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Par :
Mr NGUENANG Jean Pierre
1
TABLE DES MATIERES
2
CHAPITRE I :ANALYSE GLOBALE ET GÉNÉRALITÉS SUR LES MÉCANISMES
1. Introduction
L’analyse globale des mécanismes donne aux ingénieurs des informations sur la structure
cinématique des mécanismes, des informations constituant un élément important dans les
décisions à prendre sur la validité des solutions envisagées à la phase de conception.
L’analyse s’effectue à partir de la théorie des mécanismes. En s’appuyant sur les angles de
solides et de liaisons, la théorie des mécanismes renseigne sur la qualité cinématique du
mécanisme en regard de son organisation structurelle. La notion de degré de liberté est à la
base de la théorie des mécanismes dont l’objet est d’évaluer le nombre de degré de liberté
indépendant parmi tous les degrés de liberté. La décision de piloter ou non ses mouvements
reste celui de l’ingénieur. IL pourra ainsi valider le comportement cinématique des
mécanismes définis par le cahier de charge et cette validation pourra porter sur le
comportement global ou extrême entre l’entée et la sortie mais également sur le
comportement local ou interne du mécanisme permettant ainsi de mieux maîtriser sa
réalisation géométrique et ses performances en terme de rigidité.
1.1.2 Définitions
On appelle mécanisme tout comportement qui transmet de l’énergie mécanique sous forme
cinétique. Ce type de composante se rencontre principalement dans la chaîned’énergie
maisaussi très exceptionnellement dans chaîne d’informations si l’énergie mécanique
constitue le vecteur d’information à la place de l’énergie électrique générale utilisée.
3
Un mécanisme est formé d’un ensemble de pièces reliées entre elles et en mouvement les unes
sur les autres formant une structure cohérente réalisant une ou plusieurs fonctions techniques
associées à une fonction de service du cahier de charge. La cohérence d’un mécanisme est
caractérisée par la permanence des mouvements originaux des pièces entre elles. Une
structure comme la charpente par exemple dont les pièces n’ont aucun mouvement relatif
n’est pas un mécanisme.
Un système mécanique ou mécanisme est l’ensemble de pièces positionnées entre elles par
des contacts et donc en liaison dans le but de réaliser une ou plusieurs fonctions. On peut
schématiser un mécanisme dans le cas général de la façon suivante :
Entrée
Sortie
Mécanisme
Figure 1
1.1.3 Comportement
Au sein de la chaîne d’énergie, un mécanisme véhicule un flux d’énergie mécanique. Il
transmet donc à chaque instant une puissance mécanique qui est le produit d’une action
mécanique par sa vitesse de déplacement. On peut alors faire apparaitre deux types de
comportements pour un mécanisme.
- Un comportement cinématique qui caractérise ses possibilités à transmettre la puissance
mécanique entre l’entrée et la sortie c’est-à-dire sa capacité à remplir sa fonction
principale inscrite dans le cahier de charge,
- Un comportement statique qui caractérise sa capacité à conserver une structure
cinématique cohérente c’est-à-dire sa capacité à résister avec une bonne rigidité aux
actions mécaniques induites par la puissance mécanique transmise.
4
1.2- Analyse globale des mécanismes
Mécanisme
mécaniq
Energie
mécaniq
d’entrée
Energie
sortie
ue de
Flux d’énergie mécanique
ue
Comportement statique de
cohérence interne
Figure 2
( )
Figure 3
Figure 4
Figure 5
6
(indéformable) ne s’arrête pas à son enveloppe. En d’autres termes, un point d’un solide peut
être un point extérieur à son enveloppe pourvu qu’il soit un point de l’espace affine associé.
(S)
B
ℛ
Figure 7
7
1.3.2 - Modélisation du mouvement.
1.3.2.1 - Mouvement et référence
Le mouvement est une notion relative, c’est à dire que le déplacement d’une pièce ne sera pas
perçu de manière identique suivant le point de vue de l’observateur. Il est donc essentiel,
avant tout étude d’un mouvement, de préciser la pièce observée et la place de l’observateur
que l’on appelle généralement la référence du mouvement.
⃗ ⃗
8
⃗
⟹ = ̇ ⃗
⟹ ⃗ , ⁄ = ̇ ⃗
alors le vecteur vitesse de tous les autres points du solide est parfaitement connu.Ceci
permet de calculer une vitesse sans faire le calcul d'une dérivée.
2. Le champ de vecteur vitesse d'un solide peut se mettre sous la forme d'un torseur dit
"torseur cinématique" et généralement noté :
⃗ ⁄
⁄ = ⃗ ⁄ , ⃗ , ⁄ Ou ⁄ =
⃗ , ⁄
Exemple: Reprenons l'exemple précédent des deux solides en liaison pivot, de la figure
précédente.
On connaît ⃗ , ⁄ = 0⃗et ⃗ ⁄ = ̇ ⃗
⃗ = ⃗ + ⃗˄ ⃗ ⁄ = 0⃗ − ⃗ ˄ ̇ ⃗= ̇ ⃗
9
1.3.2.3.2 - Composition des mouvements
La notion de composition de mouvements est essentielle dans l'analyse globale des
mécanismes. En effet les deux relations vectorielles de composition de mouvements que l'on
peut condenser en une relation torsorielle :
⁄ = ⁄
permettent d'obtenir les relations qui traduiront les liens entre les solides, c'est à dire l'identité
du mécanisme. Pour terminer sur ces rappels de cinématique, soulignons que les deux
relations
⃗ , ⁄ = ⃗ , ⁄
⃗ ,⁄ = ⃗ ,⁄ + ⃗˄ ⃗ ⁄
permettent de calculer la vitesse de n'importe quel point appartenant à n'importe quel solide,
par rapport à n'importe quel autre solide, et tout cela sans avoir à calculer une dérivée
vectorielle.
Même si, avec les outils présentés, l'opération de dérivation vectorielle semble sans difficultés
importantes, elle peut être délicate. Il est donc fortement déconseillé de calculer une vitesse
par dérivation du vecteur position si ce n'est pas strictement nécessaire comme dans le cas
d'un solide en mouvement de translation.
Exemple : Considérons, pour illustrer le propos précédent le mécanisme de la figure suivante
constitué de trois solides.
⃗
⃗
⃗
⃗ 3
⃗
1
⃗ ⃗
Si on note ⃗ = ( ) ⃗ alors, ⃗ , ⁄ = ⃗ , ⁄ =
Ces deux expressions semblent identiques alors qu'elles expriment des vitesses différentes. En
fait dans le deuxième cas le paramètre (t) devra être considéré comme constant.
10
1.4 - Notion de degré de liberté.
Cette notion est très importante car à la base du concept de liaison qui permet de modéliser
un mécanisme. Le torseur cinématique y joue un rôle essentiel.
1.4.1 - Torseur cinématique
⁄ = ⃗ ⁄ , ⃗ , ⁄
Dans ces conditions, on peut choisir d’exprimer les deux vecteurs caractérisant le torseur,
dans une base liée à .
En notant ⃗ ,⃗ ,⃗ les vecteurs unitaires de la base Bref, on définit généralement les
six composantes comme suit :
⃗ ⁄ = ⃗ + ⃗ + ⃗ ⃗ , ⁄ = ⃗ + ⃗ + ⃗
⁄ =
,
,
11
Si, par contre, les six composantes sont liées par des relations du type (p, q, r, u, v, w) = 0
avec i=(1, ..., n), alors le solide S possède = (6-n) degrés de liberté. On se limitera à n ≤ 6.
Finalement : 0 ≤ ≤ 6.
Remarque: Les relations (p, q, r, u, v, w) = 0 les plus simples et les plus fréquentes sont
celles qui expriment la nullité d’une de ces composantes, comme, par exemple, p = 0 ou v =
0.
1.5.2 - Définition.
Définir une liaison entre deux solides, c’est définir les degrés de liberté qui existent entre les
deux solides dont les surfaces en contact sont supposées géométriquement parfaites.
Or définir les degrés de liberté, c'est exprimer le torseur cinématique associé au mouvement
relatif des deux solides. L'expression cherchée est telle que ses composantes soient
indépendantes, afin que le nombre de composantes non nulles soit exactement le nombre de
degrés de liberté. Pour atteindre cet objectif, il suffit de choisir un repère judicieux lié au
solide pris comme référence, dans lequel les composantes seront effectivement indépendantes.
Ce repère de référence, associé à la liaison est appelé le repère local ou encore idéal. Les
possibilités de choix de ce repère sont données dans le tableau de liaisons
12
1.5.3 - Les liaisons normalisées
On limite la typologie des liaisons aux quelques liaisons résultant des contacts entre des
surfaces particulières des enveloppes des deux solides considérés. Les surfaces particulières
sont : le plan, le cylindre et la sphère. L'association de ces surfaces par couple en contact (une
surface sur chacun des deux solides) permet de définir les liaisons dites normalisées. On
complète cette liste en y ajoutant la surface hélicoïdale ou hélicoïde, et des combinaisons de
ces ? On remarque que la dénomination des liaisons est très largement issue de l'approche
13
contact alors que c'est l'analyse des mouvements qui nous permettra d'identifier les liaisons
d'un mécanisme.
1.6.1.1 - Formalisme
La théorie des graphes s'appuie sur un formalisme dont l'objectif est de mettre en évidence le
ou les cheminements possibles entre deux objets.
Les objets sont les sommets du graphe et la relation qui existe entre deux objets est
représentée par un arc. Ainsi le graphe de structure sera constitué de sommets représentant les
solides et des arcs représentant les liaisonsℒ .
14
ℒ
ℒ
ℒ
ℒ ℒ
ℒ ℒ
Graphe de structure
Par contre le schéma cinématique est formé de liaisons (symbolisées) formant les sommets et
les arcs, les solides.
ℒ
ℒ
15
ℒ
ℒ ℒ ℒ ℒ
ℒ
ℒ
ℒ ℒ
16
cinématique du mécanisme et chaque degré de liberté manquant constitue un paramètre
statique permettant l'étude du comportement statique du mécanisme.
17
Chapitre 2 : Analyse Cinématique Globale
18
• les paramètres d'entrée qui fixent les paramètres de mouvements internes, au sens où
se sont les paramètres du mouvement des solides internes au mécanisme. Leur nombre se
nomme le degré de mobilité interne et se note .
On peut donc écrire la relation : = +
La valeur du degré de mobilité constitue le critère cherché pour valider la structure d'un
mécanisme au sens de l'analyse des mécanismes.
ℒ 2
n i
ℒ
19
= , = ( ⃗, ⃗, ⃗)
,
⟹ ⃗⁄ = ⃗+ ⃗+ ⃗ ⃗ , ⁄ = ⃗+ ⃗+ ⃗
Le repère local (Q, B) permet d’obtenir une expression simple du torseur cinématique où
n'interviennent que les degrés de liberté, représentés par les composantes non nulles qui sont
indépendantes. Ces composantes constituent alors les paramètres cinématiques associés à la
è
liaison dont le nombre est noté . Le nombre de paramètres cinématiques associés à la
liaison sera noté quant à lui .
4
7
9
8
On écrira que le torseur cinématique du mouvement de par rapport à est nul. Soit :
⁄ = {0} = ⁄ + ⁄ + ⁄ + ⁄
Cette somme torsorielle nulle, exprimée dans une base B, donnera six équations scalaires.
Donc, si on a chaînes fermées de solides, alors le nombre d'équations cinématiques vaudra :
=6
On classe généralement les mécanismes en deux groupes :
• les mécanismes à chaîne ouverte
• Les mécanismes à chaîne(s)fermée(s)
ℒ ℒ
4 5
3
ℒ
2
ℒ
21
Ce type de mécanisme nécessite donc le pilotage de chaque paramètre cinématique. Pour des
considérations de réalisation, il est délicat d'implanter plus d'un actionneur pour piloter le
mouvement d'une liaison. Ceci conduit à construire ces mécanismes sur la base de liaisons à
un degré de liberté ( = 1), c'est à dire des liaisons pivots et/ou des liaisons glissières.
Chaque liaison ainsi pilotée peut s'appeler un axe et on parle alors de robots trois axes, quatre
axes, etc… .
Description du modèle :
22
Ce mécanisme à chaîne ouverte est composé de :
- Un bâti 1auquel est lié un repère( , ⃗ , ⃗ , ⃗ )
- Un solide 2, en liaison pivot d'axe( , ⃗ ) avec le bâti 1 auquel est lié le repère
( , ⃗ , ⃗ , ⃗ ) tel que ( ⃗ , ⃗ ) = ( ⃗ , ⃗ ) = et ⃗ = ⃗
- Un solide 3, en liaison pivot d'axe( , ⃗ ) avec le solide 2 auquel est lié le repère
( , ⃗ , ⃗ , ⃗ ) tel que ( ⃗ , ⃗ ) = ( ⃗ , ⃗ ) = et ⃗ = ⃗ . La position de B est
donnéepar ⃗ = ⃗ .
- Un solide 4 en liaison glissière d’axe ⃗ avec le solide 3 auquel est lié le repère
( , ⃗ , ⃗ , ⃗ ) tel que = . La position de 4 3 est repérée par ⃗. ⃗ =
Graphe de structure :
ℒ
4
3 Glissière ( ⃗ )
ℒ = 1, = ̇
Pivot ( , ⃗ )
2 = 1, = ̇
ℒ
Pivot ( , ⃗ )
1 = 1, = ̇
23
0 0 0 0 0 0
{ } , = 0 0 ,{ } , = 0 0 { } , = 0 0
0 , 0 , 0 ,
⃗ ⃗
⃗ ⃗ ⃗
⃗
⃗
⃗
⃗, ⁄ = ⃗ , ⁄ + ⃗˄ ⁄ = 0⃗ − ⃗ ˄ ⃗⟹ ⃗ , ⁄ = ⃗
Or ⃗ = − ⃗ + ⃗
D’où ⃗, ⁄ =− ⃗ + ⃗ et ainsi :
0 −
{ } , = 0
0 ,
Pour conclure, on constate que le mouvement de 4/1 possède quatre composantes avec trois
degrés de liberté, c'est à dire les trois paramètres à piloter mis en évidence lors de l'étude
globale.
24
Ce sont les relations de composition de mouvements, traduisant la fermeture des chaînes de
solides qui fourniront les relations de dépendance entre les paramètres cinématiques ou
équations cinématiques. Il reste alors que les équations ne sont elles-mêmes pas toutes
indépendantes, mais que chaque mécanisme est un casparticulier. Nous allons donc étudier un
exemple qui permettra de comprendre la méthode d'analyse qu'il faut mettre en œuvre.
25
ℒ Pivot--glissant ( , , ,⃗ )
= 2, = ̇ , = ̇
2 3
1 4
ℒ Pivot ( , ⃗ )
= 1, = ̇
⃗ ⃗
⃗ ⃗ ⃗
⃗
⃗
⃗
⃗ ⃗
⃗ ⃗ ⃗
⃗
⃗
⃗
26
• détermination du nombre d'équations indépendantes parmi les équations du système
précédent. C'est ce que l'on appelle le rang du système.
• évaluation du degré de mobilité
a) Définition des paramètres cinématiques
Il s'agit d'écrire les torseurs cinématiques de chaque liaison en projection dans le repère local
de celle-ci. Pour les quatre liaisons du mécanisme (la ponceuse), on obtient :
0 0
- Torseur cinématique du mouvement de 2⁄1 = { } , = 0
0 0 ,
0 0
- Torseur cinématique du mouvement de 3⁄2 = { } , =
0 0 ,
0 0
- Torseur cinématique du mouvement de 4⁄3 = { } , = 0 0
,
0 0
- Torseur cinématique du mouvement de 4⁄1 = { } , = 0 0
0 ,
b) Fermeture cinématique
Pour le cycle 4 3 2 1 4, la relation de composition de mouvements traduisant la
fermeture de la chaîne de solides, est :
{ } , +{ } , +{ } , −{ } , = {0} ,
Cette relation est écrite au point A puisque deux torseurs sur quatre étaient déjà exprimés au
point A. Il reste donc à exprimer les torseurs cinématiques des mouvements de 3/2 et 4/3 au
point A. Ce qui donne :
⃗, ⁄ = ⃗ , ⁄ + ⃗˄⃗ ⁄
= ⃗ + (− ⃗ + ⃗ )˄ ⃗
= ⃗ − ⃗ ⃗ =− ⃗ + ⃗
Donc :
⃗, ⁄ =− ⃗ + ⃗ + ⃗
⃗, ⁄ = ⃗ , ⁄ + ⃗˄⃗ ⁄
27
= ⃗ + (− ⃗ ) ˄ ⃗
= ⃗ − ⃗ ⃗ = ⃗ + ⃗
Donc :
⃗, ⁄ =− ⃗ − ⃗ + ⃗
Ce qui donne finalement :
0 −
{ } , =
0 ,
0 −
{ } , = 0 −
,
Remarque: La matrice cinématique [A] est une matrice d'ordre n x p, c'est à dire formée de n
lignes et p colonnes où = ( é ) =6 =
( é ). Le nombre de lignes n est donc un multiple de
28
six, alors que le nombre de colonnes p est quelconque et dépend du type des liaisons
constituant le mécanisme.
c) Détermination du rang
Il s'agit de déterminer le nombre d'équations indépendantes parmi les équations du système,
c'est à dire le rang du système.
Sous forme matricielle, le rang du système devient le rang de la matrice des coefficients, c'est
à dire l'ordre du déterminant non nul le plus grand que l'on peut extraire de la matrice.
On notera le rang de la matrice cinématique [A]. Pour notre exemple, le rang de la matrice
cinématique vaut visiblement 5 car la ligne de zéros annulera le déterminant d'ordre 6. On
obtient donc = 5.
( − )Équations
Inconnues calculables Inconnues non calculables
Déterminant ×
Équations
non nul d’ordre le plus
indépendantes
élevé
Équations
( − )Équations
dépendantes des autres
29
Inconnues
Où on suppose que > . On peut alors constater que les équations indépendantes
permettraient de calculer les inconnues en fonction des − inconnues non calculables
qu'il faut donc fixer arbitrairement. Ces paramètres qui constituent le degré de mobilité, sont
dits les paramètres moteurs puisqu'ils seront pilotés par un actionneur. Les paramètres que
l'on peut exprimer en fonction des − = paramètres moteurs seront dits les
paramètres récepteurs.
Pour notre exemple, la matrice cinématique est de dimension 6 x 6 et le rang vaut 5 et le
déterminant non nul d'ordre 5 que l'on peut extraire de la matrice est :
1 0 0 0 0
0 0 1 0 −1
− 0 − 0 0
0 1 − 0 0
0 0 1 0
En effet, le paramètre moteur, pour ce mécanisme, est , c'est à dire la vitesse de rotation de
l'arbre d'entrée 2 par rapport au bâti 1. Or la colonne relative à ce paramètre est la dernière
(1 0 0 0 0)
La valeur de ce déterminant ∆ = − . On peut remarquer que ce déterminant est non
nulpour ≠ , ce qui sera toujours vérifié par la géométrie du mécanisme.On trouve donc
30
CHAPITRE 3 :TRANSMISSION DU MOUVEMENT
Action mécanique
Liaison Liaison Action mécanique
d’entrée
d’entrée de sortie de sortie
Solide 1 Solide 2
Sortie Entrée Sortie Entrée
actionneur mécanisme mécanism récepteur
6
2
5
3
31
4
Les liaisons d'entrée et de sortie (liaisons avec le bâti) agissent comme des filtres sur les
torseurs d'actions mécaniques extérieures, pour ne transmettre que la composante utile à
produire la puissance mécanique souhaitée. Pour simplifier la conception d'un mécanisme, les
liaisons d'entrée et de sortie n'ont qu'un seul degré de liberté, ce qui fait qu'on ne rencontre
que des liaisons pivots ou glissières qui véhiculent alors, soit une puissance mécanique dite de
rotation (produit . ), soit une puissance mécanique dite de translation (produit . ).La
liaison pivot peut être vue comme un filtre passe couple et la liaison glissière comme un filtre
passe force.
Pour les autres liaisons du mécanisme (celles qui ne font pas intervenir le bâti), c'est l'inverse
puisque la puissance est transmise par les degrés de liberté manquants de chaque liaison.
32
On s'aperçoit que cette relation fait intervenir les angles et dont les dérivées
respectives ne sont autre que et . Il est donc nécessaire d'exprimer = ( )qui est
une relation géométrique. Il faut alors effectuer une étude géométrique du mécanisme.
donne: − ⃗+ ⃗+ ⃗+ ⃗− ⃗+ ⃗ = 0⃗
33
Cette équation vectorielle permet d'écrire 3 équations scalaires en projection sur une base. La
base la mieux adaptée sera celle dont les vecteurs de base sont les plus représentés dans
l'équation vectorielle.Pour cela il reste à écrire les formules de changement de base suivantes :
⃗ = ⃗ + ⃗ ⃗ =− ⃗ + ⃗
Et on obtient les trois équations scalaires suivantes:
Par rapport à ⃗ : − =0 (1)
Par rapport à ⃗ : − + + + =0 (2)
Par rapport à ⃗ : − =0 (3)
Remarque : ces trois équations n'étant pas linéaires, on ne peut pas les exprimer sous forme
matricielle.
34
La fermeture angulaire se traduira alors par les deux relations suivantes :
⃗ ,⃗ = ⃗ ,⃗ + ⃗ ,⃗ =0 et ⃗ , ⃗ = ⃗ ,⃗ + ⃗ ,⃗ =0
D'où :
⃗ ,⃗ + ⃗ ,⃗ = − =0 (4)
⃗ ,⃗ + ⃗ ,⃗ = − =0 (5)
Conclusion :
On obtient au final 5 équations contenant 6 paramètres : , , , , et . Elles
permettraient en se donnant un paramètre de calculer les autres.
La première équation de cette étude géométrique permet d'écrire que :
1
= ×
1 1−
⟹ = ×
1 1
⟹ = × −1
1
⟹ = −
1
⟹ = (1 + )−
⟹ =
+( − )
Le paramètre est donc ainsi entièrement exprimé en fonction de et de la dérivée . La
loi d’entrée-sortie est alors parfaitement définie à tout instant.
35
position singulière est caractérisée par l'annulation du déterminant donnant le rang de la
matrice cinématique.
Quand une position singulière apparaît, on constate que le paramètre moteur s'annule, c'est à
dire que le paramètre moteur qui imposait le paramètre de sortie, ne l'impose plus. En d'autres
termes, le flux de puissance transmis par le mécanisme est interrompu dans le sens étudié,
cependant si on étudie le flux de puissance transmis dans l'autre sens, toujours pour la position
singulière, mais en inversant paramètre moteur et paramètre de sortie, on constate qu'il a bien
lieu. Ce phénomène de transmission de puissance dans un sens et pas dans l'autre est appelé
irréversibilité du mécanisme ou irréversibilité du mouvement.
Revenons à notre exemple où le rang 5 de la matrice cinématique était donné par l'ordre du
déterminant de valeur ∆ = , obtenu en éliminant la colonne relative au paramètre
moteur . On en déduit que pour = , ce déterminant serait nul et que nous serions en
présence d'une position singulière.Cependant, cette position ne sera pas atteinte car le
concepteur du mécanisme a pris soin d'éviter que = (voir la première équation
géométrique). Maintenant observons le déterminant d'ordre 5 obtenu lorsque l'on inverse les
paramètres d'entrée et de sortie.
0 0 0 0 0 0
⎡ 1 0 0 0 0 1⎤
⎢ ⎥
⎢ 0 0 1 0 −1 0⎥
⎢− 0 − 0 0 0⎥
⎢ 0 1 − 0 0 0⎥
⎣ 0 0 1 0 0⎦
⃗
=
3 2
36
⃗
On peut constater que pour cette valeur de , les équations cinématiques (4) et (3),
donnent = 0 et que le mécanisme est bloqué dans cette position. On voit donc sur cet
exemple que, pour cette position singulière, le mouvement est possible dans le sens vers
mais pas dans le sens vers (cela traduit l’irréversibilité du mouvement pour les
positions singulières).
37
CHAPITRE 4 : ANALYSE STATIQUE D’UN MÉCANISME
38
On constate alors que les composantes des actions mécaniques transmissibles correspondent à
des degrés de liberté manquants. Cette propriété est extrêmement importante dans l'analyse de
l'hyperstatisme d'un mécanisme.
ℱ→ ,
=
,
39
C'est à dire que : ⃗ = ⃗+ ⃗+ ⃗et que ℳ⃗ = ⃗+ ⃗+ ⃗avec =
( ⃗, ⃗, ⃗)
Le repère local (Q, B) permet une expression simple du torseur statique où les composantes
non nulles sont indépendantes. Ces composantes constituent alors lesparamètres statiques
associés à la liaison dont le nombre est noté Le nombre des paramètres statiques associés à
è
la liaison sera noté quant à lui . On parle aussi du nombre de degrés de liaison par
opposition aux degrés de liberté.
40
statique, a donc une dimension importante. Il est alors assez long et fastidieux de calculer le
rang de cette matrice que l'on note .
Le degré d'hyperstatisme s'obtient de cette manière en retranchant à Is, soit : h = – .
Remarque : Le nombre de composantes des actions transmissibles juste nécessaires au
maintien de la cohérence de la structure du mécanisme est donné par . En d'autres termes,
on dit qu'un mécanisme est isostatique quand il y a autant d'équations indépendantes, données
par le Principe Fondamental de la Statique (PFS), que d'inconnues statiques, c'est à dire quand
le PFS permet de calculer toutes les inconnues statiques.
La difficulté de cette méthode réside dans l'écriture de la matrice statique et la détermination
de son rang . On préfère donc effectuer la détermination du rang par la formule de mobilité,
en ayant au préalable déterminé le degré de mobilité.
41
déterminer les inconnues supplémentaires. Donc les équations ne sont que des
combinaisons linéaires des =6 ( – 1) équations indépendantes constituant le système
d'équations initial.
On conclut de cette analyse que pour déterminer les inconnues statiques, il ne reste en fait
que ( − ) équations utilisables. Le nombre d'équations indépendantes utilisables est
justement ce que l'on avait appelé le rang de la matrice statique.
Il vient donc que, si on connaît le degré de mobilité du mécanisme, le rang de la matrice
statique s'obtient par la relation : = − .
4.6.2 Indice de mobilité.
Avant d'établir la formule de mobilité, il faut introduire un nouveau nombre, appelé indice
demobilité, qui est défini par : m = − . Or nous avons vu que =6. =6 ( −
+1), ce qui peut s'écrire = 6. –6( – 1), soit : = 6. – . D'autre part, la dualité
des torseurs cinématique et statique implique que : = 6. – . On obtient ainsi l’indice de
mobilité
m = 6. – – 6. + .
Et finalement : m = – = –
4.6.4 Conclusions
On peut remarquer que le calcul du degré d'hyperstatisme par la méthode directe n'est pas la
plus simple. On procède donc généralement en calculant d'abord le degré de mobilité du
mécanisme puis en appliquant la formule de mobilité. On peut également remarquer que le
degré d'hyperstatisme peut être obtenu par une simple observation de la matrice cinématique.
En effet, comme ℎ = −m, alors : ℎ= − – − Ce qui donne ℎ = − .Ce
nombre correspond au nombre d'équations non indépendantes parmi les équations dont les
coefficients forment les lignes de la matrice cinématique. Il vient donc que le nombre de
lignes de la matrice cinématique qui sont des combinaisons linéaires des autres lignes, ou
mieux encore, des lignes de zéros, constituent le degré d'hyperstatisme du mécanisme. Nous
42
verrons un peu plus loin que leur position dans la matrice cinématique nous renseignera, de
surcroît, sur l'origine de l'hyperstatisme.
On peut enfin remarquer que, pour les mécanismes à chaîne ouverte, commele nombre
d'équations traduisant la fermeture de la chaîne de solides est nul, l'indice de mobilité
vaut = . Or, on a vu au précédemment que, pour la même raison, le degré de mobilité
valait = . Le degré d'hyperstatisme étant donné grâce à la formule de mobilité par
ℎ= −m, on trouve donc que ℎ = 0.
En conclusion, et pour les mécanismes à chaînes fermées, la matrice cinématique constitue un
outil d'analyse globale du mécanisme, très efficace aussi bien du point de vue cinématique
pour estimer le degré de mobilité que du point de vue statique pour estimer le degré
d'hyperstatisme.
43
Ceci étant, on constate qu'un mécanisme hyperstatique est plus rigide qu'un mécanisme
isostatique et qu'il est d'autant plus rigide qu'il est fortement hyperstatique.
L'augmentation de la rigidité d'un mécanisme améliore une caractéristique mécanique
essentielle.En effet, plus la rigidité d'un mécanisme est importante et plus on obtiendra un
mécanisme compact. Or la compacité d'un mécanisme est intéressante à plusieurs titres:
44
utilise donc à nouveau la dualité des torseurs statique et cinématique des liaisons, ce qui
conduit à ajouter autant de paramètres cinématiques que d'inconnues statiques à supprimer.
On pourrait envisager d'ajouter les paramètres cinématiques au hasard mais ceci ne conduirait
pas à coup sûr à un modèle isostatique. Un raisonnement assez simple permet de savoir quel
est exactement le type des paramètres cinématiques à ajouter, c'est à dire s'il s'agit de degrés
de liberté en translation et/ou rotation, et suivant quelles directions. Pour cela, il suffit
d'observer la matrice cinématique. En effet, le degré de mobilité du mécanisme, c'est à dire sa
fonction cinématique, ne doit pas être affecté par la modification du modèle du point de vue
statique. Or = − , donc, si on ajoute des inconnues cinématiques, il faut augmenter
d'autant le rang de la matrice cinématique. L'ajout d'inconnues cinématiques augmente le
nombre de colonnes de la matrice mais pas nécessairement son rang. Pour cela il faut
augmenter le nombre de lignes indépendantes. Or pour y parvenir il suffit que les coefficients
des nouvelles inconnues figurent sur les lignes qui n'étaient pas indépendantes des autres ou,
plus simplement, sur les lignes de zéros quand la base de projection des équations a été
judicieusement choisie.
Remarque : Le rôle particulier joué par les liaisons d'entrée et de sortie impose qu'elles ne
soient pas modifiées pour obtenir le modèle isostatique, mais il reste toutes les autres.
45
⃗
Liaison
33
22
⃗ ⃗
11
Figure a: liaison en D remplacée par une liaison annulaire
L'ajout de ces degrés de liberté supplémentaires dans le modèle d'une liaison pivot glissant
suppose que l'on prend en compte les jeux dans la liaison réalisée.
Si on n'avait ajouté que le degré de liberté strictement nécessaire, le modèle obtenu serait
isostatique et le problème serait résolu. Mais, en ajoutant un degré de liberté surabondant à la
stricte résolution de notre problème, on introduit un nouveau problème, celui de la
conservation du degré de mobilité. Or le degré de mobilité initial ne sera manifestement pas
conservé dans ces conditions, puisque le rang de la matrice va augmenter de 1 alors que le
nombre de paramètres cinématiques augmente de 2. Cependant, le comportement cinématique
global du mécanisme est conservé si le degré de mobilité utile est conservé. Il est donc
nécessaire de vérifier que l'augmentation du degré de mobilité correspond à une augmentation
du seul degré de mobilité interne. C'est ce que nous allons examiner pour les deux solutions
proposées.
⟹ ⃗, ⁄ = ⃗ + (− ⃗+ ⃗)˄( ⃗+ ⃗+ ⃗)
⟹ ⃗, ⁄ =( + + ) ⃗− ⃗+ ⃗− ⃗
46
Or ⃗= ⃗+ ⃗
⟹ ⃗, ⁄ =( + + ) ⃗−( − ) ⃗
−( + ) ⃗
On a :
− −
{ } , = − +
+ +
0
1 0 0 0 0 0 0 0 ⎡ ⎤ ⎡0⎤
⎡ 0 1 0 0 0 0 1 1⎤ ⎢ ⎥ ⎢0⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥
0 0 0 1 0 −1 0 0⎥ ⎢ ⎥
⎢ ⎢ ⎥= ⎢0⎥
⎢ 0 − 0 − 0 0 − 0⎥ ⎢ ⎥ ⎢0⎥
⎢ 0 1 − 0 0 0 0⎥ ⎢ ⎥ ⎢0⎥
⎣ 0 0 1 0 0⎦ ⎢ ⎥ ⎢0⎥
⎣ ⎦ ⎣0⎦
La matrice cinématique admet maintenant un rang égal à 6 (trouvé en calculant cette fois ci le
déterminant de la matrice ci-dessous), mais avec un nombre de paramètres cinématiques de 8.
1 0 0 0 0 0
⎡ 0 1 0 0 0 0⎤
⎢ ⎥
0 0 0 1 0 −1
⎢ ⎥
⎢ 0 − 0 − 0 0⎥
⎢ 0 1 − 0 0⎥
⎣ 0 0 1 0⎦
47
Or = − = 8 − 6 = 2 on obtient un degré de mobilité = 2. D'autre part, comme
= , on obtient ℎ = 0 ( ℎ= − ). Le modèle est bien isostatique, mais son degré
de mobilité est modifié. Il reste donc à vérifier que le degré de mobilité supplémentaire est un
degré de mobilité interne, sinon le modèle isostatique envisagé n'est pas une solution valide.
Cette vérification s'obtient en recherchant la loi d’entrée-sortie. Deux cas peuvent se
présenter:
= ( , ), alors le paramètre de sortie dépend des deux paramètres
moteurs et le degré de mobilité utile vaut 2, = 2.
= ( ), alors le paramètre de sortie ne dépend que d'un paramètre moteur et
le degré de mobilité utile vaut 1, = 1.
Pour obtenir la loi d’entrée-sortie, il suffit de résoudre les trois équations (12), (13) et (14).
(12) ⟹ = −( + )
(13) ⟹ =
(12) (13) (14) : − − + ( + )=0
Que l'on peut mettre sous la forme :
− + +( − ) =0
Or, l'équation (3) de l'étude géométriquedonne : − =0
Ce qui montre que = ( ) ∀ , c'est à dire que =1 = 1, avec ≡
é é é
Remarque : Cette recherche analytique des degrés de mobilité utile et interne est le plus
souvent menée par une simple observation du schéma cinématique où on aurait pu voir que le
solide 3 peut effectivement tourner autour de l'axe (C, ⃗ ) par rapport à 2 ( ), car le point D
est sur cet axe, sans que ce mouvement ait une influence sur le mouvement de sortie.
On conclut donc de cette étude que le modèle isostatique proposé est valide.
⟹ ⃗, ⁄ = ⃗ + [( − ) ⃗+ ⃗]˄[ ⃗+ ⃗+ ⃗]
48
⟹ ⃗, ⁄ = −( − ) ⃗+( + − ) ⃗+( − ) ⃗
− ⃗
Or ⃗= ⃗− ⃗
⟹ ⃗, ⁄ = [−( − ) − ] ⃗+( + − ) ⃗
+[ +( − ) ] ⃗
−( − ) −
{ } , = + −
+ ( − )
{ } , +{ } , +{ } , −{ } , = {0} ,
0
1 0 0 0 0 0 0 0 ⎡ ⎤ ⎡0⎤
⎡ 0 1 0 0 0 0 0 1⎤ ⎢ ⎥ ⎢0⎥
⎢ 0 0 0 1 0 −1 1 0⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢ ⎥⎢ ⎥= ⎢0⎥
⎢ 0 0 0 0 ( − ) 0⎥ ⎢ ⎥ ⎢0⎥
⎢ 0 1 − 0 0 − 0⎥ ⎢ ⎥ ⎢0⎥
⎣( − ) 0 0 1 0 0 0⎦ ⎢ ⎥ ⎢0⎥
⎣ ⎦ ⎣0⎦
49
La matrice cinématique admet maintenant un rang égal à 6 (trouvé en calculant le déterminant
de la matrice suivante) :
1 0 0 0 0 0
⎡ 0 1 0 0 0 0⎤
⎢ 0 0 0 1 0 −1⎥
⎢ ⎥
⎢ 0 0 0 0⎥
⎢ 0 1 − 0 0⎥
⎣( − ) 0 0 1 0⎦
Mais avec un nombre de paramètres cinématiques de 8, on obtient alors un degré de mobilité
= 2. D'autre part,comme = , on obtient ℎ = 0. Le modèle est donc bien isostatique
mais son degré de mobilité est modifié. Il reste alors à vérifier que le degré de mobilité
supplémentaire est un degré de mobilité interne, sinon le modèle isostatique envisagé n'est pas
un modèle pratique.
On procède de manière identique à la recherche précédente, et pour obtenir la loi d’entrée-
sortie, il suffit de résoudre les trois équations (22), (23) et (24).
(22) ⟹ =−
(23) ⟹ = −( − )
(22) (23) (24) : ( − )−( − ) + =0
Que l'on peut mettre sous la forme :
− + (− + + ) + =0
Or l'équation (3) de l'étude géométrique donne : − + + =−
Ce qui donne = ( , ), c'est à dire que =2 =0
On conclut donc de cette étude que le modèle isostatique proposé n'est pas valide puisque le
degré de mobilité utile est modifié.
50
CHAPITRE 5 : LIAISONS EQUIVALENTES
5.1 Présentation
Ce chapitre traite de la recherche des liaisons dites équivalentes. Il s'agit de remplacer un
groupe de liaisons par une seule liaison et cette recherche se justifie par la simplification du
modèle du mécanisme, en vue de :
- Simplifier son étude
- Mieux appréhender la cinématique d'une partie du mécanisme en condensant sur une
liaison des mouvements répartis sur plusieurs liaisons
- Simplifier la construction même du mécanisme
La notion d'équivalence pour les liaisons correspond à :
Une équivalence cinématique : les mouvements obtenus avec la liaison équivalente
sont les mêmes que ceux qui existaient avec le groupe de liaisons initial.
Une équivalence statique : les actions mécaniques transmissibles par la liaison
équivalente sont identiques à celles transmissibles par le groupe de liaisons initial.
Ces deux types d'équivalences conduisent au même résultat à cause de la dualité des torseurs
statique et cinématique.
ℒ ℒ
ℒ
ℱ ℱ 51 ℱ ℱ
ℒ ℒ
ℒ
Les torseurs {ℱ } ℱ représentent les actions mécaniques résultantes de tout ce qui
n'est pas relatif aux actions de liaison entre , respectivement sur les solides .
Condition d'équivalence statique :
La liaison ℒ sera statiquement équivalente aux n liaisons ℒ , si le solide (le solide
donnerait le même résultat) est en équilibre dans les deux cas de liaison.
Or, dans le premier cas, l'équilibre du solide se traduit par l'équation :
{ℱ } , + {ℱ } , = {0}
ℱ = {ℱ } , (1)
,
A ce stade de l'étude, il est bon de se souvenir que la recherche porte sur la liaison équivalente
c'est à dire le torseur ℱ . Or ce torseur inconnu comporte à priori 6 composantes qui
constituent les 6 inconnues du problème. Les composantes des torseurs {ℱ } sont, quant à
elles, parfaitement connues. On peut noter =∑ le nombre de composantes statiques
connues non nulles, où est le nombre de composantes statiques de la liaison ℒ . On a bien
sûr = , mais la notation pourrait laisser penser que ces composantes sont inconnues
pourtant pour cette étude il n'en est rien.
La relation (1) donne en général un système de 6 équations à 6 inconnues que l'on peut mettre
sous forme matricielle car le système est linéaire.
Soit : { } = [ ]{ }
52
⎧ ⎫
⎪ ⎪
Si on pose : ℱ ,
= alors :{ }=
⎨ ⎬
⎪ ⎪
⎩ ⎭
⎧ ⎫
⎪ ⋮ ⎪
⎪ ⎪
⎪ ⎪
Et si {ℱ } , = alors { }=
⎨ ⋮ ⎬
⎪ ⎪
⎪ ⎪
⎪ ⋮ ⎪
⎩ ⎭
La matrice [ ] est, quant à elle, de dimension 6 × . Le rang de cette matrice permet de
connaître le nombre d'équations indépendantes, c'est à dire le nombre d'inconnues de ℱ qui
sont non nulles, les (6 − ) inconnues restantes étant nulles sinon ce sont des combinaisons
linéaires des inconnues non nulles.
Ceci permet de conclure sur le type de la liaison statiquement équivalente :
- Si = 6, alors ℒ est une liaison encastrement
- Si < 6, ℒ est une liaison ayant inconnues non nulles (ou indépendantes) parmi
les X, Y, Z, L, M, N. La notation pour le degré de liaison de la liaison ℒ donne
= et comme = 6− alors =6− et le degré de liberté de la liaison est
=6−
On peut également conclure sur la nature du groupe de liaisons initial :
- Si > alors les liaisons ℒ sont surabondantes, car elles introduisent plus de
composantes statiques que celles qui sont nécessaires à la liaison équivalente. Il existe
− composantes statiques surabondantes. On dit que le groupe de liaisons initial
est hyperstatique de degré ℎ = − .
- Si = alors les liaisons ℒ sont justes suffisantes, car elles introduisent autant de
composantes statiques que celles qui sont nécessaires à la liaison équivalente. On dit
que le groupe de liaisons initial est isostatiqueℎ = 0.
La recherche de la nature hyperstatique ou isostatique du groupe de liaisons étudié permet
d'être renseigné sur le caractère statiquement surabondant de la réalisation du groupe de
liaisons. On l'aura compris, dans ce cas la recherche de la liaison équivalente n'est pas
l'objectif en soi, mais un moyen d'étudier le groupe de liaisons lui-même. On pourra d'ailleurs
53
chercher à rendre isostatique, si on le souhaite, le modèle décrit par le groupe de liaisons en
modifiant une ou plusieurs liaisons du modèle.
Remarque: Une des applications classiques de cette recherche concerne la liaison
encastrement qu'il faut réaliser entre une pièce à usiner et la table de la machine-outil. Cette
liaison est réalisée par plusieurs liaisons en parallèle, mais cette réalisation doit être
isostatique pour obtenir une bonne répétabilité de mise en position des pièces à usiner sur la
table de la machine-outil.
,
={ } , ∀ = 1, ⋯ ⋯ , (2)
Remarque : Il est indispensable d'exprimer chaque égalité dans le repère local de la liaison
ℒ c'est à dire ( , ). Ceci permet de garder le bénéfice des composantes nulles,
correspondant aux degrés de liberté manquants, dans l'expression des torseurs cinématiques
relatifs à chaque liaison ℒ .
À ce stade de l'étude, il faut se souvenir que la recherche porte sur la liaisonéquivalente, c'est
à dire le torseur . Or ce torseur inconnu comporte à priori 6 composantes qui constituent
les 6 inconnues du problème. Les composantes des torseurs { } sont, quant à elles, connues.
On peut noter =∑ , le nombre de composantes cinématiques connues non nulles,
où est le nombre de composantes cinématiques de la liaison ℒ . On a bien sûr = ,
mais la notation pourrait laisser penser que ces composantes sont inconnues alors que pour
cette étude ce n’est pas le cas.
La relation (2) donne en général un système de 6n équations à 6 inconnues que l'on peut
mettre sous forme matricielle car le système est linéaire.
Soit : { }=[ ]{ }
54
⎧ ⎫
⎪ ⎪
Si on pose : ,
= alors : { }=
⎨ ⎬
⎪ ⎪
⎩ ⎭
⎧ ⎫
⎪ ⋮ ⎪
⎪ ⎪
⎪ ⎪
Et si { } , = alors{ } = ⋮ de dimension = 6 × 1.
⎨ ⎬
⎪ ⋮ ⎪
⎪ ⎪
⎪ ⋮ ⎪
⎩ ⎭
La matrice [ ] est quant à ellede dimension 6 × 6
Ce système d'équations est différent du système d'équations statiques car il possède plus
d'équations que d'inconnues, cependant on ne cherche pas une solution de ce système mais
simplement à connaître les inconnues qui sont nulles et celles qui ne le sont pas. Le plus
simple consiste à déterminer les inconnues qui sont nulles. Pour cela il faut remarquer que la
matrice colonne { }comporte destermes nuls. En effet les torseurs { } n'ont pas été
exprimés dans un autre repère que leur repère local ( , ) aussi leurs composantes nulles
sont restées nulles. On peut donc scinder le système d'équations en deux parties en l'ordonnant
de telle sorte que l'on trouve d'abord les équations à second membre non nul, puis les
équations à second membre nul.
Puisque représente le nombre de composantes non nulles, le système comporte donc
6 – composantes nulles. De cette manière,
- Les premières équations permettraient de calculer les inconnues non nulles si on le
souhaitait, mais ce n'est pas le cas et
- Les (6 – ) équations restantes à second membre nul, permettraient de déterminer
les inconnues nulles et c'est cela qui nous intéresse. On appelle aussi ces équations les
équations caractéristiques.
On extrait donc du système d'équations initial un sous-système homogène de la forme :
[ ]{ } = {0}
55
La matrice [ ] a la dimension (6 – ) × 6, où 6 – est le nombre d'équations
caractéristiques.Le rang de cette matrice permet de connaître le nombre d'inconnues nulles
de ou bien dépendantes des (6− ) autres inconnues.
Ceci permet de conclure sur le type de la liaison cinématiquement équivalente :
- Si = 6, alors ℒ est une liaison encastrement
- Si < 6, ℒ est une liaison ayant inconnuesnulles parmi les , , , , , . la
notation pour le nombre de degrés de liberté de la liaison ℒ donne
=6− et comme =6− alors = .et le nombre de degrés de liaison
de la liaison vaut donc =
On peut également conclure sur la nature du groupe de liaisons initial:
D'une manière générale, les [(6n− )− ] équations supplémentaires sont automatiquement
vérifiées car le système est homogène.
• si (6 – )> les liaisons ℒ sont surabondantes, car elles introduisent plus de
composantes cinématiques nulles que celles de la liaison équivalente. Elles ne sont donc pas
suffisamment mobiles. On dit que le groupe de liaisons initial est hyperstatique de degré
ℎ = (6 − )−
⃗
2
A ⃗
1
56
On obtient un système de 12 équations (6 é = 2) comportant = 5
composantes cinématiques connues, c'est à dire non nulles.
Ce système est le suivant :
On voit alors que l'on peut extraire de ce système un sous-système constitué de 7(c’est-à-dire
(6n−C )) équations caractéristiques soit :
0 1 0 0 0 0 0
⎡0 0 1 0 0 0⎤ ⎧ ⎧0⎫
⎢0 ⎫ ⎪ ⎪
0 0 0 1 0⎥ ⎪ ⎪ ⎪0⎪
⎢ ⎥
⎢0 0 0 0 0 1⎥ = 0
⎢0 0 0 1 0 0⎥ ⎨ ⎬ ⎨0⎬
⎪ ⎪ ⎪ ⎪
⎢0 0 0 0 1 0⎥ ⎩ ⎭ ⎪0⎪
⎣0 0 0 0 0 1⎦ ⎩0⎭
La matrice [ ] ainsi formée est de rang = 5. Le degré de liberté de la liaison ℒ est
alors
57
0
= 6 − 5 = 1.On trouve finalement que ≠ 0 soit : { } , = 0 0 il s’agit d’une
00
liaison pivot d’axe ( , ⃗ ).
On remarque que pour les 7 équations caractéristiques le rang vaut 5 et que le groupe de
liaisons initial est donc hyperstatique d'ordre 2.
Si on reprend la solution envisagée précédemment et définie par le schéma de la figure
suivante :
⃗
2 B A
⃗
1
On a alors les torseurs cinématiques relatifs aux deux liaisons en parallèle qui sont :
0
{ } , = 0 ,{ } , = 0
0 0
L’expression de { } , au point en posant ⃗ = ⃗ est :
{ } , = −
+
58
1 0 0 0 0 0
⎡0 1 0 0 0 0⎤ ⎧ ⎫
⎢0 0 1 0 0 0⎥ ⎪ ⎪
⎢0 0 0 0⎥ ⎪ ⎪
1 0 ⎪ ⎪
⎢1 0 0 0 0 0⎥ ⎧ ⎫ ⎪ ⎪
⎢0 1 0 0 0 0⎥ ⎪ ⎪
⎢0 =
0 1 0 0 0⎥ ⎨ ⎬ ⎨ ⎬
⎢0 0⎥ ⎪ ⎪
0 − 0 1 ⎪0⎪
⎢0 0 0 0 1⎥ ⎩ ⎭ ⎪0⎪
⎢0 0 0 1 0 0⎥ ⎪0⎪
⎢0 0 0 0 1 0⎥ ⎪0⎪
⎣0 0 0 0 0 1⎦ ⎩0⎭
0 0 − 0 1 0 ⎧ ⎫ 0
⎡0 ⎧ ⎫
0 0 0 1⎤ ⎪ ⎪ ⎪0⎪
⎢0 0 0 1 0 0⎥⎥
⎢ = 0
⎢0 0 0 0 1 0⎥ ⎨⎪
⎬ ⎨0⎬
⎪ ⎪ ⎪
⎣0 0 0 0 0 1⎦ ⎩ ⎭ ⎩0⎭
La matrice [ ] ainsi formée est de rang = 5. Le degré de liberté de la liaison ℒ est
donc :
=6−5=1
On trouve facilement que p ≠ 0.Du moment où on a juste un degré de liberté, il s'agit donc
d'une liaison pivot d'axe ( , ⃗ ).
Mais dans ce cas le groupe de liaisons initial est isostatique car le système comporte 5
équations caractéristiques pour un rang qui vaut toujours 5.
59
ℒ
−1 −1
ℒ
1
ℒ
0
ℒ
0
ℒ
−1 −1
ℒ
ℱ
1
ℒ
0
ℱ
ℒ
0
60
Cette condition peut s'exprimer avec les torseurs statiques par la relation :
{ℱ } , = {ℱ } , ∀ = 1, ⋯ ⋯ , (3)
Ceci est fait en posant que : {ℱ → } , = {ℱ } ,
Remarque :Il est indispensable d'exprimer chaque égalité dans le repère local de la
liaison ℒ , c'est à dire ( , ). Ceci permet de garder le bénéfice des composantes nulles,
correspondant aux degrés de liaison manquants, dans l'expression des torseurs statiques
relatifs à chaque liaison ℒ .
Un raisonnement identique à celui effectué pour l'étude cinématique des liaisons en parallèle,
montrerait que l'on peut extraire du système d'équations complet, un système homogène
constitué de (6 – )équations caractéristiquesque l'on peut mettre sous la forme matricielle :
⎧ ⎫
⎪ ⎪
[ ] = {0}
⎨ ⎬
⎪ ⎪
⎩ ⎭
Où la matrice[ ] comporte (6 – ) lignes et 6 colonnes. Le rang de cette matrice
permet de connaître le nombre d'inconnues nulles de{ℱ }.
Ceci permet de conclure sur le type de la liaison statiquement équivalente :
• si = 6 alors ℒ est une liaison libre (pas de liaison).
• si < 6 alors ℒ est une liaison ayant inconnues nulles parmi les X, Y, Z, L, M, N. La
notation pour le nombre de degrés de liaison de la liaison ℒ , donne = 6− .
Comme = 6− alors = , et le nombre de degrés de liberté de la liaison vaut
donc =
• si = 0 alors ℒ est une liaison encastrement.
Remarque:La nature du groupe de liaisons initial est toujours isostatique puisque l'on
considère une chaîne ouverte de solides.
Exemple :Considérons le mécanisme d'entraînement d'une pompe à pistons axiaux dont on
donne le schéma cinématique comme suit :
⃗
4
3 ⃗
61
2
1
Il s'agit de déterminer la liaison statiquement équivalente ℒ aux deux liaisons en série ℒ et
ℒ
ℒ = ( ,⃗ )
1 2
ℒ = ℒ ℒ =
( ,⃗ ) ( ,⃗ )
4 3
ℒ = ℎé ( )
62
Condition d'équivalence cinématique :
La liaison ℒ sera cinématiquement équivalente aux liaisons ℒ , si le mouvement de /0,
autorisé par la liaison ℒ , est identique au mouvement de /0 autorisé par la succession des
liaisons ℒ .
Cette condition se traduit en écrivant la composition des mouvements, soit :
{ } , = { } , (4)
63
La matrice [ ] présente un rang = 5. Ce qui donne un degré de liberté = = 5,
soit =6− ′ = 1. La résolution du système d'équations ou la recherche de la cause d'un
rang différent de 6 pour la matrice [ ], montre que l'inconnue u est nulle. La liaison
cinématiquement équivalente ℒ est donc une liaison ponctuelle de normale ⃗ .
64