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Antonine, ou La créole :

comédie-vaudeville en trois
actes (d'après Honorine ou la
Femme difficile à vivre, de
Radet) / [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Lemaître, Édouard (18..-18.. ; auteur dramatique). Auteur du
texte. Antonine, ou La créole : comédie-vaudeville en trois actes
(d'après Honorine ou la Femme difficile à vivre, de Radet) / par
M. Édouard Lemaître.... 1843.

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ANTONIl\E
ou

LA CRÉOLE,
wsuiWK.vwmwiMK rx TROIS Ài;rt*.
(Il'apnV* UO.XOniffR, ou i.\ H-MUI: Dimau; A vivnt:, uVIlMilvl'O

PAH

M. i:ooium> IJ:>LUTKU.

HKflUiRNTIK, rOtR H l'BKHlfnK tù\i, lPABH, SIR IV THMtRr PU l'.YUSVSK HBVIIUIQUÏ.


ir. *7 im i8»3-

l'A RIS,

[|H7 M NICHANT, limilcvnnl SaintUitiiii, ï».


rr .«< rnvrn ur r.vimH.
l'KI!SI>.\V\r.l-N..- ' A».iK«i:s

«niVII.IX............. ....... M. VOIAV*


l)l!t:||KMIN, ioiilro-.iiiiii.il. M. THSKIUNT
lîKKVAIS, aiiciiM jartliiiifr, 'et ;» jasent loiiciiCK'' «lu
lIlM.MU. .
.,, ,
M. KlHX.
MVUCIX, jiîiiiif jjr.lîni.i... M. Svni.srm:.
AMONt.Ni;, fiiume i!e It.-iiillô et iiii'm ,U> ; liiirlu'niii). M'' I.KDMIM: Voi \\~
I.OI'ISI'., ji-mie tri'»[*', t;li'ïi;<> (piîj tl'Atttxiiiiip. \|,K Vi'i'ii'.uit:-
r.AIH'N,' jnim» vill'i'.-'ulf......, ..' ... M. MOUA/AIV'-
't'IlËlil'SI', si iVmiiiL' M'"-' DiNnit:»:.

l'Al'JANS tl PtVJAMU»

l't .•«';(<• »e JWJ." if cl h titinfiiioii.', rtfî Ihnitti

.NOIA- S ailre.f'fr pour |.i musique, ii M. IIKIHEH, biblMIirV.'iirc 11 .'0|>i*(c, nu itiMirc


ANTOMNE OU LA CRIÏOTJÎ.

ACTE l'KRUIEU.

l!u jmliu, A Jniite ilu tlïoAtto, IVntriV il'ii'n j.ivilluii sailhnl.

SlifcNK IMWAIIÙIIIV MAKCt (.. Oit dit (pie c'était une donne
femme, votre femme, père limais?
MUtCML. mû; il est occupé « relmir «Vs etitVAts, Oli ! oui, c'était une bonne
.t'usesramnés et ù replanta', tfutlquti femme celle-là!....
ar huttet, ti.Muti. Kt vous ave-as du avoir lien'do la
I.;»?..., \'\\ h peu près tout ledésàl re- jHL'iu'o à vous consoler,

paie..., tl personne n'est encore levé. tlans «:nu vis. Je t'en rê'wmds,,. d'autant plus
lamai%on... {lieytixhnt techûtettu.\Xt)n,., qu'après- sa ntort, j'ai eu allaire à des vivants
iiuuu'stlle Louise dort encore... taiiliiHL'ii\...' qui ont lait fut tout re qu'ils ont pu pour
c'est du bon temps pour elle,,.. <)!i!.... prolonger ut«u chagrin.
oui..-, sans nnmVelic l.uuistî. je ne resterais H\m:r:t., liait!
|)as«lant> ce château, on mou père m'a fait «;i:nv.\is. Oui.., des iièriiiers qu'ilsappe-
iiiiiiT il y a six omis pour être jardinier en laient, je finis, des cola..;,
rlief et sans paiïaye, vu (pie je suis tmil «UIU.KI, Des colas?...
seul... OHOI doiluna'j'o que manivelle Louise (.fcttvvis. l"Jt-Vi rolatoiatix!... ils se sont
ait été si bien élevée, toujours auprès do Mitiveniw que j'avioiis tourlié de ma défunte
madame I KM ville..,, c'est pas que j'en ai une dot de *ix cents litres!... v'Ia-t-ilpas
it ru aussi moi de l'éducation, chez les frères, que ces enragés-là sont venus m« menacer
mais je n'y suis resté que quinze jours.... lie faire vewh e mou petit ménage si je no
en fait d'instruction, uutre le jardinage, je leur rendions pas la somme tout de suite,..,
n'ai jamais pu mordre qu'au flageolet..!, et MVitCKt., Us étaient doue lieu pressés?
connue clic* 1rs frères on n'apprend pas la (.r.u\ vis. Il parait... ma feninie ne les
musique..., c'est é&il, je suis d'une jolie connaissait poinlaui pas..., mais ça ne fait
force,,., pour faire danser surtout.... et ra rien..,'' \
plaît à inam'M'Ile Louise.,,, ellecstsi lionne, Ail» </« }'t'"i,
si gentille, si aimable!.... je mu jetterais au
Si j'noos pa* Un* qu» j" sunim'i vivant*
feu pour elle,... et quand je peux lui éviter
quclquesdésagréments..., ce qui n'est pas D'jwcnluliiiU ta mairt noiu tioohge,
Toujours *!.» Il» de ooi nii-,
rare.,,. sa luaîuose. a mi si diole de carac- Il s'en HOU»' pour ooi' héritage,,.
tère... Au lii. jo snmm'* à «uuiTrir,
lt 3 li.iv.iill.> lunt en priant. <*>d

On «lirait «ju'ili vionii'iit nous poursuivrej


IU semblent rnu* prier d'mourir '
Afin il« leur bailler *f>|iioi vivre.
SlîKNivll. Minm, heu,,., si j'ai jamais des
Ali
cota.... comme vous.,., je les ferai attendre,
M.\Ht;i:i„ GKIIVA'IS. moi.... pour qu'ils -meurent do faim,..,
•;iiWAts. Ali! ah! Marcel, déjà ît l'oti- j'aimerais mieux ne pas mourir du tout,,,.
ua»,... cnivMS. J'étais dans un fameux embarras
MMU.r.i. .Oui, |M-re (iervais,... et il y a tout de même.... je n'osais pas en parler à
lon;;lemp,*,... j'ai eliaiifçé d'emploi avec le monsieur Derville, tint' bon maître, qui n'a
coq delà liasse-rour, aujourd'hui... c'est moi déjà rendu heu des petits services..., cl nia
(pli l'ai réveillé... foi, sans Louise, à qui j'avais tout conté, je
m nvAis. tl'cst bien, mon garçon... dam, crois que j'en serais devenu fou... mais c'te
rliiicou son temps.,,, moi aussi j'ai travaillé bonne fille* a si bien MI tourner ça, qu'hier
comme toi, du matin au soir, pendant qua- elle m'a appoité l«s siv cen's livres....
rante ans que j'ai été jardinier du château; iHiu.r.l.. Voyez-vous... c'est un ange!...
a présent que- j'en MU» le concierge, et que elle ne m'a rien dit de ça!...
je suis veuf, je me repose. vtiKiivvis, Je crois Un,.;. elle veut que
4 ANTONIKR.
je nVn sonne mot à persmne, jusqu'à ce que mam'selle Louise, connue elle est jolie.... et
j'aie remercié monsieur Derville ; et pourqiie même madame avec ses grands veux noirs..,
je le remercie elle dit qu'il faut que j'attende mais vous ne l'aimer pas nu'me DenihV,
qu'il m'en parle te premier.... vous, père tiertais.
MVi;i.i;t. lit il ne vous in parlera jamais, «it.uv.vts, OhJj'li tiens tête, je no stî*
c'est clair... il est, si lion... pas si endurant (pu* toi,,, de temps eu temps
«iinvvis. Il'cst .dente dommage que sa tu reçois îles taloches...
.femme tu*- lui ressemble pas..., elle est si MVHCKI-, rioiil, Oui... des Hères même,,,
lière... si hautaine-,.. r.r.uv.vis. lu ris île ça?..,
M vtu.i:i. Ci tient au pays... elle e>t comme MViurj., Dam! ça me fait plaisir...
ça de naissance vous sa\c/ heu..., cette (iinv.vis, par exemple!...
vieille in presse qui es! I.'t-haiil dans la cham-
bre, en train ete mourir depuis un an... elle MUc".
m'a raconté que là- bas, eu Amérique, oit AIK: *'<IK( ''iiublùt,
le p."re de ina'n'selle Antoniiie, à présent Slaiïi'si'll' Louis' raTiocnt eu tVliapre
inadanie |Kt ville, était Ires-riche».... c'est l'n tvil.iiii uonibre pour ,4 pj.>t;
Mais. moi. parriv'b\ par li.-is»ri|
l'usage.,., les colons, c'est comme ça ipi'on SîtAt <iui* i'voU'inVllo «*u al(i.ipo;
appelle |»s yens riches qui ont des propriétés le l.uti' ilu rouiex' l'eiiln'lii*»,
il des esclaves..,, les colons mènent tous rit «ur Jiioi tVeiurii,u\ louit,* l,i*e vil»;
V,jtii» eoutpr.'oe* i|i*'p,r ee nu,;,eu
leurs «eus noirs ou blancs, n'importe la cou-
leur, au ilni^i et à l'ieit 11 mémo a la J»a- <
t: st du 10 il «jij'a t.c.uisi-jvviu-,
lit in mal-|*i o:e fait du l.ieo,
i;oeite.,,, s'ils II ut la 'moindre grimace (xuir
obéii, pif, pan, allez donc... les petits colons <;i:itVAis (l). t'.'est celte pauvre Ionise
et les petites coloiini'.s sont élevées dans ces
qui est son vrai soiinïe-ilonleur ici.... il
habitudes-là...e' Madame, ipiiavait beaucoup monsieur llcrvillo devrait lien no pas per-
irinlellii;ences et de dispositions naturelle';,, mettre ça..,
MVIU;I:I. Il en ignore... presque toujours...
a supérîeiu entent profité de l'éducation,... •est-ce iiiain'selle Louise ose jamais se
ce qui chaimait sou papj {!).... que
l'awliiu !..,. je plaindre....... Orpheline ete\s sa leuilre
(ititvvis. ne m'étonne enfance, elle a été élevée la bas aux colonies
plus s'il en a fait un si bon sujet ! queu été*
! il elle t'avait lailléih* ta besogne avec sa maîtresse, elle ne l'a jamais quittée,.,
iitnu propos, aussi monsieur le contre-amiral, qui est un
hier.,,, il n'y parait pln>.... mais mordue ! brave homme, et qui n'est pas fur «lu tout,
ça allait bien.... les Hem.s ai radiées, les
lui.... quoique ça soit fameux ii'cire ronlre-
caisses renversées, les pots cassés.,,
ainii.il... il a voulu «pie la pauvre lille rest.lt
MAiti t:i, lit c'est moi qui les- ai payés les
toujours rlie/. niaila'nc, coimi'.e l'enfant île
Jtots... la maison...
CMIVAIS, Ton! ça parce* qu'on ne les pla-
çait pas assez, vite sons ses fenêtres.,,, mais (iKiiv.vis. Oui, joliment!.... c'est encore
queu fantaisie à monsieur |)eiville d'aller un bel enjoleuy quti ton monsieur Dm lie-
épouser une femme ele l'autre monde... min.... depuis six mois qu'il s'est débar-
fantaisie; mam'selle rassé «h; ki nièce pour la faire épouser a son
MAIH.KI. t. est i«s nue ami Derville, je* ne l'avons par revu.
Louise m'a expliqué tout ça.... monsieur
était lieutenant de vaisseau sous tes ordres MAHi;t:i„ Chut ! le crois qui! nous ne
de monsieur le contre-ainiial Duclicmin, tablerons pas...
l'oncle deuiadame, qui l'imitait beaucoup.., «iKiiv.vts. Vraiment?...
c'est lui qui l'a marié à >;t nièce, parce qu'il Mviici.t. J'ai eitteiidii hier monsieur an-
voyait «pie monsieur, qui était d'un cirarlt'-iv nnneer sa pi-urbaine arrivée à Louise...
très-doux, cl qui s'occupait beaucoup d'élu- «;t:uvvis. Tant mieux!,... j'aurons h<
des, de sciences, ne s'élèverait jamais bien jilaisir de lui déftoistr ce que j'avoris sur
haut dans la marine... et monsieur Derville, le «-leur.
qui n'avait pas de foi lune, malgré le naturel MAli«;t:i.. lit telle/,... justement...
un peu vif du mariante, qu'il connaissait,
n'eu a pas moins eu beaucoup de rcronnais- SCKtNK III.
Kine'o punr le contre-amiral, du lui avoir
fait faire nu si beau mariuye...d'ailleurs I,I:S MIÏMKS, MM:III:MI\.
elles sont Irèsbieit les femmes de l'antre
IUCIII.UI.N. Itonjnnr, Marcel) bonjour,
momie.... la chaleur de l'emlroit, qui devrait
(JIIIVAIS. bonjour, monsieur h* conlre-
les brunir, les rend plus blanches au con- nmiral,... comment que ça va, monsieur le
traire!.... c'est drôle!..... voyez, plutôt conlrcamiral?
(I Sii|i,nïinc/ c« ipii cuit A la tepf. fOuMtion «icnv.vis. Ne faut pas vous demander ça,.,

jiui|ii'.tti !'• île la .oUii'ini* juivauli'. inoryuê ! vous avez uni' mine.,..
AMO.MM:. IÎ
liliiiiviix. I.'air de Li oier, mes enfanO.. ;
lions intimes, (es petits souts et les douceurs
les votâmes ça entretient la santé... voilà d'un but lu.'iKi^e donnerait nt l'aménité qui
...
cinq mois iiuejo n'ai quitté nun vaisseau...
;
| manque seule à et* naturel faussé par l'aveu,
et encore je n'ai pas longtemps à rester à ! yje tendresse d'une mère, idolâtre de sa fille,
terre.... Marcel! va voir si ton maille est ; il qui l'a élevée dans, des idées «Orgueil
réveillé. uiallieiireusemeut encore Iroproinninuesaiiv
MAiiCrf.. Oui, Hioiisieiirloctmlre-aiiiîral... colonies le tue serais trompé!... re n'est
j'y cours, monsieur le contre-amiral.., pas de la faiblesse ele la part «le Derville, j'en
Il ÎOIl. suis sûr... je l'ai vu dans mainte occasion
déployer de la fermeté; mais c'est pour moi
qu'il u'o-r en montrer.... eu lui faisant
épousée ma nièce, j'ai voulu faire sa fortune
SfJKNIUV. j et son Iwiuheiir, et quoique je n'aie réussi
qu'à moitié, la reconnaissance qu'il croit
DU;III:MI\, ta:nv\is. ;
nie devoir la crainte 'que sans doute il
«iriiWis. S'il est réveillé! faudrait b«u
!
! éprouve de ni'allliger ni employant plus de
plutôt demander s'il est endormi! i
sévérité envers >.t femme, retiennent mi
-i>l't:iu:vii\. oue veux-tu dire? !
mécouteiitemi'iit sans doute trop Iv'^ili.ne...
niais me voici,., observons; peiil-élre y a-t-il
nci.v'es. aussi di* IVx,v.;érati'iii dans les rapports qu'on
\l*l i':l ftHi'ih'.-t )r-*r l'tfie util ;lUiW. me' fait... 11 c'est «le Derville lui-même que
je veux apprendre
Je aisoili ipi'soov.'iit <'II «'•> liouv ...
|,i> srtouofil cl l.iii'I'sa ;i eij ÎOie;
l;l .rjuéqtl'f ii,, s nu Ilote |.'> ytilX,
IV

I." cliir ti vin m* pi»»" la utiil tu'it eut ou». S.CKNK VI.
('.'">i'il l'iail pour ouMioi'iei ntativ j
S i'.-til bt'ii imili!.\ à r'ipi'il m'semble, IH<:III:MI\, imnvii.Li:.
l'eiom' Mprki. u.t: et bon »epi>s
K'Inbile il i-a* souvent ciiKioble,
;
lunvii.t.i:. Ah ! vous voilà, mon ami...
«pie j'ai de joie do mus revoir...
i

Itir.lir.UIN. Hein!.... (.1 part.) Serait-il luciirviix, llniliiassoiis-iu.us, iniiii cher


vrai ?,,,. cette nièce «pii devait faire le iton- neveu... Tu vois que j'ai suivi de prés ma
lirur de MUI éjw.ixj que je croyais destinée h lire,, .débarqué au Havre, il y a huit jours,
à ivnilro ma vieillesse' heureuse..., ferait-elle en arrivant de la Martinique, j'ai mis aussi-
lu tourment de ceux qui la chérissent.,, têt une lettre à la poste!.,, et nie voici...'
iiriivAIS. ll'cst que, vnve/.-voiis, ce hou mais je n'ai ept'im jour à vous donner
monsieur Derville..,, c'est un hen honnête car en passant it l'aris, j'ai reçu «le non-
honuiie..., mais c'est un savant aussi.... il ve'.tux ordres qui me forcent à me rembar-
travaille, il écrit sur ta tV*i*<;rapliic, l'astro- quer, et je p;ii-s demain,.,
nomie, quesais-je, moi?,,,, il a dans la lète DKIivillt. Ouoi! si toi ?
tout ce qu'il faut pour ça.,,, et peut-être pas hiciimiix. .l'aurai toujours eu le plaisir
re qu'il faudrait pour conduire! mit* jeune «le te voir un instant, ainsi que ma chère
femme, qui aurait bien h*.'soin «l'être menée. nièce...
Itl.T.lIKVll.N. ll'cst bien, lleivais.... J'at- ; inuvii.i.r. Kilt* sera enchantée.' de vous
tends Derville.... laisse-nous \ embrasseraussi...
i;titVAIS. Donitiv.-loi donc quelques lions j IHCIII.MIN. l'ai bleu !... jo l'espère bien...
conseils.., Serviteur, monsieur Duiheiniii... Ali ça... elle est toujours jolie, ma chère
Il jort. Automne, toujours...
iir.iivii.i.i:. t'.haimante..,
Di'ciiKMiN. Kt vous faites ensemble le plus
gentil ménage?...
SCÎiNR V. IIKUYII.I.I:, euibtirntisé. Mon ami.., vetiil*
le/, in'exciiser... si...
Dn:iii:MiN',«iif. UtCIIIMI.X. Mil bien !.. que signifie cet
emharns...
('y que je craignais arriverait-il donc?.... iMiiMi.i.i:. Mieux ipie moi vote connais-
rien ne pourra-t-il liinuiplierdeco caractère se/*; Anlonine... vous savez avec ipielle ex-
impérieux et qui veut (pie tout soit soumis il ême (iiilulKeiiiv,.. qt'i'll * faiblesse inouïe,
îi .ses caprices?.., j'espérai* qu'en mariant elle a élé élevée,., un çaiacièr.» connue le
Antonine h un honnête homme, >age, aima- sien.,, ne se réforme pas en un jour...
ble, et du caractère le plus doux..,, les cela- » OLClll.MI.X. Oui... oui... elle est incons-
.\WOMNO:.
tantes dans ses goûts, (narre dans son hu-» jivtun, «w>u.<iHf\ cniiiuic-ni, main'selle
tueur... Louise-, euctvfo dt» la peine?,,,
i»Kiivit.i.r\ Un |>"iicaprlriettse, exigeante. lin ist:. t'.'estètre bien injuste!
intutviix. Mutin, un grand eitfaut gâté... hiuum. Ott'axcz-voiis, Louise?
mais «eptnilaut... MVttiit.. t'.Vsi pasdifficile, à deviner...
tuatvtt.ifc-, A force de soins,d'égards, univii 11. Vous ave/ pleuré?
qu'elles finira, j'espère, par coinpre mire... i>t.;il£UIN, l'arbhu, elle pleure encore...
ni'ciiKMtN. tloiuitiiut!..... j'ai rencontra m tutti K. Vous sotie/de cite/ Automne'.
un joui-, à t'aiis, où je suis passé.,, lejcuuo Serait-ce elle qui. cause les larmes que vous
Saiut-tleriiin, ton ami, qui, m'a t-il di*, «*st vous efforce/, de retenir?...
venu vous veijr... Il a été charmé de la ré- i.otiSK. Monsieur!.,,
ception que tu lui as faîte... il vante ton oinvui.i, Ditesfa vérité...
'tondeur...' lut.iiuux. Allons, parle, mon enfant...
i».n\iiii. On ne peut pas confier sci i.ol'ist;. (l'est «jiuv.. j'étais enlrée dans
|teîiles à (ont le inonde,., la chambré de niatlaute, comme elle me l'a-
j>li:im»li.\. Ihtoi? vait ordonné hier aiiseûr.., elle dormait..,
UHIWIII , et j'ai eu la maladresse de laisser tomber une
Atn; »/ifiif /Miivoi». lisse... ce qui l'a réveillée ele mauvaise hu-
I.Vpous; rpji p'in'u loti» b-s jouis mour,,. «Ile m'a brusquée... et puis...
|loi| ,'iit'nr s «\iiii >>; iiiin.iïiulie, Mviicc.l.. L't puis... le lau&u;r- do Saint-
<
l'ar il ii« Iroove pi, l.iiijot.ts Quentin, les paroles dans le creux «hN..
'..Ile* H<lti( tlisp.ii.s i le i>l.ii:ntri». *
mi;iij:>HX, Quoi',,, elle aurait...
Mois au ioiit..iii.' «o ilit t«!i! bis : mi.Mlil, Se livrer a «h» pareils excès!
Sa IVainio en l,i.<t IU',IMI\ t[ti'i( >u> pdtse,,,
«Te»! a7tisi,iu'< u t^-iOîiiiile,bi''l.is! et remue qui?,., contre une enfant élevée
l'oli'r les i|if,iols il.itii mi no soiiirré pas; près d'elle, qui la sort pins par amitié «pie
On a iooionisa» IHI.IIII^. lice, par devoir.
On iiiiiiiirê beaiouoptl iiittuljjente. lit ciiiMtx. Diable!.., c'est fort,
l>t«:iiKMl\, Maisalors... si je te comprends vi vitct.i.. Très-forl. (.1 part.) l'en sais
bien, tu aurais à me reprocher.,. «piéqu'cliosi*,,,
i»i:n\ni i:. Vous avez cru nie rendre heu- lutlsK, d Derville. Ah! monsieur!... je
reux, mon ami... ne croyais pas vous trouver ici... C'est bien
DtciiKUix. Ht tune l'es pas?... malgré moi que vous ave/ connaissance de
mnvini:. .Mou reetir n'oubliera jamais cela.,, Ne lui en parle/ pas.,, «pie je ne sois
qu'il n'a pas tenu à vous... et je serais cou- pas cause...
pable «le vous alll^er... iiKltvili.t:. Ouol, Louise!
DicilKVii.v. Voyons, explique-toi... I.OVISE. Oh! je ne lui en veux pas,.,
DKiivut.K. Si je «lois vous parler fran- c'est un pelit nion.ciit (!•' vivacité.
,
chement,.. m ciii.VH.x, C'est toi qui l'excuses...
l»leut Mis. ,lo l'exifie,.. que diable! je lu- vt uur.i., Mlle est si bonne, main'selle
pins croire qu'avec loi, Automne ne se soit Louise.
pas défait do quelques légers défauts.,. 101'lsfJ.
liKItYll.l.K. .l'en perds l'espérance!
mciiiMix. Ile n'est pas possible... il doit Ane ; Vc mmuhilr une je te limitai.
y avoir «les moyens,., On rev loiltlj, t.) n'ist i'.is, A «ou ra'ili
iittiviii.t:. tu seul!... mais tourmenter tjuo l'on >loii, liclas* faire uo c-iiiiie ;
de ianjj-froid une femme que j'adore,., qui Ile* iraïi» t|o «a mauvais» tiuiin.'ur
Kilo eit la piciiili'tO virluiii',
au fond m'aime Miuêrrmoiit aussi, malgré |.ai)»i'<-la ituiit: *« i.jprorlinr
nés torts, je n'eu «Imite! pas,,, non... si je |ln n'.iiow p.i'i-tu ne i oiitraioitu*.,.
pouvais changer MUI caractèro sans lui rien tMlitoillir* |oi,..ii. u loi,, ,|e MJU, làiliei,
ôttT de sa tendres*",! pour mon,.. Il f»nl plutôt la ptaintlro. ,

inciti MIN. Alions.altons... i Ile n'est peut,


êlro pas aussi nuire.,. lur.llUill.x. Ivxcellcnto lille!
On cntcml le bruit d'uoo MOHICIle,
M\iu:t:t. Ah! mon Dieu!... c'est mariante
SCKiNK VII. qui vous.snime...
'.LOUISE. J'y cours,..
f.i-s Mfi«p.s, LOI ISI:, puU MAW;I:Ï-.
in (.III:MI.\, /« r:t«MU\t, Non! restez, mon
enfant!
h
lotiisr, sortant ite maison en pteu- loi.'isi:, Mais, monsieur!...
ïttnt. Allia»! ah!.,. iib'ciiK'UM, l.o danger est sérieux puis-
Duciitiiix. Qu'est-ce donc ? qu'on sonno le loctin,
ANTON IN F.
Mais si j'avais mu* feninu* pareille à la
sienne, faudrait, tttoi|{Uè, qu'elle ohéissîi ou
SCKNK VU!. «pi'elle ilisît pourquoi?,.,
tnux ii.it, répondant à ce que Ihulumin
Lis Mf vits, tîMIlVAIS. lui a dit tout bas, Ouoi! vous vottle/....
initiivtix. Oui, morbleu!,,, et si ça ne
(.CUVAIS, appelant avant de paraître.' sitllit pas,,, nous verrons!...
Louise! l.ouisv!.,, Mh IMCII!... vous êtes wroxisi:. en tleli>ji\s. Mouise! Louise.
doue sourde.. Via tut quart d'heure que MVIÎCII. Via madame... tiare à nous...
iuariamu c.ttriiloiine. à si! «téiuaulibiilcr le i;r.lt\.vis. J.» soinnies lien «laus le cas de
pni^iiel,.. notisdélVcdre... Cinq contre nue. {.iper-
niiiUUtN. <l'est mot qui lui dètentis de rerant '.inlonine.) Diable!... aile a mis ton
répondre... biuiiiet de travers; ça ira mal.
lil.p.v.vis. Ah bah !... alors c'est dill'éiviil !
Mai* Louise, quoique vous ne/ donc... en-
core' quelque laluclic do la toile main «le
vol' matlresse?...
DiiiiiMix et itimvii.n:, Comment en-
SiJKMi l\.
core?
tibUXAis. l'ardine! c'est Ions les jours Lis MEMES. AXTOXINK.
la mémo chose,,. v.NfOMM:, paraissant sortir du lit, lia-
rot tsu, l'ouhinf l'cmpècher dt parler. tàlt:e à lu hflte, il avec beaucoup de nê-
(ici vais! gliijenet. V a-t-il as*e/lomjtemps«pie je vous
l'.UUV.US, Non, iiiani'stlle... si vous êtes
sonne, mademoiselle?
assez boiiue pour sotilViir ça sans vous plain- luciUMix. Mh! bonjour, nia dure Au-
dre... moi, je suis trop franc pour ne tus loniiie!
dire à ce brave hoiutti<> (oui ce qui eu est... xxiOMxr:. Quoi, mon oncle ! c'est vous...
inciiiMix. Oui, oui.., parle,Cervais. (Mlle l'embrasa.) L'impertinente!..,
CtRVll*. lUciitMix. .l'arrivé un peu malin!...
Aot: «leu», ((: j.o.'sii'i'oiis 'loi jowi.iii.'», AMO.XIXK. On n'arrive jamais trop tiît
«piaiid ou est sur de faire plaisir.
l'iii'i nu sis lois p.» jour ou moins itbc.fii.Mlx. C'est bien obligeant ce epic tu
Ma'lan.' »u l'a*.-lu: et .lies me dis h
Mttlieoi a veux, «pii ;o»l ttinioiii* CKIIV.VIS, à part. Ça n'est |>as naturel!
ItB s*i ivioiiiont» «I* ftuiot AXIOXIM:. J'ai |Miiirlant beaucoup d'hu-
AH' bai f' gaieon-lt... meur, telle tpie vous me voyez.,,
AH' bat Louis* ituc x'Il
IH'CllrAHN. Déjà!
iin't'it il'un' iloiieinu «xtréroe... ni:nvAis, il part. La journée sera bonne,
Si lotit »ot|f1Vtv it
JViï* «iit'.tll* lluii i astosisi.
Var von* batlro voiH-ntémi'.
Atu (te bi i'nnintliMte du Diable u Quatre,
iiii.ilt.vii.x. Mh mais!... je vois en effet
'qu'il est temps de pot 1er remède.,. Du utjliii an soir et eonlro toti»,
iiriiwni:. Mb! h-oiuii... San» relâche
Il faut ipio jo nio l'.lclie.
nn.IltMl.N. Lequel?... il est loitt simple...
«route!... Tour a tour me» ueoi ut mon épouv,
Il lai pailo lia». A pbtijir cicitont mon enurrou».

l.otisi-:, « lîereais, pendant ce tempt-lâ. •iKitv.vis, d ;>d»7. La v'Ià parliul...


l'oiirepioi dire tout cela, (iervaisi Astostsi:, uioMirtiiii l.ouite.
M.vncci.. C'est vrai ça... père Cervais, Kilo, pat son inJoleneo
vins êtes lièremenl babillard... pour un con- l'.l ton fans air «to iloiiroin,
cififio... Montrant lignait.
liUltvAis, Je dis la vérité... ce n'est pas Lui, parsnu ton d'arrogante..,
tua faute si elle n'est pas llattcnse... .Montrant Marcel.
s«\uci-:i,. C'est égal, puisque ça fait de la Lui, par HOU souri) moqueur.
iM'iim ii mam'sello Louise, pourquoi que vous Montrant JO» «itir».
habille/.?,.. Lui, par aa fitiiileur hors do saison,
oi-.itvAis. Je suis IHIII avec les tons.,, mfj- Kn «ilviico
rhant avec les méchants,.. Certainement jo Souffre qu'on m'offt'ino.
nu suis qu'une bête! en comparaison d'un Knllu, voye/.-vous, itnn* la niai.ou
humilie d'esprit comme) monsieur Derville... l'vràonut) quo moi n'a do raison.
î* AMONINK.
itivtix, atte une liai re iro*ie. Vrai-
i)V« AXTOMNE. J'espère «pie de pareilles pré-
ment?... cette pauvre Automne!,.. Us te tvuiions uecouieriuut pas Louise, une enfant
laissent tous lo triste privilège d'avoir rat- «me j'ai élevée... qui m'appartient pour ainsi
MIII ! •lire.,,
CEHVAIS, <) t'.e qui me fait plaisir,
part, iituviiif. Louise!.,, c'est parliculière-
c'est que j'avons chacun not"|Kiqnet ! ment pour elle que je parle»...
viAitcn, lais, à Louise. Ileslez près «le AMONIXI. Pour elle! a la tonne heure...
moi, inatu'selle Utilise... s'il y a «le l'orage, Aussi bien, depuis longtemps son service utu
je vous servirai de paratonnerre, déplaît.,, Qu'elle s'en aille,,,
Axro.M.M;, (Wouwf. Mt vous, mademoi- viAncEl, Par exempleI...
selle, vous disparaisse* et no réponde/ pas j AMOMXE. ie la chasse!,.,
(ptaud je vous appelle.. i I>ERVII.I.E, Mt moi, jolagarele..,
Lot ISE. Mais, madame... | AMOM.XI:. Malgré titoil...
mr.lirUiN. Oh! elle a tort.., tu l'avais .si •
IIEHVIME. Je n'ai pas oublié que voire
bien reçue ! père, en mourant, vous lit promettre que
VMOMXE. Ah! mademoiselle a porté ses pour elle vous seriez une seeur...
plaintes.., AXIOM.M. J'aurai soin d'elle.,, mais ce
l>HUll.il. Ce n'est pas se! plaindre quo ne sera |«s ici...
île gémir d'avoir été traité durement.. Au- UEnvtLLK. Pardon! ce sera ici.,,
tomne, il faut aimerreutipii nous entourent m CHEMIN, bas, «i Dertille. Très-bien f...
«*t tâcher do s'en faire estimer,., car souvent AXIOM.SE. OU me contrarie,., on me ré-
c'est par eux qu'on nous juge... siste,,., «piel est donc ce ton-là, s'il vous
ANioxixt:. Avec ces beaux sentiments-li, plaît?
vous sire/ bien servi par vos gens-,.. DERVILLE. Celui ipie j'aurais «lu prentlro
OKitv il.t.l'. Je n'exige pas qu'ils soient depuis longtemps, peut-être...
parfaits..,., je suis reconnaissant de leurs ANlOM.NK. Mon oncle!..,
-efforts cl indulgent )tour leurs fautes. lu CHEMIN. Dam!... il est ton mari 1
A.YIONISE, Oh I vous pouvez vous conten- r.KRVAis. Mt du cette do la barbe..,
ter d'un service pareil... mais moi je pré- AvroNiNK. Me braverainsi moi je
tends que les gens que je paye m'oltéisscnt veux qu'elle surle!
sans répliquer... c'est ma volonté,.. OERvii.i.e. Mlle restera!...
DKiivin.K, froidement. Prenez-y garde, Avrov.NE, d Duehemin. Vous voyez!...
ma chère amie.,, quand (tourelle obéi se- tniltMbi.K. M( vous n'insisterez pas quand
lon sa volonlé on esigo trop de ses servi- j'ajouterai que jo lu désire que je le
teurs.., on peut se voir réduit.., veux...
AMOMNK. A quoi «loue, monsieur? «KtiVAis, tï part. Allons donc
fin!...
i la
iiriivii.i.r. Mais... a se servir sol-même.,.
iiuciiKMi.N. A part. C'est ça!... voila le LOUISE,!» Derville. Monsieur!... permet-
premier pas... tez!,..
AfSTOMNr:, QuV>t*co que cela veut dire î DiciiKMl.N, bus, A Ionise. Noie mêle pas
iniwii.i.i Que.,, si toutes les persotinos de ça.
de la maison ne suivent pas, comme vou» AMOMNE.ttprtri'.Je ne reviens pas de ma
l'entendez, vos volontés... il faudra bien surprise.
vous abstenir de réclamer lents services... (iEltvAls, bat, ù Marcel. Mlle est un peu
ItiTllr'.MlN, ù part. Voyons l'elTet !... cTourdiodu coup... mais ça ne sera rien.
AMOMXK. Mt alors... .ou» leur défen- AJITO.MM;, «I Derville. Quoi, monsieur!
dez de rien faire de ce que je leur com- vous défende/.que Louise me serve, cl vous
manderait... la retenez?.,.
IU.IUII.IK. Puisqu'il n'y a pas d'autres iiEitviu.t;. Oui, ma chère amie!...
moyens de les soustraire' û «tes extrémités AUTOMNE. Mort bien... je vois ce qui eu
fâcheuses..,
est.,.
AVIO.MM:. Ah! ah!... mais cette défense
DEIIVILLE. Mt que voyez-vous?...
est tout à fait aimable... et ce nouveau lait*
ANTONIM:. Ce quo vous dissimulez fort
gage vous sied à ravir... mal...oui, perfide!,.. l'obstinatloii que vous
iiKtivAis, Quant a moi, monsieur Der-
ville.., je vous promettons ton de no pas mettez a mo coiilrarler, la chaleur avec la-
ipicllo vous prenez la défense do celte créa-
vous désobéir. lo tendre intérêt qu'elle vous In-
T.oiiSK. bat, A Marcel. Nous, Marcel, ture
spire... tout cela prouve assez vos coupables
nous la semions toujours...
Mvucbh. Dam! moi, j'ferai comme vous,
intentions,
iiiaurVIk'... LOUISE. Ociclt quoli.'uiadatuc....
ANTONINK
AvroNlXE. Taisez-vous, impertinente!... Va, iroiiinoi, m i-eux sain danger
IIERVUIE. Vous pourriez penser?.., l'aire mt instant tjroutltr l'oiago
Alin de U uiieuv corriger.
AvroxtxE. Allez, monsieur... n'ajoute»pas
la fausseté à l'incoustatice... li(RVIItt.
J'ai grand besoin oifoii nt'eucourago;
• DERVILLE'. Grand* dieux !...
Vaut-il tluiio pour la corriger
ttuciiEviiN, 6«*,«ï Dtrvilte. Laisse-ladire,.. Eeiudro aujourd'hui d'être volage?
(//uni.) Ali ça, mes amis, finissons ces dé- Ab! c'est vraiment trop t'aftli^er.
bats... J'arrive, j'ai besoin «le mo mettre à isrosist.
mon aise et de me reposer. Sachons M'OlTtiravec courage;
DERVILLE. l'ar«lon,mon ami, venez... Vaio'nient on croit ui'ouiragcr •
AMONINI: , ri i»an*. J'étouffe de co- li'iiit inaii trompeur et volage
lère! Seule jo «aurai ma venger.
DUCIIKMIX, 6(11,(1 PerrUle. Mlle souffre ! IQMSK.
Je pourrais troubler leur menace,
tant mieux. Tous donx ainsi les affliger.,.
Non... jo fus toujours douco et sage,
otiviiu, ofimr. Et c'est vraiment trop m'oulrager.
final du l«' adt ite la /.loteuV mtet, nencsi.
Altt Jo souffre cent foit plu» qu'elle Mam'seli" Louis', «i bonne et si sago,
1>« I Jouteur quo je lut voi! Pent-on ainsi vous outrager!
s
tiDcuims. Coiisulti-vou*. ei du courage..,
DOja loa comage chancelle?
liesse*, cesse* d" vous affliger,
asrosist. ssrosixt, n l.ovile,
Ainsi so conduire aver moiI... «,'uoiî vous otei nie ravir mou époux}
IOUSE, n pu". loeisi.
Hélait elle su dOse.pc-ro; Hoir
Ah'»» douleur fait peino à voir... »SIONIN«.
iXIOSIM. Vous! A moi, votre maltresse.,,
A son eeeur ur. autre est plus cbeie, txixitii.
l.'eût-ou jamais pu concevoir* Quo vous importe ma tendresse !
pt-cuatiis, a Antoniite, El pourquoi < o soupto» jaloux ?
Il n'a pat ton, jo «lois le dire... ItHIsU.
Mot* «lotte un peu plu» de douceur.,, Qu'ai-jedoncf ii,licla»!poui'qu'ainsil'oiint'açcusel
N'KCU. DIIUIIIE, à Ainonhie.
K»t-c' «lu dépit ou d' 14 douleur? Je votie affreux courroux c'est uno vainc excuse...
•stosis». Je suis loin do l'admettre ici...
Aht rooii onclo ! c'e»i tiito horreur ! Taiiec-Vousdunc
cuv.u. isroNivr.
Elle «nragel moi c» in' fait tirot Mt)tairo..oupcrmcltrapoul-£tro.,
Duntms.
EK5BM0U. Olinisset, ne» nièce,..il est le r'.tllre.
On voit, toorgueiin', sur son vÎMgo VStOMNE.
(amibien v-v U fait enrager... Elupioi! mon onelo! vous aussi !..,
Ilravo, nol" maître, allons, courage;
t'.'eit l'seul moyeu d* la corriger. nKPRISK l)B tVENSKMBLK.
iiixamis, i> Vaeilte.
Vas do faiblesse j allons, couras-o, Sachons «onuiii avec courage, etc.
FIN DU PUKMiKIl ACTK.

ACTE DEUXIEME.
Un salon i porte au fond cl portes latérales ; piano.

SCfcLNE l'REMliillË. itotirtant... en* je suis bien stlro quo mainte-


nant ellcregrclle...quelsaffreuxsoiipçonsl,..
LOUISE, teule. heureusement, jo no les mérite pas... et ja-
mais... oh ! non... jamais tout lo mal qu'ello
enfermée chez elle..,., et il n'y a
Mlle est pourrait me faire ne m'engagera a oublier
pas moyen do lui parler. J'aurais bien voulu tout le bien qu'elle m'a fait I..
10 AtVrONlNM.
loiïSK. Je ne l'ai jamais quittée... Aux
rolonies, pauvre créole, j'étais sans appui,
SCKNK II. sans asile, it 11 mort de ma mère, «lonl sa fa-
mille avait déjà pris soin... c'est elle qui m'a
î.orisK, aiM'iCML. recueillie elle sVst toujours inoqtrée nia
bienfaitrice.,, el si elle ces.se ele l'être, si elle
vivr.ci.L, Ali!vousv'latiuaiu'selli!Louise... m'abintj.mue,je set ai bien malheureuse ; tnais
'l'oujotirs de tristesse «tnic?... u:oi qui
11 rien ne pourra effacer de mon cieur la recon-
ainietanlà vous voir gaie, lieiiien«>.. titras naissance que je lui dois.
-ca viendra, n'est-ce pas?... le beau temps Muut.i. C'est ça tics sentiments!,., Ah!
apt«'s la pluie... il se présente justement une grands dieux grands dieux, miiu'svlle
,
lière! occasion... Louise... it y ati.a nu niait lièrentent heu-
Lot'isE. I ne occasion? reux sur terre quand vous vous marie-
MARCEL. Oui, nous allons danser, lire, rez!...
nous amuser!... oh! je m'en doiiueial-t-il i.orisE, foitrianl. Vous croyez!
moi!... MARCEL. Oh! nui... mais vous serez dilli-
'LOI isi:.Dans un pareil moment, Mar- ( ilt*... vous eu faudra un qui soit riche?
cel! est-ce quo vous devenez fou?... i eu ISI:. l'ouï quoi «loue?
MARCEL, .Moi, devenir fou !.., non pas... MAIKII. Oui soit joli, joli...
ti'est (ïislien... vous savez heu, le fils du I.OI'ISE. Je n'y tiens pas...
fermier voisin... il se marie aujourd'hui, et Mvitiii. Vrai... il n'aurait pas un phy-
ils viendront tousdansirau*bateau... comme sique pins llattciir.., et il no serait, connue
c'est l'ii-age,., toutes les noces du village moi, que le lils d'un Itou fermier... qui n
viennent danser dans les jardins du château, quelques économies... c'est vrai!...
et c'est moi qui sera l'orclieslie !... Com- LOI isi:. Oii'inijHirte, pourvu qu'il soit
ment! ça ne vous égayopas? tendre, doux, sensible,..
l.ot'ISE, sotqiiK/n/. Ça se passera, mon .MARCEL t-iïcjut'fii. Ml de bonne hu-
,
bon Marcel ; oh ! si cela ne faisait pasaussi de meur.
la peine à ce bon monsieur Derville,,. I.OI'ISE. .Sans doute..... la gaieté annonce
toujours un bon naturel,,,
Vluu.r.1.
MAiiCEl. Ah! quel bonheur... moi qui suis
Ain tfe .Vinjiii.'n t'avuri, gai... mais min, que je suis bête le ne «lois
Viainn'iit ca m' met la moil dans l'Ame.
Ik'vous voii pleurer soir el iii.iliii... pas être gai.,, quand vous êtes triste... cl puis
j'ai bien nu attire défaut,..
tut ISI. I.OUSE. ojie dites-vous ?...
.'les emportement, do madame,
Il est vrai, j'ai lnuii tlo t li.iytu.;
l'ourlant de ses iiisies caprire» suncei.
On me veriait h en moins gé-inii'... Air. : fin liii que suit sont untlitc.
Si du moins de M'S injustices Ilelas! tien du tout, mtiu'scdli' Louis»;
Ici j'étais seule. .', souffrir.,. Je n' oi'ailiest'r.iis |i n on'sulti,i>,,.
Ah! |ioor'|iiui do ses uiinslii'iv. Mais t'est <|ii'par malheur chacune dit:
Ne suis-ji-pas seule à suiilïnr! l'ne jo n'ai pas a*,e/ d'esprit,
MVlttEi.. Mu v'Iii une qui fait mentir le llil'llï..
proverbe Dis-moi qui lu liantes, je te dirai
: Mon Inii Marcel, je suis plus sage...
qui tu es... elle a beau avoir un mai i de la Dans b'.iloux in. nds du mariage1,
meilleure paie,,, ça ne l'a pas rahonnie... it M«i, pense tpm lo donneur
ji>
Vient looius il>- l'esprit ipio du erreur.
pointant vous l'aimez toujours,,.
Loi'isi:. J'en conviens,., mou cii'iir, sen- MViicn.. Il .serait possible!,,.
sible a l'injure, l'est encore plus aux bien-
faiis... et puis, elle est honni* au fond...
MARCEL. Le fond... c'est possible... mais
la formel... entre le fond el la forme, il y a St.i;LSK III.
une différence bien frappante.,,
LOUISE. Mlle est vive, mais généreuse, LES MÊMES, DMIIVILLM.
obligeante même pour ceux dont elle ne se
soucie pas et jusqu'à Cenais, qu'elle lu.nvii.i.i;. Ah! ah!... toits deux ici!...
n'aiiuo pas, vous le savez,.. MAitc.El.. Pardon, in'.sietir Derville... c'est
MARCEL, Pour ça, elle n'a pas affaire n tut que je causais un insianl avec inam'selli!
ingrat: il lui rend bien... cl si sa mauvaise Louise elle cause Ires-bien inaui'selle
humeur ne tombait «me sur lui... il a bon dos, Mouise.,.
mais vous, niain'sello Louise... vous!... I.OI'ISE. Mt moi... je venais voir si madame
ANT0N1NK, It
axait besoin de moi,,, malgré ses injustes Tu ptssêdùicèiKnJoureur
Çlitedans uuo l'êinntoon adoié.,,
pi éveillions... lin dan. les égard», p if buil'eur,
lir.uviii.E, «i [.nuise. Tranquillisez-vous, Souvent "H là fetfutivo riieore.
ma clore enfant t restitue r-t. laïuilié de
tousceux epii vous connaissent doivent vous ANTONIM. J? ne l'avais elonc pas perdue
consoler. lorsque là-lias,' unissant la destinée à la
LOUISE. Je ferai toujours mes eiïuris pour luienue, tu remerciais mon oncle d'avoir
m'en tendre digue... niais je serais si l'Athée "'comblé ton vieux, el'avoir fait le bonheur elo
«l'être la cause du chagrin tb ma niaiireisi>... ta vie!...
par malheur elle est ci>|Vi niée. Ditivitil. Je jugeais «le la boulé de ton
Diuwiu.. Vous la verrez plus tnd... lais- àitte par la douceur de ta ligure.
sez-mot, nies amis,,., j'ai besoin el'êire AVI'OXINE,' Alors lu ne pensais «inVt nie
seul plaire... el pujouid'hni c'est bien différent,,.
MAitcif,. Oui, m'sieur Derville...'d'autant' OERViut:, tendrement, Aujourd'hui » je',
que j'ai là-bas des légumes qui meuvent do '-l'adore
toujours,' tu n'en peux dentier... et
soif... Dieu i sont-ils altérés! s't tu voulais, nous pourrions encore être
Il soit avec Louise. 'heureux t...'
d'un autre côté. Oh! ANTONINE. Mh bien. Allnrl, je tecrois!.,.
LOUISE, «orfiiiif mais s'il est vrai que tu m'aimes, tu dois
j'aurai bien «le la peine à obéir. craiiitlre île iit'allliger...
DERVILLE. Moi, t'allli^er!... Si tu savais
tout ce qu'il m'en coûte... Mais parle, quo
•SCÈNE IV. désires-tu?,.,
AXTOXIXI-', tue chose dont dépend nia
DMIIVILLM, puis ANTOMNM. " "tranquillité!...
Diuvii i c. Mt m doutes de mou empresse-»
OEIUIMI'. Il faiit donc user de sévérité,., ment a le satisfaire?
son oncle lui-même m'y engage,.. -.. mais ce ANTONINE, d'un air patelin. Tu le vois,
moyen, «pie par déférence pour lui j'Iièsiiyis je suis calme j mon ami, ne me refuse pas!
ît employer, réussita-t-il?... La voici,...'ra- IUT.VIMI. souriant. Cela me sera-l-il
clions do soutenir ce rôle si pénible el si peu ,
possible, si tu ne me demandes rien «pie île
fait pour mot, raisonnable?...
ANTONINE, entrant. Mit bien, monsieur... AYIONIM:, de même. Tu ne mo refuseras
vous êtes curhmté, vous vous applaudissez pas?.,.
de la scène de ce malin?.., DÉRAILLE. Mxpliipte-toi!
OERVlt.LE. Vous devez me counatirc as- ez, ANTO.MNE. Pourmon requis,pnnrlclîen...
Antonine, pour croire «pie je ne m'applaudis, tu ne peux pas hésiter d'abord!,,,
quo «le ce qui est juste et raisonnable.., DEUVILM:, Mais encore l'aut-il savoir,,,
Avroxixr, Raisonnable, de me totiriiien- ANTOMNE. ftllitiani. Mmi ami, inoii ,\l-
ter, de in'lniuiilier !... beri, lu sens bien... je ne suis pas injuste
ni nvll.l.i. l'ouvez-vous supposer (pie co : certainement!... Co matin, la colère m'a
fut h mon intention?... peut-être! fait dire des choses.., mais après
AUTOMNE, thioi ! lorsque vous autorisez ce epii est arrivé, je ne serais pas mailiesse
mes gens... ele nioi,..jeleiipi-it>lcoilseusàCL'qiiel.iiiiist)
DERVILLE, Faut-il (lonolesremlrevictimes s'éloigne.
d'uni! mauvaise luinn ur qu'ils n'ont pas pro- DEitviLLE, Mncore!... V penses-tu? la
voquée? d'ailleurs ils ne sont pas les seuls -compagne de ton «ilf.uire!
qui aieul ît se plaindre... ANTONINE. Je ne raliauiloiine pas... j'au-
AN IONISE.
Olil je vois qii','i vos yeux je rai soin d'elle.,, mais je désire «pi'ello no
suis une (iiume déplaisante,'insupportable, rcsie pas ici ikvanlage!...
odieuse... DIIIMII.I:. .raiiiie.\croireqiieliinepensais
lu.itMi.i.i:. Odieuse, non 1 mais... |MS en effet ce que tu disais si li'gèrenitut,,.
ANTONINE. J'ai donc bien «les défauts? .Mais alors lu n'as aucun mol if, et je ne puis
DEUX II.I.I: , tirée douleur. Oui, cruelle céder à un mouvement d'orgueil, mio fan-
femme, et il ne tiendrait qu'a loi de n'en taisie..,
point avoir. ANTONINE,memement et avec impatience,
Maniaisie si vous voulez i j'exige qu'elle s'é-
Ain île i'AimthieaUsi,
loijîiie... Vous balancez?.,,
En naissant lu reins 4t>s tiens ni'iivii.i.E. Non, je ne balance pas,.. Volro
Tout co tpi'il luit poiit étie aimalde. demande, est d'une Injustice exlrênie,,. et
Veux-tu plaire.aux cieor» cuimne au yeux,
Sois doua plus douce, plus affable; tout me fait ia lui do vous refuser I
12 ANTOMMi.
A.vro.NLSE. Me refuser!... lui qui parle? csl-ceà moi qu'il s'adresse?,..
iiKlivil.l.E. I ne fille intéressante,' douce, Je suis une femme sans raison,., je n'en aurai
attonlive... jamais!...
ANTONINE. Allons, courage, continuez... DLCIIEMIN, souriant. Diable! il .serait
DERVILLE. Antonine!,.. bien fâcheux qu'il dit vrai.
ANTONINE. Il est donc vrai, je suis sa- ANTONINE. Je ne le reconnais plus... il
crifiée I... Mais vous n'êtes pas où vous croyez faut (pic celto petite fille lui ait tourné la
en Cire, cl bientôt on verra... tête!
Dtciit:vtix, lion 1... Comment peux-lu
croire?...
SCÈNE V. ANTONINE. î/infidèlc !,.. il ne se (toute |Ms
du chagrin qu'il me cause.., ou plutôt il s'en
LES MÊME», DLCIIKMIN. applaudit.
niciiEMiN. Mh bien, qu'est-ce encore?... DUCIIEMIN. Allons, allons, calme-loi, ma
toujours en querelle!... bonne amie, et causons un peu... car depuis
DEIIVTUE. Venez, mon ami; vous arrivez ce malin je n'ai pas trouvé un moment pour
fort a propos pour nous mettre d'accord. jaser avec toi d'amitié... Mt je te l'ai dil, je
nicilEMl.N. De quoi s'agit-il? pars demain pour longtemps; je serai au
AyrosiKE, viveinent. Mon oncle, vous moins deux ans en mer...
avez été, ce malin, témoin de la petite dis- ANTONINE, mm l'écouter. Mais d'où peut
cussion dont Louise a été la cause... Mh bien, provenir un pareil changement?... Jamais
je propose d'avoir soin d'elle, «le |iourvoir il ne m'a parlé ainsi.,.
abondamment à lotit ce qui lui sera néces- ni cm MIN. Mh bien, un instant de mau-
saire, ailleurs (pie chez moi, et monsieur vaise humeur... lu sais ce (pie c'est!... Tu
veut absolumentqu'elle y veste. as quelquefois, souvent même, de légers
nuciiEMIN. Ahf ah! (Uns, à Denillc.) caprices.., une jolie femme doil en avoir...
Ferme I mais ,'i la longue, ça devient insupportable!
ANTO.MNE. J'ai mes raisons pour la ren- ANTONINE. Insupportable!... Mn vérité,
voyer... cl vous seule/, bien que monsieur n mon oncle, vous avez des expressions...
les siennes pour vouloir la garder... DECIIEMIM, An fait, je ne devine pas ce
DEnviLLK, ri Antonine. Vous ne m'enten- qu'il peut avoir, ce pauvre Derville; mais il
dez pas? parait II iste...
AUTOMNE. Je vous ciilciids de reste!,.. ANTONINE. N'allez-vous pas dire que jo les
Me croyez-ions assez aveugle... rends malheureux ?
DERVILLE. Mxpliqmms-iious. DtcfiEMIN. Moi!... oh ! non ; mais d'autres
AKTOSINB. Tout est expliqué... je n'ai l'accusent!,..
plus le moindre doute!... Voila donc la ré- ANTONINE. M'accusent?...
coni|MtiSL* tic ma tendresse... nt CHEMIN. Tu penses bien «pic je suis
DERVILLE. Mais écoutez-moi !... loin de partager celle manière du voir... Ils
ASTOMME. Mh que me diricz-voiis?.... «lisent (pie si la femme dont le mari
se plaint
Pensez-vous m'imposcr par ce calme appa- n'a pas toujours ton» tes torts qu'on lui croil,
rent?... Il m'irrite encore plus que voire au moins est-il rare qu'elle .soit lotit à fait
fausseté. Mais j'exposerai voire conduite .1 exempte de reproches... Mt mille antres
tous les yeux ; on saura comment je suis choses auxquelles je n'ai pas fait grande
traitée. Je n'épargnerai rien pour me venger attention...
du plus perfide et du plus déloyal de Ions les ANTONIM:. Derville se plaint de moi au-
lioniincsl... jourd'hui, cria doit être...
DERVILLE. Allons, je quitte la partie ; car
C'est en vain qu'on veut faire entendre la rai-
Alix it l'Actrice.
son !i une femme qui n'en a point et qui n'en Ans yeux d'un r-ponx tpii »'en?age,
En nous (oui est reifin lion;
aura jamais. Mais bieniAt «'il devient volage,
ANTONINE , ttupffaile. 0 ciel I Adieu la douce illusion,
DLCIIEMIN, ha*i ii Dercillt qui s'en va. Oui, par une nouiclla flamme
Uien !... laisse-nous 5 présent. Contre nnu» son ettitr eit aigri...
Dcrtille son, Et le premier Ion de la femme
Est l'ineoiiiiance du mari,
C'est I inconstancedu tnaii.
SCÈNE VI. btiCiiEVUN. Dia'lc!... Tu penserais que
'DUI.IIKMI.Y. AMON1NM. celle pelile Louise serait assez jolie |totir atti-
rer l'aiit'inion...
ASToaiSB, trii en colère. ttst-cc bien A.vto.MNE. Oh! mon oncle, je plaisait-
ANTONINE. 1S
lais!... Certainement je ne puis supposer... ANTOMNE. Oui, et vous arrivez de Paris
Mlle a trop de goilt, d'élévation dans les sen- sans m'apporlcr un seul air nouveau...
timents... DUCHE*!IN*. Au contraire, je t'apporte des
DL'CHEMIN. Sans doute, sans doute.... livres et de la musique...
D'ailleurs, il serait vrai.., ce que je ne puis AN lo.NiNr:. Il y a donc au moins quelqu'un
supposer non plus... il te serait facile do le qui MMige a moi...
ramener!,.. Avec un peu d'adresse, mie Dl'CHEMlN, qui a parcouru quelques ro-
femme jeune et jolie fait tout ce qu'elle vont mances sur le piano, en prenant une. Mn
de son époux!... lécomjtcnsc, tu vas me chanter quelque
ANTONINE. Oui, j'ai lieaiicoup. (l'empire morceau... il y a si longtemps que je ne t'ai
sur le mien... entendue !,, Tiens 1 je trouve là justement un
Dl'CHEMlN. Mn s'y prenant bien... pas de petit air qui me semble assez joli ; veux-tu
rigueur, pas de ton sévère, pas de cris, par l'essayer?...
exemple!,., la mauvaise hti.iiciird'micfemme .xvroNiNE. Voyons!... Je ne l'avais pas
M'inble toujours si peu naturelle!... et avec encore reniaique. ( fredonnant.) La, la, la,
des prévenances, de la douceur, on nous ta !... Il parail chaulant, et le motif est agréa-
captive si aisément!... ble.
ANTONINE. A vous entendre, mon oncle, DiCHEMix. Oh ! le motif est excellent !
on dirait que je suis la femme du monde la
plus diflicilo a vivre... astosisr.; chantant es* Sacr.owpaijimnt.
IILCIIEMIN. Allons donc, toi qui es un Ai» f.>»i'#aii il'- M. ttorniltti.
agneau, la bonté, la douceur, la raison Lise avait grAeci, gentillesse,
même... fortune, espril, laleols, lieaiiti}...
ANTONINE. Oh! VOUS avez beau dire, on l'.ieiiii'.i Linval par sa richesse,
voit bien que vous Clés prévenu par mou Sur ses finaux l'eut cuipotlO.
Au tWdioiir il eut confiance,
mari; mais d'autres me rendent plus de jus- El vit tromper sou l'spt'rauro...
lice. Dans la société j'ai quelquefois eu «les Lise, par sa mauvaise humeur.
succès, et l'on m'a trouvée aussi aimable (pie Ile MIII époux... lit le malheur!
beaucoup d'attirés, quaml j'ai voulu me don- .1 l'i fin tin tnnplel, «a IO/J s'affaiblit.
ner la peine «le l'être !... trciiEM», reprenantatee foret.
DI'CIIEMI.V Parbleu!... il n'y a qu'à vou- Lise, par sa mauvaise humeur,
loir... Quand elle le vent, quelle est la femme tic son tîpoux... lit le malheur.
qui ne trouve pas le moyen de plaire pendant
quelques heures? ANTONINE, «ecc dépit. Cet air-»!.*! n'a pas
ANTONINE d'un ton piqué. Pendant quel- le sens commun!...
ques heures !... DL'CIIEMIN. Je t'assure qu'il n'est pas
mal... et si tu l'entendais plusieurs fois...
Dt-cncms.
ANTONINE, se levant. Ali! j'en al bien
Ain de Tnttnne.
assez.
Dans lo momie faire l'aimable, m CHEMIN, la faisant rasseoir. Son, non;
Par ses drseours et par nu ton charmant; chante donc le second couplet...
titre en tout point une. femmo aaréaMe,
'.'.'est là ceipie l'un voit souvent
C'est li, crois moi, ce t|u'ot» voit très-souvent ! axtoMst, chantant et s'afeompaaiutut atee impn-
Mais toujours s'cinpre.si'i de plaire tieiien.
• llans,i ni.ti.snn, h son époux, Mf.lU SI*.
Etie louji.urs bonne et pour tous... Adèle, blonde assez Commune,
C'est It ce que l'on ne voit guerre, Ko brillait poin! par ses sipiuts.
Pendant ce couplet Antonine, impatientée, s'est Kl comme cllr errait sans fortune,
ini'C d son piano. Le* amarii*. ne l'obsédaient pas.
vérité, mon oncle, vous lîn seul jel.i les jeox sur elle,
ANTOMNE. Mn It l'épousa, lui fut fi.lèlo...
me dites tout cela avec un sang-froid... Je ne Adèle, par *ai douce humeur,
sais, mais j'ai les nerfs dans une ,i,',ilalion... Ile son époux... lit le iiordieurt
Elle prélude avec force, et comme une femme M. FUMis, appuyant.
qui étoulTo d'iiiiiiiror, Adèle, par sa douce humeur,
plaçant derrière elle, où De sou épouv... fil le bonheur.
iiLCUKMiN, se
il l'écoute quelques instants. Ilravo !... Com- ANTONINE, se feiwit avec colère. Que
ment! mais tu as fal» «!••« progrès depuis que cela esl communI...
je ne t'ai enlomhie... {VAle joue trèS'fort. ) DLcili.Mix. Tu es bien diflicilo aujour-
Tu as de la main, de l'aplomb... tu joues un d'hui !.,. lionvecelle musique...
.Mot, je
l'eu plus fort... mais il y a du goilt; ce serait ANTONINE. Détestable!,.. et les paroles ne
dommage de ne pas cultiver ce latent-là!... valent pas mieux!,,.
14 ANTONINF..

DUCIIEMIN. Allons, allons, tu as de l'hu- ANTONINE, prenant la clef sur le piano.


meur... Ali! qu'il m'impatiente !... VoiciI...
ANTONINE. De l'humeur!... j'espère que- MAitcEi.. Jo vais défaite la caisse et ranger
ce que vous m'avez apporte la dissipera. tout ça la-dcdao:,, n'est-ce pas, madame'?
m CHEMIN. A la bonne heure!... Jeté n'est-ce pas, madame?...
laisse, el vais l'envoyer cela!... lleprends ! ANTONINE. Mil laissez-moi en repost
donctagaiclécoiimieauircfois...aux colonies, MARCEL, t. part, entrant dans la bWtio'
lu étais aimable, folle même... el je t'aimais { lltrqne. Hein ! hein ! le baromètre est encore
mieux comme ça!... j
à la tempête!...
ANTONINE. Mais, mon oncle*... j ANTONINE. Allons, et lui-la vadire aussi
m CHEMIN. Oh ! lu as île l'hunu'iir... cou- i que j'ai de l'humeur... mais qu'enlinds-je
viens-en, lu as de l'humeiir !... «lune là?...
Il suit.

SCEiNK IX.
'SCENE Vil. |
ANTOMNM, LOUISK, UATIKN, TIIM-
llf'SK, Vll.LACEOIS et ViLLAC.EOlSES,puis
ANTOMNM, seule. j GI-.llVALS.
CHOEUR.
De i'Iiuiucui ! de rhumeur !... pâtre rpi'on |
a plus île jugement, plus de péiiélration,
j Ain du lli)iii}uct ilurai.
plus de bon tons qu'eux, on a de l'humeur; j l'otir fêler un si beau jwir,
ils n'ont que ce mol, c'esl insupportable!... ( Vu' IIU'A la danso
(lo sVlai.ee,
Air. : l'ituvrt petit, il :*l tranu. tin duil dans un si beau jour
Mes gi-nJ, mon oueic, mon époux, j
téter l'Iivnit-n et l'aieonr.
Contre moi si: sont lé|pics tous '. OERVAIS, arrirant. VoiisvVtvoiisaiiIrcs...
O destiné.! affreuse! c'esl bon... v'nez avec moi trouver Mon-
Je suis bien malheureuse!
' Crsi A i|ui nie
contrariera. sieur... ce n'est ejue pour 1,1 forme, vu que
C'est à <|tii me touimentera; c'est l'usage... mus r-Ys''égal... la politesse...
(Mi! oui, je suis bien mallieureioe! et je suis bien sfic qu'il ne demandera pas
Derville nie montre, aujuiird'liui mieux...
rtcaucoiip de ligueur et d'ennui,
En ,-iiiirt! objet sait ic distraire, ANTONINE, à fSerrais. Qu'est-ce que c'est
A cet objet il « h«rche ft plaire, donc «pte (outce monde.'...
El pour détruire le*utipv»n, I.EI'.VAIS, r/iereliant des tjcu.r. Ah! ail!...
IJuo j'en convois avec raison, ANTONINE. Que veulent lotis ces gensda ?
Il dit «pie son épouse OEiivAis, avec humeur, Ces gens-la !.. ils
Est injuste «I jalouse!
ne veulent tiinl (Aux Villaoeois.) Allons-
Mes sens, mon oncle, mon époux, ctr, nous-en,,, co n'est pas la qu'il faut s'a-
dresser...
ANTONINE, aux mariés. Que dentandez-
'VOIIS?...'
SCÈXK VIII. OAITEN. Madame!..
OEitVAls. Je le dis que c'est temps perdu !..
ANTOMNM, MAIICML. ANTONINE. l'arlerez-vous?..
TiiftnEsE. C'est |Kiur...
MAltcii., apportant une caisse. Madame, CEitVAis, I'I Thérèse. Mlle est ele mauvaise
v'Ia des livres et «lu la musique que monsieur humeur... |»n*y a rien ii gagner...
votre oncle m'a dit d'apporter. ANTONINE, lui donnant un soufflet. In-
ANTONINE. C'est boit! (/I f.tii.) Mst-re solent!
«pi'il aurait choisi ce vilain air qu'il m'a fait «;ATIEN, à (Servais. T'aspourtantgagnera,
chanter atee' inlenlioii? roi!..
VlAitcEl.. Oit qu'il faul les mettre?... «EttVAIS, «n rolfre. Un soufflet !.. mordi!
AMONT.xK Où tu voudras! jarni! nom d'une.... c'esl une...
MARCEL. Dans la bibliothèque? ANTONINE. Paix !... (.1 Thérèse.) Je veux
ANTONINE. Oui. savoir enfin le sujet qui vous amène...
MAitcEi,, Tiens, la porte est fermée!... THÉRÈSE, bas, A (Satien. l'trle donc, toi
ç:i serait-il un ell'et de vot' |>arl de me don- j qu'est le marié!..
ner | «iATiE.v, de même. Kcoulc donc! ça m'a
ANTOMINE, *3
coupé la parole; d'ailleurs cst-co que t'es pas oucilEMlN. Mt do la gaieté, .1 ce qu'il me
la mariée?... semble...
cEiivAis. Oui, do la gaieté... (entre les
AIR ilit Vaudeville île l'Epreuve villageoise. <fc«L*) cl «les MHifflels!...
lY fais donc pisla niaise... DEHVTi.LE. C'est une iiocc, je. crok.
,t Antonine. DLCHEMIN. J'adore les noces de village,
J'sommes, no vous déplaise, moi!..
liatieit... iiEitVAIs. Oui, monsieur Derville!.. v'Ia
tu t.* tir.. Catien le marié, Thérèse son épousée!., cl
Moi, Thérèse... j
toute la jeunesse du pays.,.
KNSEMIILK. j DECIIEVIIN, Mh! eh! la mariée .n'est pas
Mariés d'A co malin. i mal....
îiif.nrsE, S
CATIEN. Mxcnsezsi j'avons pris la liberté..,
i' vouJrions ben un p'iil brin.,, ANTONINE. C'est l)oii, c'est boit... retirez-
cvritx. vous....
TaritAt danser dans dans vol' jardin, DEllVTI.LE. l'ouï qui donc...
VIltM.S/, DUCIIEVIIN, aux mariés. Vous dtes bien
Si (a s'pcul j'en s'tons lien aise. conlenls tous les deux, mes enfants...
ENSEMBLE. (IATIEN. Oh! ça, oui... Je sommes dans
Si ça s'pcul j'en s'rons ben aise... un ravissement.,, «pic j'avons lit comme une
ANTONINE. Ah! c'esl (tour danser?... joie epii est un plaisir, qui... mais vous savez
THERESE. Oui, madame, et v'Ia mani'sclle ce qui en est, monsieur Derville, cl je suis
Utilise qui notisadil... sûr qu'au vis-à-vis de main' votre épouse.,.
ANTONINE. e -st mademoiselle qui n lotit DERVILLE. Oui, oui, sans doute...
arrangé... Il i sto pensif.
LOLISE. Je n'ai rien arrangé.., je les ai MH ISE, «1 (Satien. Tais-lot, (Jalieii.., Tu
engagés a s'adresser & vous... l'alltiges...
(.EitVAls. Mt moi j'Ietir ai conseillé iMpartcr CATIEN'. Hah!
au mailre de la maison... parce que de temps ANTONINE, bas, à ftuchemin. Mais, mon
immémorial les propriétaires du château ont oncle, faites «loue renvoyer ces gens-là!...
permis a tontes les noces du village de venir DiciiEMiN, «uns l'écouler. Mn vérité, on
danser ici... n'est pas plus jolie que Thérèse!
ANTONINE. Oui !.. eh bien, moi, qui suis ruEntsE. Vous êtes ben honnête, mon-
la maîtresse de la maison... je ne veux pas sieur t...
de bal... CATIEN. Mas vrai qu'elle* est ilrôlettc?...
liEitVAi.s, aux Villageois. Là! qu'est-ce DLCIIEMIN. Mlle est charmante.
que j'avais dit... faut pas que ça v mis rebute... CATIEN. Mb ben! voyez-vons?.,, elle est
monsieur Derville sera plus trailahle... il est plus bonne et plus douce qu'elle n'est belle.
bon et obligeant monsieur Derville, mais tout ANTONINE, d fart, s'tmttjant. Ils uc s'en
le monde ne lui ressemble pas, iront pas...
AYTOMNE. Cardez vos impertinentes ré- DI'CIIEMCI. Ahca, mais... quand on se
levions... marie, ot» danse... Mst-ceque nous n'aurons
i.EiiVAïs. CYst dit!.. pas le pelil bal champêtre?...
cents. ANTONINE, s'aifitunt sur sa chaise. Al-
Suite île t'nir prCedltiii.
lons ! il faut aussi que mon oncle s'en mêle!
.S'il faut <|uV» déplaise, i;ATIEN, Oh I iwur la danst», je ne démail-
Viens-nous-en, lliérése,
lions pas mieux I...
Ailleurs, A notre aise, CEUVAis. Ce* qui fait qu'ils étions venus
l'irons nous réjouir, comme d'habitude pour avoir la permission
l'aimons A nous divenir, de danser ici dans le jardin...
•l.mii' li d'un plaisir DERVILLE. Très-volontiers F...
tirés ipi'il Réno
Et qu'il fait d* la peine. OEitv vis, avec affectation. Oui, innisra
.Vx*, reprenant U.dernier tert, ne convient pas it tout le inonde'..... el v'1.1
lit r s tpi'il Rêne et >|o'(l f;>U d'! 11 eine. madame,..
D'invitLE, regardant Antonine. Je suis
.

persuadé qu'elle ues'y opposera pas.et qu'elle


SCiïiNK \. ;

i sera fort aise «l'obliger ses voisins... ( lias, A


1 sa femme.) On
MiClIMMIN. ne peut réfuter cela!
LES MÊMES, DMIIVILLM,
AN IO.MNK. Moi, très-positivement... je re»
DERVILLE. Mi! ah! il y a grand monde ! fuse!
ici... iiEcilEMl.v, bas, A Ihreille. Ne cède pas I
10 ANTONINE.
DERVILLE, bas, d Antonine. Y songez- ami Marcel de venir avec son petit lurlu-
vous?... tutti... son flageolet... Il en joue si bien
ANTONINE. Je ne veux point de bal chez et c'est l'accompagnement obligé et indis-
moi! pensable de toutes les fêtes, vu qu'il n'y en n
CERVAIS. C'est ce que madame m'a fait pasd'aulre...
l'honneur de me dire en me gratiliant d'un DERVILLE. Comment,., il .sera tout à voire
soufflet, que j'ai encore,.. disposition...
DERVTI.I.E, bas, A Antonine. Vous voulez LOIÏSE. Oh! vous pouvez compter sur
donc vous faire délester de tout le monde? lui...
ANTONINE, avec humeur. Mh F que m'im- ANTONINE, A part. Oui!..... votre ami
porte Marcel !... Il est encore la... c'est bon.
DERVILLE, impatienté. Mes amis!.,, je Elle va «ans faire semblant do rien, fermer la
vous prie d'établir, selon l'usage, voire danse porie do la bibliothèque, et y donne deux (ours
dans mon jardin vous me ferez le plus do eler.
grand plaisir. CERVAIS, aux Villageois. D'après co que
ANTONINE, d part. C'en est iropl monsieur vous a dit, c «si une affaire arran-
CATIEN. Pourtant, monsieur... si ça dé- gée...
plaît à madame... ANTONINE, à part, aqant été la clef.
DERVILLE. Madame n'est pas obligéede s'y Parfaitement arrangée...
trouver... Quant à moi, je m'y invite... CERVAIS. A tantôt?
DbciiHViiN. Mtinoi aussi... Je me charge DERVILLE. Oui, mes amis,., a tantôt!
des rafraîchissements..
CATIEN'. Monsieur!... c'est trop jusie!... Aift des Trois Marteaur.
DERVILLE. Mt après le bal... grand souper Sous l'ombrage, pour la danse
Vous pourrez trntu réunir;
au château... ffous y goûterons, jo pense.
CATIEN. Ah! monsieur I.., c'est trop fort, Comme vous bien du plaisir.
ANTONINE, à Derville. C'esl ça!.,, toute ISTOSISR, dporr.
la inai.Min au pillage! Oui, qu'on danse tons l'ombrage,
DtcilEMlN, lias, A Derville. Boni .. (.1 Moi, (tr.Vcr! A celte clef-lâ...
Automne.) Mais tu aimais la danse autre- Quand je tiens l'orchestre en cage,
fois? Voyons comme on dansera.
ANTONINE. Vous voyez comme il contredit ENSEMBLE.
nos volontés... Dam le jardin
DUCllEMl.v, bas, A Antonine. Que diable, C'esl en tain
aussi... quand on a des volontés qui s'oppo- (.tue Ton eoraple «*ir la danse,
sent toujours aux plaisirs des autres, ou doit Celle clef jusqu'à demain
Ne quittera pas ma main;
s'attendre a de fréquentes contrariétés
(Haut.) Ali ça moi, si je suis de la fêle, je i TOUS tes Armes.
, la Au jardin
veux danser avec mariée... Jusqu'à demain.
CATIEN. C'est ben de l'honneur pour Ilicntot '.. dansn
nous... seulement, je vous prions de ne pas Cnnimenre;
An jardin,
trop fatiguer Thérèse. Allons tous nous meure en train.
DtcilEMlN. .Sois tranquille, je sais les mé- Aller tous vous mettre en ir.iiu.
nagements qu'on doit... T««l le monde st retire par la poite dn fond, ri-
CATIEN. J'avons encore une permission erptf Antonine, i/ui sort par une porte oppniee
bien plus essentielle à demander à monsieur il celle O') est e.nftrt \i Marcel.
Derville.., mwH, sur lit ritournelle, pendant que to anlrei
DERVILLE. Quoi donc?... sortent et frappant à tinterhni.
CATIEN. Je n'avons pis de violon au pays, Pan, pan, pan, ouvrez-moi donc,
t'a n'a pas d'ra'io»,
et c'est ben loin d'en faire venir de Mari»*., i l'an, pan, j>;,, ainsi peut-on
mai!) si monsieur voulait permettre à noire ' Vie ir.clite en prison?

FIN DU DKrXIfcMI. ACTE


ANT0N1NH. 17

ACTE TROISIEME.

Le fond du thcAlre représînln tin jardin dont l'entrée est formée par unogrillo qui traversa la
«cêno et qui s'ouvra an milieu. Sur la «anche et en deçà de la grille, esi un pavillon saillant
qui est censé l'extrémité' do la maison. Co pavillon s'ouvre do plain pied sur la scène et a une
fein'iic au premier étage. ,

SCENE PREMIEliE. DERVILLE. Ilon!.,.


H s'en va.
DKIIVIMJE, seul, se promenant A grands LOUISE*. Si monsieur reuronlrlit Marcel,
pas, et tris-ugitè. serait-il assez bon pour renvoyer]...
Il n'y a plus moyen d'y résister I... quelle DERVILLE. Oui, oui, mon enfant I
impétuosité! quelle violence !... Sans égards, H sort par la grillo di fond.
sans respect pour son oncle qu'elle n'a pas vu
depuis six mois... Sur un mot indifférent, se
lever de table, au milieu du dincr, rever-
SCÈNE 111,
ser .«a chaise, briser des porcelaines, un fra-
cas épouvantable!... Kt je parviendrais à
changer un pareil caractère! c'esl impossi- I.OIISI:, puis MAïU'ix.
ble; quoi qu'il m'en colite., il me faudra re-
courir au moyen cruel que me propose son LOUISE. Je vous demande un peu où il
oncle!... peulèlre ce pauvre Marcel... Monsieur cher-
che son oncle.., Il ne doit pas dire bien con-
Ams Citait Renaud de Montauban. tent de son voyage, monsieur Durlicmiii...
n'ai déjà que trop souffert !
.le Quel dîner on lui a fait faire... Pauvre An-
Je n'y liens plus. ..non, sur mon Ame, tonine! quel caractère I mais si cite rend
C'est un tourment, c'est un enfer les autres malheureux, elle est bien à plain-
Que dVtro esclave nu tyran de sa femme! dre aussi... Mais Marcel... c'est inexplicable!
Que jo sois approuve?, bl.Vme; Kn appelant, il me répondra pcnt-élre.
(•n'a son jjn: ebacun en raisonne,,.
Jo no veux opprimer personne. ( tille appelle. ) Marcel !
Mais no veux pas être opprimé... MARCEL, qu'on ne toit pas. liai!
.lo ne veux pas, je ne veox pu «Sire opprimé! LOUISE. Est-ce lui?
Allons trouver J'ucheniin, cl voyons à pren- MARCEL. Je suis là, mam'scllc Louise!
dre un parti... LOUISE, regardant partout. Oit donc?....
MARCEL, paraissant « la fenêtre au des'
sus du pavillon, en ouvrant la ptrtitnne.
Itegardez en liant!...
SCÈNE H. LOUISE. Eh! bon Dieu qu'est-ce que vous
faites là?...
liERVlLlK, i.OllSK. VIARCEL. Je suis sous cloche... comme un
tnclon... c'est madame qui a soin de ma
LOUISE, l'ardon, monsieur... est-ce «pte
santé; elle m'a enfermé ici pour nue le grand
vous avez donné quelque commission à Mar- air tic me fasse pas de mal.. cest bien de
cel?
DERVILLE. Non... pourquoi?... sa part.
LOUISE. Il n'est pasvenu dîner; on le eher- LOUISE. Et la noce?...
chectonne le Irouvc nulle pari; il lui est peut- MARCEL. Datii !... à nioinsqu'on ne vienne
être arrivé quelque accident. danser ici...
DERVILLE. Ce n'est pas probable... tran- LOUISE. Attendez... la grande échelle est
quillise/.-vous... justement là derrière, je vais la faire placer
LOUISE. C'est que voilà bientôt l'heuredu sous l'attire fenêtre.
bal... MARCEL pendant que f.ouïse disparaît
,
DERV ti.LK. Savcz-ïous on est l'oncle d'An- un instant. Mlle y va tout de niêine... Oh I
tonfnfrî,., bonne, excellente lillc, va F.., mais at-on
f.oltéK.1*!! gc promené seul auprès de la jamais vu enfermer ut jeune homme de
*H
's plérç d'eatr^A bien... A propos do... je ne sais quoi... et
lft AUTOMNE.
quand «ut a besoin de moi pour faire danser!.; Avec patience,
Voilà uni; idée, de mettre l'orclicstrcauviolon. Arec persistance,
Essayons... je penao
LOUISE. Eh bien I... venez-vous?... Qu'ici, bien ou mal,
MARCEL, en dehors. Laissez donc!.., je Je «aurai peut-être
tiens de l'écureuil.... Dignement paraître
LOUISE. Mais par quel hasard élicz-vons A ce bat cbamnélre...
donc Ce superbe bal!
UAIICEL. Mam'scllo Louise... {Se frottant Avec Mpit et impatience.
l'estomac. ) Je ne sais pas co que j'éprouve... Non... cette coiffure...
oh! je m'en vas... Sa couleur trop duro
LOUISE. Ah! mon Dieu! Nuit i ma figure...
MARCEL. Je vols ce que c'est... je n'ai pas
Ah! c'est uno horreurI
diné... voilà,.. Nul goût, nulle ui.Vcc!
Rien n'est A ta place,
LOUISE. C'est vrai... venez donc bien vite. Tout cela grimaeo
MARCEL. C'est cal... et tout en dînant Et jo Terais peur I
je vous dirai ce que je soupçonne a propos
de cet attentat à ma liberté individuelle... En achevant elle se live avec colère, jette le
Oh! j'entends madame Itabat-joie... Allons- chapeauiiu'elleavait surlatùe,cttOrttltt pavillon.
nous-en.
Il |>'cml l'échelle et so sauve arre Louise,
tandis qo'.Vnloninc sort du pavillon et les SCÈNE V.
voit s'enfuir. La porto onveile laine voir
In cabinet de toilette d'Antonio,-.
AtVrOMNE, LOUISE.

SCÈNE IV ANTONINE, tl Louise, qui parait s'avan-


cer avec crainte. Que voulez-vous?... que
demandez-vous?... que cherchez-vous?
ASTOMNK, seule. puisque vous n'êtes plus à mon service...
Fort bien !... le prisonnier est échappé et LOUISE. Mutante...
l'on dansera malyré moi... Eh bien! puis- ANT«»:SINE. Vous osez ' cuir me tourmen-
que je n'ai pu empêcher ce maudit bal, j'en ter encore'?.,, je ne jouirai pas d'un mo-
tcuxêtreaussi,oui, je m'y rendrai,j'y danse- ment de tranquillité dans ma maison...
mi, je m'y amuserai... Mon oncle... avec ses LOUISE. Je voulais demander à madame...
plaisanteries sur cette Louise... Oh! non... la permission de l'habiller...
assurément... c'est iui|H)ssiblc... pourtantje ANTONINE. iU'habiller!... mepioposer tle
vecux m'assiircr... Ils ne s'attendent guère m'habiller?... à l'heure qu'il est, dans l'état
à me trouver là... mais un bal!... ona beau ou je suis... vous êtes bien hardie de m'aji-
être à la campagne... cl personne pour m'ha- proclur...
biller... je sais bien que je n'aurais qu'à dire LOI'LSK.. De grâce I ne refusez pas mes
nu mol... cl matlt'iuoiselle Louise... mais services !
non... j'aime mieux... (lilk entre dans le ANTONINE. ilclircz-vnus.... n'abusez pas
pavillon et se place à sa toilette, en face de ma patience, de ma douceur.....
du spectateur.) Commençons par nie coif- LOUISE. Je vous en prie !...
fer... (l'Ile prend le pcii/ne, el s'arrête.) ANTONINE, Ce n'est pas le plaisir de m'o-
Je ne sais comm.'iit m'y prendre»... et pour- bligerqui vous amène... c'est de l'orgueil,
tant «m m'a enseigné tant de choses... c'était de i'hvpocri.sie...
bien nécessaire!... aux colonies, habituée à LOUISE. Ah! madame!... rendez-moiplus
être servie par lotit le monde... mais ici!... de justice... vous qui m'aimiez autrefois..
Tout en chantant, elle arrange ses cheveux
qui aviez pour moi tant de hontes... qtt'ai-jo
avec impatience, donc fait, mon Dieu! pour mériicr quo vous
Ain tfe la faite de la É'etite llabillarde, tlo Slosr-
me traitiez si durement...
ANTONINE, (oiirwinf autour d'elle sans
lOnr.oti W/cn,i|to!/ct)»rt«i<>o.'dcSi/sss*,r. P>. t écouler. Elit mais, voyez donc un peu
Di*.s talents futiles
El des ails stériles quelle élégance!...
Rio sont inutiles, LOUISE.l'ourla nocede Catien.., ne fallait-
Hélas! .mijoord'bui il pas...
Je ne sais pas même, ANTONINE. Vous montrer à moi dans une
Embarras extrême!
ie ne sais pas mémo parure...
Me passer d'autrui! LOUISE. Je ne suis parée que de vos bien-
Elit tswje mi chaptav. faits.
ANTONINE. 10
ANTOMNE.C'cstsansdoutepourmobraverl Cett' ro»' quo j'viens tl' cueillir ici
LOUISE. Madame!... Loin d'm'en vouloir, jo lo parle,
Prcido vol' visag* si joli,
ANTONINP. Oui!... pour accréditer les Sera bien ni»' placée ainsi,
idées que voire conduite a fait naître sur la Do sa r'trouvcr en compagnio,
protection que monsieur Derville vous ac- Kn compagnie!
corde. Eli bien!.,, tenez, tenez... vous
..
ne profilerez pas de voire belle toilette,.. LOUISE. Mais savez-vnus que c'est un
compliment que vous me faites là...
En disant ces mois, Anloniee en fureur *tn
le bonne' de Louise, lui dérange les che- MARCEL, l'ossihle, mam'selk.. alors il ne
veu»., et so retiro en la menaçant. doit pas être spirituel... car ça ne part que
LOUISE, pleurant. Quelle cruauté ! du coeur.
LOUISE, lion MarcelI
MARCEL. A |)iése:nt... nous pouvons aller
chercher la noce... Ah! bon... j'ai oublié
SCENE VI. mon flageolet...
LOUISE. Étourdi!.,, ït quoi pensez-vous
LOUISE, MARCEL.
donc?...
MARCEL. A vous, mani'sellc Louise, tou-
MARCEL. Oh I... me v'I'* un peu refait I... jours, toujours, toujours...
Ah ! mon Dieu ! qu'est-ce qui vous a donc
arrangée comme ça, mam'sellc Louise?...
est-ce que?... encore comme ce matinI
LOUISE. Oh! non... celle fois elle n'en SCENK VII.
voulait qu'à ma coiiïtire... c'est une suite de
sa malheureuse prévention... LES MÊMES, UEIIVAIS, pui* ANTONINE.
MARCEL. Jalouse de vous... c'est pas
l'embarras... y aurait ben de quoi... si vous CERVAIS. Eh bon, mon pauvre Marcel...
n'étiez pas ce que vous êtes... la maîtrise l'avais donc mis en cage?
LOUISE. Elle est bien à plaindre, puisque MARCEL. Oh! j'ai été lien vite libéré...
ce triste sentiment lui fait soupçonner ainsi grâce à main'scllc Louise... aussi je couru
celle qui lui est le plus sincèrement at- chercher mon flageolet pour la faire danser.
tachée... CERVAIS. Aht mon Dieu! mon Dieu!
MARCEL. El vous l'aimez encore... Eh queu femme que c'te madame Derville,,.
ben, moi... ANTONINE, paraissant dans le pavillon.
LOUISE,d"im l'on de reproche. Comment, Ils parlent de moi!.,.
Marcel? CERVAIS. .Mais c'est un Iiiiin, un vrai
MARCEL. Si, si.... je l'aime toujours... diable!...
mais d • confiance... parce que vous le vou- LOUISE. Vous avez donc un grand plaisir
lez... (.1 pari, rotjanl le bonnet de Lnuise à en dire du mal.,,
par terre.) Ah!... niwhlécl... CERVAIS. Autant qu'elle en trouve a nous
Pondant que Louise parle, il ramasse son faire enrager tous.
bonnet et va cueillir une rose. Louise. Pourtant, ce n'est pas à vous
LOUISE, tristement à elle-même. C'est qu'il convient de déclamer ',i fol contre elle.
pourtant êlrc née bien malheureusement CERVAIS. Faudrait-il pas foire son éloge?
que de mettre tout son plaisir à faire de la LOUISE. Vous le devriez petil-èlre...
peine aux autres.., il est si doux an con- CERVAIS. Oui... ah! morgue!... si gn'ya
traire de faire plaisir à tout le monde! que moi qui chaule ses louanges...
MARCEL, d'un ton qu'il veut rendre ma. LOUISE. Vous ne voyez que ses défauts....
licieii.r. Mam'sclle Louise.., ça serait-il un vous ne connaissez pas ses qualités...'
effet «le votre complaisance de vous asseoir ANTONINE, rf part. Comment! Louise
un instant... prend ma défense?...
LOUISE, s'assetjant. l'ourquoi donc, Mar- CERVAIS. Je ne connais pas ses «pialités...
cel?... oh! que si.,, un mauvais cerur... une Ame
insensible...
imciL, lui remettant ton hànnti, sur lequel il LOUISE. Quelle calomnieF
a placé ta rose. CERVAIS. CalomnieI... ah! c'est tout au
Ain défit Sentinelle. plus de la médisance... cl ben donreencore.
LOUISE. Moi, je connais ma maitressc
Permettez-moi,mam'sell', de rétablir mieux qi,e vous... et je vous soutiens qu'elle
La fraîcheur de votre parure,..
j
Puis-j* mieux fait* pour parvenir est humaine, libérale...
Qu' d'avoir roc Durs A la nature? CERVAIS. Libérale!.., ah! oui... unsotif-
10 ANTONIKE.
flet! (Portant ta main A sa joue.) Je mo sa femme; jo n'ai pas voulu (couler, parce
souviens de tantôt... quo ça n'est pas poli ; mais je me suis tapi
LOUISE. Elle souffre la première de la peine derrière la charmille, cl j'ai tout entendu...
qu'elle cause,.. MAHCEL. Sans écouler?
CERVAIS. Oh! la première... LOUISE. Après?
ANTONINE, A part, l'.lle a peut-être raison. CERVAIS. Monsieur l'/uclienin parlait
LOUISE. Elle y |tensc toujours, et elle comme ça. (Il imite quelqu'un aut veut
nubile le bien qu'elle fait. persuader.) « Allons, Derville, décide-loi...
CEnvAts. Pour ça... ça ne doit pas lui » ce n'est pas une femme, c'est un diable 1...
Ctre difficile... • il n'y a plus & hésiter. » Et l'autre lui ré-
LOUISE, Kt si je vous disais que tes six cents jtoiidait comme ça, (H imite quelqu'un qui
francs (me je vous ai remis hier sont un don a du la peine â te décider.) Oui... je le
de sa générosité?... » sens... avec elle l'existence est un tourment.
CERVAIS. Elle!badinez-vous? —Alors, que fait l'oncle, consens donc à ce
LOUISE, Elle n'a cependant pas à se louer » que
je te propose... il lo faut. J'ai coin-
devons... » mandé
les chevaux de poste; dans mie
CERVAIS. Oh ! pour ça, je ne la ménage ••demi-heure, ma chaise t'attendra.,.—La
pas, il est vrai... Quoi! ce n'est pas monsieur » quitter ?
répondit monsieur.—Oui, qu'a
Derville?.... "(lit comme ça, dit-il, monsieur le conlrc-
LOUISE. Non... c'est madame qui vous a » amiral... Je te rejoindrai demain, et je me
lire d'embarras... son mari n'en sait pas un » charge d'annoncer à madame ma nièce
mol... elle n'a pas voulu empêcher qu'il ne » qu'elle ne te reverra pas de longtemps!....
vienne aussi à voire secours... etvoilà comme —Eh bien, oui, que monsieur Derville s'est
vous l'en récompensez... » décidé & dire enfin... oui, nous parcotir-
CERVAIS. Comment! c'est c'te méchanlc » rons encore les mers ensemble...—Bravo!
femme qui est si bonne I... »(iu'a repris encore monsieur Duchcmiii...
LOUISE. Direz»ous encore qu'elle a un » dans trois jours nous serons embarqués;
mauvais coeur? » et loi dans un instant soi! prêta partir... »
CERVAIS. Oh! non, non... je ne veux ANTONINE, qui (coulait avec anxintë
plus voir que ses bienfaits... dans le pavillon, et paraissant tout à coup
LOUISE. Soyez sur qu'il ne manque à arec effroi. Partir !
madame qu'un peu de douceur et d'aménité CERVAIS. Elle écoulai!... (Ifenfinjanl.)
pour être chérie de tous ceux qui l'entourent. Filons, vite...
ANTONINE, d pari. O mon Dieu F dois- MARCEL, de même. Sauve qui peut!
je croire en ciïet... LOUISE,Aparl, se retirant ttnpeu âl'ccarl.
CERVAIS. Ça se pourrait ben. ma foi, il Malheureuse Antonine!
je pardonne . soiifllcl
me semble que l'y le de
tin tôt... et pourtant il était sec... ah! vous
croyez quelle souffre?... c'ic pauvre chère
femme... que je suis donc fiché de ce qui SCENE IX.
va lui arriver...
LOUISE, avec inquiétude. Qu'est-ce que LOUISK, ANTONINE.
c'est donc?...
ANTONINE, A part. Que vcul-il dire?... ANTONINE, elle reste immobile A la porte
du pavillon. Jesuisanéanlic!..confondue...
«>!i! non... ce n'est pas possible... (Descen-
dant la scène.) Me quitter... m'abaridon-
SCÈNE VIII. ner! Ici chacun se plaint de moi... ils
m'accusent tous... nos serviteurs, Louise,
LES MÊMES, MARCEL. mon mari, mon oncle lui-même... Tous...
et moi... je resterai seule... serais-je doue
MARCEL, revenant avec v>n ftaçjtoUt. en effet Une femme avec qui il soit impossi-
Allons, me v'I.'i, partons au son du fifre... ble de vivre... aurais-jc mérité la haine de
LOUISE, d (Serrais. Un moment... expli- tons ceux qui m'entourent... Mais Derville...
quez-vous,... je l'aime... je l'adore... oh! l'idée d'une
CERVAIS, d'un air mystérieux, llsclranie telle séparation me tucl...
quelque chose contre madame. LOUISE, A part. .Sa douleur nie failtropde
LOUISE et MARCEL. Comment?.,. mal ; sa tranquillité,son bonheur, lotil,malgré
CEIIVAIS. Je passais tout à l'heure auprès mon chagrin, me fait un devoir de ne pas
du petit bosquet, au bout du parterre*, otis hésiter plus longtemps...
que monsieurDerville causait avec l'oncle de Elle •'avance un peu.
ANTONINE. 21
ANTOMNE, la voyant. Louise!... ANTONINE. Qu'cntciidsje!...ccltenoce!...
LOUISE, avec crainte. Ma chère maîtresse, en ce moment!... Ah! retirons-nous, et ca-
daignez m'écouter sans colère... chons ma douleur.
ANTONINE, avec bonté. Approchez, Louise, Klta rentre vivement dans le pavillun, dont
nccraignezrien... elle ferme ta porte.
LOUISE. O ma bienfaitrice!... je comptais LOUISE, A part. Mon Dieu ! s'il est vrai !...
passer mes jours auprès de vous et vous «ju'est-cc «pi elle va devenir?...
consacrer toute mon existence... mais puis-
que je suis devenue dans cette maison un
sujet de discorde, je n'y dots pas rester
davantage, et je suis prête à me rendre dans SCÈNE X.
l'asile qu'il vous plaira de m'iiidiqucr...
ANTONINE. Est-il possible?... Elle aussi.., LOUISE, DERVILLE, DUCIIEMIN, MAlt-
CEL, GEHVAIS, GATIKN, TIIEItriSE,
tOCISE. TOUTE LA NOCE.
Al* de l'Ermite de Saint-AtirIle. Ils entrent sur lecho-ur, ayant en télé Marcel,
Ordonnez du sort de Louise, avec son flageolet.
Vous la vove* :t vos genoux,..
CIIOEUIt-
Elle se jette aux pieds d'Antonine, qui la rétive
doucement. Al» tl'l'ii trait de l'ait! l*',
Résignée A tout et soumise, Ou du 3™" actediii'ernwif. (Opéra.)
Voua obéir lui aéra dotiv, Il faut accourir
C'esl une loi qu'elle doit suit re Dés quo lo plaisir
Pour assurer votre avenir... Nous appelle;
Prés de «ous elle espérait vivre... Oui, tous avec /''le
Loin do vous elle ira mourir. Du plaisir
.
Près do tous elle no peut vivre... Nous devons jouir!
Loin de vous... elle ira mourir.
CATIEN. Allons, nu>s amis, vile en danse...
ANTONINE, à part. Que son dévouement, Monsieur Ducliemiii, v'Ià Thérèse qui vont
que sa candeur me touchent! (Haut.) Quoi! lend les bras.
Louise, tu ne me bais pas?... DUCIIEMIN. Oh ! tout à l'heure... Je me
LOUISE. Moi! vous haïr !... réserve!... mais, en attendant...j'indiquerai
ANTONINE. J'ai élé pour toi si injuste! les figures, ça me rappellera mon jeune
LOUISE. Si généreuse. temps... parce qu'à présent... le conseil,
ANTONINE. J'ai fait le tourment de la vie. c'est mon fort... quant à l'exécution...
LOUISE. Vous avez pris soin de mon en- MARCEL. C'est vol' faible... n'y a pas île
fance.,. mal... chacun son genre!...
ANTONINE. Je t'ai accablée de mauvais CATIEN. Eh ben ! père tiervais, faites
traitements... danser la mariée, vous... moi, jo prends
LOUISE.Vou» m'avez comblée de bienfaits, mam'selte Louise... (Ilprésente la maind
et rien au monde ne pourra me les faire Louise,quil'accepte tristement.) À quoi que
oublier... je serais sans secours, au sein de vous rêvez donc, niam'sellc Louise? vousCtcs
la misère... que voire nom restera toujours ben triste!...
gravé là... dans mon c«cur... LOUISE. C'est vrai ! je ne suis pas
ANTONINE. C'en est trop!... je ne puis gaie!
retenir mes larmes... Ma rhère, ma bonne CATIEN. Consolez-vous... vot'iourvieiidra,
Louise... j'ai bien des loris a réparer envers CERVAIS, après la contredanse. .Mais di-
toi... proninls-uioi de ne jamais me quitter tes donc, vous autres... il me semble que
et sois toujours mon amie!... vous avez drôlement choisi vol' salle de
LOUISE. Vous ne croyez plus à vos soup- danse... le soteil nous grille ici..,
çons... vous m'aimez encore F... (lille se DERVILLE. Il a raison... vous seriez mieux
jette dans les bras d'Antonine. ) Ah ! ce sous les grands marronniers...
moment efface toutes mes peines... il ne me Tous. Oui, oui.., sous les marronniers!...
reste plus qu'à faire des vecuv pour votre DUCIIEMIN, bas, A Derville. Ilesle ici un
bonheur.,. moment !
ANTONINE. Mon bonheur t... n'as-tu pas CERVAIS. Allons,en roule!...
entendu tout à l'heure.,, j'ai perdu le cet-ur
de Derville... il veut me fuir... REPRISE DI CHOEUR.
LOUISE. Oh! non... ne le croyez pas.., il H faut accourir, ele.
vous aime toujours... Gênait donne le braf a t.oulie ; Catien 6 /«.•„ t?
On entend une ritournelle. lit sortent par la grille du fond.
32 ANTONINE.
jamais cessé de lo chérir..itt maintenant
môme qu'une leçon bien cruelle a changé
SCÈNE XI. mon caractère, elle n'a rien changé à mon
amour,..Oh I daigne me pardonner, Albert î...
DUCIIEMIN, DEIlVILLK.fuii ANTONINE. on ne s'avilitpasauxpieds de ce qu'on aime...
c'est a tes genoux que j'implore ma grâce I
DUCHEMIN, vivement. Eh! bien la DUCHEMIN, d part. A la bonne heure)...
voilure ne peut tardera arriver es-tu DERVILLE,hors de lui. Je n'y liens plus!
prêt?... JRelevant Antonine.) Chère Antonine!
DERVILLE. Quoi! déjà7... ans mes bras, sur mon cceur... c'est là que
DUCHEMIN. Est-ce que lu hésites?... lu trouveras ton pardon, en m'accordant le
DERVILLE. Noil, 11011... mien pour une épreuve si pénible !
ANTONINE, «1 vari, entr'ouvrant les pur- ANTONINE, te jetant à son cou. Ah! mon
siennes du pavillon. Je n'entends plus rien,.. ami!... mon Albert I que je stiislieurcusc!...
Cicll... mon mariI... Tendant le* derniers mol*, on a vu paraître ' v'
Elle referme le* persiennes. derrière la grille du fond , regarda
anxiété ce qui se pane; elle fait signa A ton.
DERVILLE. Veuillez me pardonner ma fai- lo monde d'accourir.
blesse, mon ami... mais cette séparation peut
avoir des suites si douloureuses!.., DERVILLE, tii'cmenf. Calme-loi, calme-
toi, chère épouse... on vient...
DUCHEMIN. Très-heureuses, au contraire...
ANTONINE. Oh I tant mieux.., epi'ils ap-
car si après deux ans liasses loin de toi, Au- prochent... Venez, venez, mes amis, venez
tomne n'est pas corrigée... tu mourrais à la
peine... ce ne serait plus pour quelque temps tous partager ma joie !... vous qui avez tous
alors qu'il faudrait la fuir... Allons... voici les a vous plaindrede moi !..
chevaux... pars donc!...
DERVILLE, avec résolution. Oui... vous
avez raison... il le faut... je, pars... et si dans SCÈNE XII.
deux ans, Automne, en effet, n'est pas cor-
rigée, elle m.* me reverra jamais I LKSMEMES,LOUISE, MARC KL, GERVAIS,
ANTONINE, dans le pavillon, jttanl un GATIBN, THElvKSK, VILLAGEOIS.
grand cri. Ali!
DERVILLE. Crandsdieux I... ce cri!... ANTONINE. Vous avez tous à vous plaindro
DUCHEMIN. Qu'est-ce donc?... de moi, mes amis ?...
DEnviiXE, se précipitantdans le pavillon. LOUISE. Vous Otes heureuse!,.. cl tout est
C'est elle !... elle était là I... oublié!...
DUCHEMIN. Ah ! diablel est-ce que ça lui TOUS. Oui, tout est oublié!...
aurait produit assez d'effet?... CERVAIS. Excepté vos bienfaits, qui sont
DEnvTLLE.rapjtorfanfAntonineel la fia- gravéslà....
{•anlsur une chaise dejardin. Sans connais- Il montres son coeur.
sance!... MARCEL, montrant le tien. Et là aussi!...
DUCHEMIN, s'approchant. Ma nièce!... et partout!...
DERVILLE, lui prenant la main avec la DUCHEMIN. Ah ça!... puisque tout estrac-
plus grande douleur. A ntoninc F.,. commodé, j'espère que nous souperons plus
ANIroNlNE.m-fna'tiA elle. Oïl suis-jc?... gaiement que nous n'avons diné...
Il me semblait Qu'ai-jc donc entendu ANTONINE. Daigncrcz-vous me pardonner?
tout à l'heure!... Ou dansait, je crois... et DUCHEMIN. Ma chère amie... à charge de
puis... lui !.., oh I oui... il voulait me fuir... revanche... car tu vois un coupable... c'est
il m'abandonnait... pour toujours! (it moi qui suis cause qtic Derville aujourd'hui,.,
voyant, elle se lève en s'écriant:) Ah !.., je l'aurais emmenéd'ahord...
DERVILLE. Chère Antonine!,.. ANTONINE. Ah! mon oncle!... vous m'a-
ANTONINE. C'est lui!... encore I... ohl... vez rendue à la raison... vous me verrez à
ne pars pis, Albert... toi me quitter... je présent et toujours faire le bonheur de cens
suis assez punie, va !... je l'ai mérité... mais «luim'environnent (Regardant hntise et
davantage... ce sérail trop. ..j'en mourraisI... Marcel en souriant) Louise m'aidera bien
oh! oui... je t'ai rendu bien malheureux... un |tcu à réparer mes loris envers quel-
Mon amour ressemblait à de la haine... j'ai qu'un?...
dti penlre Ion cteiir... je l'ai perdu... mais, MARCEL. Ah! madame!... ahlmam'sclle
à force desoins,dedouccur, «lesoumission... Louise I... combien je bénis ma captivité!...
je le regagnerai, n'est-ce pas?... ohl laisse- (sipari.) A présent j'adore nol'maîtresse...
moi l'opérer... Malgré lotis mes loris, je n'ai et avec connaissance de cause !...
ANTONINE. 25
DUCHEMIN. Allons!... vous te voyez!... il Jo fus colore, impérieuse,
y a toujours de la ressource lorsque le cccitr Alors, je no connaissais pas
esl bon ! Lo vrai moyen pour être heureuse.
CHOEUR FINAL. A personne, ou l'a trop pu voir,
Anloninc no savait plaire:
Ai* de ÏAStocq. Prouvez, Messieurs, en venant chaquo soir,
Désormais plus d'orage; Qu'A présent c'est tout le contraire.
Douce cl joyeuse humeur, Daigne* prouver, en venant rbaque soir,
Toujours dans leur minage Qu'A pèsent c'esl tout loconlraire.
Fixera lo bonheur.
xsromst, au publie. REPRISE DU CHOEUR.
An : // m'en souvient, tonjtcmps ce jour.
Longtemps, pour tout lo monde, tsftlas 1 Désormais, «te.

FIN.

Imprimerie de M" V* Dosoir-Dmi, tue Sainl-Louii, 4f), au Marais.

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