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DES
PHILOSOPHES ANTIQUES
B4
122
D52
1994
v . 1
L'ouvrage que Richard Goulet vient d'achever est le premier tome, déjà
monumental, d'une gigantesque entreprise qui non seulement comblera une
lacune de la recherche française dans le domaine de l'histoire de la philo
sophie et, plus généralement, de l'Antiquité, mais encore , et surtout, repré
sentera pour la communauté scientifique internationale un instrument de
travail extrêmement précieux.
Le premier intérêt de cette cuvre est son exhaustivité , en un double
sens : exhaustivité dans la liste des philosophes, exhaustivité dans la présen
tation des sources. Aucun manuel de philosophie ni aucune encyclopédie ne
nous avait procuré jusqu'ici un index complet des philosophes de
l'Antiquité. Un tel index complet est pourtant indispensable à une histoire
intégrale de la philosophie antique, comme nous aurons l'occasion de le
redire . D'autre part, R. Goulet ne s'est pas contenté de recourir aux sources
littéraires grecques, mais aussi aux documents iconographiques, papyrologi
ques et épigraphiques et même aux sources arméniennes, géorgiennes ,
hébraïques, syriaques et arabes. De ce point de vue , des articles comme ceux
qui sont consacrés à Aratos, Alexandre d'Aphrodise, à Ammonios, fils
d'Hermias, à Aristide d'Athènes, à Aristote , sont extrêmement intéressants.
On trouvera donc ainsi réunies commodément des indications que l'on ne
trouve pas habituellement rapprochées dans les encyclopédies et manuels et
que l'on doit souvent chercher dans des ouvrages différents, quand ce n'est
pas dans des bibliothèques différentes!
Pour réaliser ce projet, R. Goulet s'est entouré de 80 universitaires et
chercheurs, tant français qu'étrangers, le plus souvent spécialistes éprouvés
des auteurs traités ou de l'époque où ces auteurs ont écrit, et de nombreuses
notices ne sont pas seulement un état de la question, mais le résultat de
recherches personnelles et très originales.
L'ouvrage permettra de distinguer des philosophes trop souvent
confondus, par exemple Albinos- Alkinoos, les deux Athénodores de Tarse, et
de faire disparaître des fantômes, comme Actoridès, Ainésidamos, nés de
fausses lectures ou de conjectures hasardeuses commises par les papyro
logues. Mais on y trouvera aussi les noms de personnages de roman comme
Alcidamas , Aristainétos, Arignotos, qui apparaissent chez Lucien . Des
tableaux synoptiques nous présentent la famille d'Aristote, celle de Platon , la
succession des professeurs de l'école fondée par Jamblique. On saluera aussi
avec reconnaissance les notices consacrées aux gnostiques (notamment
Apelle) et aux platoniciens chrétiens hétérodoxes (notamment Aristocrite )
qui nous introduisent dans un domaine de recherche souvent peu exploré
par les historiens de la philosophie, jusqu'ici, mais qui se révèle tous les jours
8 DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1. Cf. Cl. Rapin et P. Hadot, « Les textes littéraires grecs de la Trésorerie d'Ar-Khanoun » ,
BCH 111 , 1987 , p. 244-249.
PRÉFACE 9
1. Isetraut Hadot, Arts libéraux et philosophie dans la pensée antique, Paris 1984.
2. P. Valéry, Variété (@uvres, « Bibl. de la Pléiade » , Paris, t. I, 1957), p. 1256.
12 DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
soit, il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que l'histoire de la philo
sophie , telle qu'on la pratique en général, consiste essentiellement dans
l'analyse de la genèse et des structures des æuvres littéraires qui ont été
écrites par les philosophes, notamment dans l'étude de l'enchaînement
rationnel et de la cohérence interne de ces exposés systématiques.
On se demandera pourtant si une telle conception de la philosophie et de
l'histoire de la philosophie peut rester valable , lorsqu'on veut l'appliquer à la
philosophie antique. Dans l'Antiquité, en effet, le concept de philosophie a
un contenu tout autre que celui qu'il a dans le monde moderne . Sans doute
sous l'influence de la sophistique, la philosophie antique a eu tendance, très
tôt, à être elle aussi professorale, scolaire et écrite . Pourtant, par une démar
che constamment renouvelée, elle s'est toujours efforcée d'être plus une
parole vivante qu'un écrit, et plus encore une vie qu'une parole. On connaît
la célèbre fin du Phèdre ?, dans laquelle Platon laisse entendre que seul le
dialogue vivant est durable et immortel parce qu'il s'écrit dans des âmes
vivantes et non dans des pages mortes . Et que la philosophie antique soit
avant tout une forme de vie, c'est la conclusion que l'on peut tirer de
beaucoup de textes de l'Antiquité. Je n'en citerai qu'un seul , tiré de
Plutarque : « Il y a des gens qui pensent que ce sont ceux qui dissertent du
haut d'une chaire et qui font leurs cours sur des textes, qui philosophent.
Mais que la vie quotidienne dans la Cité, soit, elle aussi, une philosophie, qui
se révèle de façon continue et égale dans les æuvres et les actions, voilà ce
qu'ils ignorent. Et, comme l'a dit Dicéarque , ils disent que ceux qui vont et
viennent sous les portiques donnent une “leçon philosophique en déam
bulant ” ( peripatein ), mais ils ne le disent plus quand il s'agit de ceux qui
marchent pour aller à leur champ ou pour voir un ami. La vie quotidienne
dans la Cité est tout à fait semblable à la philosophie. Socrate par exemple
ne faisait pas disposer des gradins pour les auditeurs, il ne siégeait pas sur
une chaire professorale ; il n'avait pas d'horaire fixe pour discuter ou se
promener avec ses disciples. Mais c'est en plaisantant parfois avec ceux-ci, en
buvant, en allant à la guerre ou à l'Agora avec certains d'entre eux et
finalement en allant en prison et en buvant le poison , qu'il a philosophé . Il
fut le premier à montrer que, en tout temps et en tout endroit, absolument,
dans tout ce qui nous arrive et tout ce que nous faisons, la vie quotidienne
peut faire place à la philosophie. »
Dans l'Antiquité, le philosophe n'est donc pas nécessairement un profes
seur ou un écrivain . C'est avant tout un homme ayant un certain style de
vie, qu'il a choisi volontairement, même s'il n'a pas enseigné ou écrit, tel
Diogène le cynique ou Pyrrhon , ou tels ces célèbres hommes politiques
romains que furent Caton d'Utique, Rutilius Rufus, Quintus Mucius Scaevola
Pontifex , Rogatianus ou Thrasea, qui furent considérés comme de vrais
philosophes par leurs contemporains.
1. Cf. entre autres K. Gaiser, « Plato's enigmatic lecture “On the Good ” » , Phronesis 25,
1980, p. 5-37.
16 DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
qui nous les font connaître, où ils se sont rassemblés et où ils furent honorés ;
surtout leur place dans la vie des cités aux différentes époques et dans les
familles riches de magistrats et d'évergètes; leur participation à la vie
civique . » Le présent ouvrage, qui accorde une attention particulière à ces
inscriptions, à ces décrets honorifiques souvent si instructifs, fournira un
matériel précieux pour ces recherches ultérieures. Il y aura notamment toute
une étude à faire sur la géographie de la philosophie : par exemple la
permanence de traditions philosophiques dans certaines villes comme Tarse,
Apamée, ou Cyrène, ou Pergame, sans parler d'Alexandrie et d'Athènes, les
relations entre ces centres, les itinéraires des philosophes.
C'est grâce à cette vaste enquête dont le présent ouvrage rassemble les
éléments et qui porte à la fois sur les écrits et sur la vie des philosophes que
l'on parviendra peut-être à se faire une idée plus précise de ce que fut
réellement la philosophie antique.
Mais pour l'historien de la philosophie, la tâche ne sera pas terminée pour
autant : ou plus exactement, il devra céder la place au philosophe, au
philosophe qui doit toujours rester vivant dans l'historien de la philosophie.
Cette tâche ultime consistera à se poser à soi-même, avec une lucidité accrue ,
la question décisive : « Qu'est-ce que philosopher ? »
PIERRE HADOT
Professeur au Collège de
France.
1. Anaxarque ( ? ) . Musées de Cyrène.
999
2
9
De
4a et b. Aristote. Stèle . Musée archéologique
national d'Athènes , nº inv. 3772 .
INTRODUCTION
C'est sans doute ici qu'il convient de signaler que des dépouillements systéma
tiques opérés dans les recueils d'inscriptions par Bernadette Puech et dans les
papyri par Tiziano Dorandi nous ont permis d'inclure dans ce dictionnaire
plusieurs dizaines de noms de philosophes jusqu'ici inconnus. C'est à la prosopo
graphie que l'on peut rattacher les notices iconographiques préparées par Marie
Christine Hellmann et François Queyrel, tous deux anciens élèves de l'École
d'Athènes. Nous avons choisi d'ailleurs de reproduire certains portraits remar
quables ou peu connus, car ce matériel n'intéresse pas que l'histoire de l'art et la
facture de ces portraits répond souvent à des conceptions philosophiques bien
identifiables.
Un second secteur de la notice tente de répertorier pour chaque philosophe
tous les titres d'ouvrages philosophiques attestés, même si aucun fragment n'en a
été conservé . Lorsque les fragments et les témoignages n'ont jamais été commo
dément regroupés, on en donne éventuellement les références. Un titre suffit
souvent à révéler des préoccupations philosophiques déterminées à telle époque
ou dans tel milieu, il permet d'établir l'existence de traditions littéraires autre
ment inconnues, il recommande enfin à l'historien la plus grande modestie en lui
rappelant que la documentation qui lui a été transmise n'est qu'une infime partie
de la littérature philosophique produite dans l'Antiquité. A la fin de l'ouvrage et
sans attendre le dernier tome où les différents index seront repris sous mode
cumulatif, nous avons ajouté un index des mots -vedettes figurant dans ces titres
innombrables ; ainsi pourra -t -on retrouver rapidement tous les Banquets ou les
Protreptiques, tous les traités sur la royauté ou l'exil, tous les commentaires du
Timée ou des Catégories.
Pour les auvres conservées, nous avons tenté d'établir une bibliographie des
éditions, traductions, commentaires, études d'orientation et index utiles pour une
recherche de première main sur l'auteur ou le traité en question. Ces biblio
graphies sont délibérément sélectives et parfois critiques. Leur but est de fournir
au chercheur les clefs de l'information précise que seule la pratique prolongée
d'un auteur permet généralement d'acquérir. Là encore , nous n'avons pas
cherché à refaire ce qui a été bien fait ailleurs et nous nous sommes bornés à
diriger le lecteur vers les bibliographies existantes partout où cela semblait
suffisant. Ce qu'en revanche il ne faudra pas chercher ici , c'est une présentation
de la pensée ou du contenu des æuvres de ces philosophes: notre dictionnaire
n'est ni une histoire de la philosophie, ni une histoire de la littérature philo
sophique ancienne.
Grâce à la collaboration de plusieurs orientalistes, spécialistes de la littérature
arménienne, géorgienne, syriaque ou arabe, nous avons tenté de signaler la
survie des textes philosophiques antiques dans les versions, paraphrases ou
commentaires d'époque médiévale. C'est un domaine où il a parfois fallu
rassembler et examiner une documentation fort dispersée. Pour ce premier
tome, notamment pour Aristote, nous n'avons pu mettre au point qu'un certain
nombre de contributions et nous espérons publier comme annexes aux tomes
ultérieurs d'autres notices, y compris sur des auteurs dont la survie arabe n'a été
20 DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
qu'évoquée dans les présentes notices. Quelques notices ont été consacrées à des
noms de philosophes anciens transmis par la tradition arabe ( Aganis, Allinus,
Ankabitus, Atawalis), mais c'est là un domaine que nous ne pouvions pas
explorer systématiquement.
Plusieurs notices donnent, sous la plume de Jean -Pierre Mahé, des indications
sur les traductions arméniennes et géorgiennes de philosophes grecs. J.-P. Mahé
tient à préciser que, dans ce domaine encore peu exploré, il a dû se contenter,
pour les documents inédits, de descriptions faites par des bibliographes et des
philologues, dans des ouvrages généraux consacrés à la littérature des langues
concernées, sans pouvoir accéder lui-même à l'intégralité des textes ni, à plus
forte raison , en faire une lecture approfondie. Les renseignements ainsi
recueillis sont donc nécessairement indirects et fragmentaires, plus signalétiques
qu'analytiques. Fallait-il renoncer à certaines notices ou leur donner, comme on
l'a fait, un caractère en quelque sorte exploratoire ? On ne perdra pas de vue
également que les traductions de fragments ou d'incipit de textes philosophiques,
isolés de leur contexte , devront sans doute être révisées quand on accédera au
document tout entier. Enfin , beaucoup de fonds manuscrits étant encore insuf
fisamment catalogués, les informations proposées ne peuvent prétendre à
l'exhaustivité .
apologétiques (ainsi Clément ou Eusebe ), ceux enfin qui ont écrit des traités qui
s'inscrivaient dans le cadre d'une tradition philosophique ( comme Basile ou
Augustin ). Évidemment, ces diverses notices n'ont pas généralement la même
ampleur que celles dont bénéficient les philosophes : elles se limitent aux rapports
que le personnage a entretenus avec la philosophie. D'autres noms enfin n'ont été
pris en compte que pour être éliminés, lorsqu'ils avaient déjà été précédemment
enregistrés à tort comme ceux de philosophes. Chacun trouvera que certains
noms auraient pu être laissés de côté au profit d'autres noms que nous avons
oubliés . Nous ne manquerons pas de réparer dans les tomes suivants les oublis
que l'on nous aura signalés.
Aristote tient une grande place dans ce premier tome. Toutes les cuvres de ce
philosophe n'ont cependant pas encore bénéficié d'une notice. Pour ne pas
retarder la publication de l'ouvrage, nous avons préféré reporter dans le tome
suivant plusieurs notices qui auraient demandé plusieurs mois de préparation.
Bien que nous ayons visé une certaine homogénéité, la forme et la longueur
des notices peut varier selon les philosophes traités, selon l'état actuel des
connaissances sur le personnage et, il faut bien le dire, selon la conception que
chaque rédacteur s'est faite d'une telle contribution . Notre premier objectif
n'était pas de dupliquer ou de compiler l'information existante, mais plutôt d'y
renvoyer le lecteur. Nous n'avons cependant pas hésité à inclure des notices
beaucoup plus développées lorsque le sujet s'y prêtait et lorsque le rédacteur était
disposé à reprendre la question sur nouveaux frais.
La transcription française des noms propres grecs et latins est toujours chose
délicate . La tendance traditionnelle est de donner une forme française quand c'est
possible , ce qui peut entraîner des problèmes d'ordre alphabétique. Fallait - il
adopter Aischinès, Aeschines, Eschine ? Nous avons tenté de respecter dans pareil
cas la forme la plus proche du grec , au moins dans l'intitulé de la notice, quitte à
rappeler entre parenthèses la forme courante connue par le lecteur français et à
utiliser cette dernière dans le corps de l'article . Nous avons également essayé de
ne pas transcrire différemment les homonymes, mais il a semblé impossible
d'appliquer des règles immuables.
L'intitulé de chaque notice indique le numéro attribué par la Realencyclo
paedie aux différents homonymes . On ne s'étonnera pas de trouver des
indications comme RE ou RESuppl. IV : (sans numéro ), lorsque les articles de
cette encyclopédie de comportent pas de numéro . Quand l'article de la Realen
cyclopaedie n'offrait aucune information supplémentaire par rapport à ce que
l'on peut lire dans notre notice , nous n'avons pas fourni une référence biblio
graphique complète : le renvoi initial suffira à rappeller qu'il existe un article
consacré à ce philosophe.
De façon générale, nous avons résisté à la tentation courante d'identifier les
personnages homonymes. Même là où l'identification nous semblait probable,
nous avons regroupé les informations en blocs distincts à l'intérieur de la notice.
L'un des enseignements des dépouillements que nous avons effectués est la
récurrence constante de certains noms . Seule une étude statistique, prenant en
22 DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
La saisie sur micro -ordinateur d'une partie des notices et la mise en page
finale ont été assurées par Arlette Chancrin . Son expérience et sa compétence
dans la préparation des ouvrages d'érudition m'ont été précieuses lorsqu'il a fallu
définir nombre de points de présentation typographique et bibliographique. Je
lui suis fort reconnaissant du soutien et des encouragements qu'elle m'a toujours
prodigués.
L'emploi de ce procédé d'édition a entraîné une diminution importante des
coûts de fabrication de l'ouvrage, mais il a surtout assuré une grande liberté dans
la préparation progressive d'un texte difficile, préparé par plus de quarante
rédacteurs. Le lecteur voudra bien pardonner les imperfections dans la
typographie et la mise en page liées aux limites actuelles de ce procédé.
Les dimensions de ce premier tome laissent deviner la somme de travail qu'il
faudra fournir avant d'atteindre les Sextus, les xénophane et les Zénon (dont les
notices furent parmi les premières à être rédigées...). Même si l'on peut espérer
que l'expérience acquise dans la mise au point du premier tome simplifiera le
travail à venir, l'entreprise ne pourra être menée à terme qu'en obtenant une plus
large collaboration internationale. J'invite les chercheurs et les universitaires
disposés à prêter leur concours à prendre contact avec moi . Comme ce fut le cas
pour ce premier tome, les contributions en langues étrangères seront traduites en
français par nos soins et soumises pour vérification à leur auteur.
On me permettra de terminer par une seconde requête. Même si nous n'avons
pas l'ambition de fournir des bibliographies exhaustives, nous souhaitons ne pas
oublier les publications les plus récentes. Sur ce point, une aide pourrait nous
24 DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
être apportée par les auteurs, s'ils nous communiquaient en tirés à part les études
susceptibles d'être mentionnées dans les notices de cet ouvrage . Ce serait pour
eux une garantie supplémentaire de voir leurs publications les plus récentes
prises en compte, même si la responsabilité de signaler ou d'ignorer telle ou telle
référence est laissée au rédacteur de la notice .
RICHARD GOULET.
I. Revues et périodiques
A&A Antike und Abendland. Beiträge zum Verständnis der Griechen und
Römer und ihres Nachlebens. Berlin .
A & R Atene e Roma . Rassegna trimestrale dell'Associazione Italiana di
Cultura classica. Firenze .
AA Archäologischer Anzeiger. Berlin .
AAA Αρχαιολογικά Ανάλεκτα εξ Αθηνών. Αthenes.
AAHG Anzeiger für die Altertumswissenschaft, hrsg. von der Österreichischen
Humanistischen Gesellschaft. Innsbruck .
AAP Atti dell'Accademia Pontaniana, Napoli.
AAPat Atti e Memorie dell'Accademia Patavina di Scienze, Lettere ed Arti,
Classe di Scienze morali, Lett. ed Arti. Padova.
AAT Atti della Accademia delle Scienze di Torino , Classe di Scienze morali,
storiche e filologiche. Torino.
AATC Ati e Memorie dell'Accademia Toscana “ La Colombaria " . Firenze.
AAWG Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Göttingen.
Philologisch - historische Klasse. Göttingen . 3. Folge, 27, 1942
(Auparavant AGWG )
AAWMIGS Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften (und der Literatur),
Mainz, Geistes , und sozialwissenschaftliche Klasse. Wiesbaden .
AAWMIL Abhandlungen derAkademie der Wissenschaften (und der Literatur ),
Mainz, Klasse der Literatur. Wiesbaden .
ABAW Abhandlungen der Bayerischen (-1920 : Königl. Bayer .) Akademie der
Wissenschaften, Philosophisch -historische Klasse. München.
ABSA Annual of the British School at Athens. London .
AC L'Antiquité Classique. Louvain -la -Neuve.
ACD Acta Classica Universitatis Scientiarum Debreceniensis. Debrecen ,
Univ . Kossuth .
ACF Annuaire du Collège de France. Paris.
Acme Acme. Annali della Facoltà di Filosofia e Lettere dell'Università statale
di Milano . Milano.
1. Ces listes ont pour but de faciliter l'identification des sigles et des abréviations utilisés
dans l'ouvrage. Il ne s'agit donc pas d'une bibliographie générale sur la philosophie antique.
On n'y cherchera pas non plus une description bibliographique complète des périodiques et des
collections qui y sont recensées. Les sigles adoptés sont le plus souvent ceux de l'Année
philologique. On a retenu dans d'autres cas les usages établis dans les publications spécialisées
(orientalisme, archéologie ). Nombre de revues ontconnu des changements dans leur titre, leur
sous- titre, leur système de tomaison et leur lieu de publication. Il nous était impossible de
rendre compte de toutes ces variations. Certaines revues ont paru en plusieurs séries succes
sives ayant chacune leur tomaison propre. Dans nos notices, nous n'avons pas précisé à quelle
série correspondait la tomaison d'une référence lorsque la date de publication permettait
facilement de la retrouver.
28 DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
AD Αρχαιολογικόν Δελτίον. Αthenes .
ADMG Abhandlungen der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft. Leipzig.
AE voir Έφημερίς .
Aegyptus Aegyptus. Rivista italiana di Egittologia e di Papirologia. Milano.
AEHE, je sect. Annuaire de l'École pratique des Hautes Études, Sciences historiques et
philologiques. Paris.
AEHE, ve sect. Annuaire de l'École pratique des Hautes Études, Sciences religieuses.
Paris.
Aevum Aevum . Rassegna di Scienze storiche, linguistiche e filologiche.
Milano.
AFLB Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia di Bari, Bari.
AFLL Annali della Facoltà di Lettere di Lecce . Lecce .
AFLM Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia , Università di Macerata .
Padova .
AFLN Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia della Università di Napoli.
Napoli.
AGM Sudhoffs Archiv für Geschichte der Medizin und Naturwissenschaften .
Wiesbaden.
AGPh Archiv für Geschichte der Philosophie. Berlin .
AGWG Abhandlungen der (- 1921 : Königl.) Gesellschaft der Wissenschaften
zu Göttingen , ( à partir de 1893 :) Philologisch -historische Klasse.
[ Berlin , puis) Göttingen. 1 , 1838/1842 - 40, 1894/1895 ; N.F. 1 ,
1896/1897 - 25 , 1930 31 ; 3. Folge 1 , 1932 – 26, 1940. Pour la
suite, voir AAWG .
AHMA Archives d'Histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age. Paris.
Abstriran Abstracta Iranica . Revue bibliographique pour le domaine irano -aryen
publiée en Supplément à la revue Studia Iranica. Institut Français d'Ira
nologie. Téhéran et Leiden .
AIV Atti dell'Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti, Classe di Scienze
morali e Lettere . Venezia.
AJA American Journal ofArchaeology. New York ,
AJAH American Journal ofAncient History, Cambridge (Mass .).
AJPh American Journal ofPhilology. Baltimore .
AK Antike Kunst, hrsg. von der Vereinigung der Freunde antiker Kunst in
Basel. Olten.
Al-muktataf Al-muktataf. An Arabic scientific review . Le Caire.
Altertum (Das) Das Altertum , hrsg. vom Zentralinstitut für Alte Geschichte und
Archäologie der Deutschen Akademie der DDR. Berlin .
Ambix Ambix . The Journal of the Society for the study of alchemy and early
chemistry. Cambridge.
AN Aquileia Nostra. Bollettino dell'Associazione nazionale per Aquileia.
Aquileia.
AncPhil Ancient Philosophy. Pittsburgh.
AncSoc Ancient Society. Louvain .
AncW The Ancient World . Chicago.
AnnEpigr L'Année Épigraphique. Paris.
Anregung Anregung. Zeitschrift für Gymnasialpädagogik . München.
ANRW Aufstieg und Niedergang der römischen Welt. Geschichte und Kultur
Roms im Spiegel der neueren Forschung. Berlin .
Antichthon Antichthon . Journal of the Australian society for classical studies.
Sydney .
ABRÉVIATIONS 29
BRISSON L., « Notices sur les noms propres ( mentionnés dans la vie de Plotin ) », dans
l'ouvrage collectif Porphyre. La Vie de Plotin, t. I : Travaux préliminaires et index grec
complet par L. Brisson , M.-O. Goulet-Cazé, R. Goulet et D. O'Brien. Préface de J. Pépin,
coll. « Histoire des doctrines de l'Antiquité classique » 6, Paris 1982, p. 49-142.
CRONERT W. , Kolotes und Menedemos. Texte und Untersuchungen zur Philosophen- und
Literaturgeschichte. Mit einem Beitrag von P. Jouguet und P.Perdrizet und einer Licht
drucktafel, coll. « Studien zur Palaeographie und Papyruskunde » 6, Leipzig 1906, réimpr.
Amsterdam 1965, ( II )-198 p.
DAVIES J.K., Athenian propertied families 600-300 B.C., Oxford 1971, XXXII -653 p.
DEGRASSI A., Ifasti consolari dell' impero Romano dal 30 avanti Cristo al 613 dopo Cristo,
coll. « Sussidi eruditi » 3, Roma 1952.
DEICHGRÄBER K., Die griechische Empirikerschule. Sammlung der Fragmente und Darstellung
der Lehre, Berlin 1930 ; réimpr. ( augmentée de notes complémentaires sur les fragments
déjà publiés, ainsi que de nouveaux fragments et des extraits de la traduction anglaise par
R.Walzerde la version arabe du traité Sur l'expérience médicale de Galien , p. 399-425)
Zürich 1965.
40 DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
PEEK W., Griechische Vers -Inschriften, t. I, Berlin 1955, XXX -695 p. (GVI) ; Verzeichnis der
Gedicht- Anfänge und vergleichende Übersicht zu den griechischen Vers-Inschriften 1, hrsg
von W. Peek . Berlin 1957, 43 p.
POHLENZ M., Die Stoa. Geschichte einer geistigen Bewegung, t. I (1943 ), « 3. unveränderte
Auflage » , Göttingen 1964, 490 p.; t. II : Erläuterungen ( 1949 ), « 4. Auflage. Zitat
korrekturen , bibliographische Nachträge und ein Stellenregister von H.T. Johann » ,
Göttingen 1972, 336 p.
RICHTER G.M.A. , The Portraits of the Greeks. 1965, 3 vol. , XIV -337 p . (en pagination
continue) et 2059 fig. ; Supplement, London 1972, 24 p.
RIGINOS A. Swift, Platonica. The anecdotes concerning the life and writings of Plato, coll.
« Columbia Studies in the Classical Tradition » 3, Leiden 1976, XII- 2488 p .
SCHEFOLD K., Die Bildnisse der antiken Dichtern , Redner und Denker, Basel 1943, 2288 p.
avec planches photographiques.
SUSEMIHL F., Geschichte der griechischen Litteratur in der Alexandrinerzeit, t. I, Leipzig
1891 , XVI- 907 p.; t. II, Leipzig 1892, XVI- 771 p.
THESLEFF H. , The Pythagorean texts of the Hellenistic period, collected and edited by H.T. ,
coll. « Acta Academiae Aboensis - Ser. A - Humaniora » 30, 1 , Åbo 1965, VIII- 266 p.
TRAVERSA A. ( édit. ), Index Stoicorum Herculanensis, coll . « Università di Genova,
Pubblicazioni dell'Istituto di Filologia Classica » 1 , ( Firenze) s.d. ( 1955?], XXIV - 119 p.
VOGEL C. DE (édit .), Greek Philosophy. A collection of texts selected and supplied with some
notes and explanations, t. I : Thales to Plato , 3e éd ., Leiden 1963, XII-334 p.; la réim
pression de 1969 comporte un complément bibliographique, p . 335-337 ; t. II : Aristotle, the
Early Peripatetic School and the Early Academy, 3e éd ., Leiden 1967, VIII -340 p.; t. III :
The Hellenistic - Roman period, 2e éd ., Leiden 1964, XVI-673 p.
A
3 ABARIS L'HYPERBORÉEN RE 1
Prêtre du culte d'Apollon chez les Hyperboréens, devin et thaumaturge, dont
le nom est associé à celui de Pythagore ; d'après certains témoignages ( Jamblique,
Himérius, Procope, Eusébe, Souda ), il était d'origine scythe.
Il figure comme pythagoricien dans le Catalogue de Jamblique (V. pyth. 36,
267 ; p . 145 , 17 Deubner).
Témoignages. Ils sont partiellement rassemblés dans 1 G. Colli, La sapienza
greca , t. I, Milano 1977 , s.v. « Iperborei» , p. 322-337 ; commentaire , p . 431
433. Ajouter : Jamblique, V. pyth. 90-93 ; 135-136 ; 138 ; 140-141 ; 147 ; 215
217 ; 221 ; 267; Porphyre, V. Pyth . 28-29 ; Schol. Platon . in Remp. 600 b = 272
Greene ; Pausanias III 13 , 2 ; Harpocration , s.v. "Abapıs ; Apollonius , Hist.
mirab . 4 ; Procope, Epist. 96 (p . 569-570 Hercher) ; Clément , Strom . I , 133 , 2 ;
Schol. in Aristoph. Eq. 729 ; Diodore, Hist. II 47 ; Nonnus, Dionys . XI 132 ;
Proclus, In Tim . 141 d ; Photius, Bibl . cod . 243 , p . 374 Bekker ; Grégoire de
Nazianze , Disc. 43 , p. 787 a ; Origène, Contre Celse III 31 ; Ératosthène,
Cataster . codex T. Vat. Gr. 1087 ( = Héraclide le Pontique, fr. 51c Wehrli ) ;
Tzetzes, Histor. I 645 ; Himérius, Or. 23 , 4 et 17 , 4 ; Schol. Ambros. in Od. I
371 .
Sources biographiques antiques. ( 1 ) Le nom d'Abaris se trouve dans le
titre d'un ouvrage d'Héraclide le Pontique : un dialogue plutôt qu'une biographie
proprement dite ( fr. 73-75 Wehrli = Plutarque, De aud. poet. 14 e ; Anecdota
Graeca I 178 ; I 145 Bekker ). Héraclide devait avoir parlé également d'Abaris
dans un autre ouvrage (cf. 2 F. Wehrli, Herakleides Pontikos, coll. « Die Schule
des Aristoteles » 7 , Basel 1969 , p . 84 , et le fr. 51c du Nepi dixalooúvns ) .
A l’Abapıç d'Héraclide remonte la section 215-221 de la Vita pythagorica de
Jamblique; cf. 3 P. Boyancé, « Sur l’Abaris d'Héraclide le Pontique » , REA 36 ,
1934, p. 321-352, et, avec d'autres arguments , 4 C.J. de Vogel , Pythagoras and
Early Pythagoreanism , Assen 1966, p. 304-306 (à travers Apollonius de Tyane ).
Selon 5 H.B. Gottschalk , Heraclides of Pontus, Oxford 1980 , p . 120-126 , il n'y
aurait cependant pas de raisons suffisantes pour faire remonter à Héraclide le
matériel qui ne lui est pas explicitement attribué.
(2) Jamblique, Vita pythagorica (v . plus haut). Pour le problème des sources
de cet ouvrage, voir la notice consacrée à Jamblique. Comme sources plus ou
moins certaines pour les renseignements donnés sur Abaris, on peut mentionner
ABARIS L'HYPERBORÉEN 45
Sur la qualification d’Abaris comme chaman , voir 9 E.R. Dodds , The Greeks
and the Irrational, Berkeley 1951 , p . 141 , Burkert 6, p. 127 (des réserves sont
exprimées par 10 J.A. Philip , Pythagoras and Early Pythagoreanism , Toronto
46 ACAMATIOS D'HÉLIOPOLIS
R. Asmus, Das Leben des Philosophen Isidoros von Damaskios aus Damaskos,
coll. « Die philosophische Bibliothek » 125 , Leipzig 1911 , p. 123-124 .
RICHARD GOULET.
10 ACMONIDAS DE TARENTE Va ?
11 ACOUSILADAS DE TARENTE Va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique,
V. pyth. 36, 267 ; p. 144, 15-16 Deubner.
BRUNO CENTRONE.
12 ACOUSILAOS D'ARGOS RE 3 VI ? Va ?
Historien présocratique , parfois compté (par Hermippe par exemple ) au
nombre des Sages (DK 9 A 1 ) , auteur de Généalogies en (au moins) trois livres
(B 32) , ouvrage qui fut commenté à l'époque d'Hadrien par le sophiste Sabinus
(A 5 ). Sur ce dernier, voir K. Gerth , art. « Sabinos» 22a, REI A 2, 1920, col.
2555 .
Une quarantaine de fragments sont attribués à Acousilaos . Fragments et
témoignages sont édités par DK 9 ; t. I, p. 52, 20-60, 17 , et par Jacoby, FGrHist
2, IA , p . 47-58 ; I a, p . 375-386 . Cf. E. Schwartz, art. « Akusilaos » 3 , REI ,
1893 , col . 1222-1223 ; P. Tozzi, « Acusilao di Argo » , RIL 101 , 1967 , p . 581
624. Selon K. Freeman ( The Pre- Socratics Philosophers, p. 42), « the work of
Acusilaus was of little or no importance to philosophy ; it belongs rather to
50 ACRISIOS
literary criticism » . Les passages sur la généalogie des dieux révèlent, selon le
même auteur, que « Acusilaus was interested in the legends as such , and not in
any philosophical or allegorical interpretation » (ibid ., p. 44 ).
D'après la Souda ( A 2) , Acousilaos aurait écrit ses Généalogies à partir de
tablettes de cuivre déterrées par son père dans sa maison . L'authenticité de son
æuvre fut contestée (A 3). Certains prétendaient également qu'Acousilaos n'avait
fait que transcrire en prose les poèmes d'Hésiode (A 4 ). La citation la plus
ancienne se lit dans le Banquet de Platon (B2).
RICHARD GOULET.
13 ACRISIOS I -II
Stoïcien (?), dédicant à Athènes d'un buste du philosophe Chrysippe (IG IT?
3794 ). Le texte tov Xp [ ÚJointov l ' Axploios I Miepñ (ou Miepn ) peut signifier
« Acrisios, fils de Mithra, (a consacré ) ce ( buste de) Chrysippe » ou « Acrisios
(a consacré ) à Mithra ce ( buste de) Chrysippe », la première interprétation
semblant la plus probable . L'inscription est attribuée à l'époque impériale
d'après la forme des lettres. L'onomastique oriente vers l'Asie mineure.
Cf. H. von Prott , « Zur griechischen Ikonographie , 2. Chrysippos » ,
MDAI( A ) 27 , 1902, p . 297-300, avec photographie ; W. Crönert, « Eine attische
Stoikerinschrift» , SPAW 1904, I, p . 471-483, en particulier n . 1 , p. 471
( remarques onomastiques donnant à conclure qu'Acrisios n'était vraisembla
blement pas Athénien ); H. Ingholt, « Aratos and Chrysippos on a Lead
Medallion from a Beirut Collection », Berytus 17 , 1967-68, p . 143-177 , en
particulier p. 148 , et pl. XL , 1 ( référence due à B. Puech ); H.R. Goette, « Zum
Bildnis des “Cicero", Anhang : Porträtbüsten mit Inschriften » , MDAI(R ) 92,
1985 , n° 40 , p. 315 .
SIMONE FOLLET.
( fr. 2 Wehrli), dans une Diadochè pythagoricienne contenue dans PHerc. 1508,
col . IV 2, li. 29 (une section de la LúvtaE15 TÕV Quoooowv de Philodème?), mais
voir 3 T. Dorandi, « La Rassegna dei filosofi di Filodemo > , RRAN 55 , 1980 ,
P. 44 .
Titres attestés. La Souda mentionne deux ouvrages : ( 1 ) Un lepi iatpixñs
( en dialecte dorien ). Thesleff 2 , p. 1 , considère la composition d'un ouvrage de
médecine en dorien vers le milieu du ve s . av . J.-C. comme improbable et
l'attribue à un médecin pneumatiste tardif portant intérêt au pythagorisme.
Notons que la Souda considère qu'Acron faisait partie des médecins qui accor
daient une signification à certains pneumata ... (2) lepì tpooñs üyleivov
B161íov a ' (qui pouvait faire partie du premier ouvrage ).
Études d'orientation . 4 M. Wellmann, art. « Akron » , REI 1 , 1893 , col .
1199, et RESuppl. I, 1903, col. 46.
BRUNO CENTRONE .
15 ACTORIDÈS IV - III
Fausse lecture du nom du frère de Métrodore en Philodème, De ira , PHerc.
182 , col . XII, 15-17 ( ainsi Gomperz, suivi par Usener, Kroll et Körte ); on doit
lire Mentoridès (avec Wilke et Indelli). Voir la notice « Mentoridès » ,
TIZIANO DORANDI.
16 ACTOS DE PATARA
Fausse lecture de Crönert, Hermes 36, 1901, p. 570, en Philodème, PHerc.
1389 , fol. 1075 0 , 16 ; elle provient d'une comparaison avec la Vita Philonidis
anonyme de PHerc. 1044, fr. 7 , 13-14 : ouvrayua ]l n [poc tò ] v Matapé [a. En
PHerc . 1389 on lit aujourd'hui en réalité aútõi tõi ne ... : cf. A. Angeli ,
CronErc 9, 1979, p . 103 .
Voir la notice sur ce philosophe anonyme, originaire de Patara.
TIZIANO DORANDI.
Euvres
1. Traité de physiognomonie ( Ouoloyvwuovixá ), en deux livres, plutôt abré
gé que paraphrase du traité de Polémon de Laodicée sur le même sujet. L'ouvre
d'Adamantios a été abrégée à son tour : deux fragments d'épitomè, de même
source, se trouvent dans des manuscrits de Madrid (Matritensis N 73 , fol. 219
223) et de Paris (Parisinus gr. 2506 , fol. 184-188 ). L'abrégé d'époque byzantine
connu sous le nom de Pseudo - Polémon dérive également d’Adamantios, mais de
façon indépendante. Voir Förster 2 , p . 295-426 ( texte grec ); 7 id . , « Zur
Überlieferung der Physiognomik des Adamantios » , RhM 52, 1897, p . 298-299 ;
8 id. , « Zur Epitome des Adamantios », RHM 55 , 1900, p . 139-148 .
On a pu étudier la manière dont Adamantios abrégeait sa source en comparant son texte à la
version arabe du traité de Polémon, assez proche de l'original (voir Förster 2, p. 93-294, avec
traduction latine de G. Hoffmann ), et précédée d'une table détaillée des 70 chapitres que
comportait l'ouvrage. Adamantios a supprimé presque tous les exemples et remplacé les mots
rares ou poétiques par ceux de la langue commune ; pour la doctrine, il paraît fidèle à l'original.
Voir Förster 2, p. CIV-CVII ; Evans 5, p. 15-16 et 75. Il est parfois plus complet que le texte
arabe ; il ne peut donc descendre d'une source grecque de même contenu que le texte arabe.
L'auteur indique, au début de l'ouvrage, qu'il suit la méthode d'Aristote et
« paraphrase » le traité de Polémon ; il affirme puiser aussi dans ses lectures et
observations personnelles, mais cet apport paraît très restreint; il lui arrive de
combiner plusieurs signes. Il dit que, redoutant l'envie , il souhaitait garder pour
la postérité ce trésor de connaissances et qu'il ne s'est résolu à le publier que sur
les instances de son « très cher ami » Constance (I 1 ) .
Le livre I traite uniquement des yeux , auxquels Polémon accordait déjà une
place privilégiée ; le second, des autres parties du corps et des différents types
d'hommes. Il définit, suivant une tradition essentiellement péripatéticienne,
certains caractères (gourmand, timide , impudent...) et traite des différences
régionales dans la partie consacrée à la couleur des cheveux ( l'homme grec
présente le meilleur type : Aéwv, l'« homme léonin » d'Aristote ).
2. De l'origine des vents (ſlepi ávéuwv YEVÉOEWC). L'éditeur de cet opuscule,
V. Rose, indique dans sa préface ( 1 , p. 25) les indices tirés de la chronologie ( le
texte est cité par Oribase ) et du contenu (l'opuscule se situe dans la tradition
péripatéticienne, mais l'auteur, comme celui du Traité de physiognomonie,
manifeste aussi des connaissances médicales ) qui permettent d'attribuer avec
vraisemblance les deux ouvrages au même auteur. Il est suivi par Förster 2 ,
p . C -CIII .
On peut hésiter sur le titre de l'ouvrage. Dans le manuscrit, l'opuscule est acéphale, le titre
est perdu avec le premier feuillet. L'extrait cité par Aëtius est intitulé nepi ávéuwv, 'Adquavtiou
CODIOTOŪ. Mais la conclusion de l'opuscule donne peut-être un texte plus précis : Taūta oluai
ADELPHIUS 53
αυτάρκως περί ανέμων γενέσεως και ως ενήν έπεστείλαμεν συ δε, ώ φίλη κεφαλή , μετ '
έμμελούς αναγνώσεως κρίνε τα κείμενα και είτι παρείται δήλωσαν άσμενέστατα . Le titre serait :
Lettre sur l'origine des vents.
Adressé à un ami ( pian Kepaan : 1 , p. 48), l'opuscule est mutilé au début (un
folio a été perdu ). Il comprend deux parties: 1 ) sur l'origine des vents
( 1 , p . 29-36 ); 2) solution de quinze difficultés soulevées par des philosophes de
la nature (1 , p. 36-48 ). Comme le montre le tableau de V. Rose (1 , p. 19-20 ), la
plupart de ces problèmes ont été posés par les péripatéticiens ( Aristote ,
Météorologiques, Théophraste, Des vents... ),mais les solutions intègrent parfois
des éléments venus du pythagorisme ou de l'école médicale dite « pneu
matique » .
Ce traité est encore cité , à l'époque byzantine, par Jean Diaconos Galenos,
auteur d'Allégories sur la Théogonie d'Hésiode (Hesiodi carmina , éd .
Th . Gaisford , t. II, Leipzig 1823 , p. 584 , 13-14) .
3. De l'origine des songes (ſlepi óveipwv yEVÉOEWC ): Cet opuscule, annoncé à
la fin du traité De l'origine des vents ( p. 48 Rose ), ne semble pas nous être
parvenu ; il se peut même qu'il n'ait jamais été écrit.
4. Des signes donnés par les astres (Tleplénionuagiãy dotépwv) : Selon le
Matritensis 84 , fol. 119", le chapitre 164 (Dept énionuaoiāv dotépwv) du livre
III d'Aëtius, non reproduit par V. Rose , viendrait aussi d'Adamantios. Rose 1 ,
p . 24 , juge cette attribution probable . On ne sait de quel ouvrage pouvait
provenir cet extrait.
SIMONE FOLLET.
Cf. H.C. Puech , « Plotin et les Gnostiques » , dans Les sources de Plotin , coll .
« Entretiens sur l'Antiquité classique » 5 , Vandæuvres/Genève 1960 , p . 164,
repris dans En quête de la Gnose, t. I, Paris 1978, p . 86 ; C. Elsas, Neuplatonische
54 ADÉODAT
und gnostische Weltablehnung in der Schule Plotins, Berlin /New York 1975,
p . 14 et 26 ; L. Brisson , « Prosopographie » , p. 61 .
LUC BRISSON .
GOULVEN MADEC .
Dropides I
26 ADRASTE DE PHILIPPES RE 8
« Philosophe péripatéticien, élève d'Aristote » , mentionné par Étienne de
Byzance ( s.v. Olainnoi, p . 666, 4-6 Meineke) et par Marcianus d'Héraclée
(Artemidori Ephesi geographiae librorum Epitome V-VI 15 ; GGM I , 1885 ,
p. 576, 9-10).
Il n'y a aucune raison de l'identifier avec le péripatéticien Adraste d'Aphrodise (M II) ,
comme Gercke semblait prêt à le faire (RE 7 et 8), mais on pourrait supposer, avec P. Moraux,
Aristotelismus, t. II, p. 295-296 n. 9, que le maître de cet Adraste n'était pas le Stagirite, mais
Aristote de Mytilène (RE 25), présenté par Galien (ſlepi nowv, p. 11,4–12, 12 Müller) comme
ανήρ πρωτεύσας εν τη περιπατητική θεωρία . Οη sait que P. Moraux voit dans cet Aristote un
maître d'Alexandre d’Aphrodise. Voir la notice « Aristote de Mytilene ». Ce rapprochement
inviterait à situer Adraste de Philippes à la fin du Te s. Mais Étienne de Byzance qui connaît par
58 AÉTIOS
exemple un Ainésias de Mégalopolis ( voir cette notice ), disciple de Théophraste, peut fort bien
avoir mentionné un disciple d'Aristote de Stagire autrement inconnu.
RICHARD GOULET.
27 AÉTIOS (Aétius) RE 7 ca I - IP
Doxographe ayant vécu entre la fin du jer s . av. J.-C. et le début du 1er s .
ap . J.-C. Le mérite d'avoir mis en lumière l'importance de ce personnage
revient à H. Diels . Deux données permettent de définir les limites chrono
logiques de sa vie avec une certaine assurance : en IV 3 , 10, en effet, il rapporte
l'opinion du péripatéticien Xénarque, ami d'Arius Didyme et d'Auguste ; d'autre
part, déjà à l'époque des Antonins, les Placita furent abrégés par le Pseudo
Plutarque.
Cf. 1 H. Diels , Doxographi Graeci, Berlin 1879 , p . 45-69 , 267-444 ;
2 id . , « Stobaios und Aëtios », RHM 36, 1881 , p . 343-350 ; 3 A. Gercke , art .
« Aetios » 7 , RE I 1 , 1893 , col . 703 ; 4 M. Dal Pra, La storiografia filosofica
antica , Milano 1950, p . 234-235 , 239-240 , 287-288 ; 5 L. Torraca (trad . ) ,
I Dossografi Greci , Padova 1961, p . 8-11 , 15-223 ; 6 H. Daiber, Aetius Arabus .
Die Vorsokratiker in arabischen Überlieferung, Wiesbaden 1980.
Titres attestés . Euvaywyn tõv åpeoxovtov. L'ouvrage, aujourd'hui perdu
dans sa rédaction originale, a été magistralement reconstitué par Diels 1 , p . 267
444 ( trad. ital. par Torraca 5 , p. 15-223 ) qui a rassemblé les témoignages et
analysé les sources. On considère que la source principale d'Aétius fut le recueil
doxographique appelé Vetusta Placita, que l'on situe à l'époque et dans l'entou
rage de l'école de Posidonius et d'Asclepiade de Pruse (1“). C'était essentiellement
une épitome en six livres des Quoixõv 8bai de Théophraste. La reconstitution
des Placita d'Aétius se fonde sur les traces importantes qu'on en trouve dans
l'épitomé des Placita philosophorum du Pseudo -Plutarque ( antérieur à 177 ap .
J.-C. ) , utilisée par Théodoret d'Antioche ( ca 393-457 ) dans sa Graecarum affec
AFRANIUS 59
28 AFRANIUS ( L. - ) RE 5 II
Auteur de fabulae togatae.
Éditions. 1 O. Ribbeck , Scaenicae Romanorum poesis fragmenta, 2e éd. ,
Leipzig 1873 ; 2 A. Daviault ( édit.), Comoedia Togata, Fragmenta, CUF, Paris
1981 .
Études. 3 F. Marx, RE I 1 , 1893 , col . 708-710 ; A. Daviault, 2 , p . 37-47 .
Contemporain d'Accius et de Pacuvius (Velleius Paterculus II 9 , 3 ), il donne
l'essentiel de ses pièces dans la seconde moitié du IT s . av . J.-C. , sans qu'il soit
possible d'apporter plus de précisions, car tout nous échappe : sa vie, les dates de
sa naissance et de sa mort. Il est, aux yeux des Romains , le représentant par
excellence de la comédie « en toge » , c'est- à -dire à sujet romain ; mais nous ne
possédons que des fragments épars de son cuvre .
Les titres de ses comédies révèlent un certain goût pour l'analyse psycho
logique (4 H. Bardon , La littérature latine inconnue, t. I : L'époque républicaine,
Paris 1952 , p . 138-143 ) . L'influence de la philosophie est affirmée par
5 G. Garbarino, Roma e la filosofia greca, p . 579-580. Elle s'appuie d'abord
sur deux fragments (23-24 R .; 221 R. ) qui opposent l'amour et le désir, la
passion et l'amour modéré du sage ( p. 336-338) et en conclut à une distinction
d'origine stoïcienne. Elle en trouve confirmation dans le prologue de la Sella
( 302-303 R. ) où intervient la Sapientia. En fait, ces conclusions doivent être
nuancées : la sapientia que les grecs nomment Sophia peut tout simplement
60 AGAMESTOR
29 AGAMESTOR RE 3 III - II
A. Philosophe académicien , originaire d'Arcadie , fils de Polyxène, dont la
vie se situe entre Lacydès et Hégésinus, le prédécesseur de Carneade ; il est mort
sous l'archontat de Xénoclès ( 168/7 ), après la défaite de Persée à Pydna ( cf. Ind .
Acad. Herc ., col. M, 18 ; XXVII, 32-33 et XXVIII, 4-9 = p. 78, 95 et 96 Mekler.
Dans les colonnes XXVII-XXVIII de l'Index est reproduit le texte d'Apollodore,
FGrHist 244 F 47 ; cf. T. Dorandi, La 'Cronologia' di Apollodoro nel PHerc.
1021, Napoli 1982, p . 40 ).
B. On doit probablement l'identifier avec l'académicien Agapestor men
tionné par Plutarque, Quaest. conv. I 4, 3 (cf. H. von Arnim , REI 1 , 1893 , col.
729 ; Susemihl, t . I , p . 126 n . 613 , J. Glucker, Antiochus , p. 213 n . 138 , et
H.J. Mette, Lustrum 27, 1985 , p. 50 ).
TIZIANO DORANDI.
AGAPESTOR → AGAMESTOR
29a AGANIS
Plusieurs témoignages sur Aġānis sont conservés dans les extraits du
Commentaire de Simplicius sur le premier livre des Éléments d'Euclide, eux
mêmes conservés dans le Commentaire d'al-Nayrizi, mathématicien du IX s . de
notre ère. Dans la version latine, due à Gérard de Crémone (voir 1 M. Curtze
[édit .), Anaritii in decem libros priores Elementorum Euclidis Commentarii, ex
interpretatione Gherardi Cremonensis in codice Cracoviensi 569 servata
[ = Euclidis Opera Omnia, Supplementum ), coll. BT, Leipzig 1899 ), « le
philosophe » Aġānis ( p. 26, 11 ) est appelé par Simplicius socius noster (p. 13, 7 et
35 , 4) , ce qui a permis à 2 P. Tannery, « Le philosophe Aganis est-il identique à
Géminus ? », dans ses Mémoires scientifiques publiés par J.-L. Heiberg et H.-G.
Zeuthen , t . III (Sciences exactes dans l'Antiquité), Paris / Toulouse 1915 , p . 37
41 , de contester l'identification antérieurement envisagée avec Géminus (de
Rhodes). Selon Tannery , il s'agirait en fait d'un contemporain de Simplicius,
peut- être un étaipos du cercle néoplatonicien. A propos de la définition de
l'angle, il prendrait parti en faveur de Plutarque d'Athènes contre Proclus qui
suivait l'avis de son maître Syrianus. A titre de simple hypothèse , Tannery a
proposé de retrouver sous le nom d'Aġānis celui d'Agapius, qui enseigna à
Athènes au début du VIe s . (Voir la notice « Agapius d'Athènes» ). On trouvera
un résumé des hypothèses jusqu'ici formulées dans l'article de 3 A.I. Sabra ,
AGANIS 61
sciences. Textes et études. Collection d'histoire des sciences >> 2 , Paris 1976 ,
p . 113-114 .
RICHARD GOULET et MAROUN AQUAD .
30 AGAPIUS RE 2
Platonicien chrétien hétérodoxe, tenu à tort pour manichéen . D'après Photius,
Bibl. cod . 179, il faisait usage des obowv panuátwv ( 125 a 20-21), surtout
celles de Platon ( 125 a 11 ) .
Le titre de l'ouvrage d'Agapius , 'Entáhoyos, est mentionné par les formules
d'abjuration antimanichéennes des mss suivants : ( 1 ) Barberinianus graecus 336 ,
VIIIe s . , édité par 1 G. Ficker, « Eine Sammlung von Abschwörungsformeln »,
ZKG 27 , 1906 , p . 447 , 7-8 ; (2) Vatopedinus graecus 236 , XII° s . , édité par
2 M. Richard , CCG 1 , Turnhout 1977 , p . XXXIV , ligne 48 ; (3 ) Parisinus
graecus 1372, XIVe-XVe s . , édité par 3 J.-B. Cotelier, SS. Patrum Apostolicorum
opera, Paris 1672 ; deuxième édition par Jean Le Clerc, Anvers 1698 , réimpr.
Amsterdam 1724 , t . I , p . 544 b . L'anathématisme contre Agapius et
l'Heptalogos est passé chez Pierre de Sicile, Histoire des Pauliciens, $ 67-68 ,
édité par 4 D. Papachryssanthou et J. Gouillard dans Ch . Astruc, W. Conus
Wolka et alii (édit . ) , « Les sources grecques pour l'histoire des Pauliciens d'Asie
mineure » , Travaux et mémoires, t. IV , Paris 1970 , p. 31 , 28-29 et 32, source de
Photius , Diègèsis § 50, édité par 5 W. Conus-Wolska et J. Paramelle , ibid. ,
p . 137 , 17 .
Le contenu de l'Heptalogos d’Agapius est connu seulement par la notice de
Photius, Bibl. cod. 179, 124 a 16-125 a 28, t . II, p. 184-187 Henry . Dédié à une
femme du nom d'Ourania (allégorie de la philosophie ), l'ouvrage comprenait 23
Aoyú8pia et 202 Štepa xepálaia (voir Henry, p. 184 n. 2). Le titre mentionné par
les formules d'abjuration n'est pas repris ici par Photius. D'après le résumé de ce
dernier, il s'agissait d'un traité de philosophie chrétienne, fondé sur l'exégèse
allégorique de l'Écriture. Par bien des aspects, ce traité s'apparente à la Para
phrase de Sem conservée en copte dans les Nag Hammādi codices VII 1 .
Datation . Le terminus a quo est fourni par Photius 125 a 15 qui indique
qu'Agapius polémiquait contre Eunome; son terminus ante quem par le Barbe
rinianus ( 1 ), dont le texte date du milieu du ve s. et où Agapius est anathématisé,
pour la première fois, comme « manichéen » .
École. La mention d'Agapius dans les formules d'abjuration imposées aux
manichéens conduisit Pierre de Sicile et, après lui, Photius, à considérer Agapius
comme l'un des « douze » disciples de Mani, classification reprise sans critique
par les modernes : 6 A. Jülicher, art. « Agapios» 2 , RE I 2 , 1894 , col . 735 , 10
13 ; 7 G. Brillet , art. « Agapius ou Agapios » , DHGE I , 1912 , col. 902-903 ;
8 P. Alfaric , Les Écritures manichéennes, t . II , Paris 1919 , p . 106-107 ;
9 G. Bardy, art. « Manichéisme» , DTC IX 2 , 1924 , col . 1848 ; 10 R. Henry,
édition de Photius, t. II, p . 184 n . 2.
Rien dans la notice de Photius ne peut autoriser à rattacher Agapius au mani
chéisme . C'est un adepte de l'encratisme et de l'allégorie dans la tradition
d'Hiéracas (voir Épiphane, Panarion LXXVII). La notice sur Mani précédant
celle sur Hiéracas dans le canon hérésiologique byzantin , qui était fondé sur le
catalogue d'Épiphane, l'orthodoxie byzantine assimila l’hérésie hiéracite à du
AGATHARCHIDÈS DE CNIDE 63
Photius, Bibl. cod. 213, qui le connaissait aussi sous le nom d'Agatharchos, le présente
comme un grammatistes, puis comme le secrétaire (« scribe et lecteur ») d'Héraclide Lembos
(ambassadeur pendant la guerre contre Antiochus Épiphane en 170-160 ). « Il fut aussi l'esclave
(OpenTÓC) de Cinnaios ( cf. Kineas RE 22). »
Photius lui attribue - entre autres ouvrages - un lepi tñs após pihouc Opinias
(ou peut-être npoodhoūs, ainsi que le comprend 1 Wehrli (Überweg, GGP
Antike 3 , 1983 , p. 585 )] , qui peut se rattacher à des préoccupations philoso
phiques. Sur les aspects philosophiques de l'æuvre d'Agatharchidès, voir princi
palement 2 E. Schwartz, art. « Agatharchides » 3 , REI 1 , 1893 , col . 739-741 .
Les fragments historiques et géographiques sont rassemblés dans FHG III ,
p . 190-197 ; FGrHist 86 ( le commentaire signale un certain nombre de réfé
rences bibliographiques sur Agatharchidès comme philosophe (p. 151 )] ; GGMI,
1855 , p . 111-195. Plus récemment, 3 D. Wölk , Agatharchides von Knidos,
Über das Rote Meer . Übersetzung und Kommentar (Diss . Freiburg im
Breisgau ), Bamberg 1966 , IV -285 p . , a donné une traduction richement com
mentée des fragments, principalement tirés de Diodore et de Photius, du traité
Sur la Mer Rouge. On y trouvera une bibliographie détaillée , p. 256-266 .
Le rattachement au Péripatos n'implique pas nécessairement une allégeance
aristotélicienne. Voir 40. Brinkmann , art. « Peripatos» , RESuppl. VII, 1940,
col. 904 : déjà au IIIe s . av. J.-C., notamment à Alexandrie , le nom ne désignerait
rien d'autre qu'un auteur intéressé par l'histoire littéraire , les questions biogra
phiques, ou les sciences naturelles. Mais l'école aristotélicienne ne s'intéressait
guère à autre chose à l'époque.
Agatharchidès a pu recourir aux rapports d'explorations commandées par les Ptolémées (cf.
Diodore III 38, 1 ). Photius, Bibl. cod. 250, $ 110, montre que la consultation de ces únou vň
mata fut rendue impossible par les troubles survenus en Égypte, peut -être à l'époque de
Ptolémée Physcon en 132/1 ( voir Wölk 3, p. 253).
La Vie de Pythagore anonyme du cod . 249 de Photius (le codex précédent) aurait, selon
5 0. Immisch , Agatharchidea, SHAW 1919, 7. Abh., Heidelberg 1919, 109 p ., servi de
préface à l'ouvrage d'Agatharchidès. Sur cette thèse, voir 6 K. Reinhardt, art. « Poseido
nios », RE XXII 1 , 1953 , col. 763-768.
RICHARD GOULET.
AGATHARCHOS → AGATHARCHIDÈS
33 A]GATH [ARCHOS
Nom restitué par Crönert en Philodème, PHerc. 1780, fr. 8r, 8-9 Tepedino :
'Allyao [ apx . Le fragment évoque un pacte intervenu entre le scholarque
épicurien Dionysios de Lamptres et un certain Diotimos.
TIZIANO DORANDI.
B. « Le médecin Claudios Agathinos » nous est en effet connu par Galien qui
le présente comme un médecin lacédémonien de l'école pneumatique (t. XIX ,
p . 353 Kühn ), et par la Souda qui en fait le maître d'Archigénès d'Apamée (A
4107, t. I, p. 376, 1-3 Adler), lequel est né vers l'an 54 de notre ère. Contrai
rement à l'interprétation de M. Wellmann (art. « Agathinus» 8 , RE I 1, 1893,
col. 745 ) , F. Kudlien ( art. « Pneumatische Ärzte », RESuppl. XI, 1968 , col.
1098 ) considère que l'expression employée par Galien ( an ' 'Aonvalou ToŨ
'Attahéwç, t. VIII, p . 787 Kühn) ne signifie pas que Claudius Agathinus était
un disciple immédiat du fondateur de l'école pneumatique, Athénée d'Attaleia,
mais simplement un membre de cette école . Selon Galien, il aurait lui-même
fondé une école qu'il appelait énLOUVÕETIXÍ et que d'autres appelaient ÉXheXTIXÍ
ou éxtih (t. XIX , p. 353 Kühn ).
Un de ses élèves, Hérodote (t. VIII, p. 750-751 Kühn), dédicataire du lepi opuyuāv
d'Agathinos (ib. , p. 753) et fils du pharmacologue Lecanios Areios (RE 13) de Tarse, est
vraisemblablement le sceptique Hérodote de Tarse (RE 11 ), maître de Sextus (D.L. IX 116) ;
c'est du moins l'avis de Zeller, H. von Arnim (art. « Herodotos » 11 , RE VIII 1 , 1912, col.
990 ) et F. Kudlien (« Die Datierung des Sextus Empiricus und des Diogenes Laertius », RhM
106 , 1963 , p. 252-254 ), contre H. Gossen ( art. « Herodotos » 12, RE VIII 1 , 1912, col.
990 ). Divers fragments des ouvrages médicaux d'Agathinos sont transmis par Galien et
Oribase .
Cf. M. Wellmann, Die pneumatische Schule bis auf Archigenesin ihrer
Entwickelung dargestellt, coll. « Philologische Untersuchungen » 14, Berlin
1895 , 239 p . (sur Agathinos, p . 11-12) ; F. Kudlien , art . « Agathinus (Clau
dius-) » , DSB I , 1970, p . 74b -75b; A.S. Bradford, A Prosopography of Lace
demonians from the death of Alexander the Great, 323 B.C. , to the sack of Sparta
by Alaric, A.D. 396 , coll. « Vestigia » 27, München 1977 , p . 3 ( signale toutes les
références à Agathinos chez Galien ).
C. On a généralement identifié ce personnage avec le médecin Claudius
Agathinus, dédicant d'un monument funéraire en l'honneur d'une certaine
Felicitas dont il était l'époux, dans une inscription grecque de Rome (IGUR 1349
(avec photographie, t. II, p. 202); Epigr. gr. 558 Kaibel). Cette identification est
cependant remise en cause par Moretti qui date le monument de l'époque des
Antonins. Malgré l'homonymie et l'identité des professions, il ne s'agirait pas
alors de l'ami de Perse (mort en 62) .
RICHARD GOULET.
66 AGATHION
36 AGATHOBOULOS RE 1 I -II
AGATHOBOULOS → ARISTOBOULOS
37. AGATHOCLÈS RE 22 MV
BRUNO CENTRONE .
38 AGATHOCLÈS III ?
Stoïcien peut-être fictif.
Dans le dialogue de Lucien, Icaroménippe 15 , où Ménippe raconte à un ami le voyage
céleste qu'il vient d'effectuer, sont mentionnés quelques personnages historiques des Ive ou
IIIe s . av. J.-C. dont Ménippe put voir depuis la lune certaines actions caractéristiques
( Ptolémée, Lysimaque, Séleucus, Alexandre de Thessalie ( tyran de Phères), Antigone, d'autres
pour nous inconnus ou du moins difficiles à identifier avec précision : Attale, Arsaces,
Spatinos, etc. ). Aprèsles rois grecs et barbares, Ménippe évoque quelques actions ridicules de
personnages moins illustres : « Hermodore l'épicurien qui se parjure pour mille drachmes,
Agathoclès le stoïcien qui traîne son disciple en justice pour une question de salaire, le rhéteur
Cleinias qui vole une coupe au temple d'Asclepios, et le cynique Hérophile qui dort au bordel >>
(§ 16) . Comme l'ensemble du développement entend dévoiler les vices des grands et des
humbles, il est possible que les exemples historiques ( dont certains ne nous sont connus que
par Lucien ) ne soient choisis que pour leur caractère typique et que les personnages nommés
ensuite n'aient reçu des noms propres que pour rendre plus concrets les types évoqués. Ces
philosophes sont en tout cas inconnus par ailleurs. D'un autre côté, comme les faits signalés ne
réapparaissent pas chez Lucien et que les noms choisis – sauf Agathoclès – ne sont pas utilisés
68 AGATHOCLÈS
pour d'autres personnages, il n'est pas impossible que ces exemples soient repris d'un ouvrage
de Ménippe. Cf. R. Helm , Lukian und Menipp, Leipzig/Berlin 1906 , p. 77-78.
RICHARD GOULET.
39 AGATHOCLÈS RE 29 II
41 AGATHON MF III ?
RICHARD GOULET.
43 AGÉLAS DE CROTONE va ?
RE IX 2 , 1916, col. 2212-2213 qui admet son authenticité ). Agenor est présenté
par Isocrate ($ 4) comme l'un des musiciens les plus renommés de l'époque.
Selon Aristoxène, Harm . II 37 , les représentants de l'école d'Agenor n'auraient
pas réussi à énumérer les diverses espèces de gammes . En dépendance
d'Aristoxène, Porphyre mentionne également l'école d'Agénor dans son Com
mentaire sur les Harmoniques de Ptolémée, p . 3 , 4-6 Düring.
BRUNO CENTRONE .
45 AGÉSARQUE DE MÉTAPONTE MV
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique,
V. pyth . 36 , 267 ; p . 144, 4 Deubner.
BRUNO CENTRONE.
AGÉSIANAX + HÉGÉSIANAX
46 AGÉSIDAMOS DE MÉTAPONTE MV
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique ,
V. pyth . 36 , 267 ; p . 144, 3 Deubner.
BRUNO CENTRONE .
TIZIANO DORANDI.
50 AGRIPPA RE 5 ja ?
Philosophe néosceptique, postérieur à Énésidème.
Diogène Laërce , après avoir exposé les dix tropes sceptiques (IX 79-88),
rapporte qu’Agrippa (oi nepl 'Aypinnav ) en ajoute cinq autres ( IX 88). Il est
difficile de définir dans l'exposé qui suit la limite de ce qui est attribué à Agrippa
( 8 88-89 ou 88-98 ? ). Voir sur ce point, entre autres, l'avis de 1 V. Brochard , Les
sceptiques grecs ( 1887 ), 2e éd ., Paris 1923, réimpr. Paris 1969, p. 303 n. 2.
Le témoignage de Diogène Laërce est le seul, à notre connaissance, où le nom
d'Agrippa se trouve mentionné - encore n'est -ce que de façon indirecte , à travers
la formule : ol nepi 'Aypinnav. Malgré cette formule, qu'on peut comprendre
comme « l'école » ou « la tendance d’Agrippa » , le nom de ce dernier ne figure
pas dans la liste, fournie par Diogène Laërce en IX 116, des directeurs successifs
du mouvement sceptique. Qui plus est, ce nom n'apparaît nulle part dans l'æuvre
conservée de Sextus Empiricus, pas même dans le passage où ce dernier expose ,
dans le même ordre que Diogène Laërce et de façon presque identique à la
sienne, les cinq « raisons de suspendre » de ceux qu'il désigne par deux fois (H.P.
I 164 et 177) comme les « néosceptiques » (ol veátepOI OXENTIXOi), c'est- à -dire
en H.P. I 164-177. Peut- être faudrait - il écrire plutôt H.P. I 164-179 , car il est
difficile , ici aussi, de délimiter les textes pertinents. Voir, en l'occurrence ,
2 E. Saisset, Le scepticisme ( 1861 ), 2e éd ., Paris 1865, p. 225 , ou 3 G. Reale ,
Storia della filosofia antica, vol. V : Lessico , Indici, Bibliografia, Milano 1980,
p. 303 - qui prennent le § 179 pour limite, contrairement à Brochard 2 , p . 303
n. 1 , qui, parmi d'autres, s'arrête au § 177.
Il faut noter cependant que le nom d'Agrippa apparaît une seconde fois chez
Diogène Laërce : en IX 106 , mais comme titre d'un ouvrage attribué à un certain
Apelle ( 'Aneilãc. Voir la notice « Apelle » ). Conclure de cela , comme le fait
Brochard 1 , p . 300, « qu’Agrippa fut assez célèbre, et eut assez d'influence ,
pour qu'un sceptique, nommé Apelles, donnât son nom à un de ses ouvrages »
peut paraître hâtif - et cela d'autant plus que notre information sur le dit Apelle
se trouve être , elle aussi , des plus restreintes: Mais on ne peut exclure
absolument l'hypothèse que le nom d'Agrippa ait pu désigner, non point une
personne réelle, mais bien un personnage qui, dans un ou plusieurs ouvrages
sceptiques, aurait tenu le rôle de porte -parole du scepticisme. Si Agrippa se
trouvait, par hasard , avoir appartenu au monde de la fiction , l'absence de ce nom
dans la liste de D.L. IX 116 en serait aussitôt expliquée ; et cela rendrait inutiles
les suppositions diverses des historiens pour tenter de justifier une telle absence .
Voir par exemple 4 L. Haas, De philosophorum scepticorum successionibus,
Würzburg 1875 , p . 85 ; 5 R. Hirzel, Untersuchungen über Cicero's philoso
phischen Schriften , Leipzig 1883 , t. III, p. 131 ; Brochard 1 , p . 300-301 et
notes. En outre , cela permettrait de mieux comprendre l'absence du nom
d'Agrippa chez Sextus Empiricus.
Quant à ce nom même, « Agrippa » , bien que provenant du monde romain
( cf. Aulu -Gelle XVI 16, 1 ), il a été porté par divers auteurs grecs et ne constitue
donc pas une information sur l'origine du philosophe.
Diogène Laërce et Sextus Empiricus s'accordent pour présenter les cinq
tropes comme postérieurs à ceux d'Énésidème. Qu'on les interprète comme
destinés à se substituer à ces derniers ou, au contraire, à être utilisés en associa
72 AGRIPPA
tion avec eux ( comme le pense Sextus, H.P. I 177) afin d'enrichir l'argumen
tation sceptique par la variété , on parle des cinq tropes en prenant pour acquise
leur postériorité par rapport aux dix tropes d'Énésidème. Cette localisation toute
relative constitue l'unique indication temporelle dont nous disposions sur
Agrippa : mais, vu l'incertitude où nous sommes de l'époque exacte d'Énésidème
( entre 80 et 130P ), une telle indication est sans beaucoup d'effets.
Les tropes dits d'Agrippa : Diogène Laërce et Sextus énoncent dans le même
ordre : ( 1 ) le désaccord ( il n'existe de consensus effectif sur aucun sujet); (2) le
rejet à l'infini (il faut prouver sa preuve et ainsi de suite ); (3) le relatif
(interprétation de Diogène : on ne saisit aucun objet en lui-même, mais toujours
par rapport à un autre objet; interprétation de Sextus : l'objet perçu est relatif au
sujet qui le perçoit ); ( 4 ) l'hypothétique ( toute démonstration part d'une prémisse
qui, elle , n'est pas démontrée) ; (5) le diallèle ( raisonnement circulaire ).
Sur la portée de ces tropes, voir 6 A. Gödeckemeyer, Geschichte des grie
chischen Skeptizismus, Leipzig 1905 , réimpr. Aale 1968, p . 238-246 , ( Agrippa
représenterait, avec Ménodote, le scepticisme « dogmatico -positiviste » );
Brochard 1 , p . 303-307 ( « le dernier mot du scepticisme dialectique » ) ; G. Reale
3 , p . 303 ; 7 W. Bröcker, « Die Tropen der Skeptiker » , Hermes 86 , 1958 ,
p . 497-499 ; 8 J. Annas et J. Barnes, The modes of Scepticism .Ancient texts and
modern interpretations, Cambridge 1985 , VIII - 204 p. , Appendix C : « The five
modes of Agrippa (Sextus, PH I 164-9) » , p . 182 ( trad. angl ., qui présente
l'intérêt d'être la plus récente. Pour une traduction française des cinq tropes
d'Agrippa , voir Les Sceptiques grecs . Textes choisis et traduits par
J.-P. Dumont, Paris 1966, p . 87-89 , où l'on trouvera, outre le texte de Sextus
Empiricus H.P. I 164-177 , celui de Diogène Laërce IX 88-89) . Signalons
également 9 E. Pappenheim , « Die Tropen der griechischen Skeptiker » ,
Wissenschaftliche Beilage zum Programm des köllnischen Gymnasiums, Berlin
1885 , p . 1-23 ; 10 R. Richter, « Die erkenntnistheoretischen Voraussetzungen
des griechischen Skeptizismus » , PhStud 20 , 1902 , p . 246-299 ; 11 A.E.
Chatzilysandros, Geschichte der skeptischen Tropen , coll. « Abhandlungen zur
griechischen Philosophie » 1 , München 1970 , p. 7 , 22, 123 , 206-210 .
Outre l'énigme biographique, on peut mentionner quelques questions pendantes concernant
Agrippa : ( 1 ) l'inventeur des cinq tropes est- il aussi l'auteur de leur réduction à deux tropes ?
(c'est l'avis de Saisset 2, p. 225 ; contra : Brochard 1 , p. 303 et n .; voir aussi 12 K. Janacek ,
« Skeptische Zweitropenlehre und Sextus Empiricus », Eirene 8 , 1970, p . 47 s . ) ;
(2) l'inventeur des cinq tropes pouvait-il ou non les destiner ( a) à se substituer aux dix tropes
d'Énésidème « contre la connaissance sensible »? (« oui », selon R.D. Hicks, éd . de D.L. ,
1925 , note à IX 88 ; « non », selon Brochard 1 , p. 305) ; (b) à se substituer aux huit tropes
d'Énésidème « contre les étiologistes » ? ( comme le pense Hirzel5, p. 130 ; contra , Brochard 1,
p. 305 ).
FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY.
52 AGRIPPINUS ( Q. PACONIUS - ) RE 5 I
Stoïcien romain .
Études. R. Hanslik , RE XVIII 2, 1942, col . 2125-2126 .
Questeur de Crète et de Cyrénaïque sous le règne de Claude ( IGR I 980 ;
I 1013) , Q. Paconius Agrippinus est chassé d'Italie en 66 , sous le règne de Néron
( Tacite , Ann. XVI 33 , 2 ) ; il rentre sous le règne de Vespasien et est légat de
Cyrénaïque en 71 et 72 (AnnEpigr 1919, n° 91-92 ; 1934, n° 261 ).
Fils de M. Paconius, condamné pour lèse -majesté sous le règne de Tibère,
Q. Paconius Agrippinus est de toute évidence un stoïcien : c'est ce que révèlent
d'abord les Annales (XVI 28, 1 ) de Tacite où l'accusateur, Eprius Marcellus,
mêle son nom à celui de Thrasea et d'Helvidius Priscus, qui sont deux repré
sentants bien connus de l'opposition stoïcienne. En second lieu, les Entretiens
d'Épictète éliminent le doute, puisque la conduite d'Agrippinus sert à plusieurs
reprises d'exemple et de modèle : il se refuse à descendre en scène pour jouer aux
côtés de Néron et tient à sauvegarder sa dignité personnelle même au prix de la
mort (I 2, 12-18). Il sait aussi conserver son égalité d'âme, quelles que soient les
circonstances (I 1 , 28-32) : l'annonce de son procès ne l'empêche pas de prendre
de l'exercice comme il en a l'habitude. Quand il apprend la sentence d'exil qui le
frappe, au lieu de se lamenter, il part déjeuner à Aricie (cf. Épictète, fr. 56 =
Stobée III 7 , 16 Hense ). Agrippinus est donc l'illustration vivante des principes
stoïciens: sauvegarder sa dignité, ne pas s'affliger de ce qui ne dépend pas de
nous. Même s'il n'a pas laissé d'écrits, il est l'exemple type de ces Romains qui
ont su modeler toute leur conduite et toute leur vie sur les préceptes stoïciens.
Appartint-il également à l'opposition stoïcienne dont Thrasea demeure à cette
époque le représentant le plus connu ? E. Cizek , L'époque de Néron et ses
controverses idéologiques, Leiden 1972, 440 p ., ne paraît pas vraiment le consi
dérer comme un membre du « cercle de Thrasea » . En l'absence de témoignage
précis, il reste extrêmement délicat d'apprécier son rôle en ce domaine : la
fermeté de sa conduite suffisait à le rendre suspect. Sa figure a peut-être été idéa
lisée par la suite : P. Grimal ( Sénèque ou la conscience de l'Empire, Paris 1978,
p. 202-203) considère que l'anecdote rapportée par Épictète (i 2, 12 et 18) est
« dramatisée » et que Paconius Agrippinus fit partie des « martyrs stoïciens » .
Mais, en dehors des textes que nous avons mentionnés, il ne figure jamais aux
côtés des victimes les plus célèbres.
MICHÈLE DUCOS.
53 AGRIUS (C. - ) RE 1 I
Chevalier romain , « philosophe socratique » .
Études. 1 E. Klebs, REI 1 , 1893 , col . 902 ; 2 C. Nicolet, L'ordre équestre à
l'époque républicaine (312-43 av . J.C.), t. II : Prosopographie des chevaliers
romains, Paris 1974, n° 14 , p . 769-770.
C. Agrius est l'un des interlocuteurs des Res rusticae de Varron . Il n'apparaît
que dans le livre I où se manifeste son « ardeur bouillante » ; « il a été
évidemment conçu à l'image des jeunes gens de Platon » (3 J. Heurgon, intro
duction à son édition de l'Économie rurale de Varron , Livre I, CUF, Paris 1978,
P. XLVI). Ami de l'auteur, il est qualifié par lui de Socraticus (Rust. I 2, 1 ), ce qui
prouverait un intérêt pour une philosophie académique qui n'est probablement
74 AGYLOS DE CROTONE
Héliodore, l'aîné Ammonius. Celui- ci était (en réalité) le plus doué par la nature et le plus
passionné pour les études; l'autre était plus simple et plus superficiel au plan moral et au plan
intellectuel ( év toiç hóyois ). Les deux étudiaient la philosophie sous la direction de Proclus avec
leur mère qui leur servait de pédagogue pour se rendre chez lui. Et Proclus leur consacrait une
attention toute particulière du fait qu'ils étaient les enfants d'Hermeias, un ami et un compa
gnon , et les enfants d'Aidésia, une parente de Syrianus, alors présente en même temps qu'eux .
Avec eux vint également à Athènes Hiérax, le frère de Synésius. »
Les textes de la Souda sont traduits en allemand dans R. Asmus, Das Leben des
Philosophen Isidoros von Damaskios aus Damaskos , coll. « Die philosophische
Bibliothek » 125 , Leipzig, 1911 , p. 46-49.
Voir le stemma fourni par PLRE II, nº 29 .
RICHARD GOULET.
Jamblique
d'une solide formation grammaticale. Mais le Dieu était tout cela pour lui. Sans avoir jamais
connu la maladie durant le temps qui avait été assigné à son existence, il partit vers l'âge de
vingt ans. Son père montra une fois de plus à cette occasion qu'il était un philosophe. Car ou
bien l'immensité de l'épreuve le conduisit à l'insensibilité ou bien il resta immuable en parta
geant avec son enfant la joie de cet (heureux ) sort. Sa mère aussi, en voyant son époux, dépassa
la nature féminine, en faisant cesser ses lamentations pour conserver à la douleur la dignité qui
lui convenait » ( p. 98 , 25-99, 20).
RICHARD GOULET.
58 AIÉTIOS DE PAROS va ?
59 AIGON DE CROTONE Va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique ,
V. pyth . 36 , 267 ; p . 143 , 19 Deubner.
DK , t. I , p . 446, identifient à Aigon le pythagoricien Aston de Crotone ,
auteur, selon D.L. VIII 7 , de plusieurs livres ultérieurement attribués à
Pythagore.
BRUNO CENTRONE .
60 AILIANOS le platonicien II ?
Auteur d'un Commentaire sur le Timée de Platon en au moins deux livres,
cité par Porphyre , In Ptol. Harmon ., p . 96 , 7-15 Düring, à la suite d'Adraste ;
c'est également à Ailianos que Düring attribuerait un passage voisin ( p. 96 , 21 -
28) où est mentionné Thrasylle (RE 7 ) qui vécut au début du jer s . de notre ère .
Porphyre avait auparavant cité deux longs extraits du deuxième livre des Eis tov
Tiuaiov &Enyntixõv (p . 33 , 19-36 , 3 et p. 36, 9-37 , 5 Düring (ces deux réfé
rences sont attribuées par erreur à Adraste dans l’Index de Düring ]). Ailianos le
platonicien apparaît également p. 91 , 12.
Ce philosophe est absent de la RE. Rien n'invite à l'identifier à l'un des
Ailianos ( Élien) connus.
RICHARD GOULET.
Philosophe stoïcien .
Source biographique . Inscription de Didymes , APAW 1911 , Anhang I ,
p . 70-71 ( Didyma II 310) .
Il fut prophète à Didymes, comme l'avait été, vers le début du III s . proba
blement, son beau -père Aelius Chairémon . Son acmè doit donc se situer dans la
première moitié du III s . , ce qui interdit de l'identifier, comme le proposait
Th . Wiegand, à Élien le Tacticien . Il avait acquis une certaine notoriété, car
l'inscription précise qu'il avait reçu le droit de cité dans de nombreuses villes.
BERNADETTE PUECH.
AILIANOS DE PRÉNESTE 79
62a AILIOS I ?
Alexandre d'Aphrodisias, In Meteor., p . 152 , 10 Hayduck, rapporte que oi
nepi Athlov xai réuivov expliquaient l'arc -en - ciel comme un phénomène de
réflexion. D'après G. Aujac ( édit .), Géminos, Introduction aux Phénomènes,
CUF, Paris 1975 , p. XI, l'opinion de Géminos était exprimée dans son Abrégé
des Météorologiques de Poseidonios, cité longuement par Alexandre dans un
passage conservé par Simplicius, In Phys., p . 291-202 Diels ( fr. 1 Aujac ). Il est
82 AINÉAS
réputation qu'Énée s'était acquise comme sophiste ( remarquons qu'il n'est jamais
désigné d'un autre titre dans notre documentation et qu'en particulier il ne porte
jamais le titre de philosophos) : Vie de Sévère, éd. M.A. Kugener, PO II, Paris
1903, p . 90, et Vie d'Isaïe, éd. E.W. Brooks, dans Vitae virorum apud Mono
physitas celeberrimorum , CSCO IIIe série, Scriptores syri, 25 , Paris 1907 ,
p . 8 , 19-29 (où l'on voit qu'Énée expliquait des passages de Platon, Aristote et
Plotin ). On constate qu’Énée semble toujours avoir vécu dans le milieu mono
physite et l'on a même cru trouver des expressions peu orthodoxes dans son
Théophraste (voir par ex. 5 M. Wacht, Aeneas als Apologet. Seine Kosmologie
im Verhältnis zum Platonismus, coll. « Theophania » 21 , Bonn 1969 , p . 49 et la
longue note 37) , mais la question mériterait d'être reprise. Rien ne permet de
dater la mort d'Énée : on a cependant deux lettres adressées à l'iatrosophiste
Gessius d'Alexandrie (Ep. 19-20, p. 49-50 Massa Positano ) où l'on a cru lire une
description de la maladie de la pierre ; elles pourraient donc dater de la fin de la
vie du sophiste. On a cependant l'impression qu'il était encore en vie au moment
où Zacharie écrivait sa Vie de Sévère, datée généralement de ca 512 : en ce cas ,
Énée aurait atteint un âge très avancé.
La chronologie ici adoptée exclut naturellement qu'Énée ait pu mentionner dans sa
correspondance la fermeture de l'École d'Athènes (Ep. 16, p. 47 Massa Positano) ou qu'il ait pu
faire carrière comme defensor civitatis comme on le croit quelquefois, en se fondant sur deux
lettres de Procope de Gaza (Ep. 43, 6-13 et 44, 12, éd . R.J. Loenertz et A. Garzya, Ettal 1963,
p. 26-27 ), qui se rapportent à un autre Énée, plus tardif que le nôtre .
Pour la biographie d'Énée, deux travaux sont à signaler: 6 E. Légier, « Essai
de biographie d'Énée de Gaza » , OC 7 , 1908, p. 347-369 ( travail fondamental,
mais dangereux, car il contient trop d'hypothèses invérifiables, devenues des
certitudes dans la suite ); 7 M. Starowieyski, « Eneasz z Gazy i jego listy » ,
Meander 28 , 1973 , p. 3-22 (en part. 13-22 ), qui n'apporte que peu de neuf par
rapport à Légier. Récemment 8 N. Aujoulat a consacré un articleà la datationdu
Théophraste: « Le Théophraste d'Énée de Gaza : Problèmes de chronologie » ,
Koinonia 10, 1986, p . 67-80, où il défend une datation voisine de celle que nous
proposons ici (en revanche, l'identification proposée entre Théophraste et
Ammonios, fils d'Hermias, me paraît gratuite et hautement improbable ). On
trouve des articles biographiques dans la plupart des grandes encyclopédies:
mentionnons celui de 9 V. Grumel dans DHGE XV , col. 458-459 (avec riche
bibliographie ). En revanche, les pages consacrées à la biographie d'Énée dans
l'édition Colonna du Théophraste 12, p . VII - VIII, et dans l'édition Massa Positano
des Lettres ( cf. 21 , p . 7-9), sont simplement inutilisables.
Euvres. Sous le nom d'Énée de Gaza nous ont été transmises deux æuvres : le
Théophraste et une collection de Lettres.
( 1 ) Théophraste .
a ) Titre . La tradition manuscrite s'accorde pour donner à l'ouvrage le titre
suivant : Αινείου σοφιστού διάλογος Θεόφραστος ότι ουκ έστιν ανθρώπων
προβιοτή και ότι αθάνατος ή ψυχή . Le titre reprend donc le nom du principal
interlocuteur païen du dialogue , tout comme l'Ammonios de Zacharie . Comme
on l'a noté plus haut, Énée est présenté comme odioths, c'est - à -dire comme
professeur de rhétorique.
AINÉAS DE GAZA 85
discutées par Gallicet 2 , p . 137-167, qui montre d'une manière très convaincante
qu'il s'agit d'une véritable correction, dans le sens orthodoxe, de ce que dit Énée
sur un certain nombre de questions ; chemin faisant, Gallicet met en relief bon
nombre de défauts dans le raisonnement d'Énée. En revanche, l'article de
18 M.E. Colonna, « Zacaria Scolastico. Il suo “ Ammonio " et il “ Teofrasto " di
Enea di Gaza » , AFLN 6, 1956, p. 107-118 , n'apporte rien d'utile ; meilleure
approche dans son édition de Zacharie 17, préface, p. 53-54.
i) Langue et style . Index . Le style du Théophraste a été analysé d'une
manière très scolaire par 19 O.J. Storvick , Atticism in the Theophrastus of
Aeneas of Gaza ( diss. Univ . of Michigan 1968 ), dont on trouvera un bref résumé
dans DA 29 , 1968, col. 887 A. Il n'existe pas d'index complet du texte : celui de
l'édition Colonna 12 est défectueux .
2. Correspondance
Un choix de vingt -cinq lettres adressées par Énée à divers correspondants
nous a été conservé. Il s'agit de lettres souvent très courtes, énigmatiques à force
d'être travaillées, qui ne fournissent que très peu de renseignements. La plupart
des correspondants sont d'autres sophistes auxquels Énée recommande ses
élèves ; on retrouve bon nombre de destinataires dans la correspondance de
Procope (v.g. Gessius). Il est impossible de dater le recueil ni même aucune des
lettres ( la date proposée par L. Massa Positano dans son édition citée sous le
n° 21 , p . 100-101, est absurde).
a ) Éditions . Le texte classique est dans 20 R. Hercher, Epistolographi
graeci , Paris 1873 , p . 24-32. On dispose d'une édition moderne, qui améliore
quelque peu le texte de Hercher : 21 L. Massa Positano (édit. ), Enea di Gaza.
Epistole, coll. « Collana di studi greci » 19 , 2e éd ., Napoli 1962 ; en revanche , le
commentaire est très scolaire et fourmille d'identifications improbables, menant
à des datations impossibles. Plusieurs corrections excellentes ont été proposées
par 22 R.J. Loenertz , « Observations sur quelques lettres d'Énée de Gaza », HJ
77 , 1958 , p. 438-444.
b ) Traductions . On trouvera une traduction italienne, dans l'ensemble
correcte , dans l'édition Massa Positano 21 ; une traduction polonaise dans
l'article de Starowieyski 7, p . 93-108 ; bon nombre de lettres sont traduites en
français dans l'article de Légier 6.
ALAIN SEGONDS.
65 AINÉAS DE MÉTAPONTE va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique ,
V. pyth . 36, 267 ; p. 145 , 4 Deubner.
BRUNO CENTRONE .
67 AINÉS [ IDAMOS MF II
Stoïcien du cercle de Panétius dont le nom a été restitué de façon conjecturale
par W. Crönert, SPAW 1904 , I , p . 476 n. 1 , en Ind. Stoic. Herc ., col . LV ,
5 : TOY S'Aivnlo [18apov. La conjecture est à juste titre rejetée par Traversa,
p . 77 .
TIZIANO DORANDI.
68 AIPHICIANOS ( Aeficianus) II
Médecin stoïcien , disciple, avec un certain Satyros (RE 22), de Quintus et
maître de Galien , à Pergame ou à Smyrne.
P. Moraux , « Ein unbekannter Lehrer Galens » , ZPE 53 , 1983 , p . 85-88 , a
rassemblé quatre témoignages de Galien où le nom est diversement déformé
( Έφικιανός , Φωκιανός , Φικιανός , 'Aφικιανός , Ιφικιανός ) , mais se rapporte
manifestement au même personnage . Il pourrait s'agir d'un nom d'adoption dans
la gens des Aificii.
Aiphikianos était l'élève d'un spécialiste de l'anatomie et de la pharmacologie,
Quintus ( absent de RE) , qui n'a pas laissé d'ouvre écrite. Ce médecin , selon
Galien « le meilleur de sa génération » , fut chassé de Rome, parce qu'on lui
reprochait calomnieusement de supprimer ses clients (De praen. ad Epigen. 1 ,
p . 70, 23-24 Nutton (CMG V 8 , 1 ) , avec le commentaire de V. Nutton, p. 152) .
L'exégèse des écrits hippocratiques développée oralement par Quintus est
connue par Galien à travers l'enseignement de ses disciples Satyros et Aiphi
cianos. C'est à Pergame que Satyros enseigna à Galien (t . XIX , p. 57 Kühn ).
Dans son interprétation d'Hippocrate , Aiphicianos suivait Quintus , tout en
modifiant ses doctrines dans un sens stoïcien , alors que Satyros se gardait d'y
ajouter ou d'en supprimer quoi que ce soit (Galien, De ord. lib. 3 , p . 87 , 12-15
Müller). A propos d'un passage du De officina medici d'Hippocrate sur la
perception sensible , Aiphicianos qui adhérait à la philosophie stoïcienne (inv
otwiXNv donaCÓLEVOS Phoooplav ), transmettait l'exégèse de Simias le stoïcien
(1 , p. 654 Kühn ) qu'il faudrait distinguer, selon Moraux , du pharmacologue
Simmias ( RE 8 ) , fils de Médios , également connu par Galien (t. XIV , p . 180 et
182 Kühn ). Moraux ne semble pas avoir remarqué que le passage avait été retenu
comme fragment stoïcien par H. von Arnim , SVF II 75 ; il est signalé par
Pohlenz, Die Stoa , t. II, p . 148 .
RICHARD GOULET.
69 AISARA
Sous ce nom a été transmis un fragment en dialecte dorien d'un lepi kvepów
DÚOews, chez Stobée I 49 , 27. A la suite d'une conjecture de Canter, d'après
Jamblique , le fragment est inséré dans le recueil de Thesleff sous le nom
d ' "Aresas", scolarque pythagoricien mentionné par Jamblique , V. pyth . 266 .
Voir H. Thesleff, Pythagorean Texts , p . 48 , 20–50 , 23. Une analyse linguisti
que du fragment se trouve dans R. Fohalle, « La langue d'un texte “dorien” » ,
AISCHINÈS DE SPHETTOS 89
d'Aristippe, il était parmi les quatre philosophes socratiques les plus en vue (D.L.
II 47 ) .
Après la mort de Socrate (3994), à laquelle il assista (Phédon 59 b), il se
rendit, en raison de son indigence, auprès de Denys de Syracuse.
La chronologie du séjour d'Eschine à Syracuse auprès de Denys pose
problème. Il faut considérer deux types de témoignages : ceux qui ne prennent
pas position sur l'identité de Denys (l'Ancien ou le Jeune ?) et ceux qui optent
pour Denys le Jeune .
Diogène Laërce II 61 et Philostrate , Vie d'Apollonius I 34 (repris par la Souda Ai 349),
disent qu'Eschine se rendit auprès de Denys, à qui il offrit certains de ses dialogues, en échange
de quoi il reçut du tyran des présents. Ces témoignages ne précisent pas de quel Denys il s'agit.
A la cour du tyran, Platon ne fit pas attention à Eschine, en revanche Aristippe l'aida (D.L. II
61 ; III 36 ; cf. II 82 ; sur l'amitié qui unissait Eschine et Aristippe, voir aussi Plutarque, De
cohibenda ira 14, 462 de ; Lettre pseudépigraphe 23 d'Eschine à Phédon, p. 625 Hercher).
Toutefois, à en croire un autre passage de Plutarque (Quomodo adul. 26, 67 de), Platon aurait
fait, devant Denys, l'éloge d’Eschine, afin que le tyran ne négligeât pas ce compagnon de
Socrate qui avait traversé la mer pour venir s'entretenir avec lui de philosophie. Dans Le
parasite 32 de Lucien, un des personnages, Simon, évoque le voyage d’Eschine en Sicile
auprès du tyran Denys : « Eschine le socratique, l'homme qui écrivit de longs dialogues pleins
d'esprit, vint un jour en Sicile, apportant ses dialogues avec lui, dans l'espoir qu'il pourrait,
grâce à eux , se faire connaître de Denys le tyran. Après lui avoir lu le Miltiade et avoir paru de
bon renom , Eschine s'installa pour le reste du temps en Sicile, devenant le parasite de Denys
(napaoitõv Alovuolo ) et disant bien le bonjour aux leçons de Socrate. » Simon ajoute ensuite
qu’Aristippe vécut à la même époque à Syracuse, lui aussi comme parasite de Denys (voir
également D.L. II 66 ). Ce texte ne nous renseigne pas sur l'identité de Denys. 1 J. Humbert,
Socrate et les petits socratiques, Paris, 1967, p. 218-220, affirme qu'une scholie au Ménippe
du même Lucien dit explicitement qu'Eschine séjourna « auprès de Denys l'Ancien, vivant dans
la gloutonnerie et, parasite scandaleux, flattant le tyran au delà de toute mesure ». Dans son
esprit, la similitude des deux passages de Lucien invitait à considérer que dans Le parasite
Simon faisait allusion aussi à Denys l'Ancien. En fait, la scholie au Ménippe 13 (p .172, 1-5
Rabe) se rapporte à Aristippe, et non à Eschine comme l'affirme Humbert, ce qui enlève tout
poids à son argumentation tendant à privilégier un séjour d'Eschine auprès de Denys l'Ancien
plutôt qu'auprès de Denys le Jeune. Par conséquent, il faut ranger le texte du Parasite dans le
groupe des témoignages qui ne nous apprennent rien sur l'identité du tyran .
Mais un autre témoignage, transmis par Diogène Laërce II 63, qui cite le premier livre de
l'ouvrage de Polycrite de Mende (RE 7) Sur Denys, affirme qu'Eschine vécut auprès du tyran
jusqu'à la chute de celui -ci et au retour de Dion de Syracuse ( 356a). Il y avait à ce moment-là,
avec Eschine, Carcinos, l'auteur de tragédies (RE 4). Par conséquent, à en croire ce témoi
gnage, Eschine aurait bien vécu à la cour de Denys le Jeune. On sait également que Platon lui
aussi y séjourna (cf. D.L. III 21 ). Il faudrait alors admettre que Platon , Eschine et Aristippe se
retrouvèrent à la cour de Denys le Jeune vers 366 et qu'Eschine serait rentré ensuite à Athènes
où il aurait vécu comme il aurait pu , n'osant pas, devant le renom qu'avaient acquis Platon et
Aristippe, exercer le métier de sophiste ( 000IOTEÚELV ) et se contentant de donner des cours
moyennant salaire (D.L. D 62). Dans ce contexte, ce serait avant 356a que Lysias aurait écrit
contre lui son discours intitulé lepi ouxopavtiac (D.L. II 63), à identifier selon toute vraisem
blance avec le Πρός Αισχίνην τον Σωκρατικόν χρέως dont Athénée XII , 611 e - 612 f, cite
des extraits. En effet, après 356a Lysias était mort ou était très âgé.
Dans l'autre optique, celle d'un séjour auprès de Denys l'Ancien , Platon , Aristippe et
Eschine auraient vécu en même temps à Syracuse vers 3884. Eschine avait alors une quarantaine
d'années. Après ce séjour, il serait rentré à Athènes ( cf. D.L. I 62). Ce serait alors, c'est-à -dire
vers 380a, que Lysias aurait écrit son discours.
Selon Diodore de Sicile XV 76, 4, Eschine faisait partie des & v & paç xatà naidetav akious
urhuns en Ol. 103, 3 ( 3669).
AISCHINÈS DE SPHETTOS 91
La seconde liste est constituée par les dialogues dits « acéphales » , qui sont
« tout à fait relâchés et qui ne manifestent point la vigueur socratique » (D.L. II
60 ). Seule la Souda Ai 346 en a conservé les titres. Eux aussi sont au nombre de
sept :
(8) Daidwv ,
(9) Πολύαινος ,
( 10 ) Apáxwv,
( 11 ) 'Epusias,
( 12 ) Hepi đpetñs,
( 13 ) 'Epaolotpatoi,
( 14 ) Exubixoi ſà cause de D.L. II 122 et de D.L. II 105 , il faut certainement
corriger en Σκυτικοί) .
RICHARD GOULET.
74 AISCHYLOS ( Eschyle) RE 16 F va
Disciple d'Hippocrate de Chios. Aristote cite et critique leurs théories sur les
comètes (Meteor. 16 ; 342 b 36-343 a 20 [DK 42 A 5 ] ; 343 a 27-343 b 8 ). Le
passage est traduit dans Dumont, Présocratiques, p. 484.
Sa datation est liée à celle de son maître Hippocrate. Il n'est pas impossible , mais
l'hypothèse reste malheureusement invérifiable , que le Mpós Aloxúhov a ' de Théophraste ait
AITHIOPS DE PTOLÉMAIS 95
concerné la météorologie de ce personnage plutôt que le poète tragique. Aucun autre titre ne
porte sur un poète en particulier, alors que Théophraste avait consacré plusieurs ouvrages à
Anaxagore, Anaximène, Archélaos, Démocrite et Empédocle.
RICHARD GOULET.
76 AITHERIOS le philosophe
Sous ce nom nous a été conservé, dans un manuscrit arménien de Venise
(XII ° s . ) , l'extrait suivant: « Ce qui est la cause et la récapitulation (veraliatar,
peut-être faute pour veraliakatar : " qui mène de nouveau à plénitude " ) de toutes
choses, la divinité de Jésus, qui a uni le particulier en accord avec le tout, sans
être ni partie ni tout, (mais) partie et tout à la fois, comme ayant pris tout
ensemble en soi » (G. Zarbhanalean , Catalogue des anciennes traductions armé
niennes, IV -XIII s. , Venise 1889, p . 400-401).
JEAN -PIERRE MAHÉ.
origine, l'auteur note que le nom Aldíoy – proprement « face brûlée » , d'où
Noir, Éthiopien – est des plus vraisemblables à Cyrène ). 6 E. Mannebach ,
Aristippi et Cyrenaicorum fragmenta , Leiden /Köln 1961 , p . 88 (note au
fragment 131 : étude critique du passage de D.L. II 86 = fr. 131 A , p. 33
Mannebach ) ; 7 G. Giannantoni, Socraticorum Reliquiae, t. III, note 17 , p . 158 .
Philosophe moyen -platonicien du II° s . , auteur d'une (1) Eloaywyn eis tous
Πλάτωνος διαλόγους et de plusieurs ouvrages aujourd'hui perdus : (2 ) Τών
Γαίου σχολών υποτυπώσεις Πλατωνικών δογμάτων en onze livres , ( 3 ) Περί των
Mátwvi åpeoxÓVtwv en trois livres au moins, ( 4 ) un ouvrage Sur l'incorporel,
et probablement des Commentaires sur (5) le Timée, (6) la République et ( 7 ) le
Phédon . Sur ces ouvrages perdus, voir 1 H. Diels et W. Schubart (édit. ) ,
Anonymer Kommentar zu Platons Theaetet, Berlin 1905, p . XXVI - XXX ;
2 J. Whittaker , « Parisinus graecus 1962 and the writings of Albinus » ,
Phoenix 28 , 1974, p . 325-331 et 450, repris dans 3 id ., Studies in Platonism and
Patristic Thought, London 1984 .
Depuis la publication de 4 J. Freudenthal, Hellenistische Studien , Heft. 3 :
« Der Platoniker Albinos und der falsche Alkinoos» , Berlin 1879 , il est d'usage
d'identifier Albinos avec Alcinoos, auteur du Didaskalikos. Que cette identi
fication repose sur des bases insuffisantes a été démontré par 5 M. Giusta,
« ’Albívou 'Enitou o ' Aaxivbou A18qoxalixóc ? » , AAT 95 , 1960-1961 ,
p . 167-194 ; voir aussi Whittaker 2 , p. 450-456 , et surtout 6 id. , « Platonic
philosophy in the early centuries of the Empire », dans ANRW II 36, 1 , Berlin
1987 , p . 81-123 .
Éditions critiques de l'Eisagoge : 7 C.F. Hermann (édit. ) , Platonis
dialogi..., coll . BT, t. VI , Leipzig 1853 , p. XVII -XVIII et 147-151 . Pour les
réimpressions, cf. 8 National Union Catalog Pre - 1956 Imprints, t. 461, London
1976 , p . 105-108 . 9 F. Dübner ( édit .), Euvres de Platon , [édition " Firmin
Didot" ], t. III, Paris 1873 , p . 224-228 . 10 F.W.A. Mullach (édit. ) , Fragmenta
Philosophorum Graecorum , t . III, Paris 1881 ; réimpr. Darmstadt 1968 , p . 20
27. Freudenthal (édit . ) 4 , p . 303-304 et 321-326. 11 J.B. Sturm (édit . ) ,
Biographisches über Plato aus dem Codex Vaticanus graecus 1898 und die
Isagoge des Albinus auf Grund derselben Handschrift herausgegeben, Progr.
Kaiserslautern 1901 .
Traduction française. 12 R. Le Corre, « Le prologue d'Albinus » ,
RPhilos 146 , 1956, p. 28-38 .
Traduction anglaise. 13 G. Burges, The Works of Plato . A new and literal
version chiefly from the text of Stallbaum , t . VI : The doubtful works... with
lives of Plato by Diogenes Laertius, Hesychius, and Olympiodorus ; intro
ductions to his doctrines by Alcinous and Albinus ; the notes of Thomas Gray,
and a general index , London 1854. Pour les réimpressions, cf. 8 , t. 461 , London
1976, p. 114 .
Traduction italienne. 14 G. Invernizzi, « Il ‘ Prologo' di Albino » , RFN
71 , 1979 , p . 352-361 .
ALBINUS 97
80 ALBINUS RE 5 PLREI : 3 IV
81 ALBINUS (POSTUMIUS - ) RE ( P ) 28 DI ?
Lactance, Div . inst . VI 5 , 2 s . , a conservé 13 hexamètres des Satires de
Lucilius (1326-1338 Marx , 1342-1354 Krenkel) où est interpellé ce personnage ;
les vers sont consacrés à une définition stoïcienne de la vertu . On croit
reconnaître les vues de Panétius dans les derniers vers. Il est loin d'être sûr que
cet Albinus soit lui-même un philosophe.
Sur les diverses identifications possibles avec les nombreux Postumii Albini
de l'époque de Lucilius (RE 13 , RE 29 et RE 32) , voir C. Cichorius, Unter
suchungen zu Lucilius, Berlin 1908, p . 349-354 , et l'article de < F . Münzer> , RE
XXII 1 , 1953 , col. 901.
RICHARD GOULET.
Il ne s'agit sans doute pas du personnage mentionné dans l'une des Ménippées
de Varron (Eumenides XI 127 B), comme on l'a souvent cru . Voir l'édition et les
remarques de J.P. Cèbe, Ménippées, t. IV , Roma 1977, p. 538 et p. 688-694 .
MICHÈLE DUCOS.
pr. 13). Originaire de Novara (Suétone, Gramm . 6), il fut même édile dans cette
ville et s'installa ensuite à Rome où il fut l'hôte de L. Munatius Plancus et conti
nua à perfectionner son éloquence, sans doute vers 25-24 ( Assereto 3, p . 10, qui
pense qu'Albucius devait avoir une trentaine d'années, et propose de situer sa
naissance vers 60-55 ). Par la suite, il enseigna la rhétorique , tout en continuant à
plaider, au moins pendant quelque temps. Dans sa vieillesse, il retourna dans sa
patrie et, atteint d'une grave maladie , il finit par se laisser mourir de faim , après
avoir exposé publiquement les raisons de son suicide (Suétone, loc. cit. ). On
situe sa mort vers 10 %. Il avait sans doute écrit un traité de rhétorique ( Quintilien ,
loc . cit. ).
Sénèque le Rhéteur insiste à plusieurs reprises sur son goût pour la philo
sophie (VII, pr. 1 ). Albucius suivit d'ailleurs les leçons de Papirius Fabianus
(VII, pr. 4 ) . Et, dans ses plaidoyers , il insère nombre d'arguments ou de
réflexions philosophiques; les unes n'expriment sans doute qu'une sagesse.de bon
sens, une morale commune ( Sénèque, Contr. I 3 , 4 ; I 7 , 17 : les esprits sont
bouleversés par de grands malheurs, ce que Sénèque qualifie de « lieu commun
de la philosophie » ); l'insistance sur le rôle de la Fortune (Assereto 3 , p. 26) ou
sur la nécessaire modération dans la prospérité sont du même ordre. Plus inté
ressantes sont les considérations d’Albucius sur la liberté : « il dit que personne
n'était libre par nature , personne esclave par nature » (VII 6 , 18 ) . Cette formule
révèle l'influence du stoïcisme; elle est confirmée par son attirance pour
Papirius Fabianus, par ses déclarations sur le mépris des richesses et de la mort,
par son suicide peut- être. Et l'on peut penser avec quelque vraisemblance qu'il se
rattachait à cette école .
MICHÈLE DUCOS .
84 ALC ( A ) IOS RE 15 DM II
L'un des deux épicuriens qui furent chassés de Rome sous le consulat de
L. Postumius (Athénée XII , 547 a ; Élien, V.H. IX 12 ; Souda, s.v. 'Enixoupoc ).
L'autre se nommait Philiscus . Athénée, dont dépendent les autres sources
(1 G. Garbarino, Roma e la filosofia greca, p. 372-379), le nomme Alkios. La
date exacte de l'épisode n'est pas assurée parce qu'il existe deux possibilités : 173
avec L. Postumius Albinus , A. f.; 154 avec L. Postumius Albinus Sp . f. La
plupart des critiques penchent pour la date de 173 ; G. Garbarino ( 1 , p. 375 , avec
bibliographie ) préfère cependant retenir la date de 154 qui correspond à une
période de forte réaction conservatrice, après la censure de M. Valerius Messala
et de C. Cassius Longinus : déjà soulevée par l'ambassade de 155 , l'hostilité se
déchaîne contre les philosophes. En fait, il y a des mesures prises contre les
philosophes avant cette date : en 161 un sénatus -consulte les chasse de la Cité avec
les rhéteurs (Suétone, Gramm . 25 , 1 ; Aulu -Gelle XV 11 , 1 ) . Un second argu
ment, apporté par 2 P. Grimal, Le siècle des Scipions, 2e éd . , Paris 1974 ,
p . 299 , permet également de retenir la date de 173 comme la plus probable : en
175 , un jeune prince syrien , le futur Démétrius Sôter, se trouve à Rome pour y
compléter son éducation et y remplacer son frère Antiochos comme otage . Or, il
avait été l'élève de l'épicurien Philonidès et avait sûrement des épicuriens dans
son entourage. Ce sont sans doute eux qui tentèrent de donner un enseignement
public et furent expulsés de Rome. Des expulsions de philosophes épicuriens sont
attestées dans d'autres cités ( cf. Cléomède II 1 , 24 ).
100 ALCIAS DE MÉTAPONTE
85 ALCIAS DE MÉTAPONTE va ?
fait un bilan très nuancé et très subtil de ces relations dans l'éloge de Socrate qu'il
prononce à la fin du Banquet (215 a - 222 b ).
Il est à noter enfin qu'ont été nommés d'après ce personnage hors du commun
deux dialogues, attribués à Platon, mais dont l'authenticité reste discutée. Dans le
Grand Alcibiade, qui a pour sous -titre : Sur la nature de l'homme, Socrate essaie
de convaincre Alcibiade qu'une seule chose doit importer à l'homme : prendre
soin de son âme, connaître ce qui est juste et le pratiquer. Dans le Petit Alcibiade ,
qui a pour sous- titre : Sur la prière, Socrate engage abruptement la discussion
avec Alcibiade, qui va prier, sur la manière de prier et sur l'opportunité de le
faire .
Alcibiade était également le titre de plusieurs dialogues publiés par d'autres
disciples de Socrate commeAntisthène (D.L. VI 18 ), Eschine de Sphettos (D.L.
II 61 ) , lequel avait peut- être utilisé celui d'Antisthène (ibid. ) , et Euclide de
Mégare (D.L. II 108 ) .
Cf. J. Toepffer, art. « Alkibiades » 2 , RE I 2, 1894 , col . 1516-1532 ;
J. Hatzfeld , Alcibiade. Étude sur l'histoire d'Athènes à la fin du Ve siècle, Paris
1940, 2 ° éd . 1951 ; J.K. Davies , Athenian propertied families, p. 9-22 (nº 600 ) et
stemma nº 1 , p . 14 .
LUC BRISSON.
87 ALCIDAMAS MII
Personnage fictif, philosophe cynique qui s'introduit sans invitation au
banquet donné par Aristénète à l'occasion du mariage de sa fille Cléanthis, dans
le dialogue satirique de Lucien, Le banquet ou Les lapithes 12.
Il manifeste parmi les philosophes présents un comportement typiquement cynique : il se
réclame de son maître Héraclès ( 13 et 16 ), mange debout, exprime son mépris pour la vaisselle
d'or et d'argent ( 13-14) , dort par terre à moitié nu ( 14), soulage sa vessie dans la salle du
banquet ( 35), se bat avec le bouffon Satyrion ( 19), tente dans l'obscurité de violer la joueuse de
flûte (47), assomme ses collègues de son bâton ( 44) et refuse de quitter les lieux à la fin des
hostilités (47).
RICHARD GOULET.
Aeschin . (5 s. Schultz) et chez Photius lui-même ( Bibl. cod. 61 , 20 b 8), comme les signes
qu'Eschine aurait été l'élève d'Alcidamas et les retient à ce titre parmi les témoignages relatifs à
ce dernier ( T 9, p. 2-3) : mais il s'agit d'une pure conjecture. La Souda indique par ailleurs (s.v.
AnuOotévns, A 454, t. II, p. 45, 23-24 Adler) que Démosthène « fit usage des discours (Tois
Aóyouç expñto ) d’Alcidamas, non qu'il en fut directement l'élève.
Avezzù ( 1 ) ne fournit aucun argument pour justifier l'identification qu'il
opère, contrairement à tous les éditeurs de Lucien, entre le personnage cynique
nommé Alcidamas que Lucien fait paraître dans son Banquet ( 12-19, 35 , 43-47)
et Alcidamas l'orateur, que cite le même Lucien sans aucune référence au
cynisme dans l'Éloge de Démosthène ( 12) . Quintilien ( III 1 , 10) identifie
Alcidamas avec « celui que Platon appelle Palamède » (cf. Platon , Phèdre
261 d 6) . L'expression transparente de Platon, « le Palamède d'Élée », désigne
pourtant Zénon : la méprise peut avoir été occasionnée par une confusion entre
les deux graphies 'Eneatixóv et 'Eaqiatixóv ( cf. Avezzù 1 , p. 70, avec la réfé
rence à une lettre de Fr. Nietzsche à Paul Deussen , juin 1868 ), que la lecture à
haute voix différenciait sans doute mal. On peut remarquer d'ailleurs que la
vulgate de la Souda (s.v. 'Aaxidápac ) , tout en indiquant clairement 'Enala pour
lieu d'origine d'Alcidamas, porte 'Aaxidáuas ó 'Eleárns pour 'Erairns, et de
meme (σ.ν. Αισχίνης Αι 347 , Γοργίας ) 'Αλκιδ . του Έλεάτου pour Έλαΐτου . La
confusion peut avoir aussi été facilitée par un lien, dans ce cas établi ancien
nement, entre le discours d'Alcidamas Sur les auteurs de discours écrits ou Sur
les Sophistes et le Phèdre de Platon .
C'est autour du lien entre ces deux ouvrages, et avec le contre les Sophistes
d'Isocrate , que tourne en grande partie la question de la datation de l'activité
d'Alcidamas.
A été longuement discuté le problème de la priorité de l'une de ces trois æuvres sur les deux
autres. 3 A. Gercke, « Die alte Téxvn ontopixň und ihre Gegner » , Hermes 32, 1897 ,
p . 341-381 ; « Isokrates 13 und Alkidamas » , RHM 54, 1899, p. 404-413 ; « Die Replik des
Isokrates gegen Alkidamas », RhM 62, 1907, p. 170-202, suivi par 4 H. Räder, Platons
philosophische Entwicklung, Leipzig 1905, et 5 C. Ritter, Plato, Tübingen 1910 ( cf. du
même 6 « Die Abfaßungszeit des Phädrus, ein Schibboleth der Platonerklärung » , Philologus
73 , 1915, p. 321 ), a proposé la succession Alcidamas – Platon – Isocrate, tous trois menant
un combat commun contre “ l'ancienne Téxvn ". Le Sur les auteurs de discours écrits
d'Alcidamas serait dans cette hypothèse antérieur à 390. 7 K. Münscher, « 'lookpátous
' EXévns éyxbuiov », RHM 54, 1899, p. 248-276 , et 8 id. , Isokrates. Ausgewählte Reden, 6e
éd. , Berlin 1908, a défendu un ordre de succession exactement inverse, et a proposé pour le
discours d'Alcidamas la date approximative de 385. 9 H. Räder, « Alkidamas und Plato als
Gegner des Isokrates », RHM 63, 1908 , p. 495-511 , tout en soulignant l'opposition commune
d'Alcidamas et Platon à Isocrate, a montré que la position de Platon ne s'en différenciait pas
moins de celle d'Alcidamas : des parallèles entre le Phèdre et le discours d'Alcidamas on ne peut
conclure à une dépendance, ni par conséquent à l'antériorité de l'un sur l'autre. A cette
conclusion s'est finalement rallié A. Gercke (10 A. Gercke et E. Norden, Einleitung in die
Altertumswissenschaft, 2e éd ., Leipzig 1912, t. I, p . 86), et c'est aussi celle retenue par
11 L. Robin, notice du Phèdre, CUF, Paris 1933 , p. CLXIV-CLXVI. Avezzù 1 tient pour la
chronologie de Gercke 3. Dernière hypothèse en date : celle de 12 C. Eucken , Isokrates.
Seine Positionen in der Auseinandersetzung mit den zeitgenöſischen Philosophen,
Berlin /New York 1983 , p. 29-31 , 121-132. Le Sur les auteurs de discours écrits serait la
riposte d’Alcidamas à l'attaque déjà portée contre lui par Isocrate dans le Contre les Sophistes,
et c'est dans le Panegyrique qu'Isocrate, répliquant à nouveau à Alcidamas, s'en prendrait cette
fois au discours que nous connaissons. Tenant pour acquise une datation tardive du Phèdre
(380 au plus tôt), C. Eucken conclut des parallèles terminologiques entre ce dialogue et le
ALCIDAMAS D'ÉLÉE 103
discours d'Alcidamas que Platon, dans sa polémique contre Isocrate, fait usage d'un certain
nombre d'expressions d'Alcidamas, mais non des concepts correspondants.
Ce qui nous est connu de la production d'Alcidamas conduit en tout cas à le
considérer comme un rival d'Isocrate , vis-à-vis de qui il paraît avoir été, en dépit
ou à cause de leur formation commune auprès de Gorgias, en position explicite
de concurrence . Un autre discours d'Alcidamas, dont le souvenir nous est
conservé par la Rhétorique d’Aristote (II 23 , 1397 a 11-12) , le Messeniacos,
serait en effet, à l'encontre de l'Archidamos d’Isocrate, un plaidoyer en faveur
des Messéniens contre Sparte. On doit en conclure qu'Alcidamas a été actif à
Athènes au moins jusqu'en 365. D'autre part, 13 H. Auer, De Alcidamantis
Declamatione quae inscribitur Όδυσσεύς κατά Παλαμήδους προδοσίας, Münster
1913 , tout en rejetant les objections contre l'authenticité de ce discours transmis
sous le nom d'Alcidamas, suppose, en vertu d'une parenté de style avec
Andocide, qu'il a été écrit vers 400. Avezzù (1 ) indique qu'Alcidamas était peut
être déjà maître d'éloquence avant 410. La présence , dans la Paix d'Aristophane,
de deux vers qu'on peut attribuer par ailleurs au Mouseion d’Alcidamas,
indiquerait même selon lui que cette ouvre est antérieure à 421. En tout état de
cause , si c'est à Athènes qu'Alcidamas fut l'élève de Gorgias et prit la suite de son
enseignement, on peut faire remonter son séjour dans cette ville à une date peu
éloignée de l'ambassade de 427, qui y marqua le début de la célébrité de Gorgias.
Le plus ancien jugement qui nous soit conservé sur Alcidamas est négatif :
Aristote prend chez lui des exemples pour les quatre types de « froideur dans
l'expression » ( Tà yuxpà xatà tnv Étiv , Rhet. III 3 , 1405 b 35 ) qu'il énumère
dans la Rhétorique (III 3 ). Platon (Banquet 196 c 3 ) met dans la bouche
d'Agathon une expression que , grâce à Aristote (Rhet. III 3 , 1406 a 22 ) , nous
savons être une citation d'Alcidamas, mais elle ne s'accompagne d'aucun juge
ment explicite. De cette utilisation par Platon, comme du nombre des exemples
qui lui sont empruntés par Aristote, on peut en tout cas conclure à l'importance
reconnue à Alcidamas parmi les rhéteurs de cette époque. Aristote se réfère
d'ailleurs à lui en un sens positif en trois autres endroits de la Rhétorique : une
fois (I 13, 1373 b 18) conjointement avec Empédocle et l'Antigone de Sophocle,
pour la formulation d'une “ loi commune " , c'est - à - dire naturelle ; deux fois
( II 23 , 1397 a 11-12 et 1398 b 11 ) pour donner des exemples d'enthymemes.
C'est cependant à la critique aristotélicienne que fait probablement écho
Démétrius (de Phalère ) quand il remarque ( De eloc. 12 Rhys Roberts ) l'emploi
constant par Alcidamas d'un style périodique ( 8à nepio8wV OUVEXāv ) et quand il
reprend un des exemples d'épithètes abusives que donne Aristote (ibid. 116, cf.
Aristote , Rhet. III 3 , 1406 a 20-21 ). Suivent également Aristote dans son
jugement négatif Philodème (Rhet. IV I , p . 180, 15-25 Sudhaus ) et Denys
d'Halicarnasse (De Isaeo 19 , p . 121 , 21-25 Usener-Radermacher) qui le trouve
« trop lourd et creux d'expression » ( naxútepov óvta TNV RÉEiv xal XEVÓTepov ).
A noter pourtant que le même Denys d'Halicarnasse le mentionne (Amm . I 2
Usener -Radermacher ) parmi ceux dont la philosophie péripatéticienne ne doit
pas faire oublier les apports à la rhétorique.
Cicéron pour sa part ( Tusc. I 48 , 116) , tout en refusant à l'Éloge de la mort
d'Alcidamas une qualité vraiment philosophique , reconnaît à ce dernier de
l'ubertas orationis et le qualifie de rhetor antiquus in primis nobilis .
104 ALCIDAMAS D'ÉLÉE
Bien qu'il ne connût précisément de cet Éloge de la mort que le titre, Jean
Tzetzès ( Hist. XI, 743-744 Leone) avait lu « de nombreux discours » (rollojs
hóyouc ) d’Alcidamas . Ne sont parvenus jusqu'à nous, outre des titres mentionnés
ici ou là, que le texte de deux discours et des fragments, d'extension , pour
quelques-uns, et d'attribution, pour la plupart, incertaines.
Le discours Sur les auteurs de discours écrits ou Sur les Sophistes, dont
l'attribution à Alcidamas était déjà admise par 14 L. Spengel , Euvaywyn
TEXVõv sive artium scriptores ab initiis usque ad editos Aristotelis de rhetorica
libros, Stuttgart 1828 , a vu son authenticité confirmée, contre 15 H. Sauppe,
Oratores Attici Baiter-Sauppe, t. II, Turici 1850, p . 156 , par 16 J. Vahlen,
« Der Rhetor Alkidamas » , SAWW 63 , 1863 , p . 491-527 et 17 Fr. Blass , Die
attische Beredsamkeit, Leipzig 1874, t. II, p. 327-329 (= 2e éd. Leipzig 1892,
t . II, p . 355-357) .
Sous la dénomination collective utilisée dans le titre, on s'accorde à penser que l'adversaire
visé est Isocrate. Si la critique de l'écriture autorise un rapprochement avec le Platon du Phèdre,
il est en revanche difficile d'envisager, comme Gercke 3 , une sorte de front commun
Alcidamas – Platon – Isocrate contre “l'ancienne Téxvn ". 18 J. Hubik , « Alkidamas oder
Isokrates ?» , WS 23, 1901, p. 234-251, et surtout Räder 9 , ont montré qu'Isocrate est l'objet
de la critique d’Alcidamas, et que ce n'est pas à la rhétorique sicilienne que s'en prend celui -ci.
L'éloge de l'improvisation, en rapport avec l'importance dévolue à l'occasion (xaipóc ), situe
plutôt Alcidamas dans la lignée de l'ancienne sophistique : il illustre le même type de perfor
mance que son maître Gorgias, contre la nouvelle rhétorique écrite d'Isocrate. 19 S. Gastaldi,
« La retorica del IV secolo tra oralità e scrittura. “Sugli scrittori di discorsi” di Alcidamante » ,
QS VIIe année , 1981 , nº 14, p. 189-225, interprète l'antagonisme Alcidamas – Isocrate
comme une opposition entre deux représentations du fonctionnement de la notis et de l'exercice
du pouvoir, cependant que Avezzù ( 1 ) suggère que l'attaque contre Isocrate reflète une
conception dans laquelle le rhéteur est encore proche du patrimoine poétique de la communauté :
l'évolution de la prose, se séparant au IVe siècle de la poésie, expliquerait le reproche de
" froideur" dirigé contre Alcidamas par Aristote (Rhet. III 3).
De nombreux manuscrits transmettent conjointement sous le nom d'Alci
damas le Sur les Sophistes et un discours d'apparat intitulé Ulysse contre la
trahison de Palamède. L'attribution à Alcidamas de cette dernière euvre paru
cependant beaucoup plus douteuse que celle de la première ( cf. Vahlen 16 ,
Blass 17 , Brzoska 2 , 20 E. Zeller, Die Ph. d. Gr. , 6e éd . , 1920, t . I , p . 1323
n . 5 ) . Admise par 21 U. von Wilamowitz -Moellendorff, « Asianismus und
Attizismus >>, Hermes 35 , 1900 , p . 1-52 , elle est considérée comme acquise
depuis la dissertation de Auer 13. Datant le discours d'environ 400 °, ce dernier
croit pouvoir y reconnaître une allusion au procès de Socrate : il y aurait donc,
ici aussi , une relation entre Alcidamas (Ulysse ), Isocrate (Busiris) et Platon
( Apologie de Socrate ). Le fait que l'Ulysse d’Alcidamas ne contienne aucune
référence au Palamède de Gorgias (ou Pseudo -Gorgias) s'expliquerait par le fait
qu'il lui est antérieur.
Messeniacos est le titre d'un discours d'Alcidamas qui nous est connu par la
Rhétorique d'Aristote ( I 13 , 1373 b 18 , et II 23 , 1397 a 11-12) , ainsi que par
une scholie anonyme au premier de ces deux passages (CAG XXI 2 , 74 ) qui
fournit la citation absente du texte d'Aristote : « le dieu a laissé libres tous < les
hommes> , la nature n'en a rendu esclave aucun » ( Élevépouc áoñxe návras
θεός , ουδένα δούλον ή φύσις πεποίηκεν ) .
ALCIDAMAS D'ÉLÉE 105
De cette phrase on a conclu (Brzoska 2, 22 Fr. Ueberweg, Grundriß der Gesch. d. Philos.,
t. I, Berlin 1926 , p. 128) qu'Alcidamas allait, au nom de la loi naturelle, jusqu'à s'opposer à
l'esclavage : il serait dans ce cas l'un de ceux qui ont tiré les conséquences les plus radicales de
l'opposition sophistique de la nature et de la loi. Cette interprétation suggère de rapporter au
même contexte les formules citées par Aristote, « les lois reines des cités » ( TOUS TÕV TÓNewV
Baolacic vópouc, Rhet. III 3, 1406 a 22, cf. Platon , Banquet 196 c 3), et « la philosophie
rempart contre les lois » ( Quooopla éniteixioua tōv vóuwv, ibid. 1406 b 12 ). Mais l'ambiguïté
de la construction énitelyioua + gén . fait que l'on peut comprendre aussi « la philosophie
rempart pour la défense des lois » ( cf. LSJ, s.v. éniteíxioma 2, et A. Wartelle [ édit.], Aristote,
Rhétorique, t. III, CUF, Paris 1973, p. 49 n. 1 ) : il faudrait alors, si l'on comprend l'attaque
contre la loi comme la doctrine d'Alcidamas, comprendre aussi qu'il s'en prend à la philosophie
(mais la Souda, s.v. 'Aaxidápas, 2, l'appelle Quocopos ), dans une antithèse presque littérale
avec la formule de Platon (Rép . V, 473 c 11 - d 1 ) táv... ol pilóoopoi Baoiletowowv év tais
nóAEOLV (Avezzù 1 , p. 95). Zeller 20, p. 1400 n. 2, relativise la portée de la citation rapportée
par le scholiaste de la Rhétorique , en suggérant qu'il peut ne s'agir que d'un argument de
circonstance , destiné à vaincre la répugnance des Lacédémoniens à accepter pour voisins
indépendants leurs anciens lotes.
Le Certamen Homeri et Hesiodi ( titre abrégé sous lequel on désigne, depuis
l'editio princeps d'H. Estienne ( 1573), le lepi 'Ouhpou xal 'Horódou xal toŨ
YÉVOUS xaì ảyāvos aútāv qui figure dans un manuscrit florentin du XIVe siècle,
Laurentianus LVI I ), ouvrage d'un compilateur anonyme de l'époque d'Hadrien ,
fait référence , dans le récit de la mort d'Hesiode, au Mouseion d'Alcidamas.
Deux vers qui constituent, dans ce même ouvrage, la réponse d'Homère à la
première question d'Hésiode dans le combat qu'ils se livrent (73-74 Allen ), sont
attribués par Stobée au Mouseion d'Alcidamas (IV 52, 22 Hense ).
23 Fr. Nietzsche , « Der Florentinische Tractat über Homer und Hesiod, ihr
Geschlecht und ihren Wettkampf» , RAM 25 , 1870 , p . 528-540 ; 28 , 1873 ,
p. 211-249 ( reproduit dans: Fr. Nietzsche , Kritische Gesamtausgabe hrsg. v .
G. Colli & M. Montinari, II 1 : Philologische Schriften ( 1867-1873 ), Berlin
1982 ) a démontré que l'essentiel du Certamen , à savoir le récit du combat
d'Homère et d'Hésiode et celui des pérégrinations et de la mort de chacun d'eux,
provenait du Mouseion d’Alcidamas . Contestée par 24 E. Meyer, « Home
rische Parerga » , Hermes 27 , 1892 , p . 377-380, 25 U. von Wilamowitz
Moellendorff , Die Ilias und Homer, Berlin 1916 , 2e éd . 1920 , et
26 Th.W. Allen , Homer. The Origins and the Transmission , Oxford 1924 , la
thèse de Nietzsche a été confirmée par la découverte du papyrus Flinders - Petrie
XXV ( III", cf. 27 J.P. Mahaffy, The Flinders Petrie Papyri, vol. I , Cunningham
Memoirs VIII, Dublin 1891 ), qui montre que le récit du combat remonte au
moins à la période hellénistique, et par celle du Michigan -Papyrus 2754 (IIP ou
début IIIP , cf. 28 J.G. Winter, « A New Fragment on the Life of Homer » ,
TAPA 56, 1925 , p . 120-129) où l'on retrouve la fin du Certamen suivie d'un
épilogue avec l'indication facile à restituer < AAKI> AAMANTOE NEPI OMHPOY .
Les conclusions qu'on peut tirer de l'ensemble de ces données (la coïncidence
entre la citation du Mouseion par Stobée et le Certamen qui cite par ailleurs le
même Mouseion d'une part, le texte du Certamen transmis par le Laurentianus
LVI 1 , celui du papyrus Flinders -Petrie et la mention d'Alcidamas dans PMich.
2754 d'autre part) ont été contestées par 29 G.S. Kirk , « The Michigan
Alcidamas-Papyrus; Heraclitus Fr. 56 d ; the riddle of the lice » , CQ 44, 1950,
p. 151-160, et 30 E.R. Dodds, « The Alcidamas -Papyrus again » , CQ 2, 1952,
p . 187 s. , mais 31 M.L. West, « The Contest of Homer and Hesiod » , CQ 17 ,
106 ALCIDAMAS D'ÉLÉE
suivant encore ici Busse 34, suggère que le jugement de Panédès n'est pas une
erreur : Hésiode donnant comme échantillon de sa poésie un passage des Travaux
apparaît comme le poète de la paix face à Homère qui récite l'Iliade. Que Panédès
donne la victoire à la paix peut apparaître comme un écho du Messeniacos où
Alcidamas plaidait pour la paix contre la guerre ( cf. Aristote, Rhétorique II 23 ,
1397 a 11 ) . Le Mouseion s'offre ainsi comme le point de jonction des différentes
tendances présentes dans la production d'Alcidamas.
De même que le lepi ' Oueñpov mentionné par PMich. 2754 doit être considéré soit comme
un autre titre du Mouseion soit comme le titre d'une partie seulement de cet ouvrage (Vogt 32),
Sauppe 15 a fait l'hypothèse que l'Éloge de la mori attribué à Alcidamas par Cicéron (Tusc. I
48, 116) et Ménandre le Rhéteur ( Epid . III, p. 346, 9-18 Spengel) aurait fait partie du
Mouseion . La citation du Mouseion par Stobée dans son Anthologie apparaît en effet sous la
rubrique éyxbuiov Bavátou. L'indication de Cicéron , que cet éloge consistait en une énumé
ration des souffrances humaines, suppose cependant qu'il ne faitpas allusion au passage du
Certamen cité par Stobée et, par ailleurs, le caractère topique du propos mis dans la bouche
d'Homère fait mal comprendre que Ménandre range l'Éloge de la mort dans les « éloges
paradoxaux » ( éyxóuia napádoka ).
36 Fr. Solmsen , « Drei Rekonstruktionen zur antiken Rhetorik und Poetik .
I. Alkidamas » , Hermes 67 , 1932 , p . 133-144 ( repris dans R. Stark ( édit . ) ,
Rhetorika. Schriften zur aristotelischen und hellenistischen Rhetorik, Hildesheim
1968, p . 184-195 ) , a proposé de rapporter au Mouseion la totalité des fragments
d'Alcidamas cités par Aristote ( Rhet. III 3 ) . Auparavant, seuls certains
fragments avaient été interprétés comme relevant d'un éloge de la philosophie ou
de la culture ( Vahlen 16 , Blass 17 ) ou d'un ouvrage sur l'Odyssée (Vahlen 16) ,
ce qui pouvait faire penser au Mouseion tel que l'a reconstitué Nietzsche.
S'appuyant, à titre de comparaison, sur les citations du Panégyrique d'Isocrate (Rhet. III 9
11 ), Solmsen pense que les citations d’Alcidamas sont toutes extraites d'un même ouvrage, et
que l'ordre de leur apparition dans le texte d'Aristote respecte celui de leur succession dans
l'original. Cherchant une continuité thématique entre les fragments, il pense pouvoir identifier
un écrit protreptique sur la poésie, où en seraient successivement mises en valeur les deux
formes, épopée et tragédie, représentées par l'Odyssée et les premières tragédies d'Euripide. Le
Mouseion étant, à notre connaissance , le seul écrit d'Alcidamas qui touche à la poésie, Solmsen
suppose que les fragments cités par Aristote proviennent d'une introduction qui précédait la
partie où figuraient des anecdotes sur les grands poètes, dont le Certamen a conservé certaines.
Se rapprochant de l'opinion d’U. von Wilamowitz 25 plus que de celle de Nietzsche 23 sur
ce que le Certamen emprunte au Mouseion , il accentue par ailleurs l'importance d'Alcidamas
dans l'histoire de la poétique grecque, faisant de lui le promoteur de la théorie de la pinnois, par
rapport à laquelle Platon et Aristote auront tous deux à se situer.
Nietzsche 23 considérait que le titre complet de l'ouvrage n'est pas simple
ment Mouseion, forme sous laquelle il est mentionné par Stobée et l'auteur du
Certamen , mais l'expression citée par Aristote (Rhet. III 3 , 1406 a 24) , tò tñs
φύσεως μουσείον . Comme dans l'expression μουσεία λόγων , qui chez Platon
(Phèdre 267 b 10 ) semble désigner un ouvrage didactique de Polos d’Agrigente,
Hovociov aurait ici le sens d'école ”. Le Mouseion d'Alcidamas était donc un
manuel d'art oratoire, qui présentait en introduction l'éloquence de Gorgias à
travers l'art d'improviser prêté à Homère.
La critique d'Aristote, pour qui l'addition de rñs dúoews est pléonastique, implique de
l'entendre comme un génitif subjectif: école de la nature, c'est- à -dire du talent (« Schule des
Talentes ») , école où l'on forme les élèves, ce qu'on comprend déjà avec le seul mot d'école ” .
Vahlen 16 , tout en donnant le même sens à povolov, comprenait tñs qúoews comme un génitif
objectif : il se serait donc agi d'un ouvrage de science de la nature, peut-être le Quoixòv
108 ALCIDAMAS D'ÉLÉE
< 316210v > (ou QUOIKOG < aóyoc > ) mentionné par Diogène Laërce VIII 56. Mais, comme le
remarque Nietzsche 23, on ne comprend plus dans ce cas le blâme d'Aristote, et Vahlen est
d'ailleurs amené à corriger massivement, contre l'ensemble des manuscrits, le texte d'Aristote.
Nietzsche 23 propose la même identification avec l'ouvrage " physique” mentionné par
Diogène, mais c'est, à l'inverse, parce que le contenu rapporté par ce dernier (Empédocle aurait
été avec Zénon élève de Parménide, mais aurait ensuite écouté Anaxagore puis Pythagore ) aurait
plutôt sa place dans un ouvrage sur la rhétorique que dans un livre sur la nature .
Solmsen 36 trouve l'expression d'Aristote difficile à interpréter, mais ne reconnaît pas à
Hovociov d'autre sens que local : " jardin ", "école" ou " temple des Muses ". Il est suivi par
Vogt 32 (chez qui l'on trouve, p. 217 n . 68, une revue des interprétations antérieures), pour
qui la citation d'Aristote n'est pas la mention du titre de l'ouvrage : uovociov signifie “ séjour des
Muses, à savoir le lieu et l'école des arts qu'elles protègent »; l'expression est pléonastique,
parce que, pour un élève de Gorgias, il va de soi que ce séjour des Muses n'est autre que la
nature . Cette interprétation semble impliquer les corrections proposées par Vahlen .
M.L. West, enfin , qui ne considère que le seul terme mouseion et non la citation d'Aristote ,
le comprend comme désignation d'un lieu où l'on rassemble des livres : le titre Mouseion serait
l'équivalent de celui donné à leurs ouvrages par Diodore ou Apollodore: Bibliothèque ( cf. en
effet LSI, s.v. 3, qui cite D.L. IV 1 et Eunape, V. soph. IV 1 , 3 ; p . 6, 14 Giangrande, où
Longin est appelé une bibliothèque ambulante, nepinatoŨv Povociov, mais ce sont des textes
tardifs).
Diogène Laërce ( IX 54 ) et J. Tzetzès (Anecd. IV , p . 58 , 29-59, 4 Cramer ;
Hist . XII , 561-567 Leone) attribuent à Alcidamas une classification des
différentes sortes ou “qualités” ( åpetal) de discours, ce qui suggère l'existence
d'un écrit théorique sur l'éloquence (Brzoska 2) .
On attribue à Alcidamas un Éloge de Naïs ( Athénée XIII, 592 c) et un Éloge
de la mort (Ménandre le Rhéteur, ſepì ÉRIOEIXTIXÕV II 1 = Rhet. Gr. III, p. 346,
18 Spengel; cf. Cicéron , Tusc. I 48 , 116 et Tzetzès, Hist. XI, 737-744 Leone ).
37 F.M. Cornford, « Hermes, Pan , Logos », CQ3 , 1909, p . 281-284 , soutient
qu'Aristote (Rhet. II 24, 1401 a 13-24) emprunte trois exemples successifs d'homonymie à un
Éloge du chien ou du cynique dû à Alcidamas, et cite à l'appui le passage déjà cité de Ménandre
le Rhéteur. Celui-ci, dans la leçon éditée par Spengel, énumère en effet 'Anxidáuavtos TÒ TOŨ
θανατου εγκώμιον ή το της πενίας ή του Πρωτέως του κυνός. Alcidamas aurait dans ce cas ete
l'auteur non seulement d'un Éloge de la mort, mais d'un Éloge de la pauvreté et d'un Éloge de
Protée le chien ou le cynique. Avezzù 1 , p. XIX s. et T 14, tout en supposant qu'on n'a
affaire qu'à un seul éloge au titre double, « de la pauvreté ou de Protée » , retient l'interprétation
de Cornford, parce qu'elle lui permet de rapprocher la production d'Alcidamas de celle
d'Antisthène, dont le catalogue de Diogène Laërce (VI 17-18) mentionne un Protée et un Sur le
chien ou le cynique. Une telle interprétation du témoignage de Ménandre est cependant rejetée
par la plupart ( voir cependant 38 W. Schmid, Geschichte der griechischen Literatur 116, II,
p . 375) . Elle s'appuie en effet sur une leçon que les éditeurs postérieurs à Spengel ( cf.
C. Bursian , « Der Rhetor Menandros und seine Schriften » , ABAW XVI 3 , 1882 , p. 46 ;
D.A. Russell & N.G. Wilson , Menander Rhetor, edited with transl. and comm. , Oxford
1981 , p. 249) tiennent pour fautive (cf. Brzoska 2, col. 1537) : ils suppriment les mots Ħ TOŨ
devantMpwtéws,insuffisamment attestés ; la phrase de Ménandre offre alors une symétrie en
chiasme entre l'Éloge de la mort attribué à Alcidamas, et un Éloge de la pauvreté, d'un certain
Protée le chien ou plus probablement le cynique. Spengel lui-même, qui éditait la leçon
conservée par Cornford et Avezzù , n’attribuait à Alcidamas, outre l'Éloge de la mort, que celui
de la pauvreté, et comprenait Mpwteús comme le nom de l'auteur d'un Éloge du chien (Rhet.Gr.
III , Index auctorum s.v. « Protei» ). On identifie généralement ce Protée avec le cynique
Pérégrinus, qui s'était donné à lui-même ce surnom et dontparle Lucien (De morte Peregr. 1), et
qui faisait peut-être aussi le sujet d'un écrit du premier Philostrate mentionné par la Souda,
TIPWTEÙS KÚwv ñ copiotńs ( cf. Bursian , op . cit. , p. 23 ; R. Hirzel, Der Dialog, Leipzig 1895,
t. II, p . 340 n. 1 ; M.-O. Goulet - Cazé, L'ascèse cynique, Paris 1986, p. 239).
ALCIDAMAS D'ÉLÉE 109
89 ALCIMAQUE DE PAROS ya ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique,
V. pyth . 36, 267; p. 145 , 4 Deubner.
BRUNO CENTRONE .
90 ALCIMOS RE 18 MF IV
A. Diogène Laërce III 9-17 cite longuement des extraits du premier des
quatre livres Mpós 'Anúvtav d'un certain Alcimos. Cet auteur y démontrait
« dans les quatre livres » (D.L. III 17) par divers rapprochements l'utilisation du
comique Épicharme par Platon. D'autres allusions au fr. 1 , apparemment indé
pendantes de la démonstration d’Alcimos, montrent pour le moins qu'Alcimos
n'a pas inventé les passages qu'il cite. Le fait que les citations ne correspondent
pas de très près aux idées platoniciennes évoquées interdit également de n'y voir
que des morceaux inventés de toutes pièces par Alcimos pour soutenir sa thèse .
L'authenticité de ces fragments d'Épicharme est généralement contestée et l'existence d'une
littérature pseudo - épicharmienne était déjà connue d'Aristoxène au IVe s. av.J.-C. (DK 23 A
10) . Elle est cependant aco tée par Diels, moins pour les nents 1-2 et 4-5 (« Von
den ... Fragmenten erscheinen nach Inhalt, Form , Stil und Sprache einwandfrei B 1-5 ») .
L'intérêt philosophique d'Épicharme était également reconnu par les stoïciens: Chrysippe ( SVF
II 762), selon Plutarque, retrouvait chez ce poète o nepi aŮehoews Nóyos (DK 23 B 1 ).
Plus que les citations d'Épicharme, c'est la présentation par Alcimos des
arguments platoniciens en faveur de l'existence des Idées qui mérite considé
ration. 1 H.J. Krämer, « Die Ältere Akademie » , dans GGP Antike 3 , 1983 ,
chap. I, § 7 , p. 134-139 [ avec bibliographie, p. 150) , voit dans ces passages des
témoignages sur une démonstration systématique de l'existence des Idées dans
l'Académie ( Akademische Ideenbeweise ) et il les rapproche de Métaphysique A
9,990 b 12-22 , M 4 , 1079 a 4-19, ainsi que des fragments du Tepi ideāv a'B '
d'Aristote ( édités par 2 W.D. Ross , Aristotelis fragmenta selecta, Oxford 1955 ,
p . 120-129 ; voir édition critique par 3 D. Harlfinger, dans W. Leszl, II 'De
ideis ' di Aristotele e la teoria platonica delle idee , coll. « Studi - Accad. Toscana
di Sc . e Lett. - La Colombaria » , 40 , Firenze 1975 , p. 22-39 ; avec trad. ital. de
Leszl, p. 43-50 ). Alcimos rapporte en effet en D.L. ITI 15 ce que dit Platon év tĩ
περί των ιδεών υπολήψει , ce qui ne definit pas clairement le contexte de cette
réflexion .
L'identité du destinataire ou de l'adversaire d'Alcimos est débattue. On pense généralement
à Amyntas d'Héraclée, un disciple de Platon ( également connu sous le nom Amyclas ou
Amyclos ). Jacoby ( p. 518, 7) considère que le caractère antiplatonicien de l'ouvrage interdit de
voir en Amyntas d'Héraclée le destinataire de l'ouvrage et propose plutôt Amyntas, le fils de
Perdiccas, mort en 336/5 (RE 15). Selon 4 M. Gigante, « Epicarmo, Pseudo-Epicarmo e
Platone », PP 8, 1953, p. 161-175, l'ouvrage ne serait pas une critique de Platon . L'argumen
tation n'a pas convaincu 5 A. Cassio , « Two Studies in Epicharmus and his influence », HSPh
89 , 1985, p. 43-45 , qui écrit : « it is highly probable that the Pros Amyntan was written by a
friend of Dionysius [dont Cassio rappellele Περί των ποιημάτων Επιχάρμου, attesté par la
Souda, A 1179] to disparage Plato in the eyes of a ( potential) adherent and admirer » .
ALCIMOS 111
Orateur grec repute (τον ρητορικόν " Αλκιμον , απάντων πρωτεύοντα των εν
tñ 'Exáðı öntópwv ), mentionné par D.L. II 114 parmi ceux que le mégarique
Stilpon attira auprès de lui et s'attacha comme disciples . Voir K. Döring, Die
Megariker , fr. 165 et p . 146 ; G. Giannantoni, Socraticorum reliquiae , t. I,
p . 110 ; R. Muller, Les Mégariques, p . 59 ; E. Schwartz, art. « Alkimos » 18 ,
RE 12, 1894 , col. 1543-1544.
< Alcimos le rhéteur fait l'objet d'un dialogue entre Stilpon et un interlocuteur
qui est peut-être Métroclès le cynique, dans POxy. 3655 , édité par D. Sedley dans
Helen M. Cockle , The Oxyrhynchus Papyri, coll. « Greco - Roman Memoirs »
72, London 1984. R.G.>
L'identification avec l'auteur du Mpós ' Auúvtav ou avec l'historien siciliote ( FGrHist 560)
n'est nullement impossible, mais ne repose que sur l’homonymie et la contemporanéité des
deux personnages.
ROBERT MULLER .
112 ALCINOOS
93 ALCINOOS DM II
Selon Philostrate ( V. soph. I 24 ; t. II, p. 40, 22-32 Kayser ), le sophiste Marc
de Byzance, qui vécut sous Hadrien et Antonin (voir 1 G.W. Bowersock [ édit . ) ,
Approaches to the Second Sophistic, University Park , Pennsylvania 1974 , p . 39,
et la bibliographie citée ), aurait comparé dans un de ses Entretiens (AlaNÉEE1C )
l'art du sophiste à l'arc -en - ciel pour la beauté et la variété de ses couleurs ;
certains attribuent à tort ce texte à « Alcinoos le stoïcien » , méconnaissant la
forme du discours et la vérité. La confusion dénoncée par Philostrate s'explique
facilement si le philosophe - apparemment inconnu par ailleurs – avait notam
ment composé des Entretiens.
114 ALCINOUS
94 ALCINOUS II ?
Philosophe, sans doute platonicien, réfuté, selon Photius, Bibl. cod. 48, t . I,
p . 33-34 Henry, dans un traité de « Josèphe » intitulé Tepi ToŨ navtóc ou ſepi
της του παντός αιτίας ou bien Περί της του παντός ουσίας , divisé en deux courts
traités (aoyídia ). « L'auteur y démontre que Platon se contredit. Il convainc
ALCIPPE D'ÉRÈSE 115
98 ALCMÉON DE CROTONE RE 6 M VI - V
Médecin et naturaliste, proche du pythagorisme.
Témoignages et fragments. 1 DK 24 ( 14 ) ; t . I , 210 , 12-216 , 9 ;
2 M. Timpanaro Cardini , Pitagorici. Testimonianze e frammenti, fasc . I ,
Firenze , 2e éd ., 1969, p. 118-153 ( Introduction , 118-120 ; traduction italienne et
commentaire, 118-153 ) . Ajouter: Jamblique , V. pyth . 104 (disciple de
Pythagore ); 267 ( catalogue des pythagoriciens) ; Galien, In Hipp. de nat. hom .
XV 5 et Théodoret, Graec. aff. cur. I 19 ( titre du livre d’Alcméon) ; Jean
Philopon , In De anim . I 2 ; p . 88 , 9-14 Hayduck (CAG XV , 1897 ) ; Schol. in
Alcib . I, 121 e (99 Greene ); Simplicius, In De anim . I 2 ; p . 32, 1-6 Hayduck
[CAG XI, 1882] (A. pythagoricien ). Traduction française des fragments et des
témoignages dans 3 Dumont, Présocratiques, p . 217-226 . Sur la possibilité
d'identifier d'autres fragments d'Alcméon , on consultera les études suivantes :
40. Musso, « Una nuova testimonianza su Alcmeone di Crotone » , Prometheus
1 , 1975 , p . 183-184 (= Pseudo - Antigone, Excerpta de rebus mirabilibus 88 :
Alcméon frappé de gale) ; 5 D. Lanza, « Un nuovo frammento di Alcmeone » ,
Maia 17 , 1965, p . 278-280 (= Schol. in Pind. Isthm . I 56 ; concerne l'épisté
mologie d'Alcméon ). Voir en outre 6 A. Patzer, « De Alcmaeonis Crotoniatae
apud Platonem vestigio » , WJA 9 , 1983 , p. 79-80 (Platon, Soph. 242 c - e , ferait
référence à Alcméon ).
Sources biographiques anciennes . D.L. VIII 83 cite la Mavrodann
iotopía de Favorinus ( fr. 74 Barigazzi). On trouve dans la liste des écrits
d'Aristote en D.L. V 25 un Mpoç tè ' Anxhalwvos.
École. Aristote , Métaph. 986 a (= A 3 ) distingue nettement Alcméon des py
thagoriciens, tout en signalant les coïncidences doctrinales. Jamblique, V. pyth.
104, en fait un auditeur du vieux Pythagore ( ainsi D.L. VIII 83 ). Simplicius, In
De anim. , p . 32 , 1-6 Hayduck, signale qu'Alcméon était considéré comme pytha
goricien par certains, mais non par Aristote. L'origine crotoniate , la chrono
logie, la table des oppositions font penser que de fait Alcméon était proche du
pythagorisme (cf. 7 W. Burkert, Weisheit und Wissenschaft. Studien zu
Pythagoras, Philolaos und Platon , Nürnberg 1962, p . 271 ) , même si Alcméon fut
certainement un penseur indépendant.
Chronologie et biographie . Le texte d'Aristote , Métaph . 986 a , qui
affirme qu'Alcméon était un jeune homme quand Pythagore était âgé est le fruit
d'une interpolation (cf. Burkert 7 , p . 43 n . 171 , p . 177 n . 12) . Malgré tout,
l'acmè d'Alcméon a été placée vers les années 500 " ( cf. 8 B.L. Van der Waerden,
Die Pythagoreer. Religiöse Bruderschaft und Schule der Wissenschaft,
München /Zürich 1979 , p. 76) . Nous ne savons presque rien de sa vie . Il était le
fils d'un certain Pirithos ( A 1 ) ou Périthos ( A 2) , renseignement emprunté au
début de son traité ( B 1 ) . Plusieurs témoignages le désignent principalement
ALEXANDER (APPIUS -) 117
BRUNO CENTRONE .
MICHEL NARCY.
10, avance pour Prov. la date de 30. Terian , à partir des désignations de Philon
comme homme d'âge, nourri de philosophie dès sa jeunesse ( Anim . 73 par ex. ),
du terminus post quem de 39-40 (ibid. 54 ), des parallèles avec Pline, datables de
48 (cf. note au § 13 ) et 47 (cf. note au $ 58 ), propose ca 50 pour Anim .: Ti . Jul.
Alexander, encore jeune (environ trente ans ), est déjà engagé dans la vie
publique.
Dans Prov. II, avec de nombreux parallèles aux thèses réfutées dans Prov. I
sans référence à Alexandre , les objections d'Alexandre portent sur les problèmes
posés par la rétribution divine, prospérité des méchants et souffrances des justes
( 3-44 ), puis sur les problèmes cosmologiques (45-97 ) : a) création du monde,
matière , incorporels, éléments ... (45-54 ); b) ordre du monde : là où il existe, il
s'explique mécaniquement, mais la confusion règne, du ciel à la terre (59-83 ) ;
c ) mal dans la nature : phénomènes atmosphériques, catastrophes, animaux et
plantes nuisibles, répartition inégale des ressources, incitation à l'intempérance
(85-97) .
Dans Anim. , le discours d'Alexandre affirme les devoirs de l'homme envers
les animaux. Chez eux sont présents le noyoc npo opixóc ( 12-15) et le lóyos
Év&iádetoç ( 16-71 ) : ils offrent des exemples de sagesse, autodidacte ou
enseignée, et de vertus - opóvnois , owopooúvn, áv & pela, 8ixaioCÚvn - , comme
des vices opposés.
Ici, comme là , Alexandre met en question les conceptions mosaïques de Dieu
créant et gouvernant le monde par sa Loi (Prov. II 113-116), pour l'homme « à
son image » (Anim . 16) , maître des animaux créés pour lui, conception que
Philon exprime ici en langage stoïcien . Dans Prov. II, Alexandre est finalement
représenté comme convaincu par Philon.
Terian 3, p . 29-30, voit dans les moments où Philon, dans Prov. II, Anim ., se
trouve en difficulté , se contredit, glisse sur certaines objections, en omet
d'autres, une preuve que les idées attribuées à Alexandre lui étaient chères. C'est
sans doute minimiser la part de l'affabulation dramatique, l'importance des
traditions philosophiques dans ces débats anciens , qui demeureront vivaces,
autour de la Providence et de l'intelligence animale.
En tout cas, si dans Anim . certaines distinctions utilisées par Alexandre ont
une résonance stoïcienne ( cf. Abyos npopopixos /év8160etoç : SVF II 135 par
exemple ) ou sont tombées dans la koinè philosophique, comme les quatre vertus
principales selon Platon (Rép. IV , 442 bd ), l'essentiel de ses arguments remonte
à la Nouvelle Académie ( cf. Tappe 13, p. 22-25 ; 49-59 ; Terian 3, p . 49-50). De
façon analogue, contre la thèse d'une source épicurienne pour l'argumentation
cosmologique de Prov. II (Wendland ), M. Hadas- Lebel 2, p. 59-67 , souligne les
rapprochements possibles avec Straton de Lampsaque et la Nouvelle Académie,
qui se réclame parfois de lui, comme d'Empédocle cité par Alexandre (Prov. II
60, 61 , 70, cf. 71 ) . Les arguments éthiques (Hadas -Lebel 2, p . 93-98 ), à la plus
longue histoire (cf. déjà Platon , Gorg. 468 e_479 e ; Lois 890 a ; Épicure,
fr. 390 Usener par ex. ) , peuvent être rapprochés de ceux d’un Carnéade
( cf. Cicéron , De nat. deor. III 79-86) .
MONIQUE ALEXANDRE.
ALEXANDROS 121
103 ALEXANDROS ?
Sur une base de l'Acropole d'Athènes (IG II 4262 ), Cyriaque d'Ancône avait
pu lire une épigramme où un disciple du nom de Théon célébrait son maître,
l'illustre Alexandros, ooping nyhtwp. Le texte ne permet pas d'en savoir davan
tage sur l'identité du personnage ni sur son époque. Peut-être est -il identique à
Alexandros du Phalère ou à l’Alexandros de l'Académie, comme le suppose
E. Bodnar (Cyriacus of Ancona, Bruxelles 1960, p . 174) .
Pour d'autres possibilités d'identification , voir les articles « Alexandros d'Aphrodisias» ,
« Alexandros de Damas» et « Alexandros Pèloplaton » .
BERNADETTE PUECH .
BERNADETTE PUECH .
Philosophe épicurien, ami de Plutarque, qui le met en scène dans les Quaest.
conv . III 2. C'est peut-être également à lui que le même auteur dédie le De
Herodoti malignitate. Rien n'autorise à l'assimiler au philosophe athénien
Alexandros de IG 1² 3819 , dont on ignore l'appartenance philosophique et
l'époque d'activité , ou au professeur Alexandros de IG II ? 3793, qui n'est pas
plus précisément daté et qui n'est pas nécessairement un philosophe. Son identi
fication avec un sophiste contemporain , T. Flavius Alexandros d'Hypata ( cf. FD
III 44 , 474, avec le commentaire de J. Pouilloux ), s'appuie sur des vraisem
blances assez convaincantes , mais elle n'est pas plus assurée.
BERNADETTE PUECH .
108 ALEXANDROS RE 91 DI
Philosophe péripatéticien , maître et ami de Marcus Licinius (RE 68 ) Crassus
Dives (ca 115-53). Plutarque, Crassus 3 , 6-7 : « On dit que Crassus était très
savant en histoire et connaissait un peu la philosophie, s'étant initié aux doctrines
d'Aristote, étude où il eut pour maître Alexandre , homme d'un caractère facile et
doux, comme le prouvent ses relations avec Crassus. Il serait en effet difficile de
dire s'il était plus pauvre au moment où il entra dans la maison de Crassus ou
après. Seul de ses amis, il l'accompagnait dans tous ses voyages , et il recevait
pour la route une couverture, que Crassus lui réclamait au retour » ( trad.
Chambry et Flacelière ). L'identification proposée par la RE avec Alexandre
Polyhistór se heurte au fait que ce dernier est toujours présenté comme gram
mairien et non comme philosophe, malgré un ou deux ouvrages d'intérêt philo
sophique. Cf. Susemihl, t. II, p . 356 n . 40 .
RICHARD GOULET.
faux devin ), mais l'existence de l'oracle, où intervenait Asclépios, sous les traits
d'un serpent, du nom de Glycon, rapporté de Pella en Macédoine ($ 6-7 , 12, 15),
est attestée par ailleurs, notamment par des pièces de monnaie. On lui fera une
place dans le présent répertoire d'abord parce que cet élève d'un médecin ou
magicien , disciple ( anonyme) et concitoyen d'Apollonius de Tyane ( 8 5 ) , se
présentait comme une réincarnation de Pythagore ($ 40 ; voir aussi $ 4 ) ; il
laissait souvent apparaître au cours des mystères qu'il avait institués sa cuisse
qu'il avait recouverte de cuir doré ( 40) . Cf. i Fr. Cumont, « Alexandre
d'Abonotichos et le néopythagorisme » , RHR 86 , 1922, p . 202-210 . D'autre
part, il accueillait comme des amis les disciples de Platon , de Chrysippe et de
Pythagore, parce qu'ils acceptaient la divination (§ 25), mais faisait exclure du
sanctuaire les épicuriens ( § 25 ) et les chrétiens, qui la combattaient ( $ 25; 38 ;
43 ) . Il organisa d'ailleurs sur l'agora un autodafé des Kupiai 86 € ai d'Épicure
( $ 47 ) et tenta de faire lapider un adversaire épicurien ( 8 44 ) . L'entreprise
d'Alexandre constitue également une fructueuse base de comparaison avec l'atti
tude des néoplatoniciens à l'égard des oracles et de la théurgie. L'ouvrage de
Lucien , d'un autre côté, témoigne de la survivance de l'idéal rationaliste épicu
rien et de la vénération qu'on continuait à éprouver à la fin du II° s. pour le
fondateur du Jardin (voir les notices sur Lucien , Celse qui aurait demandé à
Lucien d'écrire cet ouvrage, Lépidus d'Amastris, ainsi que sur un Épicurien
anonyme).
Principaux développements épicuriens: 8 8 ( tyrannie de l'espoir et de la crainte ), $ 25 ( éloge
d'Épicure « qui observa la nature des choses et quiseul vit la vérité qui est en elles ») , § 47
( éloge des Kupiai 86fai d'Épicure, « le plus beau des livres, qui contient en résumé les dogmes
de sa sagesse » et peut procurerà son lecteur « la paix, l'absence de trouble et la liberté en le
libérant des terreurs, des apparitions et des prodiges, des vaines espérances et des désirs exces
sifs, en instaurant au contraire le bon sens et la vérité et en purifiant véritablement leur pensée,
non pas par l'intermédiaire d'une torche, d'un oignon ( de mer) ou de quelque autre sottise, mais
grâce à la raison droite, à la vérité et à la franchise » ), $ 60 (la mort d'Alexandre ressemble à un
acte de la Providence, mais n'est en vérité qu’un effet du hasard ), § 61 ( défense d'Épicure,
« un homme sacré qui seul a vu , puis transmis, ce qui est le beau selon la vérité » , « le libéra
teur de tout homme qui vient dans sa fréquentation » ).
Comme Lucien emploie à propos de Marc- Aurèle l'expression deòs Mápxos
(8 48), on doit situer la composition de l'ouvrage après la mort de l'empereur en
180 .
Des monnaies d'Abonotique (' ABÚvou teixos ), portent, de Lucius Verus à
Trébonien Galle , le nouveau nom qu'Alexandre aurait fait donner à sa ville
natale (8 58) : lônopolis (de nos jours Ineboli). D'après Lucien , on aurait frappé
à la demande d'Alexandre une nouvelle monnaie portant sur une face l'image de
Glycon , le serpent divinatoire à figure humaine , et sur l'autre celle d'Alexandre
lui-même ( 8 58 ), lequel, descendant de Persée ($ 11 ), comme son homonyme,
Alexandre le Grand, était considéré comme un demi-dieu. Sur ces monnaies et
différents documents archéologiques ( statues du serpent Glycon à Athènes et à
Tomis, inscription mentionnant un fils de Glycon conçu peut- être dans les hiéro
gamies mises en scène par Alexandre , $ 39 , 42) qui confirment plusieurs détails,
jugés naguère invraisemblables, du récit de Lucien , voir 2 L. Robert, A travers
l'Asie mineure. Poètes et prosateurs, monnaies grecques, voyageurs et
géographie, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome »
124 ALEXANDROS D'AIGAI
SIMONE FOLLET.
D'autres informations sur Alexandre nous sont fournies par les biobiblio
graphes arabes ( Thillet 1 , p. XXXII-XXXV ) . Le détail le plus intéressant est la
mention , parmi les relations de Galien , notamment chez al-Mubaššir ( ca 1055 ) ,
d'Alexandre d'Aphrodise le Damascène « qui, à cette époque ( lors du séjour de
ALEXANDROS D'APHRODISIAS 127
Galien à Rome ), avait été jugé digne d'enseigner les sciences philosophiques
selon la doctrine péripatéticienne » ( Thillet 1 , p. XXXIV ). La source des passages
arabes en cause paraît être Galien lui-même qui, en deux endroits, évoque un
péripatéticien du nom d'Alexandre de Damas (RE 93 ) . L'un des ouvrages, le
Tepi ávatouixÕV éyxEiphoewv, ayant été écrit vers 177 , il s'agirait d'un person
nage antérieur à Alexandre d'environ une génération ( Thillet 1 , p. XXXVII) et
confondu avec lui par la tradition arabe. Voir la notice « Alexandros de
Damas » .
Cet Alexandre aurait« à l'époque (vūv ) été jugé digne de donner un enseignement public
sur les doctrines péripatéticiennes » (Galien , lepi avatouixwv éyxeuphoewv, t. II, p . 218 , 6-7
Kühn ). Cette dernière précision pourrait, selon Thillet 1, p. XL - XLI, avoir été ajoutée par Galien
lors de la révision de son ouvrage qui se serait poursuivie jusque sous les Sévères ( 193-199 );
Galien aurait alors confondu lenouveau professeur de philosophie péripatéticienne ( à Athè
nes ? ), (A. d’Aphrodise ), avec le philosophe homonyme qui avait suivi ses leçons à Rome vers
163 et enseigné au consulaire Flavius Boethus. Une telle confusion de la part de Galien qui
connaissait les deux philosophes pourra sembler peu vraisemblable. La question est fort
complexe et on se reportera à l'introduction de Thillet 1, p. XXXIII- XLIX , pour l'examen de tous
les détails de cette hypothèse.
<6 E. Voutyras (BOYTYPAL ), « 'Aplotovéans xal 'Anetav poc» , dans AMHTOE .
ΤΙΜΗΤΙΚΟΣ ΤΟΜΟΣ ΓΙΑ ΤΟΝ ΚΑΘΗΓΗΤΗ ΜΑΝΟΛΗ ΑΝΔΡΟΝΙΚΟ [ Melanges
M. Andronikos), t. I, Thessalonique 1987 , p . 179-185 et pl. 28 (en grec, avec résumé
allemand ), a récemment proposé de voir en Alexandre d'Aphrodise ou en Alexandre de Damas
le dédicant à Athènes d'un hermès d'Aristote , aujourd'hui acéphale ( IG 112 4261 ). La seconde
hypothèse nous paraît plus vraisemblable. Voir la notice « Alexandros de Damas ». SIMONE
FOLLET > .
Bibliographies. Thillet 1 , p . CXLIII -CLVIII ; 7 R.B. Todd (édit. ), Alexander
of Aphrodisias on Stoic physics. A Study of the De mixtione with preliminary
essays, text, translation and commentary, coll. « Philosophia Antiqua » 28 ,
Leiden 1976 , p. 254-263; 8 G. Movia , Alessandro di Afrodisia tra naturalismo e
misticismo, Padova 1970, p. 9-20. 9 R.W. Sharples, « Alexander of Aphro
disias : Scholasticism and Innovation », ANRW II 36 , 2, Berlin 1987 , p . 1176
1243 ( bibliographie : p. 1226-1243).
Euvres philosophiques. Il est peu d'auteurs anciens dont l'œuvre soit aussi
dispersée : tradition directe et indirecte, versions syriaques, arabes, hébraïques,
latines, de nombreux titres enfin , attestés par les biobibliographes arabes, mais
dont l'authenticité est parfois remise en question par les spécialistes... Les deux
plus récents tableaux se trouvent dans l'introduction de ? hillet 1 , p. LII -LXXIII, et
dans le Bericht de Sharples 9. 10 M. Steinschneider, Die arabischen Über
setzungen aus dem Griechischen , Graz 1960 ( réimpr. de 4 articles parus
respectivement en 1889, 1893 , 1896, 1891 ), signalait 22 titres $ ( 72 ), p. (131)
( 135 ). Une liste plus récente a été dressée par 11 A. Dietrich , « Die arabische
Version einer unbekannten Schrift des Alexander von Aphrodisias über die
Differentia specifica » , NAWG 1964, nº 2 , p. 85-148 (et 4 planches photogra
phiques), notamment p. 92-100 où sont réunis 30 titres ( numérotation rappelée
par le sigle D, plus loin ). Elle doit être complétée ou corrigée par 12 J. van Ess,
« Über einige neue Fragmente des Alexander von Aphrodisias und des Proklos
in arabischer Übersetzung», Isl 42, 1966, p. 148-168,qui ajoute 7 titres, p . 150
154 (numérotation rappelée par le sigle ve, plus loin ) et 13 H. Gätje, « Zur
arabischen Überlieferung des Alexander von Aphrodisias» , ZDMG 116 , 1966,
p . 255-278 . Voir aussi 14 P.W. Zimmermann et H.V.B. Brown, « Neue
128 ALEXANDROS D'APHRODISLAS
p. 10-11, 20-26 , et 31 J.L. Kraemer, Philosophy in the Renaissance of Islam . Abū Sulaymān
al-Sijistāni and his circle, coll. « Studies in Islamic Culture and History » 8, Leiden 1986, p. 83.
( 7 ) De interpretatione [2] : Fragments chez Ammonius.
Un fragment arabe ( notre n° 31 ) édité par Badawi 15, p. 31 , proviendrait, selon Zimmer
mann et Brown 14, p. 316 n° 4, de ce commentaire. Fārābi aurait eu indirectement connais
sance de ce dernier (Zimmermann 22, p. LXXXV -LXXXVI, C - CI, p. 61 n. 1 , 259 ).
Voir aussi 31bis H. Arens, Aristotle's theory of language and its tradition. Texts from 500
to 1750. Selection, translation and commentary by H.A., coll. « Amsterdam studies in the theory
and history of linguistic science. Series II - Studies in the history of linguistics » 29,
Amsterdam /Philadelphia 1984, index s.v. « Alexander of Aphrodisias» : traduction et
explication de Int. 16 a 1–17 a 7, et de huit commentaires de ce passage, dont certains se
réfèrent à Alexandre.
(8) Analytica priora II [3] : Attesté par Jean Philopon. ( Comp. ( 1 )] .
(9 ) Analytica posteriora [ 4 ] : Fragments chez Thémistius, Philopon et
Eustrate.
Cf. 32 P. Moraux , Le Commentaire d'Alexandre d’Aphrodise aux « Seconds Analytiques »
d'Aristote , coll. « Peripatoi » 13, Berlin 1979, VIII- 158 p. Les Arabes semblent n'avoir connu
le commentaire d'Alexandre qu'à travers les citations de Thémistius et Jean Philopon. Voir
33 H. Gätje et G. Schoeler, « Averroes' Schriften zur Logik. Der arabische Text der Zweiten
Analytiken im Grossen Kommentar des Averroes» , ZDMG 130, 1980, p. 565-566.
( 10) De sophisticis elenchis : Le commentaire publié par Wallies, CAG II 3 ,
1898 , n'est pas authentique ; il a été attribué par K. Praechter à Michel
d'Éphèse.
Une version grecque est attestée par la tradition arabe.
( 11 ) Physica [ 6 ] : Fragments chez Simplicius et Philopon.
Traduction arabe attestée : Endress 24 , p. 27 , 29, 37 , 38, Yaltkaya 26bis, p. XVII -XVIII,
92, Mehren 26ter, p. 402 n. 2, 34 G.A. Khan , « The Arabic Fragments in the Cambridge
Genizah Collections » , MME 1 , 1986, p. 59 n. 22, qui signale un fragment dans les
Collections de Cambridge de la Genizah du Caire.
34bis H. Davidson, « The principle that a finite body can contain only finite power », dans
S. Stein et R. Loewe ( édit .), Studies in Jewish religious and intellectual history presented to
A. Altmann, Alabama 1979, p. 77, n. y afférentes.
( 12 ) De caelo [ 7 ]: Fragments chez Simplicius et Philopon .
Traduction dans 35 R.W. Sharples, « Alexander of Aphrodisias. Problems about Possibi
lity II », BICS 30, 1983, p. 99-110. Une version arabe au moins partielle est attestée: voir
Endress 24, p. 29, Yaltkaya 26bis, p. XVII -XVIII, 92, Mehren 26ter, p. 402 n. 2.
( 13 ) De generatione et corruptione [8] : Fragments chez Philopon .
Traduction arabe attestée. Les fragments conservés dans le ms. Chester Beatty 3702, fol.
168V, ont été édités et traduits par 36 A.A. Ghorab, « The Greek Commentators on Aristotle
quoted in Al -` Amiri's “ as -sa'āda wa’l- Is'ād ” » , dans 37 S.M. Stern , A. Hourani et V. Brown
( édit.), Islamic philosophy and the classical tradition (Mélanges R. Walzer), London 1972,
p . 81-82. Voir aussi : le fragment (sur Aristote , De gen. et corr. 330 b 30-32, croyons-nous)
signalé dans 38 A. Dietrich , Medicinalia arabica. Studien über arabische medizinische Hand
schriften in türkischen und syrischen Bibliotheken, AAWG III. Folge, nº 66 , Göttingen 1966 ,
p. 181-182 ; les thèses attribuées à Alexandre par Averroès dans 39 S. Kurland ( trad .),
Averroes on Aristotle's De generatione et corruptione. Middle Commentary and Epitome,
translated from the original Arabic and the Hebrew and Latin versions, with notes and
introduction by S.K. , coll. « Corpus Commentariorum Averrois in Aristotelem , Versio
Anglica » IV 1-2, Cambridge (Mass.) 1958 , p. XV-XVI , 34-39, 74, 76-77, 117 , 137 ; une
remarque d'Ibn Sab'in , dans Yaltkaya 26bis , p. XVII -XVIII, 93, et Mehren 26ter , p. 403 n. 2.
Un texte arabe d'Alexandre (D 19), transmis également dans la version latine de Gérard de
ALEXANDROS D'APHRODISIAS 131
( 16 ) lepi yuxñs ( De anima) [ 10] : Ivo Bruns, Suppl. Arist., II 1 , 1887 , p. 1-100 .
Cf. 43 A.P. Fotinis ( trad . ), The « De anima » of Alexander of Aphrodisias : a translation
and commentary , Ph.D. Marquette University, 1978, 356 p. Traduction arabe attestée:
Gätje 41 , p. 69-70 . 44 A. Günsz, Die Abhandlung Alexanders von Aphrodisias über den
Intellekt. Aus handschriftlichen Quellen zum ersten Male herausgegeben und durch die
Abhandlung " Die Naslehre Alexanders von Aphrodisias und ihr Einfluss auf die arabisch
jūdische Philosophie des Mittelalters " , eingeleitet, Diss. Berlin 1886, 42 et 16 p. , édite une
partie de la traduction hébraïque faite sur l'arabe. Celle -ci a d'ailleurs été utilisée pour l'établis
sement de l'édition Bruns, où l'on trouvera , de plus, la traduction (par Steinschneider) de
nombreux passages de la version hébraïque. Voir en outre 45 P. Donini, « Aristotelismo e
indeterminismo in Alessandro di Afrodisia » , dans Wiesner 29 , p. 72-89 ; et 46 H.A.
Davidson, « Alfarabi and Avicenna on the Active Intellect» , Viator 3, 1972, p. 109-178.
( 17 ) Tepi elpappévns (De fato ) : Ivo Bruns, Suppl. Arist. , II 2, 1892, p. 164
212 .
Éditions plus récentes : Thillet 1 , p. 1-76 ; 47 R.W. Sharples ( édit. et trad . ), Alexander of
Aphrodisias, On Fate , London 1983. Compte rendu par 48 J. Dillon , JHS 105, 1985, p. 195
196. Voir aussi 49 Dorothea Frede, « Could Paris (son of Priam ) have chosen otherwise ?
A discussion of R.W. Sharples, Alexander of Aphrodisias : de Fato », OSAPh 2, 1984,
p. 279-292, et la réponse : 49a R.W. Sharples, « Could Alexander ( Follower of Aristotle)
have done better ? A Response to Professor Frede and others» , OSAPh 5 , 1987 , p. 187-216.
La version latine anonyme [Guillaume de Moerbeke ?) a été éditée par 50 P. Thillet ( édit. ),
Alexandre d'Aphrodise, De fato ad imperatores, Paris 1963. Sur l'importance de cette
traduction pour l'établissement du texte, voir 51 id ., « Éléments pour l'histoire du texte du De
Fato d'Alexandre d'Aphrodise », RHT 12-13, 1982-1983, p. 13-56. 52 P.L. Donini, « Il “ De
Fato ” di Alessandro . Questioni di coerenza » , ANRW II 36, 2, Berlin 1987, p. 1244-1259.
Voir aussi Vuillemin 23bis.
( 18) Hepi uitews ( De mixtione) ou plutôt: Hepi xpágewç xai aŭEńoews : Ivo
Bruns, Suppl. Arist., II 2 , 1892, p. 213-238 .
132 ALEXANDROS D’APHRODISIAS
Édition plus récente : R.B. Todd ( édit.) 7, Alexander of Aphrodisias on Stoic physics.
A Study of the De mixtione withpreliminary essays, text, translation and commentary, coll.
« Philosophia Antiqua » 28, Leiden 1976, XIV-272 p. (I : Introduction, p. 1-20 ; II : « A. of
A.and the Stoic theory of total blending », p. 21-88 ; III: « The De mixtione », p. 90-253 ;
Bibliographie : p. 254-263. La troisième partie comprend notamment une introduction, une
analyse du traité, le texte ( celui de Bruns, amendé ), une traduction anglaise et un commentaire ).
Voir également 53 E. Montanari, « Per un'edizione del lepi xpacewç di Alessandro di
Afrodisia » , AATC 36, 1971 , p. 17-58.
( 19) Ovoixőv oxol1( x )āv ánoptāv xal aúoewV B162ía y ' (69 questions): Ivo
Bruns, Suppl. Arist ., II 2 , 1892, p . 1-116.
Quaest. II 4, II 5, et III 13, sont aussi éditées dans Sharples 47. Traductions: Quaest. I 4,
dans 54 R.W. Sharples, « An Ancient Dialogue on Possibility ; Alexander of Aphrodisias,
Quaestio I. 4 », AGPh 64, 1982, p. 23-38; Quaest. I 18, dans Sharples 35 ; Quaest. I 19, dans
Sharples 20 ; Quaest. I 23 , dans Sharples 35 ; Quaest. II 4, dans Sharples 47 ; Quaest. II 5,
dans Sharples 47; Quaest. II 12, dans 55 R.B. Todd, « Alexander of Aphrodisias and the
Alexandrian Questiones II. 12 », Philologus 116, 1972, p. 293-305 ; Quaest. II 15 (conservé
aussi en arabe : voir infra Quaest. e), dans Sharples 20 ; Quaest. II 20, dans Sharples 35 ;
Quaest. II 22, dans 56 R.W. Sharples, « If what is earlier, then of necessity what is later ?
Some ancient discussions of Aristotle, De generatione etcorruptione 2. 11 », BICS 26, 1979,
p. 27-44 ; Quaest. III 5, dans Sharples 56 ; Quaest. III 11 , dans 57 R.B. Todd, « Alexander of
Aphrodisias on De Interpretatione 16 a 26-29 », Hermes 104, 1976, p. 140-146 ; extraits de
Quaest. III 12, dans 58 R.B. Todd, « Alexander of Aphrodisias and the Case for the Infinite
Universe (Quaestiones III . 12) », Eranos 82 , 1984 , p . 185-193 ; Quaest . III 13 , dans
Sharples 47 .
Plusieurs quaestiones sont également conservées en version arabe :
(a) Traité d'Alexandre d’Aphrodise : des choses communes et universelles, qu'elles ne sont
pas des essences existantes D 17 = Quaest. I 11a ( 38 : peut-être identique à 29a, voir infra,
notre n° 53) . Édité et traduit dans 59 H.-J. Ruland, Zwei arabische Fassungen der Abhandlung
des Alexander von Aphrodisias über die universalia ( Quaestio I 11 a), NAWG 1979, Nr 10, 32
p. et deux planches photographiques. Il existe par ailleurs une autre version arabe de ce texte
d'Alexandre : voir infra Quaest. c.
( b) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : que la croissance et l'accroissement se produisent
dans la forme et non dans la matière D 19 = Quaest. I 5. Édité par Badawi 15, p. 51-52 ; édité et
traduit dans 60 H.-J. Ruland, Die arabische Übersetzung der Schrift des Alexander von
Aphrodisias über das Wachstum , NAWG 1981 , Nr 2, 24 p. et deux planches photographiques.
Dietrich présentait ce texte comme un extrait du commentaire sur De gen. et corr. I 5. Version
latine éditée dans Théry 40, p. 99-100, et Ruland 60.
(c) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : que le vivant universel ou bien n'est rien , ou bien sa
génération est postérieure (sur Aristote,De anima I 1 , 402 6 7] D 3 = Quaest .I 11a. Édité par
61 A. Badawi, Aristū 'inda 'l-'Arab, coll. « Dirāsāt islāmiyya » 5 , Le Caire 1947 ( réimpr.
Beyrouth 1978), p. 279, 16–280. Traduit par Badawi 16 , p. 155, 27–156. Ce traité a été
toutefois plus clairement identifié dans l'édition et la traduction de Ruland 59. Il existe une autre
version arabe de ce texte d'Alexandre ( voir Quaest. a). Voir en outre 62 M.M. Tweedale,
« Alexander of Aphrodisias' Views on Universals », Phronesis 29, 1984, p. 279-303 .
(d) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : que celui qui éprouve du plaisir peut en même temps
devenir triste, selon l'opinion d'Aristote D 5 = Quaest. I 12. Édité par Badawi61 , p . 283,
traduit par Badawi 16, p. 159-160.
(e) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : qu'une même puissance peut recevoir les contraires
ensemble, selon l'opinion d'Aristote D 6 [35 ] = Quaest. II 15. Édité par Badawi 61 , p. 284
285 , traduit par Badawi 16, p. 161-162.
( f) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : que l'engendré, quand il < change à partir de sa
privation > , change aussi en même temps à partir de son contraire, selon l'opinion d'Aristote
D 7 = Quaest. II 11. Édité par Badawi 61, p. 286-288 , traduit par Badawi 16, p. 163-164.
ALEXANDROS D’APHRODISIAS 133
( 21 ) De anima liber alter, également appelé Mantissa : Ivo Bruns, Suppl. Arist.,
Π 1 , 1887 , p. 101-186.
Vingt - cing ( ou vingt-sept, si l'on divise comme le ms . V le Περί νου en trois)
courts traités attribués à Alexandre. L'authenticité de plusieurs traités a été
contestée .
1. Περί ψυχής, 101 , 1-106 , 17.
2. Περί νού , 106 , 18-113, 24.
3. " Ότι ασώματος ή ψυχή, 113, 25-118 , 4 .
4. " Οτι πλείους αι της ψυχής δυνάμεις και ου μία , 118, 5-119, 19.
5. " Οτι ουκ εν υποκειμένω η ψυχή , 119, 20-122 , 15.
6. “ Ότι αι ποιότητες ου σώματα , 122, 16-125 , 4.
7. Προς τους μηδέν των τεττάρων σωμάτων και στοιχεία λέγομεν κατ ' ιδίαν υφίστασθαι
λέγοντας , 125, 5-126 , 24 .
8. “ Ότι ο αήρ φύσει θερμός , 126, 24-127 , 26.
9. Προς τους δι ’ ακτίνων λέγοντας γίνεσθαι το οράν, 127 , 27-130, 12 .
10. Προς τους διά της του αέρος συνεντάσεως το οράν ποιoύντας , 130 , 13-134 , 27.
11. Προς τους διά της των ειδώλων έμπτώσεως το οράν λέγοντας γίνεσθαι, 134 , 27-136,
28 .
12. Προς τους διά της απορροίας της απ' αμφοίν το οράν λέγοντας, 136 , 29-138 , 2.
13. "Οτι μη σώμα το φώς , 138, 3-139 , 28 .
14. " Οτι σώμα διά σώματος αδύνατον διήκειν , 139, 29-141, 28 .
15. Πώς κατά 'Αριστοτέλη το οράν γίνεται , 141, 29-147 , 25 .
16. " Ότι το χρώμα πέρας του διαφανούς , 147 , 26-150 , 18.
17. Τών παρά 'Αριστοτέλους περί του πρώτου οικείου, 150, 19-153 , 27 .
18. "Ότι αντακολουθούσιν αι αρεται , 153, 28-156 , 27 .
19. “ Ότι φύσει το δίκαιον , 156, 28-159, 14.
20. " Οτι ουκ αυτάρκης η αρετή πρός ευδαιμονίαν, 159 , 15-168 , 20 .
21. “ Ότι μή έτερον τώ είδει το θήλυ και το άρρεν , 168, 21-169, 32.
22. Tών παρά 'Αριστοτέλους περί του εφ ' ημίν (1 ) , 169 , 33-172 , 15.
23. Tών παρά 'Αριστοτέλους περί του εφ ' ημίν (ΙΙ ), 172, 16-175 , 32.
24. Περί τύχης, 176, 1-179, 23 .
25. Περί ειμαρμένης , 179, 24-186 , 31 .
Traduction du traité 2: 69 P. Moraux , Alexandre d'Aphrodise : Exégète de la noétique
d'Aristote, coll. « Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège »
99 , Liege/ Paris 1942, p . 185-194. Édition et traduction des traités 22-25 (p. 169 , 33-186, 31
Bruns) dans Sharples 9. Le traité 22 avait déjà été traduit et commenté dans 70 R.W. Sharples,
« Responsability, chance and not-being (Alexander of Aphrodisias mantissa 169-172) », BICS
22 , 1975 , p. 37-64.
Les versions arabes sont « utiles en certains cas à l'émendation du texte grec » .
Voir Thillet 1 , p . LXV n . 3 .
(a) Traité d'Alexandre d'Aphrodise sur l'intellect selon l'opinion d'Aristote D 21 [24] =
Mantissa, p . 106 , 18–113 , 24 Bruns (nº 2) . Édition de la version arabe : 71 J. Finnegan,
« Texte arabe du Περί νού d ' Alexandre d' Aphrodise », MUSI 33 , 1956, p. 157-202; Badawi
15 , p. 31-42 . Version latine : Thery 40, p. 74-82. Voir en outre Daiber 65 , p. 30, n° 28 ;
Davidson 46 ; 72 J. Jolivet, L'intellect selon Kindi, coll. « Publications de la Fondation De
Goeje » 22, Leiden 1971 , index, p. 165, s.v. « Alexandre d'Aphrodise » ; 73 R. Mach , Cata
logue ofArabic Manuscripts (Yahuda section ) in the Garrett Collection. Princeton University
Library, Index by R.D. McChesney, Princeton, New Jersey 1977, p. 255 , n° 2992.
ALEXANDROS D’APHRODISIAS 135
(b ) Traité d'Alexandre d’Aphrodise : réfutation de ceux qui disent que la vision se fait par
des rayons venant de l'ail D 13 (mais Dietrich confond ce traité avec Mantissa, p. 141-147 :
infra c. Voir Gätje 41, p. 141 ) ( 15) = Mantissa , p. 127 , 27-130 , 12 (n° 9). Édité par Badawi
15 , p. 26-30 .
(c) Traité d'Alexandre d'Aphrodise sur la manière dont se fait la vision selon la doctrine
d'Aristote = Mantissa, p . 141-147 (nº 15) (à distinguer de Mantissa, p. 127 , 27–130, 12
(supra b ) ]. Édité et traduit dans Gätje 41, 174 p., surtout p. 140-174.
( d ) Traité d'Alexandre sur la capacité D 25 (31 ) = Mantissa, p. 172-175 (n° 23). Édition
partielle par Badawi 15, p. 80-82. Édition et traduction dans 74 H.-J. Ruland, Die arabischen
Fassungen von zwei Schriften des Alexander von Aphrodisias. Über die Vorsehung und über
das liberum arbitrium , Diss. Saarbrücken 1976 , 236 p. Voir en outre Kraemer 31, p. 296
n . 73 .
(e) Que les qualités ne sont pas des corps ( 30 ; Sharples 9, p. 1197, a , par erreur, 31 ) . Cf.
Mantissa, p. 122, 16–125, 4 (n° 6 ). Seul le titre est conservé en IAU.
(57 ) Que l'être n'est pas homogène aux (ou ( selon une excellente conjecture de
F.W. Zimmermann rapportée dans Sharples 9 , p . 1197 ) le genre des) dix
catégories (Fihrist, II 609 Dodge ).
(58 ) Réfutation de ( l'enseignement de) Galien sur le temps et le lieu ( Fihrist, II
609 Dodge ). Peut -être notre n° 23 ou notre n° 45 : voir supra .
100 R. Walzer ( édit. et trad .), Al- Farabi on the perfect state . Abū Nasr al
Fārābi's Mabādi' ārā ' ahl al-madina al- făţila. A revised text with introduction ,
translation and commentary, Oxford 1985 , p . 333 , 413-420 ( surtout p . 419) ,
retrouve, en outre, dans la tradition arabe, les traces d'ouvrages perdus attribués ,
à tort ou à raison , à Alexandre . Sur les limites de la méthode de Walzer, voir le
c.r. de 101 J. Jolivet, BCAI 4, 1987 , p . 100-103, ainsi que 102 H. Daiber,
« Prophetie und Ethik bei Fārābi (gest. 339/950 ) », dans C. Wenin (édit. ),
L'homme et son univers au Moyen Age. Actes du Septième Congrès international
de philosophie médiévale (30 août - 4 septembre 1982 ) , coll. « Philosophes
médiévaux » 27 , Louvain - La -Neuve 1986, p. 729-753 ; 103 id. , « The ruler as
philosopher. A new interpretation of al-Fārābi's view » , MALKAW Nieuwe
Reeks 49, 1986 , p. 133-149.
PATRICK ROBIANO .
soixante ans ou moins, « chez les Celtes », encore secrétaire impérial, ou en Italie
après avoir cessé d'exercer cette fonction, laissant un fils ou une fille.
On peut rapporter à cet Alexandros avec une certaine vraisemblance plusieurs
autres témoignages. D'après Philostrate (V. soph. II 9, 3) , Aelius Aristide aurait
reproché à un Alexandros d'avoir hérité de l'habileté en affaires de son père et
dit – familièrement - qu'il était bien le fils de son père. Quand Michel Italikos ,
dans un discours improvisé à Irène Doukaina, épouse d'Alexis I" Commène
( 1081-1118 ), évoque l'âge d'or de la seconde sophistique avec « les Scopéliens et
les Nikétès, les Alexandros et les Dions » (Lettres et discours, éd. P. Gautier,
Paris 1972 , p. 147 , où il faut rectifier l'identification d'Alexandre ), il doit penser
à cet Alexandre. L'atticiste Phrynichos (Praep. soph ., s.v. vléa et 818ýn , nº 234 ,
p . 84 , et n° 324, p. 120 Fischer) cite deux fois des lettres du « sophiste syrien
Alexandre » – sans doute le nôtre, malgré la légère inexactitude géographique.
Marc - Aurèle (I 1 , 12) évoque aussi « Alexandre le platonicien » , qui lui aurait
appris, dans ses propos et dans ses lettres , à ne pas toujours prétexter être trop
occupé pour se dérober à ses devoirs sociaux : l'allusion aux lettres est généra
lement tenue pour un indice favorable à l'identification ( voir l'édition commen
tée d'A.S.L. Farquharson , t. II, Oxford 1968, p. 456) . On pourrait aussi rappro
cher l'hermès élevé à Athènes par un disciple nommé Alexandros « au divin
Alexandros, son maître » , surtout si , avec U. von Wilamowitz et J. Kirchner
(voir le commentaire d’IG II 3819 ), on voit dans l'expression & doeï pécow du
distique qui s'y trouve gravé une allusion à l'Académie ; mais il peut s'agir aussi
d'Alexandros , fils de Maron , du Phalère, maître honoré par ses disciples à
Athènes ( IG II ? 3793 ) .
Philostrate cite plusieurs déclamations d’Alexandros Peloplaton, notamment un éloge des
Scythes et de la vie nomade, remarquables pour leur art de la variatio (voir sur ce point
5 B.P. Reardon , Courants littéraires grecs des lie et IIIe siècles ap . J.-C. , coll . « Annales
littéraires de l'Université de Nantes » 3 , Paris 1971 , p. 109-110 ; 6 D.A. Russell, Greek
Declamation , Cambridge 1983, p. 84-86 ; 7 W. Ameling, Herodes Atticus, I. Biographie, coll.
« Subsidia epigraphica » 11 , Hildesheim /Zürich /New York 1983, p. 133-135). Si l'allusion de
Phrynichos (voir supra) se rapporte bien à lui, il aurait aussi écrit des lettres.
Comme son maître Favorinus, il a pu être à la fois sophiste et philosophe
platonicien, ce qui permet de rapprocher le passage de Marc - Aurèle cité supra .
Son sumom donne une indication qui paraît aller dans le même sens ( 8 A. Birley ,
Marcus Aurelius, London 1966, p . 252, le présente comme « an expert on
Plato » ) , bien que 9 J. Glucker (Antiochus, p . 136-137 ) y voie un simple jeu de
mots : nno-náttwv, « qui façonne la boue » .
Cf. 10 W. Schmid , art. « Alexandros> 98 , RE I 2, 1894 , col . 1459 ;
11 K. Gerth , art. « Zweite Sophistik » , RESuppl. VIII, 1956, n° 11 , col. 735 ;
12 A. Stein , PIR ? I , 1933 , A 503 , p . 85 ; 13 G. Anderson , Philostratus .
Biography and Belles Lettres in the third century A.D. , London 1986, p . 25 , 27 ,
35 , 46 , 49-52, 58 , 61 , 68 , 82-85 , 90-91 , 112-113 , 129 , 146 ; et les études citées
plus haut.
SIMONE FOLLET.
BERNADETTE PUECH .
124 ALEXICRATÈS RE 3 I
26 ALINUS ( ALLINUS)
L'identité de ce personnage , cité par les biobibliographes et certains auteurs
arabes parmi les commentateurs d'Aristote, demeure encore incertaine. Un pre
mier inventaire détaillé des sources qui mentionnent l'auteur, les commentaires
et les propos qui lui sont attribués est fourni par 1 F. Rosenthal, « A Commen
tator of Aristotle » , dans S.M. Stern , A. Hourani et V. Brown (édit .), Islamic
Philosophy and the Classical Tradition , coll. « Oriental Studies» 5 , Oxford
1972, p. 737-749. 2 Ibn Abi Uşaybi'a , 'Uyūn al-anbā ' fi tabaqāt al-aţibbā ', t. I,
p. 323 Müller, l'identifie sous le nom d'Alīnūs al-Iskandarāni (l'Alexandrin ).
Dans les notes marginales à la traduction arabe de l’Isagoge du Parisinus 2346,
al -Hasan ibn Suwār ( +1017) l'associe à un « groupe d'Alexandrins » ; voir
3 ' A. Badawi (édit . ) , Manțiq Aristū , Le Caire 1952, t . III, p. 1037 n . 1 .
Enfin , dans son commentaire d'Isag., le philosophe et théologien nestorien , Abū
l -Farağ ibn al- Țayyib (+1043 ) , le range dans « le groupe des Alexandrins »
(al- ' işāba al-iskandarāniyya) à la suite de Yūḥannā (Jean) (Philopon [ ?] ) et
d'Olympiodore ; voir 4 K. Gyekye (édit . ) , Ibn al- Tayyib's Commentary on
Porphyry's Eisagoge, coll . « Recherches, Nouvelle Série , B. Orient Chré
tien » 2 , Beyrouth 1975 , p . 96 , 5-6 ; le passage est traduit dans 5 id ., Arabic
Logic . Ibn al-Tayyib's Commentary on Porphyry's Eisagoge, coll. « Studies in
Islamic philosophy and science » , Albany 1979, p . 79 , li . 30. La place d'Alīnūs
correspondrait ainsi à celle d'Élias , présumé disciple immédiat d'Olympiodore;
cf. 6 R. Vancourt, Les derniers commentateurs alexandrins d'Aristote, l'École
d'Olympiodore, coll. « Mémoires et travaux publiés par les Professeurs des
Facultés Catholiques de Lille » fasc . I, II, Lille 1941 , p . 6-7 ; 7 H.D. Saffrey ,
« Le chrétien J. Philopon et la survivance de l'École d'Alexandrie au vre
siècle » , REG 67 , 1954, p . 408-410 . L'identification à Élias a été proposée par
8 A.F. Al- Ahwani (édit . ) , Isagoge , traduit par Abu Osman al- Dimichki, Vie
de Porphyre et texte établi par Ahmed Fouad Al-Ahwani , Le Caire 1952,
p. 64 n. 4. Refusée par 9 R. Walzer, « New Light on the Arabic Translations
of Aristotle » , Oriens 6 , 1953 , p. 100 , reimpr. dans 10 id. , Greek into Arabic,
Essays on Islamic Philosophy, coll. « Oriental Studies » 1 , Oxford 1962 , p . 69 ,
et par Rosenthal 1 , p . 338 , elle est cependant de nouveau suggérée par
Gyekye 4 , p . XXVI n . 13 , p . 96 , 5-6 .
152 ALINUS
Une première difficulté pour identifier cet auteur tient aux différentes
translittérations ( au moins cinq) du nom grec qui apparaissent dans les sources
arabes :
128 ALYPIUS IV - V
Compagnon d'Augustin , il partagea intimement les vicissitudes de son itiné
raire spirituel, y compris ses recherches philosophiques. Avec un autre ami,
Nébridius, ils discutèrent notamment de finibus bonorum et malorum (Conf. VI
16 , 26 ).
Fin 376, Alypius participa aux entretiens de Cassiciacum rapportés dans le
Contra Academicos et le De ordine. Il s'y chargea de défendre le scepticisme
académicien. On peut raisonnablement penser qu'il tint réellement les propos qui
lui sont attribués; mais c'est un rôle qui n'implique pas qu'il fût véritablement
sceptique.
Alypius suivit Augustin dans la retraite de Thagaste, où la vie communautaire
avait peut -être encore quelques traits de l'otium classique. Mais si Alypius est
bien , selon l'hypothèse de Luc Verheijen (La Règle de saint Augustin, t. II, Paris
1967, p. 156-174), l'auteur de l'Ordo monasterii, ces traits furent remplacés par
des pratiques d'ascèse monastique sans plus d'incidences philosophiques.
Dans l'activité pastorale d'Alypius évêque, telle qu'on la connaît, il n'est rien
qui relève de la philosophie.
Alypius a bénéficié de deux notices fort détaillées dans PCBE I, p. 53-65 , et
dans AugLex I, col. 245-267.
GOULVEN MADEC .
Alypius mourut à un âge avancé dans sa ville natale d'Alexandrie ( p. 17, 2-3).
RICHARD GOULET.
131 A M
[ ARANTEUS MF III
Stoïcien , disciple de Chrysippe, mentionné dans l'Ind. Stoic. Herc., col .
XLVII, 1-2 (p . 64 Traversa): ' A (uapa ] Vteú [s ( fr. 160 Hülser ). Cette reconsti
tution n'est peut-être pas la seule possible ...
RICHARD GOULET.
vol . 239 : Apologie de David ( P. Hadot - M . Cordier). Dans la CUP est parue en
1984 une édition du premier livre du De Officiis (M. Testard ).
Le seizième centenaire de l'élection épiscopale d'Ambroise a suscité des
travaux collectifs où l'on peut trouver les états des diverses questions ambro
siennes : 8 Ambroise de Milan XVI centenaire de son élection épiscopale. Dix
études rassemblées par Y.-M. Duval, Paris 1974 ; 9 Ambrosius episcopus. Atti
del Congresso internazionale di studi ambrosiani nel XVI centenario della eleva
zione di sant'Ambrogio alla cattedra episcopale, Milano 2-7 dicembre 1974,
Milano 1976 ; 10 Cento anni di bibliografia ambrosiana ( 1874-1974 ), Milano
1981 .
Au moment de son élection à l'épiscopat, l'un des stratagèmes qu'Ambroise
imagina pour échapper à cette charge fut de « philosophiam profiteri » (Paulin,
Vita 7). Selon Courcelle 4, p. 15 , cela veut dire qu'il « s'afficha philosophe de la
lignée de Pythagore, Platon et Plotin , autrement dit néo - platonicien », qu ' « il
prit contact avec des néo -platonisants (de Milan ) et même les accueillit chez lui
(domum ) » . Mais il me paraît hasardeux de préciser de la sorte : la formule peut
avoir, dans l'esprit de Paulin , un sens bien plus vague. Voir en dernier lieu , sur
ce sujet, Duval 9 , t . II, p . 263-272 .
A la suite de la découverte de P. Courcelle concernant des emprunts consi
dérables aux Ennéades, 11 A. Solignac, « Le Cercle milanais » , Note complé
mentaire 1 , dans Bibliothèque augustinienne, vol. 14, p . 529-536, a évoqué un
« cercle néo -platonisant milanais » , où « les écrits de Plotin semblent avoir joué
le rôle d'un centre d'intérêt autour duquel des hommes de conviction diverse
pouvaient sympathiser avec cette discrète tolérance qui convient aux hommes
distingués » . Ambroise serait « sans conteste possible un témoin de l'existence >>
de ce cercle. Pourtant force est d'admettre aussi que , dans l'état actuel des
connaissances, ce « cercle » ne prend consistance qu'à partir d'un « centre » qui
est Augustin , et qu'on ne sait rien d'éventuels rapports philosophiques entre les
autres « membres » . Il ne me paraît donc pas prouvé qu'Ambroise ait initié
Augustin « en même temps au spiritualisme chrétien et aux doctrines ploti
niennes » , ainsi que le voulait 12 P. Courcelle, Recherches sur les Confessions de
saint Augustin , Paris, 2 ° éd . , 1968 , p . 138. Voir 13 G. Madec, « Le milieu
milanais. Philosophie et christianisme » , BLE 88 , 1987, 194-205 .
L'attitude d'Ambroise, devenu évêque, à l'égard de la philosophie se carac
térise par le paradoxe d'une hostilité affichée contre la philosophie en général et
de nombreux emprunts indéniables à divers philosophes.
Réserve faite d'un emploi de philosophia pour désigner la vie chrétienne ou la
profession religieuse (De uirginitate, VIII 48) , les mots de la famille de philo
sophus, ainsi que les noms des philosophes, font régulièrement l'objet de conno
tations plus ou moins péjoratives, comme on peut le voir dans le répertoire
exhaustif dressé par 14 G. Madec, Saint Ambroise et la philosophie, Paris 1974,
p. 349-398 . Ambroise ne manque pas une occasion d'exalter la supériorité de la
Bible , d'opposer sa vérité et sa simplicité aux vaines opinions et aux contra
dictions des philosophes. Il estime que tout ce qu'on lit de bien dans les æuvres
philosophiques est emprunté à la Bible ; c'est la seule explication qu'il ait donnée
des vérités exprimées par les philosophes. Il est vrai qu'Ambroise n'est qu'un
représentant parmi d'autres d'une « tradition antiphilosophique » bien établie,
AMBROISE 157
BRUNO CENTRONE.
disait - il, il lui convenait de tirer son nom de l'indivisibilité ( auépeia ) plutôt que
de l'insouciance ( Qué eta )» (V. Plot. 7 , 1-5 ) . Ces quelques lignes nous appren
nent donc qu'Amélius était originaire d'Étrurie, et que son « vrai nom » ,
c'est - à -dire son cognomen , était Gentilianus, Amélius, nom d'origine grecque
très probablement, devant être considéré comme un supernomen , c'est -à -dire
comme un sobriquet qui, dans la vie de tous les jours, lui servait de nom usuel.
Voir 1 I. Kajanto, Supernomina. A Study in Latin epigraphy, coll. « Commen
tationes Humanarum Litterarum , Societas Scientiarum Fennica » 40, 1 , Helsinki
1966 ; 2 L. Tarán , « Amelius -Amerius : Porphyry , Vita Plotini 7 and Eunapius
Vitae Soph. 4.2 » , AJPh 105, 1984, p . 476-479 ; 3 L. Brisson , « Amélius: Sa vie ,
son cuvre , sa doctrine, son style » , ANRW II 36 , 2, Berlin 1987 , p . 793-860 ( les
sources anciennes concernant Amélius sont énumérées dans l'Annexe 1 ).
Chronologie . A la fin du chap. 3 de la Vie de Plotin , Porphyre écrit :
« Amélius vint le trouver, alors que Plotin était à Rome pour la troisième année,
dans la troisième année du règne de Philippe, et, comme il y resta jusqu'à la
première année du règne de Claude, il suivit son enseignement vingt-quatre
années en tout » (V. Plot. 3 , 38-42 ). Plotin dut arriver à Rome dans les mois qui
suivirent la prise du pouvoir par Philippe II ( l'Arabe ), soit dans la première
moitié de 244. Et, puisqu'il faut placer la troisième année du règne de Philippe en
246 , il semble qu'Amélius se mit à fréquenter Plotin dès 246 , peut-être dans la
seconde moitié de l'année. Or, comme on a l'habitude de placer la naissance d'un
disciple 20 à 30 ans avant celle du maître, on peut penser qu'Amélius naquit entre
216 et 226. Par ailleurs, la première année de Claude tombe en 269, ce qui laisse
supposer qu'Amélius quitta Plotin peu avant que ce dernier, gravement malade,
ne se retirât sur les propriétés de Zéthus non loin de Minturnes (V. Plot. 7 , 17
24 ). Quoi qu'il en soit, en 270, lorsque Plotin mourut, il était à Apamée en Syrie,
nous apprend Porphyre (V. Plot. 2 , 32-33 ) ; entre temps, il avait rencontré
Longin qui se trouvait probablement à Tyr, auprès de Zénobie ( V. Plot. 19 , 22
24 ) . Et, si on comprend que l'épithète 'Anapeúc que la Souda accole au nom
d'Amélius (s.v. 'AMÉXiOS, A 1549 , t. I, p . 138 , 16 Adler) signifie « citoyen
d’Apamée », on peut penser qu'Amélius vécut encore longtemps à Apamée,
peut-être 20 ou 30 ans ; dans cette hypothèse, il serait mort entre 290 et 300. On
peut même estimer que Porphyre attendit cette mort pour réaliser son édition
systématique des Ennéades, qu'il faut situer vers 301 .
Rapports avec ses contemporains. Avant de devenir le disciple de Plotin ,
de 246 à 269, Amélius reçut une formation philosophique du stoïcien Lysimaque
(V. Plot. 3 , 42-43). On peut penser par ailleurs que c'est son admiration pour
Numénius et pour le disciple de ce dernier, Cronius, qui l'amena à se détacher de
Lysimaque pour s'attacher à Plotin . Depuis le début, semble-t-il, Amélius prit
des notes aux cours de Plotin . Lorsque le maître se mit à écrire, Amélius dut
s'occuper de mettre la dernière main à ses écrits ; voilà pourquoi on peut penser
qu'il fut le maître d'ouvre de l'édition chronologique des æuvres de Plotin qui
précéda l'édition systématique de Porphyre.
Dans le cadre de l'École, Amélius était chargé d'un enseignement (Proclus, In
Tim ., t. II, p. 300, 23–301, 5 Diehl, cf. V. Plot. 20 , 32-33) et Plotin l'associa à
diverses polémiques entre 263 et 268, c'est- à -dire durant la période correspon
dant au séjour de Porphyre auprès de Plotin . Avec Porphyre, Amélius entretint
162 AMÉLIUS
des relations dont l'ambiguïté se reflète dans la Vie de Plotin . Par ailleurs,
Amélius était très lié à Cartérius, le peintre qu'il aida à réaliser un portrait de
Plotin (V. Plot. 1 ) , ainsi qu'avec (Firmus) Castricius (V. Plot. 7 , 24-29 ).
Peut -être même fut- il le condisciple des gnostiques Adelphius et Aquilinus,
contre lesquels, plus tard , il allait polémiquer ( V. Plot. 16 ). Entre 263 et 268 ,
Longin se montra très critique à l'égard d'Amélius, ce qui n'empêcha pas ce
dernier d'apporter au conseiller de Zénobie des exemplaires de traités de Plotin ,
sur le chemin qui le menait de Rome à Apamée (V. Plot. 19). C'est là qu'on perd
la trace d'Amélius dont on sait seulement qu'il eut pour fils adoptif un certain
Hostilianus Hesychius d'Apamée (V. Plot. 3 , 48). Peut - être Jamblique fut- il son
disciple pendant un certain temps. En revanche , même si Théodore d'Asiné subit
fortement l'influence d'Amélius, rien ne prouve qu'il l'ait rencontré .
L'euvre d'Amélius. L'euvre d'Amélius, dont il ne nous reste plus que des
fragments, dut être considérable. Voici une liste des ouvrages cités ou men
tionnés dans la Vie de Plotin :
Copies de la plupart des æuvres de σχεδόν πάντα τα Νουμήνιου γράψαι 3, 44-45
Numénius
Scholies composées à partir des σχόλια εκ των συνουσιών 3 , 46-48 ;
cours de Plotin 4, 5-6
Contre le livre de Zostrien Προς το Ζωστριανού βιβλίον 16, 12-14
Sur la différence doctrinale qui Περί της κατά τα δόγματα του Πλωτίνου 17, 4-6
sépare Plotin de Numénius προς τον Νουμίνιον διαφοράς
Contre les apories de Porphyre Προς τας του Πορφυρίου απορίας 18, 14-16
Réfutation de l'avriypaon de 18 , 16-17
Porphyre
Sur le problème de la justice chez Περί της κατά Πλάτωνα δικαιοσύνης 20, 87-88
Platon
Lettre 11 Orphisme
Premier Intellect celui qui est l'Intelligible Premier roi Phanès
Deuxième Intellect celui qui a l'Intelligible Deuxième roi Kronos
Troisième Intellect celui qui voit l'Intelligible Troisième roi Zeus
AMÉRIUS → AMÉLIUS
137 AMMICARTOS
RICHARD GOULET.
transmit ses noms M. Annius ( cf. Jones 2 , p. 209). Il vécut assez longtemps pour
voir son fils Thrasyllos devenir héraut de l'Aréopage ( IG II 3558 ) et Plutarque
le fait intervenir dans des passages dont la date dramatique peut être placée au
début des années 80 : il mourut probablement sous le règne de Domitien .
BERNADETTE PUECH .
contexte, une incompatibilté avec « l'extravagance barbare » ultérieurement adoptée par Origène
et cette démarche est opposée à la conversion inverse d'Ammonius. C'est en tout cas ce qu'a
compris Eusébe : selon Porphyre, Origène serait passé « des Hellènes chez nous » .
Or, le témoignage de Porphyre soulève de son côté bien des questions. Il est
faux notamment qu'Origène ait été païen : des documents autobiographiques
conservés par Eusébe permettent de l'établir. Une explication plausible que
Schwyzer 1 , p . 27-28, et Schroeder 4 , p . 507, n'acceptent cependant pas, serait
que Porphyre, au moment de rédiger son Contra Christianos en Sicile , après la
mort de Plotin survenue en 270, ait confondu Origène d'Alexandrie , le chrétien
qu'il avait rencontré dans sa jeunesse et dont il connaissait les ouvrages d'exégèse
allégorique, avec le néoplatonicien alexandrin du même nom , disciple
d'Ammonios et maître de Longin, dont il avait entendu parler à Athènes et à
Rome, mais qu'il n'avait probablement pas rencontré. En faveur d'une semblable
confusion , voir, outre l'article de Goulet 5 (où l'on trouvera , p. 492 n. 58 , les
études antérieures ayant déjà envisagé cette hypothèse ) , 7 H. Dörrie ,
« Ammonios, der Lehrer Plotins» , Hermes 83 , 1955 , p. 439-478 = id ., Platonica
minora , München 1976 , p. 324-360, et 8 id. , art. « Ammonios Sakkas» , TRE
II, 1978 , p. 463-473.
L'hypothèse ne peut évidemment être envisagée qu'une fois éliminée la thèse d'un unique
Origène, à la fois platonicien et chrétien . Après d'autres, 9 F.H. Kettler, « Origenes,
Ammonios Sakkas und Porphyrius», dans Kerygma und Logos. Festschrift für C. Andresen,
Göttingen 1979, p. 322-328 , a tenté récemment de la faire revivre. Les arguments qui permet
tent d'établir une distinction entre les deux personnages sont résumés par Goulet 5, p. 483
484 ; voir aussi Schwyzer 1 , p. 22-25.
Schroeder 4, qui ne croit pas possible une confusion de la part de Porphyre et
maintient que les deux Origène ont pu étudier avec Ammonius, est forcé de
reconnaître que le séjour d'Origène chez ce philosophe ne semble pas avoir été
l'occasion d'une profonde influence doctrinale.
Sur le problème historique se greffe en effet un problème doctrinal, car pour
reconstituer l'enseignement oral d'Ammonios on a cru pouvoir se servir de
l'euvre de ses disciples et on a cherché à mettre Origène le chrétien à contri
bution . Voir 10 W. Theiler, « Ammonios, der Lehrer des Origenes» , dans
Forschungen zum Neuplatonismus, Berlin 1966 , p . 1-45 . La lecture du De
principiis ne témoigne pas, semble - t -il, en faveur d'une familiarité d'Origène
avec un état de la tradition platonicienne postérieur au moyen -platonisme. Voir
11 R. Goulet,C.-r. de l'édition Crouzel et Simonetti du De principiis, dans REG
93 , 1980, p. 593-596. L'approche de Theiler est également rejetée par Schwyzer
1 , p . 37. Sur les traces possibles de la pensée d'Ammonios chez Hiéroclès et
Némésius, voir Schwyzer 1 , p. 39-72, Schroeder 4, p. 509-517.
Parmi les énigmes encore inexpliquées que soulève Ammonios, il y a celle de
l'origine et de la signification de son surnom : « Saccas » . Absent de la tradition
néoplatonicienne, il apparaît chez Ammien Marcellin ( T 10) et chez Théodoret
( T 18 ) , puis dans la Souda ( T 21-23) . Ammien associe « Saccas Ammonius
Plotini magister » à plusieurs grammairiens d'Alexandrie, signe probable d'une
confusion avec le disciple d'Aristarque ( Ammonios RE 16) . On pourrait se
demander également si la position du surnom ne trahit pas une interpolation
ultérieure . Chez Théodoret, l'influence d'Eusébe est vraisemblable : « notre >>
Origène y est présenté comme le disciple d'Ammonios. Mais , outre une
168 AMMONIOS D'ALEXANDRIE
BRUNO CENTRONE .
RICHARD GOULET.
LA LÉGENDE D'ANACHARSIS
fait allusion Ammien Marcellin XXII 16, 15 , lorsqu'il attribue à Aurélien ( dont
l'accession à l'empire est postérieure au 28 août 270 (pour la chronologie
d'Aurélien , voir 13 J.R. Rea , The Oxyrynchus Papyri XL , 1972) ) la destruction
des murs d'Alexandrie et l'anéantissement du quartier de Bruchium par suite des
dissensions à l'intérieur de la ville ? Dans ce cas, le siège ne saurait être daté avant
273, lorsque les Palmyréens furent renversés. Il est vrai que 14 E. Groag, art.
« Domitius» 36, RE V 1 , 1903, col . 1364, croit devoir ramener la destruction de
Bruchium aux années 269-270, mais c'est précisément à cause du passage
d'Eusébe qui la fait suivre du concile contre Paul de Samosate, lequel n'a pu
s'achever après le début de 270 puisque la lettre synodale est adressée au Pape
Denys de Rome, mort en décembre 269. Dans la Chronique, l'événement est situé
en la première année de Claude II, en 270 : « In Alexandria Bruchium , quod per
multos annos fuerat obsessum , tandem destruitur. » En vérité, Eusébe ne parle
pas des Palmyréens dans ce contexte et ne donne aucun nom d'Empereur. On a
pensé qu'il pouvait s'agir de l'usurpation d'Émilien sous Gallien, en 262 (S.H.A. ,
Trig. Tyr. XXII 2-3 , parle à ce propos des seditiones alexandrines) ; on pourrait
également penser à celle de Macrin et de ses fils en 260-261: Denys d'Alexandrie,
dans une lettre festale écrite à l'époque de cette stasis (Eusèbe, H.E. VII 21 , 2-3) ,
évoque l'absence de communication entre les différentes parties de la ville, ce qui
correspond à la situation du siège de Bruchium , alors qu'une partie des
Alexandrins combattait du côté des Romains (VII 32 , 8) . Il ne semble pas
toutefois que Denys soit la source historique d'Eusèbe pour ce passage ( cf. les
premières lignes du livre VII ), car Eusébe fait plutôt référence à des traditions
orales (Nóyoc & xei, unuovevovoiv , paoiv , VII 32, 6-7 ) . Récemment, le siège a
été daté de l'automne 271 ou 272 par 15 C. Andresen , « " Siegreiche Kirche" im
Aufstieg des Christentums. Untersuchungen zu Eusebius von Caesarea und
Dionysios von Alexandrien » , ANRW II 23 , 1 , Berlin 1979 , p . 442-450 , qui
examine le témoignage d'Eusébe du point de vue de l'histoire et de la topographie
d'Alexandrie .
Quoi qu'il en soit, au cours de ce siège , Eusèbe qui était du côté des Romains
obtint du général romain que soient épargnés les assiégés qui se rendraient de
eur propre gré. De son côté, Anatolius qui était parmi les assiégés, fit voter par
le sénat un décret ordonnant de renvoyer de la ville où sévissait la famine tous les
citoyens, hommes ou femmes, vieillards et enfants , qui étaient inutiles à la
défense de la place. Des milliers de citoyens purent ainsi être épargnés, y compris
beaucoup d'hommes vêtus d'habits féminins.
Membre de la boulè d'Alexandrie, cet Anatolius était également, selon la
tradition que rapporte Eusèbe, un philosophe aristotélicien connu : « à cause de
son éloquence et de sa connaissance des disciplines grecques et de la philosophie,
il était compté au premier rang parmi les hommes les plus réputés de notre
temps . Il avait en effet poussé jusqu'au bout l'étude de l'arithmétique, de la
géométrie , de l'astronomie, des sciences soit dialectiques soit physiques et des
disciplines rhétoriques. C'est pourquoi , à ce que rapporte la tradition (Nóyos
Exei), il fut jugé digne par ses concitoyens de fonder ( ovornoaodai , cf. VII 32,
25 , à propos de la diatribè de Pamphile à Césarée ) l'école de la succession
d' Aristote 8 Alexandrie (της επ ’ 'Αλεξανδρείας Αριστοτέλους διαδοχής την
diatpishv )» ( trad. Bardy ). Sur ce passage, voir 16 J. Glucker, Antiochus,
ANAXAGORE DE CLAZOMÈNES 183
15 ; Élien , V.H.VIII 19) , ville où Anaxagore serait mort et où une fête annuelle ,
instituée à sa demande , aurait été célébrée en son honneur jusqu'au temps de
Diogène Laërce ( ou de sa source , car Alcidamas que cite Aristote dit déjà la
même chose au début du IVe s . av . J.-C. (A 23 ]). ( 2 ) Souda, A 1981 ; t . I , p . 178,
1-14 Adler (Harpocration et Hésychius). L'inscription de Lampsaque, telle que la
cite Diogène ( v. aussi Anth . Pal. VII 94 ; Élien , V.H. VIII 19 ), portait le texte
suivant :
varient beaucoup d'un récit à l'autre et la datation en reste incertaine. Voir les
études signalées plus bas.
Une partie de la tradition le fait mourir à Lampsaque (D.L. II 14 , voir aussi
l'anecdote rapportée par D.L. II 10 ), ce qui rejoint l'affirmation d'Eusébe , P.E.
X 14 , 13 , selon laquelle c'est à Lampsaque, et non à Athènes, qu'Archélaos, le
maître de Socrate, aurait succédé à Anaxagore (A 7 ). 10 L. Woodbury ,
« Socrates and Archelaus » , Phoenix 25 , 1971, p. 299-309, révoque toutefois en
doute ces études de Socrate auprès d'Archélaos et les déductions chronologiques
qu'elles semblent autoriser. Selon Clément d'Alexandrie (A 7) , Anaxagore aurait
introduit l'enseignement de la physique ionienne à Athènes.
Démocrite qui avait quarante ans de moins que lui l'aurait attaqué dans ses
écrits (A 5 ), contestant l'originalité de ses doctrines. Cette inimitié viendrait du
fait qu'Anaxagore aurait refusé de le prendre comme disciple, allégation que
Diogène oppose à la thèse qui faisait de Démocrite le disciple d'Anaxagore (D.L.
IX 34-35 ). Un autre de ses ennemis aurait été , selon Aristote (A 25 ), Sosibios
(RE 1 ) , inconnu par ailleurs. Selon Athénée (A 22 ), Eschine le socratique se
moquait d’Anaxagore et lui reprochait d'avoir eu pour disciples Philoxène et
Ariphradès. Voir la notice « Ariphradès ».
L'importance qu'il accordait au Noûç dès le début de son traité ( návra
χρήματα ήν ομού είτα νούς ελθών αυτά διεκόσμησε ) lui valut d'etre sumomme
« l’Intellect » (D.L. II 6 ; A 15 , etc.). Selon Élien ( V.H. VIII 19), un autel aurait
été élevé à samémoire portant comme dédicace « à l'Intellect » ou « à la Vérité »
( A 24 ).
Apollodore (FGrHist 244 F 31 ) le faisait naître en Ol. 70 < , l > (500/499 ) et
mourir en Ol. 88 , 1 (428/7 ) (corr. Scaliger, 78 codd . (468/7 ) ], à l'âge de 72 ans
( voir aussi A 42 , § 13 ) . Hermippe ( fr. 30 Wehrli ), rarement crédible sur ce
genre de questions, parlait d'un suicide ( D.L. II 13 ; voir aussi A 3 et A 32 ).
Selon D.L. II 7 , il aurait eu 20 ans lors de l'invasion de la Grèce par Xerxes
( 480 ) : Démétrius de Phalère, év tñ tõv ápxovtwv ávaypaon (FGrHist 228
F2) , situe au même âge sa conversion à la philosophie à Athènes, sous l'archon
tat de Callias (456/5 ). Comme ce témoignage ne correspond pas parfaitement aux
données d'Apollodore, on a envisagé une confusion avec l'archonte Calliadès
( 480/79 ), ce qui assurerait la concordance avec les témoignages d'Apollodore et
de Démétrius. Il aurait vécu à Athènes trente ans (D.L. II 7) ; il n'est pas sûr qu'il
faille prendre nécessairement 480 comme point de départ et penser à trente
années successives. Si le procès se fondait sur le décret de Diopeithès (RE 8)
contre l'athéisme et la “ météorologie ” ( en 438/7 ), ainsi que l'affirme Plutarque
( A 17 ), il n'a pas dû beaucoup précéder la guerre du Péloponnèse. Diodore
(A 17 ) rattache l'événement à l'archontat d'Euthydème en 431. Ces dates ont
offert aux historiens matière à spéculation. Sur la portée de l'accusation, voir
11 J. Geffcken , « Die doćbela des Anaxagoras» ,Hermes 42, 1907, p. 127-133.
Sur les problèmes chronologiques relatifs au séjour à Athènes et au procès, voir
12 A.E. Taylor, « On the date of the trial of Anaxagoras» , CQ 11 , 1917 , p. 81
87 ( il faudrait situer le séjour athénien d'Anaxagore dans les années 480-450, soit
au début de la carrière de Périclès) ; 13 M. Montuori, « Sul processo di
Anassagora » , De homine 22-23 , 1967, p . 103-148 (arrivée à Athènes en 456",
procès en 433-431) ; 14 G. Marasco , « I processi d'empietà nella democrazia
186 ANAXAGORE DE CLAZOMÈNES
RICHARD GOULET.
Iconographie. Le seul portrait identifié par une inscription figure sur une
imitation moderne de médaillon contorniate conservée au Cabinet des médailles
de la Bibliothèque nationale (cf. 10 G. Richter, Portraits, II, p . 243-244,
ANAXILAIDÈS 191
FRANÇOIS QUEYREL .
162 ANAXILAÏDÈS RE
Auteur d'un ſlepi $ 12006owv dont Diogène Laërce l'I 2 cite le second livre , à
propos de la naissance apollinienne de Platon. Ana < ilaïdès est toutefois une
correction de Cobet. Les manuscrits ont Anaxilidès (voir aussi Jérôme , Adv.
Jovin . I 42, PL 23, 285 с : Anaxilides in secundo libro Philosophiae ), Anaxilèdès
ou Anaxiadès ; P. Lang avait conjecturé Anaxilèidès. On a cru reconnaître le
même auteur sous l'Anaxilaos de I 107 ( voir la notice suivante ). Cf. E. Schwartz,
art. « Anaxilaides » , RE I 2, 1894 , col. 2083 ; J. Mejer, Diogenes Laertius and
his Hellenistic background, coll. « Hermes - Einzelschriften » 40, Wiesbaden
1978 , p . 25. Schwartz propose aussi d'identifier cet auteur avec le pythagoricien
Anaxilaos de Larisse. Voir la notice « Anaxilaos de Larisse » .
RICHARD GOULET.
192 ANAXILAOS
163 ANAXILAOS
Source de Diogène Laërce en I 107 ( le sage Myson aurait été arcadien ). Il
s'agit peut -être d'une erreur de Diogène pour Anaxilaïdès, auteur d'un dept
12oooowv, dont le second livre est cité en III 2 (voir précédente notice ). Cf.
E. Schwartz, art. « Anaxilaides » ,RE I 2, 1894, col . 2083; J. Mejer, Diogenes
Laertius and his Hellenistic background, coll. « Hermes - Einzelschriften » 40,
Wiesbaden 1978 , p . 25 .
RICHARD GOULET.
Pour l'année 28 ", Jérôme rapporte dans sa Chronique qu ' « Anaxilaus Lari
saeus Pythagoricus et magus ab Augusto Urbe Italiaque pellitur » . Le pytha
gorisme d'Anaxilaos semble se restreindre à l'intérêt qu'il portait aux sciences
occultes. On peut le rapprocher de Nigidius Figulus qui est également qualifié de
Pythagoricus par Jérôme. Anaxilaos aurait écrit des Quoixá, des Bapixá et des
Malyvia. Il est cité à plusieurs reprises par Pline l'Ancien . Cf. M. Wellmann ,
« Die Ovoixá des Bolos Demokritos und der Magier Anaxilaos aus Larissa » ,
APAW 1928 , Nr 7 , Berlin 1928 80 p. , surtout, p . 51 s . ( les fragments d'Anaxi
laos sont rassemblés , p . 77-80) ; W. Kroll, art. « Anaxilaos » 5 , RESuppl. VI ,
1935 , col. 5-7 ; L. Tarán , art. « Anaxilaus of Larissa » , DSB I, 1970, p . 150.
Bien qu'elle comporte des allusions au pythagorisme, la Lettre (pseudépigraphe )
19 de Diogène le cynique, adressée à un certain Anaxilaos, ne vise peut-être pas
directement notre personnage, comme le voudrait Wellmann , p. 53 .
Diogène Laërce I 107 rapporte que selon Anaxilaos le sage Myson était
arcadien . Mais Diogène cite en III 2, à propos de Platon , le second livre du lepi
piloooowv d’Anaxilaïdès ( qui est d'ailleurs une correction proposée par Cobet
pour les différentes formes du nom conservées par les manuscrits). E. Schwartz,
art. « Anaxilaides » , RE I 2 , 1894 , col. 2083 , identifie les deux auteurs et
considère comme possible une identification avec Anaxilaos le pythagoricien :
« Da die jüngeren Pythagoreer historischen Studien zugethan waren und die
Philosophenbiographie seit Aristoxenos von Pythagoreern und solchen , die
ihnen nahe standen , gepflegt wurde, liegt es sehr nahe, an den pythagoreischen
Wundermann Anaxilaos von Larissa zu denken . » Mais les liens d'Anaxilaos avec
le pythagorisme sont si ténus qu'il faut considérer cette identification comme une
conjecture gratuite, acceptée cependant par Wellmann.
RICHARD GOULET.
Iconographie. Les textes anciens sont muets sur des représentations éven
tuelles d'Anaximandre, qui ne sauraient de toute façon prétendre à un quelcon
que degré de réalité. On a interprété une figure d'une mosaïque de Trèves
comme étant Anaximandre , parce que l'homme tient un cadran solaire. Anaxi
mandre aurait en effet inventé le yvuuwv (D.L. I 1 et DK A 4) . Plus d'attention
194 ANAXIMANDRE DE MILET
ARCHIPYLOS- ANCHIPYLOS
tifié avec le médecin d'Alexandre (RE 1 ) . On doit plutôt le compter parmi les
pseudépigraphes (cf. 1 W. Burkert, Weisheit und Wissenschaft. Studien zu
Pythagoras, Philolaos und Platon, Nürnberg 1962, p. 151-152) ; il faudrait dans
ce cas le dater entre le III° s. et le ret. s . av . J.-C. ( contra cf. 2 C.J. de Vogel,
Pythagoras and early Pythagoreanism , Assen 1966 , p. 182-183).
Études d'orientation . 3 P. Corssen , « Die Schrift des Arztes Androkydes
Nepi Mudayopixõv Opbólwv », RHM 67 , 1912, p . 240-263 ; 4 I. Lévy, Recher
ches sur les sources de la légende de Pythagore, Paris 1926, p. 6-70 .
BRUNO CENTRONE .
174 ANDROMÉNIDÈS
Philosophe signalé seulement dans une glose d'Hésychius ( ' Evdoía : " Apteuig
xgì xovnYETxá, ốc'Avốpoucvíông ), chez Demetrius Lacon (De poem. I, PHerc.
188 , col. XIV , 4-8 Romeo ) et dans trois passages du De poematis de Philodème
(De poem . V, PHerc. 1425 , col. 21 , 27-22, 1 ; inc. lib. , PHerc. 460 + 1073, fr. 25
II 23 - III Sbordone = PHerc. 1081 , fr. 23 Nardelli. Le nom a été restitué, après
d'autres tentatives, par 1 C. Jensen , Philodemos über die Gedichte fünftes Buch,
Berlin 1923 , p. 149 s . , qui s'est fondé sur PHerc . 1425. On trouvera un status
quaestionis et un recueil de tous les témoignages dans 2 M.L. Nardelli, Due
trattati filodemei ' Sulla poetica ', coll. « Ricerche sui Papiri Ercolanesi » 4 ,
Napoli 1983 , p . XXVIII -XXX ). Dans les citations de Philodème, Androménides
est toujours mentionné en relation avec le stoïcien Cratès de Mallos et les
xpitixoi. Cf. 3 G.M. Rispoli, Koinonia 10, 1986 , p . 143-147 .
Des doutes subsistent concernant l'appartenance de ce philosophe à un courant
déterminé : Jensen ( 1 , p. 151 ) et 4 P. Giuffrida ( L'Epicureismo nella letteratura
latina nel I sec . a.C. , Torino 1940 , t. I, p . 24-25 n. 1 ) ont pensé qu'il était
stoïcien ; 5 A. Rostagni (RFIC n.s. 1 , 1923 , p. 417 s . = Scritti minori, t . I :
Aesthetica , Torino 1955 , p . 410 s . ), 6 A. Ardizzoni (Moinua. Ricerche sulla
teoria del linguaggio poetico nell'antichità , Bari 1953 , p. 87 s. ) et 7 F. Sbordone
( Contributo alla poetica degli antichi, Napoli, 2e éd . , 1969, p . 63-64) ont vu en
lui un péripatéticien. Cf. Nardelli 2, p . XXIX -XXX n. 54 et 8 C. Romeo,
Demetrio Lacone, coll. « La Scuola di Epicuro » 9, Napoli 1988 , p. 45-50.
TIZIANO DORANDI.
Suétone, qui constitue notre unique source à son sujet, attribue le peu de succès de
son école à son zèle pour l'épicurisme: « A cause de sa passion pour la secte épi
curienne, il passait pour assez négligent dans son métier de grammairien et peu
capable de diriger une école » (Gramm . 8). Aussi se retira-t - il à Cumes ; il cessa
d'exercer sa profession et composa bien des ouvrages. A partir de ces données on
peut seulement préciser qu'il était probablement épicurien avant sa venue en
Italie, comme Philodème de Gadara , et se retira en Campanie pour y retrouver
d'autres épicuriens. Ses écrits portaient probablement la trace de sa philosophie,
mais Suétone ne mentionne qu’un traité de grammaire sur Ennius et le reste nous
échappe totalement. Th . Gomperz (« Herkulanische Notizen » , WS 2 , 1880 ,
p. 139) avait cru en retrouver la trace dans les Papyrus d'Herculanum , mais
cette hypothèse, sans fondements solides, est aujourd'hui unanimement rejetée.
Cf. H. Dahlmann, art. « Pompilius » 4 , RE XXI 2, 1952 , col. 2322-2323.
MICHÈLE DUCOS .
Cicero to the end of the second century » , ANRW II 36, 2, Berlin 1987, p. 1089
1107, 1112-1116 .
Datation . On ignore à peu près tout de ce philosophe dont l'édition du
Corpus des æuvres d'Aristote marqua « une nouvelle époque dans l'histoire de
l'aristotélisme » (Moraux 6 , p . 45 ). Certains ont situé son activité vers 78-47 av .
J.-C. à Athènes, d'autres vers 40-20 à Rome, après la mort de Cicéron . La
datation « basse » se fonde sur le silence de Cicéron qui ne semble pas connaître
Andronicos et sur Plutarque, Sylla 26 , qui fait dépendre l'édition d'Andronicos
des copies que lui auraient procurées Tyrannion (mort vers 26* à Rome) lorsqu'il
eut accès à la bibliothèque d’Apellicon amenée à Rome par Sylla (après la prise
d'Athènes en 86 ). Mais dans le parallèle de Strabon XIII 1 , 54 , p . 608 C. , on ne
parle pas d'Andronicos et Moraux considère que Plutarque aura voulu compléter
les renseignements reçus de la tradition sur les déficiences du Corpus aristo
télicien par ce qu'il savait par ailleurs de l'édition entreprise par Andronicos.
L'examen minutieux du problème conduit Moraux à préférer la datation haute :
Andronicos aurait dirigé l'école péripatéticienne à Athènes vers 80-78 et le
renouveau qu'aurait connu alors l'aristotélisme expliquerait que des acadé
miciens comme Ariston d'Alexandrie et Cratippe de Pergame soient, à la mort
d'Antiochus d’Ascalon ( v. 684), devenus péripatéticiens. Ariston se distingua
comme commentateur des Catégories et Cratippe était considéré par Cicéron ,
vers 46-43 comme la grande figure péripatéticienne d'Athènes. Nouveaux argu
ments en faveur de cette datation haute d'Andronicus dans Gottschalk 7 ,
p . 1095-1096 .
D'après les commentateurs néoplatoniciens (essentiellement Ammonius, In
De interpr., p. 5 , 24 Busse , et ses élèves), Andronicos fut le onzième scholarque
péripatéticien. On ne connaît malheureusement pas tous les noms de ses prédé
cesseurs ( voir le tableau donné par Brink 3 , col . 909-910 ). Il est également
présenté comme le maître de Boèce de Sidon ( condisciple ou plus vraisembla
blement maître de Strabon : Strabon XVI 2 , 24 , p . 757 C. ), lui aussi considéré
comme onzième scholarque (par le même Ammonius, In Anal. pr. , p . 31 , 11
Wallies), peut-être parce que, selon cette nouvelle liste, Aristote lui-même n'était
plus pris en compte. Mais ces témoignages présupposent que l'école péripa
téticienne existait toujours. Le scholarcat d'Andronicus et de Boèce est considéré
comme douteux notamment par Düring 5 , p . 420, et par 8 L. Tarán , dans son
c.r. de Moraux 6, dans Gnomon 53 , 1981 , p. 733 .
Le témoignage de Plutarque ( Sylla 26, 2 ) selon lequel Andronicos aurait édité
la plupart d)es œuvres d'Aristote et de Théophraste, et dressé un catalogue de
leurs écrits, est confirmé par Porphyre, V. Plot. 24 , qui prétend avoir imité
Andronicos dans son propre travail d'éditeur des traités de Plotin . L'examen des
listes anciennes des ouvrages d'Aristote montre qu'Andronicos a regroupé
parfois en un seul des traités (ou des notes de cours) distincts et a pourvu de
nouveaux titres des traités auparavant connus sous un titre différent. Son cata
logue devait classer systématiquement tous les ouvrages connus et fournissait
sans doute des explications sur le titre, l'authenticité, le contenu et la structure de
chaque traité (Moraux 6 , p . 93 ) . Il contenait également le Testament d'Aristote,
une collection de lettres et peut- être d'autres éléments de caractère biographique.
202 ANDROSTHÈNE D'ÉGINE
Cette classification des ouvrages d'Aristote se retrouve dans le Catalogue dit " de
Ptolémée " ( cf. Düring 5 , p . 221-231).
Euvres. En plus du
( 1 ) Catalogue (en cinq livres au moins) des euvres d'Aristote et de
Théophraste,
il faut, selon Moraux, attribuer à Andronicos:
(2) une paraphrase des Catégories ( Simplicius , In Categ ., p. 26, 17
Kalbfleisch ) ;
(3) un Liber de divisione ( Iepi Siaipłoews] connu par Boèce, De divis. (PL
64, col . 875 d – 877 a) à travers le Commentaire de Porphyre sur le Sophiste de
Platon ; peut- être
( 4 ) un commentaire ou une paraphrase du De anima ( Thémistius, Galien ).
Moraux ne croit pas que les trois fragments d'Andronicos sur la physique
( chez Simplicius) attestent l'existence d'un commentaire ou d'une paraphrase de
ce traité aristotélicien .
Pour un examen des témoignages relatifs à ces écrits perdus, voir Moraux 6 ,
p. 97-136 .
Spuria.
( 1 ) Paraphrase grecque de l'Éthique à Nicomaque. Présenté comme l'æuvre
d'Andronicos par D. Heinse au début du XVIe s. , le texte, anonyme dans le plus
ancien manuscrit, est édité dans le CAG (XIX 2) sous le nom d'Héliodore de
Pruse , mais cette attribution est vraisemblablement une invention de Constantin
Paléocappa au XVI° s . , comme l'a montré 9 L. Cohn (« Heliodor von Prusa, eine
Erfindung Paläokappas» , BPhW 9 , 1889 , n° 45 , col . 1419-1420) . D'autres
manuscrits l'attribuent au néoplatonicien Olympiodore.
(2) Hepi nawy. 10 A. Glibert- Thirry (édit. ), Pseudo - Andronicus de Rhodes
« [ lepi naowv » . Édition critique du texte grec et de la traduction latine médié
vale, coll. CLCAG , Suppl. 2, Leiden 1977 , VI- 358 p . Une première partie
consiste en une classification des quatre passions stoïciennes avec leurs subdivi
sions , puis des quatre eúnáðeidi. Une seconde partie est consacrée aux vertus
cardinales et aux vices, ainsi qu'à leurs subdivisions. Voir Gottschalk 7 , p . 1130
1131 .
Sur ces deux ouvrages, voir Moraux 6 , p. 136-141 .
( 3 ) 11 W.J.W. Koster, « Pseudo - Andronicus de variis poetarum generi
bus » , Mnemosyne 9 , 1956 , p . 319 , attribue à Paléocappa le llepì tátews
Tointőv, présenté dans le Parisinus gr. 2929 comme une æuvre d’Andronicus .
RICHARD GOULET.
Fils d'Onésicrite d'Égine, il fut, comme son père et son frère aîné Philiscos,
un disciple de Diogène le Chien. Envoyé par son père à Athènes, Androsthène eut
l'occasion d'entendre Diogène et, séduit, il resta aux côtés du philosophe. Son
frère Philiscos, envoyé à sa recherche, fit de même. Onésicrite se rendit alors à
Athènes pour retrouver ses fils, mais comme eux il s'attacha à Diogène ( cf. D.L.
VI 75-76 ).
ANKABITUS 203
Il ne faut sans doute pas identifier Onésicrite, le père d’Androsthène, avec son homonyme,
d'Égine ou d'Astypalée (D.L. VI 84 : « Certains le disent d'Egine , mais Démétrius Magnès
affirme qu'il est d'Astypalée » ), qui prit part à l'expédition d'Alexandre en Orient. Voir
H. Strasburger, art. « Onesikritos » ,RE XVIII 1 , 1939, col. 460-467.
183a ANKABITUS
L'un des interlocuteurs du protagoniste du De pomo . Sur ce dialogue, fait sur
le modèle du Phédon et dont le personnage principal est , dans certains
manuscrits, Aristote et, dans d'autres, Socrate , voir la notice sur le De pomo
pseudo - aristotélicien , où l'on trouvera notamment des informations sur les
manuscrits du dialogue, sur ses probables origines grecques, sur sa version
arabe , ainsi que sur les traductions persanes, hébraïque et latines, qui provien
nent de cette dernière.
Le nom d'Ankabītūs apparaît, une fois, dans le manuscrit de Damas (nº 3 de
la notice sur le De pomo) : voir 1 A.Z. Hayrallah (édit. ) , « Kitāb al - tuffāḥa » ,
Al-muktataf 55 , 1919 , p . 481 , li . 14. Le Caire Taymūriyya ahlāq 290 (nº 1
de la notice sur le De pomo) a , au même endroit du texte, « un autre » :
2 ' A.S. Al - Naššār et ‘ A. Al- Širbini (édit . ) , Fidūn wa -Kitāb al-tuffāḥa
al-mansub li -Suqrāț, Le Caire 1974 , p . 223 , li. 25. Santillana (n° 2 de la
notice sur le De pomo : peut- être ne s'agit -il que d'une traduction arabe, par
Santillana, du persan ?) a ' linūs (Al -Naššār et Al-Sirbini 2 , p . 236 , li . 4) , nom
dont le rapport avec celui que la tradition arabe a lié à plusieurs commentaires de
l'Organon n'a pas encore été examiné (cf. la notice d'A . Elamrani- Jamal sur
« Alīnūs »). Nous n'avons pas pu voir les trois manuscrits restants, mais non
204 ANNICÉRIS
Aurige ( Élien, V.H. II 27 ) plutôt que philosophe, il doit sa célébrité, ainsi que
le fit observer Aelius Aristide (Discours 46, p . 307 Dindorf ), au fait qu'il paya la
rançon de Platon lorsque ce dernier, confié au Spartiate Pollis par Denys de
Syracuse, fut vendu comme esclave à Égine.
Cf. Voir 1 A. Swift Riginos, Platonica, p . 86-92 (« The Philosopher sold
into slavery » ), et surtout 2 K. Gaiser, « Der Ruhm des Annikeris » , dans
Festschrift R. Muth, Innsbruck 1983 , p . 111-128 , qui traduit et commente
l'ensemble des témoignages.
Selon D.L. III 20 , comme il était par hasard présent à Égine , Annicéris
déboursa 20 – le prix d'un esclave, selon Héraclite, Problèmes homériques 78 –
ou 30 mines pour rendre le philosophe à ses amis à Athènes et refusa que ces
derniers le remboursent, disant qu'il n'était pas réservé aux Athéniens de
s'occuper de Platon . Lactance , Divin . Inst. III 25 , 16 ; p. 259, 8 Brandt, qui suit
les Exhortationes perdues de Sénèque ( fr. 23 Haase ), mentionne une somme de
ANNICÉRIS DE CYRÈNE 205
8000 sesterces , ce qui était, aux yeux de Sénèque, fort peu pour un personnage
comme Platon. L'événement se situe sans doute vers 388", bien qu'Olympiodore
qui parle de Denys II rattache cette captivité au second voyage . Selon une autre
version , connue également par D.L. III 20 , Annicéris aurait fait acheter pour
Platon un petit jardin év 'Axa & nuelq avec l'argent envoyé par Dion pour le
rembourser. Il aurait effectivement coûté 30 mines, selon Plutarque, De exilio
10, 603 bc. Selon Olympiodore (V. Plat.), Annicéris le Libyen se trouvait par
hasard (repituyóv ) à Égine en route vers Élis où il devait concourir dans une
course de quadriges. Il aurait estimé la gloire que lui procurait son geste supé
rieure à toute victoire dans une course de chars (Olympiodore, In Gorg. 41 , 8,
p. 213 , 11-17 Westerink ). Qu'Annicéris qui n'était pas Grec, mais Libyen, ait pu
concourir à Olympie est cependant fort improbable ( cf. Riginos 1 , p. 89 n . 13 ) et
Gaiser y voit l'un des traits secondaires ajoutés par la tradition .
Parmi les témoignages étudiés par Gaiser figure un extrait de la Vie de Platon
de Ibn al - Qifți ( Ta'rih al-ḥukamā', p. 22, 7-21 Lippert ), qui dépendrait d'une
source grecque inconnue . Le récit d'Ibn al - Qifti est proche de celui de Diogène,
mais attribue à Dion et non à Annicéris l'achat du jardin de l'Académie,
explication que Gaiser trouve d'ailleurs plus vraisemblable. L'Ind. Acad . Herc .,
col. X, 17-24 (p. 8-9 Mekler ), semble également concerner cet épisode, mais le
passage est fort détérioré. Gaiser 2, p . 117-122, a rattaché à Annicéris une autre
section du papyrus : Ind. Acad. Herc ., col. III, 1-16, p. 12 Mekler (voir déjà
Swift Riginos 1 , p . 87 ), qui pourrait remonter, à travers Néanthe de Cyzique, à
un certain Philiscos d'Égine (cf. col . II, 36-41, p . 21-22 Mekler). Voir encore
3 K. Gaiser, Philodems Academica , p . 410-413; 416-421.
Aristote fait peut-être allusion à cet événement en deux passages : Métaph. A 30, 1025 a 25
27 : « C'est par accident qu'on aborde à Égine, quand on n'est pas parti avec l'intention d'y
aller, mais qu'on y est venu , poussé par la tempête, ou pris par les pirates » ( trad. Tricot ), et
Phys. Il 8, 199 b 20-22 : « nous disons que l'étranger est venu par hasard et ayant payé la
rançon ( Autpwoáuevos) il est parti... » Voir D.L. III 20 (xatà túxnv) et Olympiodore ( nepi
Tuyóv ). Sur ce second passage d’Aristote, où Philopon ( In Phys ., p. 324, 15-23 Vitelli) recon
naissait une allusion à Annicéris et Simplicius ( In Phys., p. 384, 12-19 Diels) une allusion
( chronologiquement improbable ) au Misoumenos de Ménandre, voir 4 W.K.C. Guthrie,
A History of Greek Philosophy, t. IV, p. 19 n. 1 .
Selon Pseudo - Lucien , Éloge de Démosthène 23 , Annicéris de Cyrène aurait
gagné l'admiration de Platon et de ses compagnons en conduisant son char
plusieurs fois autour de l'Académie tout en repassant systématiquement dans les
mêmes traces. Élien , V.H. II 27, raconte la même anecdote en ajoutant que
Platon aurait déploré que tant d'efforts soient déployés pour des choses si futiles.
Sur ces deux passages, voir Swift Riginos 1 , p . 152, anecdote n° 108.
En D.L. II 86, la formule « celui qui paya la rançon de Platon » , à propos du
philosophe Annicéris de Cyrène, provient sans doute d'une confusion avec notre
personnage.
Gaiser 2 , essaie d'analyser l'histoire de la tradition à partir d'un noyau
historique originel et tire de cette analyse la conclusion que l'Académie fut
fondée vers 387 * ( p. 126 ).
RICHARD GOULET.
206 ANNICÉRIS DE CYRÈNE
RICHARD GOULET.
Philippe
|
Antipatros (+321 ) Antigone I le Borgne ( +301)
I 1
Cratère I -- Phila (+287) Démétrius I Poliorcète (1283) Antiochos I
I
Cratère II 1 Stratonicè oo Séleucos I Nicator (1281)
1 1
Alexandros (+245 ) Antigone IIGonatas (+239 co Phila
1
Démétrius II ( +229)
Antigone semble avoir entretenu toute sa vie des liens privilégiés avec les
philosophes. Cf. Tarn 2, p . 15-36 : « The teachers of Antigonus» . Il aurait été le
disciple d'Euphante d'Olynthe, philosophe de l'école du dialecticien Eubulide de
Milet. En plus d'ouvrages historiques (FGrHist 74) , Euphante écrivit un traité
Sur la royauté, dédié à Antigone (D.L. II 110 = fr. 68 Döring et Muller ; II D 1
Giannantoni). Ce dernier se disait également le disciple de Ménédème d'Érétrie
( D.L. II 141 = fr. III F 16 Giannantoni ). Son amitié pour Antigone semble avoir
valu des difficultés à Ménédème dans sa patrie et il dut se réfugier (en 273, selon
Pfeiffer et Giannantoni, dont on lira la Note 12, au tome III, p . 119) à la cour du
roi où il finit ses jours.
Antigone manifestait également de l'amitié pour Zénon de Cittium et il
prenait plaisir à se faire son auditeur,lorsqu'il séjournait à Athènes ( D.L. VII 6 ).
A la suite d'Apollonius de Tyr, historien de la Stoa , Diogène Laërce cite une
lettre d'invitation d'Antigone à Zénon ( p. 107 Hercher) et le refus de Zénon qui,
âgé de 80 ans , préféra lui envoyer ses disciples Persaios et Philonidès (p. 792
Hercher). L'authenticité de cette correspondance est contestée, notamment parce
ANTIGONE GONATAS 213
que Persaios donnait à Zénon 72 ans à sa mort, mais cette indication pose de son
côté d'autres problèmes. L'amitié entre les deux hommes est également évoquée
dans l'Ind. Stoic. Herc., col. VIII et IX . Après lui avoir donné de nombreux
présents durant sa vie, Antigone aurait veillé par l'intermédiaire de Thrason à ce
que les Athéniens pourvoient, aux frais de la Cité, à l'ensevelissement de Zénon
au Céramique ( D.L. VII 15 et Ind . Stoic . Herc ., col. VI, p. 11 Traversa ); c'est
effectivement Thrason qui est nommé comme auteur du décret honorifique, daté
de l'archontat d'Arrhénidès ( 262/1 ), en faveur de Zénon (D.L. VII 10-12).
6 A. Grilli, « Zenone e Antigono II », RFIC 91 , 1963 , p. 287-301 .
La présence de Persaios et Philonidès à la cour d'Antigone est confirmée par
une Lettre d'Épicure à son frère Aristobule (D.L. VII 9 = fr. 45 Arrighetti ?) et
par diverses anecdotes qui leur sont défavorables. S'il ne fut pas vraiment maître
d'Antigone, comme le voudrait Élien, V.H. III 17 , Persaios fut en tout cas le
tuteur ( Tpopeúc ) d'Halcyon , le fils d'Antigone (D.L. VII 36), et devint vers 245
chef de la garnison de l'Acrocorinthe (Dion Chrysostome LXXIII 2) jusqu'à ce
qu'Aratos de Sicyone s'empare de la ville ( Athénée IV , 162 d ; Ind. Stoic. Herc.,
col. XV , p . 26 Traversa ; etc. ) . Certaines sources prétendaient que Persaios était
à l'origine un serviteur fourni à Zénon par Antigone pour être son secrétaire : siç
B16210 ypapiav (D.L. VII 36) . Bion de Borysthène voyait en Persaios l'esclave
plus que le disciple de Zénon (Athénée IV , 162 d = fr. 73 Kindstrand ). Diverses
anecdotes critiquent le comportement de Persaios auprès d'Antigone (Athénée
VI, 251 c = Timon , fr. 186 Diels ; Ind . Stoic . Herc., col. XIII, p. 23-24
Traversa ). Hermippe ( fr. 90 Wehrli) traitait son cas dans un ouvrage consacré à
ceux qui étaient passés de la philosophie à l'exercice du pouvoir ( ſlepi tõv 1 å [ no
Qiho Jooplaç siç Bulva (otellas pe[ Talotávito [ v ], Ind. Stoic. Herc ., col. XVI , 3
6 , p. 28 Traversa ; pour le titre voir également Ind. Acad. Herc ., col. XI, 4-7 ,
p . 29 Mekler). Ménédème prétendait que Persaios avait dissuadé Antigone
d'accorder la liberté à Érétrie (D.L. II 143 ).
Parmi les personnalités ayant évolué à la cour d'Antigone, la tradition men
tionne les poètes Aratos, Antagoras de Rhodes et Alexandre d'Étolie , l'historien
Hiéronymos de Cardie , les philosophes Bion de Borysthène, à qui il fournit deux
serviteurs et dont il aurait suivi en litière le cortège funèbre (D.L. II 54 = T 1A
Kindstrand ; voir aussi D.L. IV 46-47 = T 4 , et Plutarque, De vitioso pudore 7 ,
531 F = T 4 et le commentaire de Kindstrand, p . 14-16) , et Timon de Phlionte
(D.L. IX 110) . On évoque également un don de 3000 drachmes d’Antigone à
Cléanthe (D.L. VII 169). Cf. Tarn 2, p . 223-256 : « Antigonus and his circle ».
La Vita III Arati, p . 15 , 18 s . Martin ( citée dans Susemihl , t . I , p . 3 n. 9 =
Hiéronymos de Cardie, FGrHist 154 F 9) , fait référence à un ouvrage
d'Antigone lui-même où était évoquée la présence du stoïcien Persaios et des
trois poètes Aratos, Antagoras et Alexandre à la cour : Os aútóc onoiv Ò
"Αντίγονος εν τοις περί Ιερώνυμον, qu'il faut corriger en προς Ιερώνυμον ου
nepì ' lepwvúhou. Le Hiéronymos en cause était l'historien des Antigonides ,
Hiéronymos de Cardie . Voir 7 F. Jacoby, art. « Hieronymos » 10, RE VIII 2 ,
1918 , col . 3540-3560 , et 8 Jane Hornblower, Hieronymos of Cardia, Oxford
1981 , XII- 301 p . Plusieurs anecdotes et apophtegmes concernant Antigone sont
dispersés chez Plutarque, Élien, Athénée, etc. On lui prête la définition de la
royauté comme « servitude glorieuse » ( Élien , V.H. II 20 ). Voir 9 L. Fruechtel,
214 ANTILOCHOS
« Was bedeutet die tv & otos dovacía des Antigonos Gonatas ? » , Gymnasium 59,
1952 , p . 350-351 ; 10 H. Volkmann , « "Evdobog dovhsia als ehrenvoller
Knechtdienst gegenüber dem Gesetz », Philologus 100, 1956 , p . 52-61; 11 id . ,
« Die Basileia als "Evdoboç douleia . Ein Beitrag zur Wortgeschichte der
Duleia » , Historia 16, 1967, p . 155-161 .
Citons , pour terminer, la conclusion apportée par F. Chamoux au vivant
portrait qu'il trace d'Antigone : « Tous ces traits de libéralité et de grandeur
d'âme composent une belle figure de souverain , à la fois stratège, politique et
philosophe, affable et ferme, intrépide et généreux , qui mérite d'être placée au
premier rang des princes hellénistiques » ( 5, p . 125 ) .
RICHARD GOULET.
195 ANTILOCHOS RE 5 ( = 4 ! )
D'après Clément d'Alexandrie, Stromates I 16, 80 , 2 ; p . 52, 7-10 Stählin , cet
auteur, désigné comme o toùÇ Yotopaç rpayuaTEVO ÁHEVOS, comptait 312 années
de l'Aixía de Pythagore à la mort d'Épicure (FHG IV 306 ). De ces points de
repères chronologiques on a déduit peut-être un peu rapidement qu'Antilochos
avait écrit une histoire des philosophes grecs de Pythagore à Épicure.
Le nom se retrouve chez Denys d'Halicarnasse, De compositione verborum IV 15 ( bien
que, d'après le plus récent éditeur (Germaine Aujac, CUF ), les manuscrits ne donnent que les
formes 'Aviloyos ou ’Avtiyovov ) dans une liste d'auteurs que personne n'a la patience de lire
jusqu'au bout. Susemihl, t. I, p. 563 n. 225, y reconnaît un certain 'Apoídoxos, historien dont
parle Clément, Stromates VI, 629 a, et Schol. Eurip. Phoen. 670, t. III, p. 188 , 6 Dindorf.
G. Aujac, qui retient la forme 'Avriyovos, y voit l'historien Antigone (RE 18 ; FHG IV 305)
qui écrivit, selon Denys d'Halicarnasse, Ant. Rom. I 6, après Timée et avant Polybe, sur
l'histoire ancienne de Rome ; il est également cité par Plutarque, Romulus 17 , 5. E. Schwartz
déjà, art. « Antilochos» 4, RE 1 2, 1894, col . 2431 (dont « Antilochos » 5 n'est qu'un
doublet), et Stählin à sa suite, envisageaient de retrouver le nom de cet Antigonos dans le texte
de Clément et de corriger τους ιστορας en τας Ιστορίας. Schwartz suggere également de voir en
ToùG " loropas le titre d'un dialogue philosophique qu'il attribuerait à Antiochus d'Ascalon ! On
pourrait également penser à l'historien Antiochus dont Clément, Protreptique III 45 , 1 , cite le
neuvièmelivre des Histoires (cf. FHG I 184,95 ; IV 306 , 639).
RICHARD GOULET.
Platon , Protagoras 315 a 3-5 , qui le présente comme « le plus réputé des
élèves de Protagoras » , indique qu'il étudiait auprès de ce maître, afin de devenir
lui-même sophiste ( ce qui, dans le contexte, le distingue des autres personnages
groupés autour de Protagoras, ainsi que du jeune Hippocrate, en compagnie
duquel Socrate vient rencontrer l'Abdéritain, cf. ibid ., 312 ab ).
A part la reprise de ce passage du Protagoras par Thémistius (Orat. XXIX
347 d) , on ne connaît pas d'autre mention d'Antimoiros .
Le philosophe pragmatiste F.C.S. Schiller a utilisé cette circonstance pour lui
prêter deux dialogues imaginaires qui veulent être une présentation « non plato
nicienne » de la pensée de Protagoras ( Studies in Humanism , London 1906 , trad.
fr. par S. Jankélévitch, Études sur l'Humanisme, Paris 1909, p . 383-444).
Cf. E. Zeller, Die Philosophie der Griechen , t . I 2, 6e éd. 1920 , p . 1324
n . 2 ; M. Wellmann , art. « Antimoiros » , RE I 2 , 1894 , col . 2436 ;
Fr. Überweg, Grundriß der Geschichte der Philosophie, t. I, Berlin 1926 ,
p. 128 .
MICHEL NARCY.
Dion Cassius LXXVII 19, 1 , repris par la Souda A 2695, dit qu '« au début il
jouait au philosophe cynique » ( φιλοσοφείν κυνηδόν τα πρώτα επλάττετο ), qu'a
la guerre contre les Parthes , il encourageait les soldats qui souffraient des
rigueurs climatiques, se jetant lui-même dans la neige et s'y roulant, ce qui lui
valut de l'argent et des honneurs de la part de (Septime-) Sévère et d'Antonin
( -Caracalla ). Mais finalement il déserta , avec le prince arménien Tiridate , pour
rejoindre Vologèse V et les Parthes . Caracalla se servit de ce prétexte pour faire
la guerre contre Vologèse, lequel, sous l'effet de la peur , rendit Antiochus et
Tiridate (Dion Cassius LXXVII 21 ) .
MARIE -ODILE GOULET -CAZÉ.
Comme Zeuxis, l'ami d'Énésidème, dans son ouvrage Sur les doubles
discours, et Apelle, dans l’Agrippa ), il aurait posé exclusivement les phénomènes
( 106 : tiedoi tà paivóueva yova ) , ce qui représente un retour manifeste à
Timon de Phlionte et à l'inspiration pyrrhonnienne ( contre l'évolution
académicienne de l'école sceptique ). Ce mouvement de retour est d'ailleurs
caractéristique du nouveau scepticisme en général.
ANTIPATROS DE TARSE 219
Analyse des sources dans E. Zeller, Die Philosophie der Griechen , 5e éd. ,
Leipzig 1922, III 2 , p . 1 s .; A. Gödeckemeyer, Die Geschichte des griechischen
Skeptizismus, Leipzig 1905, réimpr. Aale 1968 , p . 209-210 ; F. Decleva Caizzi,
Pirrone. Testimonianze, Napoli 1981 , p . 151 et 201.
FRANÇOISE CAUJOLLE-ZASLAWSKY.
Sources anciennes. Dioclès de Magnésie , < 'Eni& poun tāv piloooowv>, est
cité par D.L. VIII 57 et 68 ; Philodème, Nepi tõv (Etoix @v ) , col . VII = SVF
Ant. , fr. 67 .
Études d'orientation . Outre von Arnim 1 et Cohn 2 , voir Pohlenz 3 ,
t . I , p . 188-190 , et t. II , p . 91-96 ; 5 V. Brochard , Les Sceptiques grecs
( 1887 ) , nouvelle éd . (conforme à la 2e éd . de 1923 ) Paris 1969 , p. 156-162 ;
6 G. Rodier , Études de philosophie grecque , Paris 1926 , p . 239 ;
7 M.E. Reesor, « The Stoic Concept of Quality » , AJPh 75 , 1954 , p . 40-58 ;
8 A. Rivaud , Histoire de la Philosophie, 2e éd. , Paris 1960 , t . I , p . 423 ;
9 P.-M. Schuhl, Les Stoïciens, Paris 1962, p. XXXVII -XXXVIII ; 10 J.M. Rist ,
Stoic Philosophy, Cambridge 1969 , p . 221-222 ; 11 A.A. Long , Hellenistic
Philosophy, London 1974 , p. 114-115 .
âge avancé ( cf. SVF III Ant., fr. 7 ), on peut conjecturer sa naissance à Tarse
( cf. Strabon XIV 3 , 14 , p . 674 C. = SVF III Ant., fr. 1 ) vers 210 .
Scholarcat et postérité. Bien que Diogène de Séleucie eût de très nom
breux disciples de valeur, c'est Antipatros qui lui succéda . Il avait la réputation
d'être un excellent dialecticien (cf. Cicéron, Acad . Pr. II 143 = SVF III Ant .,
fr. 6), capable de répondre aux attaques de Carnéade ( cf. SVF III Ant., fr. 4-6 ;
et voir 15 M. Pohlenz, « Plutarchs Schriften gegen die Stoiker » , Hermes 74,
1939 , p . 22-26 ; 16 M.E. Reesor, « The Indifferents in the Old and Middle
Stoa » , TAPA 82 , 1951 , p . 105-106 ; 17 A.A. Long, « Carneades and the
Stoic Telos » , Phronesis 12, 1967, p . 59-90 ), et aux arguments des mégariques. Il
introduisit dans la doctrine bien des nouveautés, tant en physique (voir
Rivaud 8 , t. I, p. 423 ) qu'en éthique ( voir Long 11 , p . 196) .
Il eut pour élèves Panétius de Rhodes (RE 5 ) après la mort de Diogène
( cf. Ind. Stoic . Herc ., col. LI = SVF III Diog . , fr. 11; et Souda, s.v. = Panétius,
fr. 2 Van Straaten ), qui lui succéda comme scholarque en 1294 ; Sosigène (RE 5)
( cf. Alexandre d'Aphrodise, De mixtione, p. 216 Bruns = SVF III Ant ., p. 258 ,
5-12 ; et Ind. Stoic . Herc ., col . LIV ) ; Héraclide de Tarse (RE 40) ( cf. D.L.
VII 121 = SVF III Ant ., p. 258 , 13-16) ; Blossius de Cumes (RE 1 ) ( cf. Plutar
que, Vita Tib . Gracchi 8 , 6, 827 e = SVF III Ant. , fr. 13 ) , qui deviendra le
conseiller de Tiberius Gracchus (voir 18 P. Petit, Précis d'Histoire ancienne,
Paris 1971 , p . 245 ) et lui transmettra l'influence de la pensée politique de
Diogène de Séleucie et d'Antipatros (voir 19 F. Smuts , « Stoic Influences on
Tiberius Gracchus » , AC 1 , 1958 , p . 106-116 , et 20 I. Hadot, « Tradition
stoïcienne et idées politiques au temps des Gracques» , REL 48 , 1970, p . 133
179) ; vraisemblablement Apollonidès de Smyrne (RE 31 ) ( voir 21 H. von
Arnim , art. « Apollonides » 31 , RE II 1 , 1895 , col . 121 , 14-18) , Chrysermos
d'Alexandrie (RE 2) (voir 22 id. , art. « Chrysermos » , RE III 2 , 1899,
col. 2495, 39-42 : disciple d'Antipatros ou de Diogène, dit von Arnim ), le
mathématicien Denys de Cyrène (RE 122) ( voir 23 id ., art. « Dionysios » 122,
RE V 1 , 1903, col. 974, 44-66 ; ainsi que 24 W. Crönert, Kolotes und Mene
demos, p . 102), selon l'Ind. Stoic . Herc., col. LII (= SVF III Diog . , fr. 12) ;
peut-être Dardanos, après la mort de Diogène de Séleucie (cf. Ind . Stoic. Herc .,
col. LI = SVF III Diog ., fr. 11 ) , et Apollodore d'Athènes (RE 67 ) selon l'Ind.
Stoic . Herc . , col. LIII (= SVF III Ant. , fr. 11 ) : voir 25 H. von Arnim , art.
« Apollodoros » 67, RE I 2, 1894, col . 2895 .
Par la suite, il conserva à Athènes de fervents zélateurs, les " Antipatristéens ”
( cf. Athénée V , 186 a = SVF III Ant ., fr. 14), fut placé au rang des philosophes
les plus connus , avec Zénon , Cléanthe ou Chrysippe, mais aussi Aristote
( cf. Cicéron , Tusc. V 107 = SVF III Ant., fr. 3 ) , et demeura abondamment lu et
commenté dans les cercles cultivés de Rome ( cf. Arrien , Epict. diss. II 17 , 40 et
III, 2 , 13 = SVF III Ant. , fr. 10 et 9) .
< Antipatros est cité parmi les hiéropes des Ptolemaia dans IG II?, 1938 ,
li . 63. L'inscription se situe vers le milieu du II s . av . J.-C. , entre 152/1 et 148/7
( cf. B.D. Meritt, Hesperia 33 , 1964, p. 207 ; A.E. Samuel, Greek and Roman
Chronology, München 1972, p . 219). La célébration des Ptolemaia dut avoir,
cette année -là , un caractère particulièrement solennel si l'on en juge par le nom
bre des hiéropes, parmi lesquels on trouve, avec Panaitios, plusieurs membres de
222 ANTIPATROS DE TARSE
( 13 ) Nepi ópyñs ( cf. Athénée XIV , 643 f = SVF III Ant. , fr. 65 ; æuvre
contestée par Cohn 2 , p . 15 n . 1 ; acceptée par 32 O. Hense , « Zu Antipatros
von Tarsos», RhM 73 , 1930 , p . 290-306, et par Pohlenz 3 , t. II, p . 96) .
( 14) Iepi oủoias (au moins deux livres d'après D.L. VII 150 = SVF II Ant.,
fr. 32. Selon von Arnim 1 , col . 2516 , 22-23 , l'ouvrage doit être attribué à
Antipatros de Tyr dont il était effectivement question , chez D.L. VII 139-148 =
SVF III Ant., fr. 43-45, juste avant).
( 15 ) Nepi yuxñs ( plusieurs livres selon D.L. VII 157 = SVF III Ant., fr. 49 ;
cf. Scholia in Hom . Iliad. XVI 115 = SVF III Ant., fr. 50. Comme pour le n° 14
il faudrait, selon von Arnim 1 , col . 2516, 23 , attribuer l'ouvrage à Antipatros
de Tyr ; mais l'argument invoqué a ici beaucoup moins de portée ).
Études particulières
Sur le fr. 36 , voir 33 O. Panagl, « Apollons Pythonkampf und die delphi
sche Orakelgründung im Spiegel antiker Mythenkritik », Kairos 12, 1970, p. 31
41 .
Sur l'authenticité du fr. 47 , voir Babut 29 , p. 211 n . 5 .
Sur l'authenticité du fr. 48 , voir 34 C. Wendel, « Späne III, 23 », Hermes
77 , 1942, p . 216-217 , Pohlenz 3 , t. II , p . 94 , et Babut 29 , ibid .
Sur l'authenticité du fr. 55 , voir les doutes de Pohlenz 3 , t . II, p. 95 .
Sur le fr. 57 , voir, outre Long 17 : 35 W. Wiersma , « Téros und xaon
KOV » , Mnemosyne 3 , 1937 , p . 219-228 ; 36 M. Van Straaten , Panétius ,
Amsterdam 1946 , p . 153 ; 37 M. Soreth , « Die Zweite Telosformel des
Antipater von Tarsos » , AGPh 50 , 1968 , p . 48-72 ; 38 V. Goldschmidt , Le
système stoïcien et l'idée de temps, 2e éd., Paris 1999 , p . 130 n. 2 et p. 138
139 ; de Vogel, 13 , t. III, p. 133 et 155 .
Sur le fr. 59, voir 39 W. Wiersma, lepl témouc, Groningen 1937 , p . 71 .
Sur le fr. 63 , voir 40 E. Orth , « Zu Antipatros von Tarsos » , PhW 1931 ,
p . 189-190 ( à propos de SVF III, p . 255 , 15-16 : lire éxelv au lieu de
ÉNYLÉV <Wv > (von Arnim ) ŠTI LÉV ).
CHRISTIAN GUÉRARD .
Traversa = fr. 184 Hülser ; Strabon XVI, 757 , et Epit. Laert. éd. V. Rose ,
Hermes 1 , 1866, p. 370 s.) . Il fut l'ami de Caton d'Utique (Plutarque, Cato min .
4 ) ; il mourut peu après 44 à Athènes (Cicéron , De off. II 86).
Cf. Susemihl, t. II, p.247; H. von Arnim , art. « Antipatros von Tyros » 27,
RE I 2, 1894 , col. 2516 ; M. Pohlenz, Die Stoa , t. I, p . 242 ; t. II, p . 124 ;
J. Glucker, Antiochus, p. 349-350.
Titres attestés. ( 1 ) Nepl toũ xaOnKovtoç. On en déduit l'existence d'un
passage de Cicéron , De off. II 86 : “duo praeterita censet esse a Panaetio, valetu
dinis curationem et pecuniae”. L'ouvrage fut écrit dans le cadre d'une polémique
contre Panétius, ou du moins en complément au traité de Panétius qui portait le
même titre (Susemihl).
D'autres ouvrages sont signalés par Diogène Laërce et par Stobée sans que soit
indiquée l'origine géographique de l'auteur, si bien qu'on ne sait pas s'il faut les
attribuer à Antipatros de Tyr ou à Antipater de Tarse :
(2) Nepi nóguou, en au moins huit livres ( von Arnim ), ou dix (Susemihl); cité
à plusieurs reprises par Diogène Laërce (VII 139 , 140 , 148 ).
(3 ) Nepl oủoías, cité par D.L. VII 150.
( 4 ) Nepi yuxñs, cité par D.L. VII 157 .
(5 ) Nepi yauou, cité par Stobée , Flor. LXX 13 .
(6 ) Nepi yuvaixos Ouu6160ews, cité par Stobée, Flor. LXVII 25.
Susemihl ne reconnaît que les deux premiers comme ouvrages de notre
Antipatros; von Arnim les enregistre tous les quatre, non sans hésitation . Voir
aussi la notice « Antipatros de Tarse » .
TIZIANO DORANDI.
208 ANTIPHON RE 16
Auteur d'un ſepi tõv év åpetñ npwtevoÁVTwv cité par D.L. VIII 3 : muni
d'une lettre de recommandation de Polycrate auprès d'Amasis, Pythagore aurait
appris la langue égyptienne. Au même ouvrage, cité sous le titre Nepi toŨ Blou
των εν αρετή πρωτευσάντων, est emprunté un développement de la Vie de
Pythagore par Porphyre (§ 7-8 ) qui raconte plus longuement le même épisode de
la vie du philosophe.
RICHARD GOULET.
rassemblées plus haut, sans que le biographe dispose des éléments qui lui
permettraient de faire, avant leur mort, une distinction entre eux .
Curieusement, ce n'est pas autour de l'oligarque et du poète que s'est
cristallisée la question des Antiphon, mais autour d'une autre dichotomie, dont
Hermogène de Tarse (De ideis II, p. 399, 18-400 , 21 Rabe) est le premier à
faire état. Hermogène se fait l'écho d'une tradition , comptant parmi ses autorités
le grammairien Didyme, d'après laquelle il y aurait eu « plusieurs Antiphon » :
parmi ces derniers, ceux qui touchent au propos d'Hermogène, et qui sont dési
gnés comme appartenant à la sophistique (oi 00DIOTEÚOAVTEC) étaient au nombre
de deux . L'un est « l'orateur» ( p. 400 , 1 Rabe ), identifié plus bas ( p. 400 , 22
Rabe ) à Antiphon de Rhamnonte , et, dit Hermogène, « celui qu'on dit avoir été à
la fois devin (TEPATOoxonOC ) et interprète de rêves est un autre » ( p. 400, 2-4) .
Telle que rapportée par Hermogène, l'information sur ce deuxième Antiphon est
dépourvue d'éléments biographiques, en particulier du seul dont on dispose sur
le deuxième Antiphon : sa mort. Hermogène donne en revanche une liste des
@uvres attribuées à chacun des deux Antiphon . Cette liste est traditionnellement
au centre de la question des Antiphon .
Tel qu'il est transmis dans les manuscrits, le texte fait se chevaucher les deux listes. A
« l'orateur » sont attribués « les discours sur des affaires de meurtres, des discours prononcés à
Γ'assemblée et ceux qui leur sont semblables » (οι φονικοί φέρονται λόγοι και δημηγορικοί και
POOL TOÚTOIS ÓLoiol, p. 400 , 1-2 Rabe ): ces indications recoupent celles que donne Thucydide,
selon qui l'habileté d'Antiphon s'exerçait « dans les débats des tribunaux aussi bien que de
l'assemblée » (VIII 68, 1 ). Les æuvres attribuées à l' « autre » Antiphon , en revanche, enrichis
sent notre catalogue : à lui, « on dit qu'appartiennent les discours Sur la vérité, le Sur la
concorde, les discours à l'assemblée et le Politique » (of te nepi tñs danociac elvai Néyovtai
λόγοι και ο περί ομονοίας και οι δημηγορικοί και ο πολιτικός , p. 400 , 4-6 Rabe). Les (ou des :
l'article manque à la première occurrence de onunyopixol, p. 400, 2 Rabe) discours à l'assem
blée figurent dans les deux listes ; si l'on ajoute qu’un manuscrit (Vaticanus gr. 107) fait figurer
aussi dans la première, après onunyopixoi (p. 400, 2 Rabe ), les mots xal o nolitixóc on se
trouve devant le choix suivant : ou bien, déjà homonymes, les deux Antiphon ont écrit en outre
des œuvres jumelles; ou bien il s'agit d'attributions contestées ; ou bien enfin une confusion
entre les deux listes s'est introduite dans les manuscrits. C'est à cette dernière solution que se
rangent la plupart des éditeurs, en proposant diverses corrections. 1 J. Taylor, Lectiones
lysiacae, cap. VII, dans Lysiae orationes et fragmenta, Londini 1739, p. 697 (= J.J. Reiske,
Oratorum graecorum quae supersunt monumenta ingenii, vol. 6, Lipsiae 1772, p. 269 ), suivi
par 2 P. Van Spaan , Dissertatio historica de Antiphonte, oratore attico, Lugduni Batavorum
1765 , p. 15 (= T. Kidd [ édit. ], Opuscula Ruhnkenian