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Université de Carthage

Institut Supérieur des Technologies de l’Environnement


de l’Urbanisme et de Bâtiment

Dynamique des sols


1

E N S E I G N A N T E : D R . S I H E M L O U AT I
S TAT U T : I N G É N I E U R E N G É N I E C I V I L –
DOCTEUR EN GÉOSCIENCES
E-MAIL :
S I H E M . L O U AT I @ G M A I L . C O M
S I H E M E . L AWAT I @ I S T E U B . U - C A RT H A G E . T N
Généralités
2
Dynamique des sols
Etude du comportement dynamique du matériau sol en interaction avec les ouvrages
Discipline s’intéresse au comportement dynamique du sol lors d’un mouvement
sismique Stabilité et résistance des ouvrages à tous les séismes possible

Mission lourde Eléments intervenant dans la


la sécurité de l’ouvrage stabilité et le bon comportement
L’économie dans sa réalisation
des constructions.

Nécessité de l’acquisition des connaissances modernes sur le comportement dynamique du


sol pour les acteurs de la construction
La naissance des nouvelles techniques expérimentales d’investigation du comportement du
sol
Des nouvelles approches d’analyse du comportement dynamique des ouvrages
géotechniques s’annoncent.
Généralités
3
Dynamique des sols
Plusieurs formes de chargement dynamique du sol:
• Les vibrations transmises aux fondations par les machines industrielles
• Le compactage dynamique du sol en vue de l’amélioration de ses caractéristiques
• Le battage des pieux
• Le mouvement sismique

Chargement dynamique
Le chargement dynamique peut se subdiviser en deux
catégories :
• Chargement périodique ou cyclique Q(T+t)= Q(t) ∀t; la durée T
d’un cycle est dite période, la fréquence de chargement f est
l’inverse de la période 1/T, Ncyc le nombre de cycles de
chargement et on appelle pulsation ω=2π/T
• Chargement non périodique Q(T+t)≠ Q(t) ∀t
Généralités
4
• Chargement périodique harmonique :
• Chargement périodique non harmonique :
Installation des rideau de palplanches par
vibrofonçage Installation d’un pieu préfabriqué par battage
Généralités
5

• Chargement non périodique impulsif


(Courte durée ordre de µseconde)

Accostage des bateaux Compactage dynamique


des sols

Explosion des galeries


minières
Généralités
6

•Chargement non périodique long


(Longue durée ordre de la seconde ou plus)

Effet de la houle ( vagues) Mouvement sismique

Trafic routier
Généralités
7

Eléments de mécanique des sols


Notions de mécanique des sols requises pour comprendre les concepts
de la dynamique des sols

Composition des sols


Existence de trois phases → définition de
paramètres caractéristiques des sols

Représentation schématique:

- volume élémentaire de sol

- trois phases séparées

- volumes et poids de chacune des phases


Généralités
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Eléments de mécanique des sols

Structures, forme, dimension

Classification d’Atterberg des sols


suivant leur dimension
Généralités
9

Eléments de mécanique des sols

Sols pulvérulents et sols cohérents


Généralités
10

Eléments de mécanique des sols


Indice de densité

Indice de plasticité et de consistance


Généralités
11

Eléments de mécanique des sols


Répartition des contraintes

•Soit un solide quelconque à la surface duquel


s'exercent des forces
• On coupe ce solide par un plan fictif (A)
• Sur la surface de coupure S la partie (II)
exerce des forces sur la partie (I)
• Soit un point M d'une portion de surface dS
entourant le point M sur S
• Sur dS la force exercée par la partie (II) est
dF (direction inconnue à priori)
On appelle contrainte au point M sur la facette dS:
δ F
p = •La contrainte: fonction du point M et de la facette passant par ce
δ S point

• La contrainte p se décompose en :
- contrainte normale σ suivant la normale MN à la facette
- contrainte tangentielle τ suivant le plan de la facette.
Généralités
12

Eléments de mécanique des sols


Répartition des contraintes
• Tenseur des contraintes
- ensemble des contraintes en un point M
-obtenues en donnant à la facette
toutes les orientations possibles

tenseur
symétrique

• Contraintes
tangentielles
τxy= τyx
τyz= τzy
τzx= τxz
Généralités
13

Eléments de mécanique des sols


Répartition des contraintes

Convention de signe (Mécanique des sols)

• Sols résistent très peu à la traction : cette résistance est négligée


Compter positivement les contraintes de compression en mécanique des sols

• On associe à toute facette une normale rentrante


(+) (-)
σ σ

τ τ

n
f = σ .n = σ n + τ t Vecteur contrainte appliqué sur une facette de normale
Se décompose en une composante normale et tangentielle

f
Composante Composante
normale tangentielle  τ = ( σ.n ).n

 σ = ( σ.n ). t

13
Généralités
14

Eléments de mécanique des sols


Contraintes verticales
Généralités
15

Eléments de mécanique des sols


Contraintes horizontales
Généralités
16

Eléments de mécanique des sols


Consolidation des sols
OCR= σc ′(z)/ σv 0 ′(z)

- fondations sur sol surconsolidé (OCR>1)


σv 0 ′ + Δσ′ < σ′p faibles tassements,
voire négligeables
- fondations sur sol normalement consolidé (OCR=1)
toute surcharge entraîne un tassement,
dépendant de cc
- sol sous-consolidé (OCR<1)
Inconstructibles sans traitement particulier
déformations même sans surcharge
Généralités
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Eléments de mécanique des sols


Cisaillement des sols
Généralités
18

Eléments de mécanique des sols


Planning du cours
19
Chapitre I : Caractérisation du mouvement sismique
1) Rappel de tectonique des plaques
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique
3) Paramètres affectant le mouvement sismique
4) Evaluation du risque sismique d’une région
Chapitre II : Comportement des sols sous chargement cyclique
1) Description du comportement des sols
2) Observations expérimentales
3) Notion d’amortissement
4) Modèles de comportement
Chapitre III : Liquéfaction des sables
1) Variation de volume d’un sable sous chargement cyclique
2) Observation de cas de liquéfaction in situ
3) Paramètres affectant la résistance au cisaillement cyclique non drainée
4) Modèles de comportement pour l’étude de la liquéfaction
5) Evaluation du risque de liquéfaction d’un site
6) Stabilisation de sites liquéfiables
Planning du cours
20

Chapitre IV : Mesure des caractéristiques dynamiques des sols

1) Essais en place
2) Essais de laboratoire
3) Comparaison entre mesures au laboratoire et mesures en place
4) Méthodes linéaires et non linéaires

Chapitre V : Réponse sismique d’une couche de sol


Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
21

1) Notions de base
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique
3) Paramètres affectant le mouvement sismique
4) Evaluation du risque sismique d’une région
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
22
Introduction

Les tremblements de terre font partie des cataclysmes naturels qui ont
toujours exerce une grande fascination sur l’humanité destruction
de villes entières
Lourds de conséquences sur les plans économique, social et
psychologique, les séismes présentent des risques majeurs dont il faut
en tenir compte lors de la conception et le calcul des ouvrages.
Les chargements dynamiques considérés dans ce cours seront
exclusivement des sollicitations sismiques.
L’estimation du mouvement sismique en un site donné est l’étape
première dans un projet d’ingénierie parasismique.
Cette étape fait appel à des disciplines diverses et variées : la
géologie, l’histoire, la géotechnique, la géophysique, les
statistiques, etc.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
23
1) Notions de base
La tectonique des plaques

La tectonique des plaques (d'abord appelée dérive


des continents) est le modèle actuel du
fonctionnement interne de la Terre. Elle est
l'expression en surface de la convection qui se
déroule dans le manteau terrestre
La tectonique des plaques est parfaitement
valable pour les plaques océaniques. En effet,
les plaques océaniques sont minces et rigides;
leur limites sont très nettes. Par contre, les
plaques continentales sont beaucoup plus
épaisses et moins rigides. Les limites de
plaques sont donc beaucoup plus floues, et
l'on peut considérer comme limite la suture
paléogéographique
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
24
1) Notions de base
La structure du globe
On peut considérer que le globe terrestre est
formé de sphères emboîtées
La lithosphère, épaisse de 30 à 100 Km, est
très rigide et supporte les continents et les
océans.
L’Asthénosphère (ou manteau supérieur) est
visqueuse en raison de la température qui y
règne, supérieure à 1300°C. Elle descend
jusqu’à 850 Km ; c’est la profondeur ultime
des séismes.
La Mésosphère (ou manteau inférieur) est le
domaine des matériaux plastiques ;
Enfin, le noyau externe est fluide (il n’est pas
traversé par les ondes de cisaillement) ; le
noyau interne (ou graine) est, quant à lui
dense, composé de Nickel et de fer d’où le
qualificatif de Nifer.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
25
1) Notions de base
La structure de la lithosphère
La lithosphère est moins épaisse que ne l’est la
coquille d’un œuf par rapport à l’œuf entier ! La
lithosphère n’est pas continue mais fragmentée en
morceaux.
La carte des épicentres des séismes montre que
ceux-ci dessinent un réseau de fragments de
lithosphère dépourvus de séismes.
Les plaques tectoniques s’emboîtent entre elles
comme les morceaux d’un puzzle
Certaines supportent un océan (la plaque de Nazca),
d’autres une partie d’un océan et d’un continent
(plaque africaine).
Ces plaques bougent en flottant sur l’Asthénosphère
plastique quelques soient naines (plaque des cocos)
ou géantes (plaque du Pacifique Est), .
Elles glissent les unes par rapport aux autres et aux
frontières, on enregistre divers phénomènes : les sols
tremblent, les volcans entrent en éruption, les océans
naissent et meurent et les montagnes surgissent.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
26
1) Notions de base
Qu’est ce qu’il fait bouger les plaques
Observons une casserole remplie d’eau,
chauffée à sa base. A partir d’une certaine
température, les couches d’eau très
chaudes remontent à la surface par le
centre, se déplacent horizontalement en
surface où elles se refroidissent et
redescendent sur les côtés avant de
remonter au centre, etc. Elles dessinent
des courants de convection. De la même
manière, le manteau de la terre est animé
de mouvements lents de convection ;
rappelons que sa température monte
jusqu’à 3500°C près du noyau et descend
à 15°C à la surface de la terre : la matière
chaude remonte, la froide descend. Ce
phénomène est le moteur du mouvement
des plaques.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
27
1) Notions de base
Mouvement des plaques : Accrétion
L’accrétion est un mouvement qui prend place au
niveau des dorsales ou rifts. La dorsale est une
déchirure de la croûte ; à l’origine, une zone
anormalement chaude provoque la formation
d’une poche de magma au sommet du manteau, à
la base d’une croûte peu épaisse (~ 20 à 40 Km)).
Cette poche de magma visqueux soulève et déchire
la croûte terrestre. Ce processus se poursuivant, le
magma va s’évacuer de deux manières :
(1) une partie pénètre dans les fractures de la
croûte et s’épanche à la surface pour donner des
coulées de lave et des volcans;
(2) une autre partie glisse latéralement sous la
croûte terrestre.
De nouvelles fractures apparaissent, des
compartiments s’effondrent et le processus est
accéléré ;
ce phénomène est en cours, à l’est de l’Afrique,
dans le Rift Valley où le continent africain est en
cours de se fendre pour donner naissance à un
océan.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
28
1) Notions de base
Mouvement des plaques : Subduction
En se refroidissant, le magma se solidifie de part et d’autre du rift pour former la croûte océanique ;
cette croûte rocheuse est ensuite repoussée de part et d’autre de la dorsale pour laisser la place à une
nouvelle remontée de magma. L’océan atlantique s’élargit ainsi à raison de 2 cm /an en moyenne et
l’océan pacifique de 18 cm/an par endroits ; les continents s’écartent d’autant. Si on écarte l’idée
farfelue que la terre enfle constamment, une même quantité de croûte doit disparaître quelque part
ailleurs. C’est généralement les plaques qui supportent les océans qui plongent sous une plaque
voisine. La plaque qui s’enfonce, en subduction, coule à 700 Km de profondeur dans le manteau qui
la désagrège et la fait fondre.
Le mouvement de subduction de la Plaque de Nazca sous la plaque sud-américaine s’accompagne de
nombreux tremblements de terre, souvent violents.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
29
1) Notions de base
Le séisme
Un séisme correspond à la propagation
d’une déformation brutale initiée le long
d’une cassure ou faille dans le sous-sol. Ce
mouvement brutal est dû à l’accumulation
lente de contraintes induite par un des
phénomènes décrits plus haut. Selon la
nature des contraintes en jeu (compressives
ou extensives), le mouvement des failles
sera différent :
Les failles normales correspondent à des
zones d’extension ;
Les failles inverses correspondent à des
zones de compression (cas du séisme d’El
Asnam, 1980) ;
Les failles coulissantes correspondent à des
zones de cisaillement (cas de la faille San
Andreas, Californie).
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
30
1) Notions de base
Le séisme
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
31
1) Notions de base
Le séisme
Caractéristiques d’un séisme.

Quelque soit le champ de contraintes, les


déformations induites se propagent et s’atténuent : ce
sont les ondes sismiques. Il s’agit d’ondes élastiques
de volume au voisinage de la source
(foyer, hypocentre) ; elles sont de deux types :

les ondes de compression (ondes P, primaires ou


premières) ou de cisaillement (ondes S, secondaires
ou secondes).

En se propageant, ces ondes rencontrent des


interfaces (surface libre, marqueur, etc..) et se
transforment en ondes de surface (de Rayleigh ou
Love).
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
32
1) Notions de base
Le séisme
Intensité d’un séisme
L'intensité d'un séisme est définie en un lieu par rapport aux effets produits par ce séisme, qu'ils soient
seulement observés ou ressentis par l'homme (réveil, chute d'objets, fissures ...) ou qu'ils aient causés des
dégâts plus ou moins importants aux constructions. On parle alors d'effets macrosismiques.
L'intensité d'un séisme dépend du lieu d'observation des effets causés par le séisme. Elle décroît
généralement lorsqu'on s'éloigne de l'épicentre du séisme mais varie aussi selon la structure géologique. Une
forte intensité est souvent associée à des zones de roches molles (sable, vase, argile et remblais), alors qu'on
note une faible intensité dans des zones de roches plus solides (grès).
Pour un séisme donné, on donne souvent uniquement l'intensité à l'épicentre, la plus forte généralement :
c'est l'intensité épicentrale.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
33
1) Notions de base
Le séisme
Intensité d’un séisme

L’échelle d’Intensité de Mercalli (crée en 1902)


Modifiée (en 1964 (MSK)).
L’échelle Mercalli modifiée s’affranchit de tout instrument
de mesure et donne une description subjective des dégâts
au moyen de questionnaires et enquêtes ; l’échelle est
graduée de I (secousse seulement détectée par les
sismographes) à XII (changement de paysage avec
d’énormes crevasses dans le sol).
Le degré V réveille les dormeurs et au degré X, toutes les
constructions sont détruites.
A la suite d’un séisme, il est donc possible de tracer les
courbes reliant les lieux de même intensité : ce sont les
isoséistes. Ces lignes s’emboîtent et les intensités
maximales, au centre, sont proches de l’épicentre
(projection du foyer ou hypocentre à la surface du sol).
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
34
1) Notions de base
Le séisme
La magnitude d’un séisme

La magnitude d’un séisme, notion


introduite en 1935 par Charles Richter,
permet d’évaluer l’ampleur d’un séisme
indépendamment du lieu d’observation, en
se basant sur l’estimation de l’énergie
libérée au foyer d’un séisme .
La magnitude est une fonction
logarithmique calculée à la base de la
mesure de l’amplitude du signal sismique
par un sismomètre, ou à partir de la durée
du mouvement sismique lue sur un
sismogramme.
La magnitude augmente d’une unité
lorsque l’amplitude du mouvement
sismique est multipliée par dix.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
35
1) Notions de base
Le séisme
La magnitude d’un séisme
L’échelle de magnitude de Richter. La
magnitude est une grandeur rationnelle capable de
comparer la dimension d’un séisme par rapport à un
autre. Richter (1935) a remarqué que les courbes
exprimant l’amplitude maximale A d’un séisme
(l’amplitude est donnée par un sismomètre) en
fonction de la distance à l’épicentre R sont parallèles
pour deux séismes différents (figure 1.11). Désignant
une courbe particulière de séisme de référence, il a
défini la magnitude locale ML d’un séisme par la
différence suivante (Richter, 1958) :
ML = log10A - log10Ao
A est l’amplitude en mm lue sur le sismomètre,
Ao est l’amplitude en mm du séisme de référence pour la
même distance de l’épicentre.

La distance de l’épicentre R est donnée par la différence


des temps d’arrivée des ondes P et des ondes S;
Cette même équation, appliquée en trois stations
sismologiques, permet de localiser l’épicentre d’un séisme
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
36
1) Notions de base
Le séisme
Il existe des relations empiriques entre la magnitude M d’un séisme, l’intensité à l’épicentre
Io et la profondeur focale. En Tunisie, Hfaîedh (1983) a établi une relation similaire à
partir du catalogue de sismicité historique :

M = 0.6 Io + 0.78
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
37
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique

Dimensionner un ouvrage selon les règles parasismiques revient à un calcul dynamique des
sollicitations qui lui sont appliquées dans le temps, les contraintes en découlant. Ce calcul se fait au
moyen d'une analyse modale et/ou transitoire qui prend en compte, outre la modélisation de la
structure, du sol et de l'interaction sol-structure, d'une excitation dynamique, c'est-à-dire, d'un
chargement sismique.

La donnée la plus immédiate pour décrire le chargement sismique est l'accélérogramme d'un point
de la surface du sol de fondation, c'est-à-dire l'enregistrement de l'accélération en fonction du
temps selon ses trois composantes.

Une autre pratique remplace ce chargement temporel par sa représentation fréquentielle ou


spectre de réponse. Celui-ci donne les réponses maximales, dans chaque mode, d’un système à un
degré dynamique sollicité par un séisme donné. Pour un site donné, l’idéal serait que le spectre de
calcul soit l’enveloppe d’un ensemble de spectres calculés à partir d’accélérogrammes conséquents
mesurés sur le site lui-même.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
38
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique

Les caractéristiques sismiques dommageables.

Trois caractéristiques sismiques peuvent causer des dommages à une structure : l’amplitude du
mouvement du sol, la durée du séisme et le contenu fréquentiel de l’accélérogramme.
Les normes sismiques caractérisent l’amplitude du séisme par l’accélération maximale atteinte au sol :
amax. On peut lui préférer la moyenne pondérée de l’amplitude de l’ensemble de l’accélérogramme ou
accélération RMS (Root Mean Square) :

1 t0
aRMS = ∫
t0 0
a(t ) 2 dt

La durée du séisme considérée en génie parasismique est celle qui cause des dommages structuraux
importants ; une méthode directe la définie comme le temps entre la première et la dernière
accélération supérieur à une valeur arbitraire, généralement 0.05g. Une autre méthode (Dobry et
Idriss, 1978) consiste à définir la durée d’un séisme par le temps nécessaire à l’emmagasiner de 5 à
95% de l’énergie de l’accélérogramme.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
39
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique

Les caractéristiques sismiques dommageables.


Le contenu fréquentiel d’un accélérogramme peut être estimé (par exemple) au moyen d’un spectre de
réponse de l’accélérogramme. Le spectre de réponse est la réponse, dans le domaine spectral, d’un
oscillateur simple soumis à l’accélérogramme. Le calcul dynamique d’une structure à plusieurs degrés
de liberté et plusieurs masses se ramène à l’étude d’un nombre d’oscillateurs simples équivalents,
caractérisés chacun par une période propre T et un coefficient d’amortissement x. La réponse de la
structure est la résultante des réponses de ces oscillateurs. Le spectre de réponse a donc un intérêt
majeur dans le calcul dynamique des structures : connaissant la période propre et le coefficient
d’amortissement d’un système quelconque, on peut en déduire son déplacement et/ou son accélération
maximale ;
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
40
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique

Estimation du mouvement sismique

Lors du calcul dynamique d’une structure, nous ne disposons pas toujours d’accélérogrammes mesurés
sur le site ; l’évaluation du mouvement sismique de la région est alors indispensable. Deux approches
le permettent ;

La première est probabiliste et consiste à assimiler l’occurrence des séismes à un processus


stochastique ;

La seconde est déterministe et cherche à définir le risque sismique de la région au moyen d’une valeur
maximale d’un des paramètres qui caractérisent le mouvement du sol, l’accélération maximale par
exemple.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
41
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique

Estimation du mouvement sismique

La méthode de calcul probabiliste de l’aléa sismique (PSHA)


La méthode de calcul probabiliste de l’aléa sismique régional que nous avons choisi d’exposer ici est
celle de Cornell-McGuire (Cornell 1968, McGuire 1976). Elle modélise les lieux d’occurrence des
séismes ainsi que leurs magnitudes et leurs taux annuels de récurrence. L’aléa en un site donné est
donné enfin en sommant les contributions de tous les scénarios possibles (i.e toutes les combinaisons
de magnitudes et de distances).
Principe théorique de l’estimation de l’aléa
L’estimation de l’aléa sismique probabiliste en un site donné revient à déterminer les taux annuels
d’occurrence des paramètres de mouvement du sol tels que l’accélération, la vitesse et le déplacement.
Le paramètre le plus utilisé par les ingénieurs pour caractériser ce mouvement est le pic d’accélération
(PGA :peak ground acceleration). Cependant, la vitesse et le déplacement et même l’intensité peuvent
également caractériser le mouvement.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
42
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique
Estimation du mouvement sismique
La méthode de calcul probabiliste de l’aléa sismique (PSHA)
Principe théorique de l’estimation de l’aléa
Pour effectuer de telles estimations, trois étapes préliminaires sont nécessaires :
Identifier l’emplacement géographique des zones sources sismogènes dans la région d’étude et ceci à partir de
considérations géologiques et du catalogue sismique,
Pour chacune de ces zones, il faut modéliser une courbe de récurrence en se basant sur le catalogue sismique.
Plus le catalogue contient une plage de données larges, meilleure est l’estimation de la récurrence. Les courbes
de récurrence décrivent ainsi les magnitudes possibles et leurs taux annuels d’occurrence,
Choisir une loi d’atténuation du mouvement de sol adaptée à la région d’étude :pour scénario donné
(magnitude et distance), elle fournit l’accélération engendrée à un site donné, le taux annuel de dépassement
τA* d’une accélération cible A* est alors formulé de la façon suivante :
N M = M max
τ = ∑τ i ∫ ∫ P[ A > A * m,r ]. f Mi (m). f Ri (r ).dm.dr
A* M = M min r
i =1
où :
τi est le taux annuel de séismes de magnitudes supérieures ou égale à Mmin pour une zone source i,
fMi(m) et fRi(r) sont les fonctions de densité de probabilité en magnitude et distance de la source i, elles sont
supposées indépendantes.
P[A>A*|m,r] est la probabilité qu’un séisme de magnitude m à la distance r du site engendre une accélération
supérieure à A*, cette probabilité est calculée à partir de la relation d’atténuation,
N est le nombre de zones sources.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
43
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique
Estimation du mouvement sismique
La méthode de calcul probabiliste de l’aléa sismique (PSHA)
Identification des zones sources
Les zones sources sont identifiées à partir de l’étude de la tectonique active de la
région étudiée. Elles peuvent être des sources linéiques ou surfaciques selon la sismicité de
la région. En effet, dans les régions à forte sismicité, les séismes sont très fréquents et leur
distribution en surface et en profondeur renseigne sur l’emplacement des failles qui les
génèrent. Dans ce cas, les zones sources seront des bandes étroites autour de ces failles. Par
contre, dans les régions à sismicité moyenne comme la Tunisie, les séismes ont distribution
géographique diffuse et il est difficile d’identifier les failles qui sont responsables de leur
production. On adopte alors des zones surfaciques larges et homogènes au niveau de
l’épaisseur de la croûte et de la distribution de la sismicité.
En pratique, les zones sources surfaciques sont des polygones et on ne possède pas de
formulation directe des fonctions de densité de probabilité fri(r). On subdivise alors les zones
sources en sous-zones tout en gardant la possibilité d’avoir une source ponctuelle.
Les courbes de récurrence sont identifiées pour chacune de ces zones et les scénarios
magnitude-distance sont les points sources. On suppose que les hypocentres sont
uniformément distribués en surface et en profondeur.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
44
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique
Estimation du mouvement sismique
La méthode de calcul probabiliste de l’aléa sismique (PSHA)
Les courbes de récurrence
Les lois de récurrence des séismes sont déterminées à partir du catalogue sismique. Cette loi fournit, pour une
magnitude M, le nombre annuel de séismes de magnitude supérieure ou égale à M : noté λM.
Le modèle le plus utilisé pour déterminer cette loi est celui de l’exponentielle tronquée :

e−β(M −M min) −e−β(M max −M min)


λM =λM min. − β(M max − M min ) .
Avec : Mmin :magnitude minimale, 1− e
Mmax :magnitude maximale, 1−e−β..(m−Mmin)
β :le coefficient de la décroissance exponentielle. FM (m)=P[M<m,M min≤m≤Mmax]= −β..(Mmax−Mmin)
1−e
Ce modèle se base sur l’observation de Gutenberg&Richter (1944)
qui décrit une décroissance exponentielle du nombre de séismes
en fonction de la magnitude.
Pour cette loi, les taux de magnitudes supérieures à Mmax sont nuls et les fonctions
β.e−β..(m−M min)

de densité cumulée et de densité de probabilité sont : fM (m)=


1−e−β..(M max −M min)
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
45
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique
Estimation du mouvement sismique
La méthode de calcul probabiliste de l’aléa sismique (PSHA)
Les courbes de récurrence
Nous utilisons la loi de Gutenberg&Richter (1944) :
Log10N=a-b. M
N : nombre de séismes,
M :la magnitude,
a :le logarithme du nombre de séisme de magnitude 0.
b :la pente de la droite appelée aussi : « b-value ».
Notons que N peut être le nombre de séisme,
le nombre cumulé de séisme ou encore le nombre annuel cumulé.
λM =eα-β.M
Avec
α=a.ln10
β=b.ln10
λM =λM0.e-β.(M-M0)
λM =eα-β.M
où: λM0 =eα-β.M0 et M0 est la magnitude minimale du catalogue sismique.
Les paramètres λM0 et β sont déterminés à partir du catalogue sismique pour chaque zone source.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
46
2) Paramètres caractéristiques du
mouvement sismique
Estimation du mouvement sismique
La méthode de calcul probabiliste de l’aléa sismique (PSHA)
Estimation de la probabilité de dépassement
la probabilité de dépassement d’une accélération A* est donnée à partir de la
loi d’atténuation. Cette loi prédit pour une magnitude M et une distance r, le
logarithme de l’accélération engendrée au site.
lnA=g(m,r,θ)+ε.σlnA
θ correspond au type de sol.
Dans cette équation, chaque triplet (m, r, θ) lui correspond une distribution
de probabilité normale du logarithme de l’accélération lnA, de moyenne
=g(m,r,θ) et d’écart typeσlnA.
g(m,r,θ)=C1.m+C2.r+C3.lnr+C4(θ).

Les coefficients Ci sont calculés à partir d’enregistrements réels.


Les accélérations étant dispersées et on suppose ici que leur distribution suit
une loi normale d’écart type σlnA.
Les paramètres Ci et σlnA varient avec la fréquence et dans certaines lois
d’atténuation avec la magnitude.
C4 est fonction de la nature du sol :rocheux ou sédimentaire.
 
Avec : Φ :la distribution de probabilité normale standard cumulée. Cette P ( A > A*/ m ,r )=1− Φ ln A*−ln A .
probabilité correspond à l’aire sous la courbe;  σ ln A 
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
47
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique
Estimation du mouvement sismique
La méthode de calcul probabiliste de l’aléa sismique (PSHA)
Obtention des accélérations
Interpolation :
Pour le calcul de l’aléa probabiliste, on cherche le taux annuel de l’occurrence d’une accélération supérieure à A* qui
est elle-même recherchée. Pour cela, on mène le calcul pour une série d’accélérations cibles et l’accélération
correspondant au taux annuel d’intérêt est ensuite obtenue par interpolation
Modèle de Poisson :
Les séismes sont supposés distribués dans le temps selon la loi de Poisson :
Les séismes sont indépendants dans l’espace, les séismes sont indépendants dans le temps,
La probabilité que deux séismes frappent au même moment et au même instant tend vers 0.
Selon la loi de Poisson, la probabilité P que le phénomène se produise au moins une fois pendant la durée t est :
P=1-e-τ.t.; Avec: τ est le taux annuel moyen.
Ceci conduit à supposer que l’occurrence des accélérations suive également la loi de Poisson. C’est à dire que si τA*
correspond au taux annuel de dépassement de A*, alors la probabilité P qu’il se produise au site au moins une
t
accélération supérieure à A* pendant le temps t est : − 1
−τ .t
P = 1− e = 1− e T avec T =
pour P et t donnés :
ln(1−P) τ
τ =−
t
Le choix de la probabilité P est purement économique voire politique. Dimensionner un bâtiment pour qu’il résiste à
l’accélération correspondant à une période de retour de 475 ans,
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
48
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique

Estimation du mouvement sismique


La méthode de calcul probabiliste de l’aléa sismique (PSHA)

Le choix de la probabilité P est purement économique voire politique. Dimensionner un bâtiment

pour qu’il résiste à l’accélération correspondant à une période de retour de 475 ans, c’est dimensionner le

bâtiment afin qu’il soit capable de supporter une accélération qui a 10% de chance d’être dépassée sur les

50 prochaines années (ou 90% de chances de ne pas être dépassée). Les 50 ans correspondent à la durée

de vie moyenne des bâtiments conventionnels. En ce qui concerne les installations nucléaires, les périodes

de retour considérées sont de l’ordre de 104 à 107 ans.


Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
49
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique

Estimation du mouvement sismique


La méthode de calcul probabiliste de l’aléa sismique (PSHA) d’après Ksentini et Bouden
2013

Carte Modèle de domaine Catalogue sismique


sismotectonique sources
PGA=f(M,Rh)

1,2

1 M=7
M=6,5
0,8
SEISRISK III
PGA (g)

M=6,0
0,6 M=5,5
M=5,0
0,4

0,2
M=4,5
M=4,0
(USGS)
0
10
20
30
40
50
60
80

0
0
0
5

10
20

Rh (KM)
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
50
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique

Estimation du mouvement sismique


La méthode de calcul probabiliste de l’aléa sismique (PSHA) d’après Ksentini et Bouden
2013

10% de probabilité de 10% de probabilité de


dépassement en 50 ans. dépassement en 100 ans.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
51
2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique
Estimation du mouvement sismique
L’approche déterministe

Deux méthodes sont valables ; la méthode analytique fait intervenir le mécanisme à la source, généralement
méconnu et complexe à cerner. Une approche empirique consiste à rechercher le plus important séisme survenu
dans le passé dans la région et admet qu’un séisme analogue peut se produire en tout point de cette même région.
A l’aide de lois d’atténuation adaptées à la région (et au voisinage immédiat), il est possible de déterminer les
caractéristiques du séisme maximal.
Les étapes de cette deuxième approche sont les suivantes :

Identification de zones caractérisées par une structure tectonique homogène et par une répartition cohérente de la
séismicité historique. Ce sont les provinces tectoniques, définies au moyen (1) d’analyse géologique et tectonique,
(2) d’étude des linéaments (photos satellites) et de la néotectonique et, (3) de la séismicité historique. La figure
1.15 montre un découpage de la Tunisie en provinces tectoniques. La séismicité historique permet d’attribuer, à
chaque province, un séisme maximal historiquement vraisemblable ou SMHV.
Définition du séisme maximal de projet (SMHV+1) dans chacune des provinces contenant le site ou voisine. Ce
séisme est déplacé dans sa province, jusqu’au point le plus proche du site, le long d’un accident tectonique si celui-
ci lui est rattaché.
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
52
2) Paramètres caractéristiques du
mouvement sismique
Estimation du mouvement sismique
L’approche déterministe

Evaluation de l’effet de chaque séisme maximal sur le site étudié


en lui appliquant des lois d’atténuation appropriées.
Généralement, ces lois expriment l’atténuation de l’accélération
horizontale maximale en fonction de la magnitude et de la
distance (l’accélération verticale est moins dommageable car les
structures ont été dimensionnées pour résister à leur propre
poids, donc à une accélération de 1g). La carte d’aléa sismique
de la région de Tunis est un exemple de courbes d’iso
accélération probable directement utilisables. Le spectre de
réponse du mouvement est donné à l’aide d’un spectre lissé, calé
au niveau de l’accélération maximale calculée sur le site.

Les provinces tectoniques


en Tunisie
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
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2) Paramètres caractéristiques du mouvement sismique

Estimation du mouvement sismique


L’approche déterministe d’après Ksentini et Bouden 2013

Spectre d’Accélération
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
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4) Evaluation du risque
sismique d’une région
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
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4) Evaluation du risque
sismique d’une région
Chapitre I : Caractérisation du mouvement
sismique
56
4) Evaluation du risque
sismique d’une région

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