Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
Joseph ATTILA
Maître de Conférences
UFR EGASS, Université d’Artois
Année universitaire 2012-2013
1
Objectif : Ce cours présente les bases de l’analyse éco-
nomique de l’activité bancaire. Il est com-
posé de trois parties. La première partie
porte sur la théorie de l’intermédiation fi-
nancière. Elle permet dans un premier temps
de comprendre pourquoi il existe des in-
termédiaires financiers, en particulier les
banques. Cette partie est ensuite consacrée à
la banque et l’économie de l’information : re-
lation banque-déposants, et relation banque-
emprunteurs. La deuxième partie s’intéresse
à la gestion et l’analyse financières de la
banque. Deux principaux axes font l’objet
de cette partie : le bilan et le compte de ré-
sultat. Enfin, la troisième partie situe l’ana-
lyse dans une perspective institutionnelle. Il
s’agit de comprendre l’évolution du système
bancaire aussi américain que français (euro-
péen).
.
Evaluation : Examen terminal : écrit de 2 heures
Public visé : Licence 3 SEG- Parcours SEF
Volume horaire : Cours magistral de 15 heures
2
Table des matières
3
3.4 Adéquation du capital . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.5 Stratégies de gestion des fonds propres bancaires . . . . 35
4
Introduction générale
Dans toutes les économies du monde, la banque occupe une place impor-
tante dans le quotidien de tous les agents économiques, à savoir les ménages,
les entreprises, les Etats. D’après une enquête CREDOC 1 effectuée en 2010,
99 % des Français de plus de 18 ans sont bancarisés, soit l’un des taux les plus
élevés d’Europe. A fin décembre 2010, un ménage français sur deux possé-
dait un crédit, pour un encours annuel global se chiffrant à 1 050,5 milliards
d’euros (soit une hausse de 6,2 % par rapport à l’année précédente (Banque
de France, 2011)). Le soutien des banques au secteur privé est également
considérable, notamment en termes de gestion de leur trésorerie et de leur
fond de roulement.
Ainsi, les banques apparaissent traditionnellement comme un intermédiaire
financier , c’est-à-dire comme vecteurs du financement de l’économie et comme
réceptacles de l’épargne des ménages. Elles ont été longtemps ainsi analysées
dans une perspective macroéconomique. Suite aux mouvements de dérégle-
mentation du secteur bancaire depuis le milieu des années quatre-vingt, les
banques sont analysées dans une perspective microscopique, où elles sont
considérées comme des entreprises «standard», qui cherche, comme n’importe
quelle autre entreprise, à maximiser ses profits.
Plusieurs questions méritent aujourd’hui d’être posées à propos des banques
et de leurs activités. Dans le cadre de ce cours, nous formulons trois questions
d’ordre général.
1. Tout d’abord, que recouvre la notion de banque ?
Pour trouver une piste de réponse à la première interrogation, il faut
faire un retour dans le temps, notamment à la période médiévale. De-
puis son comptoir appelé banco en italien, la fonction du banquier était
de négocier le change des monnaies né des transactions commerciales.
De simple changeur, le banquier est devenu prêteur, puis financier.
De nos jours, non seulement le principe de fonctionnement et les ac-
tivités proposées par les banques ont évolué mais également d’autres
institutions à vocations similaires ont vu le jour sur le marché. Il n’est
dès lors plus évident de trouver une réponse univoque sur la notion
de banque. Précisons cependant que, pour des raisons pédagogiques,
ce cours empruntera des positions parfois rigides, dont il faut en être
conscient.
5
Il importe, pour trouver des réponses adéquates à cette question, d’at-
tirer l’attention sur les spécificités du métier de banquier et les risques
auxquels elles sont confrontées. On doit noter ici la grande complexité
dans les relations entre la banque et ses clients. Si les banques col-
lectent des fonds à un moindre coût, ils doivent les «revendre» c’est-
à-dire les prêter à des agents économiques qui sont dans le besoin à
des prix leur permettant de dégager des marges bénéficiaires. Diverses
interrogations émergent alors : Quels clients ? Et à quels prix ? «Quels
clients ?» car il faut que ceux qui empruntent auprès des banques rem-
boursent et rien ne garantit ce remboursement. En fait, les banques
sont confrontées à un problème «d’asymétrie d’information», c’est-à-
dire un manque d’information sur ceux-qui sont candidats ou deman-
deurs de crédits. «A quels prix» parce que le prix du crédit dépend
de l’offre de crédit (et donc des caractéristiques du marché bancaire :
(concurrence rude entre banques) et de la demande de crédit. Une
dernière interrogation «Et si ceux qui ont déposé leurs fonds veulent
les retirer, sachant qu’ils en ont le droit à tout moment ?
6
L’objectif principal de ce cours est d’apporter des débuts de réponses aux
multiples interrogations suscitées plus haut, en s’appuyant sur les outils de
la science économique. Après avoir présenté la nature et les spécificités re-
latives aux banques (chapitre 1), nous mettons l’accent sur leurs principes
de fonctionnement et les outils d’analyse du bilan (chapitre 2) et des risques
bancaires (chapitre 3). Enfin, le cours aborde l’analyse économique de la
réglementation du secteur bancaire, en faisant ressortir le bien-fondé des me-
sures en vigueur et leurs implications sur les activités des banques (chapitre
4).
7
Chapitre 1
La banque : nature et spécificités
8
1.2 Typologie de banques
Comme nous l’avons vu plus haut, les banques exercent de nombreuses
activités, qui ont beaucoup évolué ces dernières années. Ainsi, les banques
peuvent être classées dans différentes catégories, suivant l’importance relative
des activités spécifiques, la nature de ces activités, leur origine juridique, et
leur rayonnement géographique.
9
par les banques commerciales. Au passif du bilan de la BC figure le compte
des banques commerciales qui enregistre les avoirs monnaies BC dont dispose
chacune d’elles. Ces avoirs peuvent être convertis à tout moment en billets.
10
Table 1.1 – Typologie de banques
11
Tout dépôt sur ces comptes donne lieu à une ouverture de compte, sur
lequel s’enregistrent les opérations de retraits (débit) et de remise de fonds
(crédit).
Il existe une forte concurrence entre les banques et plus généralement
entre les banques et les autres institutions financières non bancaires dans la
collecte des dépôts à vue ; ce qui les conduit à diversifier, suivant des stratégies
propres à chaque banque, les offres proposées aux clients. C’est ainsi que les
banques proposent :
— les comptes courants rémunérés
— les livrets productifs d’intérêts à l’instar des caisses d’épargne
12
fortement recherchés comme instruments alternatifs de placement.
13
Ils sont composés de crédits distribués par les banques mais également par
d’autres institutions financières.
Les crédits de trésorerie destinés au financement de la consom-
mation des particuliers : sont consentis aux particuliers pour le finance-
ment de leurs dépenses diverses et pour l’achat de différents biens.
Les crédits à l’habitat : ces crédits sont accordés par les banques aux
particuliers ayant effectué un effort antérieur de mobilisation de l’épargne à
des taux préférentiels. Ils prennent la forme de prêts pour la construction,
l’extension u la réparation d’un logement.
14
Enfin, on observe une stabilisation du virement (16,9 % des transactions)
et une légère hausse (+ 0,8 %) de l’utilisation du prélèvement (18,8 % des
transactions) sur un an. L’utilisation des systèmes de monnaie électronique
est à ce stade marginale bien qu’ayant doublé en un an : 0,2 % du volume
des paiements.
15
ciers 3 . On distingue trois grandes catégories d’investisseurs institutionnels :
les organismes de placements collectifs (OPC), les fonds de pension et les
compagnies d’assurances.
Le tableau suivant présente les spécificités de ces institutions.
16
Banques et marchés financiers jouent désormais des rôles complémen-
taires, et non plus substituables, dans le financement de l’économie. Comme
le suggère la vague impressionnante de fusions-acquisitions de la fin du XXème
siècle, ce n’est pas de la disparition future des banques qu’il y a vraiment
lieu de s’inquiéter, c’est plutôt de l’apparition de « méga-banques » ou de
conglomérats financiers internationaux au pouvoir de marché considérable
et très difficiles à contrôler par les autorités prudentielles. La naissance de
ces conglomérats a sans doute eu pour but d’exploiter davantage les éco-
nomies d’envergures rendues possibles par la déréglementation des activités
bancaires (conglomérats banqueassurance).
17
Encadré 1.2 : Le marché financier
Grâce au marché financier, l’épargne des ménages peut financer les investissements
des autres agents économiques. L’excédent des uns sert à combler les besoins des
autres par l’intermédiaire du système financier qui organise les différents transferts
de capitaux entre agents économiques. Le marché financier est un circuit spécialisé
sur lequel s’opèrent les transactions de capitaux à long terme.
L’émission des valeurs mobilières : actions et obligations, titres négociables repré-
sentatifs de capitaux à long terme, est moyen privilégié pour les collectivités privées
ou publiques de se procurer les ressources durables dont elles ont besoin pour leur
développement.
Les valeurs mobilières
Les valeurs mobilières sont les titres qui représentent des droits acquis à l’encontre
d’une personne morale, publique ou privée, par ceux lui ont apporté les capitaux
nécessaires à son financement. Ce sont des titres négociables, c’est-à-dire qui se trans-
mettent selon les procédés simplifiés du droit commercial et non suivant les formalités
de cession de créance du droit civil. La «dématérialisation» des titres rend possible
un simple virement de compte à compte pour assurer la transmission des titres.
Les actions : ce sont des titres d’associés, notamment des sociétés anonymes. Elles
sont émises lors de la constitution de la société ou d’une augmentation de capital,
en contrepartie des apports en numéraire o en nature effectués par les associés. Les
titulaires des actions, les actionnaires participent à la gestion de la société. Les ac-
tionnaires perçoivent sous formes de dividendes une partie des bénéfices réalisés par
la société, ceux pouvant varier d’une année à l’autre. On parle de valeur à revenu
variable.
Les obligations : ce sont des titres négociables représentant une créance à long terme,
notamment sur une société anonyme, l’Etat ou une autre personne morale de droit
public. Les titulaires d’obligations, les obligataires, sont remboursés du montant de
leur prêt selon les modalités prévues par le contrat d’émission. Ils perçoivent chaque
année un intérêt préalablement fixé ; d’où les obligations sont qualifiées de valeurs à
revenu fixe.
D’autres types de valeurs mobilières se sont ajoutés aux actions et aux obligations.
Des spécialistes, appartenant à une banque, gèrent un portefeuille collectif de valeurs
mobilières avec les fonds déposés par les épargnants. Les deux formules d’OPCVM
(organismes de placement collectif en valeur mobilières) sont les SICAV (société d’in-
vestissement a Capital variable) et les fonds communs de placement (FCP).
Les bourses de valeurs
Le marché financier repose sur l’activité de deux compartiments : le marché financier
primaire et le marché financier secondaire. Le marché primaire est le marché des
titres nouveaux et le marché secondaire (bourses des valeurs) celui des titres déjà
émis. Le marché secondaire est complémentaire au marché primaire car il permet aux
épargnants de vendre facilement leurs titres à la Bourse.
Conclusion du chapitre 1
18
Chapitre 2
Le fonctionnement d’une banque : le
bilan et sa gestion
Introduction
A l’instar de toute entreprise, l’objectif des banques est de maximiser leur
profit. Pour ce faire, les fonds qu’elles collectent sont utilisés pour acquérir
d’autres actifs (titres et prêts). Elles dégagent un profit sur les intérêts qu’elles
perçoivent sur les titres qu’elles détiennent et les prêts qu’elles accordent,
déduction faite des intérêts qu’elles versent sur leurs dettes.
1 Le bilan bancaire
Le bilan bancaire est un outil indispensable pour comprendre le fonction-
nement d’une banque 1 . Comme tout bilan, il est composé d’un actif et d’un
passif. Cependant par rapport à la comptabilité générale, l’ordre des postes
est inversé : le haut correspond aux opérations de trésorerie et le bas aux
immobilisations côté actif ; et aux capitaux propres côté passif. De plus, il
permet de retracer non seulement les opérations que la banque enregistre
mais également les agents économiques avec lesquels ces opérations ont été
faites.
19
Table 2.1 – Bilan type d’une banque
Actif Passif
Encaisse de trésorerie Dépôts interbancaires
Monnaie banque centrale Dépôts de gros
Réserves libres et obligatoires
Prêts interbancaires Dépôts des agents non financiers
Dépôts à vue, à terme
Compte sur livret
Compte et plan d’épargne logement
Etc.
Crédits aux agents non financiers Titres émis à l’exception des actions
Certificat de dépôts
Obligations, etc.
Portefeuille de titres Provisions
Immobilisations Capitaux propres
Total actif Total passif
20
reçus par la banque sont collectées à partir d’une émission (ou vente) des
dettes qui sont considérées comme des ressources.
On a les postes suivants :
21
Les dépôts à terme ont une durée fixe, allant de quelques mois à plus
de cinq ans. Moins liquide pour de faible montants (moins de 100000 dol-
lars) pour le déposant qu’un compte sur livret, tout retrait avant la date de
maturité fait l’objet de fortes pénalités (confiscation de plusieurs d’intérêts).
Les dépôts à terme de plus gros montant (représentés par un certificat de
dépôt) sont disponibles pour des montants de 100000 euros et plus. Ils sont
généralement détenus par des sociétés financières ou d’autres banques car
ils sont négociables : comme les titres de dette de court terme, ils peuvent
être revendus sur le marché secondaire avant l’échéance. De ce point de vue,
les dépôts de gros représentent des actifs alternatifs aux bons du Trésor et
autres dettes à court terme.
22
fonds qu’elles collectent. Ce sont des encaisses monétaires ou réserves dont
la disponibilité et l’utilisation présentent un double intérêt :
1. une partie de ces réserves est détenue pour des raisons réglementaires :
ce sont les réserves obligatoires
2. l’autre partie des réserves détenue par les banques auprès des BC
constitue des réserves additionnelles ou réserves excédentaires. Elles
représentent la forme la pus liquide d’actif et permettent aux banques
de faire face à la demande de retraits directs des déposants ou aux
paiements de chèques émis sur un compte.
23
2 Mécanismes de fonctionnement du bilan
De façon générale, les banques dégagent leur profit par une transformation
d’actifs. La transformation d’actif est un procédé par lequel les banques
vendent des dettes ayant des caractéristiques particulières (en termes de li-
quidité, de risque et rendement) et utilisent le produit obtenu pour acheter
des actifs aux caractéristiques différentes. Considérons, pour illustrer nos pro-
pos, qu’une banque collecte un dépôt d’épargne d’un agent économique A.
Avec ces fonds, la banque peut accorder un prêt hypothécaire à un autre agent
B sur une période beaucoup plus longue, sachant que le déposant (agent A)
peut demander à retirer ses fonds à tout moment. Aussi, une autre manière
de désigner le processus de transformation des actifs est de dire que la banque
emprunte court pour prêter long.
Le processus de transformation d’actifs et l’offre de diverses services (trai-
tement de chèques, relevés bancaires, analyse de crédits, etc.) peuvent être
considérés comme n’importe quel processus de production d’une entreprise.
L’analyse des mécanismes de fonctionnement du bilan se fait à l’aide d’un
outil appelé bilan en T. Le bilan en T est un bilan simplifié, avec des lignes
tracées sous forme de T, qui fait apparaître uniquement les changements
intervenus dans les postes du bilan par rapport à un bilan initial.
24
Banque A
Actif Passif
Effet en cours de re- +100 Compte-chèques +100
couvrement
Bilan de la banque P
Actif Passif
Compte de la BC -100 Compte des particuliers -100
Bilan de la banque E
Actif Passif
Compte de la BC +100 Compte des particuliers +100
25
2.3 Réserves obligatoires et excédentaires
Comme nous l’avons évoqué plus haut, tout dépôt de fonds sur un compte-chèques
augmente les réserves de la banque alors tout retrait les diminue. Dans un système
de banque hiérarchisé, sur tout dépôt, les banques ont une obligation de garder une
certaine proportion de ce dépôt en réserves obligatoires. Avant d’analyser plus en
détails dans le chapitre suivant, l’importance des réserves obligatoire, nous allons
ici montrer comment s’enregistrent les opérations impliquant une modification des
réserves obligatoires. Il s’agit du taux de réserves obligatoires. Reprenons l’exemple
du dépôt de 100 euros sur un compte-chèques de la banque A. Si le taux de réserves
obligatoires est de 10%, la banque A doit augmenter ses réserves obligatoires de
10 euros. Le compte T de la banque A se réécrit de la façon suivante :
Banque A
Actif Passif
Réserves obligatoires +10 Compte-chèques +100
Réserves excédentaires +90
Le restant des réserves constitue les réserves excédentaires. Pour faire faire face
aux divers coûts liés à la gestion des dépôts (archivage ou restitution des chèques,
paiement du traitement et de la compensation des chèques, des virements, des
débits directs, suivi et tenue des comptes, etc.), la banque doit affecter les réserves
excédentaires à d’autres usages pour les fructifier ou les rendre productif de façon
à générer des profits. Au delà de ces avantages liés aux prêts, il faut être conscient
des problèmes d’asymétrie d’information qui les concerne. En effet, il ya l’anti-
sélection et le risque moral que la banque se doit de réduire. A cette fin, elle doit
procéder à une évaluation des emprunteurs potentiels à partir de cinq critères «les
cinq c» :
1. Le caractère de l’activité de l’emprunteur
2. Sa capacité à rembourser
3. Le collatéral engagé
4. Les conditions économiques du secteur et du pays
5. Le capital (valeur nette de l’emprunteur)
26
En accordant des prêts, la banque peut désormais réaliser un profit : elle détient
des dettes à court terme comme les compte-chèques, et elle utilise la possibilité
d’acheter des actifs de maturité plus longue comme des prêts à intérêts plus élevés :
on dit que les banques empruntent court pour prêter long.
Supposons que le taux d’intérêt sur les prêts est de 10% par an, la banque gagne
9 euros de revenus sur ses prêts dans l’année. Si les 100 euros en dépôts sont
rémunérés à 5% d’intérêt et les frais annuels de services s’élèvent à 3 euros, le coût
par an de ces dépôts est de 8 euros. Le profit de la banque sur ces nouveaux dépôts
est alors de 1 euro par an (soit 1% de rendements sur actifs)
3 Gestion du bilan
Après avoir étudié précédemment le principe de fonctionnement du bilan d’une
banque, l’objet de ce chapitre est d’examiner la façon dont les banques gère leurs
actifs et passifs de façon à générer le profit le plus élevé possible.
Quatre préoccupations principales sont inhérentes à la de gestion du bilan
de la banque : la gestion de liquidité, la gestion d’actif, de gestion de passif et
l’adéquation du capital.
Banque A
Actif Passif
Réserves 20 Dépôts 100
Prêts 80 Capital 10
Titres 10
Notons que tous les chiffres sont en millions d’euros. Supposons que cette
banque doit détenir sur tous les dépôts (dépôts à terme et mobilisables par chèques)
un taux de réserves obligatoires de 10%.
Pour un dépôt de 100M, la banque doit donc détenir comme réserves obliga-
toires : 100M*10%=10M. Les réserves totales étant de 20M, les réserves excéden-
taires de la banque se chiffrent à 20M-10M=10M. Si un retrait des dépôts de 10M
d’euros survient, le bilan de la banque devient :
27
Banque A
Actif Passif
Réserves 10 Dépôts 90
Prêts 80 Capital 10
Titres 10
Banque A
Actif Passif
Réserves 10 Dépôts 100
Prêts 90 Capital 10
Titres 10
Autrement dit, elle utilise la totalité de ses réserves excédentaires pour faire
des prêts, ce qui explique le montant de 10M (20M-10M=10M). Si la banque doit
faire face à une sortie de dépôts de 10M, son bilan devient :
Banque A
Actif Passif
Réserves 0 Dépôts 90
Prêts 90 Capital 10
Titres 10
28
b) Emprunt interbancaire Cette première solution consiste pour la banque
à emprunter auprès d’autres banques sur le marché interbancaire ou auprès d’insti-
tutions financières spécialisée afin d’obtenir des réserves pour faire face aux sorties
de fonds de ses clients. Si la banque A obtient les 9M manquant auprès d’autres
banques ou institutions financières, le bilan devient :
Banque A
Actif Passif
Réserves 9 Dépôts 90
Prêts 90 Emprunt interban- 9
caire
Titres 10 Capital 10
29
Banque A
Actif Passif
Réserves 9 Dépôts 90
Prêts 90 Emprunt au guichet 9
de l’escompte
Titres 10 Capital 10
Le coût correspondant à cet emprunt au guichet de l’escompte est l’obliga-
tion de paiement d’un intérêt, au taux d’escompte, à la BC
e) Réduction des prêts
La dernière solution pour la banque, lorsqu’elle est confrontée au problème
d’insuffisance de ces réserves, est de réduire le montant de ses prêts et
déposer la somme reçue auprès de la BC, ce qui lui permet accroitre le
montant de ses réserves. Le bilan de la banque devient :
Banque A
Actif Passif
Réserves 9 Dépôts 90
Prêts 81 Capital 10 Titres
10
IL faut noter que la solution de réduction des prêts est le moyen le plus
couteux pour la banque. Si la banque peut résilier ses prêts à court terme
renouvelables à de faibles intervalles, elle peut par contre susciter un mé-
contentement de ses clients dont les prêts n’ont pas été renouvelés : perte
de la clientèle qui va faire affaire ailleurs.
Une seconde méthode de réduction du montant des prêts pour la banque
est de les vendre à d’autres banques. Aux Etats Unis, ce procédé, connu
sous le nom de loan sales, est en forte progression ces dernières années.
Encore une fois, la vente des prêts est couteuse pour la banque : les autres
banques peuvent ne pas vouloir payer les prêts à leur valeur nominale car
elles ne connaissent pas correctement les clients auxquels les prêts ont été
accordés.
En résumé, il est plus que justifié pour les banques de détenir des réserves
excédentaires. Ces dernières constituent une assurance contre les coûts asso-
ciés aux mouvements de retrait des dépôts (coûts d’emprunt auprès d’autres
banques, de vente de titre, d’emprunts auprès de la BC ou de résiliation
ou de vente de prêts).
La détention des réserves obligatoires présente en soi un coût. Elle revient
à renoncer à la détention des actifs porteurs d’intérêts comme les prêts ou
les titres. En raison de ce coût, les peuvent choisir d’autres moyens pour se
protéger comme les mouvements de retrait des dépôts.
30
3.2 Gestion d’actif
La sous-section précédente nous a permis de montrer l’intérêt, pour une
banque, de disposer de liquidités. Nous allons maintenant examiner la stra-
tégie qu’elle emploie pour gérer ses actifs. Cette stratégie a pour but ultime
la réalisation du maximum de profit possible, et repose sur la recherche
de trois objectifs simultanés : (i) chercher les rendements les plus élevés
possibles sur les prêts et les titres, (ii) réduire le risque, et (iii) faire des
provisions suffisantes pour préserver sa liquidité en détenant des actifs li-
quides.
Les banques peuvent atteindre ces objectifs de quatre manières différentes.
1. Premièrement, les banques peuvent essayer de trouver des emprunteurs
qui paieront des taux d’intérêt élevés et peu susceptibles de faire défaut.
2. Deuxièmement, les banques peuvent chercher à acheter des titres à taux
de rendement élevé et risque faible.
3. Troisièmement, les banques peuvent réduire leur risque en diversifiant
leur portefeuille d’actifs. Aussi, elles peuvent acheter différents types
d’actifs (à court et long terme, des titres du Trésor) ou accorder de
nombreux types de prêts à des clients différents. De nombreuses banques
ont fait faillite parce qu’elles n’ont pas suffisamment tiré parti de la
diversification : elles ont mis tous leurs œufs dans le même panier.
C’est le cas des banques spécialisées dans les prêts aux producteurs et
distributeurs d’énergie, aux promoteurs immobiliers et aux agriculteurs
ont connu d’importantes pertes dans les années 1980 avec la chute des
prix de l’énergie, de l’immobilier et des produits agricoles.
4. Enfin, la banque doit gérer la liquidité de ses actifs de manière à sa-
tisfaire les réserves obligatoires sans pour autant supporter des coûts
trop importants. Elle peut, dans cette optique, décider de détenir des
titres liquides mais à rendement plus faible que les autres actifs. Elle
peut aussi décider de détenir des titres émis par l’Etat comme réserves
secondaires, facilement convertibles en liquidités et à un moindre coût.
31
dégager des réserves de liquidités. La conséquence en est une explosion du
marché interbancaire comme le marché des fonds fédéraux, et au dévelop-
pement de nouveaux instruments financiers comme les certificats de dépôts
négociables, qui favorisaient une mobilisation rapide des fonds. C’est donc
dire que les banques ne considéraient plus à partir de cette époque les res-
sources (passif) comme données et n’avaient plus besoin de dépendre des
comptes-chèques comme source primaire de fonds. Elles vont donc se fixer
des objectifs agressifs de croissance de leurs actifs et essayent d’obtenir des
fonds (en émettant des dettes) lorsqu’elles en avaient besoin.
De nos jours, la plupart des banques procède à une gestion combinée du
passif et de l’actif : il s’agit du comité de gestion actif/passif (ALM : as-
set/liability management). Aux USA, cette nouvelle forme de gestion a
conduit à un accroissement de la part des certificats de dépôts négociables
et des emprunts bancaires (passant de 2% du passif bancaire en 1960 à 42%
à la fin 2005), tandis que les dépôts mobilisables par chèques ont connu une
chute vertigineuse (61% du passif bancaire en 1960 à 7% en 2005).
Qu’en est-il de la situation de la France ?
1979 2000
% Dépôts bancaires (1) 36% 27%
% Obligations émises (2) 6% 18%
(1) => baisse moins prononcée
(2) => Forte croissance
32
ratio de capital par rapport aux actifs de 10% contrairement à la banque
B qui est faiblement capitalisé avec un ratio de 4%.
Banque A Banque B
Actif Passif Actif Passif
Réserves 10 Dépôts 90 Réserves 90 Dépôts 96
Prêts 90 Capital 10 Prêts 10 Capital 4
Supposons que les deux banques ont des créances douteuses (prêts ne valant
plus rien sur le marché) de 5M d’euros. En évaluant ces créances à zéro, la
valeur totale des actifs baisse de 5M. Le capital qui est égal au total des
actifs moins celui du passif, diminue de 5M. Les bilans des deux banques
deviennent :
Banque A Banque B
Actif Passif Actif Passif
Réserves 10 Dépôts 90 Réserves 10 Dépôts 96
Prêts 85 Capital 5 Prêts 85 Capital -1
La banque A fortement capitalisé accepte plus facilement cette perte de
5M d’euros car sa couverture initiale de 10M d’euros en capital implique
que sa valeur nette (capital bancaire) est encore positive après la perte.
La valeur nette négative du capital rend la banque B insolvable : elle ne
détient pas suffisamment d’actifs pour rembourser tous les détenteurs de
ses passifs (créanciers). Une banque qui devient insolvable est fermée par
les autorités de régulation (la commission bancaire en France) et ses actifs
sont liquidés et les gestionnaires remplacés.
Les propriétaires d’une banque faiblement capitalisé peuvent ainsi voir leur
investissement anéanti. C’est la raison pour laquelle, les investisseurs pré-
fèrent détenir des parts dans les banques fortement capitalisés, c’est-à-dire
qui détient une couverture en capital importante et suffisante pour absorber
les pertes.
En fin de compte, une forte justification au maintien d’un capital élevé pour
une banque se résume ainsi : « une banque détient du capital pour réduire
sa probabilité de devenir insolvable.»
33
Profit net après impôt
ROA = (2.2)
Actifs
actifs
EM =
fonds propres
Profit net après impôt Profit net aprè s impôt actifs
= × (2.4)
fonds propres actifs fonds propres
Ce qui donne, en utilisant les définitions précédentes :
ROE = ROA × EM
Ou encore
coefficentderentabilite = coefficientderendement×multiplicateurdefondspropres
34
Sous l’hypothèse que les deux banques aient été gérées avec la même ef-
ficacité, avec un coefficient de rendement de 1% chacune, le coefficient de
rentabilité de la banque fortement capitalisée est de 10% tandis que le coef-
ficient de rentabilité de la banque faiblement comptabilisée est égal à 25%.
Les actionnaires de la banque faiblement capitalisés sont clairement plus
satisfaits que ceux de la banque fortement capitalisés. C’est la raison pour
laquelle, les propriétaires d’une banque peuvent ne pas vouloir que celle-ci
détienne trop de capital.
Nous avons mis en évidence les avantages et les inconvénients du capital de
la banque du point de vue des actionnaires. Le capital est avantageux pour
les actionnaires parce qu’il rend leur investissement plus sain en réduisant la
probabilité de faillite. Cependant, le capital présente l’inconvénient d’être
couteux : plus il est élevé et plus le coefficient de rentabilité (ROE), pour un
rendement d’actifs (ROA) donné, est faible. Pour le gestionnaire, l’arbitrage
s’impose de la façon suivante : ils doivent décider de l’augmentation de la
sécurité liée à des fonds propres plus élevés (avantage) qu’ils sont prêts à
échanger contre une rentabilité plus faible lié à un montant de capital plus
élevé (coût).
35
3. Conserver le montant de capital à ce niveau mais réduire les actifs
bancaires en accordant moins de prêts, ou en vendant des titres et en
utilisant ensuite le produit de la vente pour réduire les dettes.
Conclusion du chapitre 2
36
Chapitre 3
Gestion des risques bancaires
Introduction
Dans le chapitre précédent, nous avons étudié le risque de liquidité et les
stratégies de gestion de celui-ci. Ce risque n’est pas le seul auquel sont
exposés les banques. Les banques de par leurs activités s’exposent à de
nombreux risques. Comme l’écrit Dominique Chabert (Manuel d’économie
bancaire appliquée), «la firme bancaire est une usine à risque».
L’objet de ce chapitre est d’examiner les caractéristiques de ces risques,
d’identifier leur origine et d’analyser les stratégies de gestion que les banques
adoptent pour leur faire face.
37
Figure 3.1 – Typologie de risques
térêt, devises, cours d’une action, d’une obligation, niveau d’un indice
boursier, cours d’une matière première.
38
1.2 Modes de gestion des risques
La gestion des risque repose sur une évaluation des risques (quelle perte
possible et avec quelle probabilité) ainsi que les moyens de les limiter voire
de les neutraliser. Les méthodes de gestion des risques varient suivant leur
nature. Ainsi on ne gère pas a priori de la même manière un risque de crédit
«traditionnel» et un risque de marché lié à une évolution défavorable du
prix d’un actif financier.
On distingue deux grands modes de gestion des risques :
1. Une gestion internalisée : Il s’agit du mode classique de gestion des
risques. les banques développent en interne des procédures de contrôle
et de management des risques liés à leur activité.
2. Une gestion externalisée : elle repose sur le recours à des techniques
spécifiques de marché consistant, non pas à contenir le risque, mais à
le transférer : c’est le cas avec la titrisation ou les produits dérivés.
39
Table 3.1 – Différents modes de gestion de risques
Gestion in- Segmentation de la Méthodes de notation :
ternalisée clientèle - Scoring 1 pour les crédits aux particuliers, notation
externe (notations Banque de France) ou rating
par les agences de notation pour les crédits aux
entreprises.
- Classement interne
Six catégories par exemple (A= excellent,
B=bonne, C=acceptable, D=médiocre, E=douteuse,
Z=contentieux)
Limitation des Trois principes :
risques - La sélection : décision d’engagement de crédit à par-
tir des données individuelles (comptes, liasses fiscales,
. . .)
- Les limites : plafonds aux autorisations données à
chaque contrepartie
- La diversification (éviter la concentration des enga-
gements sur certaines entreprises, activités ou zones
géographiques)
Prise de garanties Moyen de réduire le risque de crédit mais ne l’élimine
pas :
- Sûretés personnelles : engagement d’un tiers, per-
sonne physique ou morale de se substituer au débiteur
en cas de défaillance (principe de caution)
- Sûretés réelles (affectation d’un bien en garantie
d’une dette (immobilier)
- Assurance (assurance de crédit, mutualisation des
risques
40
2 Le risque de crédit
2.1 Eléments de d’appréciation
Le risque de crédit trouve ses origines dans les activités d’octroi de crédit
ou de prêts de la banque. Il est imputable au défaut de paiement d’un
emprunteur sur les engagements tels que le prêt bancaire, les obligations
et titres de créances négociable ou les créances commerciales.
Le risque de crédit peut être caractérisé par les éléments suivants :
— Le défaut ou la défaillance de la contrepartie
— La dépréciation de la qualité du crédit (détérioration de la qualité de
crédit d’un emprunteur (pays, banque, entreprise, Etat, collectivité lo-
cale
— Incertitude sur le taux de recouvrement
— Lorsque le défaut a lieu, le créancier se trouve devant une grande in-
certitude quant au taux de récupération de sa créance
— Incertitude sur le prix de vente, si le créancier souhaite se départir de
ses titres de créances
— Incertitude sur le taux de recouvrement, si le créancier souhaite conser-
ver ses titres jusqu’au bout de la procédure de liquidation.
41
2.2 Principes de gestion du risque de crédit
Afin de gérer le risque de contrepartie, la banque a généralement recours
à une gestion de type internalisé reposant sur des procédures de collecte
d’informations et de garanties. Cette collecte d’information a pour but
de gérer le problème d’asymétries d’informations entre le banquier et son
client. Les asymétries d’informations font référence à des situations où, sur
un marché donné, certains agents économiques détiennent des informations
spécifiques, qui ne sont intégralement transmises au système de prix des
actifs.
42
Les informations collectées par la banque sont nombreuses (voir tableau
ci-dessous). Avec les informations collectées, la banque évalue le risque de
crédit de l’emprunteur en calculant un score de crédit. Le score de crédit
est une mesure statistique dérivée des réponses qui prédit si l’emprunteur
est susceptible de poser des problèmes pour le remboursement de son prêt.
L’évaluation du risque de crédit n’est pas entièrement scientifique, une part
relève du jugement subjectif du préteur.
Table 3.2 – Informations receuillies par la banque pour l’octroi d’un prêt
Types de crédit Information collectée par la banque (pré-
teur) par le biais d’un formulaire
Etat de la situation financière (salaire,
comptes bancaires
Autres actifs (voitures, polices d’assu-
Crédit à la consommation rances, mobilier)
Charges périodiques
Relevés des autres prêts, de ses cartes de
crédit et de ses remboursements
Nombre d’années activités, nom des em-
ployeurs (information auprès de ceux-ci)
Caractéristiques personnelles (âge, santé
(bilan de santé), situation de famille,
nombre d’enfants.
Information sur les profits et pertes de la
société
Crédit professionnel Actifs et dettes
Perspectives de ventes, projets futurs
Utilisation du prêts
Etat de la concurrence dans le secteur
d’activité
43
2.2.2 Spécialisation des prêts
Une autre solution de gestion de risque de crédit est la spécialisation de
prêts. Les banques se spécialisent souvent dans les prêts aux entreprises
locales ou aux entreprises dans des secteurs particuliers (énergie, immo-
biliers). Cette spécialisation expose la banque à un risque plus fort car
elle ne diversifie pas son portefeuille de prêts mais présente l’avantage de
rendre plus facile la collecte d’information sur les entreprises locales ; la
collecte d’information est plus difficile pour les entreprises plus éloignées.
De plus, en concentrant les prêts sur des secteurs spécifiques, les banques
connaissent de mieux en mieux ces secteurs et sont plus à même de prédire
quelles entreprises seront capables de rembourser leur dette aux échéances
prévues.
44
terme avec leur clientèle. Cette relation de long de terme présente plusieurs
avantages.
Premièrement, la relation de long de terme permet d’obtenir, et à moindre
coûts, de l’information sur les emprunteurs, à travers une observation de
leurs activités passées sur leur compte, et d’en déduire le comportement
de ces emprunteurs. Le solde des comptes-chèques et d’épargne renseigne
le banquier sur la liquidité de l’emprunteur et sur la période de l’année
où celui-ci d un fort besoin d’argent. Un examen des chèques émis par
l’emprunteur révèle l’identité de ses fournisseurs. Si l’emprunteur a déjà
emprunté auprès de la banque, celle-ci possède un relevé de ses rembour-
sements.
Deuxièmement, le besoin de surveillance par les prêteurs renforce l’impor-
tance de la relation clientèle de long terme. Les coûts de surveillance des
clients à long terme sont inférieurs à ceux des nouveaux clients. En effet, si
l’emprunteur a emprunté auprès de la banque par le passé, celle-ci a déjà
défini des procédures pour surveiller ce client.
Troisièmement, les relations de long terme profitent aussi bien aux clients
qu’à la banque. Une entreprise ou un particulier, déjà en relation avec une
banque trouvera plus facilement à se financer à de faibles taux d’intérêt,
car la banque peut aisément évaluer si cet emprunteur potentiel présente
un bon risque de crédit, ce qui induit des coûts de surveillance plus faibles.
Quatrièmement, une relation banque-client à long terme présente l’autre
avantage pour la banque de composer avec les éventualités de risque mo-
ral, même non anticipé. Les clauses protectrices ne permettent pas toujours
d’écarter des activités risquées. Si l’emprunteur veut préserver sa relation de
long terme dans le but d’obtenir plus facilement des prêts à des conditions
avantageuses, il est incité à éviter ces activités risquées que désapprouve-
rait la banque, même si ces activités n’ont pas fait l’objet de restrictions
explicites dans le contrat de prêt.
45
2.2.6 Collatéral et dépôt de garantie
Pour réduire le risque de crédit, les banques peuvent exiger de la part
des emprunteurs un collatéral. Le collatéral correspond aux actifs promis
au prêteur pour compenser la défaillance de l’emprunteur. Il attenue les
conséquences de l’anti-sélection, car il réduit les pertes du prêteur dans le
cas d’un incident de paiement sur le prêt. Si l’emprunteur fait défaut sur
un prêt, le prêteur peut vendre le collatéral et utiliser le produit de la vente
pour se rembourser des pertes subies.
Une forme particulière de collatéral requise lorsqu’une banque accorde un
prêt est le dépôt de garantie (compensating balance), une pratique très
courante aux USA, mais peu utilisé ou inconnue dans l’UE : une entreprise
qui reçoit des fonds doit conserver un montant minimal réglementaire de
ces fonds sur un compte-chèques à la banque.
Exemple : prêt de 10M => dépôt de garantie d’au moins 1M sur un compte-
chèques.
Outre son rôle de collatéral, le dépôt de garantie accroît la probabilité que le
prêt sera remboursé. De fait, le dépôt de garantie aide la banque à surveiller
l’emprunteur et réduit par conséquent le risque moral. En l’occurrence, la
banque peut observer les mouvements de trésorerie sur le compte-chèques
de l’emprunter, ce qui aide par exemple la banque à détecter des situations
de difficultés financières, ou d’activités inhabituelles sujettes au risque.
46
prêts, mais pas des prêts aussi élevés que le désirerait l’emprunteur. Plus
le prêt sera important, plus l’emprunteur s’engagera dans des activités qui
diminueront sa probabilité de remboursement. Puisqu’un grand nombre
d’emprunteurs remboursent leurs prets si le montant prêté est faible, les
institutions financières rationnent le crédit en accordant des crédits de mon-
tants plus faibles que ceux désirés par les emprunteurs.
Banque A
Actif Passif
Actifs sensibles aux taux d’intérêt 20 Dettes sensibles aux taux d’intérêt 50
Titres de court terme CD à taux variables
Prêts à taux variables et à Dépôts du marché monétaire
court terme
Actifs à taux fixe 80 Dettes à taux fixe 50
Reserves Comptes-chèques
Prêts à long terme Dépôts d’épargne
Titres de long terme CD de long terme
Fonds propres
A l’actif du bilan, 20M d’euros d’actifs sont sensibles aux taux d’intérêt,
pour des taux qui changent fréquemment (au moins une fois par an), et
80M d’euros d’actifs sont à taux fixes, c.à.d. qui demeurent inchangés sur
une longue période (sur un an). Au passif, la banque a 50M d’euros de
dettes sensibles aux taux d’intérêt, et 50M d’euros de dettes à taux fixes.
Supposons que les taux d’intérêt augmentent en moyenne de 5 points de
pourcentage, passant de 10% à 15%. Les revenus d’actifs augmentent d’1M
(=5%*20M d’euros d’actifs sensibles aux taux), tandis que les paiements
sur les dettes augmentent de 2,5M (=5%*50M d’euros sensibles aux taux).
Le profit de la banque A baisse donc de 1,5M d’euros (=1M-2,5M). Inverse-
ment, si les taux baissent de 5 points de pourcentage, par un raisonnement
symétrique, les profits de la banque A augmentent de 1,5M d’euros.
On peut donc tirer la conclusion suivante de cette illustration :
«Si une banque possède pus de dettes sensibles aux taux que d’actifs, une
hausse des taux d’intérêts réduit le profit de la banque, et une baisse des
taux augmente le profit bancaire.»
Question : Que se passe t-il si la banque possède plus d’actifs sensibles au
taux d’intérêts que les dettes ?
47
3.2 Instruments de gestion du risque de taux d’in-
térêt
Il existe deux outils de d’analyse des risques de taux d’intérêt : la mé-
thode des impasses et la méthode des durations, toutes deux permettant
de mesurer la sensibilité du profit aux variations de taux d’intérêt
48
Reprenons l’exemple de la banque A. supposons que la durée moyenne des
actifs (c.à.d. la durée de vie moyenne des flux de paiement) est de 3 ans,
et celle des dettes de 2 ans. De plus, la banque A possède 100M d’euros
d’actifs et 90M d’euros de dettes, ce qui fait que le capital de la banque
est de 10% des actifs. Avec une hausse de 5 points de % des taux d’intérêt,
la valeur de marché des actifs diminue de -5%*3ans=-15%, soit une baisse
de 15M d’euros sur les 100M d’actifs. Cependant, la valeur de marché des
dettes diminue de -5%*2ans= -10%, soit une baisse de 9M d’euros sur les
90M de dettes. Le résultat est que la valeur nette (la valeur de marché
des actifs moins celles des passifs) a diminué de 6M d’euros, soit 6% de la
valeur originelle des actifs.
De manière symétrique, une baisse de 5 points de % des taux d’intérêt
accroit la valeur nette de la banque A de 6% du total de la valeur des
actifs.
49
4 Gestion des activités hors-bilan
4.1 Notion d’activités hors-bilan
Le bilan ne reflète qu’une partie des activités bancaires et de ce fait n’offre
qu’une vision très partielle de l’activité bancaire. Il n’inclut que les crédits
accordés et les engagements contractés véritablement et de manière contin-
gente à la période présente. Face à l’intensification de la concurrence, les
banques développent de plus en plus des activités hors bilan qui ne corres-
pondent pas à cette définition. Le revenu de ces activités en % des actifs a
presque doublé depuis 1980.
Les opérations hors bilan recouvrent les engagements futurs ou virtuels de
la banque qui n’ont pas donné lieu à un flux de trésorerie ; mais affectent
le profit bancaire. Les activités hors-bilan incluent l’échange d’instruments
financiers et engendrent un revenu issu des commissions et des cessions de
prêts.
50
4.2 Risques liés aux activités hors-bilan
Les activités hors-bilan accroissent le risque auquel la banque doit faire face.
La garantie d’un titre expose la banque au risque de défaut : si l’émetteur
du titre fait défaut, la banque doit faire face et rembourser les porteurs du
titre.
Les lignes de crédit conditionnelles exposent aussi la banque au risque car
celle-ci peut être forcée d’accorder des prêts alors même qu’elle n’a pas
suffisamment de liquidités ou que l’emprunteur porte un très mauvais risque
de crédit.
4. Le monde de finance connaît quelques traders fous multimillionnaires : (i) Nick Lee-
son a fait perdre près de 1.3 milliards en 1995 à la filiale de la Barings à Singapour (ii)
Toshihide Iguchi a fait perdre en 1995 1,1 milliards à la filiale de Daiwa suite à son contrôle
des opérations sur oblogations et du back-office pendant onze ans. (iii) En 1996, au Japon,
Yasuo Hamanaka a battu les records de Leeson et Iguchi, avec une perte de 2,6 milliards de
sa maison de courtage Sumitomo Corporation (iv) John Rusnak a fait perdre une somme
relativement plus faible (691 milions) à la Allied Irish Banks, sur la période 1997-2002 ;
(iv) La médaille d’or des traders fous revient à Jérôme Kerviel, spécialiste des futures sur
indices d’actions, qui a fait perdre 6,4 milliards à la Société Générale.
51
post-marché) sur ces mêmes activités (middle et back office). Par ailleurs,
les gestionnaires doivent imposer des limites sur le montant total des tran-
sactions effectuées par les courtiers et sur l’exposition au risque de ces
institutions.
Les banques doivent aussi examiner les procédures d’évaluation des risques,
en utilisant les technologies informatiques les plus récentes. L’une de ces
méthodes consiste en l’approche des risques potentiels de perte (value-at-
risk). Selon cette approche, l’institution développe un modèle statistique
avec lequel elle calcule la perte maximale que son portefeuille est susceptible
de subir sur un intervalle de temps donné : c’est la valeur du risque ou
VaR. Exemple : une banque peut estimer que la perte maximale qu’elle est
susceptible de subir sur une journée avec une probabilité de 1% est de 1
million d’euros ; ce chiffre est la value-at-risk de la banque.
Une autre approche concerne celle des tests de stress. Selon cette approche,
le gestionnaire calcule les pertes que l’établissement peut subir si une combi-
naison d’événements défavorables se produit. Il peut notamment interroger
les modèles sur ce qui se passerait au cours d’une journée particulièrement
funeste.
52
Chapitre 4
Analyse économique de la
régulation bancaire
Introduction
L’objet de ce chapitre est de comprendre, d’une part, pourquoi il est néces-
saire de réguler les banques. Et d’autre part, d’examiner les principales ré-
glementations en vigueur qui définissent les champs d’actions des banques.
Par régulation bancaire, on entend est un ensemble de règles, d’incitations
et de pratiques des autorités publiques qui vise à instaurer et à maintenir
la stabilité financière.
Un système bancaire et financier est stable s’il est capable d’absorber les
chocs sans apparition de processus cumulatifs de nature à entraver l’alloca-
tion des fonds aux projets d’investissement, ou le paiement des transitons
dans l’économie.
La régulation financière a trois composantes interdépendantes :
1. la politique de supervision microprudentielle qui vise à mainte-
nir en toutes circonstances les établissements de crédit sûrs, sains, sol-
vables et solides, à garantir des conditions concurrentielles équitables à
tous les acteurs de l’industrie financière et à assurer la protection des
consommateurs des services financiers.
2. la politique de supervision macroprudentielle qui vise à edifier
une architecture cohérente et efficace des institutions et des réglemen-
tations, exempte d’anti-sélection, de risque moral et d’incitations néga-
tives.
53
3. la fonction de prêteur en dernier ressort, qui se situe à l’interface
de la politique macroprudentielle et de la politique monetaire, exercée
en cas de crise systémique par la Banque Centrale (et l’Etat) apparaît
comme le renfort ultime du filet de sécurité.
54
Le rôle de la réglementation, sous l’angle des externalités, est donc d’en-
courager les externalités positives et de contenir celles qui sont négatives.
En ce qui concerne les externalités positives, les banques jouent indéniable-
ment un rôle de premier plan dans le financement de l’économie. En servant
d’intermédiaire entre les agents économiques à capacité de financement et
les agents à besoin de financement, les banques contribuent à la réduction
des coûts de transaction et permettent d’assurer une expansion des activi-
tés économiques. Elles créent aussi de la monnaie scripturale qui a vocation
à circuler dans l’ensemble d’un pays. Par ailleurs, les banques n’évoluent
pas dans un environnement «isolé» : Elles font partie d’un système ban-
caire constitué d’un entrelacs de liens interbancaires (notamment sur le
marché interbancaire et dans les systèmes de paiements interbancaires).
Les banques sont utiles les unes pour les autres.
Il apparaît ici que les banques présentent des externalités positives impor-
tantes pour l’économie. Cependant, elles génèrent également des externali-
tés négatives.
55
le financement de l’économie. Ces problèmes peuvent concerner aussi bien
les agents emprunteurs (les entreprises qui sont à la recherche des fonds)
que les préteurs (banques). Dans la relation banque/clientèle, les asymé-
tries s’exercent dans les deux sens. L’emprunteur, qui détient un avantage
d’information sur le prêteur, peut chercher à l’exploiter en sa faveur en
adoptant un comportement opportuniste. Par ailleurs, une fois la relation
nouée, la banque est parfois dans l’incapacité de savoir si son client se
comporte conformément à ses attentes. A l’inverse, un client déposant est
incapable de connaitre avec précision le degré de sécurité des fonds déposés
auprès de sa banque, dont les performances en termes de gestion ou de
solvabilité sont, en partie, inconnues.
L’objectif de la réglementation dans ce contexte est de limiter le plus pos-
sible les défauts d’information. Ainsi, la réglementation vise à protéger à
la fois les banques et les déposants.
56
d’une banque : la méthode d’indemnisation (payoff method) et la mé-
thode d’adossement (purchase and assumption method).
En ce qui concerne la méthode d’indemnisation, la FDIC met la banque en
faillite et rembourse les dépôts dans la limité fixée de 100000 dollars 1 , à
l’aide des fonds issus de la prime d’assurance payée par les banques ayant
souscrit l’assurance de la FDIC. Après la liquidation de la banque, la FDIC
paye les autres créanciers de la banque et se dédommage par la vente des
actifs restants.
La méthode d’adossement consiste à réorganiser la banque, principalement
en trouvant un partenaire repreneur prêt à assumer tous les engagements de
cette dernière, de telle manière que les déposants récupèrent intégralement
leurs dépôts. La FDIC peut venir en aide au repreneur en lui accordant
des prêts subventionnés ou en rachetant les plus mauvaises créances de
l’établissement défaillant. Cette méthode assure une garantie intégrale de
tous les dépôts, y compris ceux dépassant 100000 dollars.
L’assurance dépôt n’est pas le seul instrument dont dispose les autorités
pour protéger les déposants. Dans d’autres pays que les Etats-Unis, même
en l’absence de système explicite d’assurance des dépôts, des gouvernements
sont souvent venus en aide aux banques confrontées à des retraits massifs
des dépôts. La Banque Centrale peut également jouer son rôle de prêteur
en dernier ressort (PDR). Dans d’autres pays, on a pu observer la mise
sous tutelle par le Trésor (donner exemple), la nationalisation pour une
durée plus ou moins longue.
57
L’obligation faite aux banques de détenir un minimum de fonds propres
constitue une autre façon d’inciter les banques à prendre moins de risques.
Lorsqu’une banque est contrainte de détenir un montant importants des
fonds propres, elle a plus à perdre si elle fait défaut ; ce qui l’incite à s’engage
dans des activités moins risqués.
Les exigences en fonds propres peuvent se baser sur un ratio simple (ratio de
levier financier (leverage ratio)) : le coefficient minimum de capital- le
montant des fonds propres rapportés au total des actifs de la banque. Pour
être adéquatement capitalisée, une banque doit afficher un ratio supérieur à
5%. Un ratio inférieur, tombant en dessous de 3%, entraîne des restrictions
réglementaires de la banque concernée.
58
pays du G10 2 , d’Espagne et du Luxembourg.
Sa principale fonction consiste à établir les règles internationales en matière
de supervision bancaire. Son mandat est double : (i) renforcer la sécurité
des systèmes bancaires, (ii) et promouvoir une égalisation des conditions
de concurrence entre les grandes banques internationales.
L’accord de Bale a introduit, à partir de 1988, un deuxième type d’exigence
en capital, avec la définition d’un coefficient de fonds propres ajustés des
risques (le ratio de Cooke). Le ratio de Cooke ne s’applique dans les pays
qui ont accepté cette recommandation (plus de 100 pays). En général, son
application est limitée aux seules banques qui ont une activité internatio-
nale significative. Il est notamment recommandé aux banques de détenir
en capital l’équivalent d’au moins 8% de leurs actifs pondérés par des co-
efficients de risque 3 :
Fonds propres / Risques pondérés > 8%
Le principe est simple : pour cent euros de crédit accordé par une banque,
une charge réglementaire en fonds propres d’au moins huit euros est requise.
Cette charge est pondérée par la nature des emprunteurs. La pondération
attachée aux engagements bancaires sous forme de crédit dépend de la
nature de la contrepartie :
Illustration
Si une banque prête 100 euros à une banque d’un pays de l’OCDE, la charge
réglementaire en fonds propres est de 100×0, 20 × 0, 08 = 1, 60.
— Si elle prête 100 euros à une entreprise privée, la charge en fonds
propres est de 100 × 1 × 0, 08 = 8.
— Si elle prête 100 euros à un Etat de l’OCDE, la charge est nulle.
2. France, Belgique, Canada, Italie, Japon, Allemagne, Pays-Bas, Suisse, Suède,
Royaume-Uni et les États-Unis).
3. La défi nition des fonds propres éligibles constitutifs du numérateur était large,
puisqu’elle incluait non seulement le capital et les réserves formant les fonds propres de
base (« Tier one ») mais aussi des éléments de dettes subordonnées constituant les fonds
propres complémentaires (« Tier two »)
59
Encadré 4.1 : Le caiptal réglémentaire et le capital économique
Les Fonds propres réglementaires sont définis par les régulateurs bancaires. Ils
comprennent :
— les fonds propres de base (« Tier one »), constitués principalement du
capital social et des réserves ;
— les fonds propres complémentaires, constitués principalement d’une
quote-part des plus values latentes, des emprunts subordonnés à durée
indéterminée (« upper Tier two ») et à durée déterminée(« lower Tier
two ») ;
— les fonds propres surcomplémentaires (« Tier three ») constitués princi-
palement des emprunts subordonnés et destinés à couvrir exclusivement
les risques de marché.
Le capital économique est le montant en fonds propres économiques que l’éta-
blissement estime nécessaire pour couvrir ses risques, exprimé en valeur absolue
ou en pourcentage. Les Fonds propres économiques : fonds propres défi nis par
chaque établissement. En général, ils sont composés du capital social et des
réserves et peuvent être élargis, selon les établissements, à des fonds d’une
moindre qualité.
Source : Muriel TIESSET et Philippe TROUSSARD (2005)“Capital réglementaire et capital économique“,
Banque de France, Revue de la stabilité fi nancière N7 Novembre 2005
60
dement réglementaire 4 », c’est-à-dire maximiser le rendement tout en respectant
la réglementation en vigueur.
A partir de Janvier 2007, le ratio de Mc Donough (Bâle 2) a remplacé le ratio
Cooke. Ce ratio s’insère dans le cadre des de réformes sur le contrôle bancaire
envisagées dans le cadre du comité de Bale II. La réforme repose sur trois piliers.
61
Exemple de calcul du capital minimum d’après les données retenues par la
directive 2006/48/CE de l’union européenne.
62
1. Renforcement des fonds propres Cette mesure s’inscrit dans la logique
qu’il existe des fonds propres de meilleure qualité que d’autres dans leur capa-
cité d’absorption des pertes. Il s’agit donc d’améliorer la qualité du « noyau
dur » des capitaux des banques, le « Core tier 1 ». Les activités les plus risquées
verraient ainsi leurs fonds propres alloués sensiblement renforcés.
2. Adaptation des liquidités
Le Comité de Bâle propose la mise en place de deux ratios de liquidité :
— le « liquidity coverage ratio », ratio court terme, qui exigerait des banques
internationales de détenir un stock d’actifs sans risque facilement négo-
ciables, afin de résister pendant 30 jours à une crise
— le « net stable funding ratio », ratio long terme, qui lui vise le même objectif
mais sur un an.
3. Création de « coussins contracycliques »
Constitués de résultats mis en réserve en haut de cycle, ils seraient utilisés en
cas de crise et aussitôt reconstitués en cas de période faste.
4. Modification du ratio d’effet de levier
63
Une réglementation prudentielle européenne harmonisée : elle résulte de la
transposition dans le droit national de chaque Etat membre de l’EEE d’un vaste
programme législatif sur les services financiers : contrôle bancaire, surveillance
du secteur des assurances et des institutions de retraite, valeurs mobilières et
fonds d’investissement, surveillance intersectorielle, paiements, compensations,
règlements-livraisons des transactions, règles comptables, droit des sociétés,
intégrité du marché et fiscalité.
Une reconnaissance mutuelle des réglementations nationales non harmonisées :
le principe de reconnaissance mutuelle a donné naissance au passeport euro-
péen. Toute institution de crédit, entreprise d’investissement ou prestataire de
services financiers reçoit une licence délivrée par les autorités chargées de la
supervision dans son pays d’origine, conforme aux dispositions prudentielles
obligatoires des directives bancaires de la CEE, mais qui peuvent comporter
des dispositions particulières propres au pays considéré. La licence européenne
donne droit aux institutions financières de s’implanter dans les pays de l’UE
et d’y mener leurs activités sans qu’elles aient à solliciter une nouvelle licence
dans le pays d’accueil.
Une supervision et un contrôle exercés par les autorités du pays d’origine : Cette
disposition, qui est un corolaire du passeport européen, implique que les pays
d’origine ou pays d’attache supervise et contrôle les succursales d’une banque
implantée à l’étranger. En revanche, les filiales 5 d’une banque à l’étranger sont
contrôlées et surveillées par les autorités du pays d’accueil.
Une coopération entre les autorités nationales de supervision et de contrôle :
Cette coopération est indispensable pour gérer les difficultés des établissements
dont les conséquences peuvent se propager dans les pays voisins.
64
statuts des établissements, à la concurrence, à la recherche de l’efficience et
de la rentabilité, au rétablissement du lien entre les banques et les marchés
financiers internationaux et à la nécessité pressante de se consolider.
Depuis 1984, le secteur bancaire a connu un mouvement intense de restructura-
tion et de modernisation intense. Plusieurs lois bancaires ont ainsi été votées :
loi bancaire du 24 Janvier 1984 6 banque universelle de façon concurrentielle.
Ils sont en conséquence assujettis aux mêmes obligations relatives au contrôle
prudentiel (RO, capital minimum, assurance dépôt, etc.) relative à l’activité et
au contrôle des établissements de crédit, la loi du 15 Août 2003.
La plupart des mécanismes prudentiels et de contrôles sont appliqués dans
le cadre des dispositifs internationaux (Comité de Bâle) et des directives de
l’Union européennes (Marché unique des services financiers) dont le but ultime
est d’assurer la stabilité bancaire et financière.
Le Comité des Etablissements de Crédit et des entreprises d’inves-
tissement (CECEI) est l’autorité administrative indépendante de l’Etat sinon
de la Banque de France, chargée de «veiller au bon fonctionnement du système
bancaire» (art. L511-10 du code monétaire et financier) 7 . L’article L 511-10
énonce que le Comité apprécie « l’aptitude de l’entreprise requérante à réali-
ser ses objectifs de développement dans des conditions compatibles avec le bon
fonctionnement du système bancaire et qui assurent à la clientèle une sécurité
suffisante». Il apparaît donc que le CECEI reçût donc les attributions d’un
régulateur général de la stabilité financière. Il est chargé de délivrer les agré-
ments et de procéder aux retraits d’agréments des établissements de crédit.
Les compétences du CECEI furent étendues par la loi du 15 Août 2003 sur
la sécurité financière à la supervision des entreprises d’assurance, de façon à
mieux appréhender le développement continu de la bancassurance.
La commission bancaire a pour fonction d’exercer la surveillance et le
contrôle de la conformité des comportements des établissements à la régle-
mentation prudentielle. Elle est également dotée d’un pouvoir juridictionnel
partagé avec l’autorité judiciaire. Elle est présidée par le gouverneur de la
Banque de France ; c’est une autorité administrative non doté de la personna-
lité juridique (comme le CECEI). Ses six membres sont nommés par le ministre
des Finances.
Un organisme important est l’Autorité des Marchés Financiers (AMF)
dont la mission est de superviser l’industrie du titre et les marchés financiers.
Selon l’article L621-1 de la loi de 1984 modifié par la loi n2003-706 du 1er Août
2003, «l”Autorité des marchés financiers, autorité publique indépendante dotée
de la personnalité morale, veille à la protection de l’épargne investie dans les
instruments financiers et tous autres placements donnant lieu à appel public
6. Avec la loi de 1984, tous les établissement de crédit furent décloisonnés et autorisés
à développer une activité de
7. Disponible sur le site ../customXml/item1.xmlwww.minefi.gouv.fr/minefi/ministère/index.htm.
65
à l’épargne, à l’information des investisseurs et au bon fonctionnement des
marchés d’instruments financiers. Elle apporte son concours à la régulation de
ces marchés aux échelons européen et international.»
L’Autorité de Contrôle Prudentiel (ACP),créée par l’ordonnance du 21 janvier
2010 est née de la fusion de la Commission bancaire, de l’Autorité de Contrôle
des Assurances et des Mutuelles (ACAM) et Comité des établissements de
crédit et des entreprises d’investissement (CECEI). Elle est une autorité admi-
nistrative indépendante adossée à la Banque de France, et est chargée de :
— Contribuer à la préservation de la stabilité financière
— Veiller à la protection des clients et des assurésl’agrément et de la sur-
veillance des établissements bancaires et d’assurance dans l’intérêt de leurs
clientèles et de la préservation de la stabilité du système financier.
66
4.2 Les conséquences de la réglementation ban-
caire
D’après les promoteurs du dispositif prudentiel, on peut espérer des consé-
quences positives en Europe. Sur le plan macroéconomique, il peut en résul-
ter une augmentation du PÏB de l’UE de 0,07% 8 . Au niveau des institutions
de crédit, le dispositif conduira à une diminution des exigences de capital de
l’ordre de 5%, qui se traduira par une augmentation annuelle de leurs pro-
fits de 10 à 12 milliards. On notera également que ce dispositif n’entraînera
d’inconvénients particuliers pour les petites institutions de crédit, et n’af-
fectera pas la compétitivité pour l’ensemble des établissements financiers
européens. Après quelques années d’application, qu’en est-il réellement ?
8. Cf. l’étude suivante à lire “Study on the financial and macroeconomic consequences
of the draft proposed new capital requirements for banks and investment firms in the EU”,
disponible sur le site l’UE“
9. Finance for Growth : Policy choices in a volatile world, 2001
67
Conclusion du chapitre 4
68