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Problème de synthèse n˚ 1

Irrationalité de ⇣p2q

Maths Sup - Concours 2013

Notations, définitions et rappels

– Pour toute fonction f et pour tout entier naturel n, f pnq désignera, lorsqu’elle existe, la dérivée n-ème de f . Par
convention, f p0q “ f .
p
– On rappelle que l’ensemble des nombres rationnels est noté Q et que les rationnels sont de la forme avec p P Z,
q
˚ p
q P N et où la fraction est irréductible (ce qui s’écrit aussi pgcd pp, qq “ 1). R r Q est l’ensemble des nombres
q
irrationnels.

Objectif du problème, dépendance des parties

– Le but du problème est d’établir une formule permettant de calculer les nombres ⇣p2pq, définis pour tout entier
naturel p supérieur ou égal à 2 par :
ÿn
1
⇣ppq “ lim p
.
nÑ`8
k“1
k
Le problème propose également une preuve de l’irrationalité du nombre ⇣p2q.

– La partie I prouve l’existence de la limite définissant ⇣ppq pour tout entier naturel p supérieur ou égal à 2. La
partie II propose l’étude de la suite des polynômes de Bernoulli, intervenant dans l’expression des nombres
⇣p2pq (p P N˚ ). Au cours de la partie III, on détermine une expression de ⇣p2pq pour tout p P N˚ . Enfin, en
partie IV, on prouve l’irrationalité de ⇣p2q.

– Les parties II, III et IV sont indépendantes entre elles.

Optimal Sup/Spé - 24, rue de l’Amiral Hamelin 75116 Paris - tel : 01.44.05.12.13 choix 2 - www.optimalsupspe.fr
- Concours 2013 2

˜ ¸
ÿn
1
I. Étude de la convergence de la suite
kp
k“1 nPN˚
Dans cette partie, on considère un entier naturel p supérieur ou égal à 2 et on définit la suite pSn ppqqnPN par :
ÿn
1
@n P N˚ , Sn ppq “ p
¨
k“1
k

1) Étudier la monotonie de la suite pSn ppqqnPN˚ .


ª k`1
1 1 1
2) (a) Montrer que pour tout entier naturel k supérieur ou égal à 1, § dt § p .
pk ` 1qp k tp k
ªn
1 1
(b) En déduire que pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2, Sn ppq ´ 1 § dt § .
1 t p p´1

(c) Conclure que la suite pSn ppqqnPN˚ converge. On notera ⇣ppq sa limite.

II. Polynômes de Bernoulli et nombres de Bernoulli

Dans cette partie, on note pRrXs, `, ¨q l’espace vectoriel des polynômes à coefficients réels. On identifie un polynôme
de RrXs à sa fonction polynomiale associée définie sur R.

1) Soit f une fonction définie et continue sur r0, 1s, à valeurs réelles. Montrer qu’il existe une unique fonction
F : r0, 1s Ñ R de classe C 1 sur r0, 1s telle que :
ª1
F1 “ f et : F ptq dt “ 0.
0

On appelle suite de polynômes de Bernoulli une suite pBn qnPN de polynômes de RrXs définie par :

i) B0 “ 1,

ii) @n P N˚ , Bn1 “ nBn´1 ,


ª1
iii) @n P N˚ , Bn ptq dt “ 0.
0

2) Montrer que les conditions i), ii) et iii) définissent une unique suite pBn qnPN de polynômes de RrXs. On l’appel-
lera alors la suite des polynômes de Bernoulli.

Pour tout n P N, on note : bn “ Bn p0q. On dit que bn est le n-ème nombre de Bernoulli.

3) Calculer B1 et B2 . En déduire b1 et b2 .

4) (a) Pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2, calculer Bn p1q ´ Bn p0q.

(b) Montrer que : @n P N, Bn pXq “ p´1qn Bn p1 ´ Xq.

(c) Montrer alors que pour tout p P N˚ , b2p`1 “ 0.


3 - Concours 2013

n ˆ ˙
ÿ n
5) (a) Montrer que pour tout n P N, Bn pXq “ b Xk.
k n´k
k“0
p ˆ ˙
ÿ p
(b) En déduire que la suite des nombres de Bernoulli vérifie : @p P N, p • 2, b “ 0.
k p´k
k“1
2p
ÿ ˆ ˙
2p
(c) Montrer que pour tout p P N, b2p “ bk .
k
k“0

(d) En déduire que pour tout p P N, p • 2, on a :

1 ÿ ˆ2p ` 2˙
2p´2
b2p “ ´ bk .
p2p ` 2qp2p ` 1q k“0 k

Ces dernières relations permettent de calculer les nombres de Bernoulli par récurrence. Elles permettent égale-
ment de prouver que les nombres de Bernoulli sont rationnels.

III. Calcul de ⇣p2pq

ÿ
n
1) Pour tout t Ps0, ⇡s, calculer cosp2ktq, puis déterminer une constante réelle telle que :
k“1
sinpp2n ` 1qtq ÿn
@t Ps0, ⇡s, “ cosp2ktq ` .
2 sinptq k“1

2) Montrer que pour toute fonction f : r0, ⇡s Ñ R de classe C 1 sur r0, ⇡s on a :


ª⇡
lim f ptq sinpp2n ` 1qtq dt “ 0.
nÑ`8 0
ª⇡ ˆ ˙
t
Pour tout couple pp, kq d’entiers naturels, on définit Jp,k “ B2p cosp2ktq dt.
0 ⇡

3) (a) A l’aide de deux intégrations par parties, calculer J1,k pour tout k P N.

(b) Pour p P N, p • 2, trouver une relation entre Jp,k et Jp´1,k .

(c) En déduire l’expression de Jp,k en fonction de p et de k pour tout pp, kq P N2 .

Dans la suite, on considère un entier p P N˚ fixé et on définit la fonction 'p : r0, ⇡s Ñ R par :
B2p p ⇡t q ´ b2p
'p p0q “ 0, 'p p⇡q “ 0 et : @t Ps0, ⇡r, 'p ptq “ ¨
sinptq
Il est admis dans la suite du problème que la fonction 'p est de classe C 1 sur r0, ⇡s.

ª⇡
4) (a) Donner une expression de 'p ptq sinpp2n ` 1qtq dt en fonction de n, p et de b2p .
0

(b) En déduire la valeur de ⇣p2pq en fonction de p et de b2p .

(c) Donner les valeurs de ⇣p2q et ⇣p4q.


- Concours 2013 4

En 1882, Lindemann démontra que ⇡ est transcendant. C’est-à-dire que ⇡ n’est racine d’aucun polynôme (non
nul) à coefficients rationnels. Ce résultat a permis de prouver que tous les nombres ⇣p2nq sont irrationnels. Le premier
résultat concernant les ⇣p2n ` 1q n’est arrivé qu’en 1978, lorsque Apéry démontra que ⇣p3q est irrationnel. Il aura
fallu plus d’un siècle pour obtenir un résultat concernant l’irrationalité des ⇣p2n ` 1q. Ces nombres restent encore très
mystérieux à l’heure actuelle. En 2001, Zuidilin a montré qu’au moins un nombre parmi ⇣p5q, ⇣p7q, ⇣p9q et ⇣p11q est
irrationnel.

IV. Irrationalité de ⇣p2q

xn p1 ´ xqn
Dans cette partie, n désigne un entier naturel non nul et pour tout x réel, on pose fn pxq “ .
n!

1) Soit n P N˚ .

1 ÿ
2n
(a) Montrer qu’il existe n ` 1 entiers en , en`1 , ¨ ¨ ¨ , e2n tels que, pour tout x P R, fn pxq “ ei xi .
n! i“n
pkq
(b) Montrer que pour tout k P N, fn p0q est entier.

pkq
(c) En remarquant que pour tout x P R, fn pxq “ fn p1 ´ xq, montrer que fn p1q est entier.

On veut prouver que ⇡ 2 est irrationnel. On va raisonner par l’absurde : supposons qu’il existe deux entiers u et
u u
v tels que la fraction soit irréductible (c’est-à-dire tels que pgcd pu, vq “ 1) tels que ⇡ 2 “ .
v v
2) Pour tout n P N˚ , on définit la fonction Fn sur R par :
´ ¯
@x P R, Fn pxq “ v n ⇡ 2n fn pxq ´ ⇡ 2n´2 fnp2q pxq ` ⇡ 2n´4 fnp4q pxq ` ¨ ¨ ¨ ` p´1qn fnp2nq pxq .

(a) Montrer que pour tout n P N˚ , Fn p0q et Fn p1q sont des entiers.

(b) Pour tout n P N˚ , on note gn la fonction définie sur R par :

@x P R, gn pxq “ Fn1 pxq sinp⇡xq ´ ⇡Fn pxq cosp⇡xq.

Montrer que : @x P R, gn1 pxq “ ⇡ 2 un fn pxq sinp⇡xq.


ª1
(c) Établir que pour tout n P N˚ , An “ ⇡un fn pxq sinp⇡xq dx est un entier.
0

un
Dans la suite, on note pwn qnPN la suite définie par : @n P N, wn “ .
n!
1
3) (a) Montrer qu’il existe un entier naturel n0 tel que pour tout n P N, n • n0 , wn † .
2
1
(b) Montrer que pour tout x P r0, 1s, 0 § fn pxq § .
n!

(c) En déduire que pour tout n P N, n • n0 , An Ps0, 1r, puis que ⇡ 2 est irrationnel. Conclure quant à l’irratio-
nalité de ⇣p2q.

(d) Peut-on déduire de ce qui précède l’irrationalité de ⇡ ?


Problème de synthèse n˚ 1

Irrationalité de ⇣p2q

Maths Sup - Concours 2013

Correction

˜ ¸
ÿn
1
I. Étude de la convergence de la suite
kp
k“1 nPN˚
1
1) On a : @n P N˚ , Sn`1 ppq ´ Sn ppq “ ° 0, et donc :
pn ` 1qp

La suite pSn ppqqnPN˚ est strictement croissante

1
2) (a) Soit k P N˚ . La fonction t P s 0 ; `8 r fiÑ est décroissante sur r k ; k ` 1 s. On a donc :
tp
1 1 1
@t P r k ; k ` 1 s , § p § p.
pk ` 1qp t k
On en déduit, par croissance de l’intégration sur r k ; k ` 1 s pk § k ` 1q les fonctions en présence étant
continues sur ce segment :
ª k`1 ª k`1 ª k`1
1 1 1
dt § dt § dt.
k pk ` 1qp
k t p
k kp
Conclusion :
ª k`1
˚ 1 1 1
@k P N , § dt § p
pk ` 1qp k tp k

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Point méthode
Pour encadrer l’intégrale d’une fonction f sur un segment r a ; b s, il est souvent utile d’encadrer f ptq
pour tout t P r a ; b s, puis d’intégrer les inégalités obtenues à l’aide de la croissance de l’intégration. Se
souvenir que pour appliquer la positivité ou la croissance de l’intégration sur un segment r a ; b s, il ne
faut pas pas oublier de vérifier que les fonctions en présences sont continues sur ce segment et que les
bornes a et b sont rangées dans l’ordre croissant. Des conditions analogues s’appliquent aux intégrales
généralisées, voir le Polycopié "Intégration sur un intervalle quelconque".

(b) Soit n P N˚ , n • 2. En substituant k ´ 1 à k (avec k ´ 1 • 1 puisque k • 2) dans l’inégalité obtenue à la


question précédente, on a :
ªk
1 1
@k P N, k • 2, p § p
dt.
k k´1 t
En sommant ces inégalités pour k allant de 2 à n, on en déduit :
ÿn ÿn ªk
1 1
Sn ppq ´ 1 “ p
§ p
dt.
k“2
k k“2 k´1
t
n ªk
ÿ ªn
1 1
La relation de Chasles permet d’affirmer que : p
dt “ dt. Or, on a :
k“2 k´1 t 1 tp
ªn „ ⇢n
1 1 1
dt “
1 tp p ` 1 tp`1 1
ˆ ˙
1 1
“ 1 ´ p`1
p`1 n
1
§ .
p`1
Conclusion :
ªn
1 1
@n P N, n • 2, Sn ppq ´ 1 § dt §
1 tp p`1

(c) La suite pSn ppqqnPN˚ est croissante d’après la question 1). De plus, la question précédente prouve que cette
1
suite est majorée (par 1+ , qui ne dépend pas de n).
p`1
Conclusion :

La suite pSn ppqqnPN˚ converge

II. Polynômes de Bernoulli et nombres de Bernoulli

1) Existence : comme f est continue sur r0, 1s, le théorème fondamental de l’analyse assure que f admet une
primitive sur r0, 1s. Soient alors g une primitive de f sur r0, 1s, et F la fonction définie sur r0, 1s par :
ª1
@t P r 0 ; 1 s , F ptq “ gptq ´ gptq dt.
0
ª1
On a alors, g étant une primitive de f et gptq dt étant une constante :
0
ª1
F 1 “ f , et : F ptq dt “ 0.
0
7

Unicité : supposons qu’il existe une fonction G : r 0 ; 1 s Ñ R de classe C 1 sur r 0 ; 1 s telle que G1 “ f et :
ª1
Gptq dt “ 0. Les fonctions F et G sont alors deux primitives de f sur r 0 ; 1 s. Il existe donc une constante
0
réelle k P R telle que : F ´ G “ k. En intégrant cette égalité, il vient alors :
ª1 ª1
F ptq dt ´ Gptq dt “ k.
0 0

Comme F et G sont deux primitives de f , on en déduit que : k “ 0, et donc : G = F .

Conclusion :
ª1
Il existe une unique fonction F , définie et continue sur r0, 1s, telle que : F 1 “ f et : F ptq dt “ 0
0

2) Montrons par récurrence que pour tout n P N, la proposition Ppnq définie par :
Ppnq : "le polynôme Bn est défini de manière unique"
est vraie.

– Initialisation. Par hypothèse, on a : B0 “ 1. Ainsi, Pp0q est vraie.

– Hérédité. Soit n P N˚ . Supposons Ppn ´ 1q vraie et montrons que Ppnq est vraie. Par hypothèse, on a :
ª1
Bn1 “ nBn´1 et : Bn ptq dt “ 0.
0

D’après la question précédente (appliquée à f “ nBn´1 , qui est bien continue sur r0, 1s en tant que fonction
polynomiale), le polynôme Bn est alors déterminé de manière unique.

Ainsi, si Ppn ´ 1q est vraie, alors Ppnq est vraie.

– Conclusion : Pour tout n P N, le polynôme Bn est unique, et ainsi :

Les relations i, ii et iii définissent une unique suite pBn qnPN de polynômes de RrXs

3) Un calcul rapide donne :

1 1
B1 pXq “ X ´ et : B2 pXq “ X 2 ´ X `
2 6

On en déduit alors, en évaluant ces expressions en 0 :


1 1
b1 “ ´ et : b2 “
2 6

4) (a) Soit n P N, n • 2. Comme : Bn1 “ nBn´1 , alors, en intégrant cette relation sur r0, 1s, les fonctions en
présences étant continues sur ce segment, on obtient :
ª1 ª1
Bn p1q ´ Bn p0q “ Bn1 ptq dt “ Bn´1 ptq dt.
0 0
ª1
Comme : n • 2, alors : n ´ 1 • 1, et donc, d’après (iii) : Bn´1 ptq dt “ 0. On peut conclure :
0

@n P N, n • 2, Bn p1q ´ Bn p0q “ 0
8

(b) Idée : Nous allons utiliser ici l’unicité de la suite des polynômes de Bernoulli. Pour montrer que les
polynômes Bn pXq et p´1qn Bn p1 ´ Xq pn P Nq sont égaux, il suffit ici de montrer que les polynômes
p´1qn Bn p1 ´ Xq pn P Nq vérifient aussi les relations i), ii) et iii) ; par unicité, on aura alors :
@n P N, Bn pXq “ p´1qn Bn p1 ´ Xq.

Notons, pour tout entier naturel n, Cn pXq “ p´1qn Bn p1 ´ Xq.

i) On a : C0 pXq “ p´1q0 B0 p1 ´ Xq “ 1.

ii) Soit n P N˚ . En dérivant la relation définissant Cn (et en prenant soin de ne pas oublier de dériver
1 ´ X en ´1 dans la dérivation de la composée), on a :
Cn1 pXq “ ´p´1qn Bn1 p1 ´ Xq soit, d’après la propriété ii) :

“ p´1qn´1 nBn´1 p1 ´ Xq

“ nCn´1 .

iii) Enfin, on a :
ª1 ª1
Cn ptq dt “ p´1qn Bn p1 ´ tq dt
0 0
ª1
“ p´1qn Bn p1 ´ tq dt.
0

La fonction t P r 0 ; 1 s fiÑ 1 ´ t étant de classe C 1 sur r0, 1s, le changement de variable u “ 1 ´ t,


du “ ´dt permet d’écrire que :
ª1 ª0
Bn p1 ´ tq dt “ Bn puqp´ duq soit :
0 1
ª1
“ Bn puq du.
0

Finalement :
ª1 ª1
Cn ptq dt “ p´1q n
Bn p1 ´ tq dt soit, comme n • 1 :
0 0
“ 0.
Ainsi, on a établi que la suite pCn qnPN vérifie les propriétés i), ii) et iii). Par unicité de la suite des polynômes
de Bernoulli, on peut désormais conclure :

@n P N, p´1qn Bn p1 ´ Xq “ Bn pXq.

Point méthode
Exploiter une caractérisation. Pour montrer que deux éléments A et B d’un ensemble E sont
égaux en mathématiques, on peut utiliser une caractérisation de A. En effet, si l’on dispose d’une
caractérisation de l’objet A de la forme "A est l’unique objet de E à satisfaire une propriété P ",
alors pour montrer que B “ A, il suffira de montrer que B vérifie aussi cette propriété P . C’est
exactement ce qu’on a fait ici pour établir l’égalité des polynômes Bn pXq et p´1qn Bn p1 ´ Xq.
9

Remarque
Comme le soulignent de nombreux rapports de jury, il convient de ne pas confondre propriété
et caractérisation d’un objet mathématique.

Une propriété est une assertion vérifiée par un objet. Par exemple, dans la phrase "les élèves de
l’école Polytechnique ont un statut militaire", le fait d’avoir un statut militaire est une propriété
(parmi d’autres) des élèves de l’école Polytechnique. Il n’y a alors pas nécessairement équivalence
entre vérifier l’assertion et être l’objet considéré. Dans notre exemple, il n’y a pas équivalence entre
"avoir un statut militaire" et "être élève de l’école Polytechnique". Tous les militaires ne sont pas
polytechniciens !

Une caractérisation d’un objet est une propriété qui, comme son nom l’indique, caractérise un objet :
l’objet est unique à la vérifier. Par exemple, dans la phrase "la lune est l’unique satellite naturel de
la Terre", il y a ici équivalence entre "être un satellite naturel de la Tere" et "être la Lune". Pour
montrer qu’un astre est la Lune, montrer qu’il s’agit d’un satellite naturel de la Terre sera alors
suffisant.

(c) D’après le résultat de la question précédente, pour tout entier naturel n, on a : bn “ p´1qn Bn p1q. Or, on
a également, lorsque n est non nul : Bn p1q “ Bn p0q “ bn . On en déduit que : @n P N˚ , bn “ p´1qn bn , et
donc, en particulier : @p P N, b2p`1 “ ´b2p`1 . On peut finalement conclure :

@p P N, b2p`1 “ 0

5) (a) Soit n P N. Comme Bn est de degré n (ce que l’on pourrait établir par récurrence simple sur n à l’aide des
relations i) et ii)), alors en particulier : Bn P Rn rXs. La formule de Taylor pour les polynômes appliquée à
Bn au point 0 permet alors d’écrire que :
ÿ
n pkq
Bn p0q
Bn pXq “ Xk.
k“0
k!

Le soin est laissé au lecteur de vérifier par récurrence simple sur k que de la relation ii) on déduit, pour
tout k P rr 0 ; n ss :
pkq n!
Bn pXq “ Bn´k pXq,
pn ´ kq!
ce qui permet en particulier d’écrire que :
pkq n!
Bn p0q “ bn´k .
pn ´ kq!
On obtient finalement :
n ˆ ˙
ÿ n
@n P N, Bn pXq “ b Xk
k n´k
k“0
10

Rappel de cours
Théorème (Formule de Taylor pour les polynômes). Soient n P N, P P Rn rXs et ↵ P R. On a :
ÿ
n
P pkq p↵q
P pXq “ pX ´ ↵qk . p‹q
k“0
k!
Cette formule est au programme en filière MPSI et à la limite du programme en PCSI et PTSI. Il est
cependant bon de connaître les idées de sa démonstration. Un preuve élégante utilise des arguments
d’algèbre linéaire. On commence par remarquer que l’application
$
’ R rXs ›Ñ Rn rXs
& n
': ÿn
P pkq p↵q

% P fi›Ñ pX ´ ↵qk
k“0
k!
est linéaire. Par conséquent, le lecteur pourra se convaincre qu’il suffit de vérifier la formule sur les
éléments d’une base de Rn rXs (voir la Fiche méthodologique "Applications linéaires").
` ˘
La famille pX ´ ↵qk kPrr 0 ; n ss est une famille d’éléments de Rn rXs, échelonnée en degrés donc libre,
de longueur n ` 1 “ dim Rn rXs. C’est donc une base de Rn rXs. On constate enfin (sans calculs !)
que la formule p‹q est vraie pour P “ pX ´aqk pour tout k P rr 0 ; n ss, ce qui achève la démonstration.

Comment conclure sans calculs ? Il faut se souvenir que ↵ P R est racine de P d’ordre de multiplicité
au moins n P N˚ si et seulement si ↵ est racine de P , P 1 ,..., et P pn´1q . Si P pXq “ pX ´ aqk , ↵ est
racine d’ordre de multiplicité k de P donc, sans calculs, on a : P paq “ P 1 paq “ . . . “ P pk´1q paq “ 0.
De plus, P étant de degré k, toutes les dérivées d’ordre supérieur s’annulent. Il ne reste plus qu’un
terme dans la somme, et on peut remarquer qu’il s’agit justement de P .

Une démonstration algébrique alternative est présentée dans le Polycopié "Polynômes".


D’autres preuves utilisent des arguments issus de l’analyse (formule de Taylor avec reste intégral
ou égalité de Taylor-Lagrange par exemple) en considérant la fonction polynomiale associée.

(b) Soit n P N, n • 2. En évaluant le résultat de la question précédente en 1, on obtient :


ÿn ˆ ˙
n
Bn p1q “ b soit, en isolant le terme en k = 0 :
k n´k
k“0
ÿn ˆ ˙
n
“ bn ` b .
k n´k
k“1

Mais comme : n • 2, le résultat de la question II.4)a) assure que : Bn p1q “ bn . On peut désormais conclure :

n ˆ ˙
ÿ n
@n P N, n • 2, b “0
k n´k
k“1

(c) Soit p P N. En réécrivant le résultat de la question II.5)a) pour n “ 2p, on obtient :


2p ˆ ˙
ÿ 2p
B2p pXq “ b2p´k X k .
k
k“0

En évaluant cette dernière relation en 1, il vient alors :


ÿ2p ˆ ˙
2p
B2p p1q “ b2p´k soit avec k 1 “ 2p ´ k :
k
k“0
ÿ2p ˆ ˙
2p
“ b
2p ´ k k
k“0
ÿ2p ˆ ˙
2p
“ bk .
k
k“0
11

Conclusion :
2p ˆ ˙
ÿ 2p
@p P N, b2p “ bk
k
k“0

ÿ ˆ
2p`2
2p ` 2
˙
(d) Soit p P N, p • 2. D’après la question précédente, on a : b2p`2 “ bk . On en déduit que :
k
k“0

ÿ ˆ
2p´2
2p ` 2
˙ ˆ
2p ` 2
˙ ˆ
2p ` 2
˙ ˆ
2p ` 2
˙ ˆ
2p ` 2
˙
b2p`2 “ bk ` b2p´1 ` b2p ` b2p`1 ` b
k 2p ´ 1 2p 2p ` 1 2p ` 2 2p`2
k“0

ÿ ˆ
2p´2
2p ` 2
˙ ˆ
2p ` 2
˙ ˆ
2p ` 2
˙
“ bk ` b2p´1 ` b2p ` p2p ` 2qb2p`1 ` b2p`2
k 2p ´ 1 2p
k“0

ÿ ˆ
2p´2
2p ` 2
˙
“ bk ` p2p ` 2qp2p ` 1qb2p ` b2p`2 , car p • 2 et ainsi : b2p´1 “ b2p`1 “ 0.
k
k“0

On en déduit finalement que :

1 ÿ ˆ2p ` 2˙
2p´2
@p P N, p • 2, b2p “ ´ bk
p2p ` 2qp2p ` 1q k“0 k

III. Calcul de ⇣p2pq


˚
1) Il s’agit d’un calcul très classique. Soient
˜ t P s 0 ; ⇡ s et
¸ n P N . Commençons par remarquer, à l’aide des nombres
ÿn ÿ
n ÿn
complexes, que : cosp2ktq “ Re expp2iktq , où, d’après la formule de Moivre, expp2iktq est la
k“1 k“1 k“1
somme des n premiers termes consécutifs de la suite géométrique pexpp2itqk qkPN˚ .

Rappel de cours
Somme des termes consécutifs d’une suite géométrique : considérons un nombre complexe a non nul et
p P N, q P N avec q • p. Se souvenir que :
$
& ap 1 ´ a
q´p`1

ÿq
si a ‰ 1
ak “ 1´a .

%
k“p q ´ p ` 1 si a “ 1
Attention à ne pas oublier le premier terme (ici, ap ) dans la formule !
Se rappeler également que l’intervalle rr p ; q ss contient q ´ p ` 1 entiers.

On a donc :
$
& e2it 1 ´ e
2int

ÿ
n
si t P s 0 ; ⇡ r
expp2iktq “ 1 ´ e2it .

%
k“1 n si t “ ⇡
Si t P s 0 ; ⇡ r, en factorisant par l’exponentielle moitié, on a :
` ˘
1 ´ e2int eint e´int ´ eint

1 ´ e2it eit pe´it ´ eit q
e´int ´ eint
“ eipn´1qt
e´it ´ eit
sinpntq
“ eipn´1qt grâce aux formules d’Euler.
sinptq
12

Rappel de cours
ei✓ ` e´i✓ ei✓ ´ e´i✓
Propriété (Formules d’Euler). On a : @✓ P R, cos ✓ “ , et : sin ✓ “ .
2 2i

˜ ¸ ˆ ˙
ÿ
n
ipn`1qt sinpntq sinpntq
On en déduit que : Re expp2iktq “ Re e “ cos ppn ` 1qtq .
k“1
sinptq sinptq

En utilisant les formules de duplication, on peut affirmer que :

sinpp2n ` 1qtq ´ sinptq “ sinppn ` 1qt ` ntq ´ sinppn ` 1qt ´ ntq

“ 2 cosppn ` 1qtq sinpntq.


On obtient finalement :
˜ ¸
ÿ
n ÿ
n
cosp2ktq “ Re expp2iktq
k“1 k“1
sinpntq
“ cosppn ` 1qtq soit d’après ce qui précède :
sinpntq
sinpp2n ` 1qtq ´ sinptq

2 sinptq
sinpp2n ` 1qtq 1
“ ´ .
2 sinptq 2

Conclusion :
ÿ
n
1 sinpp2n ` 1qtq
@t P s 0 ; ⇡ r , cosp2ktq ` “
k“1
2 2 sinptq

Point méthode

Recevoir la fin du corrigé...


Ce polycopié est un exemple des problèmes corrigés que nous distribuons à nos élèves, et
que nous traitons en cours à Optimal Prépa. Nous espérons qu’il vous a donné un aperçu
de notre pédagogie, et qu’il vous a été utile. En cas de question de maths sur la correction,
nous vous rappelons que nos élèves peuvent nous contacter toute l’année à l’adresse dédiée
maths@optimalsupspe.fr.

Lors des stages, nous travaillons aussi à l’aide de Fiches de cours et Fiches méthodes. Nous
distribuons aux élèves des cycles continus des polycopiés complets d’exercices corrigés.

Si vous souhaitez continuer à travailler sur les parties III et IV du problème, la suite de la
correction est disponible. Vous pouvez la recevoir entièrement gratuitement par email en vous
rendant sur la page : www.optimalsupspe.fr/poly-offert. Bon travail.

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