 Enfin, l’humanité a aujourd’hui le pouvoir de menacer sa niche
13 écologique : la planète. L’exigence d’expansion du capital met
14 radicalement en cause notre environnement, l’écologie, et met en
15 danger l’espèce humaine.
16 Nous devons développer en grand le chantier de la compréhension
17 marxiste de ces transformations et de la conquête par les travailleurs
18 comme par les peuples de leur maîtrise sociale et démocratique.
19 L’un des effets les plus sensibles de la crise est l’aggravation sans
20 précédent des inégalités, au point que se développent des batailles
21 nouvelles pour l’égalité et la solidarité.

22 2.2 Les défis d’une démocratie en crise


23 Partout à travers le monde, la globalisation du capitalisme
24 s’accompagne d’attaques contre les droits démocratiques les plus
25 fondamentaux, elle éloigne les citoyens des lieux réels de décisions.
26 La défiance à l’égard de la politique et de ses représentants se
27 renforce : faute d’avoir une prise réelle sur les décisions, des millions
28 de citoyen·ne·s se retirent du jeu démocratique et des
29 opportunitéccasions nouvelles s’ouvrent à des mouvements
30 réactionnaires.
31 En effet, à nos portes ou à l’autre bout du monde, des dynamiques
32 lourdes sont à l’œuvre pour permettre l’accession au pouvoir de forces
33 nationalistes et/ou néofascistes acquises à la défense des intérêts du
34 capital.
35 De l’Italie à la Hongrie en passant par la Pologne, des États-Unis de
36 Trump au Brésil de Bolsonaro, tous ne répondent pas aux mêmes
37 objectifs ; toutefois une lame de fond de repli, de rejet, traverse
38 l’ensemble des pays et gagne les esprits.
39 Les conséquences pour les peuples sont immédiates : reculs des droits,
40 atteintes aux libertés fondamentales, surveillance accrue ou encore
41 mise en œuvre de politiques discriminatoires sont désormais à l’ordre
42 du jour dans nombre de pays malgré les résistances qui s’y
43 développent.
44 En France, l’élection d’E. Macron a confirmé la montée en force
45 d’une technostructure au service des actionnaires, coupant dans les

13
1 dépenses publiques pour mieux servir les plus riches et n’hésitant pas
2 à asphyxier les collectivités, à réduire le débat démocratique et les
3 droits des travailleurs.
4 Les collectivités locales et les citoyens se sont saisis des lois de
5 décentralisation successives afin de faire de leurs territoires des
6 espaces de démocratie de proximité, d’expérimentation et de
7 résistance politiques. Elles font l’objet d’attaques afin de restreindre
8 leurs libertés d’action et le lien qu’elles ont construit avec les citoyens
9 de leurs territoires.
10 De la baisse des dotations à la suppression de la clause de compétence
11 générale, de la fusion à marche forcée des communautés de communes
12 ou urbaines à la métropolisation, tout est pensé pour éloigner chaque
13 jour davantage les habitants de la prise de décision politique.
14 Pour le capital la démocratie est une entrave, la coopération une
15 hérésie, l’objectif poursuivi relève aujourd’hui d’une mise en
16 concurrence des territoires et d’un affaiblissement de la démocratie de
17 proximité par une concentration autoritaire des pouvoirs.
18 Concernant l’entreprise, E. Macron amplifie le travail engagé par ses
19 prédécesseurs par une politique visant à priver les salariés, leurs
20 représentants et les populations de leurs capacités d’intervention.
21 Face à cette situation, les résistances se multiplient, l’exigence de
22 changer la politique et les institutions montent. De plus en plus de
23 citoyens n’en peuvent plus d’être réduits aux rôles de spectateurs ou
24 de consommateurs, ni les salariés à celui de simples exécutants. Il faut
25 mesurer le message politique de l’abstention. Il faut entendre le refus
26 de discrimination dans les représentations politiques. Il faut entendre
27 l’inquiétude vis-à-vis de médias quasi totalement maîtrisées par 9
28 milliardaires. Il faut mesurer l’impact de la crise institutionnelle de la
29 5e République qui tient à distance le pouvoir de tout contrôle populaire
30 et la portée de la proposition d’une 6e République qui replace le
31 citoyen au cœur de la prise de décision publique.
32 Un nouveau pacte républicain qui pense et construit ses politiques
33 publiques à la lumière des principes fondamentaux de liberté,
34 d’égalité, de fraternité et de laïcité est plus que jamais indispensable.
35 C’est la condition du vivre ensemble, le respect des identités
36 différentes, celui de la liberté individuelle et des droits collectifs
37 garantissant l’égalité entre tous les êtres humains.
38 Cette recherche d’institutions nouvelles mais aussi de nouveaux
39 droits, de respect et d’approfondissement des libertés mobilise de plus
40 en plus de citoyens sous des formes différentes, elle est au cœur de
41 notre projet et de notre conception de la politique fondée sur
42 l’accroissement des pouvoirs du plus grand nombre.

14
1 2.3 Révolution numérique : de nouveaux terrains de lutte de
2 classe
3 La révolution numérique et informationnelle appelle le développement
4 des capacités humaines et le partage dans une monde dominé
5 fondamentalement par l’appropriation et la priorité donnée au capital,
6 elle est de nature anthropologique.
7 Nos perceptions, notre comportement, notre rapport à la connaissance
8 et aux autres, notre psychisme en sont modifiés. Là où nous
9 sollicitions notre mémoire et notre aptitude aux raisonnements
10 logiques, nous faisons appel à notre créativité et nos capacités
11 d’invention. Révolution numérique et actuelle mondialisation
12 capitaliste sont indissociablement liées.
13 La révolution numérique est entrée dans une nouvelle phase où elle se
14 développe sur la base d’interactions entre données de masse,
15 intelligence artificielle et plateforme. Les plateformes sont les portes
16 d’entrée à la donnée transformée en information, ce qui font d’elles
17 des lieux de captation de la valeur. Elles visent au monopole, dans leur
18 domaine spécifique, afin de s’assurer une rente prédatrice. Elles sont
19 un mode de coordination et de mobilisation d’informations, de
20 moyens matériels et humains pour produire des biens et des services.
21 Elles sont aussi un puissant moyen de contrôle social.
22 Cette phase de la révolution numérique est dominée par une poignée
23 de firmes plateformes mondialisées aux capitalisations boursières
24 inédites mais fragiles. Elles ont une ambition politique mondiale et
25 s’arrogent des prérogatives régaliennes tout en échappant à l’impôt.
26 Le concept de l’État plateforme devient un moyen d’empêcher et de
27 décourager les citoyen-ne-s de faire valoir leurs droits, alors que le
28 numérique pourrait être un support de développement de la
29 démocratie participative dans la cité comme sur le lieu de travail. La
30 multiplication des capteurs collectant des données peut déboucher sur
31 un capitalisme de la surveillance généralisée, mais l’usage
32 démocratique de ces mêmes données serait un levier potentiel
33 d’intervention citoyen.
34 La révolution numérique bouleverse les entreprises : que cela soit au
35 niveau du fonctionnement des collectifs de travailleurs, du statut des
36 personnes qu’elles font travailler et des rapports avec les sous-
37 traitants, les filiales et les clients. Plus de 22 % des entreprises
38 pratiquent le télétravail ou le travail nomade. Le salariat reste
39 massivement dominant, mais il se transforme profondément :
40 pluriactivité, travail pour plusieurs entreprises, activité mixte entre
41 salariat et auto-entreprenariat... et des formes de travail liées aux
42 possibilités offertes par les plateformes numériques, se développent.
43 Les travailleurs sont dans une tension entre une recherche de liberté
44 hors du lien de subordination salariale, un besoin de sécurité et de
45 protection sociale, et une revendication très forte de dignité et de sens
46 pour leur travail.

15
1 Le numérique change le travail. Le travailleur est enjoint à s’adapter, à
2 réagir toujours plus vite et plus, à créer en permanence dans un
3 environnement où il doit « coopérer » avec des robots ou des
4 algorithmes, avec le risque de perte de maîtrise sur son travail, de
5 burn-out et d’invasion de la vie privée par le professionnel. À
6 l’encadrement hiérarchique se substituent les dictatures de la notation
7 de tous par tous, de la transparence absolue, de l’e-réputation. La
8 conception, l’innovation et la création sont de plus en plus socialisées
9 tout en permettant une individualisation et une décentralisation de la
10 production.
11 Le droit à la déconnexion, à la dégéolocalisation, le refus de
12 l’encadrement par la notation numérique, l’accès aux codes sources
13 des algorithmes et aux données, l’usage de logiciel libre,
14 l’appropriation des technologies numériques sont devenus des terrains
15 de lutte. Le numérique est aussi un outil pour disputer le pouvoir au
16 patronat sur la gestion et sur les choix stratégiques des entreprises.
17 Le numérique détruit, transforme et crée emplois et métiers tout à la
18 fois. Il y a donc une tension entre les potentialités émancipatrices de la
19 révolution numérique et une réalité faite d’une intensification de
20 l’exploitation, d’insécurité sociale et d’aliénation. L’empreinte
21 écologique importante du numérique appelle à révolutionner les
22 rapports sociaux de production. Jamais, l’humanité n’a disposé
23 d’outils aussi puissants pour se connaître, analyser et agir sur son
24 environnement. Si nous voulons reprendre la main sur notre destin,
25 nous devons mettre fin au pouvoir des grandes firmes plateforme du
26 numérique. La maîtrise sociale des données, de l’intelligence
27 artificielle, la propriété des plateformes font déjà l’objet de luttes de
28 résistance, de combats émancipateurs, de batailles pour la conquête de
29 nouveaux droits et pouvoirs, associés à la construction de nouvelles
30 institutions démocratiques dont les communs pourraient être l’un des
31 pivots.

32 2.4 L’urgence écologique exige une véritable révolution


33 Alors que la nature devrait être un bien commun, le capitalisme
34 l’exploite avec la même férocité que les êtres humains. La nature est
35 marchandisée, voire privatisée. Le capitalisme est le principal
36 responsable de la crise écologique et du réchauffement climatique,
37 dont les effets ne sont plus contestés. Chacun pressent que l’avenir de
38 l’espèce humaine se joue dans la relation qu’entretient l’humain à la
39 planète. La pollution, la spoliation des terres par les multinationales
40 industrielles et financières, les délocalisations d'industries là où les
41 normes sociales et environnementales sont quasiment inexistantes, la
42 responsabilité écologique des pays riches à l’égard des pays en
43 développement sont des réalités prégnantes.
44 Partout dans le monde, les préoccupations et les luttes écologistes
45 conduisent à une prise en compte plus forte de ces enjeux et de
46 l’immensité des besoins sociaux. Ces luttes sont multiformes, elles

16
1 touchent les économies d’énergie, la santé, l’alimentation, la pollution
2 de l’air, la production énergétique, l’aménagement et les transports ;
3 elles s’appuient sur des changements de comportement individuel
4 comme sur des mouvements sociaux (marches pour le climat) ou sur
5 des politiques ambitieuses.
6 Ces luttes se heurtent de façon de plus en plus claire aux lobbys et aux
7 intérêts des capitalistes, qui détiennent ces firmes, qui parviennent,
8 comme pour le glyphosate ou la production pharmaceutique, à
9 paralyser l’action publique. L’écologie est au centre des luttes de
10 classe d’aujourd’hui, des contradictions capital/travail, capital/nature.
11 Les communistes, sur le terrain et dans l’ensemble des institutions
12 nationales et européennes, articulent luttes contre le capitalisme et
13 luttes écologistes.
14 Ces questions font l’objet d’une vaste bataille politique entre tenants
15 du capitalisme vert, de la régulation et nos propres ambitions de
16 rupture avec le mode de production capitaliste. La situation est
17 urgente : dans notre pays, on compte près de 50 000 décès prématurés
18 dûs à la pollution atmosphérique et 12 millions de personnes vivent en
19 situation de précarité énergétique. Lorsque le Groupe d'experts
20 intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) annonce qu’il
21 faudrait dépenser 2 400 milliards d’euros par an pendant 20 ans pour
22 limiter le dérèglement climatique, il met en évidence un défi dont
23 l’ampleur exige une véritable révolution. Pour réussir la révolution
24 écologique, une révolution sociale est donc nécessaire. Cela implique
25 de s’attaquer à la domination du capital, à ses pouvoirs, à ses règles, à
26 ses critères, à la façon dont il imprègne notre culture et nos modes de
27 vie, de poser les questions des gestions nouvelles, de la mobilisation
28 de l’argent, pour le progrès social et écologique.

29 2.5 La revendication d’égalité entre les femmes et les hommes :


30 un mouvement mondial sans précédent et profondément
31 révolutionnaire
32 Le puissant mouvement mondial #Metoo contre les violences sexistes
33 et sexuelles faites aux femmes porte en lui des éléments de remise en
34 cause de l’ordre social établi. L’oppression des femmes, qui
35 représentent la moitié de l’humanité, est spécifique, car elle est à la
36 fois le produit de la société de classes, mais aussi de la famille et de la
37 société patriarcale. Le patriarcat, c’est-à-dire le système social de
38 domination des hommes sur les femmes, a précédé le capitalisme. Ce
39 sont deux systèmes qui se nourrissent mutuellement sans jamais se
40 confondre. Ils ont structuré nos sociétés notamment en formalisant la
41 séparation des lieux de production et ceux de reproduction, en
42 assignant le travail domestique aux femmes, en assignant les femmes
43 à un rôle de subordination… Le cadre familial est le premier lieu des
44 violences faites aux femmes. Aujourd’hui, il n’est plus possible de les
45 ignorer, tant la vague de témoignages est immense. Ils proviennent de
46 femmes de toust âges, de toutes origines sociales. Cette dénonciation
47 sans précédent a rendu visible l’ampleur et le nombre de femmes

17
1 victimes de harcèlement, de violences sexuelles et de viols dans la
2 sphère familiale, le monde du travail et l’espace public. Ce
3 mouvement a mis à mal l’illusion que l’égalité femmes-hommes serait
4 acquise.
5 Les femmes ont toujours été actrices de leur libération et
6 émancipation. Le droit à la contraception et à l’IVG a permis aux
7 femmes de reprendre le contrôle de leur corps, de choisir leur
8 sexualité et leur maternité. Remis en cause partout sur la planète, il est
9 au cœur de luttes féministes déterminantes, contre les attaques
10 puissantes des réactionnaires et des intégristes religieux. La
11 marchandisation des corps (prostitution, GPA : gestation pour autrui)
12 est également l’objet de fortes mobilisations pour en libérer la société.
13 Les inégalités salariales entre les femmes et les hommes à travail de
14 valeur et de qualifications égales sont de moins en moins supportées et
15 apparaissent pour ce qu’elles sont : une inégalité systémique, une
16 injustice d’un autre temps. Elles doivent être abolies. Les femmes
17 figurent parmi les premières victimes de la précarité, de la destruction
18 du code du travail et du statut de la fonction publique.
19 La libération de la parole des femmes contre les violences sexistes et
20 sexuelles vient de dénoncer l’illusion d’une « fin de l’Histoire » en
21 matière d’égalité femme-homme. Le droit à disposer de son corps est
22 au cœur d’une lutte féministe décisive partout sur la planète. Le
23 combat pour l’égalité au travail – notamment salaire et déroulement de
24 carrière – comme hors travail, pour le partage des pouvoirs et des
25 rôles, doit être mené avec détermination jusque dans notre
26 organisation.
27 Le niveau de prise de conscience des mécanismes du patriarcat est tel,
28 actuellement, que le mouvement féministe peut être porteur de
29 transformations révolutionnaires. Agir en faveur d’un nouveau
30 développement pour l’humanité tout entière implique de lutter
31 conjointement contre le capitalisme et le patriarcat jusqu’à leur
32 abolition et la construction d’une nouvelle civilisation.
33 Les transformations qui bouleversent le monde contemporain donnent
34 à ce combat une portée profondément nouvelle. En finir avec les
35 racines profondes du patriarcat et des discriminations touchant les
36 femmes va de pair avec la perspective d’un dépassement du
37 capitalisme jusqu’à son abolition et à la construction d’une nouvelle
38 civilisation.
39
40 2.6 Pour l’égalité totale des droits des personnes LGBTI+
41 Les exigences d’émancipation et d’égalité posent la question de la
42 reconnaissance et du respect des droits des personnes lesbiennes,
43 gaies, bisexuelles, transgenres, intersexes (LGBTI+). L’émancipation
44 passe donc par le fait que la société cesse de s’appuyer sur un schéma
45 binaire hétéronormé alors que de nombreuses personnes ne s’y
46 inscrivent pas. Les agressions, les LGBTIphobies, les discriminations
47 sur les lieux de travail et ailleurs restent une réalité quotidienne pour

18
1 les personnes LGBTI+. Elles devraient relever d’une application
2 stricte de la loi et de condamnations systématiques. Les luttes menées
3 pour l’émancipation de chacun affirment l’égalité de tous et la liberté
4 fondamentale de vivre son orientation sexuelle et son identité de genre
5 telles que chaque personne l’entend. Elles requièrent, en France
6 comme partout dans les relations internationales, l’engagement
7 profond et systématique du PCF et sa présence résolue sur le terrain.
8 De nombreux droits restent à conquérir, à consolider et à faire passer
9 dans le quotidien de notre société. Il reste encore beaucoup à faire
10 dans notre pays, notamment sur la PMA pour toutes les femmes et
11 tous les hommes transgenres, le changement d’état civil pour les
12 personnes transgenres, le don du sang, et l’application ferme des lois
13 contre les discriminations et les violences.

14 2.7 L’antiracisme inséparable du combat pour l’égalité et


15 l’émancipation
16 Les actes racistes, antisémites, xénophobes, de haine des musulmans,
17 quelles que soient leurs cibles et leur nature, sont toujours très
18 nombreux et augmentent en France. Cela correspond à un paysage
19 européen extrêmement inquiétant, avec l’essor de l’extrême droite
20 xénophobe et ethniciste et la complaisance de la droite vis-à-vis de
21 cette dernière.
22 Le racisme est un rapport social de domination, d’exploitation et
23 d’oppression. Il se différencie de la xénophobie qui est une relation
24 d’hostilité envers l’étranger. Il s'appuie à la fois sur des fractures de
25 l'histoire, des discriminations enracinées et des imaginaires puissants,
26 qui reproduisent en permanence l'exclusion de secteurs entiers de la
27 population Ces représentations conduisent des citoyen.nes, français·es
28 depuis plusieurs générations et descendant·es de l’immigration
29 postcoloniale ou des citoyen.nes d’outre-mer, à subirssent elles/eux-
30 mêmes le racisme et un certain nombre d’entre elles/eux à se vivre
31 comme racisé·e·s.
32 Ces questions interpellent la société française et la gauche. Notre parti
33 doit poursuivre sa réflexion et l’approfondir afin d’y apporter ses
34 réponses communistes.
35 Le racisme prend aujourd’hui une dimension structurelle voire
36 institutionnalisée : accès à l’emploi, logement, contrôles au faciès, etc.
37 Le racisme s’articule avec les rapports de classe et de genre : ces
38 systèmes se nourrissent mutuellement sans jamais se confondre.
39 Toutes ces oppressions sont contraires à l’émancipation humaine, il
40 faut les traiter ensemble en posant l’exigence de dignité et d’égalité de
41 traitement.

42 2.3 Face à la progression du racisme et de la xénophobie, des


43 solidarités nouvelles se cherchent
44 Le racisme et la xénophobie se nourrissent des divisions engendrées
45 par le chômage et par la compétition pour l’accès à l’emploi. Ils
46 s’appuient sur l’ampleur des discriminations, trop fréquentes dans les

19
1 actions policières, mais aussi sur la négation du droit au travail et au
2 logement, de l’accès aux services publics dans les zones déshéritées,
3 de l’accès au savoir et à la culture. Ils sont utilisés pour organiser la
4 guerre de tous contre tous, à partir des replis identitaires et
5 communautaires qui, pour certaines et certains parmi les plus
6 dominé·e·s, semblent seuls pouvoir répondre aux besoins de
7 protection face aux violences sociales. Ils offrent un terrain à
8 l’instrumentalisation par des groupes sectaires, voire terroristes, des
9 détresses sociales et morales qui frappent trop de jeunes. Nous devons
10 montrer que ces humiliations insupportables, ces formes visibles de
11 l’absence d’égalité réelle dans la République, révèlent l’ampleur et le
12 caractère multidimensionnel des inégalités de classes.
13 Les politiques migratoires et le traitement indigne des réfugiés en
14 France et en Europe relancent les idées racistes, traduisent la volonté
15 d’une Europe « forteresse ». Elles vont de pair avec l’acceptation des
16 guerres néocoloniales et du pillage des pays dominés qui engendrent
17 des migrations de survie. Elles masquent le refus d’un grand essor des
18 services publics pour répondre aux besoins de toutes les populations
19 au lieu de les opposer.
20 Mais tout cela suscite des mobilisations et des solidarités nouvelles
21 qui témoignent de potentiels de rapprochement car, comme l’a écrit
22 Marx, « le travail sous peau blanche ne peut s’émanciper là où le
23 travail sous peau noire est stigmatisé et flétri ».
24 Les réponses capitalistes à la crise nourrissent des dérives autoritaires
25 lourdes de danger pour la démocratie, la stabilité du monde et la paix.
26 Il est urgent de reconquérir, individuellement et collectivement, le
27 pouvoir sur nos vies.
28 La marchandisation effrénée qui réduit les personnes à des choses et à
29 des coûts se heurte à l’aspiration, de plus en plus largement partagée, à
30 l’épanouissement des personnes et à la liberté. La logique capitaliste a
31 de plus en plus besoin, pour s’imposer, d’autoritarisme et de violence.

32 2.8 Les luttes de la jeunesse sont symptomatiques des aspirations


33 nouvelles et de la violence à laquelle elles se heurtent
34 Alors que la jeunesse est porteuse d’expériences et d’aspirations
35 multiples, elle se heurte aux principes de mise en concurrence et de
36 compétition propres au capitalisme. Contrairement aux poncifs
37 véhiculés par la droite et l’extrême droite, les valeurs de solidarité,
38 d’égalité et de justice ont du sens au sein de la jeunesse. Le
39 capitalisme prétend satisfaire aux attentes de la jeunesse alors qu’il est
40 incapable de répondre à ses besoins d’émancipation. Pourtant, dès leur
41 accès à la formation et au monde du travail, les jeunes constituent
42 pour le capitalisme une porte d’entrée privilégiée pour précariser toute
43 la société.
44 Ils et elles paient La jeunesse paie très cher les reculs sociaux,
45 démocratiques, culturels imposés par le capital. Ils et elles La jeunesse
46 sont est lourdement frappé·e·s par le chômage. Les jeunes sont obligés

20
1 de passer par de longs sas de précarité avant d’espérer accéder à une
2 situation stable leur permettant de construire leur avenirse projeter
3 dans l’avenir. Bien qu’ayant un niveau de connaissances plus élevéque
4 mieux formés que leurs parents, ils et elles vivront probablement
5 moins bien qu’eux. La dégradation des services publics pénalise tous
6 les usagers et impacttouche particulièrement les jeunes dans leurs
7 accès aux droits. Les premièr·e·s concerné·e·s sont les jeunes des
8 communes rurales et des quartiers populaires. Ces dernier·e·s sont Ils
9 et elles sont victimes de stigmatisations stigmatisation et de
10 discriminations, encore plus fortement selon leur lieu de
11 résidence.surtout celles et ceux des quartiers les plus pauvres.
12 La contradiction entre l’avenir qui leur est assigné et leurs aspirations
13 est C’est source de détresse, mais aussi, de plus en plus, de révoltes et
14 de mobilisations : les lycéennes et les lycéens, les étudiantes et les
15 étudiants contre Parcoursup revendiquent leur droit à une formation
16 de haut niveau, les jeunes cheminotes et cheminots, les jeunes
17 salarié·e·s de la fonction publique et dans les entreprises sont souvent
18 en première ligne dans des luttes dures pour les droits, la dignité, les
19 salaires. Nous devons donner de l’écho aux luttes engagées par les
20 jeunes, à leur envie d’être écouté·e·s et autonomes. Agir avec la
21 jeunesse et favoriser son émancipation sera indispensable pour lutter
22 efficacement contre le capitalisme.
23
24 *
25 * *
26 Le capital se nourrit de tout ce qui divise les êtres humains. Chercher
27 ce qui les unit et y travailler activement, c’est combattre l’ordre établi.
28 Conjuguons luttes de classe et d’émancipation.
29 Notre époque est celle d’un conflit violent entre le vieux monde
30 capitaliste, rongé par la surexploitation et le cancer financier, et
31 d’immenses possibilités d’émancipation et de partage qui ouvrent la
32 voie vers une nouvelle civilisation. Un nouveau choc se prépare, plus
33 profond et plus mondial. Tout donne à penser qu’il sera plus violent.
34 Pour affronter ce choc, pour mener cette bataille, nous avons besoin
35 du parti communiste.
36 Nous devons nous donner les moyens d’alerter sur la catastrophe qui
37 vient, d’agir, de rassembler et d’éclairer dans l’action sur la nécessité
38 de mettre en cause le capitalisme pour un changement de société et de
39 civilisation. Ouvrons le débat sur ce que peut être une société qui se
40 dégage de sa domination et fait grandir des transformations
41 révolutionnaires, une cohérence d’objectifs politiques, de moyens et
42 de pouvoirs, vers le communisme. mais ne l’a pas encore dépassée
43 pour l’abolir vraiment, une société qui construit transition socialiste
44 vers une civilisation supérieure, le communisme.
45 Le développement des idées et des propositions communistes, dans la
46 société, au service d’actions et de transformations de portée
47 révolutionnaire, est aujourd’hui un enjeu politique majeur, en France,

21
1 en Europe et dans le monde. C’est la clé de notre congrès
2 extraordinaire.

22
1 3- Le communisme de notre temps : idéal
2 éthique, visée historique, chemin de lutte
3 Les réponses capitalistes aux défis de notre temps, fondées sur une
4 exploitation sans limite des êtres humains et des ressources naturelles
5 minent les bases même d’une civilisation humaine. Elles se heurtent à
6 des contradictions insurmontables. Alors que le niveau atteint par les
7 connaissances et techniques ouvre de nouveaux horizons à l’humanité,
8 notre mode de développement la conduit dans une impasse aux
9 conséquences gravissimes : les désordres climatiques et
10 environnementaux, les guerres et les injustices mettent le devenir
11 humain en danger.

12 À cette organisation sociale centrée sur la réalisation de profits


13 toujours plus élevés et l’accaparement des richesses par une infime
14 minorité concentrant l’essentiel des pouvoirs, doit succéder un
15 nouveau cours, une nouvelle société centrée sur l’accomplissement
16 d’une humanité riche et épanouie, fondée sur le partage et la
17 collaboration, prenant soin de tous et de tout, débarrassée des
18 exploitations et des dominations qui les accompagnent.

19 Le communisme est le processus par lequel les hommes et les femmes


20 dépassent le capitalisme, nourri de luttes quotidiennes, sociales,
21 politiques et sociétales et de rassemblements politiques construits sur
22 des perspectives partagées par le plus grand nombre.

23 Il Le projet communiste vise une transformation radicale de notre


24 société pour une société de partage des richesses, mais aussi des
25 pouvoirs, des savoirs et des rôles : une société sans classes, sans
26 guerres, dépassant les nations ; une société où exploitation et
27 aliénations sont abolies. En cela le communisme s’oppose
28 radicalement au capitalisme et à son idéologie, le libéralisme. Il
29 s’oppose à toute forme de domination et porte une nouvelle
30 conception du développement humain sans hiérarchie des luttes
31 émancipatrices.

32 Le communisme est à la fois l’objectif et le chemin menant à une


33 société dont le but et le moyen deviennent progressivement le
34 développement émancipé de chacune et de chacun, comme personne
35 et en société, ou comme disait Marx comme « individu intégral ». Une
36 société où « le libre développement de chacun devient la condition de
37 libre développement de toutes et tous ».

38 En ce sens, les luttes immédiates à organiser et les rassemblements à


39 construire doivent contribuer à ouvrir le chemin vers cette nouvelle
40 société. Le communisme est donc inséparable d’objectifs sociaux et
41 écologiques ambitieux, de pouvoirs démocratiques inédits, de moyens
42 financiers nouveaux qui dessinent une étape radicale vers le but final
1 des avancées émancipatrices vers une transformation radicale de
2 civilisation.

3 3.1 Le communisme à l’ordre du jour

4 La crise du système capitaliste et ses contradictions d’une profondeur


5 inédite ouvrent une nouvelle période historique. Avec les débuts de la
6 révolution technologique informationnelle, et ses exigences de
7 partage, la perspective d’aller « au-delà » du marché capitaliste prend
8 un caractère plus concret.

9 Le développement des capacités de chacune et chacun, l’émancipation


10 de la personne dans toutes ses dimensions, devient nécessaire pour le
11 bien commun de toute la société. Cela rencontre les formidables
12 aspirations à l’émancipation personnelle.

13 Les besoins nouveaux de créativité dans le travail comme dans le


14 débat démocratique poussent en faveur d’une prise de pouvoir par les
15 travailleuses et les travailleurs dans l’entreprise, les citoyennes et les
16 citoyens dans les institutions et les territoires.

17 Tout le système d’actuelle de délégation de pouvoir doit être dépassé,


18 comme y invite la crise profonde de la démocratie parlementaire, mais
19 aussi l’étouffement de la créativité des salarié·e·s dans les entreprises
20 par les monopoles du des pouvoirs patronalux. Tout développement de
21 la démocratie entre en contradiction radicale avec le capitalisme ; c’est
22 au contraire, pour nous, le but et le moyen de notre combat
23 révolutionnaire.

24 Un dépassement du capitalisme pour l’abolir n’est donc plus


25 seulement une utopie, une idée qu’il s’agirait de formuler sans la
26 mettre en pratique.

27 C’est un processus de transformation révolutionnaire et démocratique


28 que nous devons chercher à construire par nos propositions et notre
29 projet, et à faire vivre au cœur des luttes sociales et d’idées.

30 Cela suppose pour les communistes un grand débat sur ce que peut
31 être le dépassement du capitalisme.

32 Un effort de renouvellement et de novation est en effet devant nous,


33 de même qu’une bataille d’idées est à mener. Car l’idéal communiste,
34 longtemps identifié au grand espoir soulevé dans le monde par la
35 révolution soviétique et l’édification de l’URSS à partir d’une Russie
36 arriérée, a été défiguré par de terribles dérives du système soviétique
37 et a été atteint par son effondrement dans une crise profonde.

38 L’idéal communiste, longtemps identifié au grand espoir soulevé dans


39 le monde par la révolution d’Octobre, a été défiguré par les crimes du

24
1 stalinisme, la négation de la démocratie. Il a, en outre, été atteint par
2 l’effondrement du système soviétique à l’issue d’une crise profonde
3 d’inefficacité économique. Un effort de novation est devant nous, de
4 même qu’une bataille d’idées est à mener pour mettre le communisme
5 à l’ordre du jour dans les consciences, l’inscrire au centre des débats
6 sur le devenir du monde, faire mesurer combien notre société porte
7 cette nécessité.

8 3. 2 Un processus révolutionnaire

9 Pour nous, le communisme n’est pas un projet de société figé et


10 achevé que nous aurions seulement et par notre seule volonté à faire
11 partager. Il est un mouvement réel pour l’émancipation de chacun·e et
12 de toute la société. Il est tout à la fois un but et un chemin de lutte et
13 de transformation s’appuyant constamment sur la mise en mouvement
14 du plus grand nombre, favorisant l’élévation du niveau de conscience,
15 donnant force aux élans et expériences qui existent et se développent.
16 Celles-ci traduisent de puissantes aspirations, déjà présentes dans la
17 société, de dépassement des rapports d’exploitation et de toutes les
18 dominations. En cela, le communisme est un processus historique
19 d’abolition réussie du capitalisme, du racisme, du patriarcat, poussant
20 tous les acquis de civilisation de ce système et, supprimant ses maux,
21 vers une nouvelle civilisation dans laquelle le libre développement de
22 chacun·e est la condition du libre développement de tou·te·s. C’est
23 cela le dépassement du capitalisme.

24 Il s’agit de dépasser l’enfermement de chacune et chacun dans les


25 aliénations d’un travail, d’une consommation et d’une vie sociale
26 dominées par une production au service de la marchandisation et de
27 l’accumulation, qui détruit les êtres humains et la nature ; et, en
28 dépassant la soumission des activités à l’accumulation capitaliste, de
29 faire avancer une efficacité sociale pour le droit au bonheur de
30 chacune et chacun.

31 Nous devons constamment réfléchir et agir à partir des contradictions


32 de la société et des consciences. En effet, même s’il est affecté et
33 travaillé par l’offensive du capital, le mouvement réel de la société est
34 complexe, riche et contradictoire. Les luttes du monde du travail,
35 malgré les offensives de régression sociale et l’hostilité des médias,
36 continuent de marquer avec force le réel. Au sein des entreprises, le
37 travail est affecté par ces réalités montantes. À l’heure de la révolution
38 informationnelle et numérique, l’intelligence partagée, le travail
39 décloisonné entre des collectifs qui échangent en permanence est une
40 exigence majeure contradictoire avec les stratégies de mise en
41 concurrence des salariés et les exigences de rentabilité du capital. On
42 le voit à la diversité des combats citoyens qui se multiplient, aux
43 pratiques de co-élaboration et d’« agir ensemble » qui connaissent un
25
1 développement foisonnant dans l’économie sociale et solidaire, dans
2 des structures nouvelles (tiers lieux ou fabs labs) ou encore dans le
3 secteur associatif. Ce sont autant de points d’appui déjà présents dans
4 le réel : ils représentent un potentiel considérable de rejet des
5 dominations, des rapports capitalistes sur la société. Le processus
6 révolutionnaire implique pour les communistes d’être immergé·e·s
7 dans les luttes multiformes, les pratiques solidaires et émancipatrices,
8 de contribuer à rassembler autour d’elles, d’agir pour qu’elles
9 convergent en acquérant plus de lucidité sur la nature des obstacles
10 qu’elles rencontrent et sur la nécessité de propositions alternatives et
11 de rassemblements.

12 Ce faisant, nous pourrons mieux convaincre de la nécessité d’une


13 révolution des rapports sociaux de production avec :

14 Cela signifie une révolution des rapports sociaux de production :

15 – une appropriation sociale des moyens de production, d’échange et


16 de financement, de la gestion des entreprises, une transformation
17 des buts poursuivis, des pouvoirs de décision, et des critères de
18 gestion au service de l’efficacité sociale s’appuyant sur des formes
19 de propriété et de pouvoir nouvelles.

20 – l’avancée d’une sécurité d’emploi ou de formation, avec des


21 activités de développement des capacités de chacune et chacun,
22 garantissant une continuité de revenu tout au long de la vie,
23 dépassant le salariat capitaliste, vers une société sans classe. Notre
24 proposition doit alimenter un grand débat au regard des
25 propositions de salaire à vie, revenu universel ou Sécurité sociale
26 professionnelle, suscité par la crise du marché du travail.

27 – Un nouvel âge de la démocratie à tous les niveaux et dans tous les


28 domaines impliquant notamment des pouvoirs d’intervention
29 directe, décentralisés, de tous les acteurs sociaux, des citoyennes et
30 citoyens.

31 Cela suppose une révolution politique qui, à chaque étape, arrache


32 toujours plus au capital la maîtrise des leviers de pouvoir, notamment
33 ceux de l’État. Cela signifie une transformation ininterrompue des
34 institutions, avec des pouvoirs d’intervention directe, décentralisés, de
35 tous les acteurs sociaux, des citoyennes et citoyens. Cela permettrait
36 de pousser la démocratie jusqu’au développement de l’autogestion
37 économique et politique.

38 Dans cette nouvelle civilisation, chacune et chacun aurait tous les


39 moyens effectifs de contribuer à son propre bonheur. Forte de
40 nouvelles valeurs, cette civilisation permettrait l’épanouissement et la
41 créativité de chaque individu et de toutes et tous, ensemble.

26
1 L’humanité pourrait mettre un terme à toutes les dominations sociales
2 et à toutes les formes de discrimination, pour une société d’égalité
3 dans la différence. Elle deviendrait capable de transmettre la Terre aux
4 générations futures, en respectant son intégrité, sa diversité, sa beauté.

5 3.3 Porter un projet communiste

6 Travail, emploi, salaires (marché du travail), services publics, biens


7 communs et développement humain, rôle de l’entreprise et de la
8 production, pouvoirs, institutions politiques, finance et
9 mondialisation : tels sont les chantiers du communisme que nous
10 devons investir immédiatement. Un projet communiste doit comporter
11 des axes de transformation révolutionnaire. Ceux-ci doivent être
12 cohérents pour une transformation effective. Sa configuration doit se
13 modifier au rythme de l’expérience acquise par les luttes, comme au
14 rythme de l’avancée des connaissances. Il s’agit, au total, d’avancer en
15 pratique en rassemblant largement, malgré les conflits inévitables, les
16 contradictions, les compromis et les incertitudes dans une construction
17 qui puisse changer réellement la société.

18 Des objectifs sociaux transformateurs

19 L’emploi au cœur de la transformation sociale : notre proposition de


20 sécurité d’emploi et de formation

21 Le chômage, la précarité et « les jobs de merde » les boulots vides de


22 sens ne sont pas des fatalités. Nous voulons avancer vers une sécurité
23 d’emploi et de formation permettant à chacune et chacun de conjuguer
24 mobilité choisie et sécurité accrue de ses revenus et de ses droits.
25 Cette proposition prendant appui sur l’aspiration partagée à une
26 formation et à une mobilité choisie, à un travail utile et qui ait du sens,
27 comme sur la nécessité pour la société d’élever le niveau de formation
28 et de qualification pour répondre aux besoins de souplesse et
29 d’adaptabilité de la production moderne. Ce système pleinement
30 réalisé permettrait de supprimer le chômage, de révolutionner le
31 contenu du travail, de dépasser l’opposition travail-hors travail, tout
32 en répondant au besoin de souplesse, de progrès et d’adaptabilité de la
33 production moderne. Il ouvre la voie à une nouvelle organisation des
34 temps de la vie, donnant à toutes et tous plus de temps pour se former,
35 plus de temps à consacrer à sa famille, plus de temps pour la vie
36 sociale. Progresser dans sa construction est inséparable de la défense
37 et de la promotion d’une protection sociale efficace parce que financée
38 à partir des richesses créées dans les entreprises. Un nouvel élan pour
39 une Sécurité sociale du 21e XXIe siècle est nécessaire. Cela doit
40 permettre le remboursement à 100 % des soins prescrits, la prise en
41 charge de la perte d’autonomie et l’universalité de la politique
42 familiale. Dans le cadre d’une société pour tous les âges, la retraite

27
1 financée par la Sécurité sociale, à prestations définies, doit permettre
2 une vie digne à partir de 60 ans, dans la continuité d’une alternance de
3 formation et d’emploi entre 18 et 60 ans avec une sécurité des
4 revenus. Des éléments essentiels d’avancées immédiates vers ce projet
5 ont déjà fait l’objet d’une proposition de loi des députés communistes.

6 La culture et l’émancipation humaine sont au cœur de ce projet. Plus


7 celui-ci va se développer, plus il va appeler à une nouvelle culture, à
8 un dépassement des anciennes cloisons, plus il va nécessiter la
9 participation de chacune et chacun aux activités culturelles et
10 créatrices.

11 La culture, levier essentiel de l’émancipation humaine

12 La culture et la création artistique sont au cœur du projet communiste :


13 elles sont un levier de l’émancipation humaine. Penser le monde et sa
14 propre place, en proposer une lecture renouvelée, étendre les capacités
15 créatrices de chacune et chacun, comme se mesurer à l’acte de
16 création en toute liberté, sont des conditions du mouvement de la
17 société et du plein épanouissement de ses membres. L’accès à la
18 connaissance, la construction d’un regard critique et la rencontre avec
19 l’immense acquis universel des œuvres de la pensée sont des actes
20 fondateurs d’une humanité nouvelle. Riches d’un rapport historique et
21 exigeant à la vie culturelle et à la création, profondément attachés à la
22 liberté et à l’égalité, les communistes promeuvent un nouvel âge du
23 service public de la culture, décentralisé, démocratique et doté des
24 moyens de son efficacité pour encourager la participation de chacune
25 et chacun aux activités culturelles et créatrices. Le PCF doit être à
26 l’initiative afin de renforcer ses liens avec le monde de la culture et
27 des arts, réinventer une langue poétique et politique commune avec les
28 artistes et les intellectuels, bâtir une véritable politique de la
29 mondialité culturelle.

30 Une nouvelle expansion des services et du secteur publics

31 Les services publics doivent être une pierre angulaire de la


32 construction d’une nouvelle citoyenneté et de la promotion de biens
33 communs dans tous les domaines. Il s’agit de contester la domination
34 du marché et de la concurrence aveugle, promue par les institutions
35 européennes, pour promouvoir un système de coopération où les
36 services publics rénovés et de nouvelles entreprises publiques
37 joueraient un rôle décisif d’entraînement.

38 Il est indispensable de promouvoir des entreprises publiques dans les


39 secteurs de la production et des services, visant la réponse efficace aux
40 besoins populaires et la sécurisation de l’emploi et de la formation.
41 Cela implique une transformation profonde des gestions avec de
42 nouveaux critères, une barrière efficace à l’entrée des capitaux privés,
43 des financements émancipés des marchés financiers, des pouvoirs
44 d’intervention des salariés et de concertation avec les usagers, des

28
1 coopérations très nombreuses et intimes en France, en Europe, dans le
2 monde.

3 Pour une éducation pour toutes et tous

4 Le communisme vise à l’émancipation de tous les individus. Dans ce


5 cadre, la formation joue un rôle primordial.

6 Nous affirmons que toutes et tous sommes également capables de


7 réussir, pour peu que l’École soit pensée pour celles et ceux qui n'ont
8 rien d'autre que l’école pour réussir à l’école. Le capitalisme
9 néolibéral, concevant désormais l’École et le système de formation –
10 enseignements primaire, secondaire et supérieur – comme un outil
11 pourvoyeur de compétences et d'innovations utiles à la production, se
12 propose de former sa main-d'œuvre en adaptant et individualisant les
13 parcours et les contenus pour que ce plus haut niveau de formation et
14 de créativité ne favorise pas une maîtrise accrue sur le travail, sur des
15 choix collectifs et donc sur des pouvoirs nouveaux. En parallèle, il fait
16 de la connaissance une valeur marchande, soumet l'école à sa culture
17 de l'évaluation et aux normes de fonctionnement des entreprises,
18 développe un marché scolaire en dehors de l'école et promeut un
19 enseignement supérieur sélectif et payant.

20 Face aux projets du capital pour l’école, il s'agit de construire une


21 école de l'émancipation, dont l'objectif ne soit pas de sélectionner une
22 élite et dans laquelle la réussite serait pensée les uns avec les autres, et
23 non les uns contre les autres. Cela passe par la revalorisation du métier
24 d'enseignant.e, un abaissement des effectifs par classe mais aussi par
25 la construction d'un nouveau contenu, de haut niveau et commun à
26 tou.t.es, avec pour référence celui ou celle pour qui l'école n'est pas
27 faite, intégrant les cultures technologiques et professionnelles dans la
28 culture dite générale, refusant la territorialisation ou l'externalisation
29 des enseignements culturels et sportifs, pour permettre aux élèves
30 futurs travailleurs et citoyens de se construire.

31 La formation tout au long de la vie, comme l'éducation populaire,


32 doivent également être placées au cœur des politiques publiques,
33 nationales et locales, et préservées des logiques marchandes et
34 normatives.

35 Il faut penser une recherche publique conçue comme lieu de


36 production des savoirs et des connaissances, comme lieu de
37 l'innovation. Nous la voulons indépendante des capitaux privés, de la
38 logique managériale et de mise en concurrence, mais aussi plus
39 ambitieuse, avec pour objectif, non seulement la production de
40 techniques nouvelles, mais aussi l'émancipation de l'humanité.

41

29
1 Une refonte écologique et culturelle de la production et de la
2 consommation

3 Depuis la conférence de Kyoto en 1997, mais plus encore depuis la


4 tenue de la Cop COP 21 à Paris en décembre 2015, c’est l’accélération
5 du réchauffement climatique qui rend urgente une refonte écologique
6 et culturelle de la production et de la consommation. Il s’agit de
7 diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 afin
8 de limiter à + 2° C le réchauffement climatique d’ici à 2100. Dans un
9 pays comme la France, mais aussi dans toute l’Union européenne, cela
10 suppose des politiques de coopération se substituant à la concurrence
11 afin de réduire les transports sur route, de développer le fret
12 ferroviaire, fluvial et maritime, de promouvoir l’agroécologie et
13 l’agroforesterie, de réduire la consommation globale de protéines
14 d’origine animale, de promouvoir des pratiques culturales qui
15 augmentent le stockage du carbone dans les sols tout en accroissant
16 leur fertilité via le recours systématique aux couverts végétaux. Cela
17 passe aussi par une rémunération du travail paysan par des prix de
18 base garantis à la production, une conditionnalité des aides
19 européennes à l’agriculture à des critères d’emploi, de développement
20 territorial, d’environnement, dans le cadre de la réforme de la
21 Politique agricole commune applicable en 2020.

22 Le capitalisme exploite l’humain et les ressources naturelles pour son


23 profit égoïste. La nature devrait être un bien commun de l’humanité
24 tout entière au lieu d’être marchandisée, voire parfois privatisée. Il est
25 le principal responsable de la crise écologique, provocant pollutions,
26 réfugiés climatiques, famines, difficulté d’accès à l’eau, guerres... Le
27 sort de l’humanité et de la planète sont indissociables : comment
28 protéger les écosystèmes, la biodiversité quand l’humain est en
29 souffrance ?

30 Notre vision communiste, originale, juge complémentaires


31 développement humain et écologie, sans les opposer. Pour nous,
32 l’enjeu écologique renforce nos combats. Bien loin de les décentrer, il
33 les élargit. Il confirme qu’il faut vraiment changer le mode de
34 production et de consommation, qu’il faut une véritable révolution. Il
35 faut une révolution dans les rapports sociaux de production, jusqu’aux
36 techniques de production, une révolution de la répartition et de la
37 consommation, et une révolution des pouvoirs et de la culture. Il faut
38 une révolution qui affronte à la fois les pénuries et le consumérisme,
39 qui ne répond pas aux besoins populaires tout en épuisant travailleurs
40 et travailleuses comme la planète avec des productions inutiles
41 marquées du sceau de l’obsolescence programmée.

42 Services publics et entreprises sont au cœur de l’enjeu écologique :


43 service public de l’écologie, mais aussi de la santé, de la recherche ou
44 du financement, mais aussi entreprises productives, avec de nouveaux
45 critères de gestion (donc de production et de localisation), banques

30
1 (avec de nouveaux critères d’investissement et de financement). Nous
2 pouvons faire converger des forces du « dedans » et du « dehors » de
3 l’entreprise, à partir du double enjeu social et écologique qui se
4 rejoignent contre la domination du capital, les critères de rentabilité
5 financière, l’austérité et le système de pouvoirs.

6 De nouvelles conquêtes sociales et écologiques doivent être gagnées


7 par des batailles concrètes sur tous les sujets. Par exemple :

8 – la bataille pour des relocalisations industrielles, le développement


9 de l’emploi, converge avec celle des circuits courts, pour réduire
10 pollutions et réchauffement climatique ; elle suppose une nouvelle
11 politique industrielle et de services

12 – un plan pour développer un nouveau mix énergétique remplaçant


13 les énergies carbonées facteur de réchauffement climatique et
14 associant développement des énergies renouvelables avec la
15 maîtrise publique, sociale et démocratique, d’une filière nucléaire
16 sécurisée et renouvelée : s’inscrivant dans une transition
17 énergétique, écologique et non malthusienne, ce plan nécessiterait
18 un grand effort de recherche, d’embauches, de formation,
19 d’investissement et d’innovation sociale ; il serait élaboré avec tous
20 les acteurs sociaux et citoyens

21 – un plan d’urgence contre le réchauffement climatique exige aussi


22 des mesures rapides, telles que la gratuité des transports en
23 commun et de s’attaquer au pouvoir de la finance et des
24 actionnaires pour relancer le ferroviaire, fret et voyageurs, avec des
25 dépenses d’infrastructures et pour les entreprises publiques, à
26 l’inverse du démantèlement de la SNCF programmé par Macron.

27 C’est désormais une bataille idéologique structurante, pour


28 donner à voir la nouvelle société que nous voulons construire.

29 Des pouvoirs et droits nouveaux

30 Notre projet communiste place l’exigence d’égalité et d’émancipation


31 sociale, économique, politique, culturelle au cœur de sa visée. Nous
32 proposons de construire une société non sexiste. Agir pour un nouveau
33 développement pour l’humanité tout entière et chaque individu
34 implique d'en finir avec toutes les oppressions et les dominations
35 pesant spécifiquement sur les femmes. Il n'y a pas de hiérarchisation
36 des combats mais une interdépendance des différents fronts de lutte
37 afin de transformer tous les rapports sociaux. En finir avec le
38 patriarcat, c'est-à-dire le système social de domination des hommes
39 sur les femmes, et avec les discriminations touchant les femmes est un
40 combat inconditionnel et constitutif de notre engagement féministe.
41 Les transformations qui bouleversent le monde contemporain donnent
42 à ce combat une portée profondément nouvelle. En finir avec les
31
1 racines profondes du patriarcat et des discriminations touchant les
2 femmes se conjugue, pour nous, avec la perspective d'un dépassement
3 du capitalisme jusqu'à son abolition et à la construction d'une nouvelle
4 civilisation fondée sur la libre association des individus.

5 La conquête d’une égalité réelle pour toutes et tous, émancipée des


6 origines assignées, des discriminations liées à l’âge, au genre, à
7 l’orientation sexuelle, à la catégorie sociale, à l’apparence physique, à
8 la couleur de la peau, au lieu d’habitation, à la religion réelle ou
9 supposée, au handicap, doit être instaurée et affirmée en donnant les
10 mêmes droits à chacune et à chacun, dans une égale dignité de
11 participation et d’intervention. La politique des boucs émissaires, des
12 relégations territoriales, des stigmatisations et de l’incitation au
13 racisme masque les vrais problèmes et les entretient doit être
14 frontalement combattue. Elle brime et humilie massivement en même
15 temps qu’elle vise à diviser. L’émancipation et le développement de la
16 personne humaine appellent à l’éradication de ces fléaux, à la
17 promotion de la liberté, de l’égalité, de la laïcité. Cette ambition Cela
18 appelle tout à la fois un effort culturel, un effort démocratique, une
19 justice, dont l’indépendance doit être réaffirmée, une autre police au
20 service de tou·te·s les citoyen·ne·s et un nouvel âge des services
21 publics.

22 Les enfants subissent durement et de façon spécifique la conséquence


23 de différentes crises : économique, des services publics, du système
24 éducatif, de la protection sociale, crise sanitaire, écologique… sur
25 fond de désengagement de l’État. Ils sont victimes en outre de la
26 persistance des rapports patriarcaux et trop souvent de violences
27 intrafamiliales, harcèlement à l’école et cyberharcèlement, pédophilie.
28 Nous réaffirmons, avec la Convention internationale des droits de
29 l’enfant « le droit de chaque enfant à la paix, à la protection, à
30 l’éducation, à la santé ».

31 La démocratie participative et d’intervention doit devenir un principe


32 actif, un impératif des politiques publiques, avec de réels moyens
33 d’intervention directe des citoyennes et citoyens. Elle suppose la
34 création de nouveaux pouvoirs, un essor considérable des libertés et la
35 conquête d’une égalité effective, en faisant en sorte que chacun·e
36 dispose des moyens nécessaires à son accomplissement. Le rôle des
37 salarié·e·s dans l’entreprise et des populations concernées doit
38 prédominer, au lieu du monopole du capital et de ses représentants.
39 Cet enjeu est au cœur de la lutte de classes d’aujourd’hui.
40 L’intervention active et permanente des travailleuses et travailleurs
41 dans l’organisation de leur travail et le fonctionnement de leurs
42 entreprises et celles des citoyennes et citoyens dans la gestion des
43 collectivités locales et de l’État doit être un objectif majeur des
44 politiques publiques. La poursuite de cet objectif passe par la création
45 de nouveaux pouvoirs et de nouvelles institutions, dont l’exercice et le
46 fonctionnement sont à évaluer de façon régulière. Il s’agit de

32
1 transformer lesa gestions des entreprises, des collectivités locales, de
2 l’État pour leur faire assumer un but d’efficacité sociale, territoriale et
3 écologique. Il faut aussi de nouvelles institutions permettant
4 l’intervention populaire à tous les niveaux (des collectivités
5 territoriales à l’État) pour une nouvelle République allant de pair avec
6 une nouvelle construction européenne.

7 Cela implique de permettre à toutes et tous de comprendre le monde


8 pour le transformer, de s’approprier des savoirs complexes et de
9 construire une culture commune de haut niveau grâce à des services
10 publics de l’éducation, de la formation et de la culture renforcés et
11 profondément transformés.

12 À la même hauteur que l’ambition sociale révolutionnaire qui fait


13 notre spécificité politique, qui nous rassemble, nous garantissons la
14 liberté individuelle sous toutes les formes qu’elle peut prendre, sous
15 les formes de la liberté de conscience, d’expression, d’information, de
16 croyance, de religion, de la liberté sexuelle, de la liberté d’association
17 culturelle, syndicale et politique. Cette dernière devant faire barrage à
18 l’exploitation. Le communisme du 21e XXIe siècle est
19 consubstantiellement un communisme de liberté.

20 Des moyens financiers

21 Émanciper société et économie des marchés financiers

22 L’argent et la monnaie sont l’instrument majeur de la domination du


23 capital sur l’économie et la société. Un projet communiste doit
24 promouvoir par la lutte un tout autre système de financement. Les
25 marchés financiers, les grands actionnaires et le grand patronat
26 imposent une logique de financement et de gestion qui soumet les
27 entreprises à la domination du capital. Pour imposer une tout autre
28 logique, nous voulons prendre le pouvoir sur l’utilisation de l’argent
29 des entreprises (profits), de l’État (fond publics), des banques (crédit),
30 des assurances (épargne). Au lieu de servir les profits, le coût du
31 capital, l’évasion fiscale, cet argent doit financer les investissements
32 efficaces, l’emploi, la formation, la recherche, l’écologie, l’éducation,
33 l’égalité femmes-hommes… Il doit aussi financer les services publics
34 dans les territoires au lieu de laisser la dette publique sous la coupe
35 des marchés financiers. Cet axe de transformation concerne tous les
36 niveaux d’intervention : local, régional, national, européen et mondial.

33
1 4- Un nouvel internationalisme pour relever le
2 défi de la mondialisation capitaliste
3 Les communistes français ne peuvent penser leur rôle dans la société
4 sans penser les profonds bouleversements vécus par la planète, sans
5 travailler aux liens de solidarité avec les communistes et les forces
6 progressistes, sans inscrire la lutte pour la paix dans l’exigence d’une
7 autre société.

8 L'internationalisme constitue l'un des fondements de l'engagement


9 communiste.

10 Les profonds changements dans lesquels les peuples et la planète sont


11 engagés appellent à travailler à dles mobilisations populaires, une
12 solidarité internationale amplifiées et renouvelées pour mettre en
13 échec les dominations impérialistes et l'exploitation capitaliste. Celles-
14 ci sont le ferment des humiliations, insécurités et violences.

15 Pour ces raisons, l'exigence de paix est au cœur de notre combat pour
16 le dépassement de la mondialisation capitaliste, qui va de pair avec
17 l’exigence d’une autre société.

18 Il s'agit pour nous d'inventer avec toutes les forces disponibles les
19 nouveaux contours et les outils pour des combats communs
20 internationalistes, qui renforcent les capacités émancipatrices des
21 peuples et des travailleurs et travailleuses dans le combat pour
22 dépasser le capitalisme en unissant les forces progressistes de
23 transformation sociale sans exclusive.

24 4.1 De profonds changements du monde

25 Ce début de 21e siècle est une époque de bouleversements


26 démographiques, écologiques, technologiques, économiques,
27 géopolitiques. Ainsi par exemple le PIB de la Chine est désormais
28 comparable à celui des États-Unis ; l’Afrique pourrait devenir le
29 continent le plus peuplé d’ici la fin du siècle ; en France, un salarié sur
30 deux travaille dans une multinationale.

31 On assiste à la généralisation et à l’exacerbation des fléaux du système


32 mais aussi à l’apparition de nouveautés radicales et de potentielles
33 transformations d’ensemble :

34  le salariat se généralise dans tous les pays et l’humanité se


35 concentre dans les villes, mais avec un chômage massif, une
36 envolée de la précarisation, la mise en concurrence des salariés
37 du monde entier, et l’explosion de nouveaux problèmes
38 écologiques et sanitaires

39  alors que se poursuit l’industrialisation du monde, le début de


40 la révolution informationnelle s’accompagne d’une domination

34
1 des entreprises réelles par des capitaux financiers de plus en
2 plus monopolistiques et spéculatifs

3  le défi climatique mondial, le recul drastique de la biodiversité,


4 les déforestations, l’artificialisation des sols, les maladies liées
5 à l’environnement, montent, mais monte aussi une conscience
6 mondiale de ces défis, les potentiels technologiques et les
7 alternatives pratiques pour y faire face

8  face au cancer financier qui se généralise, la responsabilité des


9 banques, des multinationales, des paradis fiscaux et des
10 organisations mondiales (FMI…) fait l’objet d’une prise de
11 conscience mondiale

12  partout s’affirme une volonté d’émancipation des individus,


13 hommes et femmes, mais qui peut aussi être dévoyée en un
14 individualisme destructeur des solidarités traditionnelles

15  la nouvelle situation mondiale porte à la fois des possibilités


16 nouvelles de communication et de partage, une ouverture
17 croissante aux autres nations et à la diversité des cultures, et la
18 mise en cause des protections étatiques traditionnelles, la
19 régression des droits sociaux acquis conquis, l’exacerbation
20 des dominations supranationales

21  des intégrismes religieux et des conservatismes opposés,


22 occidentaliste, suprémaciste blanc, « islamiste », se
23 développent, le repli sur soi et sur les frontières font le lit des
24 extrêmes droites et des néo-fascistes en même temps que
25 montent des mouvements d’émancipation multiformes.

26 La mondialisation dominée par des logiques capitalistes exige de


27 nouvelles règles et institutions autour desquelles deux conceptions
28 s'affrontent :

29  Des institutions et règles internationales qui mettent les


30 peuples sous la tutelle du capital et des marchés, pour
31 le profit égoïste et mortifère des multinationales,
32 l'enrichissement des ultrariches, et les logiques de
33 puissances.

34  Des institutions et règles internationales qui cherchent


35 le développement des biens publics et des biens qui
36 pourraient être communs de l’humanité, en mutualisant
37 les forces des peuples et des États dans une logique de
38 coopération, au service de l’emploi, des services
39 publics, de la protection sociale, de l’environnement, de
40 la santé, de l’émancipation culturelle et de toutes les
41 libertés (démocratie, circulation…) en développant
42 l’intervention des peuples ouvre un espace de dialogues
43 et de confrontations contre les politiques économiques
35
1 socialement destructrices, les effets néfastes des
2 pollutions ou du réchauffement climatique.

3 Si la première des conceptions domine actuellement, elle ne l’a pas


4 encore définitivement emporté. Pour nous communistes, la
5 mondialisation est un terrain de luttes et de combats de longue haleine
6 mais aussi d'engagements concrets immédiats.

7 Après lLa chute du mur de Berlin et l’échec de l’expérience soviétique


8 ont favorisé l'expansion brutale du système capitaliste, ouvrant une
9 nouvelle phase de la mondialisation, et ont alimenté une bataille
10 idéologique forcenée pour discréditer définitivement l'idée
11 communiste en soi, voire la criminaliser, et toute recherche
12 d'alternative au système dominant. L'expérience soviétique et celles
13 des pays de l'ancien « bloc de l'Est » méritent une nouvelle analyse
14 critique marxiste approfondie.

15 Les mobilisations populaires des années 2000, cChacune dans des


16 contextes singuliers (Forums sociaux mondiaux, percées des gauches
17 latino-américaines, Occupy Wall Street, mouvement de la Puerta del
18 Sol, « printemps arabes », coalition pour le climat, mobilisations
19 contre les traités de libre-échange et Tafta...) ont été des expressions
20 de colères populaires ainsi que d’exigences de réformes économiques
21 et démocratiques répondant aux besoins humains, de « sociétés plus
22 justes », « d'un autre monde » fondé sur les principes de paix, justice
23 sociale, de démocratie, et droits humains.

24 Ainsi reviennent objectivement à l'ordre du jour la recherche de


25 dépassement des logiques de domination et d'exploitation du
26 capitalisme, et l'aspiration à l'émergence de sociétés, d'un monde et de
27 relations internationales au service de la satisfaction des besoins
28 humains, sociaux, démocratiques, écologiques et non le profit et la
29 finance. Cela met au défi des forces comme la nôtre de répondre à ces
30 exigences.

31 , avoir cru qu’il suffisait d’affirmer l’histoire propre du communisme


32 français pour se dégager des conséquences de cet échec était une
33 erreur : un bilan communiste de ce qu’a représenté l’Union soviétique
34 est indispensable pour sortir de la diabolisation construite contre nous
35 par les porte-voix du capital et poursuivre avec ténacité le
36 développement de notre projet original autogestionnaire vers un
37 communisme de notre temps.

38 4.2 Affrontement généralisé ou coopération et paix ?

39 La violence conjuguée des politiques d'ajustement structurel imposées


40 par le FMI à nombre de pays du Sud, en particulier en Afrique et en
41 Amérique latine, celle des politiques d'orthodoxie néolibérale dans les
42 pays développés, celle du passage à l'économie de marché dans les
43 pays de l'ancien « bloc de l'Est », puis la crise financière de 2008,
44 suivie du renflouement du système financier sur le dos des économies

36
1 nationales ont à la fois aggravé les inégalités et les insécurités
2 sociales, dans chaque pays et au plan mondial, et suscité des
3 résistances populaires inédites contestant les logiques néo-libérales, la
4 domination des marchés et institutions financières.

5 Loin de la « fin de l’histoire », les concurrences inter-impérialistes et


6 les dominations ont été relancées : hyper-marchandisation du monde ;
7 financiarisation massive débouchant sur la domination technologique
8 et commerciale des multinationales ; unilatéralisme américain et
9 renforcement de l’OTAN, alors que le monde devenait déjà plus
10 multipolaire.

11 La crise de 2007-2008, qui a frappé les seuls pays capitalistes


12 développés, a fragilisé l’image du capitalisme et la position
13 d’hégémonie mondiale des États-Unis.

14 Pour autant aucune alternative crédible n'a réussi à émerger. Les


15 réponses cherchant à concilier avec la domination des marchés
16 financiers ont vite rencontré des limites, les inégalités se sont creusées
17 et la financiarisation est repartie dans le monde entier. Il s'en s’est
18 ensuivi une fuite en avant néolibérale et les rivalités économiques se
19 sont envenimées. Des régimes populistes et autoritaires, portés par les
20 puissances financières, sont apparus sur fond de crises
21 institutionnelles, sociales et politiques dans différents endroits du
22 monde et des partis nationalistes à caractère fasciste sont désormais au
23 pouvoir dans plusieurs pays (Hongrie, Pologne, Italie, Turquie, Inde,
24 Brésil...).

25 La course aux armements, la prolifération nucléaire, la remise en


26 cause d'accords internationaux comme, celui de l'Iran, nourrissent les
27 conflictualités meurtrières comme au Yémen, en Irak ou en Syrie.

28 En France, le budget des armées passe en 2017, de 32,7 milliards à 41


29 milliards d'euros dès 2020, soit de 1,78 % à 2 % du PIB selon les
30 exigences des États-Unis à l'égard de ses alliés de l'OTAN. Le coût de
31 la dissuasion nucléaire va atteindre 6 milliards d'euros par an à
32 l'horizon 2030. Le nouveau programme des sous-marins nucléaires
33 lanceurs d'engins va s'étaler sur 20 ans, soit un budget de 120 milliards
34 d'euros en estimation basse. L’arme nucléaire ne peut pas être la
35 garantie de notre sécurité. Celle-ci exige une désescalade nucléaire et
36 militaire. La France doit cesser le commerce d’armes avec les pays
37 aux régimes dictatoriaux ou dans les pays engagés dans des conflits.
38 Elle doit s'engager dans un processus de désarmement multilatéral.
39 Promouvoir une culture de paix est essentiel.

40 Face à cela, LDans ce contexte, l’impérialisme américain utilise de


41 façon de plus en plus agressive le dollar, son avance technologique
42 informationnelle, son poids économique et son potentiel militaire,
43 pour relancer son hégémonie.

44 Des phénomènes de fond s’y opposent :


37
1  la révolution informationnelle accentue les contradictions entre
2 développement des forces productives et rapports sociaux de
3 production ;

4  les institutions politiques, financières, et culturelles et


5 politiques qui assuraient jusqu’ici l’hégémonie mondiale du
6 capital sont ébranlées car elles deviennent incapables de
7 canaliser le mécontentement des peuples. De nouvelles
8 organisations émergent, dans une recherche d’émancipation
9 vis-à-vis des tutelles américaine voire occidentale (BRICS –
10 Organisation de coopération de Shanghai – COP, le Groupe de
11 77 + Chine, etc.). Un nouveau type de multilatéralisme se
12 cherche, à travers des ententes zonales contre l’unilatéralisme
13 et le protectionnisme américain. ;

14  Avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, s’est ouverte une


15 nouvelle phase de la contre-offensive des États-Unis. Elle se
16 heurte cependant à des résistances diverses sur tous les
17 continents.

18 La Chine et l’Europe, la Russie, à des titres différents, sont


19 particulièrement mises au défi. La Chine, immense pays en état de
20 contester le leadership mondial des États-Unis, mérite une analyse
21 conséquente et lucide.

22 Pour les communistes, il s’agit de construire un nouvel


23 internationalisme capable d’opposer des réponses de coopération à ces
24 logiques. Il s’agit de faire vivre en toutes circonstances nos valeurs
25 anti-impérialistes, de paix, de solidarité et le droit à l'auto-
26 détermination des peuples.

27 Un axe de bataille essentiel est que la France sorte de l’OTAN et


28 qu’elle joue un rôle moteur en Europe et dans le monde pour un
29 rapprochement, une nouvelle alliance, avec les pays en développement
30 et émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Mexique,
31 Turquie, etc.). La Chine, immense pays en état de contester le
32 leadership mondial des États-Unis, mérite une analyse conséquente et
33 sans a priori, d’autant qu’il est dirigé par un Parti communiste se
34 réclamant du marxisme.

35 L’action contre les guerres, pour le désarmement et pour la paix, qu’il


36 faut décider d’amplifier, doit aller de pair avec l’action contre
37 l’insécurité sociale et économique. Dans ce but, il s’agit de
38 transformer radicalement les institutions internationales et de
39 contribuer à l’avènement d’un instrument monétaire de coopération
40 mondiale alternatif au dollar. Cela répond aux attentes de nombreux
41 pays.

42

43 Notre bataille pour la sortie de la France de l'OTAN et sa dissolution


44 est une priorité car cette alliance politico-militaire prolonge une

38
1 logique éculée, attise les tensions et a relancé une course au
2 surarmement. Nous affirmons l’exigence de tout autres relations, que
3 la France recherche de nouvelles constructions demain avec les pays
4 en développement et émergents, en tendant la main aux peuples, pour
5 des relations sur une base de coopération, d’émancipation et de co-
6 développement, contre les logiques politiques dictatoriales et
7 autoritaires et contre la domination du dollar américain sur tous.

8 Nous devons poursuivre le combat dans l'unité la plus large pour que
9 la France signe et ratifie le Traité d'interdiction des armes nucléaires
10 (TIAN) du 7 juillet 2017, adopté par 122 pays en aAssemblée générale
11 de l'ONU.

12 Cela doit aller de pair avec l’action contre l’insécurité sociale et


13 économique et, en France, une politique de défense au seul service de
14 la nation et non d’intérêts industriels privés ou d’interventions
15 extérieures. Dans ce but, il s’agit de transformer radicalement le rôle
16 et le fonctionnement du FMI et de la Banque mondiale, et des autres
17 institutions internationales, notamment l’ONU (FAO, Unicef,
18 PNUD…), qui doit retrouver toute l’autorité nécessaire pour redevenir
19 l’outil essentiel du maintien de la paix. Il s’agit également de
20 contribuer à l’avènement d'un instrument monétaire de coopération
21 mondiale alternatif au dollar. Cela répond aux attentes de nombreux
22 peuples et pays.

23 La bataille pour la coopération entre les peuples et la paix est


24 consubstantielle à l'engagement communiste. Repenser et reconstruire
25 la paix, ce n'est pas envisager seulement la non-guerre.

26 Construire une société du bien commun constitue le rempart le plus


27 efficace contre la violence et le chaos nés de la crise systémique du
28 capitalisme et de ses contradictions.

29 Riposter à la violence terroriste par la seule voie militaire et sans


30 stratégie politique, visant le retour de la paix et le développement, est
31 une erreur grave qui n'a mis fin ni aux guerres, ni aux meurtres de
32 masse.

33 Pour sortir du chaos, il faudra que la logique de paix prenne le pas sur
34 celle de la guerre.

35 La France doit retrouver son indépendance en matière de politique


36 internationale et de défense nationale pour promouvoir une culture de
37 paix.

38 Nous sommes partisan·e·s d'un internationalisme des peuples et des


39 travailleurs, des exploités. Notre engagement internationaliste soutient
40 les mouvements émancipateurs dans leurs luttes notamment les
41 pPalestiniens pour leurs droits et la reconnaissance de leur État, les
42 iIsraéliens en lutte contre la loi État-Nation organisant la ségrégation

39
1 et la discrimination, les peuples kurdes et sahraouis, et le peuple de
2 Cuba contre le blocus illégal imposé par les États-Unis depuis 60 ans.

3 Il faut donner une place bien plus grande à la dimension internationale


4 de notre action et à notre apport à une autre mondialisation. Le conseil
5 national et les communistes doivent être régulièrement saisis de
6 l’analyse de la situation internationale, informés des débats au sein du
7 PGE, des relations avec les partis communistes et progressistes.
8 Celles-ci doivent être développées dans une démarche d’écoute, de
9 respect mutuel et de solidarité. La situation nécessite une nouvelle
10 capacité d’initiative de notre parti en Europe et dans le monde pour
11 des actions communes.

12 4.3 Pour une France de l'hospitalité et une Europe de la solidarité

13 Nous affirmons la nécessité de l'ouverture de voies légales et


14 sécurisées d'entrée en Europe (visas, droits d'asile, cartes de
15 résidents...) afin de lutter contre les réseaux de trafic d'êtres humains,
16 les mafias et tous ceux qui profitent du travail illégal, qui dans certains
17 secteurs ou régions se résume à de l'esclavage.

18 Une Europe solidaire abrogera les règlements de Dublin et établira


19 dles conditions de droit d'asile identiques dans tous les pays de l'UE,
20 respectant la convention de Genève, assurera la protection des
21 mineur·e·s isolé·e·s et accordera des visas humanitaires à celles et
22 ceux qui fuient les zones de conflits. Elle permettra l'extension du
23 statut de réfugié·e aux migrant·e·s climatiques.

24 La responsabilité de la France est d'accueillir dignement les


25 migrant·e·s dans le respect des droits internationaux et des
26 conventions des droits de l'enfant et droits humains.

27 L'hospitalité, la fraternité et la solidarité sont parties intégrantes de


28 notre conception du communisme ; nous l’avons développée en avril
29 2018 dans une plaquette intitulée « Pour une France hospitalière et
30 fraternelle, une Europe solidaire » Les États doivent articuler leur
31 politique migratoire avec des actions essentielles, comme l’abandon
32 des accords de libre échange pour des partenariats favorisant le
33 développement durable, la lutte contre le changement climatique, la
34 prévention des conflits, la paix et la sécurité. Nous proposerons à
35 toutes les forces de transformation sociale et associatives disponibles
36 de co-organiser une Rencontre internationale sur les migrations.

37 4.4 Une autre construction européenne

38 Il faut en finir avec la construction européenne actuelle conçue au


39 service de la domination du capital, avec en son cœur la BCE
40 soutenant les marchés financiers, les multinationales et les grands
41 capitaux monopolistes. Loin de la promesse d’une Europe de
42 coopération et d’unité des peuples, on lui doit un chômage colossal, la

40
1 désindustrialisation, l’agriculture familiale sacrifiée, la mise en cause
2 des services publics et l’austérité généralisée, l’autoritarisme, le
3 martyre du peuple grec, une fragmentation entre le nord et le sud, des
4 fractures internes à chaque pays. On lui doit aussi la montée des
5 populismes et de l’extrême droite, jusqu’à des positions de pouvoir
6 comme en Italie, une domination renforcée des États-Unis et du dollar.
7 Il n'est donc pas étonnant qu'elle concentre la colère populaire comme
8 en a témoigné le résultat du référendum de 2005. Le statu quo n’est
9 pas possible.

10 Si le PCF peut être fier d'être la seule force politique française à s'être
11 opposée avec détermination à tous les traités d'intégration néolibérale
12 à l'Union européenne, notre responsabilité est de donner une
13 perspective à cette colère.

14 Outre le domaine économique et social, nous voulons en finir avec


15 d’autres tares fondamentales de l’actuelle construction européenne.

16 C’est le cas des violations des règles de la démocratie et de la


17 souveraineté populaire. Le fait que l’UE se soit construite jusqu’ici à
18 l’abri des peuples est au cœur du problème. Nous voulons inverser
19 cette logique en plaçant l’implication des citoyennes et citoyens au
20 cœur de la construction d’une autre Europe.

21 C’est aussi le cas en matière de politique extérieure. Nous agissons


22 pour une Europe qui rompe avec l’alignement docile de l’UE sur les
23 politiques irresponsables et dangereuses des États-Unis ou d’Israël.
24 Plus généralement, à l’opposé de l’absence actuelle d’initiative de
25 l’UE susceptible de contrer le désordre mondial actuel, et même de sa
26 participation active à la mondialisation capitaliste, nous voulons une
27 Union qui use de son poids et de son influence pour faire émerger,
28 avec tous les alliés qui le souhaitent, de nouvelles règles dans les
29 relations internationales, plus justes, plus démocratiques, plus
30 pacifiques.

31 C’est enfin le cas avec la question de l’accueil des migrants : l’Europe


32 que nous voulons doit tourner le dos à l’Europe-forteresse, qui a
33 conduit dans la dernière période à un véritable naufrage moral.

34 Nous considérons que les orientations très détaillées que nous avons
35 développées en novembre 2013 lors d’une « Convention nationale du
36 PCF pour un nouveau projet européen : refonder l'Europe »
37 conservent, pour l’essentiel, toute leur pertinence. Les évolutions très
38 rapides de la situation, telles que le Brexit, appellent l’actualisation de
39 ces analyses par les communistes, que devra impulser la direction du
40 parti, de façon à progresser sans cesse vers un rassemblement de tous
41 les communistes. Ceci pour permettre de dépasser dans l’action
42 commune, avec nos propositions, les différences exprimées jusqu’ici.

43 Ainsi notre conception d'« une Union de nations et de peuples


44 souverains et associés » parce que nos peuples en ont besoin pour
41
1 relever des défis communs au lieu du fédéralisme qui sert le
2 néolibéralisme et la finance mérite d'être encore explicitées. Ainsi
3 aussi d'« une nouvelle construction européenne à géométrie choisie ».

4 Il en va de même de ses développements sur les fondements d’une


5 Europe démocratique ; sur notre conception des obligations en matière
6 de libertés, de droits fondamentaux, d’égalité des genres ; sur les
7 transformations à opérer dans l’UE en ce qui concerne les jeunes.

8 Nous entendons développer l’« Europe sociale » et écologique comme


9 le cœur de la construction européenne, l’Europe financière et
10 monétaire doit être à son service. Une autre conception du rôle de la
11 BCE est décisive : une BCE pour un essor des services publics et de
12 l’emploi, avec notre proposition majeure de création d’un « Fonds de
13 développement social et écologique européen » sont particulièrement
14 actuelles.

15 Ce projet ouvre également des pistes utiles visant à « impulser la


16 transition écologique ». Il insiste sur l’importance d’une politique
17 culturelle européenne soustraite à la loi du marché et consacre une
18 place importante aux différents axes d’une Europe de la connaissance.
19 Il traite des changements à apporter à la politique agricole commune, à
20 la politique de la mer et des pêches ainsi que des conditions à créer
21 pour « l’essor d’industries et de services créateurs d’emplois et
22 répondant aux enjeux de notre époque ». Il aborde encore l’enjeu de «
23 nouveaux rapports France-Allemagne-Europe du sud ». Il détaille
24 notre conception d’une nouvelle politique migratoire européenne. Il
25 consacre un important passage au rôle à faire jouer à l’UE sur la scène
26 internationale, à commencer par les « régions géographiquement,
27 historiquement ou culturellement proches ». Il passe en revue tant le
28 rôle que pourrait jouer la France que la place des luttes sociales et
29 politiques, des partis européens tels le PGE et des élu·e·s au
30 Parlement européen, notamment du groupe de la Gauche unitaire
31 européenne « pour modifier les rapports de force dans une perspective
32 de changements profonds ».

33 Il est plus crucial que jamais de faire de cet acquis le bien commun de
34 tous les communistes, comme une base de réflexion collective
35 susceptible de mises à jour régulières.

36 La bataille pour « changer l’Europe » doit être menée sur les fronts
37 social, démocratique, économique, écologique et politique. C’est
38 seulement ainsi que nous réussirons à faire refluer les forces
39 d’extrême droite qui aujourd’hui arrivent jusqu’à occuper des
40 positions de pouvoir, notamment en Italie. Notre responsabilité est de
41 donner une perspective à la légitime colère populaire qui cherche à
42 s’exprimer.

43 L’expérience de démocratie citoyenne exemplaire dont les


44 communistes s’honorent d’avoir été initiateurs et fer de lance, en
45 2005, dans la campagne pour le non de gauche au projet de traité
46 constitutionnel (TCE) reste, à cet égard, une précieuse source

42
1 d’inspiration, tout comme celle, avec la même démarche, de la
2 campagne référendaire de 1992 sur le Traité de Maastricht.

3 Nous sommes toutes et tous d’accord là-dessus. Mais nous avons des
4 différences sur la façon d’en finir avec cette construction.

5 Un choix a prévalu depuis plusieurs congrès : transformer


6 radicalement l’Union européenne et ses traités ; agir pour une
7 refondation de la construction européenne avec des propositions
8 alternatives. Il s’est agi de se situer sur le terrain européen et de se
9 saisir de l’aspiration à une construction européenne, tout en
10 considérant que le terrain national est fondamental et que ce sont bien
11 les exigences du capital qui modèlent la construction européenne.Mais
12 comment y parvenir dans le cadre de traités établis pour la
13 mondialisation capitaliste ? Comment ouvrir sans attendre des brèches
14 contre ces traités et leur logique ? Comment faire grandir l’exigence
15 d’un autre type de construction européenne solidaire, respectueusex
16 des peuples et des nations, contre le projet capitaliste, libéral et
17 fédéraliste et contre la montée des replis nationalistes et xénophobes ?

18 Il s’agit de se situer sur le terrain européen et de se saisir de


19 l’aspiration à une construction européenne, tout en considérant que le
20 terrain national est fondamental et que ce sont bien les exigences du
21 capital qui modèlent la construction européenne.

22 La Bbanque centrale européenne (BCE) est ets au cœur de l’euro et de


23 son utilisation anti-sociale et anti-écologique. Elle appuie les
24 banque,s, les multinationales et les marchés financiers : au jourd’hui
25 ce sont plus de 3 000 milliards d’euros qu’elle met à leur disposition
26 pour soutenir leur rentabilité, leurs délocalisations et la spéculation. Si
27 ce « pognon de dingue » avait servie à développer tous les services
28 publics dans chaque pays d’Europe et à impulser la création par les
29 entreprises d’emplois de qualité, la situation en France et dans l’UE
30 serait tout autre.

31 Des camarades pensent qu’on ne peut pas la transformer et qu’il faut


32 affirmer le droit pour chaque nation de désobéir aux traités jusqu’à
33 sortir de l’Union européenne si nécessaire pour respecter la
34 souveraineté populaire. Ils et elles considèrent qu’il faut rendre
35 caduques les institutions européennes, afin de construire un autre
36 modèle de coopération en Europe et dans le monde, libéré des outils
37 institutionnels que se sont donnés les fondateurs de l’Union
38 européenne faite par et pour le capital. La nation reste pour ces
39 camarades le terrain privilégié de la lutte des classes.

40 De fait, la position du PCF a profondément évolué durant les années


41 90 et depuis. Mais ces choix ont été faits sans un débat suffisamment
42 large, et la bataille tenace qu’ils appelaient n’a pas été véritablement
43 menée.

43
1 Cela souligne l’insuffisance grave du travail collectif qui aurait dû être
2 initié par les directions nationales successives en même temps que leur
3 incapacité à prendre des initiatives d’action sur ces enjeux.

4 Pourtant, lL'actualité en fait chaque jour la démonstration : la


5 responsabilité des pays européens est devenue considérable pour une
6 véritable coopération mondiale de co-développement avec les pays
7 pauvres, les émergents et pour la paix.

8 Nous refusons de céder aux sirènes du fédéralisme. Nous combattons


9 la fuite en avant dans l’intégration renforcée sous la houlette du duo
10 Merkel-Macron. Nous refusons une Europe forteresse. Une autre
11 construction européenne est nécessaire, face à l’agressivité de
12 l’impérial-libéralisme des États-Unis, pour relever des défis
13 colossaux : le chômage, la concurrence exacerbée, la dictature du
14 dollar et de la finance mondiale, le réchauffement climatique, le recul
15 de la biodiversité, les migrations de survie massives, les fractures
16 sociales et territoriales, la paix… C’est indispensable pour
17 contrecarrer les pertes de souveraineté effectives engendrées par la
18 mondialisation capitaliste, promouvoir les nations de façon ouverte
19 dans l’égalité et le respect de leur diversité.

20 LREM tend un piège au peuple français –― rester dans l’UE ou en


21 sortir –― avec son opposition entre « progressistes » et
22 « nationalistes ». En réalité, cela est fait pour interdire le débat sur une
23 autre Europe, car ce qu’il appelle « progressisme », c’est aller vers le
24 fédéralisme, pour le soutien accentué aux forces du capital. Le
25 Rassemblement national assume ce clivage et même s’en revendique,
26 tandis que LFI esquive le débat sur l’Europe en prétendant réduire les
27 élections européennes à un référendum anti-Macron. Pour l’instant, les
28 forces de droite apparaissent prises dans ce piège qui exacerbent leurs
29 divisions sur le projet européen.

30 Nous voulons mener la bataille politique sur une autre Europe, avec
31 des propositions radicales et réalistes. Des dizaines de millions
32 d’Européen·ne·s, véritablement progressistes sont conscient·e·s à
33 juste titre du besoin d’une construction européenne commune face à la
34 montée des extrêmes -droites, d’une mutualisation face aux périls
35 écologiques, à la montée des pressions internationales, de la crise
36 financière, face au dumping fiscal et à l’écrasement social. Nous
37 voulons nous appuyer sur leurs aspirations et sur la protestation
38 populaire pour construire une résistance porteuse d’alternative.

39 Si nous ne pourrons sans doute pas trancher ces questions au


40 prochain congrès, il est indispensable de les instruire et de les
41 confronter à la réalité de grandes batailles populaires permettant à la
42 fois de porter la colère et de remporter des victoires.

43 Battons-nous, en France, en Europe, avec les forces progressistes,


44 avec les partis communistes : En Europe, le PCF travaille ardemment
45 à l’unité entre forces communistes, de gauche, organisations
46 progressistes et écologistes, sur le fond comme dans l’action. Notre

44
1 parti entretient des relations bilatérales et multilatérales fructueuses
2 pour les combats communs de toutes celles et ceux qui font face tant à
3 l’UE du capital qu’au retour du fascisme. Il est à l’origine de la GUE-
4 NGL (Gauche unie européenne-Gauche verte nordique) au Parlement
5 Européen, du PGE (Parti de la gauche européenne) et du Forum
6 européen des forces progressistes. Il a vocation à renforcer ces
7 coopérations, avec tous les partis qui partagent l’essentiel de ses
8 analyses et de ses visées politiques.

9 Battons-nous en France, en Europe, avec les forces progressistes, les


10 partis communistes, les peuples, pour changer l’Europe pour une autre
11 mondialisation.

12 • pour mobiliser la monnaie au service de l’emploi, des services


13 et biens publics et de la protection sociale, et donc pour un autre rôle
14 de la BCE ;

15 • contre la concurrence destructrice et pour de nouvelles


16 coopérations solidaires entre nations souveraines égales et respectées ;

17 • contre la militarisation du bloc européen accélérant la course


18 folle vers des conflits majeurs ;

19 • pour d’autres traités permettant des coopérations solidaires


20 entre nations égales et peuples souverains.

21 Nous voulons changer l’Europe pour une autre mondialisation.

45
1 5- Pour une nouvelle stratégie de rassemblement
2 et d’unité populaire
3 L’échec du Front de gauche met en cause une conception stratégique
4 du rassemblement, de la relation aux luttes, à la bataille d’idée et à
5 notre visée, ainsi que d’une pratique politique. L’entente au sommet,
6 limitée à un plus petit dénominateur commun, a pris le pas sur tout le
7 reste, renouvelant en cela les travers d’expériences antérieures.
8 Notre projet est fondamentalement démocratique, républicain et
9 révolutionnaire. Il faut donc viser un rassemblement majoritaire, dont
10 le contenu soit à la hauteur pour transformer réellement l’ordre
11 existant dans la société, les entreprises et les institutions : c’est la
12 stratégie du PCF.
13 Elle implique de mener le débat en permanence, aussi bien avec les
14 travailleuses et travailleurs, les citoyennes et citoyens, qu'avec les
15 partenaires de constructions unitaires., qu’avec les travailleuses et les
16 travailleurs, les citoyennes et les citoyens. Elle vise à la construction
17 d'un vaste mouvement populaire conscient auquel le PCF concourt par
18 son apport, le développement de l'initiative communiste. Cela
19 implique de combattre la défiance populaire envers la politique pour
20 rendre impossible un détournement de la colère populaire au profit des
21 forces réactionnaires, voire fascisantes.
22 Notre stratégie exige en permanence d’évaluer, jusqu’à les réajuster,
23 en quoi nos initiatives dans les luttes et notre action dans les
24 institutions contribuent à avancer vers nos objectifs. Le débat
25 stratégique induit trop souvent et presque automatiquement un débat
26 sur nos alliances notamment électorales. Aussi importantes soient-
27 elles, les élections ne sont qu’un moment de l’activité révolutionnaire
28 des communistes. Et l’entente sur un programme ne peut être qu’un
29 levier.Il nous faut marcher sur nos deux jambes : luttes et
30 constructions politiques.

31 5.1 Les bases sociales et politiques du rassemblement


32 Une unité populaire est possible. Elle reste toutefois à construire,
33 d’autant plus que le ressenti dles fractures et les divisions a ont
34 progressé. Des transformations du système productif et de
35 l’organisation du travail, ces dernières décennies, le salariat est sorti
36 en état d’extrême fractionnement, percuté par l’éclatement des statuts,
37 l’individualisation du travail et les nouvelles méthodes managériales,
38 traversé par la coupure entre secteurs public et privé, divisé par des
39 réalités de vie souvent radicalement différentes. L’unification du
40 salariat est décisive un axe d'action décisif des communistes. Tout le
41 salariat est aujourd’hui pris dans un rapport d’exploitation, des
42 ouvrières et ouvriers sans-papiers jusqu’aux intellectuel·le·s
43 prolétarisé·e·s. Bien loin d’être Présentée comme une forme
44 d’indépendance, l’ubérisation et l'auto-entrepreunariat l'aggravent.
45 apparaît de plus en plus comme un rapport d’exploitation. Les
46 travailleuses indépendantes et travailleurs indépendant·e·s sont pris

46
1 dans cette même logique, qui met en péril les petites entreprises et
2 leurs atouts humains. Le monde du travail et de la création dans sa
3 grande diversité, (de la classe ouvrière des ouvrier·.e·.s aux cadres,
4 avec ou sans statut spécifique, des infirmiers et infirmières aux
5 enseignantes et enseignants jusqu’aux chercheuses et chercheurs, des
6 chômeuses et chômeurs privé·e·s d'emploi aux précaires, des jeunes
7 aux retraité·e·s, des artistes aux artisans, jusqu’aux petits monde
8 paysans et marin) a fondamentalement des intérêts communs : faire
9 reculer la domination du capital financier et de la finance. Cela
10 s’exprime par une protestation commune grandissante contre le
11 chômage, la précarisation, les bas salaires, les risques de déclassement
12 et l’aliénation au travail. Cela s’exprime aussi par des aspirations à un
13 enseignement de haut niveau, à la formation tout au long de la vie, à la
14 maîtrise du sens de son travail, à la possibilité pour chacun.e d'en
15 vivre décemment, au partage des responsabilités jusqu’à l’intervention
16 dans la gestion, à la maîtrise des trajectoires personnelles, à la
17 réduction du temps de travail pour le développement de soi et pour
18 une meilleure vie dans et hors travail.
19 Le progrès de ces facteurs communs est une menace pour le grand
20 patronat, pour sa conception de l’entreprise et de la société. Pour
21 appuyer les dirigeants, Macron engage toute la force de l’État avec ses
22 réformes réactionnaires pour appuyer cette conception. En s'appuyant
23 sur les aspirations individuelles, iIls s’emploient à récupérer la
24 sensibilité des salarié·e·s qualifié·e·s intègrent certains secteurs du
25 salariat aux enjeux de compétitivité, de modernisation, d’efficacité et
26 de financement présentées comme des solutions au maintien de
27 l'emploi, tout en jouant sur la sensibilité des couches urbaines d'une
28 partie de la société aux enjeux écologiques. Ils cherchent à les intégrer
29 dans un rassemblement qui sacrifierait les ouvrières et les ouvriers, les
30 couches populaires, les chômeuses et les chômeurs. Ils cherchent ainsi
31 à opposer les salariés entre eux, à opposer les territoires entre eux, tout
32 en stigmatisant les exclus qui ne contribueraient pas au système. C'est
33 aussi dans ce but qu'ils criminalisent les militant·e·s syndicales·/aux,
34 victimes d'une répression inique et frappé·e·s de lourdes sanctions.
35 En même temps, ils cherchent à couper les revendications sociales
36 d’autres luttes aux potentiels émancipateurs considérables : les luttes
37 des femmes, des jeunes, des travailleuses étrangères et travailleurs
38 étrangers avec ou sans papiers, ainsi que celles concernant les
39 identités les dominations ou encore l’écologie.
40 À l’opposé de ce travail de division, il s’agit de faire prendre
41 conscience à toutes et tous du fait par les luttes et l'éducation
42 populaire qu’ils et elles s’affrontent à la même logique, au même
43 adversaire et combien leurs aspirations propres à s’accomplir ont en
44 des besoins communs : un double besoin : des services publics de
45 qualité sur tout le territoire et d'une sécurité d’emploi, de formation et
46 de revenus aux exigences d'égalité et d'émancipation humaine. Luttes
47 de classes et luttes contre les dominations doivent s'articuler dans
48 notre action politique.

47
1 Les dominations – genre, générations, capitalisme, racisme… - se
2 renforcent entre elles. Les luttes contre ces dominations peuvent
3 s’épauler pour une émancipation commune.
4 C’est tout cela, la base sociale du rassemblement que nous voulons.

5 5.2 Le rôle irremplaçable du parti communiste


6 Il faut viser des objectifs sociaux audacieux, environnementaux,
7 culturels et de lutte contre les discriminations permettant de répondre
8 aux attentes populaires. Pour les réaliser, il faut travailler sans cesse
9 les contradictions pour faire grandir la prise de conscience des
10 logiques à l'œuvre dans le fonctionnement du système capitaliste.de la
11 nécessité En s'appuyant sur des actions concrètes, le PCF peut ainsi
12 contester aux capitalistes la propriété des richesses : les avoirs, les
13 moyens financiers, les pouvoirs institutionnels et les savoirs., pour les
14 réaliser, de bouleverser la logique du système, aussi bien en ce qui
15 concerne les moyens financiers que les pouvoirs institutionnels. Qui
16 d’autre que le Parti communiste peut Il doit assumer ce rôle, alors que
17 les idées dominantes pèsent tant, dans la société et dans la jusque chez
18 tous nos partenaires de gauche. ? La conception de l’entente qui a
19 prévalu s’est opposée jusqu’ici à tout cela et a conduit à notre
20 effacement.
21 Nous prêtons une grande attention à ce que les luttes expriment
22 comme besoin de société nouvelle, comme tout en prenant en compte
23 aux les difficultés du mouvement social et à ses contradictions.
24 Pour contribuer à leur dépassement, nous développons un corps
25 d’idées et de propositions qui, avec l’apport du marxisme vivant,
26 permettent de ne pas subir l’hégémonie des idées dominantes, de les
27 bousculer et d’apporter des réponses efficaces aux problèmes posés.
28 Nous développons une intervention citoyenne en tout domaine et une
29 pratique politique concourant à reconquérir individuellement et
30 collectivement du pouvoir sur nos vies en cohérence avec notre projet
31 de VIe République. C'est avec cette démarche, et en s'appuyant sur les
32 innovations sociales produites par le mouvement ouvrier, que nous
33 sommes également actifs au sein des institutions.
34 C’est essentiel pour faire bouger les rapports de force, jusqu’à des
35 changements dans les institutions en lien avec les élections et les
36 luttes.
37 5.3 Être présents avec nos propres candidats à toutes les élections
38 Les élections européennes de 2019 portent sur des enjeux
39 majeurs et sont une étape de la recomposition politique en cours.
40 L’enfermement du débat dans la fausse alternative « pour ou contre
41 l’Europe » est mortifère pour nos combats de classe. Un nouvel
42 effacement du parti et de ses idées au nom du rassemblement derrière
43 une possible tête de liste issue d’une autre formation politique aurait
44 de graves conséquences aux élections municipales. Menons la bataille

48
1 sur nos idées et construisons une liste de large rassemblement initiée
2 et conduite par le PCF.

3 5.43 La recomposition politique


4 L’élection présidentielle de 2017 a déclenché accéléré une la
5 recomposition politique d’ampleur qui franchit une nouvelle étape.
6 Macron arrive à faire passer des dispositions dont le grand patronat
7 rêve depuis longtemps. Il ne serait, prétend-il, ni de droite ni de
8 gauche, et le seul à prendre à bras le corps les enjeux de modernité. Il
9 n’y aurait pas d’alternative. Il utilise comme repoussoirs l’extrême-
10 droite d’un côté et Jean-Luc Mélenchon de l’autre. Il le peut d’autant
11 mieux que, à droite, et plus encore à gauche avec l’effacement de
12 notre parti, nul ne lui oppose des contre-propositions à la hauteur des
13 défis du XXIe siècle.
14 La présidence Macron n'est pas le simple prolongement des
15 précédentes. Il ne serait, prétend-il, ni de droite ni de gauche, et le seul
16 à prendre à bras le corps les enjeux de la modernité. Sa présidence
17 s'affirme comme une opération césariste, qui a pour objectifs la
18 transformation globale des structures de l'économie nationale dont
19 rêvait le patronat depuis longtemps, l'asphyxie des derniers éléments
20 de contre-pouvoir ayant survécu à six décennies de Ve République,
21 renforçant ainsi la crise politique et de la démocratie représentative, la
22 destruction du modèle républicain français, la mutation fédéraliste de
23 la construction européenne, en réponse aux nouvelles exigences des
24 marchés financiers, le tout adossé à une cohérence idéologique censée
25 accoucher d'un « nouveau monde ». Jamais, depuis le putsch gaulliste
26 de 1958, notre peuple n'avait été confronté à une visée d'une telle
27 cohérence et d'une telle violence.
28 Si le macronisme a tiré sa force, en 2017, de l'effondrement des partis
29 d'alternance et de l'affaissement de la gauche ramenée à son plus bas
30 étiage électoral, ses fragilités n'auront pas tardé à l'ébranler. Un an
31 après son élection, Macron voit s'affaiblir son autorité sur le pays et
32 s'effriter le bloc social et politique sur lequel il s'appuyait. Comme
33 pour ses prédécesseurs il n'y a pas de majorité populaire pour plier la
34 France à la mondialisation capitaliste. Ce qui s'est traduit, entre autres,
35 par la crise gouvernementale de septembre-octobre 2018.
36 Cet épuisement précoce, est appelé à durer. La question d'une
37 alternative politique à Emmanuel Macron est d'ores et déjà posée. La
38 droite et l'extrême droite cherchent à construire la relève politique, et
39 la menace est sérieuse. Une recomposition s'est amorcée de ce côté.
40 En dépit de son échec du second tour de la présidentielle, l'influence
41 du Rassemblement national se maintient à un très haut niveau.
42 Encouragée par la progression des partis d'extrême droite en Europe,
43 l'emprise de ses idées est grandissante sur des secteurs entiers de la
44 droite traditionnelle.
45 Il nous appartient de dissiper les illusions : on ne peut sortir le pays de
46 la crise multiforme – économique, social, écologique et démocratique
49
1 sans mettre en cause la dictature capitaliste de la rentabilité financière,
2 sans lutter en luttant pour prendre le pouvoir sur l'organisation du
3 travail et l’utilisation de l’argent, grâce à l'intervention citoyenne et
4 avec des propositions alternatives. De nombreux exemples actuels
5 permettent d’en faire la démonstration : EHPAD Ehpad, hôpitaux,
6 délocalisations, Alstom, SNCF, écologie, collectivités territoriales, etc.
7 Pour l’heure, il y a des différences importantes à gauche : il est de la
8 responsabilité du PCF d’en expliciter publiquement les termes pour
9 chercher à les dépasser.
10 Le paysage à gauche est dévasté. Le PS, très affaibli, reste incapable
11 de se dégager du social-libéralisme et de faire un bilan critique du
12 quinquennat Hollande. Des socialistes cherchent à reconstruire un
13 pôle social-démocrate. Le mouvement écologiste est en crise. France
14 Insoumise canalise une partie de l’électorat de gauche, mais l’isole
15 dans l’impasse de l’électoralisme, dans une posture protestataire qui
16 cherche un contrôle sur le mouvement social sans respect pour ses
17 priorités revendicatives et son besoin d’indépendance. Le risque est
18 réel que cette posture conduise à des options populistes voire
19 nationalistes. Une parole, forte en apparence, peut masquer des
20 options très réformistes. Déclarer que la gestion de l’entreprise est
21 l’affaire des seuls patrons évacue la dimension de classe du combat.
22 Le Parti socialiste est entré dans un long processus de d'effondrement,
23 faisant écho à ce que subissent ses semblables européens. Incapable de
24 sortir des impasses du social-libéralisme, il s'enferme dans la
25 paralysie. Il conserve néanmoins un enracinement dans les territoires
26 grâce à un réseau d'élus encore solide. Une social-démocratie peut
27 renaître dans le futur, exprimant la recherche d'un « changement à
28 petits pas » de la part de certains secteurs de la société et du salariat.
29 À l'occasion de la présidentielle, la « France insoumise » a capté une
30 large partie de l'aspiration à la rupture nécessaire avec le quinquennat
31 Hollande, au retour à une politique de gauche. Deux dynamiques la
32 traversent : participer de la recomposition d'une nouvelle force social-
33 démocrate, avançant des réponses réformistes sans prendre en compte
34 l'enjeu de l'entreprise et les questions de classes ; s'engager jusqu'au
35 bout dans l'aventure du « populisme de gauche », au prix d'une rupture
36 consommée avec les traditions de la gauche et du mouvement ouvrier.
37 Pour ce qui les concerne, les courants issus de la mouvance socialiste,
38 notamment Génération-s, sont encore en quête de la cohérence
39 d'orientation et des réponses pratiques qui leur permettraient de
40 devenir des acteurs des réorganisations politiques nécessaires. Quant à
41 Europe Écologie – les Verts, elle tend à se replier sur ses
42 « fondamentaux », au détriment de l'articulation indispensable des
43 questions sociales et écologiques.
44 Cette situation ne répond pas à ce que cherchent des millions de
45 femmes et d'hommes de gauche qui aspirent à une nouvelle société et
46 aux défis de la crise. Nous devons poursuivre l'analyse des
47 dynamiques populaires qui ont conduit à cette recomposition
48 politique.

50
1 C'est dans ces conditions qu'il revient au Parti communiste français de
2 redevenir une force motrice pour reconstruire une gauche porteuse
3 d'une alternative de transformation sociale, écologique et
4 démocratique. Nous partageons de très nombreux combats dans les
5 luttes sociales et les mouvements citoyens avec toutes ces femmes et
6 ces hommes, toutes ces forces de gauche. Devant l'éclatement des
7 repères, il faut désormais faire grandir des convergences de contenus
8 et des rassemblements utiles à une transformation radicale : face à
9 l'austérité, pour la hausse du pouvoir d'achat, des salaires et des
10 pensions, pour le droit à la retraite, pour la promotion des services
11 publics, pour la transition écologique, contre les réformes
12 institutionnelles de Macron et pour le renforcement des pouvoirs
13 citoyens, pour les droits humains et la lutte contre les discriminations,
14 pour la paix.
15 La démarche communiste doit se déployer dans trois directions :
16 construction politique, bataille d’idées et luttes sociales.

17 5.54 Une union populaire et politique agissante


18 Il faut marcher sur deux jambes : luttes et constructions politiques.
19 Cela exige des initiatives autonomes du PCF politisant les luttes, avec
20 la constante ouverture au débat d’idées, et dans le même temps la
21 formulation d’une proposition stratégique à toute la gauche pour
22 ouvrir une perspective vraiment alternative à Macron.
23 Les communistes doivent travailler en permanence au rassemblement
24 le plus large de toutes les couches salariales et populaires, à
25 développer la conscience des contenus et conditions des changements
26 nécessaires, et à créer les conditions de l’union des forces de progrès.
27 Celle-ci n’est pas un but en soi : elle est un moyen pour la mise en
28 œuvre de choix politiques nouveaux. Il s’agit de construire une union
29 populaire et politique agissante pour sortir de la crise.
30 Dans un cadre de rassemblement politique, il nous faut continuer à
31 mener des campagnes autonomes afin de faire progresser le rapport de
32 forces en faveur de nos idées.
33 Il nous faut tendre la main et mettre au défi toutes les forces politiques
34 de gauche, sans partenaire privilégié a priori, sur les réponses aux
35 questions précises posées par les luttes.
36 S’attaquer à la domination du capital est décisif. Mais l’idée que ce
37 n’est pas une question politique prédomine, de même que prédomine
38 dans notre peuple, y compris à gauche, l’idée qu’on pourrait se
39 contenter de s’y adapter. C’est l’obstacle majeur auquel notre parti
40 doit s’attaquer. C’est décisif pour réorienter notre stratégie et l’ancrer.
41 Tout au long de son histoire, le PCF a fait l’expérience de la nécessité
42 de rassemblements pour faire renaître un espoir de changement et pour
43 aider à dynamiser les luttes. Lorsqu’il a su faire de ces
44 rassemblements un moyen pour la mise en œuvre de choix politiques
45 nouveaux et non un but en soi, il a gagné en influence et en autorité.
51
1 Au regard des défis contemporains et de l'état des forces de gauche,
2 c’est sur une nouvelle méthode, tirant les leçons du passé, qu'il entend
3 dorénavant conduire son action pour l'union : travailler au
4 rassemblement le plus large de toutes les couches salariales et
5 populaires, développer la conscience des contenus et conditions des
6 changements nécessaires, appeler en permanence à l’intervention
7 populaire, mener une bataille de tous les instants sur les contenus,
8 prendre des initiatives autonomes du PCF politisant les luttes, avec la
9 constante ouverture au débat d'idées, et dans le même temps formuler
10 une proposition stratégique à toute la gauche.
11 Pour obtenir de nouvelles conquêtes sociales majeures, travaillons à
12 rassembler par la constitution de fronts de lutte sectoriels, pour faire
13 progresser des objectifs précis de transformation sociale, écologique,
14 démocratique. Ouvrons des espaces qui permettent la confrontation
15 d'expériences entre les acteurs·trices de luttes d'un même secteur pour
16 co-construire les propositions et les initiatives les plus rassembleuses.
17 Au sein de ces espaces, cherchons à rassembler tou·te·s les
18 citoyen·ne·s engagé·e·s et les forces autour de plateformes politiques.
19 Les questions de programme et l'appropriation consciente de ces
20 objectifs par la population acquièrent, à ce titre, une importance
21 primordiale. Nous devons nous appuyer sur les attentes populaires, les
22 luttes sociales et les mouvements citoyens et prendre en compte le
23 niveau de conscience pour que les grandes transformations
24 révolutionnaires que nous portons soient traduites dans un programme
25 d'urgence à la fois crédible et en rupture avec les logiques capitalistes.
26 S’attaquer à la domination du capital est décisif. Mais l’idée que ce
27 n’est pas une question politique prédomine, de même que prédomine
28 dans notre peuple, y compris à gauche, l’idée qu’on pourrait se
29 contenter de s’y adapter. C’est l’obstacle majeur auquel notre parti
30 doit s’attaquer. C’est décisif pour réorienter notre stratégie et l’ancrer.
31 Cela doit être un fil rouge de ce programme d'urgence.
32 Ces fronts de lutte sectoriels doivent contribuer à préparer un
33 changement de majorité politique dans le pays. Le besoin d’une
34 majorité alternative au pouvoir de Macron est d’ores et déjà posé.
35 Pour construire cette majorité, nous devons agir à toutes les échelles
36 pour créer les conditions du rassemblement des forces sociales,
37 citoyennes et des forces politiques de gauche opposées à la politique
38 gouvernementale, sans partenaire privilégié a priori, en proposant des
39 campagnes communes et des alliances électorales qui ne soient pas
40 des constructions de sommet mais des constructions assises sur
41 l'intervention populaire. Nous voulons travailler à l'émergence d'un
42 rassemblement populaire qui engage des ruptures et permette d'obtenir
43 des conquêtes sociales majeures. Dans ce processus politique, il nous
44 faut continuer à mener des campagnes autonomes afin de faire
45 progresser la conscience populaire des changements nécessaires et le
46 rapport de forces en faveur de nos idées.

52
1 5.65 La bataille d’idées
2 On ne peut plus commencer par la recherche d’entente au sommet, en
3 y soumettant des « campagnes communes ». Cette façon de décréter
4 une unité par le haut corsète l’initiative d’action et de proposition du
5 PCF. Elle rabaisse le niveau des exigences et le besoin de cohérence à
6 partager le plus largement pour gagner.
7 La société d'aujourd'hui est en proie à une très grande diversité
8 d'opinions, pour beaucoup dictées ou soufflées par l'idéologie
9 dominante. Nous voulons amplifier la bataille idéologique et
10 culturelle.
11 Sur l'ensemble des questions de classes et de lutte pour l'égalité et
12 l'émancipation, nous voulons construire des campagnes dans la durée.
13 Aussi, outre les fronts que les luttes et l’actualité imposent, nous
14 proposons que le congrès décide d’une campagne permanente sur le
15 coût du capital et sur la démocratisation du pouvoir dans l'entreprise.
16 Nous voulons faire grandir la contestation radicale des critères de
17 rentabilité imposés par le patronat, les actionnaires, les banques et les
18 marchés financiers,. Et indissociablement, nous voulons en leur
19 opposant leur opposer le besoin d'une autre utilisation de l’argent pour
20 l’emploi, la formation, la création de richesses dans les territoires, la
21 satisfaction des revendications sociales et des besoins écologiques.
22 Jugée nécessaire par une écrasante majorité de importante par les
23 communistes, cette campagne seraitpourrait être transversale à nos
24 différentes batailles communistes, sociales comme sociétales, et les
25 renforcerait.
26 De telles batailles dans une stratégie du PCF comme vecteur du
27 rassemblement et de l’unité populaire contribueraient à construire le
28 socle nécessaire au redressement de notre influence et de nos forces
29 organisées. Elles doivent permettre de mobiliser conjointement
30 militantes et militants, dans les entreprises et les localités, et les
31 élu·e·s communistes, dans la diversité de leurs rôles respectifs et des
32 moments politiques. L'évaluation permanente, en interne, de nos
33 batailles pourrait nous conduire à affiner nos propositions nourries du
34 débat social, modifier l'angle d'attaque de notre communication,
35 entraîner davantage de communistes à y participer.
36 L'espace médiatique et les entreprises culturelles sont massivement
37 dominées par les forces du capital, qui marchandisent l'information et
38 la communication, le divertissement et la culture et les mettent au
39 service exclusif de leur domination idéologique. Libérer les médias, la
40 presse et l'édition des puissances de l'argent et de l’État est un combat
41 communiste décisif pour le droit à une information pluraliste et l'accès
42 à la culture pour tou·te·s. La bataille d'idées suppose que soit posée de
43 toute urgence la bataille sur les contenus de l'enseignement et la
44 refonte de l'éducation populaire.
45

53
1 5.76 De nouvelles relations avec le mouvement social
2 Les luttes sociales, les mobilisations citoyennes, de la défense des
3 droits sociaux et humains à l’écologie, en passant par l'économie
4 sociale et solidaire, couvrent un vaste champ d'attentes et de nouvelles
5 pratiques de coopération. Ces mobilisations portent des objectifs
6 d’émancipation humaine, de solidarité et un renouveau des modes
7 d'action dans la proximité.
8 Les communistes doivent en être pleinement partie prenante,
9 initiateurs·trices et acteurs·trices. Elles et ils doivent contribuer à leur
10 développement, agir pour qu’elles convergent, dépassent les obstacles
11 qu’elles rencontrent et travaillent sur la nécessité de solutions
12 politiques alternatives.
13 Nos rapports avec le mouvement social (syndicalisme, associations,
14 mobilisations écologistes, féministes, des fiertés LGBTI, ZAD, Nuits
15 debout…) doivent être repensés fondés sur un état d’esprit
16 d'indépendance mutuelle, d’échange et de coopération. Il part de
17 revendications concrètes pour la satisfaction desquelles il réclame des
18 pouvoirs d’intervention, dans une dimension non-délégataire qui lui
19 fait refuser de se couler dans le jeu des alternances politiques.
20 Le PCF se propose, lui, de faire reculer l’étatisme, la délégation de
21 pouvoir. Il veut s’inscrire dans la construction d’une véritable
22 alternative aux formes politiques du libéralisme en crise.
23 C’est d’autant plus important que dans les faits, tous ces mouvements
24 réclament des pouvoirs d’intervention dans une dimension non
25 délégataire. Cette démarche converge avec celle de notre parti, qui
26 veut s’inscrire dans la construction d’une véritable alternative aux
27 formes politiques du libéralisme en crise.
28 Il lui est donc nécessaire et possible pour le PCF de construire de
29 nouvelles relations avec le mouvement social, syndical, associatif, de
30 développer des espaces d'échange entre partis et composantes de ce
31 mouvement. La recherche d’alternative serait impuissante sans
32 jonction avec celles et ceux qui luttent sur des objectifs concrets. Et se
33 pose, aux composantes du mouvement social, la question de relier
34 leurs luttes à la visée d’une alternative d’ensemble, sans laquelle elles
35 ne peuvent pas déboucher sur des victoires durables.

36 5.37 Être présents avec nos propres candidates et candidats à


37 toutes les élections
38 À partir des spécificités de chaque échéance électorale, Iil est essentiel
39 d’être présents avec nos propres candidat·e·s à toutes les élections.
40 Notre ambition est d’avoir, en renforçant l’influence de nos idées, le
41 plus d’élu·e·s possible, à tous les niveaux. Elles et ils agissent au
42 service de nos concitoyen.ne.s, des travailleurs.euses, construisent
43 avec elles et eux des projets répondant à leurs attentes. Ils et elles
44 agissent au service des travailleurs et de leurs familles, et pour faire

54
1 bouger la situation. Cela implique des rassemblements visant la
2 construction de majorités politiques.
3 Porter une parole communiste claire dans les temps forts de la vie
4 politique est nécessaire à la réussite de ces rassemblements. Dans
5 chaque institution à laquelle elles et ils participent, les élu.e.s
6 communistes continuent à porter leurs propositions.
7 Chaque scrutin a son importance et sa spécificité et nous les
8 aborderons tous sans en sous-estimer aucun.
9 L’élection présidentielle, dont nous combattons le principe, est
10 cependant un moment structurant de la vie politique. Si elle bride les
11 potentialités du mouvement populaire en les conditionnant à une
12 personnalisation du débat politique, surdétermine l'ensemble des
13 échéances électorales, Eelle est incontestablement l’occasion pour
14 chaque formation de mettre en débat son projet et ses idées à l'échelle
15 du pays. Le parti doit travailler à créer les conditions d’une
16 candidature communiste à l’élection présidentielle de 2022. Cela va de
17 pair avec la réaffirmation de l'importance des élections législatives et
18 sénatoriales, d'autant que les réformes institutionnelles d'Emmanuel
19 Macron constituent un coup grave porté à la démocratie, menace le
20 pluralisme et notre présence au Parlement.
21 Les élections européennes de 2019 portent sur des enjeux majeurs et
22 sont une étape de la recomposition politique en cours. L’enfermement
23 du débat dans la fausse alternative « pour ou contre l’Europe » est
24 mortifère pour nos combats de classe. Le Parlement européen et la
25 Commission européenne courent le risque d'être dominés par la droite
26 radicalisée et l’extrême droite avec un Rassemblement national
27 ambitionnant en France la tête du scrutin. C'est d'ailleurs sur ce risque
28 qu'Emmanuel Macron s'appuie pour s'ériger en porte-drapeau des
29 « progressistes » face aux « nationalistes », cherchant de ce fait à
30 interdire le débat sur une autre construction européenne. Or, dirigeants
31 néolibéraux et d'extrême droite défendent ensemble les intérêts de la
32 classe capitaliste.
33 La vision de classe et internationaliste que nous portons a pour
34 ambition de déjouer ce piège. Nous sommes d'ores et déjà en
35 campagne pour promouvoir le projet communiste d'une union des
36 nations et peuples libres, souverains et associés. Cette campagne
37 lancée suffisamment tôt permet de montrer que le PCF est à
38 l’initiative, qu’il défend des propositions offensives, qu’il compte dans
39 ses rangs de nouveaux visages et qu’il faudra compter sur les
40 communistes pour les rassemblements à construire.
41 Nous nous adressons publiquement au monde du travail, aux
42 mouvements sociaux et citoyens, aux forces de gauche qui partagent
43 notre refus de la construction libérale européenne et visent des
44 avancées sociales, écologiques et démocratiques pour les peuples
45 européens. Nous leur proposons la candidature de Ian Brossat comme
46 tête d’une liste de large rassemblement. Dans cette campagne nous
47 porterons les priorités suivantes :

55
1  1. Pour de nouveaux pouvoirs démocratiques et l'égalité des
2 droits. La voix des peuples doit être respectée en Europe. Le
3 droit des femmes à l'égalité et à disposer de leur corps et les
4 droits humains contre toutes les dominations doivent être
5 promus.

6  2. Pour faire progresser les droits des salarié·e·s contre la


7 concurrence destructrice, le travail détaché et les
8 délocalisations, et augmenter les salaires

9  3. Pour promouvoir les services publics, en utilisant l’audit sur


10 les effets des directives de libéralisation en cours de réalisation
11 par la GUE-NGL et en créant un fonds européen pour le
12 développement social et solidaire.

13  4. Pour une autre utilisation de l'argent, un autre rôle de la


14 BCE et la lutte contre l’évasion fiscale au service de l'emploi
15 de qualité, des services publics et de la protection sociale et de
16 l'écologie.

17  5. Pour la transition écologique au niveau européen en


18 développant la lutte contre le réchauffement climatique par la
19 mise en place d'un service public européen de l'énergie.

20 Il est indispensable que le PCF ait des député·e·s européen·ne·s. Nos


21 député·e·s européen·ne·s s’inscrivent dans le cadre confédéral de la
22 GUE-NGL, cadre qu’il faut maintenir et développer.
23 Un nouvel effacement du parti et de ses idées au nom du
24 rassemblement derrière une possible tête de liste issue d’une autre
25 formation politique aurait de graves conséquences aux élections
26 municipales. Menons la bataille sur nos idées et construisons une liste
27 de large rassemblement initiée et conduite par le PCF.
28 Les élections locales, municipales et métropolitaines, départementales
29 et régionales doivent permettre à notre parti de démontrer ses
30 capacités de rassemblement. Nous avons besoin d'une stratégie
31 nationale déclinée localement et les prochaines échéances de 2020
32 nécessiteront une riposte à la restructuration forcée de nos institutions
33 accélérées par Macron. C’est pourquoi nous proposerons partout des
34 listes de large rassemblement des forces progressistes autour du projet
35 politique construit avec les citoyen·ne·s et portant partout nos
36 exigences contre l’austérité, pour le respect des communes, des
37 départements et régions et contre la casse des institutions
38 républicaines, pour les services publics, leur défense et leur
39 développement, du logement public, des moyens du droit commun
40 assurant le développement social, écologique et démocratique de tous
41 les territoires. Nous pensons que 2020 doit être une étape de la
42 conquête et de la reconquête du plus grand nombre de villes et de nos

56
1 appuis (communes, intercommunalités, métropoles, départements,
2 régions) dans les institutions de toute la France.
3

57
1 6- Pour un Parti communiste utile, agissant,
2 audacieux et novateur, internationaliste et
3 révolutionnaire
4 Il y a besoin d’un parti révolutionnaire. Ce parti ne peut s’en tenir au
5 soutien des luttes et à faire écho à la protestation contre le néo-
6 libéralisme. Il doit contribuer à ouvrir les perspectives politiques dont
7 les luttes ont besoin pour gagner durablement. Il doit organiser et
8 travailler cela dans la continuité, développer en son sein éducation
9 populaire, élaboration théorique et échanges.

10 La rupture mal conduite avec la conception d’un « parti guide » nous a


11 conduit à abandonner l’ambition d’être à l’avant-garde des luttes et
12 des idées, de jouer le rôle actif d’éclaireur qui devrait être le nôtre.
13 Cela a conduit à la suppression de ce qui faisait la force de notre
14 organisation, particulièrement le parti à l’entreprise, et à un
15 relativisme théorique éclectique au détriment d’un marxisme vivant et
16 ouvert sur les grands débats d’idées.

17 De nombreux travaux ont été menés dans le parti pour analyser,


18 comprendre la situation contemporaine, ses différents aspects, ses
19 contradictions, son aggravation et formuler des propositions. Mais les
20 directions nationales successives n’ont pas su ou voulu créer les
21 conditions de la réflexion collective des communistes pour qu’ils et
22 elles s’approprient ces travaux et les enrichissent. Sous prétexte de
23 faciliter un rassemblement a minima, la direction n’a jamais cherché à
24 faire le travail de simplification populaire de nos propositions dans le
25 débat public avec des initiatives d’action capables de rassembler.

26 Nos propositions n’ont quasiment servi que dans les textes de congrès
27 et, très peu, dans les campagnes électorales. Cela n’est-il pas à la
28 racine de la perte de visibilité et de crédibilité du parti ? Nombre de
29 camarades ont tiré la sonnette d’alarme, à différents moments.

30 Le communisme est le mouvement réel qui abolit l'ordre existant. Les


31 prémices de ce mouvement existent dans la société. Notre organisation
32 doit être à l’écoute de ces prémices : de l’état et de l’évolution des
33 consciences comme des nouvelles aspirations émancipatrices. Les
34 mouvements populaires sont indispensable pour faire progresser des
35 transformations révolutionnaires, mais ne sont pas spontanément
36 transformateurs. Il nous faut un parti dont le rôle est d’identifier au
37 cœur du combat de classe les obstacles et les leviers pour ouvrir des
38 perspectives de changement ; un parti révolutionnaire, un parti qui se
39 fixe comme objectif la maîtrise des enjeux, des rapports de force par le
40 plus grand nombre pour faire avance des idées et des orientations
41 communistes, capable faire reculer l'emprise des idées dominantes.

42 Il nous faut un parti qui agisse pour le développement des luttes, qui
43 les nourrisse dans une visée transformatrice ; un parti qui initie et
44 travaille à partir des aspirations multiples du mouvement populaire

58
1 pour construire des propositions utiles à la transformation sociale.
2 Nous voulons être le parti de l'initiative communiste.

3 Cela implique une organisation de proximité, qui fait de la politique


4 partout, des quartiers aux entreprises, une organisation qui développe
5 dans la société, dans les mouvements populaires, le travail d'analyse et
6 d'élaboration politique, théorique et d'échanges nécessaires, une
7 organisation qui travaille en direction de toutes les couches sociales,
8 en proposant des axes programmatiques et en développant l'éducation
9 populaire.

10 Donner à cette ambition une portée majoritaire suppose de dépasser la


11 défiance populaire envers les partis et la politique et de montrer que
12 notre objectif est de contribuer à permettre à chacune et chacun de
13 prendre en mains son avenir, d'avoir la maîtrise du processus
14 révolutionnaire.

15 Il s'agit de construire les conditions du changement de société en


16 faisant de la démocratie le but et le moyen de notre action.

17 De nombreux travaux ont été menés dans le parti pour analyser,


18 comprendre la situation contemporaine, ses différents aspects, ses
19 contradictions, son aggravation et formuler des propositions.
20 Cependant la diffusion de nos idées et de notre projet est insuffisante
21 au regard de notre ambition à révolutionner l’état des choses existant.
22 ll nous faut donc permettre à chaque communiste de s’emparer de ces
23 analyses et propositions afin créer les conditions de la réflexion, de
24 l’appropriation et de l’enrichissement. Nos idées n’ont jamais été aussi
25 fortes que quand elles sont devenues des idées dans la société, quand
26 elles ont débouché sur des réalisations concrètes gagnées dans divers
27 rassemblements. La direction nationale doit désormais créer les
28 conditions de la réflexion collective des communistes pour qu’ils et
29 elles s’approprient ces travaux, les enrichissent, les diffusent autour
30 d’eux et les confrontent aux autres.

31 Aujourd’hui, Macron y aurait-il autant d’espace pour imposer des


32 réformes qui ont toutes pour pivot la baisse du « coût du travail » si le
33 Parti communiste avait mené dans la durée une campagne sur le coût
34 du capital ?

35 Ce Notre congrès doit permettre de redonner à notre parti une grande


36 ambition révolutionnaire et de redéfinir son rôle.

37 Le mouvement populaire et l’intervention citoyenne, aussi essentiels


38 qu’ils soient, ne sont pas spontanément transformateurs, pas plus que
39 le communisme ne se développe naturellement dans la société.
40 Défendre les avancées sociales menacées, contester le partage des
41 richesses ne conduit pas spontanément à mettre en cause les pouvoirs
42 patronaux et du capital.

59
1 Ainsi, la création de la Sécurité sociale, innovation sociale majeure
2 qui a donné un avant-goût de communisme, n’est pas tombée du ciel.
3 Elle a été le produit d’une jonction entre des luttes considérables et
4 une idée révolutionnaire, traduite par les communistes dans les
5 institutions après la Libération.

6 Pour rendre majoritaire l’exigence d’autres choix, il faut avancer,


7 entre autres, des idées originales capables de faire reculer l’emprise
8 des idées dominantes. Il faut avancer sur des solutions
9 transformatrices à la hauteur du défi de transformation posé lancé par
10 la crise. Il faut agir pour que ces idées alimentent les luttes et les
11 débats. Confrontons nos propositions avec toutes les autres forces
12 politiques de gauche, avec toutes celles et tous ceux qui se mobilisent,
13 qui luttent et construisons ensemble les réponses. agissons pour que
14 les luttes s’en emparent.

15 L’identité du PCF, dans le combat de classe de notre temps, est


16 indissociablement démocratique et révolutionnaire.

17 Notre action doit avoir une double dimension : contribuer au


18 rassemblement pour faire reculer Macron le capital, le pouvoir
19 politique et le patronat jusqu’à créer les conditions d’une politique
20 alternative et, inséparablement, favoriser l’avancée vers un
21 dépassement du capitalisme.

22 L’expérience montre qu’il ne suffit pas de faire adopter en congrès un


23 relevé de décisions détaillé. voué à rester inappliqué. Il revient au
24 congrès de définir une conception du parti et une orientation
25 d’organisation. C’est le nouveau Conseil National qui doit être chargé
26 de la mise au point de décisions précises en inscriavant ces question à
27 son ordre du jour. C’est à partir de la conception de notre parti et de
28 l’orientation de notre organisation définies en congrès que les
29 directions devront travailler. Tout ceci suppose également
30 consultation, débat et vote des communistes. Il faudra examiner les
31 transformations éventuelles de nos statuts que ces transformations
32 appellent à partir d’un bilan d’expérience, en vue du 39e congrès.

33 6.1 Relancer l’action organisation à l du parti envers les


34 entreprises et le monde du travail

35 Portons le combat jusqu’au cœur du système capitaliste : les


36 entreprises et les banques. Il faut relancer renforcer l’organisation du
37 parti dans les entreprises, lieux décisifs de la lutte des classes. Ce
38 terrain a été abandonné. Le 37ème congrès avait même décidé d’un
39 conseil national sur cette question. Il n’a jamais eu lieu.

40 Pourtant l’entreprise est un lieu décisif de la lutte de classes. Lieu de


41 pouvoir sur l’économie, la société et la vie quotidienne, c’est aussi un
42 lieu où le patronat peut imposer ses idées. Un lieu où se forge un vécu
43 d’expériences et des mentalités sur lesquelles peuvent s’imposer les
44 idées dominantes comme se construire une conscience de classe.

60
1 C’est si vrai que Les gouvernements successifs, dans le sillage du
2 Medef, n’ont cessé de faire de l’entreprise et du travail les pièces
3 centrales de leur politique, cherchant ce que Hollande a pu qualifier de
4 « compromis historique » de soumission des salariés et de la société
5 aux objectifs patronaux. Avec Macron, ce chantier prend une bien plus
6 grande ampleur, en visant une destruction sans précédent des acquis
7 sociaux, tout en cherchant à intégrer le plus possible le salariat à ses
8 choix politiques à partir de l’entreprise.

9 Actuellement, les nouvelles formes d’activités qui apparaissent («


10 ubérisation », « auto-entreprenariat », « télétravail »…) et l’éclatement
11 sans précédent des statuts des salariés, le recours à la précarité, aux
12 intérims, à la sous-traitance conduit à plus d’exploitation. L’explosion
13 inédite du chômage, l’aggravation de la précarité et des bas salaires…
14 tout cela fait partie des causes des difficultés de l’organisation dans les
15 entreprises au plan syndical comme au plan politique. Cependant les
16 lieux de travail sont aussi les lieux où, par l’activité syndicale, se
17 construit la solidarité revendicative, où prend corps la force du
18 mouvement social.

19 Pour libérer la politique de la dictature du marché, il faut une


20 appropriation sociale effective des entreprises et des banques, et de
21 toutes les institutions qui leur sont liées. De même que nous
22 n’entendons pas déléguer la politique et l’intérêt général au sommet de
23 l’État, nous devons refuser de déléguer la gestion des entreprises, avec
24 la production des richesses, aux capitalistes. La séparation entre
25 l’économie et la politique est au cœur du capitalisme et de ses
26 aliénations. Nous voulons la dépasser.

27 Il est donc vital de relancer réellement sans se contenter de promesses


28 de congrès la vie du parti et le combat organisé, si indispensables dans
29 les entreprises et autour d’elles. C’est aussi la condition pour faire
30 progresser une conscience de classe et une unité politique du salariat
31 dans sa diversité, sur l’ensemble des enjeux qui le concerne, dans
32 l’entreprise comme dans la cité.

33 Ce travail, nous devons également l’engager dans les lieux de travail,


34 auprès des agents des services publics, des collectivité territoriales,
35 qui voient leurs statuts menacés de disparition et les missions qu’ils
36 remplissent être dégradées fortement par l’austérité que subissent les
37 collectivités et les services publics en général.

38 De plus, notre parti doit travailler à renforcer ses liens avec le


39 mouvement social et les syndicalistes, non seulement pour être le
40 relais politique des luttes qui existent mais aussi pour les nourrir et
41 participer à les initier afin qu’elles s’inscrivent dans une perspective
42 de transformation globale de la société. Pour cela, il nous faut donc
43 favoriser la participation de militants issus du mouvement social dans
44 nos instances de direction.

61
1 Cela demande à la fois un effort d’organisation et d’élaboration
2 politique.

3 6.2 Faire vivre les batailles politiques et les solidarités concrètes


4 dans les territoires

5 Dans Sur les territoires aussi, en lien avec le mouvement associatif, les
6 syndicats et les collectifs locaux, le Parti communiste doit s’investir
7 pour faire vivre localement des luttes et des campagnes dans des luttes
8 locales immédiates, tout en cherchant à faire progresser les idées de
9 changement de politique et de société. Il faudra veiller à ce que ces
10 campagnes Ces luttes et ces campagnes locales et nationales doivent
11 s’alimenter mutuellement. Ainsi, à partir des préoccupations de la
12 population, au travers de la défense des différents services publics si
13 nécessaires à tou·te·s aux populations, nous pouvons faire percevoir
14 les enjeux nationaux et politiques des décisions locales. À nous
15 d’expliquer qu’ils elles résultent d’une logique politique qui nous est
16 imposée : réduire coûte que coûte les dépenses publiques et sociales,
17 tout en épargnant les gâchis capitalistes source des déficits et des
18 dettes publiques, livrer des pans entiers de l’activité humaine au
19 marché et aux profits capitalistes. Nous pouvons à partir de là s luttes
20 locales apporter des propositions pour une autre logique que celle du
21 taux de profit.

22 Les initiatives de solidarité concrète (ventes de fruits et légumes,


23 journées à la mer, aide administrative, en lien avec les organisations
24 qui travaillent dans le même sens… ) qui se développent dans les
25 sections et les fédérations participent à démontrer l’originalité de notre
26 organisation et à nous inscrire dans les batailles de territoire. Elles
27 permettent de passer de la parole aux actes et ainsi de crédibiliser
28 notre discours, nos propositions. Ces initiatives peuvent constituer des
29 portes d’entrée pour l’engagement politique et incarnent nos batailles.
30 Elles participent à la politisation et à mise en mouvement populaires.
31 Il nous faut travailler à développer ces initiatives et ces liens dans la
32 durée.

33 6.3 Un parti féministe

34 Alors qu’aujourd’hui 45 % des adhérents sont des adhérentes, que la


35 majorité des responsabilités dans le PCF sont assumées par des
36 hommes (80 % des secrétaires fédéraux sont des hommes), nous avons
37 l’ambition de lever les obstacles à l’engagement et la prise de
38 responsabilités des femmes dans le parti. Pour cela nous devons
39 encore développer des pratiques permettant la répartition mixte et
40 adaptée des tâches, en prenant en compte le poids des contraintes et de
41 la « double journée de travail », que nous combattons dans la société
42 avec notre bataille pour l'égalité.

43 Nous en faisons un axe de travail de notre organisation, car le Parti


44 doit vraiment prendre des mesures afin de renforcer cette égalité et

62
1 obtenir une véritable crédibilité dans ce domaine : meilleure utilisation
2 du livret ressource contre les violences faites aux femmes, mais
3 également combattre avec fermeté tous les comportements sexistes en
4 mettant en place des outils de prévention, de formation et de sanction.

5 6.4 Les élu·e·s


6 Les élu·.e·.s sont des points d'appui pour notre parti. Lanceur·se·s
7 d'alerte, porte-parole des salarié·e·s et des citoyen·ne·s,
8 initiateur·rice·s de conquêtes améliorant la vie des gens, ils et elles
9 sont utiles à la population. Leur action doit être valorisée car elle
10 participe à la visibilité de notre parti. Elles et ils participent à faire
11 vivre L’existence du parti et de son organisation sont essentielles pour
12 faire vivre de telles les batailles de ans la proximité jusqu’au pouvoir.
13 Le rôle des élu·e·s est précieux pour les crédibiliser et leur donner de
14 la visibilité, pour accéder à des informations indispensables, pour
15 porter ces combats jusque dans les lieux de pouvoirs institutionnels,
16 dont il faut utiliser tous les leviers d’action tout en en montrant les
17 limites. La construction collective entre militant·e·s et les élu·e·s est à
18 renforcer : il en va de la cohérence de nos idées politiques, de notre
19 efficacité et de la mise en adéquation de nos idées et actions. C’est
20 ensemble, militantes et militants, élues et élus, que nous pouvons créer
21 les rapports de force permettant d’arracher les moyens d’une vie digne
22 pour tout un chacun.

23 L’enjeu aujourd’hui pour notre parti est de permettre d’avancer vers


24 une démocratie participative et d’intervention, ouvrant ainsi la voie à
25 la construction progressive d’une démocratie autogestionnaire.

26 Nous nous battons, en outre, pour un statut de l'élu·e qui soit


27 protecteur et permette à tous les citoyens et citoyennes d'accéder à des
28 mandats électifs.

29 6.5 La formation, une priorité

30 La formation des militantes et militants est une demande très forte.


31 Son développement est une nécessité absolue. Elle exige un nouvel
32 effort méthodique et suivi de réorganisation à tous les niveaux de
33 responsabilité à partir des apports du marxisme vivant. En effet, la
34 formation doit avoir comme objectif d’élargir le nombre de
35 communistes en maîtrise de concepts, de gestes, d'outils pour donner
36 sa pleine mesure au libre rayonnement de chaque adhérent·e dans la
37 société, tout en assurant un partage d’expériences et de pratiques. Elle
38 doit également assurer l’appropriation de nos idées par tou·te·s les
39 adhérent·e·s. Il s’agit non seulement de permettre aux communistes de
40 se les approprier, mais aussi de pouvoir être actrices et acteurs de leur
41 élaboration.

63
1 Partant du rôle fondamental de la lutte de classes dans l’histoire, et du
2 rôle du capital, l’analyse critique de Marx, dépassant le socialisme dit
3 utopique, a posé les bases d’une vision beaucoup plus rigoureuse du
4 socialisme et du communisme. C’est à partir de cette analyse qu’il a
5 montré la nécessité de l’existence de partis communistes et d’une
6 Internationale. Aujourd’hui, ni sclérose dogmatique ni éclectisme
7 confondu avec ouverture, il faut encourager le travail de création
8 théorique en liaison avec les luttes et expériences, avec l’ambition
9 d’une nouvelle hégémonie culturelle sur la gauche et dans la société.

10 Cela contribuera à l’efficacité de notre travail intellectuel collectif


11 riche pour l’élaboration de nos propositions.

12 C’est ainsi que nous rendrons attractif le projet communiste.

13 Tenant compte des difficultés financières et matérielles, nous devons


14 non seulement travailler à l’organisation régulière dans les fédérations
15 de stages d’accueil et de temps de formation thématiques locaux, mais
16 aussi mieux utiliser les outils numériques, pour mutualiser les savoirs
17 et les ressources. C’est ce qui se met en place en particulier avec
18 l’Université permanente et que nous devons veiller à populariser et
19 élargir, des cellules aux régions.

20 De même, tant au niveau régional que national, il est essentiel de


21 travailler à l’organisation de stages de cadres, afin d’aider à la prise de
22 responsabilités par davantage de camarades.

23 L’éducation populaire est essentielle à nos yeux et c’est bien dans


24 notre organisation que les efforts doivent débuter !

25 6.6 Travailler à une nouvelle organisation du parti et à son


26 renforcement

27 Pour tout cela il nous faut analyser lucidement le fonctionnement du


28 parti. Depuis 2012, nous assistons à une dérive présidentialiste dans le
29 parti lui-même, qui dessaisit les instances de direction et les
30 communistes de toute maîtrise réelle sur les décisions engageant
31 l’avenir du parti. La disparition de l’élection du secrétaire national par
32 le CN au bénéfice du congrès a participé de cette présidentialisation.

33 Il est vital de travailler vraiment à une nouvelle organisation de notre


34 parti et à son renforcement.

35 Revalorisons le rôle, les moyens et la souveraineté des organisations


36 de proximité (territoires et entreprises). L’abandon des Les difficultés
37 de vie des cellules et leur manque de moyens a en effet gravement
38 appauvrissent la vie démocratique du parti et participent à affaiblir son
39 ancrage de terrain. Cela a contribué à réduire les capacités d’action
40 des sections et à diminuer le nombre de camarades participant aux
41 débats et initiatives. À partir de nos forces existantes et de leur
42 renforcement, nous devons viser une nouvelle efficacité pour l’action,

64
1 renforcer notre ancrage social mis à mal et rechercher une liaison avec
2 ce qui émerge de neuf dans la société. La proximité est un niveau
3 décisif, nous devons travailler partout où cela est possible à
4 développer les organisations de proximité comme leur structuration.
5 La collecte de la cotisation est un élément structurant pour cela. Ainsi
6 en cotisant l’adhérent·e s’engage, et dans le même temps l’argent
7 récolté participe à la souveraineté des communistes comme à leur
8 mise en mouvement.

9 Les sections doivent être conçues pour le développement de leur vie


10 politique et la prise de décision d’action, bien au-delà des assemblées
11 générales de section.

12 Les fédérations départementales sont essentielles. Elles doivent


13 permettre l’échange, la prise de décisions, l’action coordonnées et leur
14 mise en œuvre dans un même département et fournir leur appui aux
15 sections. Les fédérations jouent un rôle essentiel car elles se situent à
16 une échelle où se joue le pouvoir des intercommunalités, métropoles
17 et départements.

18 Pour renforcer Sans affaiblir le niveau départemental, et sans le «


19 coiffer », il est nécessaire de donner au niveau régional un rôle à la
20 hauteur des responsabilités du parti., pour déployer nos campagnes
21 dans la proximité, pour mieux percevoir les évolutions qui s’opèrent
22 dans la société, nous avons besoin d’intensifier aussi les liens entre les
23 fédérations et le niveau national. En prenant en compte les moyens des
24 fédérations, nous proposons de mettre en place des suivis régionaux,
25 en lien avec la vie du parti, chargés de réunir et débattre régulièrement
26 avec les secrétaires fédéraux des campagnes, de l’état d’organisation
27 du PCF et d’échanger sur l’analyse de la société que nous faisons.

28 Dans le même temps, nous devons relancer les comités régionaux


29 dans le cadre des nouvelles régions. La région est devenue une
30 collectivité territoriale stratégique, avec des compétences dans des
31 secteurs structurants, un impact fort sur le remodelage du territoire,
32 selon les impératifs de rentabilité et compétitivité du capital. Il est en
33 effet urgent de relancer notre structuration régionale, pour porter les
34 projets régionaux répondant aux aspirations populaires, pour
35 combattre politiquement les évolutions destructrices qui mettent hors
36 jeu les territoires jugés inaptes à la concurrence mondiale.

37 Les nouvelles réalités institutionnelles demandent à notre parti de


38 créer de nouveaux espaces d’échanges et de coopération afin de
39 répondre aux enjeux des territoires.

40 Le principe de commissions, réseaux, thématiques ou d’entreprise,


41 dans le PCF, a été acté depuis plusieurs années. Beaucoup de
42 communistes y sont investi·e·s. Ne faut-il pas, pour Il faut concevoir
43 un développement efficace de ces réseaux au regard des objectifs du
44 parti, en lien avec les structures locales du PCF, procéder à une
45 évaluation analyse de leur action sous la responsabilité du CN.
65
1 Tout ceci n’est valable que si nous sommes capables dans le même
2 temps de travailler à notre renforcement. En effet, la question de notre
3 nombre est essentiel pour investir les luttes, les mobilisations, y faire
4 entendre notre apport, ainsi que pour rayonner dans la société. C’est
5 essentiel pour développer la proximité et tisser contact humain et
6 rapports de confiance dans la durée. Cette question de notre nombre,
7 loin d’être une question interne, est un élément indispensable pour
8 donner force à l’alternative dont la France a besoin.

9 Ainsi, notre renforcement, comme la une restructuration de notre


10 organisation, demandent un des efforts tenaces et intenses. Pour
11 progresser, les maîtres-mots devraient être recensement des
12 expériences et des potentiels, expérimentation de nouvelles manières
13 de faire, évaluation, mutualisation et formation. Et ce à tous les
14 niveaux, de la cellule au conseil national, en passant par les sections et
15 fédérations. La direction nationale doit en assumer un rôle
16 d’impulsion et de suivi dans la durée, dans le respect de la
17 souveraineté des communistes.

18 6.7 Un parti attractif pour les jeunes

19 Nous devons développer nos initiatives à l’adresse des jeunes et être


20 attractifs pour elles et eux en prenant en compte leurs aspirations et
21 modes d'engagement spécifiques, en leur permettant de se former et de
22 prendre des responsabilités. Dans cet objectif, le MJCF et sa branche
23 étudiante, l'UEC, sont des points d'appui essentiels. Il nous faut
24 renforcer nos liens avec cette organisation, dans le respect de son
25 indépendance, pour lui donner un nouvel élan, et soutenir partout son
26 rayonnement. Celui-ci s'est considérablement renforcé ces dernières
27 années ; il est devenu un outil important pour les jeunes dans toutes
28 leurs mobilisations. Les communistes soutiennent cette dynamique en
29 favorisant le développement d'espaces d'accueil, de soutien logistique
30 et d'échanges politiques avec le MJCF et sa branche étudiante (UEC).

31 6.8 Renouveler nos directions et leur fonctionnement

32 Nous avons besoin de directions qui travaillent, construisent


33 collectivement, en interaction avec les structures locales du parti, une
34 ligne politique et l’incarnent, dans le parti et dans la société. Nous
35 nous donnons comme objectif de transformer la manière dont nous
36 choisissons nos directions et leur pratique de travail pour :

37  Impulser des initiatives locales et nationales contribuant au


38 rayonnement des idées communistes, à partir des
39 préoccupations de la population, de l’évolution de la société et
40 des luttes

41  Permettre à des milliers de femmes et d’hommes, notamment


42 issus des milieux populaires, de zones rurales comme des

66
1 grandes agglomérations, de prendre des responsabilités
2 militantes et électives

3  Rendre possible la pleine implication de camarades salarié·e·s


4 dans le travail de direction

5  Rendre possible un travail collectif soutenu et efficace, quelles


6 que soient les différences de culture et d’expérience politique

7  Articuler le développement du débat démocratique interne à


8 tous les niveaux, la liberté de chaque communiste avec la mise
9 en œuvre des décisions du parti ; fournir à tous les niveaux les
10 éléments permettant une prise de décision instruite et une
11 pleine souveraineté des adhérents pour leur mise en
12 mouvement

13  Rendre possible une véritable égalité entre les femmes et les


14 hommes dans les directions : non seulement une composition à
15 parité, mais une égale possibilité d’intervention.

16 Le congrès précédent avait pris des décisions en ce sens (désignation


17 d’une équipe de porte-paroles, à parité, chargés de faire entendre la
18 voix du PCF dans les médias ; organisation d’un service de garde
19 d’enfants pour toutes les réunions importantes des directions…) Il
20 nous faut les mettre en œuvre à présent. Il est incompréhensible
21 qu’elles n’aient jamais été mises en œuvre.

22 Le conseil national, élu par le congrès, est la seule instance de


23 direction nationale. Il doit pouvoir assumer pleinement cette
24 responsabilité. Cela nécessite un effort, en particulier pour résister au
25 caractère présidentialiste de la vie politique, qui a des effets jusque
26 dans notre parti. Le Comité exécutif national doit servir à préparer ses
27 décisions et en impulser leur mise en œuvre en liaison avec l’actualité,
28 et non se substituer à lui. Le Conseil national doit pouvoir décider de
29 ses ordres du jour et faire très régulièrement le bilan de l’application
30 de ses décisions. Le conseil national doit être soucieux et attentif aux
31 travaux des commissions, réseaux et secteurs du PCF. Il doit être
32 tourné vers la réorganisation et le renforcement du parti.

33 Partage d’informations, communication et bataille pour


34 L’Humanité

35 6.9 La communication

36 Le contenu de la communication nationale du parti est très critiqué. En


37 liaison avec des décisions de réorientation politique, nos moyens de
38 communication doivent en particulier être des outils au service de la
39 bataille d’idées précise sur nos propositions et permettre une
40 identification du parti.

67
1 Notre communication doit contribuer à réidentifier notre parti dans la
2 société à des combats et des contenus transformateurs et à élargir
3 l’audience de nos idées et de nos propositions. La communication
4 actuelle de notre organisation doit être redéfinie et connaître un saut
5 qualitatif afin de s’affranchir de notre problème d’image en s'adressant
6 à un large public, notamment en direction des entreprises, des
7 salarié·e·s, des femmes et des jeunes, ceux-là mêmes qui dans les
8 enquêtes se déclare les plus ouverts à la question du communisme.

9 L’objectif est de donner à voir la modernité du PCF et du combat


10 communiste. Il nous faut donc améliorer notre réactivité à l’actualité,
11 en développant notre porte-parolat à parité et mener des campagnes
12 de communication dans la durée. L’enjeu est double : produire des
13 supports de diffusion idéologiques de qualité en lien avec le
14 renouveau de la pensée marxiste et travailler à leur diffusion massive,
15 notamment grâce à l’outil vidéo mais aussi à travers la création d’un
16 média internet clairement identifié comme étant le média TV du PCF.

17 Nous devons également rendre accessible notre plateforme numérique


18 afin de mieux partager les actions, les agendas, les textes des
19 fédérations, des sections et des cellules et retravailler une charte
20 graphique, voire créer un nouveau logo.

21 Dans ce travail, nous devons aussi maintenir et renforcer les outils


22 militants existants mis à disposition des communistes pour permettre
23 la mise en œuvre des campagnes locales et nationales (tracts, affiches,
24 cartes de pétition, questionnaires…)

25 Par ailleurs, nous devons produire un effort nouveau de


26 développement, d’appropriation et de diffusion de nos revues (Cause
27 commune, Économie et politiquePolitique, Progressistes) qui sont
28 autant d’outils pour l’activité des communistes.

29 6.10 Les nouvelles technologies

30 sont un outil d’efficacité, d’initiative, de transmission de


31 l’information, de concertation.La révolution numérique a bouleversé
32 la manière de faire de la politique, les relations sociales, les
33 représentations et la construction des opinions. Elle a créé de
34 nouveaux processus et lieux de politisation. Il nous faut nous en saisir
35 pleinement, tout en élaborant Il faut se garder d’en faire un moyen de
36 centralisation du pouvoir, travailler à des formations permettant à
37 chaque communiste d’y accéder et combattre ainsi la fracture
38 numérique au sein même de notre parti.

39 En effet, il s’agit de se doter de nouveaux outils politiques. Nous


40 mettons en œuvre une stratégie numérique globale afin d’acquérir une
41 force de frappe sur les réseaux numériques et de renforcer notre
42 activité locale.

68
1 La plateforme numérique du PCF est un lieu ressource pour les
2 sympathisant·e·s, adhérent·e·s et responsables de notre parti, en
3 permettant à chacune et chacun d’y ouvrir un compte « Mon PCF ».

4 C’est à cet objectif que nous voulons répondre avec la plateforme


5 numérique du PCF.

6 Ces moyens technologiques sont une aident au travail militant qui


7 mais ne remplace pas les débats nécessaires dans les organisations
8 territoriales et d’entreprises.

9 6.11 L’Humanité

10 L’HUMANITÉ : l’existence du journal de création communiste est


11 menacée. Par-delà les débats de contenu ponctuels et critiques, le
12 journal demeure quotidiennement le vecteur des idées de progrès, des
13 valeurs et des combats communistes dans le pays et dans le monde.
14 Les sorts de L’Humanité et du PCF sont liés. Les communistes
15 financent, vendent, diffusent et promeuvent L’Huma. Ils et elles la
16 lisent quotidiennement. Elle est parfois le poumon du parti. Il faut
17 qu’ils et elles puissent mieux s’en sentir partie prenante. Cela
18 demandera très probablement de trouver les voies de nouveaux liens
19 entre L’Humanité et les communistes, permettant de renforcer les
20 deux, en toute indépendance journalistique.

21 La concentration des médias dans les mains de groupes financiers


22 et le développement actuel du numérique pour le meilleur et pour
23 le pire, rendent l’accès à une information indépendante cruciale
24 pour la démocratie. L’Humanité, journal communiste, est un outil
25 majeur pour informer de la marche du monde, donner à voir les
26 initiatives novatrices et les alternatives sociales et démocratiques.
27 Nous voulons non seulement assurer sa survie aujourd’hui
28 gravement menacée mais aider à en faire toujours plus un outil ou
29 service des luttes, des acteurs politiques et sociaux dans leur
30 diversité, qui œuvrent à la transformation progressiste du monde.
31 La lecture et la diffusion de ses titres est une priorité pour aider à
32 faire émerger un mouvement populaire émancipateur.

33 *

34 * *

35

36

37 Donnons-nous cinq grandes priorités immédiates d’organisation :

69
1 – recenser, structurer et développer nos forces dans les territoires,
2 quartiers populaires, zones rurales, entreprises et dans le monde du
3 travail, notamment en utilisant le numérique

4 – développer la formation théorique et pratique en direction de


5 tou·te·s les adhérent·e·s et cadres du parti

6 – faire de notre parti une organisation féministe exemplaire

7 – redevenir attractif pour la jeunesse et donner, avec les moyens et


8 l’aide nécessaires, dans le respect de leur autonomie, un nouvel
9 élan aux organisations des jeunes et des étudiantes et étudiants
10 communistes

11 – prendre des initiatives pour contribuer à organiser un réseau


12 international de forces communistes et progressistes
13 révolutionnaires pour une bataille internationaliste visant une autre
14 mondialisation (paix, économie, climat, migrations …).

15 Tout cela implique des transformations importantes de notre parti.

16 Nous sommes le parti de celles et ceux qui produisent les richesses,


17 face à ceux qui accumulent les dividendes. Quel que soit leur statut,
18 elles et ils trouvent au Parti communiste l’organisation de lutte des
19 classes. Le Parti communiste, sans exclusive, cultive sa singularité
20 dans le paysage politique en étant une force à la disposition des
21 milieux populaires. Nous sommes le parti de celles et ceux que les
22 dominations patriarcales et racistes briment et tentent d’abaisser. Au
23 Parti communiste, elles et ils relèvent la tête et se battent pour la
24 justice et la dignité. Nous sommes le parti de celles et ceux qui ne s’en
25 laissent pas conter sur le « capitalisme vert » et savent qu’il faut
26 engager dès maintenant cette révolution écologique. Au Parti
27 communiste, elles et ils s’organisent pour ce combat écologique. Nous
28 sommes le parti de celles et ceux qui ont l’internationalisme au cœur.
29 Au Parti communiste, elles et ils militent pour la paix, la liberté et le
30 droit des peuples.

31 Pour changer cette société, le parti doit permettre l’intervention


32 politique des travailleuses, des travailleurs, comme de toutes celles et
33 de tous ceux qui en sont exclus, dans la proximité comme au plan
34 national et international. Cela demandera un effort acharné. Mais vie
35 politique de proximité, formation et accès aux responsabilités sont
36 indispensables pour, dans un même mouvement, repolitiser la société,
37 répondre à la crise de la politique et commencer à engager des
38 transformations de portée révolutionnaire.

39

40 Nous faisons le choix du communisme

70
1 Le monde a besoin de révolution. Il a besoin d’idées communistes,
2 d’un manifeste communiste pour parti communiste du le XXIe siècle.
3 Notre peuple a besoin d’un parti communiste riche de l’engagement et
4 de la diversité des hommes et des femmes qui y militent, d’un parti
5 communiste rassemblé dans l’action pour ce qui est sa raison d’être :
6 dépasser le capitalisme jusqu’à son abolition, jusqu’à la construction
7 d’une nouvelle civilisation libérée de l’exploitation et de toutes les
8 oppressions et qui se fixe comme objectif le plein et libre
9 développement de chacune et chacun.

10 « Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange


11 Un jour de palme un jour de feuillages au front
12 Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
13 Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche »
14 Aragon

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