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Part IV :

Transferts thermiques dans les


bâtiments
Introduction
- L’objectif de l’étude thermique des bâtiments est de garantir à la fois un confort thermique
des usagers qui soit satisfaisant et une consommation énergétique optimisée.

- Un bâtiment est un système complexe faisant intervenir de nombreux paramètres dans les
échanges thermiques.

- Ceux que nous retiendront dans ce cours sont les suivants :

1 - l’influence de l’orientation du bâtiment


2 - les déperditions par les parois
3 – l’inertie thermique
4 – les fenêtres
5 – les charges internes
6 – la ventilation
I – Influence de l’orientation du bâtiment
Effet des surfaces vitrées

Une bonne orientation du bâtiment permet de réduire considérablement les consommations de chauffage/
climatisation et d’éclairage nécessaires pour assurer le confort des occupants. Elle doit satisfaire :
- les besoins en lumière naturelle,
- l’intérêt d’utiliser le rayonnement solaire pour chauffer le bâtiment
- ou au contraire, la nécessité de s’en protéger pour éviter les surchauffes en été
- l’intérêt du vent pour rafraîchir le bâtiment en été.

Besoins annuels de chauffage d’une habitation en fonction de


l’orientation et de la proportion de surfaces vitrées

Les besoins de chauffage augmente lorsqu’on


augmente la taille des surfaces vitrées au nord

Tandis qu’ils sont réduits lorsqu’on augmente


la taille des vitrages au sud
I – Influence de l’orientation du bâtiment
Effet de l’ensoleillement

- Ainsi l’orientation du bâtiment vers le sud permettra de tirer le meilleur parti de l’ensoleillement comme
le montre la course du soleil.
Un bâtiment situé au point A pourra bénéficier du soleil toute l’année sur sa façade Sud quelle que soit
la trajectoire suivie.
NB : Cela est valable pour un pays de l’hémisphère nord. Pour un pays de l’hémisphère sud, on
observera ceci pour la façade nord.

- En revanche, pour un bâtiment en climat


méditerranéen ou chaud, il est préférable
d’orienter le bâtiment selon l’axe Est-Ouest.
En effet cela permet de minimiser les surfaces
exposées au rayonnement solaire et donc de
réduire les besoins de rafraîchissement en été.
II – Déperditions par les parois
Coefficient d’échange global
Les transferts de chaleur présents sur un mur, un plancher ou une toiture se produisent par conduction à
travers la paroi et par convection et rayonnement entre les surfaces de la paroi et les ambiances
intérieures et extérieures.
Dans les bâtiments, pour simplifier l’analyse on fait l’hypothèse que les parois sont en régime permanent
(ou en régime stationnaire). On rappelle que le flux de chaleur global échangé s’écrit :

𝑆 𝑇𝑖 − 𝑇𝑒
𝜙= = 𝑈𝑆 𝑇𝑖 − 𝑇𝑒
𝑅
où U : le coefficient d’échange global en W/(m2. K)
et R = 1/U, la résistance globale de la paroi en m2. K/W, tenant compte de la résistance thermique par
conduction, convection et rayonnement.
S : la surface d’échange en m2
hi et he : coefficients d’échanges combinés (convection
1 𝑒𝑖 1 + rayonnement)
𝑅= +෍ +
ℎ𝑒 𝜆𝑖 ℎ𝑖 ei et λi : épaisseurs et conductivités des couches de
𝑖
matériaux composants la parois
II – Déperditions par les parois

Distribution des déperditions thermiques dans une habitation

Dans une maison, les déperditions thermiques à travers les murs, le toit et le sol représentent plus de deux
tiers des déperditions totales.
II – Déperditions par les parois

Ponts thermiques

- Les ponts thermiques sont les défauts dans la réalisation de l’enveloppe isolante qui sont
responsables de problèmes d’inconfort et de consommations supplémentaires.
- Ils sont souvent la cause de dégradation dans le bâtiment (moisissures, fissures) et doivent être traités.
- On trouvera des ponts thermiques aux endroits où il y a rupture totale ou partielle de l’isolation.

Repérage des ponts thermiques d’un Modélisation et calcul d'un


bâtiment à la caméra infrarouge pont thermique
II – Déperditions par les parois
Effet de l’isolation

- L’isolation thermique permet de préserver l’ambiance intérieure en réduisant les échanges thermiques
avec l’ambiance extérieure : si celle-ci est froide, l’isolation garde la chaleur, si celle-ci est chaude,
l’isolation préserve la fraîcheur.
- L’isolation peut se placer de diverses manières dans une paroi : à l’extérieur, à l’intérieur. Cela a certes
un impact sur le coût de la construction mais elle permet de faire des économies significatives.

- L’isolation par l’extérieur est plus coûteuse mais


plus efficace : absence de ponts thermiques sur les
liaisons entre les parois et préservation de l’inertie
thermique.
- Cependant l’isolation intérieure a l’avantage d’être
plus facile à mettre en œuvre dans la construction
neuve et surtout dans la rénovation.
III – Inertie thermique
Effet de l’inertie thermique :

L’inertie thermique d’un bâtiment est sa capacité à stocker la chaleur durant la journée et à la restituer
plus tard la nuit lorsque les températures extérieures sont plus fraîches.

Cette restitution se fait par rayonnement avec la voûte céleste et par la ventilation nocturne
(convection). Cela peut présenter un atout dans les climats chauds pour retarder et lisser les pics de
température dans le bâtiment.

Dans le graphe ci-contre, la température


à l’intérieur d’une chambre à forte inertie
(T2) connaît un déphasage plus important
que dans le cas d’une chambre à faible
inertie (T1) mais aussi une réduction plus
importante de son amplitude.
III – Inertie thermique
Choix des matériaux de construction :

L’inertie thermique d’un bâtiment dépend en grande partie des matériaux de construction.

Un bâtiment à forte inertie sera en général composé de matériaux « lourds » c’est-à-dire ayant une densité
et une capacité calorifique élevées. C’est le cas des constructions en béton ou en pierre avec de fortes
épaisseurs.

A l’inverse, une construction à faible inertie est caractérisée par des structures légères, c’est le cas de
maisons en bois ou de bâtiment en parpaing avec de faibles épaisseurs.

Les constructions à forte inertie


sont favorisées dans les climats
chauds et secs.
A l’inverse, pour des climats très
chauds et humides, les
constructions légères sont
préférées aux constructions
lourdes
Maison en pierre traditionnelle Maison en bois traditionnelle
méditerranéenne de l'île de la Réunion
IV – Les fenêtres
Principales caractéristiques :

- Le coefficient de transfert thermique : noté Ug pour la vitre et Uw pour la fenêtre entière s’exprime en
W/m².K. Il s’agit comme pour les parois opaques du flux thermique qui traverse la paroi vitrée par unité de
surface et par unité d’écart de température. Plus U est bas, plus le vitrage est isolant.

Ex : Ug simple vitrage = 6 W/m².K, Ug double vitrage standard = 2.9 W/m².K

- Le facteur solaire du vitrage (noté FS ou g): Le facteur solaire représente le pourcentage d’énergie solaire
incidente, transmis au travers d’une paroi vitrée à l’intérieur d’un local. (ex : un vitrage de facteur solaire de
0.86 laisse passer 86 % de l’énergie solaire).
IV – Les fenêtres
Effet des protections solaires :
- Une protection solaire est un élément qui sert à diminuer l’inconfort lié au rayonnement du soleil direct.
Elle est placée à proximité d’une surface vitrée afin de réduire les surchauffes dues au rayonnement
solaire et afin de contrôler l’éblouissement.

- L’effet de la protection solaire n’est pas la même toute l’année en raison de la variation de la trajectoire du
soleil en conséquence :

En été, la protection est En hiver, la protection En mi-saison, aux mois de


maximum lorsque le soleil est inopérante septembre et de mars, la protection
est au zénith est partielle.
Les protections solaires peuvent également être liées à l’environnement : La végétation autour du bâtiment (à feuilles
caduques pour un minimum d’ombrage en hiver et un feuillage dense en été), un bâtiment voisin, le relief (présence de
montagnes aux alentours du bâtiment)
V – Charges internes
Apports de chaleur dans le bilan énergétique

On identifie quatre principales sources : l’occupation, l’éclairage, les Les apports solaires sont principalement
appareils électriques et les apports solaires. transmis par les fenêtres et varient selon
la position du soleil, et selon l’orientation
et l’inclinaison de la paroi ensoleillée

Energie moyenne reçue à Bruxelles


sur une surface horizontale
VI – Ventilation
Renouvellement de l’air Le renouvellement de l’air dans un bâtiment est essentiel pour
assurer une bonne qualité de l’air intérieur.

La ventilation permettant d’évacuer l’air vicié peut se faire de


manière naturelle ou mécanique.

Différentes réglementations thermiques imposent des taux de


renouvellement d'air pour garantir le confort thermique des
habitants.

Facteurs contribuant à la pollution Débits d’air extrait minimum pour différents types de

de l’air intérieur logements en France


VI – Ventilation
Déperditions thermiques liées au renouvellement de l’air

Si le bâtiment est chauffé/ climatisé, l’air extérieur introduit dans le bâtiment doit être porté à
la température intérieure de confort.

Les déperditions thermiques dues à la mise en température de l’air extérieur sont prises en
compte dans le bilan énergétique du local et sont calculées par :

𝑄𝑣 = 𝜌𝐶𝑝 𝑇𝑖 − 𝑇𝑒 ∗ 𝑞𝑎𝑖𝑟 = 0.34 𝑇𝑖 − 𝑇𝑒 ∗ 𝑞𝑎𝑖𝑟

Avec
𝑄𝑣 , pertes de chaleur dues au renouvellement d’air en W.
𝑞𝑎𝑖𝑟 , le débit de renouvellement d’air en m3/h.
𝑇𝑖 , la température intérieure de confort en °C,
𝑇𝑒 , la température extérieure en °C.
VI – Ventilation

La Ventilation Mécanique Contrôlée est un dispositif


qui comporte un équipement motorisé permettant le
renouvellement et la régulation des flux d'air à l'intérieur
des habitations. La circulation de l’air se fait des pièces
de vie vers les salles d’eau (salle de bain / cuisine).
Ventilation d’une cuisine collective simple flux :
l’air est introduit naturellement dans le restaurant
La VMC est dite simple flux si l’extraction de l’air se fait et extrait dans les cuisines par une hotte
de manière mécanique et l’arrivée d’air est naturelle. En
revanche elle est double flux si l’arrivée et l’extraction
de l’air se font de manière mécanique.

Ventilation double flux : arrivée et extraction d’air Installation d’une Ventilation Mécanique Simple Flux
mécaniques dans un logement.
VI – Ventilation
Ventilation naturelle
L'air se déplace grâce à l’ ’effet cheminée’’ et aux différences de pression dues au vent qui existent
entre les façades .

Effet cheminée = phénomène dû à la différence de masse volumique dans l’écoulement d’air lié à la
différence de température.

Ventilation naturelle dans un immeuble de bureaux par effet L’air pénètre par les ouvertures de la façade et
"cheminée" : l’air circule dans les locaux en allant des ouvertures est extrait naturellement par les pièces humides.
extérieures vers l’atrium en remontant naturellement vers le haut.

La ventilation naturelle ne nécessite pas d’électricité et a besoin de peu d'entretien. Cependant il est
difficile de maîtriser les débits de renouvellement d'air qui varient avec les saisons.
VII – Bilan thermique
Application du 1er principe sur une zone
On applique le 1er principe sur les masses d’air intérieur et dans ce cas les formes d’énergies
présentes sont uniquement les transferts de chaleur et ΔE𝑠𝑦𝑠𝑡è𝑚𝑒 = 𝑚𝐶𝑣 Δ𝑇. L’équation
devient alors :

𝑸𝒊𝒏 − 𝑸𝒐𝒖𝒕 + 𝑸𝒈𝒆𝒏 = 𝒎𝑪𝒗 𝚫𝑻 (en J)

Avec 𝑸𝒊𝒏 − 𝑸𝒐𝒖𝒕 : le transfert de chaleur net entrant


𝑸𝒈𝒆𝒏 : la quantité de chaleur générée à l’intérieur de la zone
𝒎 : la masse d’air contenue dans la zone (en kg)
𝑪𝒗 : la chaleur massique de l’air (en J/(kg.K))
𝚫𝑻 : la variation de température subie (en K ou ⁰C))

L’équation précédente peut être dérivée pour avoir une somme de flux :
𝐝𝑻
𝝓𝒊𝒏 − 𝝓𝒐𝒖𝒕 + 𝝓𝒈𝒆𝒏 = 𝒎𝑪𝒗 (en W)
𝒅𝒕

𝑑𝑇
Dans le cas d’un régime stationnaire, le terme 𝑚𝐶𝑣 s’annule : 𝝓𝒊𝒏 − 𝝓𝒐𝒖𝒕 + 𝝓𝒈𝒆𝒏 = 0
𝑑𝑡
VII – Bilan thermique
Facteurs considérés dans les calculs thermiques

𝜙𝑖𝑛 correspond à la somme des flux entrant :


- flux de convection à la surface intérieure des parois et des vitrages (positifs ou négatifs)
- apports solaires transmis par les vitrages

𝜙𝑜𝑢𝑡 correspond à la somme des flux sortant :


- les déperditions par l’enveloppe
- les pertes par renouvellement d’air
- les ponts thermiques

𝜙𝑔𝑒𝑛 correspond à la somme des flux générés :


- occupation
- éclairage
- appareils électriques
- chauffage
VIII – Simulation thermique dynamique

Afin de faire une estimation fiable des consommations énergétiques et de la température


dans le bâtiment, on a le plus souvent recours à des outils de calcul plus poussés tenant
compte de l’évolution des conditions extérieures climatiques dans le temps (température,
rayonnement solaire, vent…) et des changements dans les conditions intérieures
(scénario d’occupation, de chauffage…).

De nombreux logiciels de calcul existent pour le faire. Les plus connus sont :
- Energy Plus, (développé et utilisé aux USA et partout dans le monde)
- TRNSYS (couramment utilisé aux USA et en Europe)
- Pléiades Comfie (développé et utilisé en France)
- Lesosai (développé et utilisé en Suisse)
- ….

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